dimanche 10 mai 2015

Botswana; Chobe et le Delta de l'Okavango

En ce 20 décembre 2014, je m’apprête à franchir une nouvelle frontière. La Zambie, que je quitte alors, n’a pas de zone frontalière avec le nouveau pays, où je m’apprête à séjourner, enfin presque! Il existe en fait une toute petite bande de terre, tel un passage secret pour relier deux mondes parallèles, deux pays proches physiquement mais que je vais nettement différencier lors de mes expériences personnelles. Je ne prends que des moyens de transport terrestres et fluviaux. J’utilise un taxi collectif pour me rendre à la frontière du pays, qui est délimité à cet endroit par le fleuve Chobe. Ce dernier se jette presqu’au même endroit dans le puissant Zambèze. J’effectue les démarches de sortie du territoire, puis je me rends sur l’embarcadère au bord de l’eau. Nous traversons le fleuve. Après quelques minutes seulement, nous atteignons l’autre rive. Me voilà au poste de frontière de Kazungula. C’est le point d’entrée pour le Botswana. A une dizaine de mètres se trouvent la bande de Caprivi, qui appartient à la Namibie et de l’autre côté, à distance égale, se trouve le Zimbabwe. Ce point de rencontre de quatre pays limitrophes est assez exceptionnel. Vous rajoutez l’Afrique du Sud, pour ces frontières Sud et Sud-Est, et la Namibie que l’on retrouve sur toute sa côte ouest, et vous obtenez les 3 pays limitrophes qui dessinent le contour de ce pays enclavé, loin des côtes marines. Il s’agit d’un vaste bassin de sable, un grand plateau recouvert de savane, ou de forêts d’arbres de tailles modestes, pour la plupart des Mopanes. Le désert du Kalahari couvre presque 85% du territoire. Le vent le balaie quasiment en permanence. Pourtant ce pays est loin de se résumer qu’à son seul désert. L’eau est ici particulièrement un élément précieux. Tous les fleuves qui traversent le pays ont leur source à l’extérieur. L’eau en surface manque cruellement, mais heureusement les nappes phréatiques sont nombreuses et alimentées par des pluies irrégulières mais puissantes.
En cette première journée, je ne peux aucunement me rendre compte que ce pays a des problèmes d’eau, bien au contraire. La journée est un patchwork de moments différents, où le thème de ce liquide si précieux est redondant. Après avoir traversé le fleuve, passé le poste frontière sans complication aucune, je découvre ce nouveau pays avec une personne, qui habite la ville de Kasane, quelques kilomètres plus loin. Il se propose de me déposer au camping où je veux me rendre. Après quelques minutes, nous sommes déjà sur place. Je réserve un emplacement pour moi et pour deux autres voyageurs, qui me rejoignent le soir même.  Ce camping est vraiment très confortable avec des douches, une piscine, tout cela en bord d’un fleuve avec un débit important. Se trouvant à quelques kilomètres de la ville, je décide une fois installé de m’y rendre en stop, pour obtenir des informations sur les activités possibles à effectuer dans les environs. Nous sommes au bord d’un des plus grands parcs naturel protégés du Botswana. Il doit sa réputation à la présence de nombreux animaux, tels les plus grands carnivores de la savane avec le lion et le guépard, mais aussi des impalas, des zèbres, des gnous, des girafes. La star de ce parc est néanmoins le plus gros mammifère terrestre existant de nos jours! En effet, la concentration d’éléphant est sûrement la plus élevée d’Afrique. Il compterait environ 50 000 têtes! J’ai la chance de constater très rapidement cet état de fait.

Me renseignant sur les prix pour les safaris en 4x4 ou en bateau sur le fleuve, je tombe sur un botswanais; une rencontre qui me réserve de belles surprises. Arnold travaille dans la police. C’est aujourd’hui son jour de repos. Il rejoignait sa voiture, après avoir obtenu une commande à emporter, quand je le stoppe pour lui poser une question. Sa petite amie l’attend dans la voiture, mais il prend le temps de montrer où se trouve l’embarcadère pour les départs des safaris sur le Zambèze. Finalement après avoir obtenu les informations nécessaires, Arnold me propose de se joindre à eux pour aller se balader un peu. L’échange s’est fait, et se fait, simplement, avec le sourire. Prenant tout d’abord une des routes, qui traverse le Parc National, nous sommes amenés à voir de nombreux animaux dont bien-entendu, une majorité de pachydermes. Parmi eux, il y a quelques petits avec leurs mamans. Les plus petits ont à peine quelques semaines, voire quelques jours. Le spectacle est magique en bordure de route. Nous n’avons pas vraiment besoin de nous enfoncer dans la nature.

Dans le même temps, nous avons commencé à boire du vin et de la bière dans la voiture. Ils ont une glacière pleine de Beuvrages en tout genre. Je trouve cela impressionnant de voir quelle place l’alcool peut avoir pour de nombreuses personnes partout dans le monde, comment pour beaucoup la fête ou un moment de détente est obligatoirement de pair avec ces breuvages alcoolisés. J’aime partager parfois ce genre de moment, mais cela n’est aucunement une obligation contrairement à beaucoup de personnes qui semblent en ressentir un désir incommensurable et font souvent cela avec un excès certains.  En tout cas, cela me donne encore une fois une bonne idée d’une personne lambda d’un pays et ce n’est que le début de la journée à leur côté.

