dimanche 7 avril 2013

Le Sud de L'australie, les fêtes de fin d'année et la Tasmanie!


L’aventure en Australie continue. Me voici donc à Perth, ce 17 décembre 2012. Alexandra, Gabor et moi-même décidons de nous rendre dans la même auberge de jeunesse. Nous allons aviser, si oui, ou non, nous continuons le voyage ensemble. La première discussion sur le sujet, une fois installé, penchera très fortement vers un accord général pour poursuivre encore un peu plus loin l’aventure. Chacun d’entre nous, spécialement Gabor pour son entretien d’embauche avec un dentiste, dans cette ville, devra avoir le temps d’effectuer l’ensemble des démarches qu’il souhaitait y réaliser. Encore une fois, c’est un sentiment toujours étrange qui m’envahit lorsque je regagne une grande ville… Il est très agréable de retrouver un peu de confort et de modernité. Ça ne sera pas le cas dans cette auberge de jeunesse assez sale, où des jeunes backpackers se sentent comme à la maison et ne respecte pas forcément autrui. Ils ne connaissent pas la propreté. Les lieux communs sont quasiment insalubres. Ils laissent aussi un vrai capharnaüm dans les dortoirs. Imaginez-vous un ouragan qui serait passé dans leurs bagages, et avait éparpillé partout dans la chambre leurs affaires. Nous déciderons, par commodité, de tout de même rester les 3 nuits à venir dans ce lieu, avant de reprendre la route. Chacun va vaquer à ses propres activités pendant ce temps en ville.


Je commencerai par visiter le centre-ville. Je pourrai y constater une activité importante dans les artères principales, les rues piétonnes et tous les magasins sont en ébullitions. Et oui, même si nous sommes en plein été dans l’hémisphère sud, les Australiens célèbrent Noël comme nous en Europe. Les décorations et illuminations des fêtes de fin d’année ont envahi les rues. Des sapins géants, avec boules et guirlandes, trônent dans les rues principales. Les personnes, toujours emportées par le rythme endiablé de la vie en ville, rajoutent dans leur agenda l’achat des cadeaux qui seront distribués le jour J. J’aime, encore plus qu’à l’habitude, m’installer sur un banc d’une rue piétonne pour observer les comportements des passants, leurs réactions, leurs manières d’être face à un inconnu… Les rues s’animent aussi grâce aux vitrines des grands magasins mais aussi grâce à divers artistes de rues qui essaient d’attirer les passants pour leur présenter leur art. Aussi et surtout, ils essayaient de les convaincre de faire un petit geste de générosité. Juste avant ces célébrations de fin d’année, l’aubaine est trop bonne. Je n’en reviens pas encore d’avoir pu prendre une photo avec le père noël et aussi la mère Noël, en short, à plus de 30° à l’ombre.

Je profiterai de ce temps en ville pour y découvrir son architecture, me rendre dans les musées de la science, et d’arts modernes. Je me ferai des petits plaisirs gustatifs, après 4 semaines de salades et repas simples (même si très bons). Je me prendrai, par exemple, un set de différents sushis, une glace, un bon plat thaïlandais… Je vais visiter les différents parcs de la ville et faire les quelques achats, même si peu nombreux, dits « de confort » pour continuer la route sur la côte Sud… 
J’ai décidé de ne pas me rendre chez un docteur dans cette ville. La boule rouge de plus de 2 cm de circonférence à mon poignet droit est toujours présente. Mais son état est stationnaire, aucun signe apparent d’infection se propageant, ou de risque d’aggravation dans les prochaines heures. Ayant déjà testé les hôpitaux australiens, j’espère encore, à cet instant, pouvoir y échapper. J’espère que mon corps arrivera, par ses propres moyens, à venir à bout de cet étrange phénomène que je suivrai tout de même de très près.
Nous avons confirmé, avec Alexandra et Gabor, le fait que nous continuerons la route ensemble au moins jusqu’à Adélaïde. Nous avons trouvé une quatrième personne pour se joindre à nous. Elle se prénomme Lisa, elle est française et  elle vit en Australie depuis quelques mois. Tout un chacun pourrait croire qu’elle serait à même de créer un équilibre parfait: deux filles, deux garçons, deux allemands et deux français… Les prochains jours de ce périple seront les seuls révélateurs permettant de confirmer, ou d’infirmer, cette idée peut être un peu trop simpliste!

Le premier jour de notre périple à 4 consistera à faire les courses, parcourir beaucoup de kilomètres et faire quelques arrêts intéressants en chemin. Nous nous arrêterons, par exemple, pour déjeuner au niveau d’un lac où nous pourrons encore avoir la chance d’observer des stromatolithes vivants. Cette première journée est de bons augures pour la suite. Une nouvelle fois, nous semblons tous sur la même longueur d’onde, avec des envies et un timing très similaire. Nous roulerons jusqu’en fin d’après-midi et atteindrons le Cap Espérance. Ce cap, au Nord de la région que nous voulons explorer dans les prochains jours, nous réservera quelques belles échappées le long de la côte, et un magnifique coucher de soleil.

Nous nous installerons pour la nuit sur un air de pique-nique en bord de plage. Ce n’est pas un endroit dédié au camping et nous allons éviter de justesse des problèmes le lendemain matin. Après un réveil matinal, nous plions les tentes, rangeons différents équipements et préparons la voiture. Avant même que nous ayons complétement fini, une femme, un Ranger se gare à côté de la voiture. Je suis à ce moment sur la plage avec Lisa, après avoir déjà effectué une balade agréable, seul, au lever du soleil… Alexandra gérera parfaitement le problème avec ce Ranger. Aucune preuve que nous ayons campé sur ces lieux, pendant la nuit, facilitera grandement les discussions. Elle n’est pourtant pas dupe et elle nous rappellera les règles qui s’appliquent lors de ce genre de situation. Nous pouvons continuer notre route toujours sans encombre et sans majeur problème à déplorer.   
Nous partons donc découvrir la région de Margaret River reconnue dans le pays et même mondialement pour la qualité de ses vignobles et des produits alcoolisés qui en résultent. De très grands vignerons et domaines y sont installés. Une dégustation s’impose. Nous nous rendrons dans deux d’entre-eux. Ce sera un réel plaisir de pouvoir humer et déposer sur mon palet un breuvage de cette qualité. Les vins blancs seront d’une bonne qualité. Mais ce seront surtout les vins rouges qui retiendront mon attention.

Cette région est aussi très fameuse pour ses plages et ses petites criques très colorées. Nous ne manquerons donc pas l’opportunité de longer le plus possible les côtes, de pouvoir admirer de très beaux endroits et de pouvoir, à plusieurs reprises, nous tremper les pieds dans cette eau couleur azure. Nous atteindrons en fin de journée le Cap Leeuwin, point le plus au Sud de l’état. Ce cap correspond à la délimitation entre l’océan Indien au Nord et l’océan antarctique au Sud. Même si aucune démarcation physique n’est présente, j’adore ce genre d’endroit. La signification, qu’ils peuvent avoir lors d’un voyage au long cours, ne me laisse pas indifférent. Ce n’est ni plus ni moins qu’une continuité mais celle-ci m’emporte toujours un peu plus vers des rêves à mille lieux de mes contrées natales. Nous trouverons un super campement au milieu de la forêt avec, je suppose, aucun être vivant à des kilomètres à la ronde.  

La journée suivante assurera la continuité de ce que nous venons d’observer les derniers jours. Nous passerons toute la matinée dans la très fameuse forêt des « Giants Trees » (arbres géants). Les balades le long de différents chemins de randonnée seront nous faire découvrir quelques phénomènes naturels exceptionnels. Ces arbres géants comprennent parfois des trous béants à leur base. Le plus fameux d’entre-eux, longtemps traversé à l’aide des voitures dans les années 60, est malheureusement mort. Mais certains d’entre-eux reste très impressionnant à découvrir. L’après-midi, nous retournerons en bord de mer. Nous visiterons encore deux endroits qui donneraient l’envie de se poser un peu pour y passer quelques jours. Il s’agit de « Green Pool » (piscine verte) et «d’Elephants Rocks » (rochers éléphants). Nous nous n’y attarderons cependant pas. Bien au contraire nous roulerons une bonne partie de la fin d’après-midi et du début de soirée. Nous nous enfonçons de nouveau dans les terres pour aller découvrir une particularité très originale créée par la géologie et des millions d’années d’érosion. Sur la route, nous pouvons encore une fois observer des paysages totalement différents, qui nous rappellent si nécessaire la diversité naturelle, biologique et géologique du pays que nous explorons…

Après avoir fait plusieurs centaines de kilomètres sur une route déserte au milieu de prairies agricoles nous passerons la nuit sur une aire de repos. Dans ce type de voyage en road trip, l’accès à des toilettes avec une pièce fermée, possédant un robinet, est déjà un grand luxe. Armés d’une bassine, nous pourrons à notre aise nous laver totalement de la tête au pied. Spécialement pour cette nuit, je serai bien heureux d’être muni d’un matelas gonflable confortable. Lisa et Gabor dormant presque à même le sol, celui-ci étant spécialement dur et non confortable, ne garderont pas le meilleur souvenir, et leur dos non plus, de cet arrêt nocturne improvisé. Nous reprenons néanmoins la route sous un soleil déjà fort pour nous rendre au lieu que nous voulions visiter. Sur la route, nous aurons la chance de pouvoir admirer des lacs salés asséchés, des zones désertiques où le sable fait la loi. L’arrivée à Hyden se profile.

Cette ville est le foyer humain le plus proche de «Wave Rock» (rocher en forme de vague) que nous nous apprêtons à découvrir. Quelques kilomètres en voiture et quelques centaines de mètres à pied plus tard, après avoir contourné une petite forêt de pins, nous tombons nez à nez avec ce rocher à la forme si particulière. Sculptée par la pluie et des phénomènes de résistance des matériaux, une vague de plus de 15 mètres de hauteur nous fait face. Ces couleurs jaune âcre, marron, noir lui donne une dimension très spéciale. En bons touristes que nous sommes, en plus d’être des voyageurs, nous nous devons de prendre la fameuse photo de chacun de nous, surfant sur le haut de cette vague. Cette vague fait partie d’un ensemble de rochers fascinant au beau milieu d’une zone désertique. Les explications géologiques et techniques sur l’apparition de ce phénomène assouviront ma curiosité et rendront ce site encore plus agréable à admirer. Une fois encore la nature nous prouve sa puissance développée au cours de millénaires.  Ce crochet de plus de 500 kilomètres aura vraiment valu le coût. Après un déjeuner tardif, nous reprendrons la route en direction de la côte. 

