jeudi 8 décembre 2016

Equateur; Nom évocateur mais pays peu connu malgré ces richesses!

Le 12 Avril, Nous revenons sur le continent Sud-américain, après ces belles semaines, vécues pleinement, en Amérique Centrale. Arrivant très tard, dans la nuit du 11 au 12, à l’aéroport de Quito, nous commençons par dormir sur place. Le Matin, à 7h30, nous prenons le premier bus public, pour la périphérie de Quito. Puis nous rejoignons, en bus, puis à pied, le quartier, puis la rue où habitent les Syséléma! Ce nom ne vous dit peut-être pas rien, surtout si vous n’avez pas suivi toutes mes aventures.  Pourtant nous avons vécus ensemble des aventures mémorables.

Je les ai rencontrés en 2013, quand j’ai rejoint pour la troisième fois l’Akilifamily. J’ai rejoint les deux familles dans le Nord Argentin. Nous avons vécu de folles aventures au Nord du Chili, puis surtout lors de la traversée du Sud Lipez, en Bolivie, où nous avons déposé par terre le moteur du camping-car, pour le réparer, alors que nous étions à plus de 5000 mètres d’altitudes… Les quelques jours dans le Salar de Uyuni furent aussi incroyables. Bref, nous avons ensemble des souvenirs, qui sont le fondement d’une amitié solide. Nos chemins se sont ensuite séparés. Nous ne nous sommes pas donné beaucoup de nouvelles. Mais je suis tellement content de les revoir. Je sais que rien n’aura changé entre nous.

Pourtant beaucoup «d’eau a coulé sous les ponts»! J’ai depuis fait la surprise à tout le monde, en rentrant, en France, à noël 2013. Je suis parti ensuite une année en Afrique et dans les îles de l’océan indien. Rentré en France, pour commencer concrètement et physiquement mon histoire d’Amour avec Lucie. Différents éléments et choix ont faits, que nous sommes tous les deux, ici, aujourd’hui.

Je peux lui présenter Sylvie et ces deux enfants Léa et Mattéo. Sébastien le papa et mari de Sylvie, nous le verrons un peu plus tard, à la fin de notre périple en Equateur. En effet, Sylvie vit avec leurs enfants dans la capitale; Quito, pour leur permettre l’accès à une scolarité décente. Ce cursus leur permettra ensuite de pouvoir continuer leur scolarité comme il se doit, partout dans le monde. Léa est en terminal. Elle passe son bac dans quelques semaines. Mattéo est en seconde. Il donne le meilleur de lui-même pour pouvoir passer en première. Léa partira étudier en France, sûrement à Bordeaux, quand elle aura son bac en poche (cela devrait être pour elle qu’une formalité, au vu de son parcours scolaire).

Quand à Sébastien, homme de projet, il s’est installé dans le village de Mindo pour y construire un écolodge. Après avoir trouvé le lieu pour s’implanter, avoir trouvé un terrain, avoir pu l’acheter et le fiabilisé, il a tout fait lui-même, avec l’aide de locaux. Il est partie d’une feuille blanche. Tout était à créer. C’est un entrepreneur dans l’âme. Il a vécu plusieurs mois dans des conditions incroyables… Je reviendrais plus longuement sur ce projet et leur vie actuelle quand nous visiterons Mindo. Je veux juste ajouter qu’il s’agit d’une famille de voyageurs. Ils ont voyagés avec leurs deux enfants, des adolescents, pendant presque 2 ans. Les enfants voulant avoir une stabilité et des amis. Ce sont des envies normales, dans l’ordre des choses à cet âge, où l’on s’émancipe de ces parents. Ils ont donc tous les quatre, d’un commun accord, décidé de s’arrêter en Equateur.

Mattéo est resté à la maison car il est malade. Après un long moment, où il n’entendra pas la sonnerie, malgré les efforts répétés du gardien, personne ne nous ouvre. Il sort finalement de son sommeil et de son état léthargique pour nous ouvrir la porte alors que le gardien s’apprêtait à tenter une autre méthode. Nous ne voulions pas le déranger surtout qu’il ne semble pas en grande forme. Mais nous sommes heureux tout de même de pouvoir nous installer. Leur maison est sympathique, dans un quartier agréable de la capitale. Il nous donne les informations principales pour notre installation, avant de retourner se coucher. Nous discuterons avec lui, un peu plus longuement, un peu plus tard…
En cette première journée, il pleut une bonne partie de l’après-midi. Ça tombe plutôt bien car nous ne comptions pas faire grand-chose. Nous avons simplement envie de nous reposer, nous détendre et prendre le temps. Nous passons une superbe soirée, principalement avec Sylvie après qu’elle soit rentrée de l’école, où est maître des écoles. Elle donne des cours à des élèves de 4-5 ans. Léa nous aide à cuisiner. Elle passe un peu de temps avec nous avant de manger. Nous ne voyons Mattéo, que très peu de temps, seulement pour manger un petit bout. Avec Sylvie, nous avons tellement de choses à nous raconter sur ce qui s’est passé les derniers mois, les dernières années. 3 ans se sont écoulés depuis notre dernière rencontre. 3 ans dans une vie c’est rien mais tellement surtout quand de grands changements ont eu lieu. C’est pourtant tellement bien ces amitiés, quand tu as le sentiment que la dernière fois, que tu t’es vu remonte à seulement quelques jours. Tu as même parfois l’impression que tu n’as pas arrêté la discussion commencée la dernière fois, même si le contexte n’était pas le même. En tout cas, en cette soirée, nous passons un moment simple autour d’un bon repas, un bon verre de vin et pleins de discussions qui nous enrichissent…
Le matin, après le petit-déjeuner, nous partons découvrir le centre historique de Quito. La place centrale avec ces bâtiments coloniaux est splendide, mais cela ne s’arrête pas là. Dans toutes les rues avoisinantes, il y a aussi de magnifiques devantures de magasins, de vielles maisons traditionnelles et surtout de nombreux édifices religieux tous plus splendides les uns que les autres… Certains sont même recouverts d’or à l’intérieur. Les nefs  et les autels sont ostentatoires. Cela m’a toujours dérangé. C’est le cas principalement en Amérique du Sud. Ça m’avait choqué lors de mon premier séjour au Pérou. Je ne peux pas comprendre comment les églises peuvent étaler autant de richesse dans les bâtiments religieux, alors que la majorité des personnes dans le pays survivent seulement et souvent seulement d’une agriculture de subsistance. Je n’ai jamais compris comment cet étalage correspondait aux valeurs développées par la religion. Une fois encore, cela fait partie de notre monde actuel et je ne compte pas le révolutionner ou tout remettre en cause. Je trouve louable la plupart des valeurs développées par une majorité de religions dans le monde. Je n’arriverais pourtant jamais à comprendre ces dissonances, ces incompatibilités entre ce qui est écrit et ce que les hommes en fond.

Cela me pose sûrement encore plus question car j’ai aussi de nombreuses dissonances dans mon comportement et ma personnalité, qui me dérangent aujourd’hui. Mais ne devons pas nous faire avec ce qu’est le monde, avec ce que nous sommes? Le plus important n’est-il pas de se remettre en cause au quotidien et de s’améliorer? Le plus important n’est-il pas de donner le meilleur de nous-même, de chaque jour, d’essayer de faire de bonnes actions? L’amélioration de la vie sur terre ne passe-t-elle pas par de petites choses, comme un sourire, aider une personne, faire attention à autrui, vivre sa liberté à fond en tenant compte de celle des autres?

Il n’est pas possible de tout changer,  de tout révolutionner, surtout pas la nature de l’homme!

Cela me permet de rebondir directement, sur le fait que nous assistons sur la place centrale, à une manifestation de familles ayant un membre de leur famille, qui a disparu. Ces personnes disparues sont de tous âges. Ils sont des milliers dans ce pays. Les familles protestent car ils leur semblent que l’état ne prend pas en considération ces disparations mystérieuses et beaucoup trop nombreuses. Ils ont le sentiment que rien n’est fait pour mettre fin à c’est situation intolérable. Beaucoup de corps ne seront jamais retrouvés, rendant impossible le deuil pour les proches. D’un autre côté, les corps sont parfois retrouvés mutilés ce qui n’est pas plus simple à gérer pour la famille qui se sent démunie et impuissante. C’est prenant de voir tous ces visages de disparus sur les banderoles. Les familles semblent si tristes que cela nous affecte obligatoirement même indirectement.

Nous sommes aussi un peu impuissants face à de telles situations. Nous ne pouvons pas faire grand-chose, si ce n’est de profiter de la chance que nous avons d’être en bonne santé, d’être là où nous souhaitons être, et d’avoir cette liberté de choix et de mouvements. Pour commencer, nous profitons des beautés de ce centre-ville. Après avoir mangé dans un petit restaurant, nous entreprenons la montée au sommet de la colline d’El Panecillo. Depuis ce sommet, nous avons une vue imprenable sur la totalité de la vallée encaissée où se trouve Quito. En haut de cette dernière se trouve la statue de la vierge de Quito, qui est très intéressante, par sa conception et sa structure. J’ai toujours aimé prendre de la hauteur pour avoir une vision différente des choses…






















Après une très bonne première journée, nous rentrons chez les Syséléma. Le moment vécu est toujours sympathique. Nous avons alors un petit moment particulier. J’organise une visioconférence avec l’Akilifamily. C’est tellement bien de pouvoir échanger, en se voyant, avec tout le monde. Nous allons rire, s’amuser, parler sérieusement… Un petit moment hors du temps, de confusion, a lieu quand deux personnes, en charge du lotissement et des propriétés, viennent pour nous débarrasser et débarrasser la cuisine d’un rat. Après quelques minutes, ils l’ont attrapée et repassent derrière nous. Ils sont visibles sur la webcam. Nous en rigolons donc et passons un très bon moment!


Le lendemain, nous allons dans un quartier beaucoup plus moderne de la capitale, qui regroupe la majorité des installations touristiques et quelques petits bijoux architecturaux. Après une bonne ballade dans les rues, nous nous rendons dans un marché local. Nous y découvrons de magnifiques étals de fleurs, de fruits et légumes, de viandes et poissons… Encore une fois, nous vivons une expérience très locale. Nous nous rapprochons des stands qui proposent des «almuerzo» (déjeuner).  Comme souvent, ce repas est composé d’une soupe, puis du plat principal, accompagnés par un jus de fruit. Nous nous régalerons et passons de bons moments à échanger et rire avec les locaux. Ce sont des moments spéciaux que nous ne sommes pas prêts d’oublier.

Nous nous rendons ensuite dans une agence française, basée dans la capitale, qui organise des voyages sur mesure en Equateur. Notre intention est d’avoir des idées pour les croisières aux Galápagos. En effet, nous partons le lendemain et nous envisageons toutes les possibilités. C’est une bonne première indication. Nous hésitons même à utiliser leurs services. Nous décidons, avec le temps important que nous avons sur place, de choisir plutôt parmi les dernières minutes, directement sur ces îles magiques.
















Après une dernière soirée sur le continent, le lendemain, nous prenons l’avion en direction des Galápagos. Un rêve, pour nous deux, devient réalité (les deux articles publiés auparavant, vous donnent l’ensemble des informations sur ce séjour magique vécus pleinement pendant 3 semaines)…

… Le 4 Mai, nous prenons l’avion depuis Baltra pour atteindre la ville de Guayaquil. Bien sûr, nous avons vécus le tremblement de terre de loin car nous avions quitté Quito la veille de ce dernier. Mais, étant encore sur les terres équatoriennes, aux Galápagos, nous avons suivis d’assez près. Le mouvement de solidarité a là-bas aussi été fort, dès les premières heures, après que ce drame se soit déroulé. Beaucoup de colis ont été récoltés et envoyer aux personnes les plus touchés. Ce séisme du 16 avril, de magnitude de moment 7,8, a eu lieu à 18h58, près de la ville de Muisne. Les provinces de Manabí et Esmeraldas ont été les plus touchés. Nous avions aussi pu voir des images de destructions importantes, même dans la capitale économique du pays, beaucoup plus au sud. Pendant un moment, nous avions des doutes sur le fait de pouvoir y atterrir.  Nous sommes pourtant surpris en survolant cette ville, puis en atterrissant de ne rien pouvoir remarquer de spécial. Il faut être ici conscient qu’ici les destructions furent très localisées et seulement sur des infrastructures bien particulières.

C’est tout de même un drame qui a été vécu et qui aura encore des répercussions sur des milliers et des milliers de personnes. Plus au nord, dans la principale région touchée, ils ont dénombrés 671 morts, 6274 blessés et presque 30 000 sans-abris... L’Equateur se trouve sur la ceinture de feu du Pacifique, à la jonction de trois plaques tectoniques et les risques existeront toujours. Quand j’écris ces lignes, plus de 2000 répliques ont été enregistrées dont certaines très fortes. Visuellement, nous ne ferons pas grand-chose à Guayaquil, ce n’est pourtant pas pour cela que nous n’aurons pas de fortes pensées pour toutes les personnes touchées!

Avant même ce tremblement de terre, nous ne voulions pas rester dans cette ville de Guayaquil, qui a très mauvaise réputation. Beaucoup de violences, d’enlèvements, de raquette auprès des touristes, y sont recensés. Une fois arrivé à l’aéroport, nous nous rendons directement, à pied, à la station de bus, qui se trouve à quelques encablures seulement. Nous réservons notre billet, pour le premier bus, en direction de Cuenca; ville qui se trouve au sud-est de notre position.  Le trajet est splendide. En prenant de la hauteur, nous passons par de magnifiques paysages et pourrons assister à un magnifique coucher de soleil…

Arrivé à la station de bus, à la nuit tombée, nous marchons jusqu’au centre-ville. Essayant de trouver une auberge, nous passons un peu de temps sans trouver ce que nous voulons. Après plus d’une demi-heure à tourner, à demander autour de nous, nous trouvons un dortoir, dans une très belle auberge, tenue par des français. Elle possède un vrai charme. Les prix sont un peu excessifs mais pas inabordables, loin de là. Nous y passons une très bonne première nuit.



