La frontière, départageant la Thaïlande à Chiang Khong et le Laos à Huay Xai, est une frontière naturelle remarquable. Le Mékong, ce fleuve mythique en Asie du Sud-Est, est en effet la démarcation entre les 2 pays. Vers le sud, il part rapidement dans les terres Laossienne. Puis, de nouveau, il délimite la frontière entre les deux pays quasiment jusqu’au point où les frontières Thaïlandaise, Laossienne et cambodgienne se rejoignent, au Sud du Laos, terres sur lesquelles je m’apprête à effectuer mes premiers pas.
Après nous avoir expliqué de nombreuses choses, il nous affirme qu’il est beaucoup plus intéressant d’échanger l’argent à la frontière. En effet, selon lui, les taux sont beaucoup plus intéressants et il faut éviter de retirer de l’argent au distributeur automatique car un pourcentage non négligeable de 6% est automatiquement pris par les banques Laossienne avant que votre banque applique son propre taux. Désirant tous obtenir le meilleur taux, nous n’hésitons pas longtemps à laisser notre argent avec la promesse d’obtenir un reçu de la banque avec l’ensemble des informations (taux de change, pourcentage, somme finale…). Nous sommes conduits ensuite près de l’embarcadère pour effectuer quelques achats avant le départ. La bonne ambiance est toujours de mise entre touristes.
Peu de temps avant le départ prévisionnel, deux personnes viennent nous remettre des enveloppes agrafées avec notre nom sur laquelle figure le montant de départ donné par chacun. De nombreuses personnes se dirigent alors vers le bateau sans effectuer aucune vérification. J’ouvre machinalement l’enveloppe pour vérifier ce qui m’a été donné. Je suis surpris dans un premier temps de ne pas trouver à l’intérieur, comme promis, un reçu. Connaissant à peu près le taux de change, je prends très vite conscience que quelque chose ne colle pas. Tout était trop simple et trop parfait pour ne pas cacher quelque chose de louche. La somme reçue ne correspond pas du tout. Pour information le taux de change est d’environ 1 euro, égal à 40 baths thaïlandais, égal à 10000 Kips Laossiens. Ces chiffres sont importants car il joue beaucoup dans la supercherie que nous sommes en train de subir. En effet, nous nous retrouvons tout de même avec un montant élevé dans l’enveloppe vu le change entre les monnaies.
Un russe ayant fait de même se retrouve dans la même situation. Nous nous confirmons mutuellement nos informations et nous nous assurons de ne pas faire erreur. Notre agitation et nos discussions éveillent la curiosité d’autres touristes. Nous interpellons l’intermédiaire qui vient de nous remettre les enveloppes en lui disant qu’il y a un gros problème et que nous voulons voir le responsable de l’agence. Dans un premier temps, il reste muet et s’écarte du groupe. Ensuite, on nous affirme que le bateau ne va pas tarder à partir. Nous proférons des menaces avec le Russe en affirmant que nous ne bougerons pas et que nous allons aller voir la police. Une autre personne se présente alors. Nous ne l’avions pas encore vu. Après des échanges houleux et des explications, il sort avec un de ces collègues des billets de ces poches et complète les sommes manquantes sans rechigner (l’ordre d’idée est entre 30 et 50% manquant). Chacun recompte, fait ces calculs, s’assure d’obtenir ce qui lui revient de droits.
Des personnes déjà sur le bateau se rendront compte bien trop tard qu’elles se sont faites huppées. Le système est bien rodé et implique de nombreuses personnes. N’ayant aucun nom de personne impliquée, n’ayant pas le désir de louper le bateau ainsi que de rester dans une ville frontalière qui semble malsaine, notre pouvoir de dénonciation de tels agissements est compliqué. Nous le signalerons tout de même à l’hôtel en Thaïlande et à l’organisateur des deux jours en bateau. Je reste persuadé que cela risque de durer encore longtemps et que ces personnes ne risquent pas vraiment d’être inquiétées, plumant encore au passage de nombreux touristes un peu insouciants. Il est important de ne pas baser son jugement sur une seule mauvaise expérience même si c’est le premier contact avec le pays. Je décide donc bien-sûr de garder mon esprit et cœur ouvert aux rencontres dans ce pays que l’on m’a toujours décrit comme accueillant et chaleureux, sans problème habituellement de confiance et d’honnêteté.
Nous pouvons respirer une fois sur le bateau! Cela occupera néanmoins la plupart des discussions au cours des premières heures de trajet. Au fil de l’eau les discussions se métamorphosent, l’ambiance se détend et nous trinquons à nos prochaines aventures dans ce pays encore peu développé.
Nous profitons aussi des paysages magiques de ce fleuve resté à l’état naturel. Nous pourrons admirer au cours de ces 2 jours sur l’eau, des forêts gigantesques, des formations rocheuses fascinantes, des abords du fleuve sableux ou caillouteux, sur lesquels nous devinons, en raison des dépôts, le niveau de l’eau beaucoup plus élevé lors de la saison des pluies.
Le peu de constructions, que nous verrons, sera constitué de petits villages faits de maisons en bois et bambous. Les villageois que nous apercevrons seront soit des pêcheurs, ou des enfants jouant dans le sable, ou encore des femmes faisant leur linge ou se lavant dans l’eau du Mékong. La tranquillité de notre périple ne sera interrompue que par quelques rares bateaux rapides remontant le Mékong et le bruit de scie sauteuse découpant du bois pour les constructions.
Nous passons la nuit à Pak Beng au milieu de ce périple. Dans ce petit village, qui s’est développé majoritairement en raison de l’activité touristique, nous commençons à nous immerger doucement dans cette atmosphère très tranquille et relaxante qui règne au Laos. Nous sommes accueillis par des Laossiens sympathiques arborant un sourire chaleureux. Repu par notre premier repas sur ces terres, nous nous endormons le cœur léger après de longues discussions sur les relations humaines, le couple, les expériences et envies de chacun…
Le lendemain sur le bateau, la journée sera un peu plus longue. Ils ont décidés de réunir sur un seul bateau l’ensemble des personnes qui se trouvaient le jour d’avant sur deux. Le manque de place fait cruellement défaut. Mais les paysages nous entourant sont toujours aussi fabuleux.
Nous profiterons du levée et couché de soleil sur le Mékong.
L’arrivée à Luang Prabang en début de soirée correspond à un timing parfait concernant ma perception de ce voyage. Je continue l’aventure avec des italiens; Giulia, Pépé, Mauro et des anglaises; Sophie, Loren et Sabby. Nous trouvons aisément un logement décent et nous nous installons pour quelques jours.
La ville, en elle-même, est très agréable et relaxante! La péninsule, qui constitue un site protégé par l’Unesco, est formée par le Mékong et la rivière Nam Khan. Elle se révèle être un vrai havre de paix. Premièrement, nous parcourons les rues de la vielle ville, nous saisissons au fur et à mesure le mode de vie de ces habitants, nous nous promènerons au bord des cours d’eau où il fait bon flâner et se poser.
La ville est aussi constituée par de très nombreux temples qui se jouxtent les uns aux autres et prennent une part importante dans l’histoire du pays. Nous en visiterons Quelques-uns et profiterons entre autre de la vue imprenable depuis les temples situées sur la colline du Phu Si. Le palais royal construit en 1904, transformé en musée, lorsque la famille royale due partir se réfugier au Nord Laos, constitue une bonne façon pour s’imprégner encore un peu plus de la culture et essayer de comprendre les événements qui ont conduits le pays à ce qu’il est aujourd’hui.
Nous allons enfin tester un repas typique Laossiens, en savourant un buffet révélant milles saveurs (nombreux légumes, féculents, roulés végétales, chips craquantes, fruits…) sur le marché. Pour 10000 Kips, soit moins d’un euro, nous pouvons prendre l’assiette aussi conséquente que nous le désirons et nous la voir réchauffer dans de vielles casseroles très efficaces. Séparément, il est possible d’obtenir des brochettes de poissons, de poulets, des saucisses et de nombreuses boissons.
Après un repas copieux, nous terminons la journée en déambulant dans le marché de nuit qui offre de nombreux articles typiques du pays (soie, peintures de paysages, des moines miniatures, bijoux de toutes sortes, lampes,…). Nous pourrons déguster aussi des vins typiques, de l’alcool de riz, et du whisky du pays avec des bouteilles renfermant serpents, scorpions ou autres bestioles donnant un cachet particulier à ces breuvages… Ces corps étrangers plongés dans cet alcool poussent à la consommation. En effet, une fois la bouteille ouverte, elle doit être finie à défaut sinon de voir la bestiole pourrir et contaminer l’ensemble de la substance liquide contenu dans ces fioles plus ou moins conséquentes.