Malheureusement nous n’allons pas pouvoir nous attarder sur cette route du parc. Les nuages sont arrivés d’un seul coup, formant d’énormes masses épaisses qui deviennent de plus en plus foncées, avec les minutes qui s’égrènent. Nous décidons donc de nous replier vers la ville et de nous arrêter dans un bar local typique. Quelques botswanais sont attablés sur des tables à l’extérieur, protégées par un toit en tôle, d’autres jouent au baby-foot, d’autres discutent debout. L’accueil est très agréable. Nous faisons la connaissance d’amis d’Arnold… C’est maintenant le déluge dehors. Le vent souffle beaucoup plus fort, mais surtout des trombes d’eau s’abattent sur la région. Les rues se transforment quasiment automatiquement en ruisseau. L’eau s’infiltre partout. Elle résonne sur les toits, créant des murs liquides aux extrémités des tôles car ces dernières ne possèdent pas de gouttières. Ce n’est pas la première fois que je vois une pluie tropicale d’une telle ampleur, mais je trouve cela toujours très impressionnant.

Dans l’hémisphère Sud, loin de toute influence océanique et à cheval sur le tropique du Capricorne, le pays subit un climat continental tropical. Par rapport à l’Europe, les saisons sont inversées. La saison des pluies a commencé depuis le mois de novembre. Les températures ont augmentées en association avec l’humidité. Les différences de précipitations et de températures sont surtout ressenties au Nord et à l’est, un peu à l’écart du Kalahari. Le temps est de saison en tout cas, lors de cette première journée, sur le territoire de ces populations si accueillantes. Une fois que la pluie a cessée, Arnold veut m’emmener à un autre endroit très populaire pendant le week-end. Nous utilisons alors la fonction 4x4, pour nous rendre sur un banc de sable près du fleuve Chobe. De nombreuses voitures sont regroupées. Les coffres ou les bennes arrière sont tournés vers le fleuve. Les enceintes sont puissantes. Le son est mis assez fort pour qu’il s’entende à des dizaines, voire des centaines de mètres. De nombreux Botswanais sont présents, boivent et se déhanchent sur des rythmes endiablés. Nous passons un très bon moment près de ce fleuve qui charrie une quantité d’eau impressionnante. En revanche, même si le ciel est encore très menaçant, le soleil va faire de belles percées. Surtout nous n’aurons plus une goutte de pluie de l’après-midi.
Vers 18h00, ils désirent se reposer un peu chez eux avant de sortir toute la soirée. Ils me redéposent alors au camping me disant qu’ils prendraient des nouvelles un peu plus tard, après que je leur ai expliqué la situation. Le fait que j’attende deux personnes, avec qui, il est prévu que je voyage dans les prochains jours, et qui doivent arriver dans la soirée. Vers 19h30, quelques gouttes tombent de nouveau après que j’ai installé ma tente sous un espace couvert. En effet, le sol est peut-être en béton, et il sera un peu dur pour la nuit, mais au moins je ne risque pas d’être détrempé. En effet, ma simple et vielle toile de tente n’est plus imperméable. Au vu de son utilisation fréquente, du fait qu’elle ne possède pas de doublure et que quelques trous sont apparus, elle ne sera pas d’une grande fiabilité, voir totalement désuète, face à des pluies torrentielles, comme celles auxquelles j’ai pu assister en cette journée.

Retournant voir ce qui se passe à l’accueil du camping, je fais finalement la connaissance de Vincent et Ana, un couple très atypique. Il est suédois et elle vient d’Argentine. Ils se sont rencontrés à Ibiza alors qu’ils travaillaient, tous les deux, dans cet endroit de festivité. Ils vivent ensemble depuis quelques années. Ils ont décidés de partir voyager quelques mois avec leur économie, avant de visiter la famille d’Ana, en Argentine, puis de reprendre leurs études en Europe. J’ai pris contact avec eux sur un forum de voyage. Ils étaient alors à la recherche de compagnon de route pour cette partie du voyage. Je cherchais des personnes motorisées avec qui voyager. Les moyens de transport en commun sont très peu développés, très mauvais dans certaines régions du pays et quasi-inexistant pour se rendre dans des endroits intéressants d’un point de vue touristique, pour admirer la nature, la faune et de la flore.

Le premier contact est très sympa. Ils viennent de finir leur découverte de la Namibie avec deux groupes de personnes différentes. Ils ont voyagés en couple auparavant en Afrique du Sud. Non seulement, j’ai trouvé un couple agréable avec qui voyager, mais en plus de cela ils font pouvoir m’apporter de précieux conseils pour la suite de mes péripéties dans cette partie du monde. Après qu’ils se soient installés, nous partons profiter de la piscine, des douches, puis nous rassemblons nos denrées alimentaires pour faire un premier barbecue. Nous passons ainsi une première soirée tranquille, en discutant avec d’autres voyageurs qui utilisent les services de tours organisés dans des gros camions 4x4. C’est impressionnant de constater la différence de modes de voyage entre des personnes se retrouvant finalement au même endroit. Et je trouve très intéressant de côtoyer ces personnes le temps d’une soirée, même si je n’aurais pas été capable de voyager de la même façon qu’eux, et sûrement vice-et-versa. Le temps passe vite. A 23h30, il est  temps de regagner nos duvets dans nos tentes respectives.