Nous sommes le 24 décembre et la nature australienne s’apprête à nous fournir un jour de noël inoubliable… Nous passerons le réveillon de Noël dans un vrai camping à Esperance! La douche chaude, la cuisine, une table et des chaises pour manger sont déjà d’un standard très supérieur à ce que nous avons été habitués ces derniers jours. Nous nous ferons, de plus, un repas un peu plus garni avec quelques compléments agréables pour le palet et les papilles gustatives. La cerise sur le gâteau sera la possibilité d’avoir une connexion internet, pour envoyer nos vœux à nos familles et amis respectifs… (Vous trouverez ci-dessous les photos que j’avais collectées les jours auparavant.  Nous avions un peu prévu le coût, avec Gabor, en achetant le bonnet  du père Noël, dans une grande surface. Ce même jour, nous recevrons de la part d’un père Noël dans la même galerie marchande, trois paires d’oreilles de cerfs! Avec ces différents ustensiles, nous allons avoir de bons délires. Certains  d’entre-eux, vous pourrez les trouver à jamais gravés sur la pellicule. Voici aussi le début de la carte de vœux que j’ai envoyé à plusieurs personnes avant de les personnaliser un peu plus lors d’un dernier panneau.)

Mais pourquoi ce 25 Décembre restera à jamais graver dans ma mémoire?

A l’aube, nous prenons la route pour nous rendre à 60 kilomètres de là. Nous allons découvrir «Cape Le Grand National Park». Ce paysage vallonné, en bord de mer, avec quelques pics élevés va nous permettre de découvrir, une fois de plus, la magnificence de dame nature! C’est d’ailleurs depuis l’un de ces pics que nous allons prendre de la hauteur et obtenir une première perspective très intéressante du parc national et de ses environs. Petite dédicace à mon pays, en ce jour particulier, grâce au nom de ce dernier : «Frenchmean Peak» (le pic de l’homme français). Comme très souvent, je pars seul, en tête, pour l’ascension d’un sommet. J’escalade ses pentes abruptes, vierges de toutes végétations. Il est intéressant de jouer avec le relief et les formes géométriques des rochers, pour bondir d’un pied sur l’autre, et naturellement grimper vers les hauteurs sans ressentir de douleur et de fatigue. A quelques dizaines de mètres du sommet, une première particularité retiendra mon attention. Un trou béant, de plusieurs mètres de hauteur et plusieurs dizaines de mètres de largeur, transperce le pic de part et d’autre. La vue depuis cet endroit y est déjà exceptionnelle. Cette ouverture, au beau milieu de la roche, forme un cadre unique en son genre si je me réfère à ce que j’ai déjà eu la chance de voir auparavant. Je resterai de longues minutes, seul, à admirer le paysage. Puis je déciderai de finaliser mon ascension lorsque les premiers touristes, me suivant, franchiront le pas de cette grotte sans fond!

Quelques minutes plus tard, je me retrouve au sommet de ce pic. Depuis ses hauteurs, je peux admirer une magnifique vue à 360°. Je peux admirer le paysage à plusieurs dizaines de kilomètres à la ronde. La visibilité est parfaite. Ceux ne sont pas les quelques nuages, qui se battent en duel, qui vont venir gâcher le spectacle, bien au contraire. Je peux admirer la côte qui semble particulièrement belle! Ce mélange de différents bleus, verts, marrons et jaune peint un vrai tableau idyllique. Comme toujours de mon point de vue, prendre de l’altitude permet de percevoir les paysages, les reliefs, la nature, en trois dimensions, avec une intensité hors du commun. J’aimerais vraiment pouvoir, à chaque endroit visité, m’envoler dans les airs pour obtenir ce point de vue. Très régulièrement je m’envole mais trop souvent pas assez haut. Et puis quoi qu’il arrive la plupart du temps je retombe trop vite aspiré vers le bas par l’apesanteur! J’assume les limites de mon corps humain, je suis de mieux en mieux en tant que terrien et j’apprécie toujours plus la chance que j’ai et les capacités que je peux développer. Je suis conscient qu’aucune aile ne poussera dans mon dos! Mais je sais aussi que le savoir-faire et l’intelligence de l’être humain ont développé des moyens artificiels, mécaniques que j’apprendrai à dompter encore plus, très bientôt, pour gagner le ciel de plus en plus souvent.

Je touche toujours terre sur ce rocher, seul, assis à admirer le paysage. Quelques autres touristes sont déjà présents au sommet, mais perdu dans mes pensées, ou simplement à admirer le paysage, j’en ferai totalement abstraction!  Alexandra, Lisa, et Gabor atteindront finalement à leur tour le sommet. Nous passerons quelques minutes ensemble à prendre des photos, profiter du soleil. Puis ils décideront de redescendre assez rapidement. J’ai encore pas mal de temps devant moi pour profiter de l’endroit. Je sais déjà que je serai au moins deux fois plus rapide qu’eux à la descente. Je resterai donc profiter du paysage le plus longtemps possible. De longues minutes plus tard, je dévalerai la pente en trottinant (mes articulations, surtout celles des genoux, me remercient à chaque fois que j’effectue mes descentes de cette manière. En effet, cela évite, de bloquer à chaque pas ces dernières et donc de les soumettre à des chocs importants. Ce sont alors les quadriceps qui prennent le plus d’impacts. Mais ces derniers sont en pleine forme et ils ne me tiendront pas rigueur de l’effort que je leur demande). Je dépasserai tout le monde dans la descente et j’attendrai tranquillement à la voiture. 
Nous prenons la direction de la côte pour nous rendre sur une plage ayant une réputation de paradis. Elle porte bien son nom; «Lucky Bay» (La baie chanceuse)! Nous resterons tous bouche-bée, quand nous pourrons pour la première fois l’admirer à la sortie du premier virage donnant sur ses rivages. La couleur de l’eau est d’un bleu exceptionnel. Le sable d’un blanc pur participe au cadre grandiose. Après avoir stoppé la voiture, pour l’admirer depuis les hauteurs, nous reprenons rapidement la route, pour pouvoir fouler le sable de cette baie. J’ai déjà eu la chance de voir de belles plages dans ma vie, et au cours de ce périple, mais je pense que j’atteins là un des summums. Quelques minutes nous suffisent pour atteindre le parking menant à ce paradis terrestre. De près le spectacle est tout aussi spectaculaire voir encore plus impressionnant.

Définitivement, rien de dépassera jamais la beauté de la nature, si ce n’est les relations d’amours avec autrui… Je suis en extase! Comme un enfant qui vient d’ouvrir son cadeau de noël… Je veux jouer encore et encore sur cette plage. Je veux découvrir chacune de ses capacités, de ses spécificités. Je veux en explorer le moindre recoin. Nous commencerons par explorer les fonds marins transparents. La couleur est d’une clarté limpide. La visibilité de plusieurs mètres. Telles des poupées russes, ce cadeau va nous en offrir d’autres plus petits, bien cachés, qui vont apparaître,  au cours de la journée, que nous passerons sur place. Un des plus beaux sera la présence pendant plus d’une demi-heure, sur la plage, d’une maman kangourou avec son petit. Ils se baladeront tranquillement, bondissant par-ci par-là. Ils prendront même la pause, de nombreuses fois, pour les photos. Et puis quoi de mieux qu’un sable blanc pur pour imiter la neige? Rien de mieux! Avec Gabor, le jour de Noël,  nous construisons donc nos bonshommes de neige. Cela fait une éternité, même en France, que je n’avais pas fait cela le jour même. Nous passerons toute la fin de la matinée et l’après-midi dans cette baie extraordinaire.


Lisa a déjà son billet d’avion depuis Adélaïde, à date fixe. Et la route est encore longue. Nous ne resterons donc pas une journée de plus. Nous reprendrons la route en début de soirée. Nous roulerons plusieurs heures. Bien nous en a pris, car nous allons trouver une aire de repos, au milieu de nulle part qui sera un très bon spot pour un délicieux repas de Noël. Nous avons décidé d’un commun accord de nous faire plaisir. Ce sera soirée crêpes! Pour ajouter à l’ambiance, le feu de bois est autorisé à cet endroit!

Ce repas ne pourrait pas être parfait s’il ne commençait pas par un apéritif, avec des vins, du fromage, et des noix de cajou… Nous allons passer une superbe soirée, à échanger, rigoler et déguster nos très bonnes crêpes avec du sucre, du citron, du chocolat, de la confiture…

Le temps s’écoulera sans que nous puissions nous en rendre compte. Mes trois compères iront se coucher assez rapidement fatigués par la journée, et repus de ce dîner gargantuesque. J’irai chercher de nouvelles branches mortes, bien sèches, avec plein de feuilles pour enflammer toujours un peu plus le brasier. Je passerai la fin de cette soirée à jouer avec le feu. Je penserai aussi à tous mes proches en leur souhaitant le meilleur des noëls possibles! Je suis, pour ma part, ravi de ce noël très spécial que je viens de vivre. C’est le cœur léger que je vais me coucher, après avoir saupoudré la dernière braise d’eau et de terre… Néanmoins, je ne sais pas quand cela arrivera, mais le prochain Noël en famille sera quelque chose de très particulier, que j’attendrai avec impatience le moment venu… 
Le jour et demi suivant est consacré à la conduite. Nous avalons les kilomètres en direction d’Adélaïde. Dans cette région, les paysages sont assez similaires et sur la côte. Les points d’intérêts sont peu importants. Petite spécificité qui peut vous donner une idée de la monotonie des paysages. Nous conduirons sur la plus longue ligne droite d’Australie (90 miles soit 145,6 kms), nous nous arrêterons pour camper en bord d’une falaise plongeant directement dans la mer, 30 mètres plus bas. Nous assisterons à un beau coucher de soleil. Nous traverserons des champs de blés, quasiment prêts, à être moissonnés. Nous n’aurons pas la chance de croiser quelques-uns des animaux sauvages présents dans la région. Et heureusement nous ne ferons pas une première, pour notre équipe, en n’en écrasant pas un sur notre passage. 

Après de longues heures sur la route, nous arrivons finalement à Adélaïde. Cette ville sera le point de séparation de l’équipe. Le temps est venu pour chacun de reprendre sa route séparément. L’ambiance à 4 personnes n’était pas mauvaise,  mais quelque chose avait changé, pas forcément le plus positivement possible, d’après mon ressenti… 

Lisa prendra son avion le lendemain pour se rendre à Broome et essayer de trouver du monde pour descendre le long de la côte Ouest. Alexandra ne sait pas encore quelle route elle empruntera pour se rendre à Byron Bay. Gabor reste chez des amis pour Noël, avant de retourner à Sydney. Et moi-même, je recherche déjà des personnes pour poursuivre jusqu’à Melbourne. J’aurai parcouru plus de 10 000 kilomètres en compagnie D’Alexandra, plus de 6000 avec Gabor et quelques 3000 kilomètres avec Lisa. C’est définitivement le plus long road trip que j’ai eu l’occasion d’effectuer dans ma jeune vie.

