dimanche 28 avril 2013

Nouvelle-Zélande, l'île du Sud!


A l’autre bout du Monde dans un pays exceptionnel! Une expérience faite de petits bonheurs et de moments simples(1)… « Un peu trop concis!»

10 Mars, je suis enfin arrivé à l’autre bout du Monde! La Nouvelle-Zélande, pays d’exception, va être un hymne à la nature, aux rencontres de personnes sympathiques, et le terrain de jeu pour de nouvelles expériences, encore jamais vécues ou réalisées auparavant! (2)… «Encore un peu trop court, voyons comment je peux reformuler cela! »

Le 10 Mars 2013, je pose le pied pour la première fois dans ce pays, totalement aux antipodes de ma terre natale. La Nouvelle-Zélande me tend les bras. Depuis l’Australie, son plus proche voisin, je viens d’effectuer un trajet de plus de 2000 kilomètres, depuis Melbourne, avant d’atterrir à Queenstown! Je suis maintenant, à vol d’oiseau, à plus de 18 500 kilomètres de ma famille et de mes amis, qui sont restés en France! Pendant les 15 premiers jours sur place, je décide de voyager encore différemment que ce que j’avais expérimenté auparavant. Le pouce de ma main gauche sera un des éléments les plus importants pour mes déplacements. Pourquoi la main gauche, non pas parce que je suis gaucher, mais en raison de la conduite à gauche en Nouvelle-Zélande. Faisant face aux voitures, je tends donc mon bras en direction des voitures, pointant mon pouce vers le ciel pour être pris en stop. J’ai décidé de n’utiliser aucun autre moyen pour me véhiculer dans ce pays lorsque je serais seul.

Je tiens à être au plus proche de la nature. J’utiliserais donc le plus souvent ma tente et des campements sauvages, au beau milieu de paysages extraordinaires. J’explorerai le Sud de l’île du Sud lors de ces premiers jours. Mes pérégrinations me conduiront de Queenstown à Milford Sound, puis à Te Anau, Invercargill, La région des Catlins, Dunedin, avant de finir ma boucle et de revenir à Queenstown et de m’envoler vers la capitale Wellington, au Sud de l’île du Nord, pour une raison bien particulière, des retrouvailles qui vont me faire plaisir (3)…

Maxime, mon frère, m’avait demandé et conseillé de faire un résumé de mes aventures pour pouvoir lui permettre de me suivre un peu plus facilement…et ne pas à avoir à se coltiner, des pages et pages de lecture.  Je ne sais ce que vous pensez de la qualité des trois ébauches ci-dessous? En fait, peu importe! Je sais pourquoi j’ai commencé à aimer le Français, à partir du lycée, quand nous avons pu enfin développer nos idées. Nous n’étions plus limités aux simples, mais néanmoins nécessaires structures de la langue française que sont le vocabulaire, l’orthographe, la conjugaison, les formes et styles d’écriture.

Bizarrement, j’ai rarement opté pour l’explication de texte lors des devoirs aux choix multiples au lycée. Le plus souvent, je trouvais la dissertation beaucoup plus intéressante. Sans hésitation, je déchiffrai le contenu de la problématique et j’apposai mes premiers mots sur ma feuille de brouillon. Mes idées se mettaient en place, le contenu se structurait, je pouvais déjà me lancer dans le début de la rédaction. Je redemanderai plusieurs fois des copies doubles à grands carreaux, à l’institutrice. Elle savait déjà qu’une lecture importante, au moins, l’attendrait lors de la correction des copies…

Je ne fais pas front à une problématique à devoir résoudre actuellement, mais j’aime raconter l’histoire, le rêve éveillé que je vis… Plus il y aura de détails incorporés à ces lignes tapées sur mon petit ordinateur portable Asus (fidèle et toujours en état de marche, malgré ce que je lui ai fait endurcir), plus la relecture, quand de  nombreuses années se seront écoulées, me permettra de me remémorer l’état d’esprit dans lequel je me trouvais lors du moment présent. Et puis, comment vous transportez un peu avec moi dans l’ambiance de cette épopée, choisie et pleinement vécue, si vous ne pouvez même pas ressentir un peu de mes émotions, quelques frissons devant la photo d’un beau paysage ou en pensant à l’épreuve, l’expérience que je viens de vivre? Non, définitivement, je me sens plus à l’aise à écrire comme le flot de mes pensées me le dicte… Travailler l’art du résumé sera quelque chose sur lequel je me pencherai, peut être un jour, lorsque j’aurai un chef qui me demandera des nouvelles de tel ou tel projet. Quand moi, en tant qu’homme d’affaire, ingénieur ou responsable d’équipe, je serai débordé par le travail que mes supérieurs me demandent, et pressé de rentrer à la maison, passé du temps avec ma famille, si jamais cela arrive un jour… Mais pour l’instant, je suis déconnecté de ce monde! D’ailleurs pour vous permettre de replonger, avec moi, dans mes récits et apercevoir l’arrière du décor, de ce voyage, voici où et comment je prends le temps de retranscrire ces événements d’un passé assez proche. Nous sommes le mardi 16 Avril. Voilà un peu plus d’un mois que je suis arrivé en Nouvelle-Zélande. J’étais, la veille, dans l’après-midi à Rotorura, sur l’île du nord. Le temps avait été jusqu’alors ensoleillé. Mais depuis la fin de soirée, il pleut «comme vache qui pisse» (je ne pourrais jamais renier mes origines Normandes!). Il est 3h26 du matin, quand je tape ces premières lignes depuis un parking, donnant sur une rue. Comme vous le devinerez aisément, elle est calme à cette heure de la journée. L’intensité de la pluie varie au fil des minutes. Non, ce n’est pas une simple bruine. Le vent joue avec un verre en plastique vide, d’une chaîne de restauration rapide. Ce dernier décrit des arcs de cercle, allant parfois même jusqu’à dépasser le 360°. Quelques voitures, camions, un homme au pied nu ne marchant plus très droit, et la balayeuse de rue seront les seuls éléments perturbateurs venant interrompre cet équilibre urbain et naturel instable. C’est le moment parfait pour me lancer dans ce récit de mon expérience dans le sud, de l’île du Sud, de la Nouvelle-Zélande.

Je m’excuse par avance frérot, mais il y aura encore quelques centaines de lignes, et milliers de mots au programme de ces écrits. Heureusement, je sais que tu ne m’en voudras pas! Et puis le simple visionnage des photos peut être un moyen simple de se donner une bonne idée, massivement résumée, de l’expérience vécue.
Vous l’avez compris, je suis arrivé dans ce pays qui fait fantasmer plus d’un européen. Depuis notre continent, cette destination, diagonalement et géométriquement, à l’autre bout de la planète terre, se mérite. Elle est un choix délibéré et réfléchi du voyageur qui décidera de fouler ses terres… Je fais parti de ces personnes, qui rêvaient, ou rêvent encore, d’atteindre un jour cette contrée lointaine. Le 10 Mars 2013, je viens de passer de l’envie, de la projection dans le futur, à la réalité.

Voler au-dessus des montagnes, des fjords et des eaux bleues du parc National du sud-ouest de l’île («Fiordland National Park») est un spectacle qui me clouera le nez au hublot de l’avion pendant toute la fin du trajet. L’arrivée à Queenstown va me mettre directement dans l’ambiance d’un programme phénoménale qui m’attend! C’est un dimanche ensoleillé de fin d’été dans l’hémisphère Sud. Les températures avoisinent les 25°C au soleil. N’ayant pas vu de photos de la ville, ou tout du moins, ne les ayant plus en mémoire en arrivant sur place, je ne sais pas à quoi m’attendre. Mes seules connaissances sur cette ville sont le fait que c’est «la Mecque» des sports extrêmes, dont le saut à l’élastique, inventé ici. C’est une destination haut de gamme, pour une clientèle aisée, venue apprécier les joies de la montagne.

La surprise sera entière lorsque je découvre un petit village de montagne au charme indéniable. Ces maisons en pierres, ces rues pavées, ces petits magasins et son ambiance de village de vacances plantent le décor. Mais le plus beau me saute aux yeux quand j’atteins le rivage du lac Wakapitu. Queenstown borde ces rivages. La ville possède sa plage de cailloux et ces pontons en bois, en plein centre-ville. Un jardin public d’une superficie non négligeable jouxte ce dernier. La ville est agencée en fonction du relief des paysages permettant où que l’on soit dans la ville d’être en pleine nature en moins de cinq minutes. 

Je vais commencer «en douceur», façon de parler, en dormant chez une personne, membre du site internet «Couchsurfing» (que j’ai déjà mentionné dans mes récits australiens).  Elle s’appelle Irena. Elle est tchèque d’origine. Mais elle a vécu les dernières années en Angleterre, où vit son ami, rencontré avant de venir en Nouvelle-Zélande, pour un visa vacance-travail d’un an. Visité ce pays était, pour elle, aussi un rêve qu’elle réalise aujourd’hui. Elle combine ce dernier avec son travail de cuisinière qu’elle exerce depuis 3 mois dans cette ville après avoir vécue près du glacier Saint Joseph. Elle loue un magnifique studio deux pièces, crée dans les sous-sols d’une imposante maison. Elle possède une entrée indépendante avec accès sur le jardin qui surplombe la vallée et le lac en contre-bas. Je passerais des fins de soirées sympathiques en sa compagnie mais nous ne nous verrons pas beaucoup en raison de ces horaires en décalée.  «Les plaisirs de la restauration en quelque sorte!»

En revanche, je vais, de mon côté, me concocté un programme tonitruant. Je commencerais de la plus belle des manières en m’accordant une bonne dose d’adrénaline que je n’avais pas eue l’opportunité de ressentir depuis bien trop longtemps. En effet, mes derniers sauts en parachute, remontent aux derniers jours avant mon départ à Saumur et le seul sport extrême pratiqué depuis fut un vol en parapente en Inde. Bon d’accord, de nombreuses aventures, vécues dans ce vol libre, ont brusquement fait monter, exponentiellement parlant, mes pulsations cardiaques. Quoi qu’il en soit, je voulais absolument, à Queenstown, expérimenter ce qui en a, au début, fait sa renommer. Après, à peine, 24h00, dans ce nouveau pays, je pars, en bus, en direction de la vallée qui me permettra de réaliser deux activités démentes.
Nous prendrons, avec 5 autres participants, un treuil qui nous mènera sur une plateforme au beau milieu de la vallée. Cette plateforme est maintenue en l’air par de simples câbles métalliques. Le vent souffle assez fort. Il fait grincer la structure, qui malgré son apparente solidité, fait d’étranges bruits. Cet état de fait pourrait faire monter la psychose avant l’activité que nous nous prêtons à réaliser. Tout va alors se passer trop vite!