Comment aurais-je pu rêver mieux comme première approche du Botswana? Je n’ai pas de réponse mais une chose est sûre j’ai adoré cette journée, pleine de surprises, au contact des populations, de la nature, et des voyageurs… Ce séjour, même s’il est encore une fois un peu court, promet d’être magique!
Le lendemain matin, nous nous réveillons assez tôt. Après avoir rangé nos couchages et nos abris, après un petit déjeuner sommaire, nous partons vers Kasane, pour faire le plein de provisions alimentaires, le plein d’essence, prendre un bloc de glace et partir sur la route qui traverse le parc. Nous prenons tout d’abord une route qui part vers le sud-ouest; route qui ne peut être utilisé, sur sa totalité, qu’en 4x4. Nous prenons une première portion, espérant avoir la chance d’admirer certains des locataires de ce Parc National de Chobe. Nous n’allons pas attendre très longtemps pour voir nos premiers pachydermes. Les plus gros mammifères terrestres sont ici tellement nombreux, que l’on ne peut pas les manquer. Nous voyons des groupes entiers de plusieurs dizaines d’individus. Ils se déplacent, mangent les feuilles des arbres, jouent et parfois nous regardent. Un mâle dominant se sent même, à un moment, menacé! Alors il se place face à nous et se prépare à charger. Nous ne demandons pas notre reste. Vincent, qui a laissé le moteur allumé, appui immédiatement sur la pédale d’accélérateur, après avoir enclenché la vitesse. Nous prenons immédiatement le large pour nous éloigner du danger. Nous laissons ainsi cet animal sauvage retrouvé sa quiétude dans son environnement. Nous pouvons observer de nombreuses autres espèces, telles des cervidés, des girafes, des phacochères. Nous n’apercevons pas de félins mais nous en attendions pas moins en traversant ce parc, à allure assez rapide, de jour, sur une route goudronnée. Ces derniers vivent plutôt la nuit et préfère la tranquillité, plutôt que la proximité avec les activités humaines. Après plus de 1h00 dans un sens, nous rebroussons chemin pour revenir vers Kasane, puis prendre l’autre route qui traverse le parc, cette fois-ci en direction du sud-est, et la ville de Nata.
Nous roulons pendant plus de 5h00. Nous traversons des paysages plats et peu changeants. Les routes sont très linéaires. Vincent prend le temps de s’arrêter à plusieurs reprises pour se dégourdir les jambes et ne pas s’endormir. Heureusement sur le trajet, de nombreux animaux paisibles, sur les bas-côtés, nous divertissent. Cela ne me poserait aucun problème de conduire, bien au contraire, mais n’ayant pas été enregistré sur les papiers de la voiture de location, nous ne préférons pas prendre le risque. Vincent sera alors le seul conducteur pendant tout le séjour que nous allons passer ensemble. Il a déjà conduit de nombreuses heures et des milliers de kilomètres depuis leur début de séjour, en Afrique du Sud puis en Namibie. Il ressent parfois un peu de fatigue. Cela se manifeste par des douleurs au niveau du cou, les paupières lourdes et autres tensions sournoises, qui pourraient nous mettre en danger s’il ne les prend pas en considération. Nous arrivons, néanmoins, sans problème à destination. En début d’après-midi, nous atteignons la ville de Nata.

Nous avons déjà quelques adresses pour nous loger le soir. Le Botswana attire les touristes, souvent à gros budget, séduits par des prestations exceptionnelles. D’ailleurs, les seuls hôtels présents dans ce pays sont des lodges aux prix très élevés, surtout si on le compare au niveau de vie des habitants du pays. Mais nous pouvons profiter de ces prestations et nous en tirer à moindre coûts. En effet, tous ces lodges possèdent des campings dont le prix est raisonnable. Nous nous installons dans un d’eux, qui nous a été recommandé. Nous avons accès à une superbe piscine, un réseau internet par satellite et un cocktail de bienvenu à volonté. Le personnel est très accueillant. A quelques jours de noël, un petit sapin a été installé à la réception. Une des serveuses revêt un chapeau du père noël. Dans le pays, plus de 70% des personnes se sont convertis au christianisme après l’arrivée des colons. Nous ne manquons pas d’immortaliser le moment avec une petite photo souvenir.

Les entreprises de tourismes et hôtelières sont très soucieuses de l’environnement et du développement économique des communautés locales. Nous évoquons le sujet avec eux. Même si ces installations appartiennent à de riches personnes fortunées, elles reversent une partie de leurs bénéfices aux collectivités, vivant aux alentours. Elles essaient le plus possible d’impliquer, dans leur entreprise, les locaux. Le Botswana fait partie des pays les plus calmes et prospères du continent. Il a même été surnommé  le « miracle africain ». Nous profitons de cette quiétude pour partir à la découverte de la population de la ville de Nata. A chaque coin de rue, des instants de vie sont observables. Les populations passent beaucoup de temps à l’extérieur et en communauté. Nous assistons à des scènes, qui me semblent maintenant normal après de long mois en Afrique. Mais si je replace ces dernières dans les rues de mon pays natif alors je prends immédiatement conscience de l’anachronisme que cela créerait et du décalage qui existe alors! Il n’y a pas un mode de vie mieux que l’autre, des leçons à donner à tel ou tel pays.  J’ai tout de même parfois du mal à supporter le fait que je ne pourrais jamais venir en aide à tout le monde, aux plus démunis! Le Botswana s’en sort plutôt bien qui plus est. En effet, ce pays faiblement peuplé, avec 3,65 hab./km2, possède un taux d’alphabétisation de l’ordre de 84,5%. L’éducation est gratuite et obligatoire jusqu’à 14 ans. La langue d’apprentissage est l’anglais, obligatoirement dès l’âge de 8 ans. Les populations majoritairement répartie dans les zones urbaines, dont la capitale Gaborone, ont donc des bases solides pour espérer un avenir prometteur.

