mardi 26 février 2013

Australie, le rêve, en pleine nature, continue!

 
Monter dans l’avion, à Sydney, signera une transition importante dans ce voyage en Australie. La descente le long de la côte Est fut plaisante. Les paysages furent sublimes. Certaines expériences ont été inoubliables! Mon expérience en Australie va cependant prendre une toute autre tournure. Je m’apprête à vivre des moments uniques, dans les lieux irréels, de ce pays aux multiples visages! Je prends la direction d’Alice Springs, en plein milieu de cette île continent.
 
Depuis le ciel, je découvre un milieu désertique indescriptible. Le sol est simplement constitué de terres, variant de couleurs, au cours des kilomètres qui défilent. La sécheresse est sévère, le relief quasi-inexistant, les cassures dans le sol mesurent plusieurs mètres de largeur sur des centaines de kilomètres. Pas une âme qui vive ne semble pouvoir survivre dans ce milieu extrême. Même la moindre herbe ou végétation n’aurait pas la moindre possibilité de pousser dans ces conditions. La désolation est totale ! Pourtant le patchwork de formes diverses, les nuances de couleurs importantes, observés depuis le ciel, me laisseront sans voix.
 
En fait, pas totalement sans voix, car j’entamerais avec ma voisine, une japonaise, une discussion intéressante. Nous allons échanger sur nos expériences au pays des kangourous, sur les projets à venir. Mon regard alternera en permanence à 180°. Bien entendu le contact visuel, avec mon interlocutrice, est important. Néanmoins, j’aurais aussi souvent le nez collé au hublot. Je ne me lasserais pas de ce spectacle que je suis amené à admirer pour la première fois!
 
Le voyage passe très rapidement. Les paysages commencent à changer juste avant l’atterrissage. Nous revoyons finalement un peu de couleurs vertes sous nos pieds. Des paysages montagneux se dessinent.
 
Ce voyage en avion aura aussi été ponctué par un autre fil rouge, qui a mis certains de mes sens en alerte. Par pudeur concernant mes sentiments envers la gente féminine, je ne vous ais que rarement parlé de ce genre d’expériences. Cette rencontre libérera peut être quelque chose de nouveau.
 
Plusieurs fois, une demoiselle semblera vraiment intéressée par la discussion que nous avons avec Nina, la japonaise. Elle se trouve sur la même rangée que nous, de l’autre côté du couloir. Elle jette de nombreux coups d’œil furtifs. Ces lunettes m’empêchent de me faire un avis personnel précis sur son charme et sa beauté. La question restera entière pendant tout le trajet. Mais elle dégage quelque chose de puissant. Elle ne se joindrait pas à la conversation. L’échange restera purement visuel.
 
Le trajet en avion touche à sa fin. L’atterrissage sur le tarmac se passe sans encombre. Une nouvelle fois, la récupération de mes bagages s’effectuera dans la foulée. L’allé en bus, depuis l’aéroport, jusqu’au centre-ville, est gratuit! Quand je monte dans la navette, après avoir fait des recherches pour les voitures de location, je tombe nez-à-nez, devinez avec qui ? Cette femme charismatique. Elle est assise sur une des premières rangées de siège non loin de la porte avant de ce bus.
 
Je décide d’engager la conversation. Elle vient de Belgique. Elle se prénomme Mona. Et elle a une vingtaine d’année. Elle voyage actuellement avec deux autres amies; Alison et Julie, qu’elle me présentera. Un très bon contact se noue directement entre nous. J’aime sa simplicité, sa douceur, son charme, combinés avec un fort caractère, et l’envie d’apprendre des autres. La discussion sera passionnante lors de ce trajet en bus. Nous ne descendrons pas dans la même auberge mais nous déciderons de nous revoir, tous les 4, le soir même.
 
La chaleur est accablante mais l’air ambiant est sec. Je supporte donc très facilement l’acclimatation à cette nouvelle-contrée. Les affaires à peine posées dans mon dortoir, je me focalise directement sur l’objectif suivant. En effet, je ne veux pas passer par un tour organisé pour découvrir les environs. J’ai donc passé une annonce sur un site internet, qui se dénomme « Gumtree ». Ce dernier est une vrai mine d’or pour les australiens et aussi les voyageurs. Il permet d’acheter du matériel d’occasion, de visualiser certaines offres de travail, de faire des rencontres, d’offrir ou de demander du covoiturage. Cela peut être pour des trajets directs d’une ville à une autre. Ou il est aussi possible de trouver des personnes avec qui visiter le pays et des lieux en chemin… Deux françaises m’ont déjà répondues. Je vais donc faire le tour des loueurs de véhicules pour comparer les prix, voir les véhicules proposés et estimer, si oui, ou non, notre projet de voyager en indépendant est viable. Je ne suis pas vraiment satisfait de ce que je trouverais. Mais une option, à creuser, semble intéressante. J’en rediscuterais le lendemain, avec Célia et Marion, qui arrivent en avion depuis Melbourne. Je les chargerais aussi de confirmer les informations que j’avais obtenues à l’aéroport.
 
Le soir venu, je rejoins Mona à son auberge. Les discussions s’enflammeront. L’échange est agréable. Nous ne prenons cependant pas les mêmes directions. Elles partent en tour, dès le lendemain, pour trois jours puis elles s’envoleront vers Cairns. Nous ne nous reverrons donc sûrement pas. Qui plus est, elle partage sa vie avec quelqu’un. Ce dernier étant resté en Suisse pour travailler.
 
Le feeling fut bon. Il est agréable de se sentir de nouveau vibrer pour quelqu’un. Avoir des sentiments intenses pour une femme me transcende. Même si le temps passé ensemble fut court, je sens au fond de moi qu’il ne s’agissait pas, cette fois-ci, d’une simple attirance physique. Nous nous quittons en amis. C’est en ami que nous nous tiendrons au courant concernant la suite de nos péripéties et la possibilité de nous revoir dans le Sud de l’Australie.
 
La fin de soirée sera calme. Comme à mon habitude, moins d’une seconde, après avoir pris la position allongée sur mon lit, je dors déjà. J’ai l’esprit libre, libéré de toutes contraintes, et questions, qui ont pu, un jour, m’enquiquiner l’esprit.
 
 
Le lendemain, je pars explorer la ville d’Alice Springs. Beaucoup d’aborigènes squattent les parcs, les bancs publics. L’image véhiculée dans le monde concernant leur mode de vie possède un fondement que je ne peux pas dénier en faisant le tour de la ville. Beaucoup d’entre-eux ont un regard vide décrivant une âme chahutée. Ils ne sont pas intégrés dans cette société qui leur a été imposée. Ils ne trouvent pas de repères dans ce monde inadapté à leur besoins, à leur culture qui a été détruite, à leur mode de vie, au plus proche de la nature. Maintenant c’est seulement dans des livres que l’on peut découvrir l’histoire aborigène. Et ce n’est malheureusement pas le peu de réserves, où ils ont été parqués, qui pourront venir contredire cette version, et la situation actuelle dramatique pour ces personnes.
 
Les européens, en colonisant ces terres, les ont dépossédés de leurs biens, de leur mode de vie ancestrale. Cela a impliqué une destruction quasi-irrémédiable de leur culture spécifique, et de leur identité. Les dédommagements financiers et les aides de l’état à leur encontre, les ont définitivement plongés dans un état de déchéance généralisé. Beaucoup d’entre-eux sont devenus alcooliques. Ils sont saouls du soir au matin, et du matin au soir. De gros problèmes de violences sont apparus très rapidement dans leur rang. Un raciste bilatéral choquant entache la majorité des échanges entre les aborigènes, natifs de ces terres, et les colons européens. Ces derniers se sont approprié tous les droits et propriétés. Encore maintenant, certains rapports et échanges ne sont pas dignes de comportements humains respectueux de son prochain.
 
L’envie de franchir le pas et d’aller à leur rencontre sera plus forte que moi. Cela commencera par un sourire dans la rue, puis par un bonjour qu’ils me retourneront. La première personne que je vais aborder à un niveau d’anglais médiocre. Nous engageons tout de même une conversation. Je n’apprendrais pas grand-chose de ce premier échange. Une première barrière a néanmoins été franchie.
 
Cette femme me demandera très rapidement de l’argent. Je passe finalement mon chemin n’adhérant pas du tout à ces échanges fondés sur un aspect purement pécunier.
 
Je conserve néanmoins une motivation intacte de pouvoir échanger avec l’un d’entre eux. J’aimerais vraiment avoir leur point de vue sur la situation actuelle. Quelques minutes plus tard, un contact visuel me permettra d’interpeller de nouveau une femme aborigène. Son anglais est beaucoup plus compréhensible. L’échange pendant de longues minutes ne fera que confirmer ce que j’avais déjà appris. L’intégration est quasi-nulle, très peu d’entre-eux arrivent ou veulent avoir un emploi (plus tard lors de mon séjour, je rencontrerais des aborigènes travaillant en tant que policiers à Alice Springs, un conducteur de taxi, une ou deux caissières dans des supermarchés). La modernisation du pays et la prise du pouvoir par les européens à entraîner un chaos complet. Très peu d’aborigènes vivent encore un mode de vie qui était le leur dans des temps maintenant révolus. La plupart ne vivent même pas un mode de vie choisi délibérément. Même dans les réserves, la civilisation occidentale est omniprésente. Les jeunes s’habillent comme les rappeurs américains, casquettes sur le côté, pantalon large et ils écoutent les mêmes morceaux musicaux. L’obésité en raison de la restauration rapide, est un problème majeur chez les jeunes et moins jeunes. Leur patrimoine génétique n’a pas été préparé à de tels apports caloriques. Ces personnes très affutés, longilignes et athlétiques ne sont généralement plus que l’ombre d’elles-mêmes.
 
L’aspect communautaire, le partage sont encore des valeurs prônées qu’ils appliquent au quotidien. L’individualisme, la possession de biens matériels et technologiques viennent cependant brouillés un équilibre passé très fragile. Ce dernier était basé sur la collectivité, le respect de la nature, et de son prochain. Aujourd’hui, les journaux relatent des agressions, des viols, des accidents perpétrés par les aborigènes, la plupart du temps contre «les hommes blancs». Ces événements et leurs récits, d’un point de vue subjectif, alimentent alors la psychose…
 
Notre conversation avec l’aborigène, au coin d’une rue, sera intense. A aucun moment je ne sentirais une tension, de la rancœur, une incompréhension, ou un blocage concernant tel ou tel sujet. Cette femme sera très tactile envers moi. Nous échangerons de multiples sourires! Le temps se sera envolé. Je suis encore loin d’avoir l’ensemble des éléments nécessaires pour me forger une opinion ferme et définitive. J’ai cependant franchi un pas important vers une communauté qui mériterait meilleure fortune.
 
