dimanche 30 octobre 2011

Le Tibet

Je pars, aujourd’hui, samedi 15 Novembre 2011, en direction d’une région qui nourrit l’imagination de nombreux occidentaux depuis un temps immémorial: le Tibet
Il est 20H30 quand nous montons, à Chengdu (467 mètres d’altitude), dans le train qui emprunte la ligne la plus haute du monde. Le nous incluent les 6 personnes formant le groupe de voyageurs indépendants qui se sont réunis pour traverser le Tibet. Je ne les verrais pour ainsi dire pas du voyage, mon wagon étant totalement à l'opposé du leur au niveau de la trame du train.

Nous allons passer 44h00, à l’intérieur de ce train pressurisé en fin de parcours (autant que faire se peut), pour diminuer les effets sur le corps du franchissement brutal d’un col à 5072 mètres (Tanggu-La) et de l’altitude dépassant plus de 4000 mètres pendant 80% de la longueur du tronçon Golmud-Lhassa (environ 700 km)! Cette merveille de technologie peut s’enorgueillir de 160 km de ponts, voies surélevées qui ont été construites au-dessus du pergélisol. Ce fait implique la mise en place obligatoire de conduites pour refroidir certaines portions du trajet et empêcher le sol de fondre.

Au cours de la première journée, avant même d’atteindre Xining, nous traversons des paysages montagneux splendides, où les rivières, lacs, forêts embellissent les paysages et où il est possible de voir des paysans cultivés leur terre, des rizières être exploitées, des animaux broutaient, et de nombreuses industries exploitant la richesse des sols.

Il s’en suivra des montagnes quasi-désertiques, dépourvues de hautes végétations.
Je prends un réel plaisir à utiliser ce moyen de locomotion; le train, permettant de découvrir en profondeur l’arrière-pays même si ce n’est que l’instant de quelques secondes pour chaque lieu spécifique et instants de la vie en Chine. La promiscuité, avec de nombreux étrangers, pendant des heures incalculables, peut être perçu, par certains, comme une situation insupportable. Pour ma part, je profite de ces trajets pour partager avec des chinois des instants de vie inqualifiables. Toujours intéressés et curieux, les chinois sont généreux. Le partage des denrées se fait naturellement.
Dès le lever du soleil, le deuxième jour une multitude de paysages grandioses s’enchaînent; ils sont à couper le souffle et ceci dans tous les sens du terme! Pour certains voyageurs, cette règle se confirme plus que pour d’autres. En effet, ils ressentent précocement, et de manière forte, le mal des montagnes.
Je ne m’attendais pas à de tels tableaux naturels: collines désertiques de couleurs jaunes, rouges, marrons, pour commencer, avec des montagnes en fond de panoramique, de nombreux cours d’eau, des lacs à l’eau transparente, et le train qui s’élève de plus en plus vers son point culminant avant de redescendre dans la vallée de Lhassa…
 Nous stoppons dans la gare la plus haute du monde: Na Qu (4513 mètres) et les superlatifs ne vont pas s’arrêter là dans cette région si particulière. Mais commençons par le début!
Pour être tout à fait honnête, l’arrivée à Lhassa est un peu perturbante pour ne pas dire décevante. Me concernant, j’aimerais remonter le temps et arriver avec une caravane de chameaux et chevaux transportant du thé et autres denrées. Je pourrais alors admirer une ville centrée sur le Potala où le Dalaï Lama serait présent et non réfugié en Inde. A défaut, j’arrive dans une gare ultra-moderne et une ville de plus de 400 000 habitants avec motos, voitures, magasins où acheter du matériel de hautes technologies… Il faut vivre avec son temps! La ville me réservera de très belles surprises et me plongera pleinement au cœur du bouddhisme et du mysticisme qui l’entoure.