Malgré la quiétude de ces lieux, il est possible aussi de prendre part à de nombreuses activités (randonnées, balades à dos d’éléphants, cours de cuisine, visite des environs,…). Je m’évaderais très rapidement dans la campagne environnante à l’aide d’un vélo. Une demi-journée remarquable se déroulera aussi lors de la visite des chutes d’eau et bassins de Xuangsi. Leur couleur bleu, dans un paysage verdoyant, reflète une beauté certaine de dame nature.
Là encore, la quiétude des lieux pousse à adopter le rythme Laossiens, à ralentir la cadence, et à laisser glisser le temps sans en faire plus qu’il n’en faut. L’idée nous vient directement de camper dans ces lieux pour se réveiller au son de l’eau qui coule, du bruit des oiseaux et des feuilles qui crépitent dans les arbres sous l’effet de la petite brise environnante. Ce lieu étant un parc national protégé et payant nous n’en aurons pas l’autorisation. De plus cet endroit est une réserve protégée pour un des ours d'Asie menacé d'extinction.
Ce pays peu développé et peu peuplé au vu de sa superficie me donnera facilement l’opportunité de sortir des sentiers battus et du monde urbain, qui est, quoi qu’il en soit, de toute façon très en retrait ici.
Après 4 jours sur place dans la même ville, nous prenons la direction de Vang Vien qui est reconnue pour deux aspects très spécifiques, aux antipodes l’un de l’autre.
Le premier réside dans ces paysages de plaines où traverse une rivière, de rizières et de pythons rocheux possédant une luxuriante végétation de pays tropical. Je profiterais de leur beauté pour partir randonner, pour courir et pour m’oxygéner.
Plusieurs fois nous rentrerons en contact direct avec la population qui ne prend pas en compte un aspect pécunier ou financier quelconque. En effet, l’échange d’un sourire et la joie sur un visage ouvre naturellement de nombreuses portes. Nous nous ferons, par exemple, inviter avec Sophie à partager un repas et une bière, par des amis regroupés dans leur jardin un dimanche midi.
Nous passerons la première soirée dans un bar qu’avec des Laossiens est un français à jouer au billard, danser, rigoler et échanger.
La visite des temples confirmera que chaque pays, pratiquant la même philosophie de vie Bouddhiste, possède néanmoins des particularités propres à chacun.
La deuxième spécificité de cette ville se devine déjà dès notre arrivée en ville. La présence de nombreux bars équipés d’écrans plats, de boutiques d’articles pour touristiques et surtout une quantité impressionnante d’auberges et hôtels concentrés dans un petit périmètre, laisse apparaître une attraction spécifique allant au-delà de ces beautés naturelles. La fête et tous ces vices sont la raison du développement conséquent de cette petite bourgade au milieu de nulle part.
Je retombe instantanément dans les années universitaires. Même si je ne vais pas pousser l’expérience trop loin, je vais devoir tout de même assumer mon insouciance de quelques jours et ma prise de risque inconsidérée.
Je ne franchirais heureusement pas la barrière que beaucoup franchissent ici en prenant des substances illicites parfois gentiment dénommé «Happy Shake», «Happy pizza», «Space Cookies»,…
C’est néanmoins intéressant d’écouter certaines personnes vous raconter que la prise de champignons leur a changé la vie. Ils affirment que cela les a ouverts à une nouvelle dimension sur cette terre, développant leur esprit inventif et leur permettant facilement d’atteindre des parties jusqu’alors secrète de leur subconscient. Non merci pour moi, je n’ai déjà vraiment pas besoin de cela pour être haut perché dans mes rêves réalisant ce Vol Libre (hihihi). De plus, C’est un peu plus affligeant de les observer titubants en fin de soirée, ne sachant pas où ils vont. C’est nous qui rions le lendemain quand ils affirment avoir un mal de tête persistant et avoir oublié une partie de la soirée. Bref, la consommation de drogues est présente dans ces lieux mais elle n’est pas généralisée et ne gâche pas la fête des autres venus pour en profiter.
La folle ambiance commence dès le début d’après-midi lors du «Tubbing». Cette activité consiste à descendre la rivière dans de grosses chambres-à-air bien gonflées pour profiter de la quiétude de la région et de ces paysages magnifiques. Le piège se referme lors des nombreux arrêts dans des bars qui jonchent les abords de la rivière. Chaque arrêt est l’occasion de prendre des «shots» gratuits de whisky et de partager des petits seaux («buckets») remplis d’alcool, de divers sodas et de Red Bull. De nombreux jeux sont organisés, il y a des plongeoirs, des treuils, des sauts au bout d’une corde!
Je retombe alors facilement en enfance, cette dernière d’ailleurs que je n’ai jamais quittée. Je profite comme un fou de cette folle atmosphère de vacances, de partage, et de fête. Néanmoins n’ayant pas l’habitude de boire, et encore moins depuis le début de ce périple, l’enivrement arrive très facilement.
Le soir, la fête continue sur les bars extérieurs présent sur la petite île de la rivière Nam Song. Là encore des cadeaux (tee-shirt, objets,…) sont distribués ce qui est aussi le cas pour l’alcool gratuit en quantité sous forme de shots et de buckets de whisky. La piste de danse est endiablée par des rythmes musicaux internationaux.
Tout se passe bien jusqu’au retour le troisième soir. Ayant passé trop de temps à s’amuser, nous ne pourrons pas finir le parcours pour rejoindre Vang Vien avant la tombée de la nuit. Nous embarquons alors dans un Tuk-tuk. Euh, pour ma part, je veux dire sur le toit du véhicule («Tuk-tuk surfing») où il n’y a que très peu de prises pour se tenir. En effet, le véhicule était plein. L’idée ne fut, de loin, pas la meilleure que j’ai eue dans mon périple, surtout quand on connaît l’état des routes du pays. Après quelques minutes l’accident se produit inévitablement.
Je tombe à la renverse à plus de 50 km/h sur les pierres jonchant cette route pseudo-goudronnée. Par chance, aucun véhicule ne se trouve juste derrière nous et ne vient donc pas me percuter de pleins fouets. Aucun traumatisme crânien a signalé, je peux donc recouvrir petit à petit mes esprits, réaliser ce qui vient de m’arriver et constater les dégâts sur mon corps meurtri. Je pense que «l’ange», ou quoi que ce soit d’autre, qui veille sur moi, m’a encore une nouvelle fois sauvé la mise.
Je peux me relever et je m’aperçois assez rapidement qu’aucun de mes membres ou de mes os ne se sont brisés, cassés ou foulés. La tête est intacte et ne semble souffrir d’aucuns maux. A cet instant et pour une nouvelle fois, je suis heureux d’avoir appris, dès mon plus jeune, à savoir chuter grâce à la pratique du Judo. En revanche, un mélange de sang et de terre dégouline un peu partout sur diverse partie de mon corps, principalement les coudes, la main gauche, le dos et les jambes. Ayant fait un beau roulé-boulé, de nombreux points de mon corps ont touchés terre et je pense que les hématomes et contusions apparaîtront très rapidement. Je ne ressens pas la douleur et regagne sans trop de difficulté ma chambre d’hôtel.
Après m’être lavé et avoir rapidement, avoir pratiqué les premiers soins, je me reposerais l’espace de quelques instants. La soirée se passe et je regagne rapidement mon lit. La nuit ne sera pas des plus reposantes et mon corps exprime petit à petit la douleur subie. Le lendemain matin, le constat est sans appel! Je n’ai rien de cassé mais de nombreux hématomes et bleus sont présents. La douleur est présente et mon corps lutte déjà pour réparer un corps amoché (machine formidable que le corps humain, capable de lui-même de se reconstituer pour retrouver un état stable proche de l’original. Je vais néanmoins essayer de ne pas dépasser les limites du non-retour. Si, je vous assure, j’ai bien compris depuis longtemps que je n’étais pas indestructible). Les coudes ont été touchés sévèrement et des croûtes commencent d’ores et déjà à se former. Le plus préoccupant reste tout de même ma main gauche. En effet, un trou de 2 ou 3 millimètres de profondeur occupent le milieu de la paume de ma main tandis qu’une partie de la peau est manquante sur une superficie de 6 cm2 à l’extrémité inférieure droite de cette dernière. La trousse à pharmacie ultra-complète que je transporte depuis le début va cette fois-ci être d’une grande utilité. Je m’auto-médicamente et utilise mes connaissances médicales basiques mais amplement suffisante. Je demanderais dès que possible confirmation auprès de ma maman. Je nettoie correctement les plaies et les protège avec un produit anti-infection.