Le temps est venu de continuer mon chemin afin de rencontrer les personnes qui seront peut-être mes futurs compagnons de voyage. Je vais faire dans la même journée connaissance de Marion et Célia, les deux françaises, puis dans la soirée d’Elise et Kelly, les deux américaines, qui m’ont contactée dans la matinée. Une vision du périple et des envies similaires ponctuent nos premières discussions. Cela inaugure de beaux jours à venir pour la visite, à notre rythme, de ce fameux centre australien désertique, lieu sacré pour les natifs aborigènes.
 
Le matin du jeudi, 15 Novembre 2012, nous récupérons notre véhicule de location à l’aéroport. Il s’agit d’une voiture, 4 roues motrices, Toyota, flambant neuve. Nous passerons dans une grande surface K-mart pour acheter une tente, un matelas, une glacière, et le nécessaire de vaisselles pour subvenir à nos besoins pendant ce séjour improvisé. Le deuxième stop nous conduira à une grande surface, dénommée Coles. Nous achèterons les provisions pour les prochains jours. Dans le désert beaucoup d’aliments sont proscrits, surtout quand vous ne possédez pas de frigo mais seulement une simple glacière basique ! Nous prendrons donc que de la nourriture qui se conserve, même à de hautes températures. Parmi ces derniers, je peux citer, de nombreux légumes, pour faire des salades avec du thon, mais aussi des fruits, beaucoup de pain, et des accompagnements salés ou sucrés, à étaler sur ces tranches sans goût, des céréales, du lait pasteurisé longue conservation, et quelques extra à manger sans délais!
 
Fin paré pour survivre dans ces milieux inhospitaliers, nous nous lançons sur les routes pour effectuer les 500 kilomètres reliant Alice Springs au Parc national Ayers Rock. Nous ne croiserons que très peu de véhicules et d’âmes vivantes dans ce milieu aride. Les heures s’écoulent, la température augmente au cours de la matinée. La climatisation dans notre 4x4 sera un luxe non négligeable. Le premier arrêt sera pour déjeuner. C’est sur une aire de repos, déserte de monde, constitué de sable rouge, que nous stoppons notre course vers ce fameux rocher emblème du pays. Les seuls bruits, venant rompre un silence morbide, sont ces oiseaux de malheur et le vent en rafale. Ce dernier joue avec les feuilles de quelques d’arbres pouvant s’acclimater dans ces zones planétaires peu adapté à l’accueil de la vie, sous quelque forme que ce soit. Tandis que, tout de noir vêtu, les corbeaux assoiffés, coassent continuellement.
 
Le deuxième arrêt sera à une station essence. Comme partout dans l’Outback (régions à l’intérieur des terres australiennes où la densité de population au kilomètre carré est minime. Elle réduite à un nombre à un chiffre. Les conditions climatiques sont extrêmes), ces stations essences, disséminées le long des axes principaux goudronnés, sont des arrêts quasi-obligatoires pour chaque âme humaine qui emprunte ces routes. Le plein refait, une glace, à 6 dollars achetée, pour Marion et Elise, nous reprenons la route. Quelques centaines de mètres plus loin, nous quittons l’axe principal qui traverse, en son centre, le pays du Nord au Sud. Adélaïde est encore à quelques milliers de kilomètres au Sud. Nous tournons vers l’Ouest, vers le soleil couchant, pour atteindre la majeure attraction de ce périple. Le soleil descendant vers l’horizon, nous montrera le chemin.
 
 
 
 
 
Nous atteignons l’entrée du Parc national Uluru-Kata Tjuta plus d’une heure avant la tombée de la nuit. Nous pénétrons dans la propriété traditionnelle des tribus aborigènes Pitjantjatjara and Yankuntjatjara, qui se dénomme eux-mêmes sous le nom générique d’Anangu. Cas malheureusement assez rare de nos jours, ce parc national est encore la propriété des aborigènes, qui le gère, avec l’aide et la collaboration, de l’organisme gouvernemental en charge du patrimoine naturel australien. La région entière est fascinante en raison de sa signification culturelle majeure. Je me plonge pleinement dans cette atmosphère particulière au caractère puissant.
 
Après quelques kilomètres, à vitesse réduite, nous faisons finalement face à Ayers Rock, l’un des cailloux les plus fameux du monde. Aucune photo ou description, même la plus détaillé possible, ne pourra vous retranscrire l’émotion ressentie et la grandeur multidimensionnelle de cette formation rocheuse. La seule solution pour comprendre le moment vécu et, pour tout à chacun, de s’y rendre un jour ou l’autre. Quelques chiffres me permettront tout de même de visualiser ultérieurement cette masse qui nous fait face. Même quand les souvenirs frais se faneront, les chiffres resteront. Uluru fait 3,6 kilomètres de long et il atteint une hauteur de 348 mètres (867 mètres au-dessus du niveau de la mer), avec comme point de référence le sol sableux qui l’entoure. Il est fascinant de savoir que plus de deux tiers de son volume ne sont pas visible à l’œil nu mais enfouis sous terre. Les explications géologiques vérifiées existent pour expliquer sa présence. La formation de cet emblème national, s’est produite au cours de millions d’années précédant l’apparition de l’être humain sur terre. Une des premières questions qu’une majorité de touristes se pose reste, tout de même, comment ce bloc est apparu au milieu d’une région plate sans quasiment aucun autre relief. La vénération d’un tel site par les aborigènes primitifs, sans connaissances géologiques spécifiques, prend alors tout son sens.
 
Le temps se couvre, des nuages gris menaçant occupent très largement le ciel. La couleur du rocher revêt généralement une couleur flamboyante avec les derniers rayons du soleil couchant. Nous ne pourrons pas admirer cet effet particulier en cette première soirée.
 
Néanmoins, nous allons être les acteurs d’un phénomène naturel rendant ce lieu d’un mysticisme sans borne. Une tempête de sable avance rapidement vers nous. En quelques secondes, le rocher disparait presque entièrement à nos yeux. Nous ne serons que très peu atteint par cette tempête qui reste à distance raisonnable du parking où nous nous trouvons. Beaucoup d’interprétations hasardeuses pourraient être développées autour de cet événement. Pour moi la nature nous montre sa toute puissance et confirme, s’il en était besoin, pourquoi les aborigènes vouent un culte sans borne à ce rocher.
 
 
La nuit tombant, nous devons quitter le parc. Nous roulerons plusieurs dizaines de kilomètres, revenant sur nos pas, pour trouver un campement improvisé au bord de la route. Les filles monteront, en duo et par pays, leur tente respective. J’ai pour ma part choisi de dormir dans la voiture. La nuit passera très vite, en une seule traite. Je suis en charge du réveil de tous, avant 5h00, dans le but d’aller admirer le lever du soleil depuis un autre point de vue sur Uluru. L’endroit est idéal pour cet instant spécifique de la journée. L’affluence s’en fait ressentir. Tous les cars de touristes arrivent en même temps que nous. Une masse humaine gigantesque, la plus dense à des milliers de kilomètres à la ronde, afflue vers le même point géographique. Je ne suis vraiment pas fan d’un bain de foule dans cet endroit. Surtout qu’à ce moment de la journée, je profite, habituellement, de la nature, seul. Heureusement, les groupes sont bien disciplinés. Ils restent tous agglutinés sur les balustrades, en bois, mise à leur disposition. Avançant sur les chemins qui mènent vers Ayers Rock, je trouverais avec Marion et Célia un endroit relativement calme. Les nuages sont présents avant le lever du soleil. Ils n’empêcheront néanmoins pas les rayons du soleil de percer et d’atteindre la surface de la roche pour lui donner une couleur particulière, qui magnifie encore un peu plus, la beauté de ce site naturel.
 
L’avantage d’être en indépendant va alors prendre tout son sens à mes yeux. Nous avons le temps que nous voulons pour visiter, contempler les endroits et même revenir sur nos pas, si c’est ce que nous désirons. Après un petit-déjeuner copieux, nous entreprenons la marche de 10 kilomètres à la base d’Uluru. Nous découvrirons de magnifiques passages, des endroits sacrés, des peintures, des bassins d’eau, et des abrasions géologiques, des plus surprenantes durant ce tour.
 
Nous passerons aussi devant le chemin fermé pour atteindre le sommet. La fermeture est due, en ce jour particulier, à la prévision de température pouvant atteindre plus de 36°C dans l’après-midi. Peu importe, même si j’avais eu l’autorisation et la possibilité de grimper au sommet je ne l’aurais pas fait. En effet, les aborigènes considèrent cet endroit comme sacré. Ils n’ont jamais et, ils ne graviront jamais les parois glissantes de ce rocher au pouvoir naturel immense à leurs yeux. Des panneaux précisent tout cela. La demande est clairement exprimé de ne pas entreprendre cette montée au sommet par respect de la culture aborigène. L’industrie du tourisme et, des touristes sans respect, sont les raisons d’un paroxysme qui n’a pas conduit à la simple fermeture de l’accès et à la suppression de la rampe vers le point culminant de la région. Est-ce que les catholiques accepteraient que des touristes grimpent sur une croix ou au sommet de la flèche d’une église? Accepteraient-ils que perchés, ils fassent les zouaves pour se faire prendre en photo? Qu’en serait-il des Musulmans si quelqu’un s’amuserait sur le toit d’une leur mosquée, ou ferais des graffitis sur le mur des lamentations?... Les exemples sont infinis. Beaucoup trop de personnes, dans la société moderne, oublient que la plus importante religion, devrait être, et rester, le respect de «notre terre nourricière» et le respect de son prochain. L’application d’une symbiose avec la nature, pour former cet équilibre nécessaire et fragile que l’être humain met à mal, devrait rester dans tous les esprits.
 
De notre côté, nous terminerons notre ballade autour de cette merveille. Nous allons nous plonger encore un peu plus dans l’histoire de la région en visitant le centre culturel. Beaucoup d’informations et d’explications sont données sur les conditions de vie dans le passé des aborigènes, sur leurs croyances et la relation importante avec la Terre mère. Il est aussi possible de découvrir l’art aborigène actuel consistant surtout en des peintures. Revêtant beaucoup de sens, des rappels de leur mode de vie et des événements qui s’y déroulent, je ne suis néanmoins pas vraiment sensible à cet art très particulier. Exception faite de quelques toiles qui attireront mon regard instantanément.
 