Après avoir retrouvé mes 5 compagnons de voyage pour ce périple au Tibet, nous sommes accueillis par notre guide, Linda. En guise de bienvenu, elle nous offre une écharpe en soie blanche dont la signification de pureté et de relation forte est très importante pour les bouddhistes, particulièrement pour les tibétains.
J’aurais l’opportunité de constater que cette écharpe fait partie des offrandes les plus importantes faites aux Bouddhas au même titre que l’eau pure. D’autres offrandes leurs sont faites tel que de la nourriture, du beurre de Yak pour alimenter les bougies, de l’argent, des herbes et de l’encens introduit dans des fours pour purifier l’air des temples. Nous logerons dans un petit hôtel parfaitement situé à 20 mètres du Kora (circuit de pèlerinage) sur le Bakhor entourant le temple du Jokhang où les pèlerins se pressent par centaines. Depuis le toit de notre hôtel, nous avons une vue dégagée sur le toit en or du Jokhang et sur le Potala dominant la vallée et célèbre dans le monde entier.
L’envoutement, l’humanité et la croyance, si forte, ressenties sur le circuit de pèlerinage, parcouru dans le sens des aiguilles d’une montre, seront le fil conducteur et récurrent (matin et soir) de mon séjour à Lhassa. Ce parcours entoure le temple vieux de 1300 ans et les pèlerins finissent par se prosterner devant lui et le Bouddha qu’il contient. Il s’agit du Bouddha Dora Jowa Sakyamuri, le plus révéré du pays.
Jalonnant le circuit, de nombreux magasins et marchands ambulants font partis de l’atmosphère spéciale qui règne dans ce quartier du vieux Lhassa. Mais revenons à cette croyance bouddhiste qui se manifeste brutalement à mes yeux comme probablement, il ne serait plus jamais le cas. Dès 5h00 du matin, les pèlerins venus de tout le Tibet (pour certains en se prosternant tout le long du trajet soit plus de 2 mois passé sur les routes) effectuent le circuit du Kora puis commencent une longue prosternation, durant des heures, devant ce dernier. D’autres personnes attendent dans une longue file pour pouvoir rentrer dans le temple. Tel une petite souris, je me faufile à travers les pèlerins et trouve une place discrète pour me fondre dans la masse et assister à ce spectacle saisissant. La prosternation est un moment intense et total. Elle commence debout, joignant les mains, ils les surélèvent au-dessus de la tête puis dans le même mouvement les ramènent près du corps au niveau du torse. Toujours dans la continuité, ils s’agenouillent avant de prendre la position allongée en écartant les bras. Joignant les mains devant eux sur le sol, ils reprennent rapidement la position précédente pour se relever et renouveler ce mouvement maintes et maintes fois. La désynchronisation des pèlerins rend ce balai intéressant et agréable à observer.