Je resterai un peu moins de 48h00 à Adélaïde. Dès le premier jour, je vais trouver, par l’intermédiaire d’un site internet deux personnes qui partent en direction de Melbourne, pour y être comme moi avant la soirée du jour de l’An. Je concrétiserai, par téléphone, notre départ pour le 29 décembre dès le lever du soleil. Lors du court laps de temps que je possède ici, je vais parcourir le centre-ville du Nord au Sud, et d’Ouest en Est. Plusieurs particularités de cette ville retiendront particulièrement mon attention. Il y a déjà l’agréable jardin botanique et les bords de la rivière très bien aménagés. Le musée d’art moderne sera aussi intéressant. Mais mon coup de cœur, pour cette ville, sera définitivement le musée d’histoire et d’histoire naturelle. Il possède une collection impressionnante d’objets aborigènes accompagnés des explications concernant leur façon de vivre, leur habitude. Le passé de l’île est ici expliqué avec objectivité. Ce musée possède aussi de nombreux animaux en vie ou disparus depuis des décennies, un échantillon important des minéraux arrachés des mines très productives australiennes… Ce sera un des moments culturels les plus intenses dans le pays. Je passerai le reste du temps à l’auberge de jeunesse pour me reconnecter avec le monde, la famille, et les amis. Un autre français me contactera par téléphone. Il désire se joindre à notre périple. Il viendra donc à mon auberge, ce 29 décembre matin, pour que l’on parte tous ensemble.
Andy et sa petite amie, tous les deux néerlandais, arriveront avant 7h00 du matin. Ils ont chacun un véhicule 4 roues motrices. Voilà plusieurs semaines qu’ils voyagent à deux avec deux véhicules. Drôle de situation mais, comme toujours, il y a une explication.

Ils se sont rencontrés à Darwin et ils pensaient prendre des routes différentes dès Katherine, à seulement deux cents kilomètres de là. Elle décidera de continuer la route avec lui, pour laisser une chance à leur couple de fonctionner. Jusque-là, leur très bonne entente tendrait à confirmer son choix!

Simon, le français, est déjà arrivé à mon auberge quand ils feront leur apparition. Nous avons déjà pu faire la connaissance de l’un et l’autre. L’ambiance est très détendue. Cela promet déjà pour les trois jours à venir. Nous allons emprunter une des routes les plus fameuses d’Australie; la «Great Ocean Road»! Le temps est un peu grisâtre quand nous partons d’Adélaïde. Les dieux du ciel seront cependant avec nous. C’est sous un grand soleil que nous allons arpenter la totalité de cette fameuse route. L’ambiance est au beau fixe dans les cars. Nous jouons au jeu de la chaise tournante; passant d’un véhicule à un autre. Andy n’hésitera pas une seconde à me laisser le volant de son 4x4… Nous nous retrouvons donc avec Simon seul dans un véhicule de personnes, que nous ne connaissions pas, il y a moins de 24h00! Magie du voyage et d’une confiance totale dès les premiers instants.

Nous nous arrêterons à de nombreux points de vue spectaculaires. Nous ferons de petites promenades plaisantes le long de la côte. Les falaises sont d’une découpe très particulière. Les couleurs de ces dernières leur donnent aussi un aspect spécial…

Chaque arrêt sera l’occasion de s’émerveiller une nouvelle fois. En dehors de cette côte déchirée, nous aurons le plaisir, dans un petit village renommé pour cela, de découvrir de nombreux Koalas en liberté dans les arbres. Un d’entre eux sautera d’une branche avant de s’immobiliser. Un autre est haut perché sur sa branche, il est entrain de dormir. Un autre est entrain  de savourer les pousses, sur les branches d’eucalyptus. Le spectacle sera présent dans toutes les directions et nous ne serons jamais assez rassasiés. Ce sera la tombée de la nuit qui donnera le signal de départ.

Les deux nuits, que nous allons passer ensemble sur cette route, seront totalement différentes. Les deux se dérouleront au milieu de la forêt. Mais la première sera au beau milieu d’un regroupement de touristes australiens en vacances. Pour certains, ils sont sur leur emplacement probablement depuis de nombreux jours, au vu de l’équipement déployé. Pour la plupart, ce sont des familles. Cela ne nous empêchera donc pas de passer une bonne nuit. La deuxième sera beaucoup plus sympa. Nous serons au beau milieu de la forêt profonde. Un seul couple, déjà installé avant notre arrivée, viendra se joindre à nous autour de notre feu brûlant de mille flammes, grâce à une alimentation, en bois, en continu. Nous passerons une très bonne soirée à cuisiner, boire et discuter de tout et de rien. Encore une fois, les choses les plus simples  se révèlent les meilleurs quand je suis en bonne compagnie. Lors de la dernière journée, nous rapprochant de Melbourne, nous découvrirons certaines des plages les plus fameuses pour le Surf en Australie. L’une d’entre-elles accueille chaque année une étape de la Coupe du Monde. Elle est bondée de surfeurs et body bordeurs, de 7 à 77 ans, voulant se mesurer aux fameuses vagues! Nous ne nous mêlerons pas à la foule dans l’eau. Nous préférerons faire un pique-nique sur l’herbe bordant la petite rivière longeant la côte, à quelques dizaines de mètres de la plage. 


Arrivant à Melbourne, nous nous retrouvons immédiatement projetés dans un autre univers constitué de buildings, gratte-ciels, et une population cosmopolite qui s’active lors de ce réveillon du jour de l’An. Nous déposons Simon en plein centre-ville. J’ai découvert quelqu’un qui me ressemble énormément dans le caractère, les envies, et les projets de vie. C’est une certitude nous garderons contact. Il n’y a pas de raison pour que nous ne nous revoyions pas un jour. Andy et son amie me conduiront à Saint Kilda, banlieue « balnéaire» de Melbourne.

Je dois y retrouver Nancy, une amie de Mélanie. Ma « cousine » d’adoption, ou très, très bonne amie, qui nous a mis en contact. Nous échangeons depuis mon arrivée en Australie, il y a de cela 4 mois. Je ne la connais pas encore mais je suis très confiant concernant le fait que cela se passe très bien! Son accueil, très chaleureux, confirme d’emblée l’idée que je m’étais faite de cette femme très sympathique. Nous serons rejoints, quelques minutes plus tard, par Dimitri, son copain français qui l’a embarquée dans l’aventure australienne, et d’un couple d’amis venus, en vacances, les voir avant de se rendre en Nouvelle-Zélande. Le début de soirée approche à grande vitesse. A peine le temps de prendre une douche et de nous préparer pour ce réveillon, que nous sommes déjà propulsés dans les rues de Saint Kilda, en direction du supermarché.

Derniers achats effectués, nous pouvons alors nous rendre à la soirée entre français, où j’ai été convié! Elle se déroule chez un des couples d’amis que Nancy et Dimitri ont rencontrés en arrivant ici, il y a un an de cela. C’est aussi, et surtout, un couple d’amis de la sœur de Dimitri, qui vit ici depuis plus de 10 ans. Toutes les personnes viennent d’horizons totalement différents. L’effet communautaire et le regroupement entre concitoyens est ici une évidence.  Des discussions très intéressantes partiront tous azimuts! Ce sera aussi un vrai festin: petits fours, pizzas, toasts, gâteaux apéritifs, noix de toutes sortes, petites saucisses… L’alcool coulera aussi à foison. Il y aura l’immanquable bière australienne mais aussi du cidre, des alcools forts tels rhum, whisky et même pastis. Je ne me laisserai pas dépasser par les événements, et cette soudaine abondance, mais je vais en profiter très généreusement. Je suis en grande forme quand nous partons tous admirer, depuis un jardin public, les feux d’artifices tirés depuis le toit des immeubles de Melbourne. Ce passage en 2013 restera un très bon souvenir que nous poursuivrons tard dans la nuit, en dansant sur la terrasse des bars, dans les rues, en jouant avec un caddie tel des enfants... La nuit sera bien avancée quand nous rentrerons chez Nancy et Dimitri nous coucher.

La nuit fut courte. Le réveil fut assez exceptionnel. Je peux remercier pour cela les avancées technologiques en matière de téléphonie, télécom et internet. Le temps du télégraphe, revisité lors de mon séjour, dans «l’Outback», semble à des années lumières. 

Il est 9h50 le premier décembre 2013, à Melbourne, 23h50, le 31 décembre 2012, en France, quand je me connecte sur Skype. Maman et Papa, Patrice et Suzanne, Anne et Michel sont à des milliers de kilomètres, ensemble, chez mes parents, prêt à se souhaiter  la nouvelle année. Je vais pouvoir les voir tous, échanger avec eux, et vivre en direct, un nouveau passage en l’an 2013!  Ce fut un plaisir intense de pouvoir les  entendre et les voir tous.
Ce début d’année présage encore de bons moments de folie. Ce que je ne leur ai pas dit, ce que je ne mentionne pas non plus, c’est que cette boule rouge, m’ayant propulsé au rang de «Quasimodo du poignet droit», n’a pas dit son dernier mot. Depuis le réveil, une douleur latente, n’ayant jamais atteint ce degré, depuis son origine, il y a 15 jours de cela, me tiraille. Un seul choix s’impose. En ce premier janvier, fin de matinée, je file, en tram, aux urgences de l’hôpital public… 

Une fois les aspects administratifs d’admission effectués, une mauvaise nouvelle m’attend… Chaque état, en Australie, a des lois qui diffèrent et des règles parfois très différentes. Dans l’état de Victoria, si vous n’êtes pas affiliés au système de santé australien, et si votre pays n’a pas d’accords spécifiques concernant la santé, vous devez débourser 400 $ australiens, simplement pour avoir l’autorisation d’être admis au service des urgences. Cela même si un docteur ne vous voit finalement que seulement 2 minutes. J’analyse très rapidement la situation. J’en arrive très vite à la conclusion qu’un simple docteur de famille ne pourra rien pour moi dans ce cas. Je décide donc de payer la « douloureuse» (la facture) comme la surnomme certains de mes proches!

Même s’il n’y a rien de plus important que la santé, je suis à cet instant très heureux d’avoir renouveler mon assurance de voyage! Surtout que cette somme ne fait partie que des préliminaires concernant ce que je débourserai, ou plutôt mon assurance déboursera, au final! Etrange, tout de même, d’avoir un système de santé, d’un même pays, à plusieurs vitesses, ici, en Australie. Tout du moins c’est le cas pour les étrangers!