Au réveil,  nous prenons un petit-déjeuner succulent servi dans le restaurant de l’auberge. Puis, grâce à l’office de tourisme, nous trouvons une auberge familiale qui nous convient parfaitement. Pour deux fois moins chers, nous avons notre propre chambre, une salle télé, une cuisine à notre disposition. Ces lieux communs sont partagés seulement avec une autre chambre. Il faut aussi y ajouter une superbe salle de bain avec de l’eau bien chaude. Nous avons accès à l’étage, où nous avons une vue exceptionnelle, depuis un balcon, sur la rivière qui traverse la ville, mais aussi sur une bonne partie de la ville, dont le magnifique toit de la cathédrale. C’est une vraie aubaine cette adresse, surtout que nous allons y rester quelques jours.



















Une fois installé, nous découvrons la ville, ces magnifiques monuments et places. Nous y goûtons une glace locale délicieuse. Nous visitons un musée et plusieurs hôtels de luxe. Nous jouons dans les parcs, avec les fleurs, et quelques pièces d’art uniques. Nous trouvons dans un parc, malheureusement dans de grandes cages, de magnifiques oiseaux typique du pays… A défaut de leur rendre leur liberté, nous prenons de la hauteur, pour nous retrouver dans un petit parc d’attraction, avec une vue splendide sur la ville. Le coucher de soleil est sublime. Mais la magie du moment va avoir lieu quand nous faisons de la balançoire, au-dessus du vide, avec une vue imprenable sur la ville. Lucie en perdra la voie. Elle aura très peur quand il ne l’arrêtera pas directement. Mais elle avouera ensuite avoir vécu un moment hors norme… Je prends un malin plaisir sur cette balançoire. Encore une fois, une nouvelle poussée d’adrénaline me donne la sensation d’exister. Après une bonne soirée, un petit repas préparé par nos soins, et le visionnage d’un dvd, comme nous ne l’avons pas fait depuis longtemps, nous préparons nos affaires pour le lendemain.










Nous laissons une bonne partie de ces dernières sur place, dans la maison des propriétaires. Nous partons, en effet, randonner dans un des parcs national du pays, chaudement recommandé par de nombreux voyageurs. Il se trouve à une heure trente, en bus, de la ville. Il s’agit du Parque National Las Cajas, qui se situe à plus de 4000 mètres d’altitude. Le bus nous dépose à l’entrée du parc, près de la Laguna Toreadora, où se situe le refuge. Au vu du temps, nous aurions souhaité avoir une place dans le refuge, surtout que le prix est identique que celui pour camper. Malheureusement, certaines personnes ont réservées. Notre chance serait qu’ils nous acceptent avec eux, quand ils arriveront, car il existe des lits d’appoints.

En attendant, nous laissons notre sac principal, avec tout l’équipement pour camper dans la pièce des gardes forestiers. Nous payons nos droits d’entrée et partons sur les chemins de randonnée. Tout le début de la journée se passe à merveille. Nous découvrons des lieux insolites, près de ces milles lacs, vestiges d’anciens glaciers. L’endroit est réputé pour être très nuageux, humide, avec une végétation rase comprenant, tout de même, pleins de spécificités florales. Nous allons les découvrir. Nous n’allons pas être épargnés par les nuages mais nous avons tout le même le droit à quelques éclaircies et rayons de soleil, qui nous donneront la pleine dimension de ces paysages splendides. LA région est vraiment riche car elle possède aussi des parois rocheuses abruptes. Dans les creux créaient par ces dernières, de petites forêts magiques, engendrent un enchevêtrement de troncs au pied de rochers et de cavités rocheuses. Elles surgissent parfois de nulle part! En tout cas, c’est la sensation que cela nous donne quand nous randonnons. Les sentiers ne sont pas très bien balisés. Parfois trop, parfois pas assez. Grâce à la carte et un certain sens de l’orientation, nous allons, tout de même, trouver notre chemin. Les merveilles, que nous découvrons, embellissent une journée inédite. Nous ne croiserons pour ainsi dire personne sur les chemins de randonnée. Nous pique-niquons, au soleil, avec une vue imprenable sur plusieurs lacs. Après plus de 3h00 de randonnée, nous sommes revenus au refuge.












Nous ne sommes qu’au début de l’après-midi, les conditions semblent se maintenir. Nous ne voulons donc pas en rester là. Une deuxième randonnée avec des vues encore plus imprenables, monte le long d’un pic rocheux, qui domine les lieux. Après une petite pause au soleil, nous reprenons notre route. Nous commençons l’ascension. Nous avons, dès le début, de superbes points de vue mais très vite le temps change. C’est surtout pour Lucie que les choses vont commencer à se gâter. Pour rappels, nous sommes passés de 3 semaines au niveau de la mer, à un peu plus de 24h00 seulement à 2500 mètres, et nous nous trouvons maintenant à plus de 4000 mètres d’altitude. En début de journée, elle n’a ressentie aucun effet. Mais la fatigue n’aide pas. Le parcours de cette randonnée est aussi beaucoup plus difficile que ceux de la matinée. Il y a même des passages, où il y a, à peine 1 mètre, entre la paroi et le précipice. La plupart du temps ces passages restent raisonnablement faciles à passer mais certains sont vertigineux. Lucie va perdre petit-à-petit ces moyens. Nous sommes maintenant sous la pluie. La montée semble interminable. Plusieurs fois, je lui dis que nous pouvons faire demi-tour, que ça serait sûrement le plus raisonnable. Mais Lucie ne veut pas repasser dans certains endroits que nous venons de franchir. Nous continuons toujours plus haut. La visibilité est de plus en plus faible. Plusieurs fois, nous avons le sentiment d’arriver en haut du pic. Sachant qu’après, d’après le parcours, nous entreprendrons une descente progressive pour finir la boucle vers le refuge. Lucie est maintenant à «quatre pattes» depuis plusieurs minutes. Elle se sent à bout de force. Elle a mal à la tête. Le mal de l’altitude commence à l’atteindre. Je commence à m’inquiéter car nous ne pouvons pas rester là. Elle semble tétaniser par plusieurs facteurs. Mais elle se bat, tout de même. Elle progresse à son rythme.

Malheureusement, vers le sommet, nous ne trouvons plus le chemin, les pancartes ne sont plus présentes. Il n’y a plus aucun signe de la direction à prendre. Il faut donc prendre une décision. J’essaie de la raisonner. Elle ne veut pas m’écouter. Nous nous trouvons dans une situation critique. Elle finit tout de même par bien vouloir redescendre, par le même chemin. Je lui ai dit que nous ne pouvions pas nous éterniser ici, que la montagne est dangereuse, que la nuit commence à tomber et que nous risquions à cette altitude de mettre nos vies en danger… Nous arrivons lentement à entreprendre la descente. Dans les moments critiques, Lucie glisse sur les fesses. Nous sommes détrempés et le sol aussi. Nous devons faire attention à chacun de nos pas. Lucie a ensuite un sursaut d’énergie, de motivation et de lucidité. Elle a soudainement repris «du poil de la bête». Je sens tout de suite la différence. Cela nous facilite grandement la tâche pour la descente. Surtout que le temps est avec nous. La pluie s’arrête enfin et les nuages remontent en altitude.



Nous regagnons finalement le centre d’interprétation et le refuge. Le seul gardien, qui reste pour cette nuit, nous accueille. Il nous redonne notre sac. Vu que les personnes pour le gîte ne sont toujours pas arrivées. Il nous donne l’autorisation de nous installer dans la cuisine pour que nous puissions boire une boisson chaude et nous changer. Un autre couple, de canadien, vient tout juste d’arriver. Ils attendaient à l’extérieur. Ils se joignent aussi à nous. Nous en profitons pour discuter, tout en enlevant nos affaires détrempées et en nous changeant. Boire chaud est aussi un réel plaisir. La nuit tombe. Toujours pas de signe des personnes ayant réservés le refuge! Nous en sommes à nous dire que nous aimerions vraiment qu’ils ne viennent pas, car nous n’avons vraiment pas envie de dormir dehors, dans la tente, cette nuit. En attendant, nous préparons maintenant à manger. L’échange avec les deux canadiens est très sympa. Après plus de deux heures à squatter dans la cuisine, le garde forestier nous dit que nous pouvons prendre quartier dans le refuge, car les personnes ne viendront sûrement pas. C’est un vrai soulagement. A cette heure-ci tout le monde semble bien, même Lucie. Son mal de tête est passé. Elle a finalement réussi à se réchauffer.

Malheureusement la nuit ne va pas être du même acabit. Elle serait, avec certitude, la mieux placé pour vous en parler. Je ne peux que vous résumé ce qu’elle m’a dit. Car de mon côté, une fois m’être réchauffé dans mon duvet, je dors très bien. Pour Lucie, un long calvaire commence. Une fois allongée, très vite, elle a de nouveau un mal de tête fort. Elle ne se sent pas bien. Le mal de l’altitude refait très vite son effet. Elle a mal au ventre, mais surtout à la tête. Elle se sent très faible. Pendant la nuit,  elle a envie d’aller aux toilettes. Pourtant prise d’étourdissement, et aucune envie de se lever, elle mettra plus de 3h00 à enfin y aller. Elle me réveille plusieurs fois dans la nuit mais je ne peux pas faire grand-chose. Nous n’avons même pas de médicaments pour calmer ces maux. La nuit sera très longue, beaucoup trop longue pour elle...

Nous sommes réveillés par des personnes, qui arrivent très tôt dans le refuge pour effectuer des promenades journalières, sur les deux jours du week-end. Ce sont des jeunes équatoriens avec leurs tuteurs. Venant au chevet de Lucie, je constate son état. Lucie ne se sent vraiment pas bien. Elle a luttée toute la nuit mais il est temps de faire quelque chose. Je n’ai rarement vu une personne comme cela. Je ne voudrais pas utiliser le terme «agonie» qui n’est pas parfaitement adéquate pour son état. Mais elle semble si mal, j’en ai mal au cœur. Je ne parlerais pas non plus de mourante, pourtant son visage est décomposé. Elle ne peut pas rester comme cela… Pour le mal de l’altitude, il n’existe pas de meilleure solution que de redescendre, le plus rapidement possible.

Après avoir rangé toutes nos affaires, nous nous rendons tranquillement à l’arrêt de bus. Heureusement, nous n’attendrons pas très longtemps, avant que le premier bus, en direction de Cuenca, passe. Le trajet ne va pas être des plus agréables. Surtout que nous sommes debout au début. Toutes les places sont occupées. Lucie réussie, tout de même, à s’assoir dans la rangée centrale.

Heureusement, la redescente à Cuenca  et ces effets vont être «miraculeux». De retour à Cuenca, à 2500 mètres d’altitude, Lucie va tout de suite beaucoup mieux. Elle a retrouvé des couleurs sur son visage. En sortant de la station de bus, elle va tellement bien que nous décidons même d’aller directement à la fabrique de chapeaux qui se trouvent à 150 mètres de là. Une dame nous reçoit. Elle nous fait faire le tour de l’usine, avec l’ensemble des explications concernant le processus de fabrication; de la plante à la finalisation du chapeau. C’est intéressant de comprendre comment se fabrique un tel élément de la culture équatorienne; le Panama. Lucie devait en acheter un pour sa maman, qui lui a fait une commande. Elle les trouve beaux. Elle en prend aussi un pour elle. C’est sûr que dans la boutique de nombreux sont originaux. De mon côté, je n’étais pas attirer par l’idée et je n’en ressentais pas l’envie. Pourtant pour m’amuser, j’en essaie quelques-uns. J’ai un coup de cœur pour l’un deux. Je ne réfléchis pas trop. Nous achetons trois Panamas, que nous conserverons, dans une boîte de l’usine Ortega, et que nous protégeons dans des sacs, pendant les dernières semaines de notre voyage.



Suite à ces achats, nous retournons dans notre chambre d’hôtel. Nous prenons un grand plaisir à prendre notre temps, se doucher, laver nos affaires, faire une sieste. Nous nous promènerons ensuite une nouvelle fois dans la ville, ferons quelques courses alimentaires pour ensuite cuisiner. Nous créons un plateau repas que nous dégusterons devant un bon film.
Le lendemain, nous partons visiter les environs de Cuenca et quelques villages qui sont réputés comme typique. Prenant le bus local, nous nous arrêtons en premier à Galaceo. Nous y découvrons un marché intéressant, des fabriques artisanales de chapeaux, une place centrale sympathique, et des locaux, en habits traditionnels. Par contre, nous sommes très surpris par ce premier «village» qui est en fait une ville bien développée déjà. Nous ferons ce constat dans les autres lieux visités. L’Equateur est un pays beaucoup plus développé que j’avais pu l’imaginer. Je le pensais au même niveau de développement, que  le Pérou, dans mes souvenirs. Mais ce voyage remonte à 10 ans. Dans cette partie du monde, qui a connu un développement énorme ces dernières années, la différence peut être notable entre deux visites. Même en comparaison avec la Bolivie, visité 2 ans auparavant, la différence est grande. Je pense aussi, que pour notre visite de l’Equateur, le long de la vallée des volcans, nous restons dans la partie prospère du pays. Nous n’aurons pas l’occasion de voir les lieux les moins développés. En tout cas, avec Lucie, nous sommes tout de même, tous les deux, surpris par ce développement que nous ne croyons pas si important. Nous ferons le même constat à Chordeleg et Sigsig. Ceux sont de petites villes avec de nombreux bâtiments et maisons très modernes. On y trouve certaines touches très locales, souvent autour de la place principale. Certaines personnes portent encore l’habit traditionnel et certaines coutumes restent imprégner dans la société, mais combien de temps cela durera-t-il encore? Quoi qu’il en soit, nous passons une bonne journée, entre découvertes, visites, dégustation de produits locaux. De retour à Cuenca, nous passons une nouvelle soirée tranquille.