Nous sommes déjà équipés de baudriers. Tout juste arrivés sur la plateforme, un membre de l’équipe qui supervise le déroulement de l’action, nous remets des chevillières spéciales à l’activité. Le dernier de la cession d’avant a, à peine, le temps de sauter et de remonter que l’on m’appelle déjà. Je passe la dernière barrière qui me séparait du vide. Je suis prié de m’assoir sur un siège. Ils vérifient le matériel enfilé préalablement, m’équipent des différentes sécurités, et  surtout de l’élément majeur pour cette activité. En effet, pour le saut à l’élastique, ça peut être assez important de ne pas oublier le gros câble, aux propriétés élastiques, qui permettra que je ne m’écrase pas sur le sol plus de 150 mètres plus bas… Remis debout, j’avance tan bien que mal! Mes pieds sont reliés entre-eux, sur la plateforme faisant face au vide…

Petit sourire à la caméra… 3, 2, 1, GO… Je m’expulse vers l’avant après avoir fléchi mes jambes pour prendre de l’amplitude… J’écarte les bras pour prendre mon envol… Rien à y faire! Telle une pierre jeté depuis le haut d’une falaise, je suis instantanément rattrapé par la force de pesanteur. Je ne peux pas résisté à la force d’attraction gravitationnelle de la terre. Je Prends, instantanément, une vitesse approximative de 100 km/h. 4,8 secondes plus tard, à 134 mètres en dessous de la plateforme, l’élastique remplie alors son rôle. Il me propulsera vers le haut, évitant comme prévu la fin tragique d’une expérience comme celle-ci, sans ce dernier… Après avoir rebondi quelques fois, avoir réalisé ce qu’il venait de m’arriver, je libère mes pieds. Je me retrouve en position assise dans le baudrier afin d’être remonté vers la plateforme.

J’ai complétement perdu la notion du temps. Je sais juste que ça a été beaucoup trop court! C’est sûr que cela n’est pas comparable avec l’expérience vécue en saut en parachute. Il n’y a pas cette chute libre d’environ une minute avant l’ouverture du parachute. Puis fait de s’amuser sous voiles pendant une dizaine de minutes avant finalement de regagner le plancher des vaches ne fait pas partie de cette activité… Je ne suis pas frustré de l’expérience qui m’a plu, mais j’en veux plus!

Ça tombe bien car c’est au programme. Et en plus, contrairement au saut à l’élastique, cela sera pour moi une première. Il s’agit du plus grand « Swing » au monde (ou mouvement de balancier).  Nouveau matériel, nouveau harnais, nouveau lieu de départ. Je pourrais regarder deux groupes en duo s’élançaient avant moi. Cette activité peut se faire dans différentes positions et avec la possibilité de s’élancé à deux en même temps sur le même support. Je sais que de nombreuses personnes se seraient bien jointes à moi dans mon entourage  en ce jour. Mais elles se trouvent un peu loin actuellement. Je vais alors m’élancé seul. En fait, je ne contrôle rien. Je suis déjà les pieds dans le vide quand la personne en charge déclenche l’action. Je fais face à la chute dans le vide de plus de 70 mètres qui est suivi instantanément par un mouvement de balancement, dont l’arc fait 300 mètres, à travers la vallée. L’adrénaline est à son maximum. Je crie pour expulser mes ressentis et je souris en même temps. Je ferais plusieurs oscillations, qui diminueront avec la perte de vitesse. Je finirais par me stabiliser. Puis un système motorisé va me remonter vers la plateforme de lancement.

Je me sens plus que jamais en vie! Cela lance parfaitement un séjour en Nouvelle-Zélande qui se veut riche en émotions, en aventures… La fin de journée sera beaucoup plus calme dans le studio d’Irena, à discuter, autour d’un thé, en partageant une délicieuse tablette de chocolat.
 

Le lendemain, je vais explorer un peu plus la ville de Queenstown et ces environs.

Me connectant sur internet, une conversation sur Skype va me remplir de joie.

C’est marrant comment il est possible parfois de sentir certaines choses. J’ai eu une prémonition. Je savais que le week-end qui venait de s’écouler fut, à la maison, le temps pour l’annonce d’une bonne nouvelle. C’est ma sœur qui est connectée à l’autre bout de la planète. Derrière son écran d’ordinateur, elle est rayonnante. Elle arbore un grand sourire resplendissant qui semble retranscrire un bonheur incommensurable, un épanouissement personnel grandiose. Yann, son ami, qui la rejoindra derrière la webcam, semble aussi au meilleur de sa forme, tout sourire. La nouvelle va m’émoustiller. Même si je m’y attendais, même si je l’avais pressenti, rien ne vous prépare à l’émotion qui vous envahie soudainement à l’annonce, en direct, d’une telle nouvelle.

Ma sœur est enceinte de plus de trois mois et le début de grossesse se passe jusqu’alors à merveille.
Je suis super heureux pour eux. Nous partageons, malgré la distance, un moment fort, qui restera gravé très longtemps dans ma mémoire. Je n’ose même pas envisagé l’intensité des sentiments éprouvés quand ce genre d’annonce vous concerne directement. Je vais y repenser pendant toute la journée, et plus encore. Cela me donne une forme olympique. Mais je ne peux pas m’empêcher aussi par la même occasion de me poser quelques questions concernant cet événement et la suite pour ma vie future… Je vais laisser le temps agir, ne pas réagir trop spontanément, et ne pas prendre de décision hâtive.

Me rendant finalement en ville, je vais d’abord me rendre au centre d’information et de conservation des parcs naturels nationaux. Le but est d’obtenir toutes les informations concernant les marches dans la région et me décider de la randonnée que je m’apprête à faire. Toutes les informations nécessaires prises, je vais ensuite partir à la découverte de la ville et de ces environs. Je vais visiter le parc avec la vue sur le lac.
Je vais surtout entreprendre l’ascension d’un des sommets les plus proches. La montagne «Lomond Peak» culmine à 1748 mètres au-dessus du niveau de la mer, soit un dénivelé positif, depuis Queenstown, de 1390 mètres. Je vais faire cette ascension d’une traite. Commençant en pleine forêt, je vais voir des vététistes descendre à fond ces pentes abruptes depuis le sommet de «Queenstown Hill». Durant mon ascension, je passerais par cet endroit, qui est l’arrivé du téléphérique depuis le centre-ville. Cela implique un flot de touristes très important qui se concentre dans un point de vue imprenable sur la ville et ces alentours. Beaucoup trop de monde dans ce lieu! Je ne resterais que quelques secondes afin d’admirer la vue puis lire les informations culturelles et environnementales placardées sur des panneaux métalliques.

Puis je continue mon chemin à travers la forêt pour quelques centaines de mètres. La végétation va alors changer brutalement. Jusqu’au  sommet, je ne serai plus entouré que de végétation herbeuse base. Au fil des kilomètres de montée, la vue sur le lac se dégage de plus en plus. Juste avant l’ascension finale, je découvre, depuis un faux plat montant, une vue magnifique sur la région montagneuse qui se trouve au nord de la ville. La fréquentation est moindre à ces altitudes élevées. Je croiserais néanmoins quelques randonneurs très sympathiques. Nous nous saluerons chaleureusement.

Au sommet, la vue, à 360°, est imprenable! L’effort physique est instantanément oublié. Je vais rester de nombreuses minutes à admirer la nature qui me fait face. Je déciderai de prendre le chemin du retour quand un groupe important d’étudiants, arrivant au sommet, viendra rompre ce silence des cimes montagneuses. Je vais redescendre, en petite foulée, ou parfois dévalant la pente, tel en trail. Je prendrai un malin plaisir à sauter de rochers à rochers au moment opportun. J’aurais mis un peu plus de 3h00 à la montée et, un peu moins d’1h30, à la descente.

De retour à Queenstown, je réserverais ma nuit en camping prévue durant le trajet pour effectuer une des fameuses randonnées du pays. Je rentrerais ensuite à l’appartement d’Irena pour y passer une nouvelle soirée calme.


En ce mercredi matin, 13 Mars 2013, je pars découvrir la région la plus au sud de la Nouvelle-Zélande. Un nouvel événement prévu, depuis quelques jours, dans ce périple fait que j’ai décidé de faire une inhabituelle boucle, avant de revenir 12 jours plus tard, de nouveau à Queenstown. J’ai réservé mon billet pour m’envoler vers Wellington, où je retrouverais une amie belge qui vient me rejoindre pour 15 jours de vacances. J’en profite pour laisser de nombreuses affaires, inutiles dans les jours à venir, chez Irena. Cela m’allège considérablement. C’est un point à ne pas négliger surtout en raison de la façon dont j’ai décidé de voyager. Je voulais tenter l’expérience de l’auto-stop sur du long terme. Ce pays sera sûrement un des meilleurs spots au monde pour cela.

Je ne vais pas tarder à ouvrir mon compteur d’automobilistes me conduisant à ma prochaine destination. Voilà, seulement quelques minutes que je suis sur le bord de la route. Je veux partir en direction du Nord, pour atteindre la ville de Glenorchy, qui se trouve dans un cul-de-sac, en flanc de montagne. Mais cette ville n’est pas très loin du début de la marche que j’entreprendrais deux jours plus tard. Seulement quelques voitures sont déjà passées quand une première s’arrête bien longtemps après m’avoir dépassé, sur le bas-côté de la route. Il s’agit d’une jeune allemande de 19 ans, présente en Nouvelle-Zélande depuis plus de 9 mois. Le fait qu’elle se soit arrêtée est une aubaine pour moi. Non seulement, elle va bien à Glenorchy.
Mais encore mieux que cela, elle se dirige directement au départ de la marche du «Routeburn Trek» pour y récupérer son petit ami, parti 2 jours plus tôt. Nous ferons donc la route ensemble, jusqu’au bout. Nous restons encore quelques minutes à profiter du soleil pendant qu’elle fume sa cigarette! Une fois la dernière bouffée prise, la dernière cendre écrasée sur le chemin, et le mégot jeté dans la poubelle la plus proche, elle décide de partir à la rencontre de son ami.

