mercredi 13 août 2014

Ghana, pays anglophone en mode Afrique occidentale!

La transition entre le Togo et le Ghana se passe tout en douceur. Après avoir marché jusqu’au poste frontière, j’obtiens aisément le tampon de sortie du Togo. Après avoir rempli quelques papiers, être passé devant 2 officiels ghanéens, mon entrée sur leur territoire est autorisé, mon passeport tamponné! Une fois encore, un contrôle sanitaire est en place à ce poste frontière. Il me suffit de leur montrer mon carnet de vaccination internationale à jour, principalement avec le vaccin contre la fièvre jaune toujours valide, pour qu’ils considèrent que j’ai «pattes blanches» et que je peux donc commencer la découverte du Ghana.

Il est dit que le Ghana offre mille et un visages, une palette de sensations, d'odeurs, de couleurs ; des découvertes visuelles, gustatives, humaines… Pourtant contrairement à d’autres pays, mes attentes ne sont pas élevées. Qui plus est, je viens dans ce pays seulement pour une dizaine de jours (ce qui est très peu, concernant mon point de vue, afin de me faire une bonne idée de la vie sur place des habitants, de la culture, du mode de vie des personnes et des beautés naturelles) et j’arrive alors que la saison des pluies a déjà commencée. Mon envie était de découvrir un pays anglophone en Afrique de l’ouest et d’effectuer une transition en douceur vers l’est de ce continent. Beaucoup de personne m’ont dit aussi que le Ghana est beaucoup plus développé que ces voisins francophones. Je veux donc développer ma propre idée sur cet état de fait, ou non. Ce pays est doté d'une forte identité culturelle. Il est le berceau du panafricanisme. Le Ghana fut le premier pays africain à obtenir son indépendance, montrant ainsi à ses voisins la voie de la décolonisation. L'étoile noire au centre du drapeau ghanéen renvoie directement à Marcus Garvey, à son combat pour l'émancipation de l'homme noir. Quoi qu’il en soit, ne rien attendre de spécial et ne pas avoir d’idées précises sur mon itinéraire, va me permettre d’être agréablement surpris. 
Je sais tout de même que je veux commencer par découvrir «la côte de l’Or», bordant l’océan Atlantique au sud du pays. Pour se faire, je dois obligatoirement passer par la capitale; Accra! Je sais qu’il n’existe pas de ligne de bus reliant la capitale, seulement des taxis et minibus collectif. Arrivant au même moment au poste frontière que deux dames, je leur demande où et comment elles comptent se rendre à leur prochaine destination. Comme moi, elles se rendent à Accra. Elles me disent qu’une voiture les attend déjà, qu’elles doivent demander au conducteur mais qu’il est envisageable que je fasse le trajet avec elles. Je ne comprends pas immédiatement qu’il s’agit d’une voiture privée et que le conducteur est un de leur ami. Il accepte sans sourcilier que je me joigne à eux. Après avoir mis mon bagage dans le coffre, je bénéficie d’un grand confort et de compagnons de voyage très sympas, avec qui nous allons beaucoup échanger. Les deux femmes sont originaires du Togo et l’homme du Ghana. Mais ils ont tous vécus de nombreuses années en Europe. Je trouve toujours passionnant de découvrir que chaque personne a un chemin de vie bien particulier. Parfois pourtant, les différents chemins de vie et destinés de personnes se croisent pour plus ou moins longtemps dans un contexte particulier. Les expériences et les choix d’individu, qui pourraient me sembler saugrenu dans un premier temps, sont en faites une autre vision de la vie, dans le but de réaliser des projets diamétralement opposés, ou parfois assez proches dans leur finalité. En attendant, sur la route, nous allons être confrontés à un problème bien réel; la corruption. Elle complique le développement de beaucoup de pays africains. Elle creuse chaque jour un peu plus l’écart, ou plutôt un trou béant dans leur cas, des revenus et ressources à la disposition des différentes classes de ces sociétés! Nous allons devoir nous arrêter à de nombreux postes de police fixes ou temporaires. Le contrôle des papiers est quasi-systématique. Régulièrement, le conducteur doit aussi laisser quelques billets à la personne représentant les forces de l’ordre. Je peux voir aussi des commerçants ou agriculteurs, transportant des denrées, laissés quelques-uns de leur produit! Les sommes engagées ne sont pas très importantes mais c’est l’intention qui compte et ces faits sont beaucoup trop fréquents! Cela prouve encore une fois que ce fléau existe à toutes les échelles de la société. Ici, il est difficile d’y échapper quand tu veux vivre une vie simple, sans complication administrative ou judiciaire, même quand tu es dans ton «bon droit»!

Il existe toujours certains aspects négatifs dans chaque société! Mais un jeune ghanéen va m’aider à très vite occulter ces derniers. Il s’appelle Peter, je le rencontre à l’arrêt de «tro-tro» (minibus local), dans la banlieue d’Accra, où viennent de me déposer mes compagnons de voyage. Il part dans la même direction que moi. Nous allons prendre un premier minibus, puis marcher, et finalement prendre un deuxième transport en commun. Nos chemins auraient alors dus se séparer. Il veut pourtant continuer à m’aider et il veut être sûr que je ne sois pas confronté à quelques difficultés que ce soit. Il m’accompagne donc à un distributeur de billets puis à la station de bus pour partir en direction de Takoradi, à l’ouest. Tout cela était totalement désintéressé, simplement de la bonté.  J’ai le sourire, surtout que les ghanéen dans le minibus sont aussi sympathiques. Le trajet est seulement d’un peu plus de 200 kilomètres mais il va durer plus de 5 heures.

A mi-chemin, des pluies torrentielles s’abattent sur nous. Cela ne fait que confirmer mes inquiétudes concernant le temps et les possibilités de profiter en extérieur. Certaines personnes me disent que les dernières semaines ont été effroyables dans cette région. Je peux le constater alors que nous traversons des villages inondés le long de la côté! C’est impressionnant de voir la différence de climat à seulement quelques centaines de kilomètres entre Lomé et la région que je traverse. Le massif montagneux, à la frontière, joue un rôle clé.