Le lendemain, nous prenons la direction de Riobamba, où nous effectuerons notre premier volontariat. En chemin, nous nous arrêtons aux ruines d’Ingapirca (qui signifie «muraille inca»). Il s’agit d’un complexe archéologique, situé dans la province de Canar.  Ce dernier est très intéressant, car il regroupe les traces de deux civilisations. Ce site a d’abord été un site canaris construit par les Hatun Canar. Ce n’est que lors de la campagne de conquête, que les incas ont pris possession de ce site et l’ont remodelé à leur façon, laissant tout de même de nombreuses traces de la civilisation précédente, qui domine la région. Ces deux civilisations n’avaient pas les mêmes croyances, pas les mêmes dieux. Les premiers vénéraient la lune alors que les suivant le soleil. Leur calendrier, leur façon de calculer, de subdiviser une année ne sont pas pensés pareil. Il est alors passionnant de découvrir tout cela sur un seul et même site. Ce dernier est beaucoup moins impressionnant que ceux du Pérou, mais il va nous révéler de très beaux secrets. Qui plus est, le site a un vrai charme et nous passons un moment sympathique à le découvrir.

En effet, nous avons rencontrés un couple de retraités, voyageurs français, qui sont depuis de longs mois sur les routes. Ils ont tout revendu, sauf l’ancien cabinet d’ostéopathe du monsieur, qui leur permet d’avoir un revenu mensuel d’argent, pour continuer leur périple. Ils ne savent pas combien de temps ils resteront sur la route, mais il semble bien qu’ils n’aient pas prévus de rentrer dans les prochains mois, les prochaines années. C’est encore plus drôle car ils ont habités presque toute leur vie dans une petite ville près d’Angers, où habitent nos parents.

Le monde est gigantesque et la découverte de ce dernier est infinie. Mais il est si petit aussi dans le même temps, surtout de nos jours. Avec les moyens de transports modernes et toutes les liaisons qui se sont ouverte, il est possible d’avaler des milliers de kilomètres en quelques heures, d’aller à l’autre bout du monde en à peine 24h00... Nous passerons le temps de la visite du site avec eux et avec d’autres personnes très sympathiques. Malheureusement, ils repartent ensuite avec le dernier bus qui remonte à Cuenca ; celui-ci part que très peu de temps après la fin des dernières explications du guide... Encore une belle rencontre, éphémère, mais avec un moment présent vécu pleinement, une richesse humaine partagée dans la bonne humeur!



Nous restons, de notre côté, un peu plus longtemps sur le site, pour admirer l’ingéniosité des incas dans leur construction antisismique, déjà conçu il y a des milliers d’années. Le temple du soleil présent sur ces ruines est magnifique. L’ensemble des vestiges a révélé petit à petit ces secrets. Considéré au début comme une forteresse, les historiens ont très vite revu leurs jugements pour considérer qu’il s’agissait plus d’un lieu de culte, un centre religieux tout d’abord consacré à la lune puis au soleil. Visité les environs en marchant, nous permettra de découvrir un peu plus une ambiance rurale intéressante. Les paysages sont beaux Ils le seront pendant tout le trajet jusqu’à Riobamba.







Dans notre esprit, Riobamba était une petite ville au plus. La surprise est totale, dans le mauvais sens du terme, en voyage, quand nous arrivons dans une ville énorme de plusieurs dizaines de milliers d’habitants. Le bus nous dépose dans la rue principale avec des casinos, fast-food, hôtel de luxe… Nous n’en revenons pas. Nous arriverons tout de même à trouver un hôtel qui nous fait un petit prix, en nous laissant la «chambre de bonne» du rez-de-chaussée.  Cela nous convient parfaitement. Nous en profiterons ensuite pour découvrir la ville de nuit, nous rendre sur les multiples places entourées, les unes comme les autres, de monuments architecturaux intéressants. Nous trouvons un petit restaurant local, qui nous servira un dîner parfait.

Le lendemain matin, je pars courir dans la ville pour en découvrir d’autres aspects. J’assiste au départ d’un train avec une ancienne locomotive et de vieux wagons, remis au goût du jour pour les touristes. Je tombe sur plusieurs marchés de fruits et légumes essentiellement. Après avoir déjeuner, avec Lucie, en formule «almuerzo», dans le même restaurant que la veille, nous prenons un bus local pour nous rendre à Calpi. Nous nous apprêtons à commencer notre volontariat auprès d’Ahuana. Auprès des communautés indigènes, et avec des volontaires très sympathiques, nous vivrons une expérience inoubliable (moments de vie que je vous expose dans un récit déjà publié sur le blog)…
… Après des moments magiques à San Francisco de Cunuguachay, nous avons repris notre chemin, en direction, cette fois-ci, de la forêt amazonienne. Nous commencerons quelques jours plus tard un autre volontariat près de la ville de Puyo. En attendant, entre les hauteurs de la cordillère des Andes, ces multiples volcans, et le bassin amazonien plat mais tellement luxuriant, nous nous arrêtons à Banos. Cette ville est réputée pour ces paysages, mais aussi pour les nombreuses activités liées à sa géolocalisation, dans cette vallée encaissée où coule le fleuve Pastaza. Après avoir passé plusieurs semaines à plus de 3000 mètres, nous nous installons à 1840 mètres d’altitude, avant de redescendre quasiment au niveau de la mer.

Nous cherchons un peu, nous tournons un peu dans les rues, mais nous trouvons finalement une chambre dans un hôtel très bien. Ce dernier possède en plus une terrasse avec une superbe vue et une cuisine pour se préparer nos petits plats. Nous payerons, en plus, deux fois moins que la majorité des propositions que nous avions eues avant. Une chance aussi d’être arrivés à cette date et de repartir en début de week-end. En effet, le lundi est férié pour tous. Beaucoup de personnes partiront en week-end prolongé. Banos fait partie des destinations privilégiés, encore plus en ce moment, alors que la côté a été touché, de plein fouet, par le tremblement de terre!

Cela me remémore le fait que je ne vous ai pas parlé de la réplique que nous avons vraiment ressentie quand nous étions dans la communauté de Calpi. Nous étions devant les ordinateurs, à 11h00, quand Paul demande à Lucie d’arrêter de taper du pied. En effet, nerveuse, elle bouge très souvent une jambe de manière forte. Mais là, elle n’y est pour rien. Toute la maison bouge, les murs tremblent. Nous sommes pris de panique. Mais cette réplique ne durera pas très longtemps. Lucie a tout de même vécu ces premières sensations de tremblement de terre et bizarrement personne n’a envie de le revivre prochainement. Comme je l’ai déjà dit, plus de 2000 répliques ont eu lieux et certaines très importantes. Celle que nous avons ressentie était à plus de 6 sur l’échelle de Richer. Petite parenthèse faite concernant cet épisode marquant de notre voyage, je peux reprendre le cours de mon récit et le moment vécu entre les deux volontariats.
Je reviens alors à Banos, où nous vivrons aussi des sensations fortes, cette fois-ci car nous l’avons choisi. Nous avons décidés d’aller défier les éléments naturels avec des moyens techniques, mis au point par l’être humain. En cette fin de semaine, nous sommes, quoi qu’il en soit, très bien dans cette ville. Nous nous apprêtons à y vivre trois jours de folie.

Le premier jour, nous marchons en ville et autour de cette dernière. Après avoir admiré, depuis le pont, la rivière qui coule au fond de la gorge, nous allons nous élever. Nous sortons de la vallée encaissée. Pour cela, nous empruntons de petits chemins de randonnée, qui monte le long des pentes abruptes qui entourent Banos. Encore une fois, c’est sympa de prendre de la hauteur. D’ailleurs en milieu de parcours, nous nous arrêtons dans un hôtel luxueux. Son restaurant possède des baies vitrées, au-dessus du vide, qui permettent d’avoir une vue imprenable sur Banos et ces environs. Nous nous installons à une table. Nous nous délectons en y buvant un café et un chocolat chaud. Plaisir simple! Nous vivons un peu un moment comme pour des vacances luxueuses et non en mode voyage en sac-à-dos. Nous n’en sommes pas non plus à nous payer la nuit avec des bains en eaux thermales, des massages et une suite royale dans cet hôtel... Mais ce n’est pas vraiment ce que nous cherchons actuellement et, la chambre que nous avons est déjà spacieuse et confortable!

Nous terminons ensuite la boucle pour redescendre tranquillement vers notre hôtel. Nous nous arrêtons sur les hauteurs de la ville où une vierge a été installée. Elle est censée protégée Banos des furies du volcan Tungurahua qui se trouve à proximité, toujours très actif et menaçant. En effet, il a déjà, à plusieurs reprises, causé de gros dégâts dans la ville. Couvert par les nuages, nous ne le voyons pas en cette journée.

De retour dans le monde urbain, nous organisons la suite de notre séjour! Le programme est alléchant!





Le lendemain, au lever du soleil, je pars courir sur l’autre versant de la vallée encaissée. Le temps est splendide. Le long de la route, tout de suite, après avoir traversé le pont, je commence à avoir de magnifiques points de vue sur le Tungurahua. Au fil de l’ascension, ces derniers vont être de plus en plus impressionnants. Il domine ces paysages de verdures, avec son cône volcanique rocheux noir et rouge. J’obtiens des vues splendides sur la région. Je profite aussi de deux balançoires, libres d’accès, avec des vues incroyables sur le volcan et la région en dessous. Je me régale pendant quelques heures, avant de redescendre retrouver Lucie.






Pour ce deuxième jour sur place, nous avons décidés de louer des vélos pour circuler sur la Ruta de las Cascadas (route des cascades). Cette promenade en vélo est très prisée car elle donne accès à de nombreux sites intéressants. Elle emprunte le bitume de la nouvelle route, mais plus souvent celui de l’ancienne route pavée! Il y a aussi de multiples activités «extrêmes», avec des tyroliennes, sauts à l’élastique, cabines sur câbles…

Après avoir récupéré nos vélos à l’agence, après être sortie de la ville, après avoir passé le gros barrage hydro-électrique, nous faisons un premier arrêt. Lucie hésite, mais elle n’a pas envie. Je pars seul dans cette cabine; une «tarabita», qui traverse la vallée et passe juste au-dessus d’une impressionnante cascade. Les vues sont splendides. Le passage assez rapide, au-dessus du vide, est grisant. De l’autre côté, je découvre de belles fleurs, des oiseaux colorés. D’autres le sont un peu moins mais un peu plus impressionnant, quand ils déploient leurs ailes dans le ciel, attendant que la mort arrive. Et oui, les vautours ont vraiment mauvaise réputation! Mais cette petite escapade de l’autre côté de la rive est enrichissante. De retour auprès de Lucie, nous reprenons notre marche en avant, nous découvrons des paysages tous plus splendides les uns que les autres. L’eau est ici omniprésente, principalement sous forme de cascades, de petits ruisseaux, ou ruissellements le long des parois rocheuses. 














Après de nombreux kilomètres, nous arrivons à la plus impressionnante d’entre-elles. «Paillon del Diablo» se trouve dans une gorge assez profonde et très resserrée. Cette diminution de la largeur provoque une augmentation du débit. La puissance de l’eau, qui s’écrase en bas de cette chute d’eau, est incroyable. A ce moment-là, l’homme prend conscience de sa petitesse par rapport à la nature. En revanche, ingénieux comme il est, l’homme a réussi la prouesse de pouvoir s’en rapprocher le plus possible et l’observer à des endroits inimaginables. Un tunnel a été creusé dans la pierre, permettant à chacun de monter tout près de la cascade et même d’y passer en dessous, juste sous le départ de la chute principale. Nous en prenons pleins les yeux, mais nous sommes aussi très vite détrempés en nous rapprochant beaucoup trop près de la chute d’eau, qui nous éclabousse. La puissance de la cascade se ressent aussi auditivement parlant avec le vacarme qu’elle produit!

Nous trouvons, suite à cela, un super point de vue sur la chute, au soleil, pour pique-niquer, et passer un moment agréable. Nous continuons à descendre encore un peu dans la vallée. Nous y verrons une nouvelle magnifique cascade, empruntons de superbes chemins de randonnée pour atteindre la rivière, et observons des dizaines et dizaines de papillons magnifiques.