La réalité n’est pas toujours aussi belle. Il est impossible de se voiler la face sur le fait, par exemple, que plus de 30% de la population vit avec moins de 1 US$ par jour, que le chômage (non indemnisé, ils n’ont pas la chance de connaître un système comme le nôtre) dépasse les 17%. Cela se ressent sur le quotidien des populations, que nous observons dans chaque lieu habité.
Mais au-delà de cette ville, cette région possède une singularité qui est le l’étang salé de Makgadikgadi. Nous quittons donc l’urbanisation dans le but de découvrir ce désert de sel, qui est constitué du dépôt salin d’un ancien lac. Plusieurs dépressions salines distinctes sont, paraît-il, superbes! Nous allons être limités rapidement dans la découverte de ces lieux, avec une voiture classique et non 4x4. Peu importe, nous admirons quelques vastes étendues splendides avant de regagner le camping. Dans un coin dédié et aménagé, nous préparons un feu avec lequel nous ferons cuir notre festin du jour. Les beaux morceaux de viande, achetés le matin même, cuisent en douceur sur un lit de braise bien activé et entretenu. Nous accompagnons cela avec des poivrons grillés et des haricots rouges que nous avons fait réchauffer directement dans la canette métallique (méthode qui marche à merveille). Après un bon repas, nous retournons dans la salle de réception extérieure pour capter le réseau wifi satellitaire mise à notre disposition. Nous rencontrons alors un local, avec ces deux enfants. Après une discussion intéressante, Vincent commence des numéros de jonglerie. Il a vécu de cela pendant longtemps, quand il travaillait en Espagne, là où il a rencontré Ana. Il a un très bon niveau, peut faire tenir presque tout en équilibre sur son visage, ou ces mains. Les enfants sont alors émerveillés et nous passons tous un moment très agréable. La convivialité est de rigueur. La soirée ne s’éternise pas non plus. Les enfants ne peuvent pas se coucher à des heures impossibles surtout qu’un long trajet les attend encore le lendemain. Nous regagnons ensuite rapidement nos tentes respectives pour la nuit alors que les locaux retournent dans leur chambre luxueuse.
Nous nous attarderons pas plus que cela dans cette région du pays. Au réveil, le lendemain matin, le soleil est au rendez-vous! Nous sommes le 22 décembre 2014. Nous nous rapprochons du jour de Noël, où nous voulons être dans un des lieux les plus intéressants de ce pays. En tout cas, en ce début de saison des pluies, nous sommes bénis par les dieux qui font preuve d’une clémence des plus agréables météorologiquement parlant. Toujours dans la partie Nord du pays, nous effectuons la traversée d’est en ouest. Sur des routes longilignes et plates, nous traversons des paysages de savanes peu variant. Quelques animaux, faisant leur apparition en bord de route, égayent notre trajet.  Nous passons à proximité d’une mine de minerais. Les ressources naturelles sont principalement le diamant, qui génère 80% des revenus en exportation, et des minerais divers, tels le charbon. La dépendance économique vis-à-vis du secteur minier est beaucoup trop importante, car cette dernière fluctue avec les cours mondiaux. Cela lui a néanmoins permis de connaître l’une des croissances les plus rapides du continent. Suite à cela, la route traverse un parc national, qui en a unifié deux anciens et où se déroule une des plus grandes migrations d’animaux de tout le continent. Quoi qu’il en soit, il se trouve dans la masse d’un ensemble de parcs, qui constituent les atouts majeurs d’un pays, qui génère tout de même plus de 12% de son P.I.B., grâce au tourisme. Nous y contribuions dans une moindre mesure car nous n’injectons pas tant de deniers que cela dans les pays que nous traversons, mais nous n’avons cependant pas envie de passer à côté de quelques merveilles naturelles et j’essaie le plus possible de contribuer directement à la vie des locaux, et non de gros investisseurs, quand c’est possible.