Ayant déjà les tickets pour nous rendre à Vientiane, je saute dans le bus, dès le matin, 9h00. L’aventure continue malgré la fatigue et ces blessures récentes. Nous arrivons en début d’après-midi dans la capitale et nous trouverons, avec Sophie et les Italiens, un hôtel confortable à un prix très raisonnable (6 euros au total pour une chambre partagée avec salle de bain, grands lits, serviette, papier toilette et savons fournis). Le standard des auberges de jeunesse Laossienne est très élevé en comparaison avec ce que j’ai déjà eu l’occasion de fréquenter.
Mes compagnons décident de rester au calme et se reposer. Pour ma part, la douleur étant plus que supportable, je ne désire pas tourner en rond et pars immédiatement à la découverte de cette nouvelle ville. Cette capitale est la plus calme et sous-développé, «à mes bons souvenirs», que j’ai été amené à visiter. La circulation n’est pas aussi dense que cela, elle ne possède pas énormément de grands bâtiments, les magasins ne sont pas légions.
Les individus ne courent pas dans tous les sens arpentant les rues à une allure folle. Au contraire, même ici, le temps semble être arrêter, lattant et suspendu à un je ne sais quoi indescriptible. On voit des enfants joués dans les rues, des personnes en costard prendre le temps de manger dans un petit restaurant de rues ou bien de jouer à la pétanque en plein milieu de la journée. Il y a aussi la dame vendant ces sandwichs à l’entrée de la garde routière, la vielle dame qui vous hèle pour que vous achetiez un de ces conditionnements, en deux parties, en bois où les Laossiens entreposent leur riz collant («sticky rice») avant de le déguster.
Les vendeurs sur le marché, vous laisse regarder leurs produits sans vous sauter à la gorge, des femmes jouent aux cartes, les conducteurs de cyclo-taxi ou Tuk-tuk attendent patiemment le prochain client… Comment cela, même dans la capitale, les personnes ont le sourire, ou du moins vous le rendre facilement? C’est un constat affirmatif sans appel et de nombreux échanges et interactions seront possibles.
Seule une richesse plus importante, de nombreux bâtiments administratifs, l’ancien palais royal, de grandes avenues, la diversité des activités proposés, le nombre de restaurants de cuisine étrangère, et la présence pour la première fois au Laos, de ce que j’en ai vu, d’un supermarché digne de ce nom permettant de prendre conscience de la place qu’elle occupe au sein du pays et de son importance.
Pendnat les trois jours sur place, je vais découvrir ces temples divers et variés mais surtout très colorés, où tout peut se dérouler; repas des citoyens, fêtes religieuses, vente d’objets de cultes ou de nourritures…
Je me rendrais sur les marchés, en journée, pour la vente des produits du quotidien, j’arpenterais, avant le coucher du soleil, la promenade sur le bord du Mékong où se retrouve de nombreux citadins pour faire du sport, se promener, regarder le soleil couchant ou encore prendre part au marché touristique de nuit. A ce que je devine, les Laossiens semblent être heureux de la vie qu’ils possèdent et leur sourire m’en retransmet une part importante.
Une visite visuellement très intéressante se trouve à 25 kms au Sud-Est de la ville dans un lieu surnommé le parc des Bouddhas. Cet espace de verdure est remplie de statues bouddhistes et hindoues, plus ou moins imposantes mais possédant toutes de nombreux détails assez remarquable. Ce parc au design particulier, réalisation d’un ambitieux personnage, voulant mêler les deux philosophies, a été créé en 1958. Le fait qu’il soit récent n’interdit en rien qu’il puisse revête une splendeur rarement observée. J’y passerais une après-midi de détente en compagnie d’un couple américano-finlandais rencontré dans le bus.
La douleur ne s’estompe pas si rapidement, les cicatrices corporelles sont vives et la fatigue se fait ressentir. Cela ne m’empêche pas de profiter des journées qui s’égrènent mais je ralentie la cadence et écoute ce que me dicte mon corps, pour réagir proportionnellement à ces signes de bien-être ou de demande de repos forcé.
Je désire pouvoir profiter des quelques merveilles que renferment ce pays. J’ai choisi de ne pas me rendre au Nord du pays en raison des nombreux brûlis organisés dans les forêts. Ceux-ci ont pout but d’augmenter les surfaces cultivables et obtenir des terres propices, pour que certains spécimens naturels poussent plus facilement. Les feux peuvent parfois être très violents et de toute façon assombrissent grandement le ciel qui se couvrent de nuages grisâtres et diminue très sensiblement la visibilité.
Je pars donc en direction du Sud-Est du pays. Je vais m’arrêter en pleine nature dans la vallée de Hush Hin Bun au milieu de collines aux parois rocheuses et abruptes. Dans le petit village de Tham Kong Lo, les villageois travaillent pour le tourisme grâce à la découverte récente d’une merveille naturelle ou dans l’agriculture avec la récolte principalement des feuilles de tabac.
Nous dormirons chez l’habitant et partagerons le repas avec toute la famille. La barrière de la langue est totale mais nous passerons néanmoins des moments inoubliables.
Les habitants de ce village ne sont pas farouches et c'est avec grand plaisir et échanges rigolos qu'ils se laisseront volontier prendre en photos.
Nous continuerons un peu sur la rivière Hinbun au milieu des paysages de roches et de forêts avant de faire demi-tour jusqu’au point initial. Cette expérience inédite me permet de nouveau de m’extasier et d’accomplir quelque chose d’hors normes.
Il est intéressant aussi de constater que mon corps ressente beaucoup plus fortement les changements environnementaux et climatiques du fait de la sensibilité accrue passagère due à mes blessures. L’humidité et la pression différentes dans la cave affectent ces dernières et une douleur apparaît.
Le retour dans le village sera alors l’annonce d’un départ imminent pour un trajet long et fastidieux. Je remercie chaleureusement ma famille d’accueil et pars direction plein sud, à Pakse! Pour atteindre cette ville, il me faudra changer trois fois de moyen de locomotion, attendre dans les stations de bus et finalement prendre un bus de nuit pour arriver à la destination prévisionnellement finale.
Arrivant à 6h00 du matin, nous nous rendons dans une auberge de jeunesse où il n’y a pas de place de libre avant 8h30, heure à laquelle de nombreuses personnes partent vers d’autres destinations. Ce temps d’attente va, au final, se transformer en réservation pour une excursion d’une journée sur le plateau des Bolovans se trouvant à proximité. Initialement, j’avais prévu de faire ce bout de route à moto, pendant 2 ou 3 jours mais ma main meurtrie me l’interdit formellement. Je renouvellerais l’expérience ultérieurement. Nous découvrons, avec de nouveaux touristes et Sophie, une région faite de petits villages, de paysages naturels enchanteurs renfermant entre autre de nombreuses cascades, des cours d’eau, différentes roches et terres…
Pakse ne sera qu’une ville dortoir avant de repartir dès le lendemain matin plein Sud pour atteindre un endroit paradisiaque surnommé les «4000 îles».
Ces îles se trouvent sur le Mékong aux abords de la frontière avec le Cambodge. Elles arborent une végétation importante et continuellement verdoyante créant un oasis au milieu de ces paysages asséchés après plusieurs mois sans pluies (avant de retourner dans la période humide). La taille et la hauteur de ces îles varient selon les saisons et la quantité d’eau dragée par ce fleuve capricieux encore à l’état naturel.
Je m’installe sur l’île de Don Det pour un séjour prolongé. Au programme, farniente, repos, ballade, activités nautiques… L’activité touristique étant à ces balbutiements au Laos, les îles ne sont que très peu visitées. Cela nous permet encore plus d’accentuer le sentiment que l’île et ces environs ne sont que pour nous et les quelques habitants qui la peuple.
Le début de matinée se déroule dans le hamac, dégustant des fruits exotiques dans du lait de coco et admirant le lever de soleil, ce dernier réchauffant petit à petit l’atmosphère. Puis en fin de journée, ça sera apéritif et dîner en terrasse pour admirer le splendide coucher de soleil multi-couleurs qui progressivement marque la fin d’un nouveau cycle de 24h00.