Le temps n’ai pas encore venu pour moi d’emprunter ce trek! Je rebrousse chemin et je m’enfonce dans une forêt épaisse en direction d’un lac à quelques kilomètres de là! Sur le chemin allé, je vais y croiser la dernière âme humaine pour les 40 prochaines heures. Il s’agit d’un jeune, marchant aussi sur ces chemins balisés,. En effet, une fois passé ce lac, visuellement intéressant, je m’enfonce un peu plus loin dans la forêt. Je sors des sentiers battus. Je suis maintenant seul face à la nature, à la recherche d’un spot idyllique pour y planter ma tente pour les deux prochaines nuits…

Quelques kilomètres plus tard, après avoir vu des milliers d’arbres, vu une quantité de mousse inimaginable, avoir hésité parfois à continuer à me plonger dans l’inconnu, j’entends finalement un bruit agréable. Un bruit que je reconnaitrais parmi des milliers, un de ces purs plaisirs de la montagne.

Tous ces bruits d’eau, jaillissant de n’importe où pour sublimer la quiétude des lieux, sont ces éléments sonores dont je pourrais vous parler pendant des heures : tel le bruit d’un ruisseau descendant dans la vallée, d’une chute d’eau ou d’une cascade s’échappant de la paroi rocheuse, ruisselant le long de cette dernière, ou sautant de réserves d’eau en réserves d’eau. Il s’agit cette fois d’un rapide, au milieu d’une rivière, au débit déjà conséquent. Ce rapide s’est formé en raison d’une pente plus importante, d’un rétrécissement de la largeur de ce cours d’eau, et d’une courbe, à plus de 90°, formant comme un réservoir en amont de ce mouvement d’accélération de l’eau, créant ce bruit sourd. Ce fut le premier signe qui attira mon attention. Je fus ensuite subjugué par l’aspect visuel de cette rivière. Sa couleur ne semblait pas réelle. Je devais me trouver dans un monde imaginaire, tels ces lieux évoqués dans les contes pour enfants, où « tout le monde il est gentil, et tout le monde il est beau»!

Je ferme les yeux et j’hésiterai à les ré-ouvrir de nouveau, de peur de perdre cette dernière image, resté figée sur ma rétine. J’attendis quelques secondes, Puis doucement, j’entreprends de ré-ouvrir mes yeux. A travers mes cils, le paysage ne semble pas avoir changés. Les yeux maintenant totalement ouverts, je dois admettre que ce paysage était réel.  Aurais-je trouvé un Eldorado, mon Eldorado, où je pourrais m’installer pour y vivre une vie paisible, simple ?

Je n’en suis nullement à ce point lors de ce périple au long cours. Mais une chose est sûre, cela fera un parfait campement pour les prochaines heures. Seule l’eau dégringolant dans la vallée, et les feuilles des arbres chatouillaient par une brise légère donnaient un mouvement à cette peinture naturelle que j’aurais voulu figer à jamais… Je suivis ce cours d’eau sur quelques centaines de mètres et je trouvai alors le parfait endroit pour monter ma tente. Laissant mon sac, à même le sol, je pars explorer les environs pour m’assurer que rien ne viendrait perturber ce moment de solitude que je désire alors m’accorder! Rien ne viendra remettre en cause cet endroit et ce moment hors du temps que je venais de m’approprier. J’installe donc rapidement ma tente et je peux me délecter devant ce cours d’eau.

Quelque chose m’empêche alors d’apprécier ce moment à sa juste valeur. Je n’arrivais pas à définir quoi, comment et pourquoi! Je ne cherchai pas particulièrement à trouver une réponse mais cela me taraudera l’esprit… Il y a encore un élément qui ne me permet pas d’atteindre la plénitude recherchée.

Plus je cherche la solution plus j’ai le sentiment de m’éloigner de la réponse. Plus je veux profiter de l’endroit, plus l’endroit commence à devenir terne. Il perd, au fur-et-à-mesure,  son clinquant, de sa magie… Je ne comprenais pas les tenants et aboutissants de la situation à laquelle je faisais face.

Une seule chose me permit d’obtenir le déclic. «Carpe Diem»! Vivre le moment présent! C’est ce que je me dis depuis que je vis ce tour du monde, c’est ce que je pense atteindre à chaque seconde de mon périple… Pourtant, là, à cet instant, seul face à la nature, tranquillement assis à admirer le paysage, je ne vivais pas pleinement le moment… Mon esprit s’écarte trop de la courbe du temps, pourtant totalement stoppé dans ces lieux intacts, sans notion d’heures, de jours, de mois, ou même d’années, invariablement le même depuis des décennies. En revanche, mon cerveau était en ébullition, connectant les moments vécus dans le passé, avec le présent, et les possibilités s’offrant à moi dans le futur…

«STOP !» Comme par magie, tout s’arrêta à l’instant de cette prise de conscience. Rien ne viendra plus perturber ma connexion avec l’environnement qui m’entoure…

Le seul élément, qui viendra briser cet arrêt sur image, sera le soleil jouant à cache-cache avec cette facette de la terre. La luminosité changea drastiquement. De belles couleurs emplirent le ciel avant que la nuit noire, étincelante d’étoiles, et traversée, de part et d’autre, par la voie lactée, prit finalement ces droits. Je ne pouvais rêver mieux pour passer une nuit paisible. Je m’endormis aussitôt après avoir enfilé mes habits nocturnes, m’être emmitouflé dans mon sac de couchage, et avoir trouvé ma position pour la nuit, sur ce sol, adoucit par la mousse. C’est encore le soleil qui pointera le bout de son nez, une douzaine d’heure plus tard. Il sera encore la prise de conscience, pour moi, que le temps ne s’est pas arrêté, que les aiguilles des horloges continuent d’avancer. «La trotteuse» pointent minutes après minutes, un soixantième de cercle de plus que la minute précédente, forçant l’aiguille horaire à bouger, toutes les soixante minutes, d’un douzième de cercle… et cela perpétuellement! Rien ne peut arrêter la course folle du temps… La seule chose possible est alors de profiter du temps imparti par la vie.

Je ne manquerai aucune opportunité. A commencer par les 24 heures suivantes, en ne faisant, pour ainsi dire, au final, Rien. Ma seule préoccupation concernera le fait de ramasser du bois afin de faire un feu digne de ce nom. Puis de connaître ce qu’il y aura au menu des repas à venir. Je possède, dans mon sac-à-dos, quelques réserves de nourritures achetées avant le départ. Néanmoins, l’idée de pouvoir survivre avec les éléments qui m’entourent me semble beaucoup plus attirant. Le moment est venu d’utiliser quelques connaissances rudimentaires de survie, sur les plantes comestibles, et d’essayer d’attraper le peu d’animaux présent dans les parages.

Non, tel Golum, dans le «Seigneur des Anneaux», je ne vais pas me jeter à la rivière, la tête la première, attraper un poison à la main, et le dévorer vivant et cru, en le déchiquetant avec mes dents. Je vais utiliser le matériel que m’a donné un ami en Australie. Le fil de pêche dans une main, l’hameçon dans l’autre, il ne me reste plus qu’à trouver un appât raisonnablement attractif.  Il sera marrant de trouver un stratagème afin de piéger un insecte, de le tuer et de l’embrocher au bout de l’hameçon. Chose faite, je commence à pêcher. Le temps s’envole. Le résultat n’est pas très probant jusqu’au moment où je sens le fil me glisser des doigts. A travers l’eau translucide, je peux voir la proie se débattre. Un long combat s’engage alors pour savoir qui de nous deux aura le dernier mot dans ce combat, il faut le dire assez inégal. L’hameçon est trop profondément ancré dans la bouche de ce pauvre poisson qui finit par abdiquer. Peine perdue, à bout de force, il agonise au bout de la ligne. L’ayant remonté, il puisera dans ces ressources, donnera quelques derniers coups de queue par désespoir, avant de rendre définitivement les armes quand je le poserai sur le sol. Une deuxième, puis une troisième prise viendront compléter le festin… Le reste de la journée résidera en quelques ballades dans la forêt, à m’allonger dans une clairière naturelle pour prendre le soleil, à la visite d’un couple de canards sauvages inséparables, et à essayer d’apercevoir dans les hauteurs des arbres ces oiseaux produisant un chant mélodieux.

La fin de journée approchant, le temps d’allumer le feu et de cuisiner le poisson frais, et les quelques légumes, est venu. Allumer le feu, en plus d’être un spectacle agréable, d’apporter de la chaleur, il sera aussi un moyen d’éloigner autant que possible les seuls terreurs de l’île du Sud néozélandaise pour l’être humain. Ces bestioles toutes de noires vêtues, à 6 pattes, à la carapace digne de films d’horreurs sont impressionnantes… Derrière un microscope... Mais seulement derrière ce dernier!

En effet, elles sont présentes par milliers, que dis-je par milliards dans cette partie du globe, mais à peine visible à l’œil nu. A peine plus gros que la tête d’une épingle à nourrice, les «Sandflies», types de moucherons noirs, adorent le sang humain et ils se jettent sur vous, tels des vampires… pour vous en aspirer une petite gouttelette! Là n’est pas le problème. Aucun danger vital en vue même si vous avez des centaines de piqûres en même temps. En revanche, attention aux démangeaisons; Irritations garanties et l’assurance de passer un mauvais quart d’heure… que dis-je, parfois de longues mauvaises heures pour ceux chez qui ces boutons ne disparaissent pas aussitôt qu’ils sont venus…

Ces «Sandflies» aiment plutôt bien mon sang. L’avantage que j’ai, c’est qu’une fois que la piqûre est apparue, elle me démange quelques minutes puis elle disparaît comme elle est venue… J’aurais quelques piqûres ce soir-là mais rien de dramatique! Et puis ce n’est pas la dernière fois que j’aurais à faire à ces petits parasites. Ils referont leur apparition, en nombre plus important, les jours suivants. Serait-ce le moyen sur cette île paradisiaque néozélandaise de me ramener à la réalité de pauvre petit terrien que je suis?

Auraient-ils été introduits dans ce paradis terrestre par la volonté de force divine ou extraterrestre dans le but de nous rappeler que quel que soit le paradis où nous nous trouvons, sur terre, rien ne peut être parfait? Quel que soit la réponse que chacun trouvera à cette question provocatrice, je passerais outre maintenant, dans quelques semaines, ou dans de nombreuses années… L’importance de trouver une réponse était néant au moment où je me trouvais dans ces bois, seul. Voulant sucer la moelle de la vie, jusqu’à en atteindre son paroxysme,  j’aurais pu polir l’os contenant cette substance imaginaire et abstraite dans ce cas…

Le feu crépite donc maintenant. Le bois bien sec, en raison de cet été particulièrement torride à ces latitudes, m’aidera grandement dans ma tâche. Je trouverais le moyen de créer une broche non-inflammable pour dorer mes poissons écaillés… Le repas prêt, je pourrais le déguster en visionnant les étoiles.