J’arrive à Takoradi  alors que la pluie a cessé. Il fait nuit noire, les rues ne sont pas éclairées. Peu de personnes connaissent un lieu où je peux dormir. Finalement, à un coin de rue, dans une petite échoppe éclairée à la bougie, un homme va m’aider. Il confie à sa fille la tâche de me conduire dans un hôtel proche. Ce dernier a une façade un peu défraîchie, la cour ouverte menant aux chambres est assez sale. Mais la chambre qui me propose et correcte. La literie bien assez confortable. Je pose mon sac-à-dos, m’enregistre au comptoir à l’entrée, paie pour la nuit, et m’aventure de nouveau dans les rues sombres de cette ville déjà un peu fantomatique en ce début de soirée. Je n’ai pour ainsi dire pas mangé de la journée. Je suis donc à la recherche d’aliments qui pourraient satisfaire ma faim qui vient d’augmenter exponentiellement. Sur une place circulaire, renfermant un marché, je trouve quelques vendeurs encore présents sur les trottoirs, vendant fruits, pain et autres denrées qui feront parfaitement l’affaire pour mon dîner.

Le lendemain au réveil, je décide de partir découvrir les quelques endroits intéressants et touristiques de la région. L’anglais, langue officielle, est couramment parlé par la population. On recense néanmoins près de 40 langues et plus de 90 dialectes locaux, encore couramment parlé dans le quotidien des ghanéens.  Parmi ces dialectes, j’ai déjà entendu parler Ewe et mossi. Je suis capable de dire quelques mots dont les formules de politesse. Certains locaux, quand je commence à m’introduire dans leur langue locale sont heureux de m’aider pour trouver mon chemin, échanger en anglais, ou même m’apprendre quelques nouveaux mots. Cette fois-ci, à la station de bus, je ne vais pas attendre très longtemps. Le minibus est loin d’être rempli mais le chauffeur décide de partir tout de même. Je comprends très vite pourquoi. Le long de la route, il va s’arrêter continuellement pour ramasser de nouveaux passagers. Je pars un peu plus vers l’ouest, toujours en longeant la côte. Après un changement de véhicules, je finis le trajet le trajet en voiture, qui est aussi un taxi collectif.
Me voici, en bord de mer, dans la ville de Dixcove. Les forts érigés dès le XVe siècle par les colonisateurs européens successifs bordent la côte ghanéenne. Dixcove possède l’un d’entre-eux. Il protège la baie, lieu où accostaient des bateaux européens afin de permettre l’échange avec leur colonie. Le pillage de leur ressource a fonctionné pendant des décennies, en échange de diverses denrées, dont la poudre à canon. Perché sur une colline, le fort est visible depuis toute la ville. Avant de m’y rendre, je me retrouve dans la baie qui est devenu un vrai port de pêche. Les embarcations en bois se comptent par dizaines, voire sûrement une bonne centaine. Les pêcheurs revenus de leur pêche nocturne vendent au plus offrant. Cela se déroule sur un rivage totalement pollué, visuellement parlant mais probablement chimiquement aussi, car recouvert de plastiques et autres matériaux loin d’être biodégradable. Cela me désole toujours de voir cette pollution présente dans la majorité des pays en voie de développement. Pourtant, cela ne semble aucunement déranger les locaux. Ils n’ont pas conscience de l’impact écologique de leur geste et du côté néfaste qui perdura pendant des années, même quand les bonnes dispositions et directives auront été mises en place dans leur pays. Beaucoup de pêcheurs s’occupent de leurs filets, en les nettoyants des algues qui se sont accrochées lors des pêches précédentes, ou en fabricant de nouveaux, à l’aide d’un cordage fin mais résistant. Pendant ce temps, d’autres jouent à des jeux de plateau avec des pions, tels que les Dames, ou aux cartes. Plusieurs vendeurs ambulants vendent des sachets d’eau, des fruits, ou autres biscuits. 

Après avoir échangé avec quelques locaux, avoir ressenti l’atmosphère de ce centre névralgique de la ville, je me dirige vers l’ancien fort, dans un état de conservation très correct, après une restauration importante, ayant eu lieu quelques années auparavant. Ce fort est de taille assez modeste, si je le compare par exemple au château-fort d’Angers. Mais il possède un charme certains avec ces murs blancs et la vue imprenable sur la mer, la baie, et les terres alentours. Les canons, positionnés de toute part, m’aident à comprendre la situation à l’époque. Les colons devaient non seulement protéger les côtes  d’une possible invasion, mais ils se protégeaient aussi de la population locale qui pouvait réagir à n’importe quel moment. Je reste quelques moments sur ces remparts, pour contempler la vue, seul, et me faire une idée, en utilisant mes connaissances et mon imagination, de la vie de ces occupants dans un passé révolu. 
Je repars ensuite un peu vers l’est, à pied, pour me rendre dans un autre village. Les premières interactions avec les locaux sont intéressantes. Je vois des jeunes enfants se laver dans la rivière, je salue les personnes marchant dans l’autre sens, je discute avec certains, intrigués de me voir seul dans les environs. Puis je vais être attiré par des chants, accompagnés d’instruments de musique, provenant d’une petite construction, près d’une église. Nous sommes dimanche matin, à l’heure des cérémonies religieuses. Les catholiques célèbrent la messe, tandis que d’autres personnes sont pratiquantes dans une nouvelle église, prônant des valeurs un peu différentes. Je ne vais pas adhérer à certaines idées développées lors du discours du prêtre, mais je trouve l’atmosphère très vivante, avec de nombreux chants, des percussions et certaines personnes qui dansent. Immédiatement, je suis invité à me joindre à eux. Je vais rester de longues minutes à les observer, participer à cette cérémonie. Voyant qu’elle s’éternise, je vais finalement prendre la poudre d’escampette et continuer ma route quelques kilomètres plus loin. Mais une fois encore, je me rends compte de l’importance des religions dans la vie de nombreux africains. Cela engendre bien sûr de nombreuses distorsions. 