Je continue quotidiennement à soigner mes blessures. L’automédication est plutôt concluante à l’exception d’un petit détail qui va engendrer une grosse frayeur. Un soir, ma jambe gauche commence à me faire mal sans raison apparente et cela assez violement. Je constate que la douleur s’étend sur le bas de la jambe et provient à l’origine d’une petite entaille où j’avais saigné. Trop occupé à prendre soin de mes bras et main endommagés, j’ai négligé des blessures minimes et en apparence bénignes. Tort m’en a pris! Je suis victime d’une infection. Je ne dois surtout pas prendre cette dernière à la légère. En effet, elle pourrait s’aggraver et nécessiter assez rapidement des injections intraveineuses. Le service médical quasi-inexistant dans ce pays et les conditions d’hygiènes aléatoires, et de à coup sûr précaire, ne me donne pas envie de me retrouver dans l’obligation de me faire hospitalisé. Là encore, la prise à temps d’antibiotiques va me sortir, après quelques jours, d’une situation critique!
Pour quelqu’un jamais malade et qui ne prend jamais de médicaments, je cumule cette fois-ci. J’apprends encore de part ces expériences. Aucune blessure, minime soit-elle, ne peut être négligé dans des milieux tropicaux humides et chauds. Je continue sérieusement à me soigner. Je prends le temps de faire un check-up complet plusieurs fois par jour.
Comme le dit si bien Nietzche: «ce qui ne nous tue pas, nous rend plus fort!» Je suis donc sérieusement en train de m’endurcir. Je pousserais même plus loin la logique en affirmant que je mûrie, j’évolue, j’acquière de l’expérience de manière fulgurante.
Ne voulant pas m’arrêter et ayant besoin d'acitvités dynamiques, je vais prendre part à une journée canoë, activité la plus attrayante sur l’eau en raison de sa rapidité relative mais sans la contrainte de bruit d’un moteur.
Les paysages sont changeants (sables, roches, palmier, grandes étendues sauvages contenant une végétation variée). Ces îles sont un véritable havre de paix où les quelques maisons sur pilotis en bord de rivière inspire à un mode de vie à mille lieux de nos vies continuellement en mouvement de citadins européens. L’équipe de touristes constituée pour cette journée est sympa, les guides détendues, et l’atmosphère prête à l’échange et aux franches rigolades.
Nous partons vers le sud et nous nous rapprochons inexorablement de la frontière Cambodgienne. Ici, le passage illégal dans le pays limitrophe serait d’une facilité déconcertante. Ceci n’est pas le but recherché au cours de cette journée. Nous glissons le long des différentes îles, nous nous amusons. Certains se donnent des frayeurs dans les rapides jonchant le parcours. Nous allons admirer aussi deux chutes d’eau qui démontrent si nécessaire la puissance de la nature et son aspect incontrôlable.
La deuxième est imposante et crache des milliers de mètres cubes d’eau par seconde. Elle impressionne en raison de sa largeur, des multiples cascades et du cadre l’entourant.
L’eau est un bien précieux sur notre planète. Essayons de la protéger et laissons la possibilité à chacun d’en boire sans modération!
La magie de cette journée est complète grâce aux instants partagés avec une faune rare et protégée spécifique à cette région. Il s’agit des dauphins sauvages de rivières; Irrawaddy. Craintifs, ils ne s’approcheront que très peu des embarcations. Nous pourrons tout de même les admirer à moins de dix mètres. Ils se déplacent souvent à deux remontant à la surface pour respirer avant de replonger dans ces eaux troubles du Mékong.
Deux d’entre-eux, nous ferons même le plaisir de jouer et de sauter au-dessus de l’eau. C’est des souvenirs pleins la tête que nous rentrons nous prélasser dans les hamacs, juste à temps pour admirer le coucher de soleil en partageant un apéritif fort sympathique.
Ce séjour au Laos touche à sa fin. J’ai vraiment apprécié ce pays à la population si peu nombreuse mais tellement accueillante. J’aime son aspect relaxant et détendu qui appel à en faire autant et où le mot stress n’a pas sa place.
De nombreux touristes ont été plus ou moins longtemps à mes côtés. Mais surtout une amitié s’est créée avec Sophie, l’anglaise de Bristol. Bizarrement, je suis sûr qu’en Europe, nous nous serions probablement jamais rencontrés ou parlés.
C’est agréable d’avoir des compagnons de routes, avec qui, il est possible de ne pas répéter simplement la même histoire tournant autour des questions: d’où viens-tu? Que fais-tu? Quelle durée pour ton voyage? Depuis longtemps sur les routes d’ores et déjà?... Quels sont les bons plans pour cet endroit, ce pays? Qu’est-ce que tu as préféré jusqu’à maintenant?
«Rien en particulier ou plutôt tout en vérité, c’est un périple aux milles plaisirs!»
Les personnes qui deviennent compagnons de route en savent beaucoup plus, ils aperçoivent des habitudes, le caractère et la personnalité, constate la façon de voyager de l’un et l’autre, prennent part à des conversations plus poussées et diversifiées ne couvrant pas uniquement les sujets basiques et les intérêts immédiats.
D’ailleurs je me dois de poursuivre mon chemin pour aller à la rencontre de deux personnes qui me connaissent comme s’ils m’avaient fait! Eh bien oui, c’est le cas! Je retrouve mes parents dans quelques jours à Hanoï au Vietnam. Je suis très heureux qu’ils me rejoignent au cours de ce Vol Libre autour du Monde. Bonheur de partager ce projet avec les personnes les plus importantes de ma vie. Cela promet des instants mémorables est une partie de périple un peu différente. Je prends donc la direction de la frontière fonçant vers le soleil levant à l’Est.
Là encore, le trajet en bus se révèle folklorique. Très rapidement le bus est plein, il transporte un frigo, du matériel wifi et tant d’autres denrées. Pour les personnes sans fauteuil, de petits sièges en plastique sont installés dans l’allée centrale. Le casque n’est bien entendu pas fourni en option, au cas où! (hihihi).
Etrangement, dans un pays où l’aspect pécunier n’est qu’en second plan, mon séjour va se terminer, comme il avait commencé, à voir et à parler de gros sous. Peu de temps avant la frontière, une Laossienne monte dans le bus. Avec les nombreux Vietnamiens et Laossiens présents, un échange de monnaie et de liasses de billets phénoménales va avoir lieu à la vue de tous les autres individus du car.
Là encore, je suis témoin des activités parallèles et cachées, exercées dans ces pays. Cette personne multitâche nous proposera de prendre nos passeports pour obtenir le tampon de sortie du territoire. Bien m’en a pris de ne pas accepter. Je ne paierais que 10 baths contre les 40 qu’elle nous en demandait. De plus, je crois que je serais devenu totalement blasphème, si je lui avais donner, en la voyant descendre du bus avec les passeports quelques kilomètres avant le poste frontière. Elle sera finalement présente peu de temps après notre arrivée en bordure du pays avec les passeports de ceux qui lui avaient remis le leur antérieurement.
Le drapeau du Laos flotte, au milieu de ces paysages de moyenne montagne verdoyante, sur le monument matérialisant la frontière de ce pays.
Quelques centaines de mètres plus loin, je peux observer son homologue vietnamien arborant fièrement son étoile jaune sous fond rouge. L'aventure continue pour mon plus grand bonheur!...
La première expérience dans ce pays est notable mais espérons le pas du tout représentative du séjour à venir. Seule la suite des événements me confrontera à une réalité que je souhaite réjouissante. Mais revenons sur cette première approche catastrophique de ce nouveau pays. Au programme, nous avons deux jours de prévus en bateau sur le Mékong pour atteindre Luang Prabang.
Nous devons auparavant remplir l’ensemble des démarches administratives en sortant en premier du territoire thaïlandais puis en obtenant à la frontière le visa pour le Laos. Etant une petite dizaine de personnes, nous avons naturellement décidé de passer par les services de l’hôtel pour faciliter les démarches. Sans problème aucun, nous sortons du territoire thaïlandais. Après avoir traversé le Mékong en bateau et avoir atteint l’autre rive, nous sommes accueillis par une personne très aimable semblant être un facilitateur. Il nous explique les démarches à effectuer. Nous nous rendons alors à la douane Laossienne. Nous obtenons nos visas en l’espace de quelques petites minutes. La même personne nous retrouve et nous dirige vers son agence. L’ambiance est décontractée, les blagues fusent, le guide fait son show.