 


Tic-tac, tic-tac, les minutes s’égrènent. Une nuit de plus est passée, le soleil ne va pas tarder à éclaircir le ciel. Ma réservation pour mon emplacement de camping, sur cette randonnée du «Routeburn Trek», est pour la nuit à venir. Je plie donc bagage. Je me reconnecte avec la réalité qui s’annonce très plaisante concernant les jours à venir. Je me prépare à franchir ces montagnes pour me rendre dans un des plus fameux endroits de ce pays; Milford Sound. Rejoignant le début de la randonnée dans la pénombre, je suis d’attaque à point nommé pour les quelques 25 kilomètres qui me séparent de mon endroit de couchage pour la nuit à venir. Je m’enfonce alors, d’un pas décidé, dans la forêt où commence le chemin. Les paysages sont déjà fort agréables en début de matinée. Ils vont se sublimer les heures suivantes.  Le début de cette marche suit un cours d’eau à contre-courant. Cette ballade dans une forêt prend fin quand soudainement un dénivelé important me fait face. Grimpant encore et encore vers des sommets qui semblent inatteignables, le poids de mon sac-à-dos plein, pèse à chaque pas. Je n’ai pourtant pas ce ressenti à chaque effort produit. La nature, Les paysages me transcendent. Le changement de végétation, l’apparition d’herbe rase, de cascades, de cours d’eau multiples, puis finalement de lacs constitueront le plus beau des cadeaux… Le fait de croiser quelques personnes ne changera aucunement la dynamique créée depuis quelques jours. Je ne m’éloigne pas de la possibilité qui m’est offerte de me retrouver seul.  Il s’agit simplement d’une nouvelle composante à prendre en compte. Cette dernière est, qui plus est, pas désagréable et furtive. La salutation est brève, très souvent accompagné d’un sourire qui met le boom au cœur et parfois accompagné d’une question ou de l’échange de quelques mots… 

Quatre heures après avoir commencé l’ascension, j’atteins le point culminant de ce trek. Le temps est changeant. De gros nuages ne me permettront pas de jouir totalement d’un panorama supposé grandiose. Peu importe, le spectacle qui se présente à moi est déjà exceptionnel. Je laisserai mon sac au camp de base et escaladerai le sommet voisin, obtenant une vue imprenable sur le lac tout juste passé. Redescendant vers le camp, je pourrais admirer un hélicoptère en manœuvre, venant fournir de nouvelles bombonnes de gaz accrochées dans un filin, 20 mètres en-dessous. L’échange se fait en vol statique. L’hélicoptère ne se pose pas au sol. Ces pales continuent de tournoyer dans les airs, il se stabilise pendant qu’une personne en bas se charge des manipulations: décrochage des nouvelles bombonnes, fixation des anciennes, et il ne reste plus qu’à indiquer au pilote que l’opération est finie. J’aimerais vraiment avoir la chance une fois de piloter ce genre d’engin. Rien d’impossible, il y aura juste encore une fois des choix à faire…

Reprenant mon sac, je continue la descente vers le camp de base où j’ai réservé mon emplacement pour ma tente. Les paysages vont encore une nouvelle fois totalement changer. Après avoir longé sur plusieurs kilomètres les flancs de montagne, j’entreprends la descente finale, en pente raide, avant l’arrivée au camp de base. La végétation redevient alors beaucoup plus dense. J’atteins une forêt de type tropicale humide. Le sol, les arbres, jusqu’à leur sommet, sont recouverts de mousse. L’atmosphère est d’une humidité extrême. Cette forêt pourrait être le repère d’une vilaine sorcière prête à me jeter un mauvais sort. Mais j’ai plutôt le sentiment que c’est une petite et splendide fée qui pourrait surgir à chaque instant… Je ne vous en dirai pas plus, je ne vous révélerais pas tous les moments vécus dans ces lieux… Croyez-vous que je me dévoile entièrement par l’intermédiaire de ces écrits? Vous êtes très loin de la réalité! Mais si vous voulez vous vivre une expérience similaire à la mienne, partez-vous balader dans la forêt la plus proche de chez vous. Ouvrez votre esprit et utilisez votre imagination! Peut-être, comme moi, arriverez-vous à communiquer avec le maître des lieux. Les oiseaux viendront sûrement vous pousser la chansonnette et jouer à tournoyer autour de vous, jusqu’à vous en faire perdre la tête. Le murmure des arbres et du vent dans leur feuilles deviendront de plus ne plus clair. Vous finirez par distinguer des syllabes, puis des mots et enfin des phrases avec un sens profond. N’hésitez pas à entreprendre la conversation, vous obtiendrez peut-être une réponse!

J’aperçois finalement un lac d’un vert irréel. Le camp de base se trouve sur ces rivages. Quelques hectomètres de descente est me voilà en face de cette étendue d’eau. J’installe rapidement ma tente et je pars explorer les environs! Là encore la forêt me fera quelques petits clins d’œil! Charmeuse et charmante dame nature! L’obscurité gagne rapidement le campement. J’ai à peine fermé un œil, des heures se seront envolées, que l’autre œil se ré-ouvrira déjà! L’obscurité est encore importante à mon réveil, une fine pluie tombe en continue.

J’émerge alors progressivement, Je range ma tente rapidement, et je continue mon chemin vers les fameuses Milford Sounds. Un brouillard épais fait son apparition, la pluie continue de tomber avec parcimonie, juste pour maintenir cette atmosphère humide, et créer une ambiance encore un peu plus spéciale hors des standards terrestres habituels. La forêt n’a pas finie de me gâter et de me révéler quelqu’un de ces plus beaux secrets!

En fin de matinée, j’atteins l’autre extrémité de ce trek. Je viens de traverser des montagnes. Je me retrouve alors dans la fameuse région des Milford Sounds. La pluviométrie est ici de plus de 9000 millimètres d’eau par an. Ceci explique aisément l’abondance de verdure et les autres merveilles que je vais découvrir avec Max et Lisa, un couple d’Allemand de 24 et 25 ans, actuellement en voyage en camping-car en Nouvelle-Zélande pour 7 semaines, et en Tour du Monde de 6 mois. Je vais discuter avec eux devant les tableaux indiquant les marches à effectuer dans les environs. Nous passerons finalement les 48 prochaines heures ensemble.

Nous allons découvrir un par un des petits bijoux naturels. Des torrents, cascades, rivières, chutes d’eau sont présents à chaque recoin de montagne. La couleur de l’eau est indescriptible. J’ai juste envie, malgré la fraicheur ambiante, de sauter dans chacun des cours ou trous d’eau. Les Fjords, se laissant admirer entre deux nuages, sont magistraux.  Chaque promenade est une nouvelle découverte. Le camping dans le Parc national sur lequel nous passerons la nuit a une vue imprenable sur les montagnes. Seuls nos amis les Sandflies, nous ferons battre retraite dans nos demeures respectives pour la nuit. 

Le lendemain le soleil est présent! Nous retournerons ensemble sur le Routeburn trek pour escalader le «Key Summit», sommet à un peu plus d’une heure du début de cette randonnée. La vue est alors dégagée et imprenable sur toute la vallée des Fjords. Nous retournerons aussi admiré ces dernières au bord de l’eau. Puis, le beau temps étant de la partie, nous décidons de ne pas nous éterniser plus longtemps et de nous diriger vers le Sud, vers La ville de Te Anau, et le soi-disant magnifique lac Manapouri…

Un voyant rouge sera l’indication qu’un élément pourrait venir contrecarrer ce plan de route, pourtant bien ficelé. Le voyant s’alluma en discontinue, pour commencer, lors des premiers kilomètres effectués depuis le parking en bord de mer. Puis ce voyant restera allumer en permanence. Il s’agit de l’huile  Nous déciderons de tenter notre chance sur le parking d’une des principales attractions de la vallée. J’arrêtai tout d’abord deux autres camping-cars de location. Malheureusement, comme toute personne utilisant les services d’un loueur, le besoin d’avoir de l’huile de rechange est inexistant, normalement! Heureusement, un jeune couple, dans une voiture leur appartenant, a de l’huile de moteur. Leur bouteille est quasiment vide. Ils verseront pourtant jsuqu’à la dernière goutte dans le réservoir de ce van de location. C’est confiant que nous reprenons la route pensant que nous devrions maintenant sans problème, atteindre Te Anau, la ville la plus proche, néanmoins à encore plus de 200 kilomètres de là. Le voyant s’est éteint.

Mais cette situation favorable ne durera que quelques secondes. Le voyant se rallume une nouvelle fois. Nous devons nous arrêter sur le bas-côté  de la route avant même de franchir le tunnel. C’est muni de pancartes que nous essayons d’obtenir de nouveau de l’huile. Beaucoup de personnes s’arrêteront même s’ils ne possèdent rien pour nous aider. Ici, l’entre-aide est une valeur importante et mise en avant. Avec l’une des personnes qui s’arrêtera, nous ne pourrons que faire une constatation désastreuse. L’huile que nous venons de remettre s’écoule inexorablement sur le sol. Le réservoir est de nouveau vide et la fuite importante. La problématique est maintenant différente. Nous n’avons plus besoin d’huile mais de faire réparer le van. Sans réception de téléphone, à des dizaines de kilomètres du moindre point d’habitations, la seule possibilité consistera à se faire prendre en auto-stop pour atteindre le téléphone satellitaire d’urgence situé  de l’autre côté du tunnel. Max se chargera de cette étape. J’aiderai Lisa à préparer leurs sacs et à être prêt à abandonner le camping-car derrière-eux si la situation l’exigeait. Ce fut le cas quand le remorqueur arrivera à notre hauteur, avec déjà un van en panne sur sa remorque. Nous monterons avec eux néanmoins, laissant leur camping-car derrière nous. Nous ne savons pas ce qui pourrait se passer avec le loueur dans les prochaines heures. Après en avoir discuté ensemble, ils me disent de continuer ma route, que nous nous tiendrons au courant, et que peut-être ils s’arrêteront dans les prochains jours, pour de nouveau me prendre en stop! J’espère qu’ils n’auront pas perdu trop de temps dans cette mésaventure. J’essaierais d’obtenir des nouvelles de leur part une ou deux fois, sans retour de leur part jusqu’à présent (1 mois après lorsque j’écris ces lignes).