Dans notre monde capitalisme où l’argent est roi, je suis convaincu que toutes ces nouvelles églises, poussant comme des champignons,  essaient peut-être d’inculqué de nouvelles valeurs ou règles, mais surtout, de mon point de vue, de soutirer le plus d’argent possible à des populations en attente de changements radicaux pacifistes. Encore une fois, il est incroyable de voir comment des religions ont pris le pas sur des anciennes croyances pourtant encore fortement ancrées dans les mœurs des habitants de ces pays. Il faut se rappeler que ces dernières, comme le catholicisme, ont été importés lors de l’évangélisation massive des pays découverts ou colonisées, par les occidentaux, il y a quelques centaines d’années.  Il est cependant très beau de constater la foi forte de nombreuses personnes, qui vivent pleinement leur pratique religieuse, dans le partage, avec un grand respect. Pour beaucoup la pratique religieuse est aussi un instant fort de leur semaine, un moment où tous les espoirs sont permis, où les individualités d’une société ne font plus qu’un autour d’un but louable. 
Après quelques minutes de marche, j’arrive à Bossua, considéré comme une des «stations balnéaires» du pays. La plage est quasi-inexistante et la mer vient régulièrement ronger la côte ou les constructions en bord de mer. Je ne retrouve pas les belles couleurs de l’eau que j’avais pu voir au Togo ou au Bénin. La mer est agitée et brasse des tonnes de sable. Dès mon arrivée, je fais la rencontre d’Abou. Il est nigérien, parle donc français. Il s’est installé dans ce petit coin de paradis, voilà déjà deux ans. Il vend des souvenirs, fais des massages et autres services pour les volontaires ou touristes. Cela fait très longtemps que je ne me suis pas retrouvé dans un endroit, où je ne suis pas le seul blanc parmi les locaux. Ici des jeunes américains, anglais, australiens, allemands viennent passer plusieurs semaines ou mois, travaillant dans les environs, ou venant se reposer après des missions dans l’intérieur du pays. Quoi qu’il en soit, Abou est très sympathique. Nous commençons à discuter de nombreux sujets, les pieds dans l’eau. Il va partager avec moi le déjeuner qu’il vient d’acheter. Encore une fois j’aime la générosité des individus de ces pays. Le partage est une valeur forte, encore massivement mise en pratique. Le temps s’écoule rapidement à ces côtés, alors que d’autres personnes, très différentes, vont nous rejoindre. Elles apportent des petits plus aux échanges. Je décide après un certains temps de partir à la découverte des environs. Je longe la plage, monte sur les hauteurs d’une colline, pour y découvrir la vue. J’en profite par la même occasion pour découvrir la forêt bordant le littoral, les plantations des fermiers locaux, et de nombreux papillons qui volent ici et là. Je passe un très bon moment. Si j’avais su que c’était comme cela sur place, je serais sûrement venu avec toutes mes affaires pour y passer au moins une nuit. Ayant conservé ma chambre dans l’hôtel à Takoradi, je dois rejoindre la ville pour y dormir. Je vais prolonger un peu le temps sur place, dire au revoir à Abbou, puis regagner la ville. 
Je passe une soirée tranquille à discuter avec des locaux, trier les photos et rédiger quelques pages de mon blog, travail qui me demande beaucoup de temps, d’énergie mais aussi d’utilisation de ma mémoire, surtout quand j’écris plusieurs semaines ou mois après les événements réels. J’aime néanmoins cet exercice que je n’ai fait pas par obligation mais par plaisir, pour partager avec vous, et pour garder personnellement des souvenirs forts. Quand j’écris, je me replonge dans des moments de vie intenses. Les photos me permettent et me permettront instantanément de visualiser et me rappeler les endroits, où je me trouvais. Une seule d’entre-elle me permettra de me remémorer le moment vécu. Tandis que les textes sont pour moi un outil différents, permettant de retranscrire ce qui n’est pas possible de figer sur images, comme mes impressions, mes ressentis, ou les moments où je n’avais pas mon appareil photo en main.

D’ailleurs c’est le cas quand je pars à la recherche d’un petit restaurant local pour dîner. Même si j’ai mon appareil photo dans mon petit sac-à-dos quotidien, je ne le sors pas obligatoirement. J’aimerais parfois une caméra intégrée à mes yeux pour prendre des «clichés volés», surtout pour photographier les individus, particulièrement en ville, où ils refusent parfois catégoriquement. Mais je me mets à leur place et je comprends alors aisément. Surtout dans les lieux très touristiques où des personnes atypiques peuvent être prises en photo plusieurs dizaines de fois par jour par des inconnus… Cet endroit n’est pas touristique! Je ne croise pas une personne blanche en cette soirée, ou dans la matinée suivante où je vais me promener au hasard dans Takoradi. Comme je l’ai déjà précisé, on m’a dit que le Ghana est beaucoup plus développé que ces voisins africains. Je ne suis pourtant pas capable de capter visuellement cela en promenant dans les rues de cette ville de moyenne importance. Elle n’est, de mon point de vue, pas plus moderne que d’autres villes visiter au Togo, ou au Bénin par exemple. Elle possède un certain charme, mais les bâtiments ne sont pas entretenus, la propreté dans les rues laissent à désirer. Dès que tu sors des axes principaux de la ville, tu retrouves des chemins de terre totalement défoncés, ou tout du moins des routes non-goudronnées!

Grâce à un local, avec un certain niveau social et d’éducation, j’apprends que la région est une des plus riches du pays. Elle produit par exemple du cacao, qui est la première culture en superficie et une des plus grosses exportations. Ils ont bien entendu aussi du café, les ananas, les bananes plantains, noix de coco, cajou, manioc, riz… Le Ghana jouit d’une certaines avance sur les pays frontaliers en matière d’industrie avec l’exploitation minière, tel que l’or, le diamant, bauxite, ou aluminium. Les régions côtières Ouest et central possèdent ces industries mais elles ne profitent pas réellement des retombées économiques. Les capitaux et revenus de ces activités sont détenus par des riches propriétaires, souvent corrompus. Ils sont investis dans la capitale telle qu’Accra. Ils appartiennent parfois à des sociétés étrangères, qui ne font pas bénéficier les locaux des ressources qu’ils possèdent. Je peux comprendre parfois le mal-être que cela implique chez les ghanéens, ou autres nationalités africaines, qui ne peuvent pas se développer comme ils le voudraient en raison d’un système politique, économique, financier à l’avantage d’une minorité qui en veut toujours plus au détriment de la majorité.