Peu de temps avant le départ prévisionnel, deux personnes viennent nous remettre des enveloppes agrafées avec notre nom sur laquelle figure le montant de départ donné par chacun. De nombreuses personnes se dirigent alors vers le bateau sans effectuer aucune vérification. J’ouvre machinalement l’enveloppe pour vérifier ce qui m’a été donné. Je suis surpris dans un premier temps de ne pas trouver à l’intérieur, comme promis, un reçu. Connaissant à peu près le taux de change, je prends très vite conscience que quelque chose ne colle pas. Tout était trop simple et trop parfait pour ne pas cacher quelque chose de louche. La somme reçue ne correspond pas du tout. Pour information le taux de change est d’environ 1 euro, égal à 40 baths thaïlandais, égal à 10000 Kips Laossiens. Ces chiffres sont importants car il joue beaucoup dans la supercherie que nous sommes en train de subir. En effet, nous nous retrouvons tout de même avec un montant élevé dans l’enveloppe vu le change entre les monnaies.
Un russe ayant fait de même se retrouve dans la même situation. Nous nous confirmons mutuellement nos informations et nous nous assurons de ne pas faire erreur. Notre agitation et nos discussions éveillent la curiosité d’autres touristes. Nous interpellons l’intermédiaire qui vient de nous remettre les enveloppes en lui disant qu’il y a un gros problème et que nous voulons voir le responsable de l’agence. Dans un premier temps, il reste muet et s’écarte du groupe. Ensuite, on nous affirme que le bateau ne va pas tarder à partir. Nous proférons des menaces avec le Russe en affirmant que nous ne bougerons pas et que nous allons aller voir la police. Une autre personne se présente alors. Nous ne l’avions pas encore vu. Après des échanges houleux et des explications, il sort avec un de ces collègues des billets de ces poches et complète les sommes manquantes sans rechigner (l’ordre d’idée est entre 30 et 50% manquant). Chacun recompte, fait ces calculs, s’assure d’obtenir ce qui lui revient de droits.
Des personnes déjà sur le bateau se rendront compte bien trop tard qu’elles se sont faites huppées. Le système est bien rodé et implique de nombreuses personnes. N’ayant aucun nom de personne impliquée, n’ayant pas le désir de louper le bateau ainsi que de rester dans une ville frontalière qui semble malsaine, notre pouvoir de dénonciation de tels agissements est compliqué. Nous le signalerons tout de même à l’hôtel en Thaïlande et à l’organisateur des deux jours en bateau. Je reste persuadé que cela risque de durer encore longtemps et que ces personnes ne risquent pas vraiment d’être inquiétées, plumant encore au passage de nombreux touristes un peu insouciants. Il est important de ne pas baser son jugement sur une seule mauvaise expérience même si c’est le premier contact avec le pays. Je décide donc bien-sûr de garder mon esprit et cœur ouvert aux rencontres dans ce pays que l’on m’a toujours décrit comme accueillant et chaleureux, sans problème habituellement de confiance et d’honnêteté.
Nous pouvons respirer une fois sur le bateau! Cela occupera néanmoins la plupart des discussions au cours des premières heures de trajet. Au fil de l’eau les discussions se métamorphosent, l’ambiance se détend et nous trinquons à nos prochaines aventures dans ce pays encore peu développé.
Nous profitons aussi des paysages magiques de ce fleuve resté à l’état naturel. Nous pourrons admirer au cours de ces 2 jours sur l’eau, des forêts gigantesques, des formations rocheuses fascinantes, des abords du fleuve sableux ou caillouteux, sur lesquels nous devinons, en raison des dépôts, le niveau de l’eau beaucoup plus élevé lors de la saison des pluies.
Le peu de constructions, que nous verrons, sera constitué de petits villages faits de maisons en bois et bambous. Les villageois que nous apercevrons seront soit des pêcheurs, ou des enfants jouant dans le sable, ou encore des femmes faisant leur linge ou se lavant dans l’eau du Mékong. La tranquillité de notre périple ne sera interrompue que par quelques rares bateaux rapides remontant le Mékong et le bruit de scie sauteuse découpant du bois pour les constructions.
Nous passons la nuit à Pak Beng au milieu de ce périple. Dans ce petit village, qui s’est développé majoritairement en raison de l’activité touristique, nous commençons à nous immerger doucement dans cette atmosphère très tranquille et relaxante qui règne au Laos. Nous sommes accueillis par des Laossiens sympathiques arborant un sourire chaleureux. Repu par notre premier repas sur ces terres, nous nous endormons le cœur léger après de longues discussions sur les relations humaines, le couple, les expériences et envies de chacun…
Le lendemain sur le bateau, la journée sera un peu plus longue. Ils ont décidés de réunir sur un seul bateau l’ensemble des personnes qui se trouvaient le jour d’avant sur deux. Le manque de place fait cruellement défaut. Mais les paysages nous entourant sont toujours aussi fabuleux.
Nous profiterons du levée et couché de soleil sur le Mékong.
L’arrivée à Luang Prabang en début de soirée correspond à un timing parfait concernant ma perception de ce voyage. Je continue l’aventure avec des italiens; Giulia, Pépé, Mauro et des anglaises; Sophie, Loren et Sabby. Nous trouvons aisément un logement décent et nous nous installons pour quelques jours.
La ville, en elle-même, est très agréable et relaxante! La péninsule, qui constitue un site protégé par l’Unesco, est formée par le Mékong et la rivière Nam Khan. Elle se révèle être un vrai havre de paix. Premièrement, nous parcourons les rues de la vielle ville, nous saisissons au fur et à mesure le mode de vie de ces habitants, nous nous promènerons au bord des cours d’eau où il fait bon flâner et se poser.
La ville est aussi constituée par de très nombreux temples qui se jouxtent les uns aux autres et prennent une part importante dans l’histoire du pays. Nous en visiterons Quelques-uns et profiterons entre autre de la vue imprenable depuis les temples situées sur la colline du Phu Si. Le palais royal construit en 1904, transformé en musée, lorsque la famille royale due partir se réfugier au Nord Laos, constitue une bonne façon pour s’imprégner encore un peu plus de la culture et essayer de comprendre les événements qui ont conduits le pays à ce qu’il est aujourd’hui.
Nous allons enfin tester un repas typique Laossiens, en savourant un buffet révélant milles saveurs (nombreux légumes, féculents, roulés végétales, chips craquantes, fruits…) sur le marché. Pour 10000 Kips, soit moins d’un euro, nous pouvons prendre l’assiette aussi conséquente que nous le désirons et nous la voir réchauffer dans de vielles casseroles très efficaces. Séparément, il est possible d’obtenir des brochettes de poissons, de poulets, des saucisses et de nombreuses boissons.
Après un repas copieux, nous terminons la journée en déambulant dans le marché de nuit qui offre de nombreux articles typiques du pays (soie, peintures de paysages, des moines miniatures, bijoux de toutes sortes, lampes,…). Nous pourrons déguster aussi des vins typiques, de l’alcool de riz, et du whisky du pays avec des bouteilles renfermant serpents, scorpions ou autres bestioles donnant un cachet particulier à ces breuvages… Ces corps étrangers plongés dans cet alcool poussent à la consommation. En effet, une fois la bouteille ouverte, elle doit être finie à défaut sinon de voir la bestiole pourrir et contaminer l’ensemble de la substance liquide contenu dans ces fioles plus ou moins conséquentes.
Mais une des activités majeures de cette ville est beaucoup plus saine et remarquable. Levée de bonne heure il faut! Sortir dans les rues, juste avant le lever de soleil, sera un prérequis pour assister un spectacle déambulatoire orangé dans les rues.
En effet, les moines procèdent à l’aumône! Pour se faire, il traverse la ville de part en part et recueillent l’ensemble des offrandes fournies par les habitants (riz, sauce, lait et dessert, fruits, légumes…). Les différents monastères étant de sortie, les chassés croisés constituent un balai remarquable. Celui-ci justifie pleinement l’effort matinal accompli par de nombreux touristes qui ressemblent un peu à des zombies ayant du mal à garder les yeux ouverts.
Petit à petit la vie reprend son cours, le soleil chauffe les terres, les oiseaux chantent, la ville est déjà animée par les Laossiens qui s’activent, et le marché est en place est prêt à accueillir les potentiels acheteurs… La vie est ici vraiment dictée par le cycle du jour et de la nuit, par l’apparition du soleil et sa disparition en fin de journée.