A Te Anau, le temps est couvert. Je marcherais plusieurs kilomètres. Je vais étonnement profiter d’un coucher de soleil avec quelques belles couleurs sur le lac, avant de m’endormir dans un camping. Le matin suivant, je partirais dans la bonne direction pour la suite de mon périple. Je ne vais voir aucun véhicule pendant plusieurs kilomètres.  N’ayant pas pris la route principale, qui plus est de bon matin, n’aidera sûrement pas dans l’objectif de trouver quelqu’un pour m’emmener un peu plus loin. Rejoignant cette dernière, désignée sous le nom de «South Scenic Road», je vais tout d’abord voyager quelques kilomètres dans un bus privé dont le chauffeur va chercher des clients à la fin d’un autre fameux trek, en Nouvelle-Zélande ;  «Kepler»… Puis une voiture me doublant, alors que je marche sur le bord de la route, fera demi-tour. Il s’agit d’un couple de retraité, qui nous avez porté secours la veille. M’ayant reconnu, ils ont décidés de m’offrir ce trajet. Ils me conduiront jusqu’à la prochaine destination où je souhaitais me rendre, le Lac Manapouri. Puis, ils continueront leur route vers le sud en direction d’Invercargill.

Je passe seulement quelques heures à explorer les alentours. Le temps ne joue pas en ma faveur. L’impression grisâtre laissée par les nuages bas n’embellit aucunement les paysages, et ne m’aide pas à tirer le potentiel de couleurs que pourrait avoir ces lieux sous le soleil.

Je décide donc de continuer mon périple vers le Sud. J’aime cette façon de voyager, prêt pour une nouvelle surprise, une nouvelle rencontre. Je ne suis pas la personne qui décide de mon avancée. Alors de quoi sera fait le proche avenir, je n’en sais rien! Le conducteur, qui voudra s’arrêter, sera la prochaine personne avec laquelle je partagerais les prochaines minutes de cette vie palpitante, avec qui j’aurais la prochaine interaction.

Cela n’est finalement pas complétement vrai. Le langage du corps a une importance capitale dans la connexion avec son prochain. Cela est encore plus fort quand tu es la personne en demande d’un service. C’est vraiment intéressant de constater, et de jouer, avec toutes les connexions qui se produisent entre moi et les personnes derrières leur volant. Certains semblent s’excuser de ne pas pouvoir me prendre, certains pointent du doigt qu’ils vont tourner prochainement à droite et à gauche, et qu’il n’y a donc aucun intérêt qu’ils s’arrêtent. D’autres semblent vouloir me montrer leur voiture qui est pleine à déborder. Certains ignorent ma présence et ne veulent pas se sentir coupable de ne pas prendre en considération quelqu’un qui demande une aide finalement assez simple.

Je ne porte pourtant aucun jugement sur le fait de me prendre en stop, ou non. Je sais que toute personne ne peut pas être aussi sociable et ouverte à la conversation avec autrui que je le suis. Je comprends que certaines personnes veulent  être au calme dans leur voiture et ne pas avoir à interagir avec autrui dans ce lieu personnel. Je comprends que certaines personnes peuvent avoir un peu peur d’introduire dans un bien matériel personnel, quelqu’un qu’ils ne connaissent pas du tout, dont ils ne connaissent pas les intentions bonnes ou mauvaises.

Un van s’arrêtera après que j’ai effectué encore plusieurs kilomètres de marche. Il s’agit de Christopher et Paulo, un allemand et un espagnol, tous les deux âgés de 25 ans. Le van appartient à Christopher. Ils possèdent tous les deux un visa vacances-travail et ils se sont rencontrés, il y a de cela quelques mois, sur l’île du Nord! Grimper dans leur van sera une bénédiction juste avant de franchir le nuage noir et menaçant qui nous faisait face…

La pluie tombera, en trombe, pendant tout le trajet. Nous ne ferons pas grand-chose des paysages et points d’intérêts touristiques sur la route. Je déciderais de continuer la route avec eux, jusqu’à la pointe Sud de l’île et la ville de moyenne importance, Invercargill. Ils me déposeront au centre d’informations et culturels. La pluie continuant à tomber, je resterais à l’abri en visitant un musée. Je profiterais d’une accalmie durant l’après-midi, de vrais éclaircis dans le ciel, pour me rendre, juste à côté, dans le coloré et grand jardin botanique. Les prévisions météorologiques pour la nuit prévoient encore de fortes pluies accompagnées de puissantes bourrasques de vent. Je déciderais donc de rester en ville, de passer la nuit dans un bâtiment, en dur, avec quatre murs et un toit, et de ne pas m’enfermer dans ma tente, dont l’étanchéité à ces limites.



 La pluie et le vent ne cesseront pas pendant toute la nuit. C’est pourtant un ciel bleu, parsemé de quelques nuages faisant de la résistance, qui accueillera le lever du soleil avec éclat. C’est un homme, partant au travail, dans sa voiture de fonction, qui s’arrêtera à mes côtés. Je vais en cette matinée faire un détour, encore plus vers le sud, en bord de mer, dans la plus vieille ville européenne, installée et continuellement utilisée depuis 1824; Bluff. La ville n’a rien d’extraordinaire en elle-même. La vue, depuis la colline dominant les environs, est belle et permet d’obtenir une vision à 360° des environs. Néanmoins, elle est un peu gâchée par l’activité industrielle qui occupe les environs. La partie la plus intéressante de cette visite consistera dans la promenade que je vais faire dans les contreforts d’une colline. Arrivé au bout de la route principale de l’île, la route numéro 1, je me trouve à un point de vue, sur la mer, appelé Stirling. Un panneau pointant dans de nombreuses directions des villes de différents pays y est installé. Parmi-elles,  certaines de l’Europe, qui se trouvent à plusieurs milliers de kilomètres de là!

C’est de ce point particulier, que je vais commencer une promenade de deux heures dans une inattendue forêt vierge humide. Les arbres sont imposants, la lumière percent à peine à travers leurs feuilles. Je mettrais du temps à distinguer tous les détails de cet endroit fabuleux, ma vision s’adaptant petit-à-petit à cette semi-obscurité soudaine. La beauté des arbres, les courbes dessinées par les branches, est indéniable.  Différentes mousses sont présentes partout, les plantes grimpantes vivent en osmose et en symbiose avec les arbres qui les laissent s’agripper à leur écorche, les entourer, encercler leur racine à même le sol. L’aspect visuel est déjà impressionnant mais la magie des lieux va opérer par l’intermédiaire d’un autre de mes cinq sens!

«Ouvrez grand vos oreilles!» «N’entendez-vous pas?» La marche que je viens de commencer porte bien son nom; «Glory Trek» A peine, ais-je pénétré cette forêt, que le premier oiseau se met à chanter. Il continuera à bercer mes pas pendant une dizaine de mètres puis il se taira. Je suis à peine plongé dans un silence complet, qu’une fraction de seconde plus tard, un autre prend le relais. Et ce concert naturel va durer une majeure partie de ma promenade. Leurs chants sont mélodieux, raffinés, avec différentes intonations, force de vocalise et interprétations possibles. Seul au milieu de cette ambiance extraordinaire, je finirais même par distinguer certains d’entre-eux très haut perchés et cachés dans les branchages. Ce moment restera longtemps gravé dans ma mémoire auditive comme un spectacle fort, intense, et unique!

Revenant en ville, je vais être pris en stop par un Néozélandais de 77 ans, Löw. Habitant Auckland, sur l’île du nord, c’est la première fois de sa vie qu’il vient visiter la seconde île de son pays. Sa femme n’a pas voulu le suivre. Elle préférait rester à la maison pour s’occuper des animaux et du jardin. N’ayant pas vraiment l’âme d’une voyageuse, elle ne voyait pas vraiment l’intérêt d’aller découvrir ces nouvelles contrées. En revanche, Low, passe actuellement des semaines fabuleuses. Il s’émerveille simplement des beautés de son pays. Prenant la même direction que moi, il me conduira à l’entrée d’une région, qui m’a très fortement été conseillée, par Luce et Nico, le couple d’ami qui vient de passer un an en visa vacance-travail dans le pays. Il s’agit de la région des «Catlins».

La technologie va se jouer un peu de Low. Son GPS lui dira plusieurs fois de tourner en direction des terres. Alors que longeant cette fameuse route touristique du Sud, il arriverait tout de même à la destination finale souhaitée. Mais l’idée fut trop compliquée à accepter pour lui. Nous franchirons le panneau indiquant les Catlins ensemble. Il me laissera un peu plus loin dans un magnifique spot. Puis il fera demi-tour, étant devenu un esclave moderne de ces nouvelles technologies. Ayant essayé de lui expliquer sur une carte papier, que la route la plus courte ne fut pas celle indiquée par l’électronique, je n’insisterai pas quand je constaterai que cela serait trop compliqué pour lui. Nous venons de passer un très bon moment intergénérationnel. Chacun reprend alors sa route, son épopée avec différentes façons de voyager.

Je trouverais une réserve avec de oiseaux volant dans tous les sens pour déguster mon déjeuner. Il sera composé d’une tomate, d’un sandwich au thon, d’une pomme et d’un carré de chocolat… Le top!
Le soleil va m’accompagner tout le reste de la journée. Je vais marcher plusieurs kilomètres le long d’une route côtière. Je profite pleinement de cette zone rurale, de ces collines verdoyantes où les moutons possèdent une densité d’individus beaucoup plus importante que celle des êtres humains de la région. Après quelques kilomètres à n’avoir croisé que 2 voitures, un van de location s’arrêtera . C’est une française qui est au volant. Elle s’appelle Adeline, elle a 30 ans, et a décidé de voyager pendant plusieurs mois après avoir quitté son travail. Voulant voir les mêmes choses, nous allons passer la fin de journée ensemble.

Premier arrêt, «Waipapa Point», son phare et surtout ces lions de mer affalés sur le sable, prenant un bain de soleil. Ceux seront les premiers que je vais voir dans ce pays, et que j’aurai vus depuis quelques années. Le spectacle fut vraiment sympathique et l’excitation monte. Je sens que la journée va nous réserver encore de belles surprises. Quelques kilomètres plus loin, nous nous arrêtons à «Slope Point», le point le plus au Sud de l’île du Sud, l’endroit le plus proche de l’Antarctique, du pôle Sud, où je n’ai jamais encore été. Dans ce genre d’endroits, des rêves, déjà présent dans mon esprit, envahissent mon cerveau et mettent en ébullition mes neurones. Des centaines de message à la seconde transitent à travers mes synapses. Je m’imagine d’ores et déjà en train de fouler ces terres de glaces à l’aide de chiens de traîneau par exemple.  Deux possibilités s’offriraient à moi seulement pour réaliser ce rêve. La première consiste à sauter dans la première excursion touristique très, trop onéreuse, organisé par exemple par les Russes depuis l’Argentine. Je n’y vois pas vraiment d’intérêt car ce n’est pas vraiment le genre d’expérience qui me ferait vibrer et me ferait vivre au plus près des conditions de vie des seuls habitants qui y résident. L’autre solution serait de joindre une expédition française sur place et travaillait dans un centre de recherche. Le seul problème concernant cette solution serait que je devrais signer un contrat au minimum de 6 mois, voire peut être même d’un an.