C’est quoi qu’il en soit la vie de la population de masse que je découvre en parcourant les rues de cette ville, et en me rendant dans ce grand marché, fait de cabanons en bois et se trouvant au centre de cette grande place circulaire. J’aime découvrir les marchés dans chaque pays où je me rends. C’est un vrai petit cosmos, un lieu de vie coloré visuellement, auditivement, et olfactivement, qui en dit beaucoup sur le quotidien et la nourriture de la population. Une fois encore, ce dernier ne fera pas exception à la règle et je passe donc un très bon moment à flâner dans ces allées étroites. Je vais ensuite vite faire le tour de la ville pour observer ce qui s’y déroule.
Je ne souhaite pas rester plus longtemps sur place. Après avoir récupéré mon sac-à-dos, je me dirige vers la station de «Tro-tro» repartant vers l’est et la région du centre. J’avais planifié de faire un stop en route pour découvrir Elmina et son fort. Mais en raison des inondations, je vais continuer directement ma route pour atteindre la ville de Cape Coast. Cette dernière possède aussi un fort réputé. Abbou qui connait bien la région m’a donné l’adresse d’un Backpackers, avec dortoir, très bien localisé avec vue sur mer et le fort.  Le «resort Oasis» est en effet un vrai havre de paix, offrant divers prix et niveau de confort pour différents voyageurs. Le contraste est frappant entre la vie dorée avec vue sur mer, transat, repas européen dans ce lieu protégé, et la vie effréné, dans la ville, juste à la sortie de cet hôtel! Avec la vue depuis ma chambre, je pourrais presque me croire sur une île déserte, où un hôtel particulier et le fort auraient été construits. Le silence règne, le confort y est agréable, la vue imprenable. En revanche, si je me retourne, si je sors de son enceinte, je me retrouve dans une ville en perpétuel mouvement, dynamique, bondée où s’accumulent de nombreuses boutiques et un marché animé. J’apprécie vraiment pendant 3 jours le petit séjour dans ce resort. C’est un plaisir de nouveau partager du temps avec des jeunes voyageurs qui ont des centres d’intérêts plus proches des miens, si je compare avec les locaux. Les sujets de conversation sont multiples.

D’autres aspects me choquent un peu plus. Les personnes, avec qui je suis, sont prêtes à payer une fortune, si l’on compare avec les prix des repas dans les échoppes locales. Ils veulent juste manger comme chez eux ce que je ne comprends pas vraiment. Alors que je rejoins un ami australien, rencontré quelques heures auparavant, pour partager une bière, je vais faire la connaissance de 4 européennes, travaillant en tant que volontaire à Kumasi. C’est le centre névralgique dans les terres, le berceau du royaume Ashanti, qui a été très puissant, quelques centaines d’années auparavant. Mais là n’est pas la question du jour. Ils ont tous commandés des pizzas, un hamburger avec des frites, une assiette de riz avec sauce et légumes. Etant arrivé un peu plus tard et n’ayant pas vraiment faim, je n’ai rien commandé. Ils finissent par recevoir leur plat. Ils mangent un peu, mais la plupart ils ne touchent même pas plus de la moitié de leur assiette… Le gâchis aurait pu être énorme! Heureusement, une des filles va me proposer de goûter son plat. Cela va finalement me donner l’appétit. Nous finirons, avec l’australien, la quasi-intégralité des plats… Je n’aurais vraiment pas pu, surtout dans cette région du monde, voir une quantité de nourriture aussi importante être simplement jeter aux ordures… Nous passerons, quoi qu’il en soit, une bonne fin de soirée, en jouant aux cartes et discutant de choses et d’autres.
Les jours sur place défilent très vite. Je vais assister à des spectacles de musiques et d’arts martiaux proposés à l’hôtel, marché le long du bord de mer… Mon appareil photo tout neuf, que j’ai acquis à mon retour en France, commence à faire des bruits bizarres au niveau du zoom. Décidemment, je n’ai pas tant de chance que cela avec les appareils électroniques. Cela ne s’améliore pas les jours suivants. J’arrive tout de même à prendre quelques clichés en utilisant une méthode un peu bizarre. La plupart sont ratées car floues. L’appareil n’arrive plus à faire la mise au point et le bruit devient de plus en plus fort. Mon appareil est garanti un an. J’essaie donc par internet de trouver une solution. Malheureusement, il n’y a pas de service après-vente Lumix sur le continent africain. Il va donc falloir que je me débrouille autrement, en espérant trouver une solution lors de mon séjour dans la capitale Accra. Je visite tout de même le fort, passe du temps à lézarder en bord de mer, à discuter avec des voyageurs, ou à me plonger dans la folle atmosphère de Cape Coast.
Mon plan initial était de me rendre à Kumasi pour découvrir les bâtiments traditionnels du royaume Ashanti, visiter le centre culturel, les métiers traditionnels et le lac qui se trouve à quelques encablures. Mais en discutant avec différentes personnes dont Abbou et les voyageurs, je me rends compte que Kumasi est une ville énorme, moderne et ne présentant pas de vrais intérêts, si ce n’est son très grand marché. Il n’est pourtant pas si différent des autres dans le pays si ce n’est pas sa taille et sa diversité. Quant aux alentours, il y a certaines visites à faire mais assez loin et pas facile d’accès. Je me serais rendu à Kumasi, si j’avais eu le temps de voyager vers le nord du pays, qui reste très authentique. Le paysage n’a, sur place, pas souffert des affres de la construction massive des dernières années le long de la côte. Sur place, un paysage de savane s’étend à perte de vue vers son voisin sahélien, que j’ai déjà visité; le Burkina Faso. Peu importe, il faudra que je revienne si j’ai un jour envie de voir ces autres régions du pays. Le temps m’est compté pour la visite de ce pays et mon choix va être rapide.