 
Un tas de pierres retiendra particulièrement mon attention. Il s'agit des «Sorry Rocks» (ou pierres des excuses). Sceptique ou non concernant la véracité de l'histoire, que je m'apprête à vous raconter, je suis sur qu'elle ne pourra pas vous laisser indifférent. Ces pierres ont été renvoyées, sur leur terre d'origine, après avoir été extraites et emmenées à l'étranger par des touristes, des visiteurs. Ces dernières ont été accompagnées d'une lettre pour s'excuser du vol commis et perpétré sur ces terres sacrées (Ces lettres sont actuellement placardées sur les murs entourant ce tas de pierres conséquent). Les personnes, qui en souvenir, avaient décidés de ramener une pierre de cet emblème national australien, ont été atteints par une malédiction... Ils ont été personnellement touchés par un événement dramatique, néfaste dans leur vie, non prévisible et sans aucun avertissement... Quand se ne fut pas eux, ca a été un de leurs proches, voire leur famille entière, qui ont vécus un calvaire ayant des conséquences irréparables. Des années après les premières visites, les premières extractions des pierres de leurs terres, et les premiers incidents, des investigations ont été produites. Un lien a été établie mettant en évidence que toutes les personnes touchées par un malheur totalement imprévu, avaient en leur possession une de ces pierres... Une légende est donc nait de ces événements. Apparemment le fait de rendre les pierres, au lieu sacré auxquelles elles appartenaient, aurait calmé les esprits spoliés... Même si vous ne croyez pas à ces superstitions, et que vous êtes un collectionneur de roches ou de sable, prendriez-vous le risque de subtiliser une partie de ces terres pour les ramener, à votre domicile?
 
Après une fin d’après-midi tranquille au camping où nous avons réservé un emplacement, nous retournons admirer le coucher de soleil sur Uluru. Le ciel bleu est au rendez-vous. Nous allons donc assister à un tout autre spectacle que la veille. Les couleurs orange-rougeâtres, pris par le soleil couchant, vont enflammer le rocher. Le côté éphémère de ce moment restera un nouvel instant magique de ce Vol Libre.
 
 
Ayers Rock n’est pas la seule beauté de ce centre rouge. Nous pourrons le constater le lendemain matin, une nouvelle fois au lever de soleil, à 35 kilomètres de là. Devant nous, les 36 dômes rocheux des Kata Tjuta (« Many Heads » ou nombreuses têtes) vont progressivement se laisser découvrir. Les détails et leur forme géométrique particulière apparaissent au fur-et-à-mesure que les rayons du soleil illuminent la nature environnante. Cette dernière se réveille doucement, avec pour révélateur le chant des oiseaux qui reprennent. La marche dans la vallée des vents à travers ces dômes sacrés constituera un autre bon moment de ce début de voyage réussi au centre de la terre… insulaire australienne! Le contact avec les éléments naturels, la visualisation de la faune et la flore de la région sont une nouvelle fois au centre du plaisir quotidiennement ressenti depuis mon arrivée sur cette île continent.
 
Pendant les heures chaudes du milieu de journée, nous reprendrons la route dans notre véhicule climatisé pour nous rendre à notre prochaine destination. Nous traversons encore des paysages esseulés constitué de terre rougeâtre et de tronc d’arbres carbonisés sans feuilles. Tout se passe sans accrocs, excepté pour Marion, qui lors d’un ravitaillement d’essence, va oublier son sac au pied d’une table où elle jouait avec un perroquet. Elle ne prendra conscience de cet oubli que lors de l’arrivée à proximité de Kings Canyon où nous nous rendons. Avec Célia, elles referont demi-tour en espérant qu’une personne honnête est trouvé ce dernier. Son sac contient tous les documents importants nécessaires au voyage; passeport, permis de conduire, carte de crédit… Elle dispose aussi d’une somme non négligeable d’argent en liquide. C’est la tête complétement défaite que nous la retrouverons à son retour. Le sac à était voler avec l’argent et la carte de crédit. Ils retrouveront finalement le passeport et le permis de conduire international dans les toilettes des femmes! Elle a de quoi être en colère et démoralisée. Elle entreprendra les démarches nécessaires dans ce genre de situation, à commencer par l’opposition sur sa carte bancaire. Plutôt du genre à oublier de nombreuses choses, elle aura cette fois-ci oublié ce qui ne fallait pas au mauvaise endroit. Nous sommes un peu démunis pour la soutenir. Nous ne pouvons que compatir. Je comprends parfaitement sa détresse. Elle montrera tout de même, dans cette épreuve, un positivisme impressionnant, trouvant des solutions au problème de la carte bleue, et surtout constatant que son voyage peut continuer en raison du passeport retrouver (visite de la Thaïlande à suivre avec son petit ami).
 
 
 
Une fois encore la soirée sera calme. Une fois encore, je réveillerais les filles avant le lever du jour. Pour le troisième jour d’affilé, nous allons pouvoir admirer le lever de soleil dans un cadre exceptionnel. Notre groupe est très efficace. Tout le monde est près en temps est en heure pour arriver à destination à point nommé. Un road trip qu’avec des femmes n’était pas, dans mon esprit, forcément gagné d’avance. Et non ce n’est pas du machisme, ni une généralité sur des différences entre sexe, mais juste quelques expériences passées qui se rappellent, dans ce cas-là, à mon bon souvenir. Mes malgré les différences, le mixte de cultures, chacun y met du sien pour trouver un équilibre proche de la perfection. Je n’oublie pas non plus tous les bons moments que nous allons passer ensemble, les discussions intéressantes. Un fait est indéniable dans ce genre d’expérience; vivre 24h00/24 dans ces conditions, permet d’apprendre à connaître les autres très rapidement. Et j’espère avoir la chance de garder contact avec ces 4 femmes très intéressantes.
 
Nous allons assister depuis la crête surplombant Kings Canyon à un nouveau départ de journée ensoleillée. A vivre, et à revivre, tout simplement! La ballade autour de ce canyon sera, sans aucun doute, la plus belle de ces 6 jours. La variation des altitudes, les paysages découpés, les formations géologiques (anciennes dunes, mer asséchée, dômes, des bassins d’eau …) à ce point de rencontre de trois formes de paysages majeurs, sont responsable de la beauté des lieux.
 
 
Après un plongeon dans la piscine, un petit déjeuner tardif, nous attaquons une partie intéressante de cette boucle pour revenir à Alice Springs. Nous allons empruntés des routes non-goudronnées où règnent la poussière et les crevasses. Nous allons enfin pouvoir utiliser les pleines capacités du véhicule. J’aurais conduit la quasi-totalité du temps au cours de ces 6 jours. Célia me demandera tout de même de prendre un peu le volant, sur cette portion, pour s’essayer à l’utilisation d’un véhicule à 4 roues motrices, plutôt indispensable sur ces terrains hasardeux. Nous croiserons des chameaux sauvages introduits dans le pays il y a plusieurs dizaines d’années. Les véhicules croisées, ou qui nous dépasseront, nous laisserons simplement le souvenir d’une traîné de poussière diminuant sensiblement notre visibilité. La voiture fonctionnera parfaitement. Nous sortons progressivement des paysages arides pour atteindre les paysages de montagnes du parc national West McDonnell Ranges. Nous passerons les deux prochains jours, sur un rythme plus relax à découvrir les petits bijoux de cet endroit (point d’eau, paysage verdoyant même si encore très sec, gorge multiples, nombreux animaux dont de petits wallabies peuplant cette région). Marion et Célia ont un avion de programmé. Il est alors temps de rejoindre la civilisation, et la ville d’Alice Springs. Toujours étonnant de regagner une ville après avoir passé de nombreux jours en pleine nature. Il y a du pour et du contre. Je ne verrais que les aspects positifs, sachant que très rapidement je devrais être de nouveau sur les routes.
 
Nos routes se séparent. Célia et Marion s’envolent vers Cairns, Elise veux partir à Sydney et Kelly descendra vers Melbourne. De mon côté, c’est la montée vers le Nord qui est envisagée. Je ne sais pas encore par quel moyen, ni quand.
 
 
 
Alice Springs est réputée pour être une ville intéressante afin de trouver un emploi temporaire, bien payé. Faisant le tour de la ville, je trouverais une agence qui recrute dans le bâtiment l’entretien de la voie publique et des parcs nationaux. Je commencerais les démarches avec eux et j’obtiendrais un rendez-vous pour du travail. Par leur intermédiaire, je suis aussi contacté par une usine de fabrication de pain. Après 10 minutes d’entretien, j’ai le job en poche. Je peux commencer le jour suivant.
 
Je déclinerais l’offre. En effet, je me devais d’être honnête. Il cherchait quelqu’un pour 4 à 5 mois minimum alors que je prévoyais de n’en travailler pas plus d’un. Être large au niveau budget, et voyager à bas prix, à un gros avantage pour moi lors de ce voyage. Je me permettrais de décliner par la suite l’entretien à l’agence et un entretien pour travailler le soir chez Mac Donald. Il ne faut pas exagérer non plus. Je ne suis pas client de ce genre d’endroit que je trouve insipide et dont la nourriture est sans goût. Je ne vais pas commencer à servir, à des personnes, une nourriture qui me répugne quasiment. Je m’étais inscrit par pur intéressement afin de pouvoir cumuler deux travails en même temps, dans le but de faire un nombre conséquent d’heures, sur une courte période, pour repartir de plus belle. Je ne ferais rien de cela. Je garde en tête pour un peu plus tard des expériences professionnelles et de vie de voyageur en sac-à-dos en Australie, que j’aimerais expérimenter sur une très courte période.
 
A défaut, je vais trouver un moyen extraordinaire de voyager gratuitement vers la destination suivante. Que dis-je, je vais même me faire payer! Et non, vous ne rêvez pas, il ne s’agit pas du Monde des Bisounours dans lequel j’aurais pu me perdre depuis le temps que je vis ce rêve éveillé. Il s’agit du monde de la relocalisation de véhicules pour une compagnie de location. En effet, selon les demandes des clients, ces agences ont besoin d’avoir le nombre de véhicules correspondant, ou supérieur, à la demande. Ils organisent alors régulièrement des rapatriements de véhicules d’un site à un autre, d’une ville à une autre. Des particuliers peuvent alors louer le véhicule pour un nombre de jours donnés pour un dollars symbolique. Ils n’y a plus alors que la consommation de carburant à payer et la contrainte de rendre le véhicule à une date donnée. Parfois ces agences, comme celle d’Apollo, pour qui je vais relocaliser le véhicule participe un peu aux frais d’essences. Tout le monde y est gagnant. Le loueur n’a pas besoin de payer une personne pour bouger son véhicule Le voyageur atteint sa destination pour un prix défiant toute concurrence. Je vais tomber dans un cas encore un petit plus particulier, où le parc de véhicules disponibles à Darwin est inférieur, en nombre, à la demande, par divers clients, pour les jours à venir. Ils ont donc besoin de faire parvenir un véhicule en urgence à destination. Saisissant l’occasion, je me retrouve dans une situation où ils me paient la totalité des frais de carburants, plus un petit pécule supplémentaire de 100 $ australiens. Cette opportunité ne se refuge pas.
 