La suite de la journée va être d’un autre acabit. Je suis pris en charge par une charmante infirmière. Ce sera ensuite une charmante doctoresse qui consultera mon poignet. Il n’y a quasiment aucune hésitation dans leur diagnostic. L’opération semble quasi-obligatoire. Je vais, tout d’abord, être mis dans une chambre isolée, sous perfusion et avec le bras élevé. Je suis tenu de rester à jeun, pour une possible opération plus tard dans la journée. Je ne sais pas pourquoi, je me sens en pleine forme et je prends cette nouvelle étape comme un jeu. Je délire seul dans ma chambre. Non, non, détrompez-vous, je ne suis pas sous les effets de médicaments. Il s’agit simplement de la joie d’être au-devant d’une nouvelle année pleine de promesses et de projets. Toujours avec la positive attitude, je préfère que cela m’arrive, ici, en Australie, plutôt que dans un des autres pays traversés auparavant! Mon Vol Libre continue. Je suis juste curieux de savoir qu’elle tournure cela va prendre, et savoir si je pourrai continuer sur la même lancée.

Après plusieurs heures passées à attendre,  le chirurgien me rendra une première visite, pour prendre la température et saisir la mesure du travail qu’il aura à effectuer! A part cela, rien de notable, que je  n’ai pu relever, si ce n’est mon placement dans le service des patients pour le bloc opératoire. Je me retrouve dans une chambre avec deux autres personnes. Très vite, nous cassons la barrière entre inconnus. Je ne sais pas pourquoi je ne sens pas ce pessimisme, ce côté malsain et lugubre qui existe très souvent dans les chambres d’hôpitaux. Mes voisins de chambres sont agréables. Nous entamons la discussion. Je parle d’abord à Cliff, un Australien d’une soixantaine d’années. Il vient de subir un grave accident de camion. Il souffre de multiples contusions aux bras et aux côtes principalement.  Dès  le premier regard, il me fait penser à un oncle, un frère de mon papa. Il possède, pour sûr, la même joie de vivre, et il respire la même simplicité. Très vite, il me présente à Honesto, Philippin d’origine, vivant en Australie depuis l’âge de 2 ans. Il vient juste d’avoir 24 ans. Et il devrait être en vacances avec sa femme qui, à défaut, passera la plupart de son temps à son chevet.  Il sort tout juste d’une chute brutale de moto qui affecte les deux membres du côté droit (jambe et bras). Malgré leur situation beaucoup plus délicate que la mienne, ils prennent cela avec philosophie. Très vite la bonne ambiance s’installe. Les rires arrivent progressivement et le premier fou-rire ne suit pas loin derrière. Cliff rigolera même à s’en tordre de douleurs, rappelé par ses côtes, qui lui infligent d’affreuses souffrances. Rien n’y fait, il est le premier à lancer les offensives et nous nous ferons un plaisir de lui répondre, avec respect, et en acceptant volontiers l’autodérision. 

Il est plus de 20h30 quand une infirmière vient finalement m’annoncer que l’opération est reportée au lendemain. Je n’ai rien avalé de la journée mais je n’ai à aucun moment ressenti le moindre sentiment de faim… cela me semble d’une évidence limpide. Selon l’adage je viens de dévorer de «nombreux steaks» d’affilé. Je ne serai, néanmoins, pas mécontent de pouvoir boire de l’eau et déguster un sandwich, et un dessert. 

Honesto est aussi dans l’attente d’une opération importante. Pour lui, il n’y a toujours pas de date de fixée. Cela dépend toujours de la liste des urgences et de la difficulté de l’intervention chirurgicale à effectuer. Nous passerons tous une nuit assez calme. Seulement quelques bruits d’appareils reliés à nos organismes, se mettant à sonner, nous réveilleront lors d’un sommeil profond. L’infirmière effectuera son travail. Elle changera, si nécessaire la poche de la perfusion, avant que nous repartions dans les bras de Morphée.
J’avais déjà les yeux bien ouverts, depuis de longues minutes, quand les infirmières sonneront le réveil du matin avec les premiers soins! Elles ont le grand sourire. Ce matin s’annonce dans la continuité de la veille, toujours dans la bonne ambiance… Je n’aurai pas le droit, comme mes deux compagnons de chambrée, au petit-déjeuner, vers 8h30. Mais je prendrai, vers 10h00, la direction du bloc opératoire.  Plusieurs personnes viendront alors me poser les questions basiques obligatoires avant toute opération. Il confirme d’abord mon nom et prénom, puis la raison de ma venue en salle d’opérations. Ils me demandent  si je ne suis pas allergique à quelque chose. Ils me font signer une décharge. Ils me rassurent aussi concernant les événements à venir, s’assurent avec des questions simples que je comprenne ce qu’on me dit, et ils m’expliquent ensuite le processus pré et post-opératoire. L’anesthésiste finira le travail. Une fois transvasé de lit, ils m’installeront les électrodes et me poseront le masque sur le visage. Quelques fortes respirations plus tard, mon cerveau semble vaporiser vers un lieu inextricable. Je me sens partir! Puis c’est le trou noir…

J’entends des voix inaudibles et incompréhensibles dans un premier temps. Je commence petit à petit à comprendre ce qui est dit. Puis je retrouve, assez rapidement, la totalité de ma vision, alors plongé dans une sorte de brouillard épais. L’infirmière me rassure immédiatement en me précisant que tout s’est bien passé et que le chirurgien a pu extraire ce corps étranger, qui avait atteint assez profondément les tissus, mais en aucun cas les os, ou le sang. Elle me dira aussi que j’ai mis un temps extrêmement long pour me réveiller mais que tout est maintenant sous-contrôle.

Quelques minutes plus tard, je pourrai rejoindre ma chambre avec mes compères. Les questions fusent. Nous nous jouons de quelques détails spéciaux pour rire de nouveau. Pourquoi nous priverions-nous d’un bon moment ensemble? Aucune raison ne viendra jamais à mon esprit! Je ne vais pas faire grand-chose, allongé dans ce lit, ce qui n’est pas vraiment mon habitude ! Mais le temps passe relativement vite. Je pense à la suite, et je suis conscient que je ne pourrai pas prendre mon vol le lendemain en direction de la Tasmanie… Avec l’aide de la femme d’Honesto et de leur connexion internet, via leur téléphone, nous  essayerons de contacter la compagnie aérienne. C’est malheureusement le risque de prendre une compagnie à bas prix. Le service client n’est pas des meilleurs et je n’arriverai pas à joindre quelqu’un. J’abandonnerai assez vite, ayant plus important à penser. Et puis, un vol depuis Melbourne vers la Tasmanie, c’est monnaie courante. Je n’aurai aucun problème à décaler mon départ pour cette île, un peu mystérieuse, quelques jours plus tard.

Quoi qu’il en soit, je vais passer un très bon début d’année dans cette chambre d’hôpital. La vue sur la ville est grandiose, mes compagnons de chambrée très chaleureux et les infirmières finiront par «se battre» pour avoir l’un de nous à prendre en charge, et pouvoir venir plaisanter avec tous les trois. Honesto n’est toujours pas parti vers le bloc. Ce n’est pas encore sûr que ce soit pour le lendemain… Quant à moi, le chirurgien viendra vérifier mon état post-opératoire. Il vérifiera l’état de l’ouverture de plus de 2 cm de largeur et quelques millimètres de profondeur, qui trône maintenant sur mon poignet droit. Elle semble très propre mais tout de même impressionnante. Toujours aussi dur de concevoir, au premier abord, qu’ils ne referment pas cette dernière avec des points de sutures. L’explication est légitime. Ils veulent que toutes les impuretés soient éjectées du corps. Ils laissent donc les tissus se reconstruire, et retapisser couche par couche le vide créé.

Je passerai une nuit de plus à l’hôpital. Le lendemain, de nouvelles visites du chirurgien et de l’équipe médicale seront les dernières. Ils estiment ne pas avoir de raisons particulières de me garder plus longtemps. Ils me donneront des antibiotiques pour les 6 prochains jours. Une infirmière m’expliquera les soins que je devrai effectuer tous les jours. Elle me fournira le nécessaire pour pouvoir effectuer ces manipulations, seul, tous les jours dans des conditions stériles les mieux adaptées possibles. Je suis libéré en début d’après-midi! Ce n’est pas si facile de dire au revoir à ces personnes attachantes avec qui je viens de passer les dernières 48h00. C’est le problème d’un voyage au long cours et des multiples rencontres extraordinaires… Il n’est pas possible de garder contact avec tout le monde. Il faut vivre le moment présent à 200% sans jamais réellement penser à construire quelque chose. Je le fais par choix. Mais je sais aussi que le plaisir des relations sur du long terme, le fait de pouvoir construire dans le temps, donner et recevoir d’autrui, sont des choses importantes, pour moi, que je souhaite expérimenter de nouveau à mon retour. Approfondir m’apporte toujours quelque chose de plus intense, qui pour moi nous rend plus fort et ne consiste pas en une simple accumulation de rencontres et de bons temps… Il y a tellement de personnes déjà rencontrées sur la route, que j’aimerais revoir, avec qui je voudrais partager d’autres bons moments simple de la vie. Ce ne sera pas le cas pour, et avec, tous. Mes choix de vie aideront à faire une sélection naturelle, qui ne souffrira pas de contradictions.

Après avoir plaisanté une dernière fois avec les infirmières, souhaité bon courage à Cliff et Honesto, je franchis le pas du « Royal Melbourne Hospital». Je me retrouve dans la chaleur ambiante des rues animées du centre-ville. Une seule chose me chagrine : je ne sais pas ce que j’avais réellement au poignet. Ni le médecin, ni le chirurgien, n’auront pu, ou voulu me donner des informations complémentaires. J’espère qu’il n’y a pas de relation de cause à effet entre la première et la deuxième hospitalisation. J’espère encore moins que l’adage «Jamais deux sans trois » ne prendra ici tout son sens. Je dois continuer de l’avant et repartir de plus belle. Je ne peux rien faire de plus, sauf croiser les doigts, même si je ne suis pas superstitieux, ou du moins pas pour ces choses-ci… 
Je repasserai chez Nancy et Dimitri. Je récupérerai mes affaires, et j’irai m’installer dans une auberge de jeunesse pour ne pas les déranger car cela n’était pas prévu. Je réserve immédiatement un nouveau vol pour la Tasmanie. Les objectifs n’ont pas changé. Je vais profiter des 48h00 à ma disposition pour me reposer un peu mais aussi et surtout découvrir la ville de Melbourne.

Je vais me rendre dans les endroits les plus réputés : le centre- ville, ses places et rues piétonnes animées, ses  vieux bâtiments jouxtant les gratte-ciels récents, les parcs, des musées d’art, le centre sportif avec la Rod Laver Arena, où se déroulera prochainement les plus importants matchs de l’Open de tennis de Melbourne, un des 4 tournois du grand chelem. Je visiterai aussi le monument en mémoire des combattants des deux guerres mondiales. Depuis le haut de ce monument, je peux observer une superbe vue dégagée sur le centre-ville. Je finirai la journée du 4 janvier à discuter avec d’autres voyageurs autour d’un bon verre, et aussi d’un bon repas, dont les principaux ingrédients m’auront été fournis par une canadienne qui rentrait au pays!
Le 5 janvier, en milieu d’après-midi, je prends l’avion pour me rendre à Hobart, capitale de l’état de la Tasmanie. Combien d’entre vous, lecteurs, seriez capable de placer cette petite île sur une carte?