Abbou, sachant rapidement que j’aime la nature, m’a fortement conseillé d’aller découvrir la région de la Volta. Il me dit que les paysages y sont sublimes et que je peux prendre plaisir à faire quelques activités sur place. Le lac Volta est le plus grand lac artificiel au monde. Il est dû au barrage d’Akosombo, construit à l’instigation de N’Krumah, qui a bouleversé le paysage. Les populations de villages entiers ont été déplacées, de nombreuses terres ont été englouties! Ceux sont les conséquences néfastes notables de cette édification qui a aussi permis de créer une biodiversité importante, un accès à l’eau et l’électricité pour des millions de personnes. Je n’hésite pas très longtemps et choisis de changer mon itinéraire.

Pour me rendre dans la région de la Volta, je n’ai pas d’autres choix que de repasser par Accra, avant de partir vers le Nord-est.  Je vais sans problème réussir à effectuer le trajet en une journée, en changeant de «Tro-tro» dans la capitale et n’y passant que quelques minutes. J’établis une base dans la ville de Ho. A vol d’oiseau, je suis maintenant très proche du lac Volta, mais aussi de la ville de Kpalimé au Togo, où j’ai passé un très bon séjour, voilà maintenant déjà plusieurs semaines. Je trouve une chambre pas chère dans un bâtiment, indiqué par des locaux, ne possédant aucune pancarte ou publicité promouvant la possibilité d’obtenir une chambre. Ceux sont deux jeunes frères qui tiennent les lieux. Je vais passer avec eux quelques moments sympas lors des soirées sur place.

Le lendemain de mon arrivée, je me rends en taxi collectif, une voiture, à Amedzofe. Cette dernière va mettre du temps à se remplir et trouver les 3 autres passagers, pour finalement quitter la station de «Tro-tro». Cela me donne le temps de prendre mon petit-déjeuner, en dégustant le porridge local avec des biscuits faits maison. J’attends finalement la destination désirée en milieu de matinée après plus d’une heure et demie d’une route qui va rapidement devenir montagneuse. J’attends donc ce petit village de montagne, le plus haut du pays, réputé pour ces paysages et le Mont Gemi. Après avoir payé un petit droit de visite, je vais pouvoir seul effectuer la ballade qui me mènera au sommet. Normalement, la vue sur le lac Volta est impressionnante. En ce jour, un peu nuageux, la vue est agréable mais pas aussi intéressante que lors d’un jour clair. Les nuages viendront rapidement boucher définitivement la vue pour la matinée. Je profite néanmoins des nombreux papillons et oiseaux qui virevoltent, autour de la croix, au sommet. Je redescends finalement vers le village et je me dirige vers une des plus grandes cascades de la région. Je marche plus de 30 minutes avant de l’atteindre, en passant dans des paysages de forêts assez denses. Je suis le seul touriste dans les environs. La cascade d’Ote est impressionnante. Elle se divise en deux parties distinctes de plus de 30 mètres chacun. Le chemin, qui y descend, me mène aux milieux de ces deux chutes d’eau séparé par un bassin d’eau. Je trempe mes pieds malgré la fraîcheur, prends le temps de profiter du lieu, de la magie de l’eau qui s’écoule, tombe de si haut, dans un bruit reconnaissable parmi tous. Je sais ensuite qu’il est possible de rejoindre ma prochaine destination, en marchant, plutôt que de faire un détour énorme par la route, devant presque retourner à mon point de départ. La marche est, qui plus est, très agréable, à travers ces paysages tropicaux, une verdure dense, de grands arbres et de nombreuses fleurs.  Je vais acheter de l’eau, des avocats et un ananas sur le chemin. Voilà de quoi me combler pour mon déjeuner!
Après un peu plus d’une heure trente de marche, j’attends la route qui mène à Tafi-Atome et le village de Fume. Un camion s’arrête alors à ma hauteur. Il s’agit de trois jeunes qui vendent des pacs d’eau, dans tous les magasins le long de la route. Il me propose de me déposer à l’endroit où je veux me rendre. J’atteins donc rapidement cette destination réputée pour ces singes. Ils sont sacrés dans ce village. Une cohabitation parfaite a été trouvée entre les villageois et ces habitants de la forêt environnante. Un jeune se charge de me faire découvrir ces stars de la région, vivant en total liberté dans les hauts arbres de la zone préservée. Nous avons pris avec nous des bananes. C’est l’occasion d’une expérience inédite pour moi. Les singes Mona rôdent, près du village, tels des adolescents que vous auriez libéré tôt le matin et en fin d’après-midi! Je vais très vite faire leur rencontre. Ceux sont de très beaux singes, au pelage blanc sur le torse, grisâtre dans le dos, avec des yeux marron clairs et leurs pourtours bleutés. Ils ne sont pas très farouches. L’expérience la plus incroyable consiste à tenir une banane fermement dans la main après avoir entrouvert la peau.  Les singes sautent pour attraper le bout de banane qui dépasse de ma main. D’autres vont escalader, s’installer sur mon avant-bras. Puis, avec une dextérité manuelle impressionnante, comme des enfants, ils écartent mes doigts, pour récupérer un peu plus du festin, que je leur promets. Certains vont récupérer une banane et l’éplucher, enlever la peau et manger le fruit. Nous allons rester plus de deux heures avec eux, à observer leur comportement, leur sociabilité les uns envers les autres. Je vais très vite voir comment ils actent avec nous, sans peur mais avec une réelle prudence.
Je vais échapper à une grosse averse, alors que nous venons de regagner le petit centre culturel de Tafi-Atome. Un jeune, en moto, me conduit ensuite au niveau de la route principale retournant vers Ho. Je ne tarderais pas à trouver un «Tro-Tro» venant du nord et redescendant vers Ho. Juste après mon retour en ville, puis à l’hôtel, une nouvelle averse importante s’abat sur la région. Je ne reçois encore aucune goutte. Cela me permet simplement de me rappeler que nous sommes en pleine saison des pluies et que, pour l’instant, j’ai été vraiment chanceux, que j’ai toujours pu faire les visites désirées sans me retrouver détrempé. Au contraire, j’ai même souvent eu du soleil.