L’odeur d’encens et de plantes, la fumée sortant des cheminées blanches, le fait qu’ils psalmodient pour purifier leur âme contribuent à finaliser ce tableau vivant provoquant chez moi une émotion vivace, spirituellement et psychiquement très forte. L’intensité est telle qu’elle pose forcément question et laisse à réfléchir. Un soir, je dois l’avouer, le laisserais même échapper des larmes, ruisselant sur mon visage. Ce dernier est pourtant instantanément éclairé par un grand sourire. Il ne s’agit en aucun cas de tristesse, simplement d’un sentiment étrange et puissant…
Dans la continuité, notre première visite touristique sera le temple du Jokhang, après avoir pris les billets pour la visite du Potala, le lendemain à une heure fixe; 11h00. Je suis gêné de passer devant tous ces pèlerins attendant leur tour pour rentrer dans ce centre spirituel du Tibet. Le spectacle fourni par ce lieu n’en sera pourtant aucunement altéré. Les nombreux Bouddhas, les peintures, les bougies, les écharpes données en offrande participent, à faire de ce temple, un endroit unique. Les pèlerins continuent à se suivre en file indienne pour voir, toucher et prier les différentes divinités et Bouddhas dans les 2 niveaux de chapelles qui entourent le Hall central contenant de grandes statues Bouddhiques. Avoir vu l’intérieur de ce temple et le Bouddha pour lequel ces personnes vouent une telle dévotion, je perçois un peu mieux la culture de cette croyance millénaire. Mais l’important n’est pas là et le bouddhisme va bien au-delà de ces simples aspects matériels et physiques.
La deuxième visite incontournable est le Potala; ancien siège du gouvernement tibétain et surtout mondialement connu pour être la résidence d’hiver du Dalaï Lama. Cet immense palais, aux nombreux étages, se dresse au-dessus de la colline Marpo Rui et atteint 130 mètres au-dessus de la vallée. Ce palais fut érigé au septième siècle par le roi Songsteen Gampo. Celui-ci subit de nombreuses détériorations dû aux guerres. La construction actuelle à débuter en 1645 sous le règne du cinquième Dalaï Lama. Le Potala comprend le palais blanc, contenant les bureaux du gouvernement et les appartements du Dalaï Lama, et le palais rouge qui surplombe l’ensemble et où se déroulent l’ensemble des activités religieuses. Des Hörtens (Stuppas) incrustés de pierres précieuses et couverts d’or ont été élevés comme tombe pour la majorité des Dalaï Lama précédents. L’ensemble est sublime et me transporte un peu plus à travers cette culture si spécifique. Malheureusement plus aucune activité ne se déroule dans ces murs.
Le monastère de Sera, aux abords de Lhassa, est une très bonne alternative pour observer des moines tibétains toujours en activité et pratiquant leur religion. Un des moments les plus impressionnants seront les joutes théologiques qui se déroulent tous les après-midi excepté le dimanche. Tous les moines se réunissent et forment de petits groupes. Les moines assis doivent répondre aux questions de ceux qui se trouvent debout. Ces derniers, à chaque question, effectuent un rituel spécifique qui consiste à faire de grands mouvements avant de claquer leurs mains, plus ou moins puissamment, puis de les faire glisser vers la personne interrogée. Tout le monde se prend au jeu et il est tellement agréable de les voir sourire, éclater de rire; heureux de vivre simplement et de manière forte leurs croyances.
C’est un réel plaisir de se promener dans les rues. Les tibétains sont vraiment sympathiques. Pour chaque sourire sur mon visage, ils m’en retournent un qui respire un bonheur sincère et une forte envie d’échanger, de communiquer. Il serait intéressant de pouvoir observer chacun d’entre eux pendant des heures pour mieux comprendre leur mode de vie. J’aimerais prendre des milliers de photos du fait que leur visage expriment tellement, possèdent tellement d’idiomatiques. Mais je me dois de les respecter et de ne pas être trop intrusif sauf quand certains me le demande en me faisant un signe de la main.

Le contraste est total avec l’omniprésence de l’armée et de la police quadrillant la ville. Nous ressentons d’ores et déjà ce manque de liberté dans cette région dont la stabilité est encore très fragile.
Mais revenons aux agréables instants vécus dans cette ville. Se nourrir est un régal pour les papilles malgré le manque de variétés des aliments: bouillons de pâtes, dumpings à la viande de Yak, à la pomme de terre, thé au beurre de Yak, légumes, fruits,… Le top sera un steak de Yak, si tendre qu’il fond dans la bouche. Il sera accompagné de légumes et d’une sauce le mettant en valeur.

Je ne devrais pas évoquer, ci-après, les conditions de transport, de découpe et de conservation de cette viande. Elle arrive prédécoupée par gros morceaux, sur les plates-formes non couvertes à l’arrière des camions. Ils découpent ensuite la viande à la hache et couteau, sur des cartons à même le sol, ou sur des établis en bois. Finalement, la viande de Yak est pendue sur des crochets à l’air libre… Personne ne tombera malade et nous nous régalerons dans des restaurants typiquement tibétains sans nous soucier de la provenance ou de l’étiquetage de ce qui se trouvera dans nos assiettes.
Il est temps de prendre la route et d’emprunter maintenant «la route de l’amitié» (865 kilomètres) reliant Lhassa à Katmandou. L’éblouissante couleur bleue turquoise du lac Yamdrok-Tso, à 4700 mètres d’altitude, est la première merveille que nous sommes amenés à admirer au cours de ce trajet. En fond de panoramique se trouve le Mont Nojin Kontsang (7191 mètres) et son immense massif.