Malgré la quiétude de ces lieux, il est possible aussi de prendre part à de nombreuses activités (randonnées, balades à dos d’éléphants, cours de cuisine, visite des environs,…). Je m’évaderais très rapidement dans la campagne environnante à l’aide d’un vélo. Une demi-journée remarquable se déroulera aussi lors de la visite des chutes d’eau et bassins de Xuangsi. Leur couleur bleu, dans un paysage verdoyant, reflète une beauté certaine de dame nature.
Là encore, la quiétude des lieux pousse à adopter le rythme Laossiens, à ralentir la cadence, et à laisser glisser le temps sans en faire plus qu’il n’en faut. L’idée nous vient directement de camper dans ces lieux pour se réveiller au son de l’eau qui coule, du bruit des oiseaux et des feuilles qui crépitent dans les arbres sous l’effet de la petite brise environnante. Ce lieu étant un parc national protégé et payant nous n’en aurons pas l’autorisation. De plus cet endroit est une réserve protégée pour un des ours d'Asie menacé d'extinction.
Ce pays peu développé et peu peuplé au vu de sa superficie me donnera facilement l’opportunité de sortir des sentiers battus et du monde urbain, qui est, quoi qu’il en soit, de toute façon très en retrait ici.
Après 4 jours sur place dans la même ville, nous prenons la direction de Vang Vien qui est reconnue pour deux aspects très spécifiques, aux antipodes l’un de l’autre.
Le premier réside dans ces paysages de plaines où traverse une rivière, de rizières et de pythons rocheux possédant une luxuriante végétation de pays tropical. Je profiterais de leur beauté pour partir randonner, pour courir et pour m’oxygéner.
Plusieurs fois nous rentrerons en contact direct avec la population qui ne prend pas en compte un aspect pécunier ou financier quelconque. En effet, l’échange d’un sourire et la joie sur un visage ouvre naturellement de nombreuses portes. Nous nous ferons, par exemple, inviter avec Sophie à partager un repas et une bière, par des amis regroupés dans leur jardin un dimanche midi.
Nous passerons la première soirée dans un bar qu’avec des Laossiens est un français à jouer au billard, danser, rigoler et échanger.
La visite des temples confirmera que chaque pays, pratiquant la même philosophie de vie Bouddhiste, possède néanmoins des particularités propres à chacun.
La deuxième spécificité de cette ville se devine déjà dès notre arrivée en ville. La présence de nombreux bars équipés d’écrans plats, de boutiques d’articles pour touristiques et surtout une quantité impressionnante d’auberges et hôtels concentrés dans un petit périmètre, laisse apparaître une attraction spécifique allant au-delà de ces beautés naturelles. La fête et tous ces vices sont la raison du développement conséquent de cette petite bourgade au milieu de nulle part.
Je retombe instantanément dans les années universitaires. Même si je ne vais pas pousser l’expérience trop loin, je vais devoir tout de même assumer mon insouciance de quelques jours et ma prise de risque inconsidérée.
Je ne franchirais heureusement pas la barrière que beaucoup franchissent ici en prenant des substances illicites parfois gentiment dénommé «Happy Shake», «Happy pizza», «Space Cookies»,…
C’est néanmoins intéressant d’écouter certaines personnes vous raconter que la prise de champignons leur a changé la vie. Ils affirment que cela les a ouverts à une nouvelle dimension sur cette terre, développant leur esprit inventif et leur permettant facilement d’atteindre des parties jusqu’alors secrète de leur subconscient. Non merci pour moi, je n’ai déjà vraiment pas besoin de cela pour être haut perché dans mes rêves réalisant ce Vol Libre (hihihi). De plus, C’est un peu plus affligeant de les observer titubants en fin de soirée, ne sachant pas où ils vont. C’est nous qui rions le lendemain quand ils affirment avoir un mal de tête persistant et avoir oublié une partie de la soirée. Bref, la consommation de drogues est présente dans ces lieux mais elle n’est pas généralisée et ne gâche pas la fête des autres venus pour en profiter.
La folle ambiance commence dès le début d’après-midi lors du «Tubbing». Cette activité consiste à descendre la rivière dans de grosses chambres-à-air bien gonflées pour profiter de la quiétude de la région et de ces paysages magnifiques. Le piège se referme lors des nombreux arrêts dans des bars qui jonchent les abords de la rivière. Chaque arrêt est l’occasion de prendre des «shots» gratuits de whisky et de partager des petits seaux («buckets») remplis d’alcool, de divers sodas et de Red Bull. De nombreux jeux sont organisés, il y a des plongeoirs, des treuils, des sauts au bout d’une corde!
Je retombe alors facilement en enfance, cette dernière d’ailleurs que je n’ai jamais quittée. Je profite comme un fou de cette folle atmosphère de vacances, de partage, et de fête. Néanmoins n’ayant pas l’habitude de boire, et encore moins depuis le début de ce périple, l’enivrement arrive très facilement.
Le soir, la fête continue sur les bars extérieurs présent sur la petite île de la rivière Nam Song. Là encore des cadeaux (tee-shirt, objets,…) sont distribués ce qui est aussi le cas pour l’alcool gratuit en quantité sous forme de shots et de buckets de whisky. La piste de danse est endiablée par des rythmes musicaux internationaux.
Tout se passe bien jusqu’au retour le troisième soir. Ayant passé trop de temps à s’amuser, nous ne pourrons pas finir le parcours pour rejoindre Vang Vien avant la tombée de la nuit. Nous embarquons alors dans un Tuk-tuk. Euh, pour ma part, je veux dire sur le toit du véhicule («Tuk-tuk surfing») où il n’y a que très peu de prises pour se tenir. En effet, le véhicule était plein. L’idée ne fut, de loin, pas la meilleure que j’ai eue dans mon périple, surtout quand on connaît l’état des routes du pays. Après quelques minutes l’accident se produit inévitablement.
Je tombe à la renverse à plus de 50 km/h sur les pierres jonchant cette route pseudo-goudronnée. Par chance, aucun véhicule ne se trouve juste derrière nous et ne vient donc pas me percuter de pleins fouets. Aucun traumatisme crânien a signalé, je peux donc recouvrir petit à petit mes esprits, réaliser ce qui vient de m’arriver et constater les dégâts sur mon corps meurtri. Je pense que «l’ange», ou quoi que ce soit d’autre, qui veille sur moi, m’a encore une nouvelle fois sauvé la mise.
Je peux me relever et je m’aperçois assez rapidement qu’aucun de mes membres ou de mes os ne se sont brisés, cassés ou foulés. La tête est intacte et ne semble souffrir d’aucuns maux. A cet instant et pour une nouvelle fois, je suis heureux d’avoir appris, dès mon plus jeune, à savoir chuter grâce à la pratique du Judo. En revanche, un mélange de sang et de terre dégouline un peu partout sur diverse partie de mon corps, principalement les coudes, la main gauche, le dos et les jambes. Ayant fait un beau roulé-boulé, de nombreux points de mon corps ont touchés terre et je pense que les hématomes et contusions apparaîtront très rapidement. Je ne ressens pas la douleur et regagne sans trop de difficulté ma chambre d’hôtel.
Après m’être lavé et avoir rapidement, avoir pratiqué les premiers soins, je me reposerais l’espace de quelques instants. La soirée se passe et je regagne rapidement mon lit. La nuit ne sera pas des plus reposantes et mon corps exprime petit à petit la douleur subie. Le lendemain matin, le constat est sans appel! Je n’ai rien de cassé mais de nombreux hématomes et bleus sont présents. La douleur est présente et mon corps lutte déjà pour réparer un corps amoché (machine formidable que le corps humain, capable de lui-même de se reconstituer pour retrouver un état stable proche de l’original. Je vais néanmoins essayer de ne pas dépasser les limites du non-retour. Si, je vous assure, j’ai bien compris depuis longtemps que je n’étais pas indestructible). Les coudes ont été touchés sévèrement et des croûtes commencent d’ores et déjà à se former. Le plus préoccupant reste tout de même ma main gauche. En effet, un trou de 2 ou 3 millimètres de profondeur occupent le milieu de la paume de ma main tandis qu’une partie de la peau est manquante sur une superficie de 6 cm2 à l’extrémité inférieure droite de cette dernière. La trousse à pharmacie ultra-complète que je transporte depuis le début va cette fois-ci être d’une grande utilité. Je m’auto-médicamente et utilise mes connaissances médicales basiques mais amplement suffisante. Je demanderais dès que possible confirmation auprès de ma maman. Je nettoie correctement les plaies et les protège avec un produit anti-infection.