Le lendemain est une nouvelle fois une belle journée. Je me rends dans la région du Mont Adaklu, puis je vais faire une ballade en pirogue sur le lac Volta. La région est splendide, je me déplace et mange avec des locaux, tout ce que j’aime pour découvrir au mieux un pays. L’anglais de la majorité des personnes rencontrées est très bon. Cela me permet de pratiquer de nouveau cette langue que j’affectionne maintenant beaucoup pour communiquer. Le soir, je regarde avec les propriétaires de l’hôtel, la cérémonie d’ouverture de la coupe du monde de football, et le premier match impliquant le Brésil, pays organisateur. C’est aussi une activité culturelle, ici, où tous les hommes sont  de grands fans de ce sport.
Il est maintenant temps pour moi de gagner la capitale où j’ai plusieurs choses à faire. Partant de bonheur le matin, j’attends la capitale en fin de matinée. C’est vraiment bien car le minibus me dépose exactement dans le quartier où je voulais me rendre. Il s’agit du quartier commercial, réunissant de nombreux magasins, marchés, vendeurs ambulants.

Mon premier objectif est de régler mon problème d’appareil photo. Je dois faire attention tout de même car il est toujours sous garantie, en France. Je le renverrais si je ne trouve pas de solutions. C’est toujours plus simple quand tu restes dans le pays d’achat ou que tu pars seulement  pour quelques jours ou semaines. Je suis dans un cas particuliers. Il me faut donc trouver une solution spéciale. Plusieurs personnes m’indiquent un réparateur, dans une petite boutique ne payant pas de mine. Pourtant il me rassure très vite sur son travail et ces capacités. Il me montre même plusieurs vidéos de travaux qu’il a fait sur des appareils similaires; des bridges. Il peut effectuer un démontage complet, jusqu’aux engrenages de l’objectif. En effet pour lui cela ne fait aucun doute, c’est le problème rencontré par mon appareil photo. J’ai toujours eu des bridges Lumix, très résistants, malheureusement cette fois-ci une pièce défectueuse ayant cédé plus vite que la normale rend mon appareil inutilisable, en l’état. Il semble pourtant très confiant dans ces capacités de réparation. Il me fait un devis. Il entame ensuite directement le travail de réparation pour être capable de me rendre mon appareil réparé, le lendemain. Je ne pourrais jamais trouver une opportunité telle que celle-ci en France. Ils sont vraiment les rois de la débrouille. Je suis alors de nouveau confiant pour récupérer mon appareil fonctionnel. Je ne paie qu’une petite somme dérisoire pour le démontage et le diagnostic définitif de la panne. Je lui paierai le prix de la réparation seulement s’il est capable de le remettre en l’état. Il doit normalement me tenir au courant par téléphone dans la soirée ou dès le début de matinée.

Je peux ensuite partir rejoindre mon Couchsurfeur qui habite de l’autre côté de la ville. Il m’a indiqué comment arriver, en transport en commun, près de l’endroit où il habite. Il ne m’avait, en revanche, pas indiqué, qu’avant une certaine heure, il serait encore sur son lieu de travail.  Je dois donc finalement le rejoindre en Taxi après avoir fait tout le trajet jusqu’à chez lui. Edem possède une stature impressionnante. Il semble pourtant être une personne simple, agréable et pacifiste. Avec son collègue, nous nous rendons au service d’électricité de la ville. Puis ce dernier nous ramène en voiture jusqu’à chez Edem, qui habite une banlieue calme de cette ville agitée. Il y habite une maison, récemment construite, avec sa sœur, divorcé et ces deux filles. Il est, quant à lui, marié. Mais sa femme, professeur, dans sa région natale, de l’embouchure de la Volta, ne vit pas avec lui. Ils ne se voient, pour l’instant, qu’environ une fois tous les 15 jours. Je vais tout de même avoir la chance de faire sa connaissance pendant le week-end, à Accra, où des obligations familiales les attendent.
En ce samedi matin, avec Edem, nous allons tout d’abord assister à un Baptême, de l’enfant d’une amie de sa femme. La cérémonie est très similaire à ce qui peut se faire en France et reste assez solennel. A la fin de la cérémonie, nous discutons un peu avec les autres invités. Nous nous voyons distribuer des boissons et une boîte avec des snacks. Nous passons un moment agréable mais un autre événement nous attend déjà dans un autre quartier de la ville. La pratique religieuse est omniprésente dans le pays. Le christianisme domine en général, tandis que l’islam est présent surtout dans le nord. Les croyances traditionnelles existent toujours mais se font beaucoup plus discrètes que chez ces voisins Togolais, Burkinabais, ou Béninois.  

En attendant, nous assistons à une messe d’un mariage chrétien. La célébration à l’église est très vivante, dansante. Un choral gospel, avec de très belles voies, et des musiciens, dont des percussionnistes, présents dans la salle, animent ce moment de bonheur pour ce jeune couple. L’officialisation de leur amour ne peut pas se faire dans une ambiance plus joyeuse. Le rythme de la musique est même parfois endiablé. Plusieurs fois, des personnes se lèvent pour chanter et danser. Au moment de la quête, c’est toute l’église qui est en mouvement et en fête. Je n’ai vu que rarement une démonstration aussi forte de la foi de personnes. Je trouve cela encore plus beau, que cela se produise pour un événement tel qu’un mariage. Cette cérémonie devrait toujours n’être que l’expression du bonheur, de la joie en raison d’un Amour fort qui est scellé, et non un cérémoniel pompeux et barbant, comme ça peut être le cas dans nos églises en France, avec des prêtres trop conservateurs. Si un jour, je devais me marier à l’église, j’aimerais vraiment avoir un mariage religieux d’un tel acabit. Je passe quoi qu’il en soit un moment très agréable et je me laisse emporter par la musique dynamique. 