Après avoir déjeuné au bord du lac, nous traversons assez rapidement Gyantse. Nous avons pris la décision d’accélérer le mouvement dans le but d’obtenir le permis pour le Mont Everest dans la journée(malheureusement cet aspect sera récurrent trop souvent lors de ce périple au Tibet qui aurait demandé plus de temps et surtout plus de liberté… Un jour, j’espère nous pourrons nous mouvoir tel que souhaité au Tibet).
Après quelques tensions dans le groupe pour la prise de décision, l’obtention du permis sera une très bonne
chose. La soirée, à Shigatse, est agréable et permet de resserrer sensiblement les liens.
Les paysages sont magnifiques; montagnes désertiques, vallées cultivées ou désertiques sur la route menant au camp de base de l’Everest. Malheureusement, le ciel se couvre de plus en plus. Le brouillard et la neige se joignent à la fête, nous nous enfonçons vers l’Everest (appelé Qomolanyma en Tibétain), à 5100 mètres d’altitude!
A cet instant, l’aventure ne fait que commencer. Pour sûr, Catalina, une des filles du groupe, se souviendra toute sa vie de son anniversaire, et nous tous aussi, de cette expérience. Plus nous avançons vers notre destination finale, plus le ciel s’éclaircie ce qui devrait être une bonne nouvelle. Mais plus nous rapprochons, plus la route est recouverte de neige (non présente depuis plusieurs semaines sur ces routes). Nous apprendrons à nos dépends que ce car n’est pas du tout prévu pour la neige et que les roues sont lisses. Le conducteur vraisemblablement ne sait pas conduire sous ces conditions (démarrage et côte en première, non en seconde). Après avoir plusieurs fois étaient stoppés par les pentes enneigées et avoir dû pousser, après avoir été aidés par d’autres groupes, nous nous retrouvons définitivement bloqués sur une pente enneigée et verglacée en plein milieu de la montagne. Nous avons tout essayé: les tapis, du foin, des cailloux, prendre de la vitesse mais rien n’y fait!
Il est 17h00 et le soleil, maintenant bien présent, commence à disparaître derrière la montagne. Il est frustrant de voir les jeeps et des cars plus imposants franchir cet obstacle sans problème. La tension est palpable, tout le monde cogite, des larmes coulent sur les joues de Catalina et celles d’Ellen ne sont pas loin. Quant aux trois garçons, nous commençons à perdre patience et désirons vraiment qu’une décision soit prise. La tension montant encore d’un cran, je décide de sortir prendre l’air et surtout de profiter de ces paysages sublimes de montagnes les plus hautes du Monde immaculées de blanc et qui respirent la pureté et la beauté naturelle.

La guide inexpérimentée, et surtout ne possédant pas le sens pratique de la logistique et de l’organisation en cas de crise, n’est d’aucune aide. N’ayant pas tous les éléments en notre possession pour prendre une décision, le groupe est sur les nerfs.

L’espoir va surgir de derrière les montagnes! Des tibétains marchant le long de la route, nous assurent que le campement ne se trouve pas très loin. Nous abandonnons totalement l’idée, que je trouvais un peu saugrenue, voir dangereuse pour des personnes peu expérimentées par ces températures, de dormir en plein milieu de ces montagnes dans le car. Nous nous préparons le plus léger possible mais aussi le plus chaudement pour prendre la route avec eux.