Peu importe, avoir mon esprit qui s’envole vers de nouveaux horizons, en admirant le magnifique spectacle qui s’offre à moi, me comble déjà!  Même si je veux, et je ferais tout ce qu’il faut pour que mes rêves et projets deviennent réalité, je suis conscient qu’une seule vie ne sera pas suffisante pour les réaliser tous. Faire des choix n’est pas pour me déplaire non plus, et conserver des rêves à réaliser participera à conserver mon âme rêveuse et insouciante d’enfant jusqu’à la fin de mes jours…

Reprenant la route simplement pour 10 kilomètres, nous arrêtons dans un endroit assez exceptionnel. Il s’agit de Curio Bay. Nous arrivons à marée basse. Nous avons donc la chance de pouvoir y admirer une des trois forêts fossiles visibles dans le monde. C’est intéressant de pouvoir fouler des terrains contenant des arbres fossilisés de plus de 180 millions d’années.

Mais ce n’est pas la seule surprise que cet endroit nous réserve. Il est 16h00, le soleil est encore haut dans le ciel et se reflète dans l’océan d’un bleu stupéfiant. Nous allons voir surgir de ces eaux, un animal en danger, seulement visible sur ces côtes de la Nouvelle-Zélande. Il s’agit du pingouin aux yeux jaunes. C’est un vrai spectacle de le voir se mouvoir. Et le soleil se reflétant sur son plumage nous donnera une très bonne idée de la beauté de cet animal. Nous pourrons l’admirer se sécher au soleil, puis le voir pendant toute sa traversée sur les rochers. Il rejoindra finalement son nid et il disparaitra dans un trou. Ce fut encore une de ces journées de voyage où les surprises se seront multipliées à chaque stop.

Nous nous arrêterons à Waikawa dans un camping gratuit pour y passer la nuit. Adeline est une femme simple, et sympathique. Il y a tout de même quelque chose que je n’arrive pas à saisir. Peu importe, je monterais ma tente, nous discuterons un peu. La soirée ne se prolongera pas très tard dans la nuit.
Adeline m’avait prévenue qu’elle partirait assez tôt le matin. Mais elle va avoir un comportement assez étrange. Alors que je suis déjà réveillé depuis plus d’une heure, que ma tente est ouverte, j’entends tout d’un coup le moteur de son van fonctionnait. Je la vois alors passer devant ma tente et continuer son chemin. Aucun au revoir, aucun signe de sa part, elle part comme si elle voulait fuir, comme une voleuse. C’est son droit de vouloir partir seule ce matin mais je trouverai tout de même cette façon de faire assez étrange. Peu importe, cela ne me fait ni chaud ni froid! Encore une expérience différente, une rencontre d’une personnalité unique. Ce n'est pas la meilleur que je n’ai jamais eu la chance de rencontrer, mais l’essentiel n’est pas là.


Je range ma tente. Je pars de nouveau sur les routes, marchant à travers des paysages vallonnés. Les seuls êtres vivants rencontrés seront  des moutons, mais aussi de nombreuses vaches. A 7h00 du matin, peu de personnes conduisent et passent à travers ces petites routes de campagne. Peu importe, j’aime vraiment beaucoup marcher le matin de bonne heure. La nature se réveille doucement, les oiseaux commencent à chanter, les couleurs dans le ciel sont magnifiques. Je ne sens pas les quelques kilogrammes que je dois porter dans mon sac dont la tenue sur mon dos est irréprochable. 2 heures de marche plus tard, après avoir observé un berger conduire un troupeau de centaines de moutons, sur la route, entre deux champs, je vais monter dans la voiture de Tim, un américain. Il a la cinquantaine. Il est photographe indépendant. Et il a suivi sa femme en Nouvelle-Zélande, pour une année de travail en tant qu’expatrié. Ils adorent la région que nous parcourons actuellement. Il va me donner quelques précieux renseignements. Il fera aussi plusieurs dizaines de kilomètres en plus que le trajet qu’il avait prévu, pour me déposer à la première attraction que je voulais visiter. Il s’agit des chutes d’eau «Mclean». La marche pour atteindre la plus impressionnante d’entre-elles, plus de 22 mètres de haut, traverse une magnifique forêt et quelques endroit où je me serais bien vu établir un campement pour la nuit. Mais la journée est loin d’être finie et la nature me réserve encore pleins de belles surprises. "Keep going!" (Continuons!)

La prochaine étape ne peut être visitée qu’à marée basse, quand la mer s’est retirée un peu des terres. Le coefficient de marée étant très fiable ce jour-là, nous n’aurons pas beaucoup de marge pour nous rendre dans ces lieux. Je serais présent à l’ouverture des portes et je ne vais pas le regretter. Après une longue descente pour atteindre la plage, je file vers les falaises à droite de cette dernière. Je vais alors rentrer dans des caves, surnommées «caves cathédrales», mesurant jusqu’à plus de 30 mètres de hauteur. Elles ont été creusées par la mer au cours des derniers milliers d’années. C’est assez impressionnant! Le spectacle n'en est que bonifié par le fait que la mer continue de rentrer et de sortir à l’intérieur de ces caves en ce jour de petit coefficient de marée. Je vais rester sur place un long moment. Puis je continuerai ma route vers la prochaine.  
Je vais effectuer ensuite de multiples auto-stops. Je serais pris en charge par un couple d’israélien en voyage de noce, puis un couple de quarantenaire australien et ensuite un autre couple de cinquantenaire néo-zélandais. A Papatowai, je vais visiter la «Lost Gypsy Gallery», qui consiste en un vieux camping-car contenant un nombre incalculable d’objets, de collections, et systèmes électriques et mécaniques plus étrange les uns que les autres.

Je ne m'éternise pas dans ces lieux. A Owaka, je m’arrêterais dans une maison appartenant à un couple très atypique. La femme s’est créée son monde «Dolly World», collectionnant des poupées, des peluches, des jouets… Un peu hurluberlue cette personne. Néanmoins l’échange que nous aurons sera assez profond. Je pourrais constater que je partage beaucoup d’idées avec elle. Il est intéressant aussi de constater qu’elle a développer, grâce à cette idée, un réseau international assez conséquent.
Prochaine marche, porchain lieu à explorer! Ayant étudié la carte avec attention, j’ai une idée derrière la tête. Je verrais si elle est réalisable ou non que quand je serais sur place. Je me rends à Surat Bay, où la chance de voir normalement des Lions de mer est importante. J’arrive sur la plage, moins d’une heure avant le coucher de soleil. Seules 2 femmes et un enfant seront sur le chemin du retour à la maison. La plage est déserte. Elle s’étend sur plusieurs kilomètres... 
  
Je vais marcher de longues minutes, le long de cette magnifique plage de sable blanc. Aucune âme vivante ne semble présente à des centaines de mètres à la ronde maintenant. Même les rencontres tant espérer ne semble pas être au rendez-vous! Seul la nature indique le mouvement perpétuel du temps… Les vagues viennent s’écraser sur le bord de la plage avec ce bruit répétitif mais continuellement différent que j’affectionne particulièrement. Le vent souffle dans les herbes hautes des dunes, les faisant siffler élégamment. Il balaie aussi le sable par intermittence, sans pourtant provoquer de grosses rafales qui pourraient venir me fouetter le visage ou les parties de mon corps dont la peau est à l’air libre. Il permet au ciel de se métamorphoser. Les nuages en action changent de forme en continue et évolue à différentes vitesses selon l’altitude où ils se trouvent. Eole va permettre à Hélios, et à l’astre solaire qu’il représente, de magnifier une fin de journée bénie par les dieux et les cieux!  Le soleil, qui descend dans le ciel, va changer petit à petit les couleurs m’entourant pour sublimer une rencontre extra-sensorielle et émotionnelle...

Marchant encore et toujours plus loin, je n’aperçois toujours aucun mouvement de créatures. Pourtant, arrivant vers la fin de cette plage de sable blanc interminable, des silhouettes immobiles figées sur la plage, vont perdre leur allure de rochers anodins au fur et à mesure que je vais me rapprocher d’eux. Sur la plage, maintenant à quelques pas de moi, un lion de mer, une otarie et son petit, se reposent. Je vais pouvoir me rapprocher à longueur de bras. Ils ouvriront les yeux mais ne réagiront pas brusquement. Je vais rester les observer de très longues minutes. Il est vraiment intéressant de voir la cohabitation qui existe entre ces deux espèces. Elles sont souvent assimiler, par l’être humain, avec les phoques qui sont pourtant seulement des cousins éloignés. Une mouette viendra s’amuser avec eux de très près. Plus les couleurs du ciel vont se magnifier, plus le coucher de soleil va prendre forme, plus ces animaux vont s’animer. La maman otarie et son bébé regagneront même la mer. Ce contact privilégié avec ces animaux est exceptionnel. Je ne compte pas m’arrêter là!

J’ai, bien entendu, décidé de camper non loin de là pour profiter de ces animaux autant que possible. La colonie  étant importante et ces animaux pouvant se montrer agressifs, je déciderais de m’éloigner un peu dans les dunes et de trouver un terrain herbeux approprié pour monter ma tente. Une expérience, le lendemain, confirmera que j’aurais fait le bon choix en prenant certaines précautions. 

Ayant monté ma tente, je décide d’aller voir un chemin en bout de plage, pour voir s’il pourrait me mener le lendemain vers le lieu identifié comme mon prochain objectif. Faire cette ballade avant que la nuit noire s’installe va être une bénédiction. Arrivant sur une autre plage, je me retrouve nez-à-nez avec une colonie des deux espèces, Lions de mer et otaries, très active. La plage s’est transformée en un vrai parc d’attraction. Les petits s’amusent et se chassent entre-eux. Les mâles font la cour aux femelles, qui surveillent leur petit. L’action est partout, dans l’eau et sur le sable. Ça sera depuis les dunes que je regarderais ce spectacle. Je désire vraiment à cet instant être un observateur passif qui n'interrompt pas de quelque façon que ce soit le moment de vie animalier qui se joue devant moi. Il fera nuit noire quand je déciderais finalement de regagner ma tente à plusieurs dizaines de mètres de là! La lampe torche que j’avais prise dans mon petit sac-à-dos ne sera pas un gadget inutile pour le retour.