Saviez-vous qu’elle faisait partie de l’Australie? Une chose est sure, cette île est bien préservée, l’activité humaine y est présente mais pas dévastatrice. Plus de 60% de la surface de cet état est classée en tant que Parcs Nationaux australiens et une partie d’entre-eux sont classés au patrimoine mondial de l’UNESCO. Ces derniers sont donc régis et protégés par les lois strictes sur l’environnement. 

Malheureusement, vous en savez, peut-être, un peu plus sur cette île maintenant. Elle vient de faire la une des journaux internationaux, en ces premiers jours de janvier, en raison de graves incendies dévastant des hectares de forêts simultanément. Je pourrai, depuis le ciel, simplement constater cette réalité. De la fumée épaisse s’élève vers le ciel, obstruant la lumière du soleil. Après avoir atterri, à Hobart, je peux facilement sentir, l’odeur de bois brulé présente dans l’atmosphère. Le soleil encore assez haut dans le ciel revêt une couleur rougeâtre, digne des couchers de soleil que j’avais pu admirer en Asie.

Je passerai ma première nuit dans le Central Backpacker en plein centre d’Hobart. Je discute avec pas mal de jeunes en Working Holiday Visa (visa vacance-travail) et j’essaierai de leur soutirer des informations. Plusieurs sont assez pessimistes. Deux français ont  cherché  les 15 derniers jours du travail mais ils n’ont rien trouvé, si ce n’est une expérience de Woofing (travail dans les fermes en échange du logis et de la nourriture mais il n’y a pas de paie en fin d’expérience!).  Je ne pense pas qu’ils utilisent la bonne méthode. Ils ont simplement appelé toutes les fermes pour leur proposer leur service. Mais ici, il y a plus de personnes qui cherchent que de personnes qui trouvent. L’offre est beaucoup moins importante que la demande pour les postes de travail proposés. Pour ces travaux manuels de courtes durées, le mieux et de se rendre sur place pour parler directement avec les fermiers et leur montrer notre détermination.

Après 15 mois sur les routes, il pourrait être agréable de se poser au même endroit pendant quelques semaines, de vivre avec les mêmes personnes, et se créer de petites habitudes avant de repartir de plus belle. Comme je l’avais déjà mentionné, l’expérience de récolte de fruits (Fruit picking) est quelque chose que je veux vraiment expérimenter dans ce pays. De plus les salaires attractifs pour des travailleurs, dans ce genre d’activités, ne se refusent pas. La somme récoltée pendant ce court break me permettra sûrement de réaliser quelques autres rêves pendant la suite de mon tour du monde.

Je viens de manquer, de quelques heures, le très réputé Salamanca Market qui a lieu tous les samedis matins. Je décide donc de prendre les taureaux par les cornes et de partir en stop, dès le dimanche matin (les bus ne circulant pas ce jour-là dans la région), en direction d’une des deux vallées réputées pour ses producteurs de cerises. Je vais marcher des kilomètres et des kilomètres sans succès. Je vais suivre les conseils de locaux.

Je passe sur l’autre rive de la baie, faisant face à Hobart,  grâce à ce très grand pont en arcs boutés. C’est sur une voie rapide que je me retrouve à faire du stop! Dans ce genre de situation la chance qu’un véhicule s’arrête est minime en raison de la densité du trafic, de la vitesse des véhicules, etc.…  A un échangeur, avec de la place pour se garer sur le côté, un véhicule s’arrêtera quelques dizaines de mètres devant moi. Il vient de lire la pancarte que je brandissais. Il se dirige aussi vers Richmond et il se propose de m’y conduire. Nous entamons la discussion. Il me demande pourquoi je désire me rendre là-bas, si je recherche ou non du travail. Puis nous passons à d’autres sujets. Je ne sais pas encore que je suis en train de suivre un petit interrogatoire et un petit test pour voir s’il procède à la deuxième étape. Revenant finalement sur le sujet de la recherche de travail, il prend son téléphone et il appelle quelqu’un qui pourrait m’aider. Lui confirmant que j’ai de quoi camper, il m’annonce que je viens de trouver un job et qu’il m’y emmène directement. Nous arrivons à une ferme, à une grosse dizaine de kilomètres après Richmond, à moins de 5 kilomètres d’un petit hameau dénommé  Campania. Il se prénomme Alek. Il est en fait, le plus jeune des deux fils des propriétaires de la ferme. J’ai du mal à croire que je viens de trouver un travail aussi facilement. Le tableau sera complet quand il m’annoncera qu’il retourne en ville pour une heure et demie de sport. Je profiterai donc de son trajet pour l’accompagner, faire quelques courses en ville afin d’être auto-suffisant les prochains jours, et surtout récupérer l’ensemble de mes affaires dans l’auberge, et annuler les prochaines nuits sur place.

De retour à la ferme j’installe ma tente sur les terres de ce fermier, autour d’un lac artificiel, retenue d’eau nécessaire à l’arrosage de ces arbres fruitiers. J’utiliserai les deux frigos mis à notre disposition dans un hangar, tout juste aménagé, pour stocker mes denrées périssables. Ces derniers sont déjà bien pleins car de nombreux travailleurs sont déjà là, depuis quelques jours. Les conditions de vie vont être ici rudimentaires, mais avec quelques touches de confort non négligeable; tel que le cuiseur au gaz, la douche avec de l’eau chaude et même une très bonne connexion internet, mise à notre disposition autour de la maison des propriétaires trônant un peu plus haut sur les hauteurs de la colline. Nous allons faire très vite connaissance de nos nouveaux employeurs: Ian et Denise.
Nous apprenons très vite que nous ne travaillerons pas le jour suivant, et sûrement pas le jour d’après. Nous ne pouvons tout de même pas nous plaindre, avec ce campement gratuit et confortable dans un cadre très agréable. Et puis ce sont les joies des travaux saisonniers dans la récolte des fruits. Il faut bien les récolter à point nommé. Je vais faire la connaissance de mes futurs collègues de travail! Je vais vivre une expérience unique, en communauté, avec des personnes aux passés très différents. Je suis surpris de constater que dans cette ferme, 80% des travailleurs sont français. J’évite d’habitude ce genre de regroupement. Je prendrai l’expérience à venir comme elle se présentera.

Les deux premiers jours sans travail se passent très bien. Je flâne dans la ferme, pars découvrir les environs en marchant. Le deuxième jour, je partirai pour parcourir, en courant, quelques kilomètres. Voici plus de trois mois que je n’ai pas couru. La motivation est au beau fixe. Je ne me rendrai pas compte du temps qui passe à travers ces paysages magnifiques.  Je pousserai toujours plus loin. C’est déjà un peu fatigué que je ferai demi-tour, lorsque j’eus atteint le prochain village vers le Nord, Coolebrooke. Je peinerai pendant les derniers kilomètres pour revenir à la ferme. Je comprendrai aisément pourquoi en découvrant le temps que je viens de courir et les kilomètres parcourus. Pour une reprise, je viens de courir plus de 34 kilomètres en un peu plus de 2h45. Je ne suis pas au niveau de mes temps record en Marathon, mais je pense avoir un très bon fond pour l’endurance, même sans entraînement. Les jambes auront quelques courbatures, lorsque je commencerai le travail, à 7h00 du matin, le lendemain.

Premier jour de ramassage des cerises. La cueillette de ce fruit demande quelques connaissances de bases et des règles à respecter. Jake, fils ainé de Ian, qui sera aussi notre superviseur, avec son jeune cousin Sam, va nous faire un bref speech explicatif. Premièrement, nous possédons un harnais qui nous permet d’y accrocher notre  «log ». Il s’agit de la boîte correspondant à une quantité d’environ 8 kg de cerises, que nous devons remplir.  Nous avons aussi un crochet relié à une corde qui nous permettra de fixer les branches dans le but de faciliter la cueillette de ces fruits. Nous nous sommes vus attribuer chacun un numéro. Notre harnais, notre crochet, et nos logs possèdent le même numéro. C’est le cas aussi pour notre feuille de suivi du nombre de logs ramassés. En effet, pour les cerises, nous ne sommes pas payés à l’heure, mais à la quantité de fruits cueillis. Pour autant, la précipitation, ou un travail mal fait ne sont pas de rigueur. Ici, ils désirent une cueillette à l’unité. Chaque cerise doit posséder sa tige lorsqu’elle est mise dans le log. Elle doit aussi être d’un diamètre supérieur, à une taille moyenne, de 25 millimètres et enfin elle doit être cueillie déjà assez mûre et non rouge, virant plutôt vers le noir! Une certaine dextérité est de rigueur, et l’expérience paie dans ce genre de travail. Je n’en ai pas du tout mais je vais m’en sortir pas trop mal.

Malheureusement pour cette première journée, je devrai m’arrêter en milieu de matinée car je dois me rendre à Hobart, à 40 kilomètres de là, pour mon rendez-vous avec le médecin qui s’assurera que tout va bien pour mon poignet, que la plaie est toujours aussi propre et que la cicatrisation se passe comme elle devrait. Je trouverai facilement deux voitures qui me prendront en stop pour me rendre à destination.  Le rendez-vous avec le docteur sera des plus médiocres. Il regardera à peine ma main à plus d’un mètre de distance. Il ne me posera pas la moindre question, et demandera à l’infirmière de refaire un bandage. La bonne nouvelle est que, selon lui, tout va bien et que si je continue de soigner la plaie comme je l’ai fait jusqu’à présent, alors la cicatrisation sera très rapidement complète. Voyons l’aspect positif, tout va bien dans le meilleur des mondes ! « No Worries Mat’ !» («Aucun problème tout roule, l’ami! » serait peut-être la traduction la plus appropriée à la situation).  Je retourne donc à la ferme, confiant, prêt à attaquer une nouvelle journée de travail.
Les cerises, de la première des  variétés cueillies, ne sont pas encore totalement prêtes à être cueillies. Nous ferons donc une petite journée de travail le lendemain. Ce sont les aléas de l’activité saisonnière dans le ramassage des fruits. Je prends cela avec philosophie.  Je décide de m’imposer un rythme, d’un footing minimum, tous les deux jours, dans cet environnement propice. L’avantage étant qu’il y a forcément une douche à la clé.