Ayant déjà les tickets pour nous rendre à Vientiane, je saute dans le bus, dès le matin, 9h00. L’aventure continue malgré la fatigue et ces blessures récentes. Nous arrivons en début d’après-midi dans la capitale et nous trouverons, avec Sophie et les Italiens, un hôtel confortable à un prix très raisonnable (6 euros au total pour une chambre partagée avec salle de bain, grands lits, serviette, papier toilette et savons fournis). Le standard des auberges de jeunesse Laossienne est très élevé en comparaison avec ce que j’ai déjà eu l’occasion de fréquenter.
Mes compagnons décident de rester au calme et se reposer. Pour ma part, la douleur étant plus que supportable, je ne désire pas tourner en rond et pars immédiatement à la découverte de cette nouvelle ville. Cette capitale est la plus calme et sous-développé, «à mes bons souvenirs», que j’ai été amené à visiter. La circulation n’est pas aussi dense que cela, elle ne possède pas énormément de grands bâtiments, les magasins ne sont pas légions.
Les individus ne courent pas dans tous les sens arpentant les rues à une allure folle. Au contraire, même ici, le temps semble être arrêter, lattant et suspendu à un je ne sais quoi indescriptible. On voit des enfants joués dans les rues, des personnes en costard prendre le temps de manger dans un petit restaurant de rues ou bien de jouer à la pétanque en plein milieu de la journée. Il y a aussi la dame vendant ces sandwichs à l’entrée de la garde routière, la vielle dame qui vous hèle pour que vous achetiez un de ces conditionnements, en deux parties, en bois où les Laossiens entreposent leur riz collant («sticky rice») avant de le déguster.
Les vendeurs sur le marché, vous laisse regarder leurs produits sans vous sauter à la gorge, des femmes jouent aux cartes, les conducteurs de cyclo-taxi ou Tuk-tuk attendent patiemment le prochain client… Comment cela, même dans la capitale, les personnes ont le sourire, ou du moins vous le rendre facilement? C’est un constat affirmatif sans appel et de nombreux échanges et interactions seront possibles.
Seule une richesse plus importante, de nombreux bâtiments administratifs, l’ancien palais royal, de grandes avenues, la diversité des activités proposés, le nombre de restaurants de cuisine étrangère, et la présence pour la première fois au Laos, de ce que j’en ai vu, d’un supermarché digne de ce nom permettant de prendre conscience de la place qu’elle occupe au sein du pays et de son importance.
Pendnat les trois jours sur place, je vais découvrir ces temples divers et variés mais surtout très colorés, où tout peut se dérouler; repas des citoyens, fêtes religieuses, vente d’objets de cultes ou de nourritures…
Je me rendrais sur les marchés, en journée, pour la vente des produits du quotidien, j’arpenterais, avant le coucher du soleil, la promenade sur le bord du Mékong où se retrouve de nombreux citadins pour faire du sport, se promener, regarder le soleil couchant ou encore prendre part au marché touristique de nuit. A ce que je devine, les Laossiens semblent être heureux de la vie qu’ils possèdent et leur sourire m’en retransmet une part importante.
Une visite visuellement très intéressante se trouve à 25 kms au Sud-Est de la ville dans un lieu surnommé le parc des Bouddhas. Cet espace de verdure est remplie de statues bouddhistes et hindoues, plus ou moins imposantes mais possédant toutes de nombreux détails assez remarquable. Ce parc au design particulier, réalisation d’un ambitieux personnage, voulant mêler les deux philosophies, a été créé en 1958. Le fait qu’il soit récent n’interdit en rien qu’il puisse revête une splendeur rarement observée. J’y passerais une après-midi de détente en compagnie d’un couple américano-finlandais rencontré dans le bus.
La douleur ne s’estompe pas si rapidement, les cicatrices corporelles sont vives et la fatigue se fait ressentir. Cela ne m’empêche pas de profiter des journées qui s’égrènent mais je ralentie la cadence et écoute ce que me dicte mon corps, pour réagir proportionnellement à ces signes de bien-être ou de demande de repos forcé.
Je désire pouvoir profiter des quelques merveilles que renferment ce pays. J’ai choisi de ne pas me rendre au Nord du pays en raison des nombreux brûlis organisés dans les forêts. Ceux-ci ont pout but d’augmenter les surfaces cultivables et obtenir des terres propices, pour que certains spécimens naturels poussent plus facilement. Les feux peuvent parfois être très violents et de toute façon assombrissent grandement le ciel qui se couvrent de nuages grisâtres et diminue très sensiblement la visibilité.
Je pars donc en direction du Sud-Est du pays. Je vais m’arrêter en pleine nature dans la vallée de Hush Hin Bun au milieu de collines aux parois rocheuses et abruptes. Dans le petit village de Tham Kong Lo, les villageois travaillent pour le tourisme grâce à la découverte récente d’une merveille naturelle ou dans l’agriculture avec la récolte principalement des feuilles de tabac.
Nous dormirons chez l’habitant et partagerons le repas avec toute la famille. La barrière de la langue est totale mais nous passerons néanmoins des moments inoubliables.
Le matin suivant notre arrivée nous partons à la découverte, dès l’ouverture, de la grotte sacrée qui traverse de part en part la montagne sur sa longueur totale de 7,5 kms. La rivière souterraine qui y coule est une beauté naturelle rarissime permettant de relier deux villages.
C’est au 16ième siècle que cette rivière a été découverte mais ce n’est qu’en 1995 que la première exploration a eu lieu. Il a fallu encore attendre 7 ans pour qu’une traversée en pirogue soit réalisée.
Ce n’est qu’en 2008 qu’une infime partie de la grotte a été illuminée pour mettre en valeur les stalactites et les stalagmites, splendeurs emplissant une salle complète. La visite de cette grotte est magique car nous naviguerons sur une pirogue, à vue, dans les méandres de cette rivière souterraine à l’aide de lampes frontales. L’endroit n’est pas unique au monde mais presque, surtout du fait qu’un touriste de masse n’est pas encore d’actualité dans ces lieux.
La sensation d’être le premier explorateur à se rendre dans cet endroit est exceptionnel. Nous sommes seuls avec un guide, aucun autre bateau à l’horizon. Le niveau de l’eau étant faible nous devrons parfois fouler ce sol et manœuvrer ensemble la pirogue jusqu’au prochain point navigable. Nous retrouvons l’air libre après près de 45 minutes sous terre. Nous continuerons un peu sur la rivière Hinbun au milieu des paysages de roches et de forêts avant de faire demi-tour jusqu’au point initial. Cette expérience inédite me permet de nouveau de m’extasier et d’accomplir quelque chose d’hors normes.
Il est intéressant aussi de constater que mon corps ressente beaucoup plus fortement les changements environnementaux et climatiques du fait de la sensibilité accrue passagère due à mes blessures. L’humidité et la pression différentes dans la cave affectent ces dernières et une douleur apparaît.
Le retour dans le village sera alors l’annonce d’un départ imminent pour un trajet long et fastidieux. Je remercie chaleureusement ma famille d’accueil et pars direction plein sud, à Pakse! Pour atteindre cette ville, il me faudra changer trois fois de moyen de locomotion, attendre dans les stations de bus et finalement prendre un bus de nuit pour arriver à la destination prévisionnellement finale.
Arrivant à 6h00 du matin, nous nous rendons dans une auberge de jeunesse où il n’y a pas de place de libre avant 8h30, heure à laquelle de nombreuses personnes partent vers d’autres destinations. Ce temps d’attente va, au final, se transformer en réservation pour une excursion d’une journée sur le plateau des Bolovans se trouvant à proximité. Initialement, j’avais prévu de faire ce bout de route à moto, pendant 2 ou 3 jours mais ma main meurtrie me l’interdit formellement. Je renouvellerais l’expérience ultérieurement. Nous découvrons, avec de nouveaux touristes et Sophie, une région faite de petits villages, de paysages naturels enchanteurs renfermant entre autre de nombreuses cascades, des cours d’eau, différentes roches et terres…
Pakse ne sera qu’une ville dortoir avant de repartir dès le lendemain matin plein Sud pour atteindre un endroit paradisiaque surnommé les «4000 îles».