Je m’apprête donc, un peu plus vite que prévu, à traverser le désert d’Alice Springs à Darwin. Le fait d’avoir trouvé cette relocation va me permettre de réaliser ce périple en solitaire. Je savoure, rien qu’à l’idée, de me retrouver seul pendant deux jours et demi sur des routes, au beau milieu de nulle part. Le lendemain matin, une fois les paperasseries effectuées, je m’élance pour plus de 1700 kilomètres en solo. Je suis tout excité par cette aventure qui s’ouvre à moi. C’est avec le grand sourire que je prends la route. Je fonce vers le Nord. J’effectue mon premier arrêt devant un panneau en bord de route indiquant le Tropique du Capricorne. Cette ligne virtuelle est comme le tropique du cancer dans l’hémisphère Nord délimitant la zone proche de l’équateur et celle proche, dans ce cas, du pôle Sud. Une photo incontournable sera une nouvelle dédicace pour Antho qui se trouvait exactement au même endroit, il y a quelques années de cela.
 
 
e ne m’attarde pas trop longtemps. Je reprends la route sur un rythme endiablé de musique que j’affectionne particulièrement. Je ne verrais que très peu de véhicules. Je vais tout de même faire face aux premiers «Road trains» que je suis amené à voir. Ces fameux camions puissants traversent l’Outback dans tous les sens et toutes les directions. Ils transportent jusqu’à 3 ou 4 remorques. Ils peuvent atteindre 54 mètres de long. Le temps est révolu où les plus impressionnants d’entre-eux pouvaient être suivi par plus de 10 remorques. Ils n’ont cependant pas perdu de leur superbe et ils font pétiller mes yeux de petit garçon, que je suis resté.
 
J’emprunte en ce moment l’autoroute Stuart dénommée «Explorer Highway». J’imagine, un peu difficilement, comment des explorateurs, ont pu s’élancer dans ces contrées inhospitalières, à cheval ou autre attelage, afin d’atteindre l’autre côté du pays. L’atteinte d’un lieu, où quelqu’un s’était déjà implanté, devait vraiment être vécu comme une délivrance, comme une certitude de trouver de l’eau, de la nourriture et de quoi repartir pour des centaines de kilomètres. De mon point de vue, je suis déjà heureux d’atteindre la première station. Elle est tenue par un vieux australien. Le vent balaie le sable rouge en rafale. Le bruit grinçant d’un portique métallique pris au vent est le seul son audible qui me parviendra pendant de longues secondes aux oreilles. Quelques bâtiments aux alentours sont à l’abandon. Des carcasses de voitures et de camions rouillent sous le soleil du dessert.
 
Je me dirige alors vers le seul bâtiment viable qui possède encore un toit. Il regroupe un bar, un restaurant, un hôtel. Le responsable s’occupe aussi de la vielle pompe à essence, qui délivre ce liquide si précieux dans les parages. Sur le chemin, j’apercevrais des aborigènes assis sur des sièges à l’ombre. Pénétrant dans la pièce principale, j’apercevrais au comptoir le propriétaire des lieux, vêtu d’un chapeau de cow-boys. Les murs sont couverts de lettres et mots laissés par les clients, de chapeaux et d’objets divers et variés qui donnent une atmosphère spéciale et typique, à cet endroit, au milieu de nul part. Deux clients, un eurasiens et un aborigène, accoudés au comptoir, sirotent tranquillement une bière. Un aborigène fera son entrée pour acheter du tabac. Les relations semblent saines, amicales et pacifiques entre les différents protagonistes de la scène qui se déroule sous mes yeux. Cela me réjouit!
 
L’essence payée, la «pause pipi» effectuée, je peux reprendre de plus belle ma course folle vers le Nord. Les paysages sont assez monotones, désertiques avec peu de végétation. Il est tout de même fascinant de détecter certaines nuances lors d’un changement de relief, lors du passage à travers des paysages un peu vallonnés. J’arriverais aussi une centaine de kilomètres plus loin dans une réserve naturelle. Elle se dénomme «Devils Marbles», et elle est constituée de rochers aux formes impressionnantes.
 
 

 


 
e prends un plaisir intense lors de ce temps passé, seul, aux commandes de ce véhicule, agréable à conduire. Je vais assister à de magnifiques levers et couchers de soleil. Je traverserais des endroits dignes de paysage lunaire, d’autres dignes d’une désolation sans borne, où le soleil brulerait toute forme de vie, qui essaierait de survivre sur place. Je vais aussi subir le contrôle de police le plus hurluberlu de ma jeune existence. Au milieu de nulle part, en plein désert, quatre policiers ont totalement barrés la route. Ils procèdent à un contrôle systématique des papiers et relève aussi, pour tous, le taux d’alcoolémie. Ceci ne sera pour moi qu’une formalité. Mais j’en garderais un souvenir impérissable. Je vais être confronté aussi à plusieurs tornades lors de ce périple. De faible puissance, elle soulève tout de même une masse de poussières et de particules impressionnante. Ce sont de phénomènes qui ne sont pas visible dans beaucoup de partie du globe surtout à la fréquence où je vais pouvoir les observer. Une nouvelle fois, je me retrouve devant un phénomène naturel fascinant que je peux observer de mes propres yeux pour la première fois.
 
Le reste du trajet sera agrémenté par quelques stops pour découvrir les centres d’intérêts, parsemés le long de la route. Je m’arrête, par exemple à Tenant Creek, pour y visiter l’habitat qui contenait le télégraphe. Ce fut vraiment intéressant, surtout de nos jours, de comprendre la limitation des moyens de communication, il y a de cela seulement quelques dizaines d’années. Je vais aussi prendre, sur quelques kilomètres une route non goudronnée, menant en plein centre du dessert. Il est intéressant de se retrouver au milieu de nulle part, sans signe de vie, avec des panneaux vous indiquant que le prochain lieu pour se ravitailler se trouve à plus de 500 kms de là!
 
Reprenant la route le deuxième matin, je vais être l’observateur passif d’un carnage incroyable. Passif, car je ne peux rien faire pour changer la situation, mais actif tout de même dans le jeu d’éviter les carcasses qui jonchent la route. Les kangourous, et même des vaches, attirés par la lumière des phares se sont fait tuer! Les camions, élancées à toute vitesse, roulant de nuit, et armés de protection métallique en guise de parechoc avant, sont des armes dévastatrices, et sans pitié. Les animaux effrayés passent sous les roues de ces mastodontes, ou se trouvent éjecter sur le bord de la chaussée. C’est un festin pour un nombre incalculable de corbeaux, d’aigles et autres rapaces s’attaquant à la viande fraîche. Ils s’envolent dès qu’un véhicule se rapproche dangereusement. Puis ils se rabattent aussi vite que possible sur leur repas, afin d’en arracher, aux autres, les meilleurs morceaux. La loi de la nature, la loi du plus fort, s’appliquent une fois de plus dans ces contrées sauvages et désertiques. Mais l’intervention humaine et son impact sur son environnement sont une nouvelle fois beaucoup trop prononcée. C’est le jeu! Même si cela est un spectacle macabre et affligeant, qui me déplait, les kangourous, sans prédateurs, sur le territoire, ne sont pas une espèce menacée… Malheureusement ce n’est pas le cas pour beaucoup d’autres animaux qui sont tués sur les routes australiennes. Je manquerais, de peu, par deux fois en matinée, d’heurter deux kangourous qui vont se jeter sous mes roues. Par chance, cela ne se produira pas…
 
 
lus je me rapproche de mon point d’arrivée, plus la végétation reprend ces droits. A Matarenka, capitale du «Never Never» (que l’on peut traduire par «Jamais dire Jamais»), je me rends dans des sources d’eau chaude naturelle au milieu d’une végétation subtropicale. Il y règne une humidité infernale. De multiples animaux, tels les chauves-souris, y ont trouvés un habitat parfait. Les termites sont aussi à la fête. Leurs nids sont géants, de couleurs et de formes variés tout au long de la route…
 
Le plaisir fut complet tout au long de ce voyage en solitaire. J’ai aimé me retrouver seul face à ces éléments naturels particuliers. Je suis néanmoins heureux d’atteindre Darwin après ce long trajet. La nécessité de rester concentrer, à chaque seconde, sur des routes interminables, en lignes droites, n’a pas été de tout repos. Je vais retourner à la civilisation, pour quelques jours, après cet intermède inoubliable, dans ce voyage au long cours.
 
 
Darwin sera-t-elle ou non une étape prolongée de ce voyage? Je n’en ai pas la moindre idée quand j’entre dans ces faubourgs le 23 Novembre, en milieu d’après-midi. La seule chose de prévu est l’endroit où je vais rester pendant les premiers jours. J’expérimente une nouvelle fois le Couchsurfing, en dormant chez l’habitant. Cette expérience sera agréable et me permettra de rencontrer une nouvelle fois des personnes intéressantes. Néanmoins, après un tour rapide de la ville, et le constat, que la saison humide arrive à grand pas, je déciderais de trouver au plus vite un moyen de continuer ma route. Je veux me diriger vers cette fameuse côte sauvage et désertique de l’ouest australien. Le taux d’humidité et les températures grimpent en flèche à cette période de l’année. L’option de descendre vers le Sud, où commence l’été, me semble définitivement la meilleure. Je vais très vite rentrer en contact avec une personne qui a les mêmes projets que moi. Elle s’appelle Alexandra. Elle est Allemande et elle à 32 ans. Après fixé un rendez-vous, nous nous rencontrerons sur la place d’un marché. Elle est accompagnée d’une amie australienne, Jade, originaire de Melbourne, mais qui travail en tant qu’infirmière, ici, dans le Nord, depuis quelques mois. Nous discutons d’abord de nos projets, de l’idée du voyage en road trip, et de comment nous envisageons ce dernier. Nous parlons de ce que nous aimerions voir, à quel rythme nous souhaitons voyager, et par quel mode! Sur toutes les grandes lignes, nos envies se rejoignent. Nous décidons donc de tenter l’aventure ensemble et de partir quelques jours après.
 