L’expérience va être comme je l’avais souhaitée. La vie en communauté bat son plein! J’apprends petit à petit à connaître les autres ramasseurs. Des groupes, par affinité, commencent déjà à se former. Certains ne seront que rarement dans le «Shed » (Il s’agit du hangar où sont disposés la table et les deux réfrigérateurs) qui sera pourtant, pendant tout le séjour, le lieu de vie, où une majorité de personnes se retrouvent avant, après le travail et même pendant les pauses. La plupart d’entre nous utilisons les frigos, l’étagère de rangement, le gaz, mis à notre disposition, ainsi que le barbecue. Certains dans leur van préféreront rester à l’écart de la foule. Ils conserveront leurs denrées alimentaires, cuisineront, feront leur vaisselle,… avec leurs propres équipements. Sur la cinquantaine de ramasseurs embauchés pour la récolte, une trentaine d’entre-nous avons décidé de rester à la ferme pour profiter des installations et de la proximité pour nous rendre au travail. Les liens vont se resserrer progressivement. Je vais faire plus ample connaissance avec Barbara, Matthias, Sophie, Marc, Rebecca, trois canadiens, Asta, une Hongkongaise… Le soir, je resterai toujours dans les derniers dans le shed, à discuter, échanger, autour d’un bon repas et parfois d’un bon verre. La plupart des soirées seront accompagnées de morceaux de guitare et/ou de chants. Pour cette raison, je vais grandement me rapprocher de Julien, Adrien, Aurélien dit «Ousousse»,  Sébastien dit «Beuché», qui seront aussi tous les soirs, les derniers à regagner leur quartier pour la nuit. Parfois, et pour certains, ils passeront simplement la nuit emmitouflés dans leur duvet à la belle-étoile! Les aprioris sur les uns et sur les autres tombent petit-à-petit. Certains, avec qui je passerai finalement le plus de temps, m’avaient catalogué comme un premier de la classe, très propre sur lui, dans le style surfeur, imbu de sa personne, qui a un standard de vie assez élevé.  Il me croyait avec une ouverture d’esprit limitée, et ils ne me voyaient pas me mélanger avec «la populace »!   Ils raviseront assez rapidement leur point de vue. C’est intéressant de voir comme l’être humain peut très facilement cataloguer une personne dans une catégorie bien déterminée. J’aurai aussi des aprioris en début de séjour qui se confirmeront parfois, et tomberont assez régulièrement. Je suis sûr d’une seule chose. Je n’aurais pas côtoyé, dans mon environnement habituel en France, plus de 10% des personnes qui vont partager cette expérience avec moi. La raison est simple, même si nous partageons un même pays, les activités professionnelles et personnelles, les lieux fréquentés, la mise en boîte des personnes par une société hiérarchisée, conformiste et très codifiée, ont une importance déterminante sur l’environnement que l’on se crée et les personnes qui nous entourent dans la vie de «monsieur et madame tout le monde». Venant de milieux sociaux différents, avec des expériences de vie très différentes, plus ou moins compliquées, chacun va apporter une pierre, plus ou moins bien imbriquée avec les autres, plus ou moins brinquebalante,  à l’édifice sociétaire qui se forme petit à petit lors de cette expérience à la ferme de Lowdina.

Le ramassage de fruits, spécialement la cueillette des cerises, peut être un gagne-pain très bien payé quand on a la chance de cueillir  les fruits sur des arbres pleins… Il est aussi nécessaire de pouvoir ramasser pendant plusieurs jours d’affilés, de nombreuses heures d’affilées.  Il ne faut pas se tromper néanmoins. Ce travail n’est pas de tout repos. Travailler au rendement demande d’être tout le temps à 100% de ses capacités. Nous commençons le travail à 7h00 du matin et finissons à 16h00 sans aucune pose, sans aucun répit. Certains s’accorderont des pauses cigarettes, ou se poseront dans l’herbe pour laisser passer le temps. D’autres, en revanche, seront programmés pour être de vraies machines. Tête bèche dans les branches des cerisiers, leurs mains se déplacent avec une dextérité défiant toute possibilité de modélisation, même avec les plus gros ordinateurs calculateurs au monde. Tel un pianiste sur le clavier de son instrument, chaque doigt est totalement indépendant, chaque doigt à un objectif particulier, et il doit se retrouver précisément placé pour l’atteindre. Partant de l’auriculaire pour aller vers le pouce, les premiers doigts servent à séparer unitairement les cerises, le pouce et l’index, dans un mouvement rotatif spécifique, arrache la queue et la cerise instantanément. Le log situé juste en dessous de l’action sert de récipient de récupération. Une fois plein, ce dernier est dissocié du harnais et posé sur le sol. Un autre vient prendre sa place et la cueillette reprend de plus belle.

Muni d’une bouteille d’eau et de crème solaire, j’essaie, le plus possible, de me rapprocher du rendement des meilleurs. Je n’en serai jamais très loin. Mais le manque d’habitude, un peu de malchance pour les arbres sur lesquels je cueillerai, à suivre dans une rangée commencée, et le fait de parfois complètement me perdre dans mes pensées, ne me permettra jamais de performer. Toujours bon de se savoir rester humain. En effet, après de longues heures concentré sur ces petites perles rouges foncées, mon esprit déconnecte. Je me retrouve à penser à de nombreuses personnes et choses. Souvent après de longues minutes, je retombe sur terre et me reconcentre exclusivement sur la cueillette, constatant simplement que j’avais perdu totalement le rythme effréné maintenu auparavant. C’est une expérience de travail intéressante mais cela pour un temps défini assez court. 

Je me ferai très vite la même réflexion concernant la vie en communauté dans la ferme et la possibilité pour moi de vivre avec tant de personnes différentes 24h/24. Ce n’est pas tant les différences qui me font peur et m’énerveront à la fin. Ce n’est pas non plus la promiscuité avec tant de personnes, même si le fait d’avoir été seul sur les routes pendant de long mois, ne facilite pas et ne participe pas vraiment à l’idée de rester bloquer pendant de longues semaines, avec des personnes que l’on n’a pas forcément choisies, et avec qui les affinités ne sont pas obligatoirement fortes. Le plus dérangeant n’est pas le manque de confort, car son niveau n’est pas moindre que ce que j’ai eu pendant une bonne partie de mon voyage, mais c’est un  «je m’en foustisme» ambiant qui rapidement prend le pas sur le reste, dans les parties communes. Tous les jours, la table sera laissée pleine de déchets, de vaisselle non lavée, de restes de nourriture, de mégots de cigarettes… Les frigos vont très vite être dans un état lamentable de saleté et personne n’en fera rien. Les toilettes extérieures, du type installé en festival ou événement ponctuel, débordent parfois, et personne ou presque ne demandera à Ian, le fermier, d’appeler le camion pour procéder au nettoyage de ces dernières. C’est parfois aussi l’ambiance qui règne qui sera pesante. Prenant part à de nombreuses discussions, j’entendrai beaucoup de personnes critiquer les uns et les autres par derrière. J’observerai aussi des comportements nonchalants, ou encore pire, d’une négativité que je n’espère pas transmissible par le simple fait de côtoyer la personne. Je peux comprendre que chacun n’ait pas eu la chance d’avoir le même parcours que moi. Mais j’ai toujours du mal à être entouré de personnes négatives et pas vraiment constructives.

Il y aura aussi d’autres problèmes tels le vol. Entre cueilleurs, le vol ne sera pas légion. Quelques personnes déploreront ne pas retrouver de la nourriture qui leur  appartenait mais cela ne dépassera pas ce stade. Chacun respectant plus ou moins les autres et le partage des mêmes galères. Pour beaucoup, les finances sont quasiment à zéro et ils sont dans l’obligation de travailler pour subvenir à leurs besoins. D’autres trouveront  un subterfuge qui a été dénommé en Australie sous le nom de «French Market».  Cette dénomination vous donne une idée de la mauvaise image que les australiens peuvent avoir de nous. En effet, cette expression signifie, ni plus, ni moins, que la façon de faire ses courses à la française, c’est de voler. Dans les supermarchés, beaucoup d’entre-eux, remplissent leur panier avec énormément d’articles dont des très chers (comme le saumon, du fromage, jus de fruits, produits de nettoyage, piles électriques, des produits biologiques,…). Puis ils passent à la caisse automatique, sans contrôle de poids. Ils ne scannent que quelques articles les moins chers  et paient un montant ridicule souvent équivalent à moins de 5% de ce qu’ils emportent vraiment avec eux. Les contrôles par les personnes en charge de ces caisses sont pour ainsi dire inexistants. Les australiens font vraiment confiance et ils ne se doutent pas que des personnes puissent faire ce genre de choses. Ce n’est pas non plus tout le dispositif de caméras installées partout dans les magasins qui semblent efficace. Elles ont sûrement été mises en avant en tant qu’élément de dissuasion. Des français, dit «roublards», passeront outre et s’offriront de vrais festins pour une bouchée de pain. Ils se justifieront en disant qu’ils ne volent que les grandes surfaces, produisant des bénéfices monstrueux, dégoutés par la société de consommation à outrance. Ils justifient donc leurs actes par le fait de voler aux riches pour «donner» aux pauvres qu’ils sont. Ils ont, pour moi, en fait tort. Car les grandes surfaces veulent toujours faire autant de bénéfices. Donc ils intègrent dans l’augmentation des prix du produit un facteur dédié à la perte, au vol dans leurs magasins. Les personnes qui volent sont donc indirectement en train de voler la personne lambda qui fait ses courses en même temps qu’eux. Une fille me dira même qu’elle y a pris vraiment goût et que cela est devenu une addiction, qu’elle désire assouvir autant que possible. Elle m’affirme qu’aussitôt sortie du territoire australien, elle arrêtera totalement. Je demande à voir!

L’alcool sera aussi un fléau destructeur. Certains ne peuvent pas s’empêcher de boire tous les soirs, plus que la raison ne le conseillerait. Ils essaieront parfois d’entrainer d’autres personnes dans leur sillage pour se donner bonne conscience. Le soir, où nous avions décidé de faire un barbecue tous ensemble, en fin de ramassage des cerises, une bagarre, en fin de soirée va être engendrée par un gars sous l’emprise d’alcool et de drogue, dite «douce». Il en viendra aux mains avec son meilleur ami et un ami très proche. En essayant de les séparer, Alek tombera et s’ouvrira un peu la main, d’où quelques gouttes de sang s’échapperont. La bagarre reprendra un peu plus tard et une guitare volera effleurant de près la tête de celui qui avait commencé l’affront. Le règlement de compte se finira finalement assez rapidement sans dommages majeurs si ce n’est l’esprit d’un groupe de 4 personnes,  détruit, tout du moins partiellement. Beaucoup de personnes, ayant déjà vu ou subi  ce type de comportements, trouveront des excuses à l’initiateur de cette déconvenue, lors d’une soirée qui auparavant avait été des plus agréables. Selon eux, c’est une personne perdue qui n’arrive pas à s’exprimer, et qui donc, trouve par le conflit avec lui-même, ou avec les autres, la façon d’exprimer son mal être. Les gestes n’auront pas été des plus tendres, mais les paroles, qui j’espère auront dépassé de très loin ses pensées véritables, auront, je suis sûr, fait très mal aux personnes qu’il visait par ses dires…Je veux bien entendre et comprendre qu’une personne ne soit pas bien. Je ne peux vraiment pas comprendre, qu’après des années dans la drogue, et dans l’alcool, cette personne continue de se complaire dans sa situation et qu’elle fasse tout pour, tous les jours, s’enfoncer un peu plus. Je vous parle en plus d’une personne possédant de nombreuses connaissances et avec un potentiel de réussite, chez lui, impressionnant. J’aimerais toujours connaître la suite de l’histoire de vie d’une personne telle que celle-ci. J’aimerais, après plusieurs années, savoir que la personne a réussi à trouver un équilibre qui lui permette de vivre une vie paisible et heureuse, plutôt que de savoir qu’une déchéance irréversible l’a plongée dans un chaos sans fin.