Après avoir avalé ma ration dinatoire, je ne veillerai pas tard. Je tomberais dans les bras de Morphée instantanément… Je ne me souviendrais pas de mes rêves cette nuit-là! A la vue du spectacle zyeuté avant de me coucher, je suis persuadé que ces derniers devaient être somptueux!
Le réveil sera pourtant cauchemardesque. Depuis quelques nuits, la rosée du matin créait une humidité ambiante importante. Vers trois heures du matin, la toile de tente était trempée et cela me réveillait! Mais ce matin la rosée est combinée avec le froid! La tente n’est plus humide mais verglacée. Je peux enlever des plaques de givres à l’intérieur de ma tente. Le fait que je ne sois pas frileux, et que mon corps se régule très bien au chaud et au froid, ne peut alors plus m’aider. Les limites ont été dépassées! Ce n’est pas non plus mon duvet conçu pour des températures minimum de 10° qui va me permettre de rester dans une zone de confort supportable. Je vais lutter contre le froid les trois prochaines heures. Je vais m’occuper l’esprit, m’équiper d’un bonnet et de gants et lire… 

180 minutes viennent de s’égrener, j’ai lutté et les premières lueurs du jour me poussent à sortir de ma tente. Je n’ai pas encore franchi les étapes les plus éprouvantes! Ranger la tente gelée va me brûler les doigts! Je lutte pour la ranger dans son sac. Je vais la glisser, tant bien que mal, dans mon sac principal. J’entreprends de marcher directement pour me réchauffer. L’efficacité du réchauffement par l’action va très vite se vérifier. Je veux donc continuer vers le Nord, en longeant la côte. Reprenant le même chemin que la veille, je suis stoppé par un gémissement sortant des hautes herbes, à peine à deux mètres de moi. Je serais pétrifié et j’effectuerais immédiatement un bond de deux mètres en arrière. Deux lions de mer se sont appropriés les lieux. Ils sont allongés dans l’herbe. Montrant ces dents, l’un d’entre-eux veut me prouver qui est le maître de cette plage. Je n’ose plus avancer. Je me demande quelle solution je dois prendre. Le seul chemin praticable et celui qui se trouve devant moi. Devrais-je faire machine arrière et effectuer des kilomètres en plus? L’étude de leur comportement vis-à-vis de moi et ma présence la veille va me sauver la mise… En effet, après avoir montré qui est le maître des lieux et s’être assuré qu’il n’y a aucun dangers, ces animaux baissent de nouveau leur garde. Ils s'affalent de nouveau sur le sol pour «colmater»!

Ni une, ni deux, je prends mon courage à deux mains. Je passe très vite le long du chemin, m’éloignant le plus vite possible de la menace. Le fait de ne pas être à la portée de la mâchoire très puissante de cet animal, beaucoup plus agile et rapide, qu’il ne paraît au premier abord, est un soulagement. J’arrive sain et sauf sur la plage. Le spectre noir est passé, le rêve va reprendre ces droits. La nature va en être le principal acteur.  Le soleil se lève progressivement sur la mer. Les couleurs sont de nouveau oniriques. L'atmosphère se réchauffe très rapidement. Les lions de mer et otaries sont présents sur la plage et encore une fois, à ce moment de transition entre jour et nuit, leur activité est à son apogée. Ils vont jouer devant moi pendant de longues minutes. Je déciderais ensuite de continuer mon chemin sans les perturber plus que nécessaire dans leur quotidien et habitudes.
 Ayant analysé la veille la carte, je me suis rendu compte qu’en coupant à travers champs et en longeant les falaises, «Nugget Point» est seulement à 5 kilomètres, à vol d’oiseau, au lieu de 30 kilomètres par la route. Bon d’accord, je ne vole pas encore mais je n’ai pas hésité à tenter ce passage, ce raccourci, qui me réserve encore des surprises merveilleuses…Béni par les dieux ou non, chance ou pas chance, contrôle ou non contrôle des événements, je me fie une nouvelle fois à mon intuition. Le résultat va me mener vers une nouvelle découverte, une nouvelle rencontre, encore une fois, à jamais gravé dans mon esprit!

Je vais marcher à travers champs, longer des falaises, faire connaissance de manière plus intense avec des moutons, sauter des barbelés, admirer de vertes prairies qui s’étendent à perte de vue et se jettent quasiment dans la mer. Puis je vais me rapprocher au bout de plus d’une heure de marche, d’une plage isolé. Elle se trouve au bout d’une propriété privée. Aucune route ne s’y rend. Donc sûrement très peu de personnes viennent fouler ces terres. Depuis un promontoire, je peux contempler l’ensemble de la baie. Des oiseaux s’amusent avec les falaises, ou piquent vers la surface de l’océan pour y capturer du poisson. Rien d’autre ne semble bouger. Par acquis de conscience je décide tout de même de descendre observer de plus près le bas des falaises.

Je ne vais pas être déçu. Prenant un chemin à travers la végétation, je vais tomber pile poil, dans l’herbe sur un nid d’une colonie de pingouins aux yeux jaunes. Le premier me fait face. Il battra repli et me permettra de découvrir plus d’une vingtaine de ces congénères. Ces derniers ne sont pas rassurés. Ils se regrouperont, se protégeront les uns les autres, resteront sur leur garde mais ils ne fuiront pas! L’aubaine est trop belle. Je vais pouvoir les approcher à moins d’un mètre, les regarder se mouvoir, étudier leur comportement hiérarchique, la vie de la communauté et de groupe. Mais dans le but de ne pas les effrayer, et de ne pas trop interagir avec eux, je ne bougerais presque plus, je n’essaierai pas de m’approcher de plus près, et encore moins de les toucher. Je vais petit à petit me fondre dans l’environnement.

Comment pouvoir prétendre à une plus belle opportunité de découvrir ces animaux ? Il n’y en a pas. Je les découvre dans leur milieu naturel. Je suis seul et le temps imparti est infini! D’ailleurs je ne serais pas en mesure de vous donner le temps total que j’ai pu passer en leur présence mais j’ai eu la chance de les observer dans tous les angles, sur toutes les coutures… Je prendrais le temps de les filmer pour essayer de capter un moment que j’aimerais pouvoir revivre un peu plus tard. Mais la meilleur des caméras sera définitivement mes yeux. Et le meilleur moment, celui vécu en leur compagnie, sans aucune barrière, sans aucun artifice, sans aucune interférence… Ce moment comme beaucoup d’autres n’est pas descriptible, ou plutôt n’est pas décrit à sa juste valeur dans ce récit. Je pourrais écrire des pages et des pages sur le moindre geste, le moindre détails de leur corps, de leur interaction avec les autres pingouins ou avec moi. Je pourrais m'apesantir sur le fait que certains étaient déjà dans une étape avancée du changement de leur plumage, qui se produit à cette époque de l’année, ou sur le fait qu’il n’y avait pas de petits,… Mais c’est comme tout bon film ou bon livre, il n’y a aucun intérêt de tout raconter, de tout dévoiler, et surtout de dire la fin aux interlocuteurs qui vous font fasses. La seule chose que je peux vous souhaiter serait de vivre un de ces moments de magie que nous réserve la vie… Celui-ci, pour moi, pourrait s’intituler « Rencontre solitaire, au hasard de mes promenades sur les côtés néozélandaises, avec une colonie de pingouins!»

Je peux juste vous rassurer sur l’issue de cette expérience! Je n’aurais pas essayé d’en attraper un. Je ne les aurais pas chassés pour essayer de goûter leur chair! Cette espèce est en danger! Après un temps indéfini, je me retirerai doucement et je les laisserais reprendre leurs activités…
Je ne suis plus très loin du prochain point de visite. Encore quelques centaines de mètres à travers les champs, puis j’apercevrais enfin ces fameuses falaises et îlots isolés qui en font fait un cadre photogénique idéal. Arrivant sur place, je fermerais cette parenthèse, seul, au contact de la nature. Un flot permanent de touriste va et vient sur ce site. Les lieux sont très beaux. Je vais y rester un long moment aussi. Je vais y faire sécher ma tente. Cela va intriguer certaines personnes qui me demanderont si j’ai campé sur place, la nuit passée. C’est avec un grand sourire que je leur répondrais par la négative. Mais quoi qu’il en soit cela est un bon moyen d’engager une conversation.

Premièrement cela me permettra de constater que l’expérience vécue dans un même lieu est totalement différente. Par exemple, la plupart des personnes n’auront pas vu les lions de mer, en bas des falaises, à plus de 40 mètres, affalés sur les rochers, ou les petits qui jouent dans des bassins d’eau. Je ne verrais pas, non plus, une personne grimper sur une falaise abrupte derrière le phare, permettant d’avoir une vue imprenable, et en hauteur, sur le spectacle qui m'est offert. Deuxièmement, cela va me permettre de demander à deux jeunes allemands qui se dirigent comme moi vers Dunedin, s’il est possible de faire un bout de trajet avec eux. Ils ont de la place dans leur véhicule. Nous allons donc partager le trajet jusqu’à Dunedin.
La rencontre avec ces deux jeunes sera éphémère. Nous n’avons pas les mêmes projets pour le futur proche. Je les remercierais pour m’avoir conduit jusqu'à cette ville. Puis, je reprendrais ma route! Je ne veux pas rester longtemps en ville. Je vais seulement y faire mes courses, me connecter, depuis la bibliothèque municipale, à internet, pour et avec le reste du monde, assister à une représentation théâtrale offerte au public lors d’un festival, visiter deux musées de la ville. En fin d’après-midi, je repars sur les routes. Je ne veux, cette fois-ci, pas aller très loin. Je veux me rendre dans la péninsule d’Otago qui se situe à quelques kilomètres à l’Est. Un homme d’affaires, rentrant à son domicile en fin de journée, me conduira à mi-distance. Un jeune homme possédant un fourgon, sans emploi, et à l’allure de baroudeur m’emmènera jusqu’à ma destination finale, le camping municipal de Portobello...