Après un peu plus de 5h00 de route, nous arrivons dans la ville de Maun, qui est la porte d’entrée de la région la plus spectaculaire du pays. Nous trouvons un camping recommandé sur de nombreux sites internet pour sa bonne ambiance, ces nombreuses activités et son cadre. Le «Old Bridge Backpacker» se trouve en bordure d’une petite rivière et va se révéler être un vrai havre de paix, un endroit magique. Nous allons pouvoir partager avec d’autres voyageurs et des locaux qui viennent siroter une bière, un jus, ou un cocktail au bar de ce camping. Après avoir monté nos tentes, nous passons la fin de la journée, à discuter avec des voyageurs, jonglés, faire quelques courses. Nous avons décidés de rester sur place plusieurs jours pour profiter et passer les fêtes de Noël!
Le lendemain matin, je me réveille de bonne heure, alors que le soleil vient tout juste de pointer le bout de son nez. En réalité, il ne le sort pas vraiment car le ciel est tapissé de nuages gris. Cela ne m’empêche aucunement de découvrir la flore mais surtout la faune environnante. Cette région est un eldorado pour les ornithologues du monde entier. En une heure et demi de temps, je vais observer plus d’une cinquantaine d’espèces différentes d’oiseaux. Je peux les approcher et je n’ai pas besoin de jumelles, ou autres outils pour les admirer de très près. Je réalise un nouveau rêve en admirant pendant de longues minutes, un aigle pêcheur, cousin du très fameux Pygargue à tête blanche qui niche aux Etats-Unis. C’est un vrai spectacle de le voir posé sur une branche, dépassant des eaux stagnantes, de le voir s’envoler majestueusement pour trouver un autre mirador, lui permettant de mieux percevoir ces futurs et possibles proies. Puis je continue ensuite à découvrir d’autres oiseaux avec des couleurs de plumage, des formes de crête, des morphologies multiples et variées. Regagnant notre camp, je passe la fin de matinée à jouer avec une petite fille, venue avec une de ces tantes. Nous allons bien rigoler et cela me permet de m’évader d’une façon différente et obligatoirement de retourner un peu en enfance, en acquérant de nouveau une dose d’insouciance plus grande que tout le reste. 
Nous préparons ensuite nos affaires pour partir deux jours dans les méandres d’un delta unique en son genre. Nous sommes un groupe de 5, avec Ana et Vincent, un couple de japonais et moi-même, à partir découvrir de plus près une étendue de plus de 15000 km² recouverte de marécages, nénuphars, roseaux, palmiers, papyrus…. Cette zone est alimentée par le fleuve Okavango qui prend sa source en Angola, travers la Namibie avant d’atteindre le Botswana. Un accident géologique a transformé un ancien lac, existant il y a plus de 10 miles ans, en le 2ième plus grand delta intérieur au monde, après celui du fleuve Niger au Mali. Le Delta de l’Okavango se déverse dans le désert du Kalahari. Il ne possède pas d’embouchure maritime, d’où son surnom du «fleuve qui ne trouve jamais la mer» ! Il détrempe les sables et forme un vaste réseau de cours d’eau, de plateaux herbeux de petits îlots boisés! Ces dernières sont squattées par des milliers d’oiseaux qui trouvent ici de la nourriture avec abondance et des conditions parfaites pour vivre et se reproduire. Hippopotames, zèbres, gnous, éléphants et crocodiles se déplacent d'île en île, dans des eaux très pures. Après un trajet en 4x4 pour rejoindre un des petits villages se trouvant en bord de ce delta, nous arrivons devant un canal de navigation. Nous utilisons les embarcations monoxyles traditionnelles; les Mokoro. Elles sont en bois, même si maintenant remplacées par de la fibre de verre, et généralement d’environ 6 mètres de long. Nous prenons place dans ces embarcations alors que nos trois accompagnateurs et pilotes vont nous diriger, dans les méandres de ces eaux, en se tenant debout derrière et en poussant avec une longue perche en bois. L’eau se disperse de partout, dans tous les sens, toutes les directions. Ces embarcations ne sont pas seulement la panacée de touristes voulant un peu d’originalité. Elles sont encore employées, comme moyen de transport, ou pour la pêche par les autochtones. D’ailleurs nous pouvons le constater, dès notre arrivée, avec des jeunes qui partent, et un monsieur qui se prépare à transporter des passagers…
Une fois dans les Mokoro, j’ai la sensation d’atteindre une autre dimension. Le fait de glisser doucement, sur ces eaux planes et pures, me procure un bien être incroyable. Je plonge immédiatement dans un état second de relaxation et contemplation. Les paysages sont splendides, le ciel gris n’enlève rien au charme de cet endroit. Je dirais même, que l’effet miroir sur cette eau, embellie ce dernier et que les pluies tropicales au loin ne font qu’ajouter une touche unique et onirique à ce lieu. Après presque deux heures de navigation, nous atteignons l’île où nous passerons la nuit. Nous décidons d’un lieu pour un campement, préparons nos tentes et couchages, ramassons du bois pour le feu de camp, et commençons à explorer cet îlot, surgit au milieu des flots. Ce n’est que le début des pluies au Mali. Le niveau d’eau du delta reste donc encore assez bas. Nous pouvons nous aventurer assez loin. De l’autre côté d’un marécage, nous observons des zèbres, qui broutent dans l’herbe haute. Puis la fin d’après-midi arrive ensuite à grand pas. 
Autour de nous, le ciel s’assombri de plus en plus, il devient de plus en plus menaçant avec des nuages chargés de pluies qui se regroupent, avant de déverser une quantité phénoménale d’eau à un endroit donné. Par chance, nous pouvons assister au spectacle, tout en restant au sec. Ce moment unique va même aller bien au-delà de mes espérances. Malgré le mur de pluie qui se sera déversé pendant de longues minutes vers l’ouest, une fenêtre restera toujours ouverte pour nous laisser entrevoir la lumière fournit par le soleil. Au moment du coucher de soleil, de gros nuages gris sont toujours omniprésents, mais des percées viennent magnifier le ciel, qui prend tout d’abord des couleurs jaunes or, puis orangés, rougeâtres et violacés! Les couleurs se propagent dans les nuages sur des centaines de milliers de kilomètres carrés autour de la zone du lieu où le coucher de soleil vient de disparaître derrière l’horizon. Le ciel s’enflamme. Nous sommes plusieurs à s’extasier devant ce spectacle naturel ahurissant. Mais nous n’avons pas tous la même sensibilité vis-à-vis de ce dernier. Les locaux ne daignent pas regarder et Vincent viendra voir pour faire plaisir à Ana et prendre quelques photos à sa demande. Mais dès qu’il le peut, il retournera à la préparation du feu et du repas. J’avais déjà remarqué qu’il n’était pas plus sensible que cela à la nature, qu’il semblait blasé, de ce qu’il pouvait voir actuellement en voyage. Cela se confirme définitivement à cet instant.