Il y aura d’autres moments que je ne trouverai pas spécialement transcendants, voire parfois déplorables. Mais des instants de vie magique vont aussi avoir lieu. Tout d’abord l’entraide est très présente. Que ce soit lors de la cueillette ou pour les repas. De nombreuses personnes n’hésitent pas à donner de coups de mains aux autres, à leur donner de la nourriture si besoin, à prêter leur équipement pour cuisiner. Assez régulièrement, certaines personnes - cela tourne - procèderont à un nettoyage complet de la table, d’autres feront la vaisselle pour tout le monde. Les 3 filles asiatiques vont plusieurs fois cuisiner pour nous des repas de leur pays. Aline, une française, qui aime bien cuisiner tout ce qui est à base de pâte, nous préparera plusieurs fois des cakes aux olives et jambon, du pain au fromage et aussi quelques desserts tel qu’un bon cake au chocolat. Pour rester dans les plaisirs culinaires, Matthias, chef pâtissier de formation, cuisinera un soir un gâteau au chocolat et aux cerises, accompagné d’une crème chantilly à la vanille. Malgré les conditions de travail, et le peu d’instruments, le résultat sera excellent. Il appréciera grandement de constater de quelle manière les plaisirs culinaires peuvent unifier, rassembler. En effet, çe sera une des seules fois où tout le monde sera, en même temps, réuni dans le Shed. Assez timide, il aura néanmoins beaucoup plus de mal avec la salve d’applaudissements que nous lui dédierons. Il aurait aimé à ce moment-là pouvoir s’enfuir, se faire plus petit qu’une petite souris, pouvant se faufiler très rapidement loin de cette foule.

Nous passerons de nombreuses soirées sympathiques à discuter, rigoler, raconter des  blagues, jouer à des jeux tels que le poker, refaire le monde en parlant de sujets divers et variés.

Les soirées seront parfois arrosées, et surtout, très souvent accompagnées d’agréables mets à se mettre sous la dent. Deux ou trois soirées seront vraiment exceptionnelles. Je me rappelle, par exemple, du soir où je m’apprêtais à aller me coucher. Il était minuit passé. En me rendant aux toilettes, je tombe nez-à-nez avec l’équipe du Sud, Matthias, Séb., Aurel., et Marco entrain de dépecer un kangourou. En rentrant de nuit, ils viennent de l’écraser sur la route. S’arrêtant et le voyant à l’agonie, ils l’achèveront à mains nues. Les voyants en pleine action, je profiterai du spectacle et je resterai avec eux lorsqu’ils le cuisineront. Depuis mon arrivée en Australie, j’ai goûté de nombreuses fois un steak, steak haché et autre façon de préparer la viande du Kangourou. Tous ceux achetés dans un supermarché n’arriveront pas à la cheville de cette viande que nous mangeons au grill quelques minutes après sa mort. Son goût est particulier, assez fort, comme de la viande de sanglier (comme précisé ultérieurement), mais délicate à la fois. Nous dégusterons tous les organes : cœur, foie, côte, etc.…. Tous auront un goût fort agréable. Pour laisser à d’autres le plaisir d’en goûter le lendemain, nous calmerons nos ardeurs et nous ne dévorerons pas l’animal jusqu’à son dernier bout de chair. Nous en conserverons une bonne moitié pour le lendemain. Nous irons nous coucher, plus que repu pour ma part, prêt à bondir sur les arbres pour ramasser les cerises le matin même.

Si je ne devais retenir qu’une seule soirée, une soirée mémorable, ça ne serait pas celle-là. Cette soirée, pourtant simple dans la conception, dans le lieu, et les personnes, résonne encore dans ma tête. Comme à notre habitude, depuis plus de 10 jours d’ores et déjà, nous dînons assez tard, après que beaucoup de personnes soient déjà retournées dans leurs pénates, emmitouflées dans leur sac de couchage. Nous sommes dans le Shed à discuter tranquillement, boire un ou deux verres. Adrien, qui a acheté un puzzle dans un magasin, essaie de faire prendre forme à ce dernier. Il s’est réfugié, juste à côté, dans le hangar, où sont entreposés les cartons, pour faire la mise en boîte des cerises et des abricots. Il est assis par terre sur quelques-uns d’entre-eux. Une, puis deux, puis trois, personnes vont le rejoindre. Nous serons 5 assis par terre à discuter alors que tous les autres iront se coucher. Adrien perd patience concernant ce puzzle. En revanche, ils vont commencer avec Aurélien, un duo improvisé de guitares de haute voltige. Ils jouent tous les deux de la guitare depuis qu’ils sont jeunots mais ils n’ont pratiquement jamais encore pratiqué ensemble, juste à deux ou trois reprises.  La symbiose va pourtant opérer, être parfaite entre les deux compères. L’un introduit un son et l’autre se base sur ce dernier pour y ajouter de la mélodie. Un effet grisant ! Les accords s’enchaînent. Les fausses notes n’existent pas. Les doigts glissent comme par magie sur les cordes des deux guitares à une vitesse fulgurante. Les effets de percutions qu’ils effectueront en tapant sur la partie en bois de leurs guitares ajoutera quelque chose d’encore plus spécial. Dans un endroit des plus banals, assis par terre, je vais me laisser entraîner dans un monde parallèle, celui de la musique, qui transcende le plus basique des moments en un moment unique. En effet, sans enregistrement audio, ce moment ne pourra jamais être reproduit à l’identique. Le lendemain je serai même la seule personne à m’en souvenir avec sobriété et sans effet de narcotiques!  Ça aurait pu être un joli rêve dont j’étais le seul à pouvoir tirer les ficelles. Il n’en fut rien, ce fut un moment partagé à 5 puis à 4. Un moment hors du temps qui donne encore plus de cachet à cette expérience du travail à la ferme.

D’ailleurs le lendemain, ou plutôt le matin même, trois heures après, le réveil ne fut pas des plus faciles. Mais la journée passera comme une lettre à la poste, et la sieste de l’après-midi sera la bienvenue pour se requinquer, avant de partir me défouler grâce à un footing. La récolte des cerises touche malheureusement déjà à sa fin. Beaucoup pensaient travailler au moins deux fois plus. Pour des raisons de quantités journalières de cerises à trier et mettre en boîte qui lui sont imposées, la ligne de production industrielle pour réaliser cette étape finale ne lui appartenant pas, Ian aura dû embaucher une vingtaine de ramasseurs en plus que les années précédentes. La saison va être pour lui et son fils; Jake, éprouvante. La récolte des abricots, qui commence généralement au moins une semaine après la fin de la cueillette des cerises, va commencer cette année en même temps. De plus, il aura à régler la ligne de packaging d’abricots qu’il vient d’acquérir. Il a réussi à la faire fonctionner seulement quelques heures avant le début de la production réelle. Pour les motivés dans nos rangs, c’est une aubaine car nous pouvons allier les deux récoltes dans une même journée. Cela sera le cas lors de la fin de la cueillette des cerises avant de nous consacrer seulement aux abricots. Pour certains cette cueillette est beaucoup plus agréable. Elle n’est pas payée au rendement mais à l’heure. Il n’y a donc plus de facteur de compétition ou de réelle obligation de résultats. Néanmoins, nous avons dû gagner notre place et le droit de la cueillette des abricots, contre un prestataire asiatique, qui aura commis quelques erreurs lors du ramassage par ses équipes d’employés. Il possédera surtout des équipes moins performantes que nous. Que nous prenions cette victoire de qualité et de rendement contre les asiatiques, comme un coup de maître ou non, cela nous donne, quoi qu’il en soit, la chance de pouvoir continuer de travailler dans cette ferme. Je vais bien aimer la récolte des abricots. Comme pour les cerises, je vais en déguster un nombre non négligeable directement sur les arbres pendant le travail. De plus, les abricots doivent être récoltés encore à moitié vert pour être transportés et servis mûrs au client. Les abricots, mûrs sur les arbres, sont déjà trop mous pour être packagés puis livrés au client. Si nous ne les mangeons pas, ou ne les gardons pas pour nous en faire de la confiture, ils pourriront directement sur l’arbre, ou au mieux seront donnés à manger aux vaches de la ferme. Autant profiter de l’aubaine que nous avons de pouvoir déguster ces fruits frais directement sur l’arbre. Travailler en Tasmanie, cette année, sera une vraie bénédiction concernant les conditions météorologiques. Nous n’aurons en effet quasiment aucun jour de pluie, ou presque, ni des températures dépassant les 40°C à l’ombre, comme cela peut être le cas dans d’autres régions de l’Australie. Les nuages souvent présents seront toujours les bienvenus pour ne pas crouler sous la chaleur du soleil tapant directement sur nos crânes démunis de couvre-chef.
Je suis aussi tombé sur des fermiers spéciaux et particulièrement géniaux. Ils vont prendre soin de nous, ils essaieront de nous mettre dans les meilleures conditions et seront à l’écoute de nos moindres remarques. Ils sont très honnêtes. Ils nous paieront en fonction du travail accompli. Pour avoir entendu de nombreuses fois des personnes relater des histoires selon lesquelles ils s’étaient fait rouler dans la farine lors d’un travail saisonnier, je suis content de ne pas avoir à gérer ce genre de problématique.  Accueillant pour la première fois leurs saisonniers directement à la ferme, ils seront contents de l’expérience tentée et décideront de la renouveler l’année suivante, en apportant encore des améliorations, et un peu plus de confort. Les jours passant, nous aiderons parfois Ian, sans demander de contributions, pour mettre en forme des cartons, pour déplacer un outil, pour l’aider à construire quelque chose. De son côté, Ian nous offrira assez régulièrement des bières, ou de bons morceaux de beefsteak provenant de son cheptel…