Nous passerons finalement tout le week-end ensemble sur Darwin. Nous commencerons par une visite du centre-ville, suivi par un verre en terrasse. C’est à cet endroit, que Chris, l’amie de Jade nous rejoindra. Ensemble, nous irons nous promener sur les bords de mer pour y admirer le coucher de soleil. Puis Jade nous embarquera dans une soirée où elle avait été conviée. Nous nous retrouvons qu’avec des Australiens. C’est à leur façon que j’expérimenterais le barbecue du samedi soir, accompagné bien entendu de nombreuses bières. Je trouve cela de plus en plus intéressant d’analyser les similitudes des comportements des personnes. Malgré les différences culturelles très marquées, un être humain occidental est fondamentalement le même. Le reste du week-end s’envolera à toute vitesse!
 
 
Mardi 27 Novembre, lorsque le soleil est au zénith, sera le départ pour un nouveau Road Trip. Celui-ci sera sûrement le plus important que je n’ai jamais fait de toute ma vie. Cela concernera le temps passés sur les routes avec le même véhicule et les mêmes personnes. Mais ça sera aussi le cas concernant les kilomètres parcourus. Le nombre prévisionnel approximatif oscille entre 9000 et 14000 kilomètres… Seules mes prochaines aventures seront confirmées ou non si ce projet arrivera à son terme. Le côté humain et relationnel pourrait être cause d’échec ou d’abandon de cet objectif. Les aspects mécaniques seront à prendre en compte aussi. En effet, nous nous lançons dans l’aventure, à travers des contrées sauvages désertiques, avec une vielle Mitsubishi Magna Executive, construite en 1989. Alexandra a acheté cette dernière il y a plus d’un an et elle a déjà fait de nombreux kilomètres avec. De couleur beige délavée, elle ne paie vraiment pas de mine, surtout vu de l’extérieur. Néanmoins, elle semble avoir été très bien entretenue. Encore une fois, je me retrouve embarquée dans une aventure, qui risque de tenir beaucoup de promesses et amenée beaucoup de surprises!
 
Nous prenons la route, seulement à deux, pour rejoindre notre première étape. Nous comptons bien trouver d’autres équipiers, en route, pour partager l’aventure. Il est prévu de retrouver une femme avec son chien, 3 jours plus tard. Nous filons en attendant vers le Sud pour rejoindre la seule route goudronnée, à cette latitude, qui nous mènera vers l’Ouest. 120 kilomètres après le départ, nous voici déjà au premier lieu que nous souhaitions explorer. Il s’agit du Litchfield National Park. Moins fameux que son voisin Kakadu National Park (endroit où a été tourné Crocodiles Dundee), il est cependant beaucoup plus facile d’accès et va nous réserver de très belles surprises. Ce parc contient d’extraordinaires plateaux de roches sableuses délimités par de magnifiques falaises, créant des chutes d’eau qui en ont fait sa réputation. Nous allons découvrir pendant plus d’une journée, les charmes de ce lieu. Nous ferons de petites marches pour atteindre des lieux paradisiaques. Nous nous baignerons dans une eau limpide, dans des trous d’eau, s’étant formés au pied des cascades. Un aspect, non négligeable, dans partie nord de l’Australie, est que ces trous sont sécurisés et qu’ils ne sont pas, ou plus, les lieux d’habitat des crocodiles qui pullulent dans les «Billabongs » (retenues d’eau) de la région. Nous aurons aussi un bon aperçu de la faune et la flore, qui vivent dans ces milieux tropicaux humides.
 
Le point d’orque de cette première étape sera le trajet pour quitter le parc en retournant vers l’Est, puis continuer plus bas vers le Sud. Le temps est menaçant en cette fin de deuxième journée. Nous décidons de quitter le parc sans faire la dernière ballade prévue, avant le coucher du soleil. Ce choix fut le bon! D’énormes nuages gris nous font maintenant face. Les températures élevées et les conditions climatiques spécifiques de la région, créent un phénomène naturel qui va déchirer le ciel, grâce à des centaines d’arcs électriques. Les éclairs monopolisent le ciel aussi bien à la verticale qu’à l’horizontal. Les grondements de l’orage amplifient le caractère lugubre de la scène à laquelle nous assistons. Très vite, de lourdes averses s’abattent devant nous, rendant la visibilité limitée. Dans le même temps, derrière nous, à l’Ouest, le temps est dégagé! Le soleil se couchant, des couleurs flamboyantes, dans le ciel, apparaissent. Je fais face à un des plus beaux couchers de soleil que je n’ai jamais été amené à voir. Le contraste entre le paysage à l’arrière du véhicule et celui nous faisant face, est indescriptible! Je ne sais pas si nous quittons le paradis pour nous rendre en enfer mais c’est vraiment le sentiment que ce tableau naturel me laisse imaginer à cet instant. Roulant à vitesse réduite, dans cette veille Mitsubishi, nous sommes maintenant englouties par les trompes d’eau qui font presque totalement disparaître les paysages autour de nous.
 
 
Nous nous arrêterons sur une aire de repos pour y passer la nuit. Aucun raison de sortir les tentes, nous dormirons dans la voiture. La place est confortable. Le fait de pouvoir rabattre les sièges avant, au même niveau que la banquette arrière, forme un matelas assez long pour dormir correctement. Le road trip est vraiment lancé. Les premières impressions sont bonnes.
 
Nous n’allons pas avaler beaucoup de kilomètres avant d’arriver à la prochaine destination. Il s’agit de la ville Katherine, où je suis déjà passé lors de mon ascension depuis Alice Springs. Ville de petite importance, pour les standards européens, elle fait figure d’un des regroupements majeurs de population sur ce territoire Nord Australien. C’est un nœud routier qui va nous permettre de prendre la route en direction de la côte Ouest. Nous avons cependant quelques petites choses à faire, et lieux à visiter, avant de continuer notre chemin! En premier lieu, nous commencerons par visiter le Parc National de Nitmiluk et ces fameuses gorges. Elles nous dévoilerons, lors de promenades de plusieurs heures, leurs beautés cachées! Nous aurons aussi le plaisir d’avoir la compagnie d’une famille de kangourous pour partager notre pique-nique. Peu farouche, ils se laisseront approcher de très près et nous pourrons même leur donner à manger.
 
Après avoir organisé la suite de notre périple en ville, après avoir fait les provisions d’énergie pour la voiture et ces occupants, nous nous apprêtons à retrouver cette femme avec son chien. Mais un message de sa part, à la dernière minute, nous signalera qu’elle a trouvé une autre solution, une autre personne avec qui voyager. Elle ne nous rejoindra donc pas dans l’aventure. Nous sommes totalement désappointés mais nous ne pouvons malheureusement pas faire grand-chose à ce revirement de situation et d’avis. C’est un des désavantages de l’organisation de voyage sur internet avec des inconnus, jamais rencontrés auparavant. Nous chercherons en ville pour voir si certaines personnes seraient intéressées. Ne trouvant personne nous décidons de continuer le périple à deux, au moins pour les jours à venir!
 
 
Nous empruntons maintenant la Victoria Highway en direction de l’Ouest! Alexandra, pourtant la propriétaire du véhicule n’est pas une grande adepte de la conduite. Elle préfère sans hésitation être passagère. Je vais donc avoir l’opportunité d’avaler les kilomètres à travers ces paysages magnifiques. Il y a un élément de l’Outback, que j’apprécie énormément. Ce fut déjà le cas lors de mon expérience, en solo, entre Alice Springs et Darwin. Lors des rares fois, où nous croiserons un véhicule, le conducteur fait un signe de la main pour saluer la personne rencontrée en chemin. Je répondrais bien sûr avec grand plaisir les premières fois. Je serais souvent à l’initiative de ce salut, toutes les fois suivantes, où je serais amené à croiser quelqu’un.
 
Nous allons faire beaucoup de kilomètres en peu de jours. Nous prenons cependant le temps de nous arrêter en route pour voir les différents points d’intérêts qui se présentent à nous. Le premier jour nous ferons quelques marches agréables dans le «Gregory National Park». Nous grimperons en haut des falaises délimitant la limite entre la vallée, creusée par le lie de la rivière Victoria, que nous suivrons sur de nombreux kilomètres, et les hauts plateaux la surplombant. Il est intéressant de se trouver dans cette zone frontière entre une zone tropicale humide et le début des régions semi-arides. Après le déjeuner, je partirais seul marcher sous une chaleur de plomb pour découvrir les peintures rupestres laissés par une ancienne tribu aborigène. Cette dernière, ayant occupée ces lieux, pendant plusieurs centaines d’années, les considérait comme sacrés. Alexandra restera elle se reposer à l’ombre d’un des seuls arbres présents dans les environs.
 
Nous pourrons constater, en route, la présence de nombreuses carcasses de voitures laissées à l’abandon. La raison est simple. Le coût d’une prise en charge, ou d’un remorquage, dans ces contrées perdues, est incroyablement élevé. Suite à un accident, ou une panne irréparable, le véhicule est donc laissé sur place, après l’avoir désossé autant que faire se peut. Rien de très glamour, un rappel à la prudence, et une fois de plus, la confirmation que partout sur cette planète, et particulièrement dans ces environnement hostile, la loi de la nature est, et sera, toujours la plus forte.
 
 
 
Une fois de plus nous assisterons en fin d’après-midi, à un magnifique coucher de soleil aux couleurs de cartes postales. Juste avant ce dernier, nous nous serons arrêtés pour la nuit sur une aire de repos. Cette dernière, au milieu de la terre battue, possède déjà de  «luxueuses» toilettes et un réservoir d’eau. Nous y rencontrerons, Tony, un retraité australien de plus de 60 ans, qui habite à Katherine. Aimant la vie simple dans le bush et fuyant aussi sa femme qui lui interdit maintenant tout excès, il était parti pour quelques jours jusqu’à Kununura dans la région du «Western Australia». Il nous offrira des bières. Il appréciera grandement notre compagnie pour la soirée. Vraiment agréable, une nouvelle fois de pouvoir partager avec un local, un moment de vie unique dans son pays.
 
 
Continuant notre route, le lendemain, nous nous arrêterons au parc National de «Keep River». Nous aurons l’occasion d’y admirer des formations rocheuses sableuses époustouflantes et surtout une activité importante de la faune, prédominée par la présence de nombreux oiseaux et reptiles, tel que les lézards à collerette. Nous allons pouvoir admirer les premiers Baobabs. Ces arbres magnifiques, à l’allure et aux dimensions très spécifiques, nous indiqueront notre arrivée à l’Ouest de l’Australie. Le changement d’état sera marqué aussi par un arrêt à la frontière. En effet, le contrôle douanier est strict pour rentrer dans cette nouvelle région. Il est strictement interdit d’y introduire des légumes et des fruits, des plantes, des fleurs, des graines, du miel, des animaux et organismes vivants. Le but est d’éliminer le risque des maladies et d’interdire l’accès aux animaux non natifs, ayant provoqués déjà de grands ravages par le passé, dans cet environnement stable mais très fragile. L’isolement, grâce à l’aspect insulaire de ce pays, l’a très longuement privée de tout contact avec des éléments extérieurs. La nature n’a donc pas été préparée à l’introduction de certains d’entre-eux, pouvant venir détruire l’équilibre précaire construit au cours de milliers d’années. Ayant été prévenus par les panneaux et d’autres personnes croisées sur le chemin, nous ne serons pas surpris par ces prérogatives lors du changement d’état. Nous passerons le contrôle sans encombre.
 