Contrairement à beaucoup de personnes, qui décident de remonter à Banos, par le bus, en mettant les vélos sur le toit, nous entreprenons le retour par la route, en pédalant. Nous décidons de nous arrêter aussi sur la meilleure tyrolienne, à nos yeux, que nous avons vus lors de la descente, «Machay Zipline».  Nous négocions les prix pour cette double traversée. Une fois encore, nous vivons une expérience, au top, à deux. Cette fois-ci, nous allons la vivre vraiment ensemble, car deux lignes, en parallèle, commencent à chaque départ. Nous pouvons nous donner la main lors des deux traversées. C’est impressionnant de traverser la vallée, flottant dans les airs, retenu au niveau du torse par de simples baudriers et lanières, reliés à la poulie, qui se déplace le long du câble. Lucie est un peu tendue, mais elle en profite déjà beaucoup plus que lors de la première expérience au Costa Rica. Nous pouvons nous regarder sourire. Le premier passage, au-dessus d’une belle cascade, est intense. Lors de la deuxième traversée, nous allons même parler, exprimer nos sentiments l’un à l’autre, tout en admirant ces paysages sublimes qui défilent, qui glissent sous nos yeux…





Après avoir vécus quelques sensations fortes, nous finissons la journée avec les derniers efforts physiques, en vélo. De retour, à Banos, nous prenons quelques minutes, à l’hôtel, pour nous reposer. Puis nous allons nous détendre dans un des nombreux centres thermaux de la ville. Elle est réputée pour cela. Malgré le monde présent à cette heure de la journée, nous ne sommes pas mécontents d’avoir passés du temps dans les différents bassins, à notre disposition. Nous rentrons totalement relaxés à l’hôtel. Lucie sera un peu gênée par quelques démangeaisons. De petits insectes ont recouverts ces jambes de boutons urticants. Heureusement, ça ne va pas s’infecter!




Le programme du lendemain s’annonce explosif. Lucie prendra part à deux nouvelles activités qu’elle n’a jamais faites. Ça devrait «envoyer» au niveau sensations. En matinée, nous commençons par le rafting. Après avoir récupéré le matériel, être descendu au point de départ, avoir reçu les instructions, nous entamons la descente de la rivière qui est tumultueuse. Depuis le départ, je sens que Lucie n’est pas trop rassurée, même si elle avait vraiment envie de prendre part à cette activité. De mon côté, je suis vraiment existé. Montrant ma motivation, je prends un des deux postes de meneurs. Nous passons les premiers rapides. C’est un tel plaisir de se mesurer un peu à la puissance de la nature, de se laisser glisser et de vivre des sensations créées naturellement, par la force des éléments, par cette eau, source de vie, qui part rejoindre le bassin amazonien. Plus la descente se déroule, plus les rapides augmentent, leur puissance aussi. C’est intéressant aussi de voir les kayaks, qui sont présents pour notre surveillance, pour nous filmer, qui luttent dans ces derniers.








Puis nous arrivons au rapide de classe supérieure, qui peut être un peu difficile à passer. Nous avons pourtant eu le temps de nous y préparer. Nous pagayons de façon beaucoup plus coordonnée, avec plus de puissance. Mais cela ne va pas suffire. Quand nous arrivons sur la vague principale, le bateau ne passe pas, il tourne sur lui-même, avant de se retourner comme une crêpe dans l’autre sens. Nous sommes tous éjectés du bateau. Nous nous retrouvons, sous l’eau, un peu plus d’une seconde seulement. Mais quand je remonte à la surface, je mets quelques secondes à me repérer.

Quand je vois Lucie, je me rends compte qu’elle est prise d’une peur panique. Elle est en pleurs. Même si le lapse de temps a été très court, elle a eu la sensation qu’elle allait se noyer. C’est un sentiment désagréable qui engendre beaucoup de peurs. Elle ne se contrôle pas. Elle ne voit pas et n’entend pas que le moniteur est déjà sur le rafting pour le retourner. Quand il effectue la manœuvre, je crie à Lucie de faire attention mais il est déjà trop tard. Le bateau arrive déjà sur elle, lui replongeant irrémédiablement un peu la tête dans l’eau. Heureusement, elle était juste sur le côté. Elle arrive à se dégager immédiatement sans rien faire de spécial. Cela n’est pas pour la rassurer tout de même. J’ai rattrapé sa pagaye. Je la rejoins, j’essaie de la réconforter, avant que nous montions sur le bateau. Pourtant le mal est fait. Elle est pressée que cela se termine. Elle n’a qu’une idée en tête; mettre le pied sur la terre ferme. Elle n’arrête pas de dire qu’on lui avait dit que l’embarcation ne se renversait jamais ici. Je ne peux rien faire de plus si ce n’est essayer de la rassurer par les mots.


La fin de la descente est très agréable. Nous passons encore au travers de quelques rapides. Nous longeons des paysages splendides. Nous nous amusons, au moins la plupart d’entre nous, même si beaucoup de personnes ont eu vraiment peurs lorsque le rafting s’est retourné.

Lorsque nous regagnons finalement la rive, nous avons passés un bon moment. Tout le monde est très content de l’expérience. Lucie restera longtemps tétanisée, incapable de profiter du moment vécu. La peur est un sentiment incontrôlable qui permet au sujet de fuir ou de combattre un danger. Lucie s’est protégée. Son caractère fait qu’elle l’exprime en pleurant et en voyant le négatif de la situation. Une fois rassuré et après avoir pu analyser tranquillement la situation, cela change progressivement. Elle se rend compte qu’il y a eu un danger potentiel, mais que celui-ci n’était pas aussi important que son imagination ait pu le projeter. Elle me dira même, un peu plus tard, dans la journée, qu’elle aimerait un jour essayer de nouveau le rafting, alors qu’elle avait dit qu’on ne la reverrait plus jamais faire ce type d’activités!





De retour à Banos, le restaurant nous est payé par la compagnie qui organise les sorties. Nous mangeons avec tous les autres participants un « almuerzo» typique du pays.  Nous passons un agréable moment, avant de repartir directement pour la deuxième activité de la journée. Il s’agit maintenant de canyoning. Le moniteur est très sympathique. Il nous met immédiatement dans l’ambiance. Après que nous nous soyons équipés, après qu’il nous ait indiqué les règles de sécurité et expliqué comment nous procéderons, nous marchons dans la nature pour rejoindre le point de départ de cette descente. Pour ce canyoning, il s’agit principalement de descentes en rappel dans un canyon spectaculaire, en plein milieu d’une nature verdoyante et luxuriante.


Nous commençons directement par un rappel impressionnant. Nous sommes seuls face à la paroi, dos au précipice. J’encourage Lucie qui est passée avant moi. Elle n’arrive pas à se décontracter au tout début. Elle a peur de jouer avec la corde pour faire du rappel et descendre doucement le long de la paroi, en se tenant perpendiculaire à cette dernière grâce à ces pieds. Elle n’a pas conscience qu’une personne l’assure en dessous et qu’elle n’a aucun risque de chuter. Malgré l’appréhension, elle réussit tout de même, cette première descente. Elle se décontracte ensuite de plus en plus. Elle a été mise en confiance par les deux moniteurs et, dans la moindre mesure, par mes encouragements. Nous passons ensuite un très bon moment.

J’avais déjà eu la chance d’en faire de nombreuses fois auparavant en colonie de vacances. J’ai aussi fait de l’escalade au lycée et dans mon école d’ingénieur. Je prends un grand plaisir à descendre les parois en faisant des bons importants, ou en courant le long de la paroi. Le lieu est spectaculaire. Nous en prenons pleins les yeux. L’ambiance est à son comble. Très vite tout le monde se détend. Avec Lucie, nous pouvons faire des sortes des rappels, où nous sommes attachés, tous les deux, ensembles. C’est alors la personne, qui se trouve au-dessus, qui nous assure et qui permet la descente. Nous vivons des moments un peu fous. Nous sortons du canyon avec un sourire jusqu’aux oreilles.










Une fois encore, nous avons le droit à un bon encas en sortie de l’activité. Ils nous remettent aussi tous les photos et vidéos des deux sorties. En fait, nous n’obtiendrons celles du rafting que beaucoup plus tard car la carte SD, mise dans le vide poche, est tombé par une petite ouverture, dans la carrosserie, du minibus, qui nous avait emmené... Nous rentrons à l’hôtel avec un grand sourire et pleins de souvenirs en tête.
Quand nous voyons le monde qu’il y a le lendemain, le samedi de ce week-end férié, dans les rues de Banos, à faire la queue dans les agences de tourisme, chez les prestataires pour les activités, nous sommes heureux d’être en décalé et d’avoir pu profiter des lieux avant l’arrivée de cette marée humaine. Nous prenons la pleine conscience que cette petite ville, aux capacités d’accueils limitées, est la troisième ville touristique du pays après Quito et Otavalo. 

Nous prenons le bus, un peu avant midi pour nous rendre à Puyo! Un nouveau volontariat nous y attend. Dans le bus, nous regardons Point Break II. Nous n’avons pas et nous n’allons pas vivre les mêmes sports extrêmes, les mêmes sensations, que dans le film. Mais nous avons déjà eu une bonne dose d’adrénaline et des expériences un peu folles nous attendent pendant ce séjour au refuge d’animaux…
… Notre séjour au refuge est un peu écourté pour différentes raisons invoquées dans l’article dédié à cette expérience intéressante mais totalement inattendue. Elle n’a pas totalement répondu à nos attentes mais il y a eu, tout de même, pleins d’aspects positifs.

La vie de voyageur reprend rapidement son cours. Après une nuit à l’hôtel à Puyo, Kassandra, Gaëlle, Paul et Alexis, que nous avons rencontrés au volontariat précédent, nous rejoignent. Nous partons ensemble dans un village de la forêt amazonienne; Sacha Wasi. Alexis le connait pour y être déjà venu. Nous vivons une expérience forte pendant ce week-end en totale immersion avec les locaux. Ici le tourisme communautaire est assez récent. Tout de même, les indigènes ont déjà l’habitude des voyageurs étrangers. Nous ne sommes pas au beau milieu de la forêt amazonienne ou en Papouasie Nouvelle Guinée, par exemple, que je connais, ou certaines tribus n’ont vu, ou ont eu que très peu de contact avec «l’homme civilisé»! Ici, la donne n’est pas la même. Les villageois commencent à vivre, en partie, d’un business tourné vers le tourisme, avec la location d’habitat typique pour une nuit, la vente d’artisanat et, même parfois, de forfaits journaliers pour des excursions.

Après avoir été déposé, sur le bord de la route, par le bus, nous suivons des locaux, qui rentrent au village en portant de lourds fardeaux. Nous sommes accueillis par de jeunes chefs de village. Ils nous présentent quelques villageois. Ils nous accueillent dans le lieu, où se regroupe la tribu lors de réunions. Il nous présente très vite nos logements. Avec Lucie, car nous sommes le seul couple, nous héritons d’une cabane sur pilotis, au bord de la rivière, un peu à l’écart du reste des habitations. Nous avons vraiment le sentiment d’être chanceux.


Ensuite, ils nous initient à la pratique de la sarbacane.  Il s’en suit des rencontres avec d’autres villageois. Nous avons le droit à des peintures faciales, qui ont toutes des significations. Puis les enfants nous emmènent à une cascade, qui se trouve à quelques kilomètres de là. Le lieu est splendide, spectaculaire. Nous traversons une forêt originelle pour nous y rendre. Les sculptures, finalisées sur place, rendent le lieu encore un peu plus mystique. Nous pique-niquons sur place, partageons notre repas avec l’ensemble des enfants venus nous accompagner. Nous nous baignons dans le lac, qui s’est formé en bas de la chute. Malgré la température fraîche de l’eau, nous y passons un agréable moment.
Nous rentrons en courant et en nous amusant avec les enfants. C’est vraiment génial de voir comment nous pouvons passés de tels moments, simplement, dans la nature… En arrivant près du village, nous faisons un petit détour au village voisin. Ils nous montrent un anaconda qu’ils ont capturé quelques jours auparavant. Il est immense par ces dimensions, magnifique par ces couleurs mais cela me fait un peu de peine de le voir enfermé dans cette boîte en bois… Regagnant ensuite le village, nous cuisinons dans un lieu collectif aménagé spécialement pour les visiteurs. Nous passerons notre nuit autour du feu.
Le lendemain, nous prenons part aux activités d’une famille de la tribu. Nous partons avec eux dans un lieu défriché, par leur soin, à la main, dans la forêt. Nous les aidons à planter des bouts de bois de manioc; des boutures, qui deviendront ensuite des plantes productives. C’est intéressant de participer à ce processus entièrement manuel, réalisé à la sueur de leur front, dans cette partie du monde. Pendant ce temps de travail, nous expérimentons des techniques de travail ancestrales, nous découvrons la biodiversité de cette forêt, nous en apprenons un peu plus, sur la vie du couple, qui nous accompagne. De retour au village, nous cuisinons ce que nous avons ramassés sur la route du retour. Nous avons la chance de vivre de beaux moments aux côtés des villageois mais l’immersion n’est pas totale. Les visiteurs sont finalement séparés du reste de la tribu, sauf de deux couples qui vivent dans la même partie du village. Ce n’est pas bien grave et cela ne gâche rien à notre plaisir et aux moments vécus près d’eux. C’est pourtant intéressant de le constater, de voir comment ils se protègent, de voir la belle image de leur village qu’ils veulent nous laisser. En tout cas, les relations avec les adultes sont très cordiales, ils nous apprennent beaucoup. Avec les enfants, la complicité est très grande. C’est incroyable de voir l’agilité, la connaissance de la forêt et de ces dangers, qu’ils possèdent. Il est facile de voir, qu’ils ont toujours évolués dans cet environnement. Même génétiquement, ils ont des prédispositions pour survire dans ces lieux.