La nuit noire tombe alors rapidement. Nous nous regroupons tous au près du feu et nous partageons nos mets pour obtenir un dîner varié et très agréable. Nous commençons par une soupe préparée par nos amis japonais, qui sont des personnes très agréables, et ouvertes d’esprit. Comme nous, ils veulent passer un bon moment, rires, et apprendre des autres cultures et modes de vie… Ensuite, nous mangeons les pommes de terre que nous faisons cuire directement dans le feu, entouré de papier aluminium. Concernant les saucisses de bœuf, nous les faisons tous cuir au bout de sticks en bois taillés juste avant. Celui d’Ana se casse à deux reprises, après un travail de sape des flammes qui sont venus, petit à petit,  carboniser la partie proche de l’aliment. Les morceaux de viande suspendus à ce dernier, se perdent alors dans les flammes et se recouvrent d’une couche de cendres, les rendant impropre à la consommation… Enfin tel quel! Nous les récupérons, passons un coup d’eau dessus, retrouvons un stick plus adapté et finissons leurs cuissons avant de les dévorer. La viande est bonne et peu chère, dans tous ces pays du Sud de l’Afrique. Nous en profitons donc allégrement. Après quelques fruits dégustés, nous restons au moins deux heures à discuter autour du feu, que nous alimentons régulièrement. J’aime ces nuits au milieu de la nature, avec le minimum, ou plutôt l’essentiel pour être heureux! Tout le monde part petit-à-petit se coucher. Je veille un peu tout seul, à la fin, prenant un plaisir énorme à maintenir le feu très actif. L’intensité atteint à certains moments une apothéose. Les flammes jaillissent et dansent avec le vent qui n’est pas régulier. Le bois se consume. Les braises incandescentes  créent un spectacle vivant, qui capte toute mon intention! Je regagne finalement ma tente plus d’une heure après le dernier convive ayant quitté le pourtour de la «télé du bush» (terme qu’ils utilisent pour dénommer le feu dans ce genre de situation).
Le 24 décembre, je suis le premier debout! Encore une fois, j’assiste à un spectacle extraordinaire. Des zèbres se sont rapprochés très près des tentes. Ils sont occupés à s’alimenter. Ils ne me remarquent pas tout de suite. Je profite donc de leur présence  avant que l’un d’entre-eux donne l’alerte. Ils détalent alors quelques centaines de mètres plus loin, à l’abri, hors de portée. Le ciel pour le lever de soleil est une nouvelle fois incroyable. De petits nuages font comme une sorte de dentelle couvrant une bonne partie de l’atmosphère au-dessus de ma tête. Cette journée s’annonce sous les meilleurs hospices. La ballade matinale, seul au milieu de cette nature sauvage, me comble. Je retrouve ensuite les autres. Nous prenons notre petit-déjeuner, rangeons le camp, puis nous allons faire une promenade instructive. Notre guide nous donne de nombreuses informations sur les plantes qui peuplent le delta, sur les animaux, leurs habitudes, leur capacité à s’adapter à ce milieu. Nous passons presque 2h00, à arpenter l’île en long et en large pour découvrir à chaque fois des éléments captivant. Puis en fin de matinée, il est l’heure de rebrousser chemin, d’utiliser les Mokoro pour retourner au village et achever cette intrusion en plein dans le delta. De retour au village, après avoir encore passé un moment relaxant sur ces bateaux, nous allons nous rapprocher des populations locales, en interagissant avec des familles, en visitant leurs habitations et en achetant quelques produits alimentaires...
Nous retournons finalement dans le même camping, à Maun. C’était un choix de passer le réveillon de noël sur place, pour partager ce moment avec tous les autres voyageurs! Nous nous permettons quelques achats sortant de l’ordinaire, pour marquer le coût de cette fête majeure dans nos pays d’origine. Ici, elle  n’a pas la même saveur car je suis loin de mes proches. Mais cela ne me pose aucunement un problème. Je suis bien là où je suis. Je suis là où je veux être! Je sais qu’incessamment sous peu, je pourrais revivre de tels moments en famille après mon retour…

La soirée est très agréable. Nous commençons par prendre l’apéro, principalement à la bière et au cidre. Puis chacun partage le plat qu’il a préparé. Nous réunissons les différentes bouteilles de vin. Puis, nous prenons part à un véritable festin. L’ambiance est au beau fixe. Les voyageurs d’Angleterre, d’Afrique du Sud, d’Argentine, de Suède, d’Allemagne, des Pays-Bas, d’Espagne, du Mozambique, de France, d’Italie… et j’en passe et des meilleurs… apportent leur touche personnelle à cette fête, que je vis plus comme une grosse soirée étudiante. Nous sommes tous en tee-shirt dehors, même la nuit tombée. Nous sommes très loin des hivers froids en France, des sapins et décorations, de la neige qui peut tomber à n’importe quel moment! J’ai quelques pensées pour mes proches au cours de cette soirée mais, une fois encore, je ne le perçois pas comme un manque étant tellement loin, dans mon état d’esprit, de cet événement. Cela est aussi vrai physiquement que mentalement. Nous ne nous coucherons pas très tard mais nous aurons passés un très bon réveillon. La journée du lendemain promet d’être encore merveilleuse.
En ce jeudi 25 décembre 2014, je me réveille comme très souvent avec les premières lueurs du soleil. Les yeux grands ouverts dans ma tente, je n’ai pas envie de rester enfermé dans ce bout de tissu. La nature m’appelle! Les oiseaux gazouillent, un léger frémissement de vent vient caresser les feuilles des grands arbres, qui surplombent les emplacements de camping. Ni une ni deux, je m’habille! Quelques secondes après, je suis à l’air libre respirant le bel air frais de cette douce matinée, qui commence au Botswana. Je retourne marcher aux alentours de notre lieu de séjour, longeant le cours d’eau, les marécages et les quelques mares qui sont des lieux de prédilection pour l’observation des oiseaux. Une fois encore, je ne compte plus le nombre d’espèces différentes que je peux observer, de plus ou moins près, sur l’eau, sur des promontoires à fleur d’eau, dans les arbres, sur la terre ferme, auprès des rives. Je ne peux être qu’émerveiller par la multitude des couleurs que revêtent leurs plumages. Je passe un nouveau moment privilégié avec 2 aigles pêcheurs qui partagent leur terrain de jeu et de chasse avec d’autres gros oiseaux… Je reste des heures à communier avec dame nature, à être le spectateur attentif et comblée des beautés qu’elle nous offre. J’aime pouvoir admirer ces animaux à la physionomie profilé, pour évoluer sans difficulté dans un milieu que nous ne maîtrisons pas naturellement. Pourtant,  nous avons trouvé des moyens de nous offrir différentes dimensions, comme l’air!
En parlant de ces moyens technologiques développés par l’être humain, je m’efforce, depuis la veille, de réunir assez de monde pour réaliser un rêve dans ce lieu unique au monde. J’avais déjà réuni assez de personne pour prendre part à un survol du delta de l’Okavango le 24 décembre mais 2 personnes ne répondant pas à l’appel, j’avais dû annuler ma réservation. Après m’être assuré que tout le monde était partant et que nous étions bien 7 à vouloir faire ce survol, dans un petit avion de classe tourisme, je réserve pour la fin d’après-midi une cession d’une heure au-dessus de ce delta. A 16h00, nous partons tous ensemble pour rejoindre l’aéroport. Après avoir rempli les modalités d’inscription, avoir régler la prestation, avoir passé le contrôle des douanes pour rentrer sur le tarmac de l’aéroport, le moment de prendre de la hauteur se rapproche! Le très jeune pilote, nous présente ensuite le Gippsland G8 Airvan, sur lequel nous allons voler. Nous prenons place dans l’avion. Ayant été la personne qui a tout organisé, et étant la seule personne venu seule, mes compagnons me procurent le privilège de m’assoir à l’avant, en tant que copilote. Je m’apprête à passer un moment mémorable. Décollé dans un avion de cet acabit me rappelle mes envols pour sauter ensuite en parachute. Cette fois-ci le retour à la terre ferme aura bien lieu dans l’habitacle de ce petit aéronef. Mais le spectacle est garanti vu de l’intérieur. Tout de suite après le décollage, nous survolons déjà le Delta de l’Okavango. Je prends alors pleinement conscience de l’étendu de ce dernier et de sa beauté. La vue est extraordinaire depuis le ciel. Nous pouvons tout de suite admirer des lieux difficiles d’accès en mode de transport terrestre. A cette époque de l’année, l’eau n’est pas omniprésente, en tout cas, elle ne recouvre pas la totalité du Delta. En revanche, il est aisé de voir que dans cette partie aride du continent, l’eau arrivant du Mali, a permis de créer un écosystème particulier, où la vie est possible et pullule même! Les contrastes de végétation, de couleurs, de sols sont spectaculaires et visuellement parlant se remarquent très facilement. Il est très facile de détecter, la présence de l’eau ou non, même quand on ne peut parfois que la deviner. Des dessins se dessinent sur le sol en raison de ces variations. C’est aussi le cas dans le ciel, où les nuages font de l’art temporaire, en modelant diverses formes, qui se modifient continuellement et de façon plus ou moins importante, avec la force du vent, l’altitude et les phénomènes météorologiques. Les conditions sont très bonnes et assez stables.
  