Il ne faut pas perdre les bonnes habitudes même lors d’un voyage au long cours. Je me réveillerai naturellement avant le lever du soleil. Douche prise, petit-déjeuner dégusté, tente rangée et sac fermé, me voici déjà sur les routes; de bon matin et avec le sourire. Aucun véhicule ne passera! Peu importe, j’aime bien me balader le matin. C’est encore plus agréable quand la route longe le bord de mer. Je marcherais pendant plus de deux heures. Les paysages changeront et s’éclairciront avec le soleil qui monte dans le ciel. J’atteindrais enfin le bout de la péninsule, dénommé «Taiaroa Head», alors que le soleil a déjà bien réchauffé l’atmosphère! Dans ce lieu se trouve, les seules nidifications d’albatros royaux présents sur des terres colonisées par l’homme. J’aimerais avoir la chance d’observer ces géants des airs, l’oiseau à la plus grande envergure.

J’ai décidé de ne pas me rendre dans le centre qui a été créé dans ces lieux. Aucune envie d’être l’animal de foire, enfermé derrière une fenêtre pour voir, si j’ai de la chance, des oiseaux qui viendront nourrir leurs petits. Et le nid le plus proche est à plus de 20 mètres de l’observatoire, de cette cloison qui crée une barrière réelle. Cela ne correspond pas à ma conception de la rencontre avec le monde animalier, surtout quand il s’agit d’oiseaux, d’un spécimen exceptionnel, lié pour moi à la liberté dans les airs, de ces mers du bout du monde...  Le vol plané, le déploiement de leurs ailes aux dimensions exceptionnelles font aussi partie d'une réalité dont je rêve… Au bord des falaises, qui entourent leur nidification, seulement atteignable par le centre touristique, j’espère en saisir un en vol! Malheureusement les conditions ne sont pas réunies. Le temps est au beau fixe, le ciel bleu mais le vent est nul. Or ces «Jumbos» du ciel ne peuvent décoller qu’à l’aide de vents puissants leur permettant de créer une portance dans l’air suffisante pour supporter leur poids. J’attendrais désespérément mais je devrais me résigner. Ça ne sera pas pour cette matinée!

Je décide de partir, à pied, de l’autre côté de la péninsule pour me rendre à des endroits réputés pour leur ballade avec leurs points de vue exceptionnels en bord de falaises sur l’océan. En chemin, longeant des routes non-goudronnées où les véhicules sont quasiment absents, je vais découvrir de superbes réserves avec de nombreux oiseaux natifs du pays, des lacs et des vues sur les nombreuses baies.

Puis je vais me faire prendre finalement en auto-stop par une voiture se rendant quasiment à la fin de la route Sandymount, d’où commencent les ballades réputées.  Je ne vais pas comprendre tout de suite les questions que me posent les deux allemands, à qui appartienne cette voiture. «Comment connais-tu ce spot si tu es étranger?» «Tu viens de marcher à pied depuis Portobello?» «Ça fait longtemps que tu vols?» Observant l’équipement présent dans la voiture, je saisis finalement d’où vient le discours de sourd que nous échangeons depuis quelques minutes. Ce sont des parapentistes! L’un d’entre-eux à habiter dans le pays, et à Dunedin, pendant plusieurs années. Il est revenu avec un ami pour profiter des nombreux spots exceptionnels, où pratiquer sa passion qu’il a enseigné de nombreuses années. Je les suis sur le lieu de décollage. Le site est exceptionnel. Je suis frustré de ne pas avoir mon matériel et de ne pas pouvoir me lancer de ces falaises. Rediscutant de nouveau, il comprend finalement que ce gros sac ne comprend pas un parapente mais que je suis simplement un auto-stoppeur parcourant le pays… Nous continuons à échanger. Je lui dis que j’ai déjà volé et que j’aimerais à cet instant m’envoler encore. Sans hésiter, il me propose une solution. Il a un tandem dans son coffre et il ne voit aucun inconvénient pour effectuer un vol. Mais plusieurs choses ne me plaisent pas. Tout d’abord je n’ai jamais effectué de tandem et je préférerais continuer à voler seul. Ensuite la somme d’argent qu’il me demande est trop élevée…

Je laisse le temps passé. Je prends mon déjeuner, les regardant s’élancer et faire leur premier vol… Les conditions sont bonnes! Le vent a, de manière significative, augmenté permettant de porter un parapente dans les airs… Je pense tout de suite à l’opportunité que je viens de manquer de voir ces oiseaux qui me fascinent. Je garde cela en tête pour un peu plus tard.

Les deux parapentistes vont faire de bons vols. Le deuxième accompagnant l’instructeur est un débutant, avec peu de vols. Il utilise donc une voile école. Je vais retourner à la charge et essayer de pousser pour obtenir ce que je voudrais. L’instructeur est un peu réticent à ma demande mais à force d’insistance, et de persuasion, il va répondre favorablement. Il va me prêtais sa voile école. SI j’arrive à lever la voile et à la contrôlée alors je pourrais essayer de m’envoler. Si jamais il m’arrive quelque chose, si j’abîme le matériel, je devrais tout payer. Je vais louer le matériel pour un prix imbattable et lui laisser comme gage; mon passeport.

Le vent est constant, bien dirigé. Je n’aurai donc aucune difficulté à lever la voile et la maintenir en position pour décoller. Feu vert obtenu, me voici dans les airs à jouer avec le relief, à admirer les paysages et à saisir les courants ascendants pour maintenir une altitude raisonnable. Je vais prendre un vrai plaisir pendant ce vol de 20 minutes.  Le plaisir de voler est intense. Un sentiment puissant de liberté m’envahie! C’est incroyable!
Revenu sur la terre ferme, je le remercierais encore et encore. Nous passerons encore un peu de temps ensemble puis ils décideront de se rendre sur un autre site. La tête vidée, pleines d’imagines, j’ai l’impression de flotter encore dans les airs quand j’admirerais les points de vue sur la mer depuis des promenades très agréables un peu plus loin.

Le vent ne faiblit pas. Pas d’autres choix, je décide de retourner à la tête de la péninsule avec une seule obsession! Rien à signaler la première heure. J’essaie alors d’obtenir des informations complémentaires auprès des guides des tours organisés qui se rendent sur place. Ils auront tous le même discours: « Aucune certitude mais les conditions sont très bonnes.» Je resterais jusqu’à la tombée de la nuit, si nécessaire, pour avoir une chance d’apercevoir un albatros!

Je n’aurais pas à attendre aussi longtemps. En fin d’après-midi le premier va faire son apparition dans le ciel! Un nouveau rêve est en cours! Je suis comblée. Il regagnera directement son nid. Un deuxième reviendra de la pêche pour nourrir ces petits. Il va pendant quelques minutes tournoyer dans le ciel se laissant un peu mieux observé… Mais la cerise sur le gâteau arrivera un peu plus tard. Un touriste va me signaler de descendre à côté de la plage où l’on peut observer les petits pingouins bleus. Un albatros s’est posé sur l’eau et nous allons pouvoir l’admirer d’assez près! Ce 21 mars 2013 aura été exceptionnel, inattendu! Même dans un rêve parfait que j'aurais pu vivre, chaque petit détail ne se serait pas passé autant à la perfection! Mon cerveau est en ébullition! Je passerais une soirée tranquille, dans le même camping que la veille, à rêvasser, sourire en permanence et n’ayant envie de rien en particulier sauf si ce n'est de rester dans cet état de transe…
Au réveil le lendemain matin, il me reste 28h00 pour être de retour à Queenstown, où je vais prendre mon avion pour rejoindre Mallory à Wellington. Je ne peux pas me permettre de manquer cet avion. Il y a normalement 4h00 de trajet en voiture. Il est prévu aussi que je revois Irena, le soir même pour repasser un bon moment et récupérer les affaires laissées chez elle. Après avoir plié la tente, je pars donc faire de l’auto-stop! Là encore, tout va naturellement se passer sans accroc. C’est trop pour sembler réel et pourtant cela  se déroulera tel que décrit ci-après. Faire de l’auto-stop semble si facile quand il est possible de sauter d’un car à un autre. A peine déposé en bord de route par le véhicule dans lequel je me trouve, partant dans une autre direction que la mienne, que le premier, ou deuxième, véhicule, à passer dans la direction souhaitée, s’arrête. Les chauffeurs seront successivement un touriste australien, un conducteur de travaux publics, un fermier, et finalement un professeur des écoles venant de déposer des élèves pour une journée découverte dans un Parc. Ils sont tous très sympathiques, avec des histoires différentes. Les paysages sont sublimes. C’est presque dommage de ne pas pouvoir s’arrêter pour prendre un peu le temps admirer les points de vue, faire quelques clichés… Ça sera seulement, pour mes yeux, un plaisir éphémère, sans trace conservée. Nous allons passer à travers des paysages de campagnes, une vallée suivant un fleuve (le deuxième plus gros de Nouvelle-Zélande), des montagnes arides et d’autres avec des rochers volumineux collés à leurs flancs. Le temps va s’évaporer comme neige au soleil dans un mélange de discussions intéressantes avec des néozélandais, de nature, de gestes avec mon pouce pour obtenir la possibilité d’un trajet... cela dans le véhicule d’une personne inconnue, prête à s’arrêter pour m’aider.

Moins de 4h00 après être parti de Dunedin, je suis déjà arrivé à Queenstown. Avec mon propre moyen de locomotion, j’aurais sûrement mis plus de temps, roulant moins vite et faisant plus d’arrêts. Je vais donc avoir le temps de profiter du beau temps sur Queenstown.

Je vais tout d’abord filer dans une fameuse enceinte en ville; Fersburger. Ce lieu peut être considéré comme de la restauration rapide, mais haut de gamme. J’y vais pour me restaurer et essayer un de leurs fameux hamburgers maisons. La qualité est vraiment bonne, la viande succulente. La sauce, dont je ne désire pas qu’une goutte tombe sur le sol, au lieu de finir sur mes papilles gustatives, complète ce repas goûtu. Je vais ensuite lézarder dans les ruelles de la ville, dans les magasins, avant de retourner prendre un petit bain de verdure et d’eau à l'écart de l'agitation de la ville. La soirée avec Irena sera très sympa. Beaucoup d'histoires à raconter et échanger après 12 jours sans s'être vus.

Le samedi 23 Mars, je m’envol de l’aéroport de Queenstown pour Wellington. Mallory arrive le lendemain. Depuis les airs, je vais avoir un magnifique aperçu du programme qui devrait nous attendre dans les prochains jours: Lac d’un bleu surnaturel, montagnes, baies en bord de mer,… Je vais faire quelques détours inhabituels trajectoirement parlant dans les prochains jours, ce qui n'est pas "le genre de la maison"! Mais je ne sais pas pourquoi, je sens que cette quinzaine, à venir, et à partager avec une amie, s’annonce "du tonerre de Dieu". "ça va envoyé du Rêve!"...