L’après-midi, nous devions descendre la rivière dans leurs canoës en bois. Mais la personne qui possède ces embarcations ne pourra finalement pas venir. Nous décidons avec les filles de partir voir un point de vue de la région. Paul et Alexis décident de rester dans le village. Ils installent la Slack line. Ils jouent avec l’ensemble des locaux présents, dont beaucoup d’enfants. De notre côté, nous allons atteindre, après plus de deux heures de marche, un point de vue unique sur le bassin amazonien. C’est une chance d’être au début de ce bassin. Il existe encore quelques reliefs qui nous permettent de prendre de la hauteur, avant que ce bassin devienne plat, sur des milliers de kilomètres, à travers le nord de la partie sud du continent américain.

Ils ont installé au niveau du point de vue, une balançoire qui consiste en une simple corde, au bout duquel est installé un bout de bois. Quand tu t’élances dans le vide, tu te retrouves avec plus de 50 mètres de vide sous toi, sans aucune protection. Si tu n’arrives pas à rejoindre le bord après plusieurs balancements, il n’y a aucun moyen de revenir sur la terre ferme. L’adrénaline que génère une telle activité va me plaire. La vue est incroyable et la sensation inexplicable. J’y retourne trois fois de suite. Une fois encore, j’ai une sensation de vivre, qui est poussée à son extrême. Les filles ne voudront pas y aller. Seule une volontaire se lance. Elle y arrivera mais heureusement que le guide, qui nous accompagne, arrivera à la récupéré en bord de falaise, avant que la situation se complique…
De retour en bas, nous avons le droit de visiter le musée créé pour présenter les traditions locales. Nous nous voyons aussi offrir une boisson locale. Quelqu’un nous ramènera près du village alors que la nuit est déjà tombée Le soir même, deux chamans de Sacha Wasi, nous ont demandé si nous voulions participer à un rituel d’Ayahuasca. Mais encore une fois, comme dans le village de Puyo, nous sentons qu’il s’agit plus d’une mise en scène pour touristes. Il s’agit peut-être du bon breuvage, mais c’est sûr qu’ils ne respectent pas du tout les traditions et le rituel imposé pour normalement prendre part à une telle cérémonie. Un tel moment se prépare physiquement et psychologiquement pour que ça soit un vrai travail sur soi. Hors ce n’est pas le cas ici. Alexis nous le confirme. Un volontaire, qui est présent depuis quelques jours et, dont nous avons fait la connaissance en arrivant, veut essayer. Nous allons pouvoir assister à sa cérémonie, ce qui n’est pas possible normalement. Une fois encore, ils nous demanderont si nous voulons essayer cette boisson. Personne ne cédera, personne ne voudra simplement tester les effets psychotropes centraux et les effets périphériques de cette plante. Si nous avions voulu vraiment essayer ou renouveler l’expérience, nous aurions dû partir dans une autre tribu. Ça ne sera pas pour cette fois mais c’est pour le mieux pour tous. Après avoir un peu assisté à la cérémonie, après avoir surtout passé une bonne dernière soirée ensemble, nous nous couchons avec l’esprit tranquille.

Nous passons tous une très bonne nuit. Pour ma part, largement meilleure, que celle de la veille qui avait été très agitée. Je m’étais fait une vraie entaille dans le doigt sans savoir comment.
Le matin, nous nous réveillons tôt pour attraper le bus qui repart vers Puyo à 7h00. Nous sommes un peu tristes de déjà quitter cette tribu. Mais l’expérience y fut déjà très enrichissante. Les volontaires d’Ahuana doivent rentrer près de Calpi, nous devons continuer notre chemin et remonter vers le Nord. 
Nous nous arrêterons avec Lucie, après un long périple en bus, dans la ville de Latacunga. Nous sommes revenus dans l’allée des volcans. Notre immersion en forêt amazonienne prend fin là. Après avoir trouvé un hôtel, nous prendrons notre temps. Nous préparons la journée du lendemain, principalement en s’approvisionnant, puis nous trouvons un petit restaurant où manger un dîner léger. Une belle et longue journée nous attend le lendemain.
Nous nous réveillons très tôt pour prendre un des premiers bus partant pour un des lieux les plus spectaculaires du pays, selon de nombreuses personnes. Tout le monde nous a dit qu’ils ont passés sur place un moment inoubliable. Pour nous, cela commence dès le trajet de bus, quand nous prenons de la hauteur. Le ciel est couvert quand nous partons de Latacunga mais il se dégage très rapidement puis totalement. Nous nous retrouvons alors avec une vue à 360° splendide. Une localisation centrale, nous donne la possibilité d’observer une majorité des volcans important du pays. En visu, nous avons le Sangay, le Chimborazo, El Altar, le Tungurahua, mais aussi le Cotopaxi, que nous découvrons pour la première fois. La journée commence bien et ce n’est que le début.

Le bus nous dépose à Zumbahua. Avec d’autres personnes, nous négocions le prix d’une camionnette pour qu’il nous monte à l’entrée de la lagune, que nous venons visiter. Après nous être acquitté du droit d’entrée, nous pouvons profiter des lieux. Nous marchons directement vers le premier point de vue sur la lagune de Quilotoa. Le cratère de ce volcan, éteint depuis des milliers d’années, possède des flancs abrupts, et abrite une splendide lagune aux eaux bleues turquoise. Alors que nous découvrons cette dernière, nous sommes subjugués par ces couleurs, magnifiées par le soleil qui l’éclaire dans sa totalité. Le fait de voir ce lieu avec un ciel bleu total est parfait. La lagune et le ciel contraste alors vraiment avec les couleurs sombres des roches qui l’entourent. En effet, les paysages d’Equateur sont splendides en des points précis. Sinon, les paysages de montagne ne sont pas les plus beaux que je n’ai jamais vus de ma vie. Peu importe, en ce début de journée, nous sommes devant un vrai petit bijou…
Nous en profitons une bonne partie de la journée. Nous avons emmenés de quoi manger et nous entreprenons le tour du cratère, sur un sentier qui surplombe la lagune. Nous ne nous lassons pas des différents points de vue que nous allons atteindre au cours de la journée. Nous sommes ravis aussi d’être arrivées assez tôt. Au cours de la matinée, le temps change. Cela commence par de fins nuages, qui envahissent petit-à-petit le ciel. Puis de gros nuages chargés d’eau commencent à prendre le relais. Le paysage change alors, il s’assombrit un peu. Sur la lagune, des ombres se créent. C’est vraiment joli aussi. La flore que nous pouvons admirer est intéressante. Sur ce cratère, il y a de splendides fleurs colorées. Le temps va se couvrir de plus en plus, tout en nous offrant régulièrement quelques éclaircies.
Nous déjeunons avec une belle vue sur la lagune. Puis vers la fin du tour, nous décidons, un peu malgré nous pour être totalement honnête, de descendre en bas du cratère sur la plage de la lagune. Nous y voyons depuis ce matin, des personnes loués des kayaks pour naviguer. Nous avions envisagés cette descente, mais c’est le choix d’un chemin de traverse, qui nous y conduira finalement. Sur ce chemin, sur les flancs abrupts, il y a quelques passages très escarpés, un peu compliqué à négocier. Mais nous nous en sortons sans encombre. Nous découvrons aussi des flancs de ce côté du cratère, recouverts de fleurs. C’est splendide.

En revanche, le temps est lui de plus en plus menaçant. Les nuages gris sombres s’accrochent maintenant, sur le haut du cratère, qui culmine à 4000 mètres d’altitude. En arrivant, sur la plage, nous recevons les premières gouttes de pluies. Nous restons donc seulement quelques minutes en bas, avant d’entreprendre la remontée, pour finaliser notre randonnée. Nous aurions pu remonter à dos d’âne. Mais comme nous aimons à le dire avec Lucie, nous ne voulons pas faire subir à de animaux quelque chose de dur alors que c’est un choix de notre part. Il n’y a aucune raison qu’ils nous portent, alors que nous avons décidés, avec nos petites jambes, de descendre dans le fond de ce cratère. En plus, les prix sont exorbitants, pour une montée de quelques minutes. Heureusement, nous sommes depuis longtemps acclimatés à l’altitude. Nous sommes déjà montés à plus de 5000 mètres. Malgré un effort certains, et une fatigue importante à la fin, Lucie réussit cette remontée avec brio, sous quelques gouttes de pluies, non pas un déluge, comme nous aurions pu l’imaginer!
Puis nous attrapons en route, avec l’aide d’une camionnette, un bus qui rentre vers Latacunga. Nous avons de belles images pleines la tête. Et il faut mieux garder ces dernières en tête et ne pas forcément regarder le paysage qui défile à l’extérieur du bus. Avec les nuages gris, les paysages sont tristes et il n’y a plus aucune visibilité. Après plus d’une heure de trajet, nous voici de nouveau à Latacunga.

Nous prenons des photos de nos «tatouages» fait à Sacha Wasi. Il s’agit de tatouages temporaires, fait à l’aide d’un fruit. Heureusement car je n’ai jamais voulu de tatouage et là les lignes de ces derniers sont dignes de dessins d’enfants, qui auraient quelques notions de volumes. Nous voulions tout de même faire une blague à nos proches en faisant croire que nous avions franchi le pas. Cela ne marchera pas vraiment mais de notre côté, nous avons bien rigolés à le mettre en scène et à imaginer les réactions des uns et des autres.
Le lendemain, nous effectuons un long trajet en bus. Dans nos prévisions, ce dernier aurait dû être beaucoup plus cours. Nous voulions faire un stop d’une journée près du Cotopaxi, splendide avec sa forme conique enneigé. Finalement, nous nous contenterons de notre vision de la veille car aujourd’hui, le plafond nuageux est très bas. Les nuages sont gris et menaçants. Aucun des sommets volcaniques ne sera visible. Mais, dans ces cas-là, il est facile  de relativiser. Un des summums de notre visite en Equateur devait être la découverte de la lagune du Quilotoa. Nous avons pu l’admirer sous un grand ciel bleu, mais aussi sous différents aspects, avec la météo qui a changé au cours de notre randonnée. Ça a été un vrai bonheur. Cette journée du 06/06/2016 sera donc une journée de transit.

Nous repassons par Quito, pour nous rendre un peu plus au nord, à Otavalo. Nous l’atteignons en milieu d’après-midi. Nous allons, pour la première fois, quasiment du voyage, vraiment galérer pour trouver un logement qui nous convient. L’office du tourisme ne sera pas d’une grande aide. Après avoir un peu tourné avec nos sacs,  Lucie garde ces derniers et je pars à la recherche d’un hôtel. Après avoir tourné dans tous les sens, mettre arrêter dans une dizaine d’hôtels, d’auberges, je trouve finalement ce qui nous convient. L’hôtel est propre, avec une cuisine, internet, un super balcon sur le toit, un espace de vie très sympa car ouvert entre tous les étages et avec une structure métallique qui lui donne un charme très particulier. Nous allons en profiter en y restant plusieurs nuits.
La journée du lendemain se révèle être unique, alors que sur le papier, au début, rien n’était simple. En effet, nous voulons visiter les environs. Il y a de superbes lagunes volcaniques à découvrir mais aucun moyen de transport en commun n’y conduit. Les tours organisés sont très chers, pour une plus-value quasi-inexistante, car ils ne prennent vraiment en charge que le transport. Nous décidons donc de partir à pied, alors que la première lagune se trouve à plus de 15 kilomètres de là. Nous espérons que quelqu’un nous prendra en stop ou qu’une solution se présentera à nous. Sinon, nous devrons marcher de longues heures pour parvenir à cette lagune, qui se trouve beaucoup plus haut en altitude.
Après de multiples essais infructueux, ou pas assez intéressant, pour qu’ils nous prennent, pour seulement quelques mètres, une voiture s’arrête à nos côtés. Il ne va pas jusqu’à la lagune mais nous gagnions grâce à lui quelques kilomètres. Cela tombe presque bien, car sur la route, un peu à l’écart, il y a une superbe cascade. Nous prenons donc le chemin de terre, accessible seulement à pied, pour la découvrir. Il y a encore du soleil quand nous atteignons cette dernière. Nous y passons un très bon moment, une nouvelle fois, seuls au monde!

Après avoir remarchés encore quelques kilomètres, une voiture moderne s’arrête à nos côtés. C’est un touriste. Un équatorien mais un touriste. Il est de Quito. Il se promène, avec sa fille, pour la journée, autour d’Otavalo, pour redécouvrir les beautés de la région. Ils ont déposés, le matin même, la maman venue pour une mission de travail. Ils l’a récupéreront le soir, quand elle aura effectué le travail demandé. En attendant, ils sont très contents de faire notre rencontre. Le monsieur, en plus, a pris des cours de français, il y a quelques années. Il a fait aussi un court séjour en France pour améliorer son français. Il est enchanté de pouvoir le pratiquer avec nous. Tous que nous sommes, nous ne savons pas encore dans quelle aventure nous venons de nous engager. Quelques minutes suffisent pour atteindre la Laguna Majas. Le lieu est sympa, le paysage intéressant, même si le temps s’est, à cette heure-ci, totalement recouvert. Avec Lucie, nous aimerions bien nous promener un peu plus, autour de cette lagune et découvrir l’une ou les autres lagunes qui se trouvent à proximité. Il se propose alors de nous emmener déjà à la suivante. Même avec son roadster, il a quelques difficultés à passer le premier passage boueux sur le chemin de terre. Il nous fait un peu peur quand sa voiture dérape un peu, alors que sur un côté de la route se trouve le précipice.
Il continue tout de même plus loin et il s’en sort sans encombre. Au croisement de deux chemins, nous prenons à droite, vers la prochaine lagune. Un peu plus loin, il se retrouve bloquer. La route est devenue impraticable. Il n’a aucune chance de passer à cet endroit, qui présente de larges sillons d’eau et de boue. Il est un peu déçu de ne pas pouvoir plus nous aider. Il nous dépose alors sur le chemin avant de faire demi-tour. Il nous fait comprendre qu’il peut nous attendre, car il va passer un peu de temps près de la première lagune avec sa fille. L’échange est très bon et c’est vraiment du donnant-donnant. Nous avons déjà passé un agréable moment à leurs côtés et nous aussi nous aimerions bien continuer un peu avec eux. Sans certitudes, nous décidons tout de même de nous hâter pour ne pas louper cette opportunité, qui ne se reproduira, peut-être, pas de la journée, au vu de la fréquentation très faible dans les environs. Nous arrivons assez rapidement à un point de vue sur l’autre lagune. Ne voulant pas se précipiter et laisser passer trop de temps, Lucie reste à cet endroit. Je descends alors, tout seul, jusqu’au bord de cette dernière. Les paysages sont intéressants. Le temps d’une éclaircie, j’en prends encore plus conscience. Nous rebroussons ensuite notre chemin, pour essayer de rejoindre l’équatorien et sa fille.
Quelle n’est pas notre surprise quand nous les voyons à l’embranchement. Malheureusement, ils ne sont pas dans la meilleure des situations. Il a mal négocié un passage et l’ensemble du côté droit de la voiture est embourbé dans un sillon. Elle est penchée et semble vraiment trop enfoncée. Il a réussi à stopper des locaux, qui l’aident déjà à creuser et pousser. Nous nous joignons à la cause commune. Nous allons creuser dans la boue. Je ramène des bouts de bois, des pierres. Nous essayons à maintes reprises de sortir la voiture du bourbier dans laquelle elle est enfoncée. Mais rien n’y fait. Elle ne bouge pas d’un poil.