Je ne sais plus où donner de la tête. Je suis comme un enfant devant un nouveau jouet, un adolescent devant un jeu d’ordinateur, un passionné en face de l’objet ou de la personne qu’il chérie… Je suis émerveillé tout simplement. D’autres paramètres accentuent encore un peu plus cet état d’euphorie. Depuis le ciel, nous pouvons observer de nombreux animaux. Nous ne compterons plus à la fin le nombre d’éléphants, d’hippopotames, de gnous, de girafes, d’antilopes que nous pouvons observer. Normalement le vol doit s’effectuer à plus de 1000 pieds (300 mètres d’altitude), mais le pilote va nous faire de tant en tant des faveurs, en descendant sensiblement en-dessous du plafond autorisé, pour que nous puissions profiter encore plus de la nature que nous survolons. De ce fait, nous serons quelques-uns à pouvoir observer un fauve; un lion, marchant tranquillement dans la savane.
L’heure de vol s’écoule sans même que je m’en rende compte. C’est quand je comprends que nous regagnons la base, que je prends conscience, qu’il va falloir très rapidement que je redescende de mon petit nuage. En réalité, même si nous regagnons «le plancher des vaches», mon rêve éveillé continue. Je garderais un souvenir mémorable de ces quelques jours dans le delta de l’Okavango. Sur le tarmac de l’aéroport, nous immortalisons ce vol à 8, en prenant une photo. Ce cliché est pris bien entendu devant l’engin qui nous a permis de découvrir ce lieu splendide avec un autre angle de vue, dans une autre dimension. Nous regagnons ensuite notre campement pour la dernière nuit sur place, la dernière nuit dans ce pays. Je serais bien resté plus longtemps, beaucoup plus longtemps au Botswana car le séjour a été très court. Mais j’en garde déjà une très belle image, déjà de beaux souvenirs. Et puis il y a encore quelques moments intenses à vivre, lors de ces dernières heures sur place. 
Même en voyage, la liberté totale n’existe pas surtout quand comme moi, vous voulez avancer, découvrir de nombreuses choses et ne pas rester bloquer trop longtemps, stagnant à un endroit car vous n’avez pas de solutions. En effet, il est très compliqué de se déplacer en moyen de transport en commun. Les trains et les routes goudronnées ne desservent pas beaucoup de sites touristiques. Pour me rendre en Namibie depuis Maun, si je n’avais pas trouvé ce couple de voyageur, j’aurais dû prendre 2 bus qui ne passent que deux fois par semaine, faire 100 kilomètres en stop, après la frontière car il n’y a aucun transport en commun, jusqu’à la prochaine grande ville, afin finalement de pouvoir arriver à Windhoek, la capitale! Et toutes les étapes que nous avons effectuées auparavant auraient été compliquées aussi. Mais là n’est pas la question du jour. Vincent et Ana doivent rendre leur voiture de location à Windhoek dans trois jours. Nous n’avons donc pas d’autres options que de prendre la route dès le lendemain. En attendant, nous allons dépenser nos derniers pula, nom de la monnaie locale qui signifie «pluie» et l’unité divisionnaire qui est le thebe et qui signifie «goutte de pluie». Ces noms très imagés me plaisent beaucoup. Nous les utilisons, quoi qu’il en soit, pour faire quelques courses, le plein d’essence et acheter quelques souvenirs!

En ce 25 décembre, nous participons à une nouvelle fête qui réunit encore plus de monde que la veille. L’ambiance ressemble à celle d’une soirée étudiante, de colonie de vacances, ou je pourrais même redescendre jusqu’à celles des années lycées. En effet, de nombreux jeunes sont venus pour fêter ce jour de noël au camping du «Old Bridge Backpacker». La moyenne d’âge ne dépassera pas 23-24 ans. Après que chacun est mangé séparément, nous allons sortir de l’enceinte du camping, et nous rendre en 4x4 un peu plus loin au bord de la rivière. Des glacières sont pleines de boissons alcoolisées. Nous nous asseyons tous par terre, à même le sol, avec des petits groupes qui se forment. Ils ne vont pas cesser d’évoluer au cours de la soirée. Les discussions sont multiples et variées. Certaines personnes ont un caractère plus imposant que d’autres. Quand des individus ont besoin de se faire remarquer et d’essayer de dominer tel ou tel moment de la soirée, d’autres beaucoup plus réservés resteront en retrait, plus effacés toute la soirée. L’alcool coule à flot. Certaines substances illicites tournent de main en main. Cela fait une éternité que je n’avais pas vécue une soirée d’un tel acabit. C’est sympa d’avoir la sensation de retourner quelques années en arrière même si parfois on sent un décalage. Pas que je sois devenu vieux jeu, ou que je ne comprenne pas cela bien au contraire. Mais les aspirations et les envies évoluent avec le temps, avec les expériences personnelles et avec les objectifs simples concernant le fait de profiter du moment présent.