Arrivés à Kununura, nous n’y passerons que quelques heures en milieu de journée pour prendre des informations, faire quelques courses et visiter les deux ou trois endroits intéressants en bordure de cette ville. Nous aurons aussi la confirmation que les endroits les plus magnifiques des Kimberley, principalement accessible en 4 roues motrices, sont tous fermés pendant plusieurs mois. Les risques d’inondations impromptues en sont la cause majeure. Nous allons pouvoir tout de même découvrir quelques beautés de la nature le long de la route goudronnée, la seule dans les environs, menant à la côte Ouest Australienne. Malgré les distances parcourues le temps passé dans la voiture, je ne me lasse pas de conduire, bien au contraire. Assez régulièrement, le paysage change. Parfois ce sont d’insignifiants détails, telle la hauteur ou la couleur de l’herbe. Parfois, nous faisons face aussi à de grands changements, après avoir traversé un milieu aride sec, où très peu de vie survie. C’est le cas, par exemple, avec l’apparition d’arbres, de végétations plus luxuriantes, de cours d’eau, de reliefs vallonnés ou rocheux. Au milieu des plaines arides, nous pourrons de nouveau admirer de petites tornades balayant dans le ciel de la terre noirâtre. Le «Geiki Gorge National Park» sera l’occasion d’admirer les vestiges de falaises qui, autrefois, surplombées la mer intérieure. La première nuit passée dans ce nouvel état, sera éclairée, et embellie, par la pleine lune, mettant en valeur un ciel très particulier, en raison de nuages formant une dentelle blanche.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
es discussions avec Alexandra ont été intéressantes et animées tout au long du trajet. J’ai très vite réalisé que nous étions très différent et que cette rencontre ne serait pas la plus incroyable que j’aurais été amené à faire sur les routes déjà parcourues. Néanmoins, notre cohabitation lors de ce voyage se passe sans encombre. C’est intéressant de voir que malgré de grandes différences, il est possible d’apprendre de l’autre et d’en retirer de bonnes expériences. Nos chemins ne se sépareront pas encore à cet instant, où nous atteignons Broome, et la côte Ouest de cette île australienne.
 
Nous allons y rencontrer Gabor, un autre allemand. Il a 32 ans. Un bon feeling s’installe immédiatement. Nous formons, à nous trois, une équipe de backpacker de trentenaire. C’est quelque chose d’assez rare de nos jours, surtout en Australie, où la moyenne d’âge doit environner les 20 ans. Cela ne sera pas pour nous déplaire. Le partage lors de ce périple, la faculté d’adaptation, les sujets de discussions et les centres d’intérêts s’en feront ressentir. Nous commencerons par profiter de l’ambiance plaisante dans cette ville, où les racines d’une contré reculée, non pas disparues, malgré l’apport d’un peu de confort et de modernité, dû au tourisme qui s’y est développé. Nous visiterons les fabriques et magasins de perles, mondialement connus en raison d’un export massif de ces joyaux nacrés. Nous profiterons pendant tout une journée de la magnifique plage «Cable Beach». Nous nous rendrons sur les falaises rouges de «Gantheaume Point», 7 kilomètres au Sud de la ville, pour y admirer les empreintes laissés par des dinosaures. Nous assisterons aussi à un magnifique coucher de soleil sur la mer. Les premières journées sur la côte Ouest augurent de très bonnes choses pour la suite.
 
 
Le 3 décembre, nous sommes finalement prêts pour prendre la route et entamer notre descente vers le sud. Après avoir longés pendant des dizaines de kilomètres la plage «Eighty Miles Beach», nous nous enfonçons dans les terres. Nous partons découvrir une des attractions les plus impressionnantes de la côte Ouest. Il s’agit de l’épique Parc National Karijini. Ces gorges profondes, ces chutes d’eau spectaculaires, ces trous d’eau sortis d’une autre dimension vont surpasser de très loin ce que j’avais pu imaginer. Les couleurs de la roche, de l’eau, la multitude de fleurs et d’animaux, que nous pourrons y admirer, seront gravés, à jamais. Une image marquée sur la pupille de nos yeux est enregistrée pour de longues années dans notre mémoire. Une autre expérience restera aussi pour longtemps dans l’esprit d’Alexandra. Nous en entendrons parler encore de nombreux jours après avoir quittés les lieux. En effet, nous effectuerons plus de 100 kilomètres sur des routes de terre entachées de gros sillons et quelques trous d’eau imposants. Les vibrations sont énormes dans la voiture. Nous sommes secoués à chaque seconde. Les nerfs d’Alexandra seront mis à rude épreuve. Heureusement la beauté des sites, nos ballades pour y découvrir les lieux et les bons moments lors des repas, par exemple, feront un peu retombé la pression de son côté. Pour ma part, j’aurais grand plaisir à conduire tout le trajet sur ces chemins. Je ne vous cacherais pas que je croiserais tout de même les doigts en espérant que nous nous en sortions sans encombre. Le plus gros cataclysme ne viendra, heureusement et finalement pas, d’éléments mécaniques de la voiture, qui aurait pu tomber en morceaux, mais d’un énorme orage qui éclatera lors d’une des soirées passées dans le parc. Celui-ci sera accompagné d’énormes nuages gris, déchirés par des éclairs spectaculaires venant illuminer l’obscurité ambiante. Nous aurons eu par chance le temps de finir de manger à l’extérieur avant de se réfugier dans la voiture et les tentes. La nuit se passera sans encombre, malgré les fortes pluies qui sévissent à l’extérieur. Le lendemain matin, le calme sera revenu et le soleil percera de nouveau les nuages. Nous continuerons donc à découvrir les lieux, à marcher au fond des gorges ou sur les hauteurs des falaises les délimitant, et à nous baigner dans les trous d’eau multiples.
 
En fin de journée nous reprendrons la route. Encore quelques kilomètres de chemins non-goudronnées et nous retrouvons finalement des routes praticables, où Alexandra retrouvera une certaine sérénité. Ça sera intéressant de voir tout au long du trajet, le stress que génère, pour elle, l’entretien de sa voiture. Niveaux d’huile et du liquide de refroidissement seront effectués tous les jours. Le moindre bruit suspect sera source d’inquiétudes. Je ne moque pas mais trouve cela un peu exagéré. Pour sa défense, elle avait déjà vécu plusieurs problèmes avec sa voiture. Je dois surtout être conscient que cela nous permettra d’arriver à notre destination finale sans encombre, malgré les régions arides traversées, et la vétusté apparente de ce véhicule.
 
 
 
 
Je vais adorer les zones désertiques traversées pour rejoindre, pour la deuxième fois, la côte Ouest australienne, et ne pas la quitter pendant des milliers de kilomètres jusqu’au cap le plus au Sud. Les paysages traversés pour atteindre Exmouth sont composés de désert de sables rouges, où seuls quelques arbrisseaux asséchés par le soleil de plomb et balayés par des vents violents tiennent debout. Aucun bruit, aucune habitation à des centaines de kilomètres à la ronde.
 
 
 
Nous ne retrouvons signe de vie humaine seulement quand nous atteindrons notre ville de destination. Une fois encore, notre passage en ville sera bref, dans le but de se ravitailler, de prendre une douche dans des conditions décentes, de collecter quelques renseignements avant de repartir en pleine nature. Nous allons nous installer, pour quelques jours, à quelques kilomètres de là, dans le parc national de Cape Range. Là encore, la nature y est magnifiée. Nous partageons ces paysages paisibles avec les kangourous, émus, wallabies, araignées, lézards, et nombreux oiseaux.
 
La végétation peu haute, ces gorges, le sable blanc en ont font sa beauté. Mais la réputation de cet endroit est née de la proximité de l’océan et de la combinaison avec le Parc marin «Ningaloo Reef». En effet, ces falaises, ces dunes ou plages de sable blanc se jettent dans les eaux cristallines de l’Océan Indien. A quelques mètres du rivage, des coraux magnifiques et divers sont le refuge et l’habitat d’une faune importante. Grâce à des masques et tubas, nous allons partir découvrir, plusieurs fois par jour, pendant de longues heures ces merveilles. Je vais voir, lors de ces plongées, de multiples poissons multicolores, mais aussi des tortues, des raies, des petits requins de récif, et d’autres spécimens aux allures de films d’horreur. Nous nous installerons à «Lake Side» pour y camper et profiter des sites de plongées à proximité.  Nous assisterons tous les soirs à de magnifiques coucher de soleil sur la mer. Le premier gardera pourtant un goût particulier. Il fait partie de certains des plus beaux couchers de soleil que je n’ai jamais été amené à voir sur l’horizon. Les nuages présents seront captés des couleurs flamboyantes. Ces dernières se rapprochent au plus près du rouge vif puis du violet, avec le soleil se rapprochant du niveau de la mer puis disparaissant totalement à l’horizon. Le spectacle sera à admirer à 360°, avec un arc-en-ciel sublime, présent au-dessus des terres. Beaucoup de pensées s’envoleront alors vers des proches et des personnes qui ont comptées dans ma vie et qui auraient aimé, je suis sûr, partager ces moments. Nous plongerons durant le séjour à «Oyster Stacks», ainsi qu’à «Turquoise Bay». Cette dernière n’est pas seulement splendide d’un point de vue sous-marin. Ces plages et ces eaux sont d’une beauté sans nom. Il faut s’y rendre, pour ne pas croire que ces endroits n’existent que dans l’imaginaire de films de science-fiction.
 
 
 
 
 
Après avoir exploré le Nord de ce parc marin de Ningaloo, nous nous rendrons à quelques 200 kilomètres de là, pour y découvrir le sud. De nombreuses autres surprises nous attendent à Coral Bay. Petite bourgade au milieu du désert, cette ville ne doit son existence qu’à l’afflux de touristes venus découvrir ce petit paradis sur terre. Les plages y sont sublimes, les couleurs de l’eau incroyables, et encore une fois l’activité sous-marine va être au rendez-vous.
 