A la fin de la cérémonie, je dois quitter Edem, sa femme et leur ami. Je n’ai pas reçu, de la matinée, de nouvelles du réparateur. J’arrive finalement à le joindre après maintes et maintes coups de téléphones. Je ne sais pas pourquoi mais je ne pense pas que ce soit de bonnes augures, surtout qu’il me dit de venir le rejoindre dès que possible.  Son diagnostic était le bon. Ceux sont les engrenages de l’objectif qui sont défectueux. Malheureusement, rien ne l’avait préparé à ce qu’il allait découvrir à l’intérieur. Contrairement à la plupart des appareils où ceux-ci sont dissociables de l’ensemble, ils sont, ici, incrustés et scellés avec l’objectif. Il lui est donc impossible de les changer. Il ne possède pas l’objectif de cette marque et de cette génération. De plus, ça serait une réparation chère alors qu’en France, je l’obtiendrais gratuitement grâce à la garantie «constructeur» d’un an, pièces et mains d’œuvres.  Il me montre les vidéos qu’il a prises lors du démontage, puis me rend l’appareil dans le même état que je lui ai laissé. J’aurais préféré avoir à lui payer les réparations mais ça ne sera pas le cas.  Je n’ai plus qu’une solution: renvoyer le matériel en France et acheter un nouvel appareil photo… J’ai un peu la poisse concernant le matériel électronique pendant ce voyage. J’espère que ça sera la dernière fois que je suis confronté à un tel problème.  Heureusement à Accra, contrairement à ce que je pensais, je peux trouver un choix correct pour acheter du matériel neuf ou de deuxième main mais n’ayant presque jamais fini. Même si je pourrais remettre en cause la fiabilité du matériel Lumix, que je pensais irréprochable, je vais trouver un appareil photo similaire au mien, de la même marque, seulement beaucoup moins performant. J’aime les lentilles Leica, qu’ils proposent, les options  et les réglages communs à la plupart de leurs matériels. C’est une seconde main venant d’Afrique du Sud mais il semble comme neuf. Je peux le confirmer après avoir pris mes premières photos. Le compteur m’indique que seulement 100 photos ont été prises avant que je l’utilise. Je pense donc avoir fait une bonne affaire à un prix raisonnable. 

En ce samedi après-midi, la poste est fermée. J’ai tout de même récupéré tout le matériel pour préparer l’envoie que je devrais pouvoir faire le lundi matin, à l’aéroport, avant de prendre mon vol pour la prochaine destination. Je profite de la fin d’après-midi pour visiter le marché de Makola, différents quartiers de la ville dont Usher Town avec le «Castle», qui n’est que la résidence présidentielle. Je découvre aussi les bords de mer à Accra et la place dédiée à l’indépendance du pays. En début de soirée, avec Edem et son ami, nous dégustons la «pâte» locale à base du Mil, et des petits poissons en friture que nous mangeons entièrement sans retirer la tête ou les écailles. Je peux compter sur les doigts d’une main le nombre de fois où j’ai mangé du poisson comme cela mais le goût reste assez bon.  Le soir, je vais pouvoir regarder le premier match de l’équipe de France. La réception est très mauvaise. Je dois parfois deviner ce qui se passe comme action sur le terrain. J’aurais tellement aimé pouvoir visionner ces matchs de l’équipe nationale dans mon pays. Mais c’est déjà une bonne nouvelle que je puisse regarder quelques matchs. Et puis cela n’est pas d’une importance capitale. Cela ne changera pas ma vie, même si je n’apprends que le résultat que quelques jours après. La priorité est sans conteste portée sur le voyage. 

La fin du week-end va être très calme. Mon hôte a besoin de se reposer après une dure semaine et un mal de tête. De mon côté, je ne peux pas rester enfermé, toute la journée, derrière mon ordinateur. Malgré un super accueil, je me sens un peu oppressé chez lui, en ville. Une ballade dans le quartier environnant va me remettre d’appoint. Je joue avec les enfants dans la rue, je réponds à leurs questions. Je m’amuse avec les supporters de la «Black Stars team», l’équipe nationale qui joue son premier match le lundi soir, jour de mon départ. Si j’avais su, je serais resté un jour de plus.  Il aurait été intéressant de pouvoir voir comment les ghanéens vont vivre ce match et la ferveur que cela générera. En attendant, beaucoup portent déjà les couleurs de leur pays. Nous allons passer de bons moments! Dimanche soir, mon sac est bouclé! Le colis pour mon appareil photo très bien préparé, capitonné, totalement entouré de scotch et film plastique. 
Lundi 16 Juin, matin, je prends les moyens de transport en commun pour rejoindre l’aéroport que je vais atteindre plus de 3h00 en avance.  Je veux avoir le temps d’aller à la poste, poster mon colis, avant de faire mon enregistrement de bagages. Sur le chemin, je rencontre une dame très charmante qui travaille dans le transport aéroportuaire.  Nous discutons de tout et de rien. J’apprends très vite pleins de choses sur sa vie, comme c’est le cas, pour elle, de la mienne. Elle sait maintenant que je voyage depuis longtemps, que je suis célibataire, que j’ai travaillé dans un orphelinat… Je lui dis mon âge, après qu’elle me l’a demandé. Elle me dit que «ce n’est pas possible que je ne sois pas encore marié»! «Un jeune et beau garçon comme toi devrait être marié et rendre une femme heureuse!» «Et puis, il y a des futurs enfants qui n’attendent que de pouvoir t’appeler Papa, papa!» C’est marrant qu’elle me dise cela alors que je ne lui ai pas encore parlé de mon projet, mon souhait de créer une vie de famille, d’avoir des enfants. Bien sûr, cela n’est envisageable, pour moi, que si j’ai la chance de rencontrer une personne que je peux aimer de tout mon cœur et, chez qui, il existera la réciprocité de ces sentiments… Je n’en suis pas encore à cette étape de ma vie mais je pense me donner les moyens de pouvoir réaliser ce projet, cette nouvelle aventure. Pour se faire, me mettre en situation favorable saura déjà quelque chose d’important. Pour cela, le fait de rentrer et de se poser quelque part semble presque incontournable… Au moins pendant quelques temps! Les paroles de cette femme mûre sont peut-être qu’un message qui devrait me faire réfléchir sur ce qui est le plus important pour moi, ou sur ce qui pourrait le devenir. En tout cas, je trouve la coïncidence intéressante alors que j’en parle de plus en plus autour de moi.