Le propriétaire de la voiture part alors avec un local sur sa moto. Ils vont chercher de l’aide. Ils trouvent un homme, seul, dans son 4x4 hyper puissant. Il semble être malheureux, nous dira-t-il ultérieurement, pas loin de la dépression. En tout cas, après quelques explications, il accepte de venir les aider, de venir nous aider. Nous avons maintenant un véhicule qui devrait pouvoir nous sortir d’affaire, mais pas de moyen de remorquage, en tout cas pas de liens solides pour permettre à l’un des véhicules de tirer l’autre. Nous n’avons aucun câble, cordage digne de ce nom. Nous allons donc essayer la solution de briques et broques, de bricolage. Ils  récupèrent toutes les affaires qu’il a, qu’ils ont avec eux. Il commence par des vêtements, puis une serviette, puis des chaussettes, et une ceinture. Ils essaient plusieurs fois de tirer avec ces liens mais ces derniers cassent toujours à un point ou un autre. Je leur passe ensuite ma ceinture. Mais les 5 essais suivants sont sans succès. Il achète le tissu, avec lequel une des mamans équatoriennes, présentes sur place, porte son bébé. Il paie le prix fort, entre guillemet, car cela va lui coûter une fortune s’il n’arrive pas à sortir son véhicule d’ici. Heureusement, l’entre-aide continue. Tout le monde est patient et chacun y met de la bonne volonté. Cette solution ne marchant toujours pas nous envisageons les autres solutions. Il y a un refuge, à quelques kilomètres de là, près de la lagune. Il demande à un local de s’y rendre pour demander des cordages. Il refuse cette fois prétextant que la route n’est pas praticable même pour une moto et que le coût en essence est trop élevé. Je me propose donc d’y aller en courant...
Avant cela, nous essayons tout de même quelques nouvelles tentatives. Le lien fabriqué est de plus en plus solide. La voiture commence à bouger un peu. Après une énième tentative, après que la roue tournant dans le vide nous est recouvert de boue, nous réussissons l’impensable. Le véhicule est de nouveau sur ces 4 roues. Nous remercions tout le monde. Il récompense pécuniairement les locaux qui nous ont aidés. La personne qui semblait désœuvrée, seule  dans son 4x4, semble mieux. De notre côté, nous pouvons continuer l’aventure tous les 4. Nous allons réussir à sortir du chemin de terre, sans nous s’embourber de nouveau. A deux reprises je descendrais tout de même du véhicule pour alléger ce dernier, et surtout estimer la meilleure trajectoire à suivre. Une fois revenu sur la route en bitume, nous respirons de nouveau.
Ils nous redescendent jusqu’à Otavalo. Ils nous ramènent juste devant notre hôtel. Ils nous demandent si nous voulons continuer la journée avec eux car ils partent voir une autre lagune et qu’ils aimeraient vraiment que nous soyons de la partie. Nous acception sans hésitation. Nous rentrons juste échanger quelques affaires, pour être un peu plus propres, avant de les retrouver.

Nous voici donc partie pour la visite de la deuxième lagune; Laguna Cuicochoa! Nous avions aussi envisagé de la découvrir, mais le manque de temps et la difficulté pour s’y rendre, en transport en commun, nous avaient reboutés. Pourtant, grâce à cette rencontre et, peut-être aussi cette mésaventure, nous avons la chance de nous y rendre. Cette lagune est magnifique. Pendant qu’ils y déjeunent dans un restaurant, sur son rivage. Nous marchons un peu, pique-niquons au niveau d’un point de vue et découvrons une lagune exceptionnelle, surtout en raison de tous les mythes qui circulent autour. L’île, qui se trouve en son centre, possède aussi une vraie beauté. Alors que nous l’admirons, le soleil refait son apparition, nous permettant de découvrir la couleur sublime, même si un peu sombre, qu’elle revêt.

Ils ont du temps devant eux car sa femme ne devrait pas finir avant le milieu de soirée. Ils nous proposent donc de continuer encore un peu plus le périple avec eux. Nous nous rendons alors dans la ville d’Iberra, qu’ils connaissent, un peu, pour y avoir vécu, pendant 1an et demi. Nous faisons le tour d’une très grande lagune avant qu’ils nous invitent à boire et manger un peu avec eux. Nous goûtons des empanadas comme nous n’en avons encore jamais goûtés. Ils nous amèneront finalement à notre hôtel à Otavalo. Nous venons de vivre une journée qui ne ressemble à aucune autre. C’est incroyable de prendre conscience comment la magie du voyage permet de créer des moments uniques, que la solidarité, l’échange et le partage existent encore dans nos sociétés. C’est inattendu, mais cette journée restera comme un des summums de ce voyage, un de plus qui plus est.
Pour notre dernière journée complète à Otavalo, je prépare un super petit-déjeuner. Nous prenons le temps de le déguster, avant de nous rendre sur le marché de l’artisanat pour acheter les cadeaux que nous offrirons, lors du retour en France, à nos proches. Nous trouvons assez facilement un cadeau approprié pour chacun. Après être retourné les bras chargés à l’hôtel pour y déposer tous nos achats, nous partons découvrir un nouveau lieu, près de la ville. Encore une fois nous sommes surpris par ce que nous découvrons. Dans un paysage verdoyant, nous tombons nez-à-nez avec une splendide cascade. Ce voyage est un ensemble de petits moments simples, de contacts proches de la nature, où la contemplation est de rigueur, de relations humaines simples et enrichissantes qui se créent naturellement, d’une découverte de l’autre sans trop de contraintes, sans éléments extérieurs perturbants, si ce n’est ceux induits par le voyage et le rythme que nous désirons y inculquer. 
Le lendemain, je pars courir alors que le soleil n’est pas encore apparu à l’horizon. J’ai déjà une bonne idée en tête du parcours que je veux effectuer. Je monte sur les hauteurs d’Otavalo, je passe près de petits villages isolés, je découvre une nouvelle lagune, J’ai un magnifique point de vue sur toute la région.
Puis, je tombe sur le Parque Condor. Je vous mentirais si je vous disais que le hasard avait quelque chose à voir dans cette affaire. J’avais vraiment envie de m’y rendre en espérant pouvoir observer quelque chose. Malheureusement ce dernier est fermé et je suis accueilli par un énorme berger allemand, heureusement présent dans un enclos. Cela donne «l’alerte» au veilleur de nuit. C’est un jeune étudiant, pas du tout responsable du centre, qui ne sait pas quoi faire quand je lui formule une demande un peu spécifique. Heureusement une employée arrive très peu de temps après. Ils me font une grande faveur. En effet, ils m’ouvrent le parc rien que pour moi. Je n’ai même pas l’argent pour payer le droit d’entrée. Je leur donnerais seulement les quelques pièces que j’ai avec moi. Je sais qu’ils les garderont pour eux, mais cette idée me réjouit, car je préfère qu’ils en profitent eux plutôt qu’un riche propriétaire. Pendant presque 2h00, je peux observer des rapaces, les approchés de très près. Beaucoup d’entre-eux sont en cage, ce que je n’aime pas vraiment. Mais ces dernières sont grandes et il s’agit ici d’un vrai centre de réhabilitation. Dès qu’un animal peut-être relâché, il l’est! Certains d’entre-eux, que je découvre à la fin, sont même libre. Pendant le show en vol, qui a lieu les jours d’ouverture, les oiseaux peuvent librement s’évader s’ils le veulent. Pourtant ils reviennent toujours. J’ai la chance par ce biais de pouvoir admirer de très près de magnifiques aigles, buses, chouettes, mais aussi le somptueux et ténébreux condor. C’est incroyable de pouvoir le voir de si proche. J’avais pu l’admirer dans le canyon de Colca, au Pérou, en vol, mais je n’avais jamais eu l’occasion de voir les détails de sa silhouette. Je suis bluffé… je serais bien resté beaucoup longtemps dans ce centre, mais je dois les laisser. Je rentre en courant à Otavalo, avec des paillettes pleines les yeux. Cette avant-dernière étape de notre périple aura été pleine de surprises et beaucoup plus magique que nous aurions pu nous y attendre.
Pour la dernière ligne droite, nous avons prévus de passer les derniers jours dans un petit village qui nous a chaudement été recommandé. Nous y retrouverons aussi Sébastien, des Syséléma. Il s’agit du village de Mindo. Pour nous y rendre, nous devons repasser dans la banlieue de Quito. Nous n’y faisons qu’un bref arrêt avant de repartir vers la fameuse Mitad del Mundo. Il s’agit de la ligne fictive mais importante qui sépare le globe en deux hémisphères. Cette ligne a une renommée encore plus forte dans ce pays car ils sont homonymes; équateur. Par contre, ils ont fait de ce lieu un vrai business touristique. Nous trouvons que les prix sont exorbitants. Nous n’y ferons donc qu’un arrêt, sans payer les droits d’entrée, sans pénétrer dans le lieu à proprement parlé. Alors que nous déjeunons, de jeunes équatoriens nous interpellent. Pour leurs cours d’anglais, ils doivent  enregistrer une vidéo où ils font un sondage auprès de touristes, tout cela en anglais. Nous trouvons l’initiative originale. Nous voulons les aider. Et nous allons bien rire avec eux, au vu de leur niveau dans cette langue. Le moment est particulier et nous en gardons un souvenir heureux.
Puis nous retournons près du bitume, au bord de la route qui part vers la côte. Nous attrapons un bus qui s’arrête près de Mindo. Nous grimpons donc dedans et commençons un des derniers périples de ce voyage. Nous enchaînerons par un petit trajet en minibus pour descendre dans la vallée où se trouve Mindo.
Sébastien est, exceptionnellement, rentré à Quito pour la semaine afin de valider son permis de conduire équatorien. La Bicok est fermée. Après lui avoir passé un coup de téléphone, grâce à Skype, nous savons que nous le retrouverons le lendemain. Nous trouvons un logement simple mais agréable, dans une auberge tout en bois, en bord de rivière. La nuit tombe très vite, comme partout dans le pays. 6h00-18h00 sont les heures du jour à longueur d’année. Nous n’aurons donc pas trop l’occasion de découvrir les alentours dès le soir même. La nature est pourtant déjà présente partout dans la ville, avec des dizaines et dizaines d’espèces d’oiseaux différents, que nous pouvons observer pendant quelques heures. Il y a parmi eux les fameux colibris, impressionnants en raison de leurs battements d’ailes, à une fréquence impressionnante, qui leur permet d’effectuer des vols stationnaires et de butiner les fleurs. Elles sont plus sublimes les unes que les autres. Ce petit coin de paradis va nous révéler ces secrets au cours des jours suivants. Nous sommes déjà plongés dans une bulle calme et agréable. Encore une fois nous trouvons un petit restaurant local qui répondra parfaitement à nos attentes culinaires et au choix de découvrir ce que mangent les habitants de la région, plus généralement du pays.
Le lendemain, une nouvelle fois, je pars au lever du soleil, seul, pour découvrir la région. Je ne suis pas dans une forme olympique. Je n’ai donc pas envie de courir en début de promenade. Je pars dans les hauteurs, dans la forêt tropicale, où de nombreuses espèces d’oiseaux peuvent être observées. Je ne vais pas être déçu de l’expédition, du temps passés dans cette verdure dense, tellement différente de ce que nous pouvons connaître en France, en Europe. Je profite des instants dans ces lieux que je ne reverrais peut-être jamais. Chaque jour me réserve, nous réserve son lot de surprises et de découvertes. Par cette simple promenade, après avoir admiré un toucan en haut de son arbre, ma journée est déjà réussie, pourtant, elle n’a pas encore commencé avec Lucie. Le programme semble alléchant.
Nous prenons, tout d’abord, notre petit-déjeuner avec vue sur la rivière. Partout dans les jardins, des fleurs, plus belles les unes que les autres, poussent. Dans l’air, les oiseaux virevoltent. Ils semblent si heureux, si gais! Nous marchons ensuite dans une des vallées du coin, pour nous rendre dans un lieu très particulier. Nous nous rendons dans le  Mariposario de Mindo (centre d’élevage des papillons, appelés mariposas en espagnol). Quand nous arrivons, un groupe scolaire d’équatorien est présent. Il y a donc de l’agitation dans cet espace cloisonné par des filets. Des milliers et milliers de papillons papillonnent. Nous prenons déjà conscience de la magie de ce lieu. Il est possible de prendre les papillons sur ces doigts, sur son corps… Des dizaines d’espère cohabitent dans ce petit espace. C’est un vrai balai coloré et permanent, qui se dresse devant nous. Nous prenons tout notre temps pour découvrir ce temple des lépidoptères, de l’ordre des insectes, dont la forme adulte est appelée papillon. Il s’agit d’un des insectes le plus répandu dans le monde. Il comprend plus de 150 000 espèces différentes.
Nous pouvons en admirer de toutes les tailles, de toutes les couleurs (jaune, rouge, orange, noir, gris, marron….)! Ce qui est extraordinaire,  de mon point de vue, c’est « leur design». Des dessins splendides, plus ou moins coloré, sont totalement différents sur l’intérieur des ailes que le design de l’extérieur. Ils n’ont donc pas du tout le même aspect en vol et au repos… En tout cas, une de leur caractéristiques communes sont les trois paires  de pattes, et les deux paires d’ailes recouvertes d’écailles. L’endroit est conçu dans un but éducatif.  Nous pouvons donc observer les 4 phases distinctes de la vie de cet insecte. Cela commence par des œufs pondus par les papillons adultes. Ces derniers donnent des chenilles, qui se nourrissent des feuilles des arbres. Un peu plus tard ces dernières se transforment en chrysalides, qui s’abrite dans un cocon, puis après un long processus de mutation elle se transforme en papillon, scientifiquement appelé l’imago, qui peut prendre son envol. Suite à cela, la métamorphose complète a eu lieu. J’ai depuis toujours dans l’idée qu’un lépidoptère, au stade de l’imago, ne vit qu’une journée. Ce n’est pas totalement vrai contrairement aux idées reçues que j’avais. Pour la plupart des papillons la longévité est seulement de quelques jours, au plus semaines. Mais pour certaines espèces, ils peuvent vivre plusieurs mois, jusqu’à dix pour le papillon Citron. Comme quoi, nous avons parfois, depuis notre plus tendre enfance, des idées qui nous ont été inculquées et qui sont parfois un peu erronées, voire totalement. Mais l’image de la beauté éphémère d’un papillon reste unique, surtout si on y ajoute sa  légèreté, sa volupté…
Nous apprenons tous les jours de notre vie. C’est l’intérêt des connaissances et de l’apprentissage, qui est une perpétuelle source de nouveauté. En cette matinée, nous prenons le temps d’admirer cette concentration impressionnante de papillons. Nous regardons les l’imago sortir de leur cocon, les chenilles dévoraient les feuilles… Mais nous passons le plus de temps, le nez en l’air, à les contempler voler.  J’aime particulièrement l’un d’entre-eux; le papillon Morpho bleu. Je le trouve d’une élégance et d’une classe incroyable. Nous ne nous lasserions pas de ce spectacle. Nous pourrions, en tout cas, c’est sûr, je pourrais rester des jours entiers dans ce lieu simplement à les regarder dans le silence, avec un peu de musique. C’est un lieu tellement harmonieux aussi pour lire, écrire… Malheureusement, ce n’est pas un lieu privé qui nous appartient d’un côté, et de l’autre, le temps du séjour sur place est confortable, mais au vu de notre programme, nous n’avons pas un temps infini à y consacrer.
Nous rentrons ensuite au village. Avant de récupérer les bagages que nous avons laissés en dépôt, nous nous retournons à la Bicok. Sébastien est arrivé et il nous accueille les bras grand ouverts. C’est un plaisir de le revoir après ces quelques années. L’investissement énorme qui a mis de sa personne, dans ce projet, se voit même physiquement. Il a énormément changé depuis la dernière fois que je l’ai vu. Il a beaucoup maigri. Cela se voit directement qu’il s’est totalement dédié à son projet, parfois même, peut-être trop, sans tenir vraiment compte de son état de santé. Quoi qu’il en soit, le résultat est incroyable et nous le constatons directement. Quand nous rentrons sur son terrain, nous sommes subjugués par les installations, qui ont été construites en un peu plus d’un an. Il est parti avec rien, d’un terrain vierge. Il a monté le bâtiment principal avec ces bureaux, leur chambre, mais surtout la pièce de vie principale; le salon et la salle-à-manger, adjacents à la cuisine et à son bar. Il a construit un écolodge. Il a voulu se restreindre à des règles drastiques. Par exemple tous les matériaux, qui lui ont servis à concevoir cette œuvre, viennent de moins de 15 kilomètres à la ronde. Il a utilisé beaucoup de bois, dont un bois très spécial pour son parquet, qu’il a lui-même préparé, pendant plus de 2 semaines pour ce simple élément. Il a travaillé tout seul en tant que maître d’œuvre de ce projet. Il a fait appel, pour la main d’œuvre, à des locaux. Comme tout étranger dans le village, il a tout d’abord été pris pour un simple investisseur. Mais les locaux ont très vite modifié leur jugement et il le respecte maintenant. Ils savent qu’il a dormi, pendant des nuits, dans la terre, sous un bout de toile, soumis à toutes les conditions atmosphériques possibles et inimaginables. Il a été piqué par des araignées, il a dû se battre contre un serpent… Bref, il a obtenu le respect de ces voisins équatoriens. Surtout, la Bicok a une âme. La Bicok est un projet, qui a vu le jour grâce à un travailleur chevronné, un homme capable de se surpasser pour mener à bien son entreprise, le projet qu’il a voulu construire.