Une fois n’est pas coutume, nous choisirons le confort d’un camping. Ce fut un peu par obligation de mon point de vue, car le camping sauvage est ici interdit. Ce ne fut pas vraiment l’idée de Gabor qui fut vraiment heureux de retrouver un peu de confort (douche chaude, frigo, connexion internet et téléphonique possibles….)! Une fois encore, avec Gabor, nous ne venons pas des mêmes origines, nous n’avons pas les mêmes besoins en voyage ou dans la vie de tous les jours. Pourtant lors de ce voyage, grâce à de petits compromis, nous trouverons un équilibre nous permettant à tous de passer un agréable séjour, de passer du temps ensemble, de beaucoup échanger mais aussi parfois de prendre du temps pour soi.
 
J’aime l’histoire de Gabor. Venu en Australie, il y a trois ans avec son frère, il est revenu y vivre, voici maintenant un an et demi. Il est technicien dentaire. Il travaille avec un cabinet de dentistes à Sydney. Au cours de notre voyage ensemble, et après un entretien à Perth, il décidera d’y passer les derniers mois de son séjour à venir, dans un nouveau cabinet. Le but étant de pouvoir sûrement mieux exprimer son talent et ces qualités de reproduction de dents, pour créer l’harmonie souhaitée dans la bouche du patient traité. Puis il repartira en Allemagne, si ces plans ne se sont pas modifiés d’ici là, pour essayer d’y construire une vie stable. En attendant, il réalise un rêve qu’il aurait dû partager. Son frère s’est suicidé peu de temps après le retour de leur premier voyage sur place. Ils avaient eu ensemble l’envie d’y revenir sur du plus long terme. Ce fut malheureusement en période de deuil qu’il dû prendre la décision ou non de revenir. C’est en partie pour honorer la mémoire de son frère et ne pas rester dans cet environnement malsain, en Allemagne, qui est revenu sur ces terres. J’ai beaucoup de respect pour lui et ce qu’il a accompli. Cela me ramène un peu à des éléments de mon passé. Peut-être, prendrais-je, un jour, le temps de revenir sur ces événements pour vous les faire partager ?! Je suis maintenant loin de cela, sur les routes de mon rêve éveillé, en plein Vol Libre. Même si tout est lié, chaque événement ayant une incidence sur le suivant, je vis le jour présent au maximum. Carpe Diem est le maître mot.
 
D’ailleurs c’est dans les eaux du parc marin de Ningaloo que je vais trouver mon bonheur à Coral Bay. Parti seul dès l’aube, je vais d’abord découvrir des champs gigantesques de coraux. Ils sont malheureusement pour la plupart mort mais leurs formes, rappelant des fleurs, des illustrations de monde imaginaire, m’envouteront. La ballade, pendant de longues minutes, suivant à la trace plusieurs raies restera un bon souvenir. Mais le point d’orgue de ces premières plongées matinales restera la rencontre avec ce requin. Sa forme énorme se dessinera dans les fonds-marins. Il se trouve à environ cinq mètres de profondeur. Il est paisiblement posé sur le sol à la base des coraux. Je m’approcherais avec précaution à seulement quelques centimètres de son corps. Il mesure plus de 3 mètres de long. Je replongerais à plusieurs reprises. Je garderais toujours un œil vigilant sur lui, quand je reprendrais de l’air à la surface, grâce à mon tuba. Quand je replongerais pour la troisième, il réagira soudainement. Mon cœur s’emballera instantanément. Je ne percevrais cependant aucune agressivité. Je serais seulement en mesure de le voir s’éloigner gracieusement grâce à un mouvement oscillant, typique des requins. Je viens une nouvelle fois de réaliser un rêve. Le point positif, c’est que la liste est encore longue, infini… Et des rêves réalisés ne signifient pas que la magie est cassée, et que le mythe, à mes yeux, ne leur survivra pas. L’attraction est telle que je revivrais avec autant d’intensité l’instant que je viens de vivre quand cela se reproduira de nouveau.
 
Je rejoindrais un peu plus tard les autres au camping. Ils viennent seulement d’émerger d’un profond sommeil. Nous prendrons le petit-déjeuner ensemble, puis nous retournerons sur le rivage de cet océan sublime. Ils voudront simplement profiter de la plage et d’un peu de plongée avec masque et tuba. J’ai entendu pour ma part parler d’un autre point d’intérêt un peu plus loin. Je m’y rendrais en logeant la plage vers le Nord pendant plus d’une demi-heure. Arrivant à «Skeleton Bay», je ne pourrais que vérifier les dires, du peu de touristes, au courant de ce lieu très spécial. Dans des eaux peu profondes, je suis tout d’abord entouré de raies pastenagues. Je m’avancerais prudemment pour être sûr de ne pas marcher malencontreusement sur l’une d’entre-elles. Je réussirais sans trop de mal l’exercice, aidé par les raies, fuyant à mon approche. Elles s’éloignent à toute vitesse, telles des torpilles élancées sous l’eau avant de ralentir leur course quelques mètres plus loin. Cela formera comme un feu d’artifice sous-marin, avec des explosions provenant de tous les côtés.
 
Continuant mon chemin, j’aurais l’occasion de m’amuser avec un bébé raie Manta, qui se trouvait à quelques centimètres du rivage. M’avançant dans l’eau, celui-ci effectuera tout d’abord des cercles complets autour de moi, avant de prendre le large. Finalement j’avance encore un peu plus vers le Nord pour atteindre le lieu décrit précédemment par les personnes rencontrées. A quelques mètres du rivage, des dizaines d’ailerons, plus d’une trentaine, zigzaguent dans tous les sens. Il s’agit des ailerons des petits requins de coraux à pointe noire et à pointe blanche. Je resterais, tout d’abord, sur la plage. Puis je franchirais tout de même le pas quelques minutes plus tard. Les requins tournoieront autour de moi. J’essaierais tout de même de garder de l’espace vierge de requins, entre moi et la plage. Quand certains fonceront droit sur moi, je bâterais retraite, les effrayant, bien souvent, avant que j’aie à regagner le bord. Seul face à la nature, j’ai encore l’impression de rêver. Seules les vidéos prisent avec ma caméra Gopro me permettront à jamais de me replonger dans ces souvenirs, quand ils se seront, petit à petit, effacés au cours des années. D’ailleurs la distraction engendrée par cette dernière m’aura parfois valu une montée d’adrénaline puissante. Ce fut le cas quand un requin, que je n’avais pas en visu, se sera retrouvé à quelques coups de nageoires de mes jambes… Je rejoindrais ensuite les autres toujours affalés sur la plage, plongés dans leur lecture et l’obtention d’un teint plus mat.  
 
Nous reprendrons la route dans la soirée, sur la route «North West Coastal Highway». Nous descendons toujours plus au Sud. Nous continuons de découvrir les richesses de cette région de l’ouest australien; les beautés des paysages, les routes désertes et leurs longues lignes droites. Nous passerons, dans le sens opposé de celui franchi lors mon trip en solo, le Tropique du Capricorne. Alexandra et Gabor ne connaissaient pas la signification de ce dernier et sa représentation. Je leur donnerais les explications lors de notre arrêt, au niveau du panneau qui le signale. Certaines portions de la route goudronnée, semblant des plus normales en première apparence, sont marquées comme des potentiels aéroports d’urgence. Nous croiserons aussi de nombreux et gigantesques camions, qui transportent parfois des maisons préfabriquées entières ou de gros engins de travaux. Ces derniers sont destinés pour l’industrie principale dans le pays; l’industrie minière. La densité des mines est importante dans cet état. Elles génèrent des mannes d’argents miranbolesques qui maintiennent l’économie du pays à flot. Les australiens ne s’en rendent pas compte, mais si actuellement, ils ont un des meilleurs niveaux de vie dans le monde, c’est grâce à ces revenus démentiels de sources naturelles qu’ils exploitent. Elles ne sont malheureusement pas, pour eux, inépuisables.
 
Nous traverserons de nouveau des paysages désertiques infiniment grands. Ils sont toujours un peu différents de leurs prédécesseurs, que nous avons pu admirer sur la route, et de ceux à venir. Nous faisons de multiples arrêts sur la route pour y admirer les paysages, s’imprégner simplement de l’atmosphère, y sentir la chaleur, ressentir le vent, et ouvrir nos oreilles, en grand, à l’affut du moindre bruit, qui viendra rompre le silence envahissant dans ces lieux. Après avoir effectué de nouveau plusieurs centaines de kilomètres nous prendrons la direction de «Shark Bay». Inscrit au patrimoine mondiale de l’UNESCO, cet ensemble contient plus de 1500 kilomètres de côtes, dispatchées entre deux péninsules s’élançant en pleine mer et de nombreuses îles. C’est un des habitats marins et biologiques les plus riches de la région. Sa beauté naturelle mixte des eaux bleues turquoise, des plages de sable blanc ou de coquillages, et des falaises rouges flamboyantes accueillant, avec parcimonie, des petits arbustes esseulés.
 
 
Nous nous arrêterons au début de la péninsule que nous allons explorer, pour y découvrir un endroit exceptionnel. Il s’agit de «Hamelin Pool», réserve marine, contenant les plus fameuses colonies de Stromatolithes au monde. Dans ces lieux, nous nous plongeons dans des temps immémoriaux, bien avant l’arrivée de l’être humain. C’était lors des débuts de la vie sur la planète terre. Pendant plusieurs Milliards d’années, ces microbes; cyanobactéries unicellulaires, furent les seuls organismes vivants, la seule forme de vie. En consumant le dioxyde de carbone, et en relâchant l’oxygène, ils ont fortement contribué à la création de l’atmosphère terrestre et donc à l’apparition, et à l’émergence d’autres formes de vie sur terre, tels que les plantes et les animaux. Un ponton a été installé sur place pour pouvoir les admirer, les surplomber, et surtout éviter de détruire ces organismes extrêmement fragiles. Il est intéressant d’observer les bulles formées par ces derniers en libérant l’oxygène. Ils ont aussi une forme, en raison de l’amas de milliers d’organismes entre-eux, très ressemblante à celle d’une pierre spongieuse.
 
Je continue de vivre ce projet un maximum dans le moment présent. Mais la nature, en Australie, me ramène toujours, tôt ou tard, à un passé lointain où existait déjà ces terres. Des temps où l’être humain n’était pas encore dans les plans de fabrication de l’écosystème pour son projet de peuplement, par la faune, de ces espaces terrestres vierges.
 