La délivrance aura, tout d’abord, au loin, une forme verdâtre et floue. Il s’agit d’un car de touristes d’une capacité de 25 personnes quasiment vide. Après les avoir stoppé, nous négocierons avec eux pour qu’ils nous conduisent au camp de tentes. Ils acceptent! Le soulagement est entier. Nous nous pressons de prendre l’ensemble de nos affaires avant de les rejoindre. L’excitation est à son comble lorsque j’aperçois pour la première fois l’Everest, un peu caché par quelques nuages mais reflétant encore pleinement les rayons du soleil qui frappent son sommet dominant le ciel.
L’arrivée aux tentes spacieuses et chauffées est un vrai soulagement. Nous prenons quelques photos avant un repas chaud, bien mérité, accompagné du fameux lait chaud au beurre de Yak. Je ressortirais pour les commodités habituelles mais surtout pour admirer le ciel étoilé, vide de tous nuages ou presque, qui scintillent autour de l’Everest.
La nuit fut épique et mouvementée; certains ressentant le mal des montagnes, d’autres étant frigorifiées malgré de nombreuses couvertures et enfin certains ayant peu de place sur les banquettes réveillant les autres du fait de leur mouvements intempestifs afin de trouver une position la plus confortable possible. Autant vous dire que la nuit fut courte et pas des plus reposante.

Réveillé à 6h00, je décide de sortir pour profiter du lieu, de l’Everest alors qu’il fait encore nuit. Le froid est glacial. A l’intérieur de la tente, les verres d’eau chaude se sont transformés en glaçon. Ouvrant la porte, je suis ébloui par le spectacle et ne peut que constater l’extrême chance que nous offrent la météorologie.

Le ciel est totalement dégagé et la lune éclairant le ciel me permet d’admirer de manière très particulier le point culminant de la planète terre. Je me promène dans le noir pendant 1h30. Le jour se levant, je dois rejoindre les autres afin d’entreprendre la marche vers le camp de base de L’Everest, côté tibétain, que j’ai quasiment déjà atteint lors de cette balade matinale. Pour ne pas mettre le groupe en retard, je rentre en courant pendant 30 minutes à plus de 5100 mètres d’altitude. Mon acclimatation a été particulièrement réussie, escompté un souffle un peu difficile à trouver et une pression un peu plus importante sur les lobes cérébraux. Je me sens bien et je n’aurais ressenti aucun problème depuis le début de cette montée vers le toit du monde, il y a une semaine.

Je me dois, à cet instant précis, de remercier mes deux parents qui m’ont doté d’un capital génétique résistant et très peu sensible aux changements qu’ils peuvent exister sur cette planète et il faut l'avouer assez exceptionnel... Hihihi.. Je le savais et le sais que mes parents sont les meilleur! Je prends un réel plaisir à quelque peu défier les lois de la nature sans jamais, jusqu’à ce jour, en dépasser les limites, et non Mes limites.

La ballade est splendide et camp de base se révèle être un parfait point de vue sur ce toit du Monde culminant à 8844,43 mètres.
Nous profiterons de ces paysages toute la matinée. Il est impossible d’exprimer un ressenti exact des moments passés dans le cœur de l’Himalaya. La majesté de ces montagnes et le sentiment de se rapprocher des sommets, du sommet mondial participent à cette sensation extrême. Le soleil se levant dans la vallée ne fera que réchauffé nos organes alors que nos esprits bouillonnaient déjà de plaisir devant ces paysages éternels.
Revenant aux tentes à l’heure, pour reprendre le même car que celui qui nous avez dépanné, l’instant comique, ou plutôt la confusion totale se présente à nous. Nous n’avons aucun moyen de transport pour sortir de ces routes enneigées et rejoindre le premier point de contrôle où le car nous attend afin de nous reprendre en charge sur des routes dégagées. Nous sommes encore et seulement à trois minutes de marche du campement lorsque nous voyons avec dépit et incompréhension, le car quitter les lieux! Notre guide nous rejoint en pleur, perdant tous ces moyens. La confusion est complète. C’est le dernier jour de l’année que le camp de tentes est présent sur les lieux. Les derniers tibétains présents démontent les tentes et partent dans des lieux plus propices pour passer l’hiver. Loin de tout, à cet instant, notre imagination va bon train. Si nous nous retrouvions sans assistance ici dans ces paysages magiques mais qui sont peu propice à la survie pour des êtres humains non préparés?