Je ne sais pas si Sébastien aimerait que je l’encense comme cela. Pourtant tout cela est vrai. Ce n’est pas un homme parfait, mais il a pleins de qualités remarquables, qui font que je suis très heureux d’être là aujourd’hui, à Mindo, accueilli dans la Bicok, pour passer quelques jours sur place avec lui. Les quelques logements déjà construits sont sublimes. Les chambres, assez petites, sont très modernes, bien organisées et avec un style très propre. Le cadre est sublime, un peu à l’écart du village mais tout proche de toutes les commodités. La piscine est incroyablement belle et les détails décoratifs sont magnifiques. Nous ne pouvons pas oublier les fleurs qui y poussent, les colibris qui viennent, en nombre, picorer dans les mangeoires à leur disposition, une grosse menthe religieuse que nous allons découvrir, ou une chenille tee-shirt vraiment originale. Il y a même un coin pour les camping-cars, pour les vans, pour les campeurs, avec des prises électriques, des petites avancées pour les protéger lors de grosses intempéries.

Les Syséléma ont décidés de construire ce nouveau business, ici, pour différentes raisons. Déjà, ils n’avaient plus envie d’investir et de créer leur entreprise en France. Depuis qu’ils ont achetés le terrain en Equateur, ils sont propriétaires et ils ne doivent plus rien à personne. Ensuite pendant leur voyage en Amérique du Sud, les enfants ont commencés à se lasser de toujours être en déplacement. Ils en avaient marres des courts du CNED. Ils voulaient se poser quelque part, et retourner, en cours, dans une école, pour avoir des camarades de classe. Ils sont tous tombés sous le charme de Mindo quand ils ont débarqués ici. Ils sont ensuite revenus se poser quelques semaines pour prendre la «température» des lieux. C’est Léa, qui a demandé de façon insouciante, pourquoi ils ne se poseraient pas là? Les parents ont mûris la question et le principe de l’écolodge. La Bicok est née de leur imagination, avec en visu, le fort potentiel d’un tel concept. Pendant un an, il a préparé tout cela, il a créé le lieu de ces mains. Maintenant la Bicok se finalise gentiment mais elle peut déjà prendre son envol. Nous ne sommes qu’au mois de juin et le taux de remplissage commence à augmenter, alors qu’il n’a pas encore vraiment fait de campagne publicitaire pour vendre son produit. Le bouche-à-oreille fonctionne déjà bien et, je reste persuadé que ce n’est qu’un début.