Après avoir profité des lieux, nous reprendrons la route pour nous rapprocher de la destination, où nous souhaitons nous rendre le lendemain. Après avoir profité d’une plage constituée simplement, et presque seulement, de millions de coquillages blancs, après avoir admirer certains endroits où la biodiversité est abondante, nous trouverons un lieu en pleine nature pour installer notre campement. Nous serons seulement à dix mètres de la mer, protégés par une dune de sable. Personne en visu, personnes à part nous à plusieurs dizaines de kilomètre à vol d’oiseau. Comme ce fut le cas les jours précédents, Gabor et moi-même monteront nos tentes respectives. Alexandra continuera de dormir dans sa voiture. Le dîner préparait et dégustait, nous regagnerons rapidement nos lits respectifs.
 
 
Nous avons mis le réveil assez tôt, en ce mercredi 12 décembre. Je n’aurais pas, comme à mon habitude, deux heures à vaquer à des occupations en solo (promenade, lecture, utilisation de mon ordinateur) avant que mes deux compagnons se réveillent. Nous ne voulons, en effet, pas manquer, le spectacle, à heure fixe, qui a lieu tous les jours à Monkey Mia. Petit-déjeuner pris, tentes rangées, nous reprenons la route en direction du lieu-dit. Cet endroit est un lieu touristique incontournable prévu lors d’un voyage sur la côte ouest australienne. Cela va se ressentir énormément sur l’atmosphère véhiculée autour de cet événement. Après avoir payé le droit d’entrée, nous nous dirigeons sur la plage où nous devrions pouvoir admirer ce cétacé qui fait rêver une majorité des personnes, petits ou grands. Sur le ponton menant à la plage, une marée humaine est agglutinée. Je n’ai jamais encore vu une telle concentration de touristes en Australie, exception faite du lever de soleil à Uluru. Il va être pourtant, pour moi, très simple de faire attraction de cette foule lorsque le moment tant attendu arrivera.
 
Un premier montre tout d’abord sa nageoire dorsale, puis le bout de son nez. Il s’agit de Nicky, une femelle, la plus célèbre des dauphins du groupe et celle qui a la longévité la plus importante à Monkey Mia. Elle est accompagnée d’un nouveau-né de quelques semaines, le deuxième qu’elle a réussi à garder en vie. Puis le reste du groupe arrivera au compte-goutte. Parmi eux, il y aura la présence d’une autre mère avec son enfant.
 
Je reste comme un enfant devant ce spectacle. Le fait d’avoir déjà été en présence de ces animaux ne change en rien à la magie. Les dauphins sont des animaux très beaux et qui possèdent un contact avec l’être humain très agréable, amical. Ces dauphins sauvages viennent librement pour interagir avec nous sur ces plages. Cela fait plus de 40 ans que ce groupe de dauphins vient quotidiennement sur ces rivages. La relation a été néanmoins établie et entretenue grâce à l’appât de la nourriture. Des volontaires nourrissent 6 d’entre-eux, toujours les mêmes. Le but est de ne pas les rendre dépendant à la nourriture donnée. C’est pourquoi, cela ne représente que moins de un cinquième de leur besoin quotidien. Il est interdit pour les spectateurs de venir caresser les dauphins ou de se baigner avec eux. C’est spécifiquement le cas dans la configuration actuelle où deux nouveaux nés sont présents dans leur rang. Après dix minutes, il est aussi indispensable pour les dauphins de reprendre le large, et surtout pour les mères d’allaiter leurs petits (pendant les premiers mois, une mère allaite son petit environ toutes les dix minutes pendant une bonne partie de la journée). Les dauphins prennent un réel plaisir à jouer avec les humains. «Des sourires» sur leur visage me confirmeront ces allégations. Ils reviendront deux nouvelles fois dans la matinée. Le nombre de touristes, décroissant à chaque fois, me permettra de l’apprécier toujours un peu plus. Je serais même désigner la troisième fois pour donner un poisson à l’un de ces dauphins. Je garde ce nouveau souvenir à jamais gravé dans ma mémoire. Je renouvellerais l’expérience une nouvelle fois, dès que possible. J’ai eu la chance de côtoyer de nombreux dauphins, la première fois en France, puis au Brésil, à Cuba, au Sri Lanka, au Cambodge, en Thaïlande, en Papouasie Nouvelle-Guinée… Chaque souvenir, chacune de mes rencontres avec eux, reste et restera à jamais mémorable, unique et toujours aussi intense. Je ne pourrais pas en retenir un en particulier. Même si la fois où je me suis fait transporté, à Cuba, sur le museau de deux d’entre-eux restera sans aucune commune mesure. C’est des souvenirs pleins la tête et un sourire d’enfant gâté, aux lèvres, que je quitte Monkey Mia avec les autres en fin de journée. Entre-temps, nous aurons appréciés les joies de la plage, d’une eau bleue turquoise et des beaux paysages de terres rougeâtres.
 
 
Le road trip est toujours une source de nouvelles expériences et de surprises… La nature nous en réservera encore quelques belles sur la route quand nous continuerons toujours plus au Sud. Nous pourrons admirer une famille d’Emus qui se promènent alors sur le bord de la route. Nous nous arrêterons à la « Shell Beach» couverte de millions, voire de milliards, de coquillages blancs uniformes… Nous trouverons un endroit sur la plage, à 10 mètre de l’eau, quelques heures plus tard, pour y planter le campement et y passer la nuit.
 
Nous continuons notre descente de cette magnifique et sauvage côte ouest australienne. Ce voyage est un vrai hymne à la nature. Nous avons la chance, jour après jour, de découvrir de nouvelles merveilles. Les environs de Kalbarri et ces parcs nationaux ne feront que confirmer cette tendance; toujours différents mais toujours aussi spectaculaires. L’intérieur des terres est ici constitué de gorges spectaculaires. La végétation y est abondante et de nombreux animaux y trouvent un habitat parfait. La roche a créée des arches naturelles et des fenêtres qui donnent un cachet particulier aux endroits visités. Les points de vue sont tous plus spectaculaires les uns que les autres. Et les bords de mer ne seront pas en reste avec de magnifiques falaises et des plages de sable blanc désertiques, permettant à chacun de se baigner dans une eau d’une couleur limpide toujours aussi sublime. Nous nous n’attarderons pas longuement à cet endroit. Nous décidons de continuer notre route après une simple journée de visite. En chemin, nous effectuerons un détour pour observer un étrange phénomène dû à la composition minérale des roches constituant le sol. Un lac revêt un reflet rose prononcé, créant un effet visuel peu commun et que je n’avais jamais pu observer auparavant. Encore des surprises et de l’étonnement sur les routes en raison d’une nature qui possède des richesses infinies.
 
 
 
Nous tracerons notre route. Les kilomètres défilent. Nous nous n’attarderons pas vraiment à Geraldton, petite ville, capitale du centre-ouest. Nous ferons quelques arrêts, en bord mer, dans des petites criques pour faire une promenade, ou sur une plage pour pique-niquer et profiter autant que possible des cadres paradisiaques proposés. Nous avons trouvés notre rythme avec Alexandra et Gabor. Ce dernier semble convenir à tout le monde. Chacun s’y retrouve et réalise ce qui avait souhaité entreprendre avant de commencer ce voyage. Bientôt plus de 3500 kilomètres vécus à trois sur les routes.
 
 
Nous arrivons à une des dernières étapes de cette nouvelle partie de périple. Sur le lac Thetis, nous serons en mesure de voir une nouvelle fois des stromatolithes dans un cadre bucolique. Mais le meilleur reste à venir. Je vais, encore une fois, en perdre mon latin. Je n’ai plus assez de superlatif, vocabulairement parlant, dans la bannette de ma langue maternelle, pour réussir à vous exprimer mes sentiments et mes ressentis. Dans le parc national de Nambung, les paysages semblent sortis d’un film de science-fiction. Ces paysages lunaires, à la couleur dorée, sont constitués de milliers de piliers de roche calcaire disséminés un peu partout. Ces derniers pouvant atteindre plus de 5 mètres de hauteur. Le «Pinnacles Desert» est le résultat de millions d’années d’érosion. Une des explications les plus vraisemblables, toujours controversé par d’autres théories, serait que des coquillages, prisonniers dans un sol riche en calcaire, aurait modifié la composition du sol. Au fil du temps, en raison de pluies acides, l’érosion aurait rongée les collines calcaires, sans pouvoir détériorer certaines parties de ce sol, chimiquement modifié par des coquillages. D’autres explications impliqueraient aussi des modifications de la roche en raison de plantes et de leurs racines. Le mystère reste entier et cela n’enlève, à mes yeux, aucun charme à l’endroit visité, bien au contraire. Après l’avoir visité et parcouru toute l’après-midi, nous déciderons d’y rester pour pouvoir y admirer le coucher de soleil! Ce sera quasiment en solitaire que nous vivrons un nouvel instant magique en pleine nature.
 
 
Tout est parfait dans le meilleur du monde. Je continue de flotter tranquillement sur mon petit nuage. Pourtant lors de ce coucher de soleil, une douleur au poignet droit vient rompre cet équilibre. La douleur n’est pas insoutenable mais elle va augmenter graduellement au cours de la nuit. Je ne dis rien à mes compagnons de voyage, décidant d’attendre pour voir ce qu’il va se passer. Je ne me vais pas vraiment de sang noir car je n’ai aucun autre symptôme qui pourrait indiquer un empoissonnement. Pas de signe de fièvre, pas de nausée ou de de vertiges. Tout semble aller pour le mieux malgré ce poignet qui me dérange beaucoup. Je n’ai pas forcément envie de retourner chez le docteur, ou à l’hôpital. Une fois pendant ce séjour en Australie, fut plus que suffisant pour moi. Je suivrais l’évolution de cet abcès de très près et je prendrais les décisions qui s’imposent le moment venu…
 
Repartant le lendemain de ce désert féérique, nous filons, directement 250 kilomètres au Sud, dans une des plus grandes villes d’Australie, la capitale de l’ouest australien; Perth. Si quelque chose devait arriver, je pourrais directement me rendre auprès de services compétents, qui me prendraient en charge et m’aideraient à soigner ce nouvel abcès qui forme maintenant une boule rouge de plus de deux centimètres de diamètre.
 
Perth est une bonne transition, une continuité dans la découverte de l’ouest australien et déjà un premier pas dans la partie Sud de ce pays. Je ne sais pas encore avec qui, et comment, je vais continuer mon voyage. Aucune idée encore de ce que me réserve dame nature pour les jours à venir et à quelle sauce, elle va me dévorer. Les fêtes de fin d’années approchent à grand pas. Je ne sais pas pourquoi, je pense que je vais être alors gâté d’une façon très particulière. Le fait de passer Noël et le jour de l’An au soleil, en pleine été, ne sera pas le seul paramètre exotique…