Très vite, je ne me sens pas vraiment à ma place, ou en tout cas je n’en ai pas plus envie que cela ce soir.  Je ressens le besoin de me retrouver seul. Je m’éloigne un peu du groupe en premier lieu pour me dégourdir les jambes, et assouvir une envie pressante. Je constate alors que je me sens plus serein et que je n’ai pas forcément envie de me replonger au milieu de ce groupe. Une certaine cacophonie y règne, en raison des discussions multiples entamées ici ou là, entre les différents individus… Je décide de rentrer au campement. J’essaie de me connecter sur le réseau internet pour avoir une discussion, grâce à Skype, avec une personne que je ne connais que très peu physiquement mais avec qui l’échange, par écrit et oral, devient de plus en plus riche. Le réseau ne fonctionne pas et je n’aurais donc aucun moyen de la joindre. Après de multiples essais, je décide de regagner ma tente. Je m’endors quasiment instantanément, comme à chaque fois!
Au réveil, je peux profiter d’une certaine torpeur matinale alors que tout le monde dors encore, pour prendre un petit-déjeuner tranquillement avec la vue sur l’eau. Puis je pars marcher et profiter une dernière fois de la multitude d’oiseaux qui nichent sur place à cette époque de l’année. Le spectacle est simple mais tellement magique à mes yeux! J’aime ces instants de bonheur que me réserve la nature… Cela risque d’atteindre des summums dans le nouveau pays que je m’apprête à découvrir!

Comme d’habitude je n’ai pas envie d’avoir trop d’attentes pour ne pas être déçu. Je n’ai pas envie d’utiliser trop mon imagination et embellir une situation qui finalement sera décevante. Je ne veux pas et n’aime pas voir des images de ce que je m’apprête à visiter… Mais pour la Namibie, je ne pense pas un instant que je pourrais ne pas m’extasier devant un environnement encore très préservé de la mainmise de l’homme…

Après que je sois rentré au campement, après avoir plié bagage, et que mes compagnons de route se soient aussi préparés. Nous repartons sur les routes en direction du Sud-Ouest et la frontière de ce pays. Le Botswana m’a beaucoup plu. J’ai aimé découvrir les parties sauvages au nord de ce pays. Je reviendrais avec grand plaisir pour découvrir d’autres endroits et passer plus de temps avec les populations locales. En attendant, nous avons vécus de belles expériences et vivons une fin d’année 2014 particulière, dans la lignée, pour moi de ce que j’ai pu vivre ces dernières années! Quoi que, le retour aux sources, avec les proches, pour noël 2013, avait été totalement différent! Mais c’est ce dont j’ai besoin dans ma vie; une variation permanente de mon quotidien, une soif de découvertes et de nouvelles expériences, la réalisation de mes rêves et la concrétisation des projets! Surtout ceux qui me tiennent le plus à cœur, sachant que je n’aurais pas assez d’une vie, pas même assez de 7 vies, pour tous les réaliser et les vivre pleinement.

Des choix, oui, mais des choix pour la plupart non cornéliens, car vécus un maximum au moment présent. Auparavant, je n’ai pas forcément fait toujours les bons choix, je me suis parfois perdu et suis tombé très bas. Mais je n’ai jamais eu de regrets. Je me suis toujours relever, regarder de l’avant et continuer pour assouvir ma soif de bien-être, de découvertes, et de réalisation de projets. Certaines routes à prendre et carrefour de ma vie seront peut-être un peu plus durs à négocier. Il me faudra peut-être faire une croix sur certaines libertés, ou conditions de vie pour en adopter d’autres. Mais je ferais tout ce qu’il faut pour que cela reste un choix personnel, un choix du cœur. Je veux éviter le plus possible que ces choix me soient dictés par des standards imposés par la société, par des concepts déjà tout écrit et prémâché sur des papiers, venant de grands théologiens de nos sociétés modernes! Et puis je peux essayer d’y réfléchir encore et encore, de trouver des moyens pour essayer de contrôler le déroulement de mon existence. Mais c’est peine perdu d’avance. Il faut laisser la vie prendre son emprise sur soi et nous dicter le chemin, sans pour autant ne pas y imposer son empreinte et faire ce qu’il faut pour être là où on le désire à un instant donné.

D’ailleurs, il y a un temps pour tout! En ce 26 décembre 2014, il était écrit que je devais quitter le Botswana pour découvrir un autre pays. Aucune obligation, aucune contrainte, mais le déroulement d’un itinéraire de voyage, qui demandait un peu d’organisation, pour qu’il puisse se dérouler dans les meilleures conditions, que je puisse jouir des beautés de ces pays. Le transport est un facteur clé à prendre en compte dans une telle entreprise.

Je quitte définitivement les zones à risque pour le Paludisme. Je n’ai jamais vécu cela comme une épée de Damoclès au-dessus de moi, mais je ne suis pas mécontent de ne vraiment plus avoir en m’en soucier. Malgré la non-prise de médicaments ou de précautions, je serais passé à travers les mailles de cette maladie, qui reste ensuite à vie dans l’organisme. Ce Vol libre autour du monde est sûrement un voyage initiatique qui restera gravé, à jamais, dans ma mémoire. Mais je ne souhaite vraiment pas qu’il en découle des séquelles physiques qui auraient une incidence sur ma santé. Je suis en pleine forme en cette fin d’année et le programme des semaines à venir me donne des ailes !!!!