Avec Sébastien, nous passons plusieurs heures, ensemble, lors de cette première journée. Nous sentons tout de suite l’Amour pour son projet mais aussi pour la région. Il adore le type de forêt tropicale qui sévit où il vit; la Cloud Forest! Il y a quasiment en permanence une brume de nuages au-dessus de la cime des arbres. On peut la trouver entre 1000 et 3000 mètres d’altitude, exactement où se situe Mindo. Une extrême humidité règne ici. Les expériences sensorielles, visuelles, auditives sont fortes. Il y a de la mousse partout sur les arbres, des lianes aussi. Il est facile de savoir que nous sommes dans un climat tropical humide. La différence entre les saisons est ici très peu marquée. Il fait toujours aux environs de 26°C.
Sébastien nous laisse installer notre tente sur un emplacement. Alors qu’il est ensuite occupé pour le reste de la journée, nous vaquons à nos occupations. Après avoir mangé un plat principal dans un petit restaurant, nous nous rendons au Quetzal. Nous avions déjà entendu parler, au Nicaragua, , de cette fameuse fabrique de chocolat, par l’intermédiaire de cette allemande, que nous avions rencontrée dans un dortoir. Cette fabrique fait de visites de son usine de fabrication, mais possède aussi un restaurant. Différents plats sont soi-disant succulents. Le lauréat pour les desserts est sans aucun doute le brownie. Nous nous devons de goûter à ce dernier. Nous prendrons aussi un cake carottes noix de Cajou. Fidèle à sa tradition, le brownie est exquis. Je m’en lèche encore les babines. Seul bémol, pour mon palais et mes goûts, il est purement au chocolat. Je l’aurais encore plus apprécié avec des noix dedans. Mais nous nous régalons, savourons chaque bouchée et partageons les deux desserts comme nous le faisons quasiment systématiquement.
Entre promenades, observations, dîné dans un petit restaurant local, notre fin d’après-midi passe très vite. Nous profitons ensuite et encore d’un petit temps, avec Sébastien, pour nous raconter mutuellement le déroulement de nos dernières années, depuis la dernière fois que nous nous sommes vus. Nous partageons aussi notre vision du monde et son adaptation avec les nouveaux éléments qui sont entrés dans nos vies… Je suis ravi de lui présenter Lucie, qu’elle le connaisse aussi et, que nous puissions voir de nos yeux, l’accomplissement de ce projet dantesque, qu’il a mené de mains de maître. Cette première soirée est finalement assez calme.
Le lendemain, nous avons un programme bien chargé. Nous ne nous ennuyons pas au cours de la journée, bien au contraire. Nous commençons par une marche d’approche de plus d’une heure, pour le lieu que nous voulons visiter en cette matinée. Suite à cela, pour traverser la vallée, nous prenons un moyen de transport peu conventionnel, que j’ai déjà pris seul, une fois, à Banos. La tarabita, cette nacelle métallique suspendue sur un cable métallique, nous permet de passer d’un versant d’un canyon à l’autre. Cette dernière est propulsée, grâce à un système motorisé, qui semble vieillot. Tout ce qu’il faut comme cocktail pour faire peur aux personnes, qui ont le vertige ou qui ne sont pas habituées. Lucie n’est pas la plus rassurée, au moment de partir, mais elle profitera, tout de même, un peu du paysage. De mon côté, je suis «aux anges». Nous «survolons» un paysage fabuleux. Cette forêt est unique. Et un des meilleurs endroits pour l’observer dans son plus bel habit est de l’autre côté de la vallée. Il s’agit du sentier des cascades. En arrivant, il est possible de partir à droite pour admirer la plus grande d’entre-elles, mais seulement unes, ou à gauche pour admirer une succession de plusieurs, un petit peu plus petites.
Nous commençons à droite. Nous sommes seuls, tout le trajet allée, sur un chemin étroit envahie par la végétation. Il serpente la montagne et nous réserve des surprises, à chaque tournant, ou presque. Nous pourrions presque nous prendre pour Indiana Jones ou Mowgli... Il ne pleut pas de la journée. Mais le taux d’humidité est tel, que nous finissons tous détrempé, comme si nous avions absorbé l’humidité transmise par la nature environnante. Elle est magnifique le long de cette promenade des cascades. Nous ne nous lassons pas de la parcourir, dans un sens, puis dans l’autre. Après une grosse demi-journée, qui a duré jusqu’au milieu d’après-midi, nous ressortons de ce lieu unique, en repassant par la tarabita.
En sortie, nous savons déjà que nous voulons prendre part à une autre activité. Elles ont toutes un coût. Mais si nous les comparons avec les prix en France, nous avons vraiment raison de nous faire plaisir, surtout en cette fin de séjour. Nous avons toujours dit, depuis le début, que nous ferons attention au budget pour les aspects logistiques, pour le logement, pour les déplacements et dans une moindre mesure pour l’alimentaire. En revanche, nous avons toujours dit que, tant que nous aurons les moyens, nous n’hésiterons pas pour les activités. Sur le chemin retour, deux «Canopy», avec des tyroliennes, se présentent à nous. Sur les recommandations de Sébastien et autres locaux, nous choisissons l’une d’entre-elles. Nous négocions très fortement les prix. Car nous obtenons deux places pour le prix d’une. Je joue sur le fait que je n’ai que cet argent liquide sur moi et pas un centime de plus. Feintant de partir, ils acceptent alors notre proposition.
Les 15 tyroliennes, que nous expérimentons, sont les plus folles que nous avons jamais faites ensemble. C’est sûr, nous ne ferons pas la plus longue, la plus pentue, la plus dangereuse, la plus impressionnante au niveau des paysages, mais la variété de ce que nous faisons, des positions est très sympa. Une ou deux des positions seront même un peu trop acrobatiques, pour ne pas dire tendancieuses, mais il faut passer outre cela et regarder les sensations que cela nous procure... Bref, je ne vais pas m’en sortir de ces quiproquos donc je préfère arrêter là. Le fait que nous en soyons à notre troisième expérience de ce genre, permet aussi à Lucie d’être beaucoup plus détendu et donc de profiter pleinement du moment. Nous glissons la tête à l’envers seul, la tête à l’envers en faisant le papillon avec l’aide des techniciens qui nous suivent. Nous faisons la position de Superman, nous partons, ensemble, aussi à deux reprises… Nous en ressortons avec un super sourire, de belles sensations et encore des souvenirs, à deux, inoubliables…
Nous terminons tout juste, alors que les premières gouttes commencent à tomber. Nous avons vraiment une chance inouïe. Nous serons un peu mouillés, mais cela ne nous empêchera pas, de profiter pleinement de la dernière activité de la journée. Sur les conseils de Paul, rencontré lors du volontariat à Ahuana, nous avons préféré une petite fabrique familiale de chocolat, qui le fabrique encore de façon traditionnel. Il nous a dit que le moment vécu à côté de la femme de maison durait plus de 3h00, au lieu d’une heure pour d’autres visites. Il nous a dit aussi que nous apprendrions tellement, tout cela dans une bonne ambiance. Nous ne sommes pas déçus de ne pas avoir choisi le Quetzal et sa fabrique. Deux personnes arrivent un peu en retard. Elle tarde à commencer. A part ce petit manque de professionnalisme initial, nous vivons un autre petit moment, hors du temps. Nous apprenons l’histoire du chocolat, comment l’homme en est venu à réaliser ce processus, qui fait qu’aujourd’hui nous pouvons manger du chocolat sous pleins de formes différentes. En plus de la partie théorique, nous procédons surtout ensemble aux différentes étapes de la production du produit final, exception faite de la maturation, qui demande bien entendu trop de temps. C’est vraiment bien de pouvoir participer à la conception d’un produit que nous aimons tant tous les deux et, de comprendre comment cela fonctionne.  Nous passons un très bon début de soirée. Nous discutons avec un homme, qui est venu avec son ami, et qui travaille dans le lycée, où étudient Léa et Mattéo. Nous passons un très bon moment avec l’ensemble des participants. C’est un vrai régal de terminer cet apprentissage, en dégustant une fondue au chocolat avec pleins de fruits frais de la région… (Je prends conscience que mes articles de blog sont déjà bien étoffés, qui permettent au lecteur de prendre part un peu à l’expérience vécu. Pourtant, en me relisant, je trouve cela très superficiel. Je ne fais que survoler des événements vécus et ne décrit pas les sensations ressentis, les interactions avec la nature, notre monde, les autres êtres-humains, les animaux. Cela me réconforte dans l’idée qu’il n’y a rien de mieux que de vivre l’expérience soi-même, de pouvoir mettre à profit les incroyables capacités de nos 5 sens, et de garder à jamais en soi, la magie du moment.)
En rentrant à la Bicok, nous ne savons pas encore la soirée que nous allons vivre. Sébastien a plusieurs invités dont un couple de professeurs, qui travaillent eux aussi dans le lycée français. Nous commençons une discussion pendant l’apéritif, cette dernière va finalement durer pendant des heures. Nous évoquons des sujets divers et variées, des thèmes géopolitiques, d’éducation, du sport, de mode de vie,… Alors que nous voulons les laisser tranquille, alors qu’ils dégustent le repas, que Sébastien leur à préparer et servie, ils reviennent vers nous et nous voilà reparti… Un couple d’équatorien, surtout le monsieur, se joindront aussi à nous en fin de soirée… enfin pas vraiment la fin de soirée car nous n’avons pas encore mangés. Après avoir remis le couvert sur des sujets passionnants, c’est le couple, qui nous dira qu’ils font aller se coucher et surtout nous laisser manger notre dîner. Sébastien nous invite ce soir. Nous avons la chance d’avoir les mêmes plats que ces hôtes. C’est un vrai régal. Il a appris sur le tas, mais Sébastien fait de la cuisine fine et agréable au palet… J’aime ce côté un peu touche à tout, qu’il a et, que je continue de développer et de perfectionner chez moi. J’aime tellement ce côté caméléon de ma personnalité qui me permet, qui nous permet de réaliser tellement de choses différentes. La journée a été riche et variée. Tous nos sens ont été mis à contribution. Nous nous couchons des étoiles pleines les yeux…
La dernière journée, à Mindo, est riche en événements aussi. Au petit matin, j’utilise la connexion Wifi. Sûrement un pressentiment, mais j’allume mon Skype et j’appelle à la maison. Cela fait presque 2 semaines que le deuxième enfant, à ma sœur, aurait dû montrer le bout de son nez. Voilà deux week-ends de suite, que Maxime et Sophie rentrent à Angers. Cela leur arrive très rarement  de rentrer aussi souvent, mais ils espèrent le voir, car ils savent ensuite, qu’ils ne pourront pas revenir avant un petit bout de temps. Appelant à la maison, j’apprends que ma sœur vient d’accoucher, d’un petit garçon, prénommé Adonis. Yann vient d’appeler à la maison pour annoncer la nouvelle. Je suis tellement heureux pour eux. J’aurais aimé qu’il attende encore quelques jours pour naître, mais c’est cool de savoir que dans 4 jours nous serons en France. Personne, sauf rares exceptions,  n’est au courant de la date exacte. Beaucoup croient que nous ne rentrons que dans un mois, au moins de mon côté. Car du côté de Lucie, ils savent qu’elle ne manquerait le baptême de sa nièce, dans 6 jours, pour rien au monde… En attendant, j’espère faire un Skype avec tout le monde, à la maternité, quand ils iront rendre visiter à Marie, Yann et Adonis!
Je pars courir le cœur très léger. C’est un tel bonheur de savoir toute la famille heureuse, réunie. Je ne vous cache pas que j’aimerais, à cet instant, être à leurs côtés. Mais je ne ressens aucunes frustrations car je sais que c’est imminent contrairement à Alice, où j’avais dû attendre plus de 3 mois. C’était lors la surprise pour Noël 2013, où j’ai réussi  mes surprises les unes après les autres, sans que personne s’en doute... En tout cas en courant, je découvre de beaux paysages et ces derniers sont magnifiés par mon état d’esprit très positif.
Heureusement que je suis parti assez longtemps pour ne pas avoir en direct les informations qu’ils ont eu, au même moment, au 78, Rue de la Madeleine 49000 Angers. En effet, au cours de l’heure et demi où je suis partie, Marie a fait une hémorragie. Yann a appelé totalement perdu après qu’il est été poliment sorti de la salle d’accouchement. Maxime a emmené maman d’urgence, sur place, pour savoir ce qui se passait. Ils ont eu tous très peurs...

Mais quand je rappelle à la maison, les nouvelles sont déjà beaucoup plus rassurantes.   L’état de Marie est stationnaire et sa vie n’est pas en danger. C’est déjà un choc d’apprendre cela alors que le pire est derrière nous. Je n’ose même pas imaginé dans quel état j’aurais été, ici, à l’autre bout du monde, si j’avais appris la nouvelle en direct. Du coup, les visites sont interdites pendant quelques heures. Maxime et Sophie espèrent vraiment les voir avant de reprendre leur train pour Paris. Même si le plus important reste bien sûr la santé de Marie et Adonis.
De notre côté, nous avons quelques heures devant nous. Lucie se lève tranquillement alors que je discute avec Sébastien et le couple de professeurs. Sébastien nous invite ensuite à prendre le petit-déjeuner sur place.

Puis ayant un peu de temps, nous effectuons nos dernières activités sur place. Pour commencer, Sébastien nous prête son quad. Nous faisons une sortie avec ce dernier. Lucie monte sur un engin de la sorte pour la première fois…

Nous nous arrêtons ensuite près de la rivière. Nous réservons pour une cession de «tubing». Nous aurions dû être quatre sur l’embarcation, mais nous nous retrouvons finalement à deux, en amoureux, avec deux moniteurs. Nous passons un moment très agréable. C’est intéressant de descendre des rapides puissants, avec un tel moyen de locomotion. Encore une fois, nous rigolerons bien et vivons quelques belles sensations. Nous finaliserons ensuite notre tour en quad, avant de rentrer à la Bicok pour préparer nos affaires, plier la tente, et fermer nos sacs. Nous avons une séance Skype, sur le téléphone de ma maman, qui est extraordinaire. Alors qu’ils se passent le téléphone de mains en mains, alors qu’ils nous font chacun une petite dédicace, je vais vraiment avoir la sensation de vivre ce moment avec eux, dans la maternité du CHU d’Angers (très bizarre de relire la fin de ces écrits, alors que je suis actuellement au CHU, en face de la maternité, dans le service de chirurgie vasculaire, après un événement qui a marqué ma fin d’année, qui me fait prendre conscience de profiter de chaque instant, de toujours vouloir goûter aux petits bonheurs de la vie… tout en essayant de prendre le moins de risque possible et prendre soin de sa santé. Prise de conscience aussi de fragilité de la vie, qui peut basculer à chaque instant, ce qui en fait alors aussi sa beauté.) 
Nous invitons Sébastien à manger au restaurant pour vivre un dernier instant ensemble, et pour le remercier avant tout. Suite à ce repas, nous prenons le bus pour retourner à Quito. Je recommande chaudement à tout touriste, qui foulera le territoire équatorien, de venir découvrir ce village. Dans les conditions, où nous avons vécus le séjour, je suis persuadé que tout le monde tomberait sous le charme de ce petit paradis. Ce n’est pas parce que c’est mon ami, Sébastien, que je ne suis pas objectif sur la qualité de son établissement. Je vous conseille vraiment d’y faire un tour, quand vous viendrez dans ce village au plus proche de la nature. N’oubliez pas ce nom; La Bicok!
Nous allons faire le lien entre les Syséléma. Nous quittons Sébastien pour retrouver Sylvie, Léa, et Mattéo. A Quito, nous vivons nos derniers instants en voyage sac-à-dos. Nous passons la soirée à échanger de nouveau avec Sylvie. Léa est en pleine révision du Bac et elle n’a pas trop de temps à nous consacrer. Nous avons tout de même quelques discussions sympathiques avec elle et Mattéo. C’est génial de voir la complicité qui existe entre ce frère et sa sœur.

Lors de la dernière journée, nous retournons dans le centre-ville effectuer nos dernières emplettes, l’achat de nos derniers souvenirs! Voilà presque 5 mois que nous sommes partis. Ce temps, assez long, nous a permis de profiter pleinement. Cela ne me dérangerait pas de continuer beaucoup plus longtemps. Mais toute belle chose a une fin et surtout la vie est une question de choix... Voici, en tout cas, la fin de notre périple. De très beaux projets sont à venir. Nous savons que la période de transition ne sera pas facile mais nous revenons avec pleins de belles intentions. Nous nous disons que malgré cette difficulté nous rentrons soudés, forts d’une expérience unique à deux, qui nous a permis de nous connaître, de savoir que nous tenions l’un à l’autre plus que tout le reste, et d’affirmer nos envies de projets futurs, plus ou moins proches…

Après avoir salués, les Syséléma une dernière fois en début de soirée, nous partons avec le dernier bus public à l’aéroport. Dans 6 heures notre avion décolle, et le périple sera long. Nous avons un transit de 17h00 à La Havane, puis de 9h00 à Madrid! Pour le premier nous n’avons pas le choix de rester dans l’aéroport, sans nos passeports, qu’ils nous ont confisqués le temps de l’attente. L’idée de transit international est totalement nouvelle pour ce pays qui a vécu très longtemps sous l’égide de l’embargo américain. Heureusement que nous savions que nous ne pourrions sûrement pas sortir. C’est sympa aussi d’avoir fait une rencontre intéressante et de pouvoir passer, plusieurs heures, à discuter avec elle.

A Madrid, au vue de la simplicité pour sortir de l’aéroport pour nous, du fait que l’escale se déroule en journée, nous allons découvrir pour Lucie, et redécouvrir pour moi, cette ville. Puis nous arrivons à l’aéroport Charles-de-Gaulle à 23h30. Comme nous rentrons, le lendemain, sur Angers, nous savons que nous n’avons pas assez de temps pour regagner le centre de Paris et profiter. Nous allons donc dormir, une nouvelle fois, dans un hall, cette fois-ci encore d’aéroport. C’est intéressant d’être de retour  en France, mais de vivre le mode sac-à-dos jusqu’aux derniers instants. Nous sommes contents que quelques gardiens surveillent les lieux, au vu des fréquentations qui s’y trouvent.

Le lendemain matin, nous prenons le TGV pour rejoindre la gare d’Angers…

Un page se tourne. De nouveaux projets sont à venir. Ils me tiennent à cœur «depuis toujours», pourrais-je presque dire! Nous conservons l’écriture de nos aventures passés, présentes et envisageons quelques idées pour le futur… Tellement de belles choses qui nous entourent. Mais serons-nous les utiliser à bon escient et en jouir? En tout cas l’aventure est belle. Il faut la vivre à fond et ne pas s’arrêter en chemin. Serais-je un jour vers qu’elle étoile de ma vies me fier pour essayer de répondre à mes attentes? Ne nous dispersons pas trop. Formons une équipe à deux et essayons d’avancer, toujours plus fort, toujours plus haut…

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