A cet instant le malheur des uns va faire notre bonheur et surtout il va nous préserver d’une situation inextricable. En effet, l’essence à geler dans la nuit dans le réservoir du car. Ayant fait quelques mètres avec l’essence réchauffée par la présence du soleil, le car stoppe à quelques centaines de mètres du camp. Mes compagnons me demandent de courir pour les rattraper et faire ce qu’il faut pour qu’il nous conduise à l’endroit où le chauffeur nous attend. Devant le car, l’explication musclée commence et le temps jouant en notre faveur, nous pourrons obtenir le fin mot de l’histoire et regrouper toutes les personnes et nos affaires. Etant frigorifié par la nuit, un touriste a poussé l’ensemble du groupe, le guide et le chauffeur à partir sans nous attendre. Le client est roi mais il manque lors de cette expérience beaucoup d’humanité! N’est-ce pas trop souvent le cas malheureusement?
Méthode non conventionnel pour réchauffer l’essence, un feu est entretenu sous le réservoir pendant plusieurs minutes. Auriez-vous l’idée d’effectuer cette manœuvre avec votre véhicule? Je ne pense pas mais cela nous permettra de reprendre la route assez rapidement. Nous sortons finalement de cette impasse et pouvons rejoindre notre véhicule à un endroit où la neige n’est plus présente.

Nous pouvons continuer notre périple. La vue dégagée grâce au beau temps régnant maintenant sur la région va nous réserver de belles surprises. Nous admirerons les montagnes désertiques et enneigées, les tibétains vacants à leurs occupations fermières.
Nous avons lors de la traversée d’un col à plus de 4000 mètres, une vue imprenable sur l’ensemble de la chaine de l’Himalaya.
Je pourrais rester une éternité à contempler ces paysages tels les bergers menant leur troupeau sur le flan de ces montagnes. Rejoignant le trajet de la route de «l’amitié», après ce crochet au camp de base, nous sommes mises en face de réel panorama sublime et naturel. Il est aisé, en l’empruntant, de comprendre pourquoi ce trajet est surnommé «Une des routes les plus belles du monde» et nous n’avons pas encore fini ce trajet recelant une telle diversité de beautés naturelles.
Nous lierons quelques liens éphémères mais fort avec des habitants rencontrés sur notre route. Nous nous arrêtons dans une ville, se limitant aux abords de la route, et qui est dominée par une horde de chien. 4h00 de route nous sépare maintenant du Népal et la dernier nuit dans cette région sera le temps des adieux pour deux d’entre nous.

Ce séjour trop court au Tibet se termine. J’espère que l’un de ces jours, le plus tôt possible, je pourrais revenir en voyageur indépendant dans cette région du monde qui mériterait d’être explorée de fond en comble…

Mon envol est définitivement lancé. Après avoir touché du bout du pied le sommet de la Montagne la plus haute de notre planète, je prends de l’altitude au-dessus de ce toit du monde dominant la chaine himalayenne; mes ailes me permettant de planer avec sérénité actuellement.
Mon plan de vol va me mener au Népal. La phase transitoire sera brutale. En une seule vallée traversée, à la frontière, je me retrouve dans une contrée aux antipodes de celle, tout juste, traversée. J’atteins le premier pays chaud où je me réfugie pour cet hiver, et où je pourrais profiter des thermiques liés aux conditions climatiques et reliefs pour continuer de flotter dans les airs lors de ce voyage qui mènera jusqu’au coin le plus reculé de notre planète terre…