Ces îles se trouvent sur le Mékong aux abords de la frontière avec le Cambodge. Elles arborent une végétation importante et continuellement verdoyante créant un oasis au milieu de ces paysages asséchés après plusieurs mois sans pluies (avant de retourner dans la période humide). La taille et la hauteur de ces îles varient selon les saisons et la quantité d’eau dragée par ce fleuve capricieux encore à l’état naturel.
Je m’installe sur l’île de Don Det pour un séjour prolongé. Au programme, farniente, repos, ballade, activités nautiques… L’activité touristique étant à ces balbutiements au Laos, les îles ne sont que très peu visitées. Cela nous permet encore plus d’accentuer le sentiment que l’île et ces environs ne sont que pour nous et les quelques habitants qui la peuple.
Le début de matinée se déroule dans le hamac, dégustant des fruits exotiques dans du lait de coco et admirant le lever de soleil, ce dernier réchauffant petit à petit l’atmosphère. Puis en fin de journée, ça sera apéritif et dîner en terrasse pour admirer le splendide coucher de soleil multi-couleurs qui progressivement marque la fin d’un nouveau cycle de 24h00.
Je continue quotidiennement à soigner mes blessures. L’automédication est plutôt concluante à l’exception d’un petit détail qui va engendrer une grosse frayeur. Un soir, ma jambe gauche commence à me faire mal sans raison apparente et cela assez violement. Je constate que la douleur s’étend sur le bas de la jambe et provient à l’origine d’une petite entaille où j’avais saigné. Trop occupé à prendre soin de mes bras et main endommagés, j’ai négligé des blessures minimes et en apparence bénignes. Tort m’en a pris! Je suis victime d’une infection. Je ne dois surtout pas prendre cette dernière à la légère. En effet, elle pourrait s’aggraver et nécessiter assez rapidement des injections intraveineuses. Le service médical quasi-inexistant dans ce pays et les conditions d’hygiènes aléatoires, et de à coup sûr précaire, ne me donne pas envie de me retrouver dans l’obligation de me faire hospitalisé. Là encore, la prise à temps d’antibiotiques va me sortir, après quelques jours, d’une situation critique!
Pour quelqu’un jamais malade et qui ne prend jamais de médicaments, je cumule cette fois-ci. J’apprends encore de part ces expériences. Aucune blessure, minime soit-elle, ne peut être négligé dans des milieux tropicaux humides et chauds. Je continue sérieusement à me soigner. Je prends le temps de faire un check-up complet plusieurs fois par jour.
Comme le dit si bien Nietzche: «ce qui ne nous tue pas, nous rend plus fort!» Je suis donc sérieusement en train de m’endurcir. Je pousserais même plus loin la logique en affirmant que je mûrie, j’évolue, j’acquière de l’expérience de manière fulgurante.
Ne voulant pas m’arrêter et ayant besoin d'acitvités dynamiques, je vais prendre part à une journée canoë, activité la plus attrayante sur l’eau en raison de sa rapidité relative mais sans la contrainte de bruit d’un moteur.
Les paysages sont changeants (sables, roches, palmier, grandes étendues sauvages contenant une végétation variée). Ces îles sont un véritable havre de paix où les quelques maisons sur pilotis en bord de rivière inspire à un mode de vie à mille lieux de nos vies continuellement en mouvement de citadins européens. L’équipe de touristes constituée pour cette journée est sympa, les guides détendues, et l’atmosphère prête à l’échange et aux franches rigolades.
Nous partons vers le sud et nous nous rapprochons inexorablement de la frontière Cambodgienne. Ici, le passage illégal dans le pays limitrophe serait d’une facilité déconcertante. Ceci n’est pas le but recherché au cours de cette journée. Nous glissons le long des différentes îles, nous nous amusons. Certains se donnent des frayeurs dans les rapides jonchant le parcours. Nous allons admirer aussi deux chutes d’eau qui démontrent si nécessaire la puissance de la nature et son aspect incontrôlable.
La deuxième est imposante et crache des milliers de mètres cubes d’eau par seconde. Elle impressionne en raison de sa largeur, des multiples cascades et du cadre l’entourant.
L’eau est un bien précieux sur notre planète. Essayons de la protéger et laissons la possibilité à chacun d’en boire sans modération!
La magie de cette journée est complète grâce aux instants partagés avec une faune rare et protégée spécifique à cette région. Il s’agit des dauphins sauvages de rivières; Irrawaddy. Craintifs, ils ne s’approcheront que très peu des embarcations. Nous pourrons tout de même les admirer à moins de dix mètres. Ils se déplacent souvent à deux remontant à la surface pour respirer avant de replonger dans ces eaux troubles du Mékong.
Deux d’entre-eux, nous ferons même le plaisir de jouer et de sauter au-dessus de l’eau. C’est des souvenirs pleins la tête que nous rentrons nous prélasser dans les hamacs, juste à temps pour admirer le coucher de soleil en partageant un apéritif fort sympathique.
Ce séjour au Laos touche à sa fin. J’ai vraiment apprécié ce pays à la population si peu nombreuse mais tellement accueillante. J’aime son aspect relaxant et détendu qui appel à en faire autant et où le mot stress n’a pas sa place.
De nombreux touristes ont été plus ou moins longtemps à mes côtés. Mais surtout une amitié s’est créée avec Sophie, l’anglaise de Bristol. Bizarrement, je suis sûr qu’en Europe, nous nous serions probablement jamais rencontrés ou parlés.
C’est agréable d’avoir des compagnons de routes, avec qui, il est possible de ne pas répéter simplement la même histoire tournant autour des questions: d’où viens-tu? Que fais-tu? Quelle durée pour ton voyage? Depuis longtemps sur les routes d’ores et déjà?... Quels sont les bons plans pour cet endroit, ce pays? Qu’est-ce que tu as préféré jusqu’à maintenant?
«Rien en particulier ou plutôt tout en vérité, c’est un périple aux milles plaisirs!»
Les personnes qui deviennent compagnons de route en savent beaucoup plus, ils aperçoivent des habitudes, le caractère et la personnalité, constate la façon de voyager de l’un et l’autre, prennent part à des conversations plus poussées et diversifiées ne couvrant pas uniquement les sujets basiques et les intérêts immédiats.
D’ailleurs je me dois de poursuivre mon chemin pour aller à la rencontre de deux personnes qui me connaissent comme s’ils m’avaient fait! Eh bien oui, c’est le cas! Je retrouve mes parents dans quelques jours à Hanoï au Vietnam. Je suis très heureux qu’ils me rejoignent au cours de ce Vol Libre autour du Monde. Bonheur de partager ce projet avec les personnes les plus importantes de ma vie. Cela promet des instants mémorables est une partie de périple un peu différente. Je prends donc la direction de la frontière fonçant vers le soleil levant à l’Est.
Là encore, le trajet en bus se révèle folklorique. Très rapidement le bus est plein, il transporte un frigo, du matériel wifi et tant d’autres denrées. Pour les personnes sans fauteuil, de petits sièges en plastique sont installés dans l’allée centrale. Le casque n’est bien entendu pas fourni en option, au cas où! (hihihi).
Etrangement, dans un pays où l’aspect pécunier n’est qu’en second plan, mon séjour va se terminer, comme il avait commencé, à voir et à parler de gros sous. Peu de temps avant la frontière, une Laossienne monte dans le bus. Avec les nombreux Vietnamiens et Laossiens présents, un échange de monnaie et de liasses de billets phénoménales va avoir lieu à la vue de tous les autres individus du car.
Là encore, je suis témoin des activités parallèles et cachées, exercées dans ces pays. Cette personne multitâche nous proposera de prendre nos passeports pour obtenir le tampon de sortie du territoire. Bien m’en a pris de ne pas accepter. Je ne paierais que 10 baths contre les 40 qu’elle nous en demandait. De plus, je crois que je serais devenu totalement blasphème, si je lui avais donner, en la voyant descendre du bus avec les passeports quelques kilomètres avant le poste frontière. Elle sera finalement présente peu de temps après notre arrivée en bordure du pays avec les passeports de ceux qui lui avaient remis le leur antérieurement.
Le drapeau du Laos flotte, au milieu de ces paysages de moyenne montagne verdoyante, sur le monument matérialisant la frontière de ce pays.
Quelques centaines de mètres plus loin, je peux observer son homologue vietnamien arborant fièrement son étoile jaune sous fond rouge. L'aventure continue pour mon plus grand bonheur!...