Elle arrive toujours largement en avance à son travail. Elle prend donc le temps de m’accompagner à la poste qui se trouve à plus de 500 mètres de l’aéroport.  Il est assez simple de préparer l’envoi, après avoir pesé le tout, acheter les timbres et rédigés le document avec le destinateur et destinataire. Je pars donc ensuite l’esprit tranquille pour échanger de l’argent à un bureau de change, enregistré mes bagages et me présenter en salle d’embarquement.

2 semaines plus tard, je reçois un email de mes parents. Ils ont bien reçu le colis que je leur ai envoyé depuis le Ghana. Mais la surprise va être totale à l’ouverture du colis. Ils ne comprennent pas tout de suite… Leur aurais-je fait une blague? Non, pas vraiment! Mais certaines personnes dans le processus d’envoi de mon colis, nous ont joués un Tour. Tout ne s’est pas vraiment se passer comme j’avais prévu concernant mon appareil photo… Il n’arrivera jamais à destination et je ne pourrais jamais réutiliser cet appareil quasi-neuf après avoir fait marché la garantie. Des personnes ont ouverts le colis. Ils ont subtilisé l’appareil photo avec tous les accessoires. Ils ont remplacé ce dernier par des cartes en tout genre, par un objet cassé… Je suis un peu dépité par la situation. Je plane peut-être un peu trop sur mon nuage croyant que «tout le monde, il est gentil, tout le monde, il est beau!» Je n’ai pas utilisé un envoi sécurisé pour cet appareil avec déclaration des biens contenus! Je n’ai donc aucun recours. Aucune assurance ne couvrira cette perte, aucun recours pénal ou en justice est possible car il n’y a pas de coupable désigné et aucune preuve. Plus de 400 euros viennent de se volatiliser! J’arrive néanmoins très vite à relativiser cette perte car je suis responsable de ne pas avoir pris les bonnes dispositions. De plus, ce n’est que du matériel. Cela ne touche pas à mon intégrité physique, ou ne remet pas en cause mon voyage. Il aurait été trop compliqué de conserver avec moi cet appareil photo, plus le nouveau fonctionnel que je viens d’acquérir. De plus, je n’avais pas le choix que de le renvoyer si je voulais faire marcher la garantie en temps et en heure. J’ai voulu choisir la solution la plus simple et la plus économique et finalement, je me retrouve à tout perdre.  Ce qui me chagrine le plus, c’est que je ne suis même pas sûre que les voleurs puissent utiliser cet appareil. Aucune photo non floue ne pourra être prise sans changer l’objectif.  Le coût de l’opération est de minimum 150 euros car il faut faire venir cet objectif de l’étranger. C’est une certitude que les voleurs n’auront pas cet argent à investir dans un appareil photo. Ils sont les rois de la débrouille et du marchandage, donc j’ai tout de même envie de croire que cet appareil aura une seconde vie, qu’il ne sera pas jeter quelque part ou laisser dans un coin à pourrir car il n’est pas fonctionnel. Je viens une nouvelle fois de retomber brutalement les pieds sur terre! J’apprends à mes dépends qu’il n’est pas possible de faire confiance à tout le monde et que certaines mesures s’imposent pour certaines situation. J’espère que cela pourra me servir de leçon pour l’avenir. Ma bonne étoile veille toujours sur moi, mais elle n’oublie pas, parfois, de me faire revenir à la réalité de notre vie sur notre petite planète. Nous vivons dans un monde où l’être humain est un animal ambivalent très complexe qui est capable du meilleur, des plus belles preuves d’amour et de respect d’autrui, comme du pire, en s’autodétruisant, en ne tenant pas compte de son semblable, ou même pire en lui portant gravement atteinte… Je ne sais pas ce qu’il adviendra de cet appareil que je trouvais tellement pratique, possédant de nombreuses options, et prenant des clichés d’une belle qualité.

Je ne vais apprendre cela  que plusieurs semaines plus tard, alors que je me trouve à plusieurs centaines de kilomètres de là. D’ailleurs, en attendant, je m’envole pour cette nouvelle destination sur ce même continent, en direction du soleil levant! Les signes cardinaux indiquent pleine est! Une fois encore, je vais atteindre des destinations que j’ai toujours rêvé de visiter dans ma vie. Je suis comblé et existé par le fait de me rendre sur place. J’ai un appareil photo pour pouvoir prendre des clichés de cette destination de rêve mêlant traditions, vie locale florissante, des paysages et une vie sauvage réputé partout dans le monde… Des milliers de touristes pointent chaque année leurs objectifs sur les animaux exceptionnels se trouvant dans ces parcs nationaux et ces réserves. Je vais faire partie de ces derniers pour quelques jours! J’aime prendre des photos, même une seule, qui pourra me rappeler tellement de souvenirs dans quelques années. C’est aussi une façon de partager mon expérience avec vous tous. Je vais finalement prendre des centaines de clichés sur place. Mais le plus important est de vivre le moment et les expériences sur place… Je m’apprête à vivre certaines expériences comme les autres voyageurs mais aussi certaines loin des sentiers battus, pour mon plus grand bonheur.

Mon Vol Libre me fait une nouvelle fois prendre l’avion. Dans quelques heures, j’atteindrais cette destination qui m’a toujours paru magique et un peu irréel. Ce pays va me replonger dans l’atmosphère d’un de mes dessins animés préférés…

2 commentaires:

  1. coucou
    je suis toujours ravie de lire tes récits,cela me fait passer un moment avec toi;et me donnes l'occasion de participer un peu à ton périple.
    bonne continuation et à bientôt pour partager un bout de chemin maman qui t embrasse fort

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  2. Un très beau pays qui t'a permis de découvrir la vie des Ghanéens qui semblent bien sympathiques. Nous sommes toujours ravis de pouvoir partager à quelques semaines d'écart ton vol libre.
    Gros bisous et à bientôt de pouvoir te serrer dans nos bras. Papa

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