Avec Jake et Sam, nos superviseurs, l’ambiance est de plus en plus décontractée, nous discutons pas mal sur différents sujets. Jake essayant d’apprendre le français, nous lui apprendrons, chacun notre tour, chaque jour, une nouvelle phrase.  Ils me feront entièrement confiance  quand je leur demanderai de conduire le quad. Je serai le premier à avoir cette faveur et, seulement, trois ou quatre autres personnes auront ce privilège jusqu’à la fin du séjour. Je me réjouis de conduire cet engin une nouvelle fois. Le même jour, ni Jake et Sam, ne seront dans les rangs. Il ne s’agit pas cette fois-ci du quad, utilisé pour transporter les bennes permettant de récolter les abricots, mais du tracteur. Celui-ci a été laissé bien derrière les cueilleurs qui avancent les sacs de plus en plus plein. Je déciderai de sauter dans le tracteur, et de manœuvrer ce dernier par moi-même. Je n’avais jamais eu l’occasion avant  de le faire, sauf tout jeune, sur les genoux du parrain de mon frère; Jacquot. Je trouverai seul comment conduire le tracteur et je l’amènerai quelques centaines de mètres plus loin. Entendant le tracteur fonctionner sans aucune personne normalement qualifiée  dans les parages, Jake et Sam accourront, et ils pousseront un grand soupir de soulagement quand ils me verront aux commandes. Je n’aurai droit à aucune remarque, mais plutôt à un grand sourire. Seulement, plus tard, c’est dubitatifs qu’ils s’exclameront et se demanderont  comment j’ai pu, par moi-même, découvrir la façon de le manœuvrer.  Quand Benoît, un des canadiens, me verra aux commandes de l’engin, il demandera à Jake, comment cela se fait et pourquoi moi? Il lui répondra simplement: «C’est parce qu’il est ingénieur »! Entendant cela, j’esquisserai un grand sourire.

Les jours passent. Malgré la fatigue, les difficultés d’une vie sociétaire dans un environnement précaire,tournant autour de la journée de travail, l’expérience est toujours aussi belle. Mais que va-t-il bien pouvoir se passer pour mettre un frein à cette dynamique?


Quoi qu’il en soit, ce n’est pas le surnom auquel tout le monde  va très vite m’associer qui tendrait dans cette direction.  Du fait que je surfe sur la vague de la vie, heureux et réalisant mes projets les plus fous, que je prenne soin de moi, que j’aille faire du sport après plus de 9h00 de travail d’affilé, que je revête des petites chemises le soir, que lors de discussions, j’explique les sports que je pratique depuis quelques années (saut en parachute, parapente, speed-riding, Kite-surf, plongée…), je vais être associé à un des personnages d’un comique français très en vogue depuis une dizaine d’année. Ma nouvelle coupe de cheveu «à la Surfeur» et les mèches de couleurs beaucoup plus claires, qui réapparaissent naturellement grâce au soleil, joueront aussi pour l’obtention de ce pseudonyme honorifique. Ils vont m’octroyer le surnom «Le Blond», en référence au personnage du spectacle, en solo, de Gad Elmaleh. Je ne peux être que très flatté de cette dénomination qui deviendra très vite la seule façon de m’appeler par la grande majorité des ramasseurs, puis par toute la ferme, y compris  Ian, Denise, et leur fils qui eurent vent de ce surnom.

Oui c’est vrai que tout est parfait pour moi, depuis des années,  je plane! Grâce aux courants chauds ascendants, je me rapproche tous les jours un peu plus de mon paradis sur terre. Soyez conscient que ça n’a pas toujours été le cas. J’ai vécu des épreuves très dures dans ma vie, où j’étais totalement perdu, où la vie n’avait plus aucun sens pour moi, où l’autodestruction était la seule issue que j’avais trouvée pour exprimer un mal-être psychique et physique d’adolescent. Comme d’habitude, je n’ai pas fait les choses à moitié. Je suis descendu plus bas que terre alors que mon enfance avait été radieuse et que j’avais tout pour réussir, et être heureux. Mon histoire aurait pu s’arrêter là, il y a de cela quelques années dans la déchéance la plus totale, en m’ôtant la vie à petit feu. A cet instant la mort me tendait les bras et j’étais prêt à lui tendre les miens, pour tomber dans les siens. J’avais tout perdu; des amis, ma force mentale et physique, ma clairvoyance, une maturité et une indépendance acquises très jeune. Je pensais tout contrôler mais ce n’était qu’illusion. Mes forces diminuaient avec les jours qui s’écoulaient. Cependant, et heureusement, je n’aurai jamais atteint la limite de non-retour!

Je rejetais la société qui se présentait à moi. J’avais été baigné et éduquer dans un amour extraordinaire et inconditionnel par mes parents, grands-parents. Je ne savais pas ce que signifiait le divorce. Pour moi, une fois que l’on avait trouvé le grand Amour, il était réciproque. Une fois que l’on avait trouvé la bonne personne c’était pour la vie… Mais là encore toutes mes illusions sur le sujet tombèrent tel un château de cartes balayé par le vent… . Je ne connaissais pas l’échec. Tout ce que j’entreprenais était une réussite. Un Amour jamais assouvi viendra rompre ce chemin tout tracé !

Mais cela ira bien au-delà de ma simple personne.  Je ne comprenais pas pourquoi j’avais la chance de vivre une vie heureuse et simple, alors que tant de personnes dans le monde n’avaient pas cette chance, que beaucoup souffraient, et souffriraient toute leur vie sans jamais avoir la chance de s’en sortir! Ma conception de la vie s’effondrait, mon monde s’effondrait!

Malgré cela, j’aurai presque toujours réussi à me maintenir à flot.  Petit à petit, j’ai réussi à remonter la pente grâce à une force de conviction inébranlable, et surtout grâce au soutien d’un noyau dur de personnes précieuses autour de moi. Elles auront fait tout ce qui était possible pour me sortir de cette impasse. Je suis redevable à jamais envers mes parents pour tout ce qu’ils ont pu faire pour moi.  Je les ai fait beaucoup souffrir, non par envie mais par rejet de toute belle chose que l’on voulait m’apporter. Je ne remercierai jamais non plus assez des oncles et tantes, des amis, certains proches qui, même en étant totalement démunis, ont tout fait pour m’apporter leur aide, et apporter un soutien nécessaire à mes parents. Mes frère et sœur ont dû subir aussi cette épreuve, malgré-eux, pourtant ils sont aujourd’hui encore à mes côtés pour que l’on avance ensemble.

Si j’avais le choix,  j’espère que je réagirais différemment. J’espère que je ne revivrai pas ce passage de ma vie aussi brutalement qu’il le fut. Pourtant je n’ai aucun regret. Non pas que je ne m’excuse pas, auprès des personnes que j’ai fait souffrir, bien au contraire. Mais parce que cette épreuve fait de moi ce que je suis aujourd’hui. Ma joie de vivre, mon positivisme inébranlable, la conviction d’avoir une vie de rêve à chaque seconde qui passe, sont encore plus accentués par le fait que j’ai dû passer par une épreuve de vie intense dans sa médiocrité, dans sa dureté, dans sa pénibilité physique et mentale, il y a de cela quelques années.

Je m’accroche encore à de petits détails, de petites phrases qui peuvent changer une vie si l’on tend à les appliquer. Je me souviendrai toute ma vie d’une phrase qu’aimait enseigner Papou, mon grand-père, à ses petits enfants! «Aimez-vous pour pouvoir aimer les autres!». J’aimerais pouvoir aimer toutes les personnes de la terre entière (littéralement parlant bien entendu car il faut aussi être réaliste parfois), je sais donc ce qui me reste à faire. (Je viens de vous écrire ces lignes, en Nouvelle-Zélande, à Cromwell, dans un camping, assis dans ma tente, alors que la nuit était encore présente, l’obscurité totale et l’humidité forte. Ayant plié bagages, avant 7h00, je marcherai sur la route, faisant du stop pour revenir à Queenstown où je prendrai le lendemain un avion. Marchant sur la route, la vie va me faire un petit clin d’œil!  Ecoutant de la musique, en aléatoire, grâce à mon Ipod, je vais entendre pour la première fois  une succession de musique que je n’avais encore jamais écoutées. Il s’agit de trois chansons d’Ayo. La première, « These days », pourrait aisément suggérer mon Passé, puis ce fut, «Life is Real» qui représente parfaitement mon présent et mon passé proche, depuis maintenant des années…C’est fou ce que ça passe vite quand tout va bien! Puis il y aura enfin, «Neva Been» qui j’espère augure  un futur souhaité et désiré.

Je serai pris par l’émotion! Des larmes parviendront rapidement aux bords de mes yeux, avant de glisser doucement sur mes joues. Pourtant c’est un grand sourire qui les attend lorsqu’elles atteindront ma bouche… Pris par l’émotion, envahi par des émotions et par des ressentis, ne signifie pas qu’il y a un mal être, ou de la nostalgie… Je sais simplement d’où je viens, ce que j’ai vécu, et pourquoi je suis la personne la plus heureuse du monde, à cet instant, où sur le bord de la route, le soleil se lève derrière les montagnes, laissant apparaître des paysages magnifiques.)

J’ajouterai à ce postulat la note suivante; La vie est une suite de projets, d’instants vécus, de moments inédits. Faites que vos projets de vie soient et deviennent vos rêves les plus fous accomplis. Faites que le moment présent, là-bas et ici,  soit toujours celui que vous auriez souhaité vivre, et où vous auriez aimé être, et votre vie deviendra votre paradis. N’oublions pas Amour, Famille, et Amis, qui devraient prendre part au jeu, pour un cocktail de vie réussie…

Même si je ne vous avais pas fait part, à cet instant, d’un sujet très tabou à mes yeux, dont je ne peux pas être fier, mais que j’assume totalement aujourd’hui, je vais devoir vous démontrer que je ne suis qu’un être humain parmi d’autres. La légende du Blond, pour qui tout est parfait, restera simplement une légende douce à entendre, à chaque évocation de ce surnom.

Par modestie et étant l’autobiographe de ce texte relatant mon Vol Libre autour du Monde, je dois trouver quelques exemples qui confirme mes affirmations. Les événements à la ferme vont me rattraper. Ils me permettront aisément de vous démontrer, pourquoi une théorie de la personne parfaite, ne serait qu’une image réductrice, superficielle, et minimaliste d’une réalité plus complexe. Juger d’une personne sur des aspects physiques, ou/et sans connaître son histoire, amène assez souvent à une image erronée d’une réalité prenant en compte des milliers de paramètres, dus à son histoire, l’éducation reçue, l’entourage, et les premières années de la vie,…

En ce matin du 15 Janvier, je me réveille avec une douleur dans le dos. Celle-ci se trouve au niveau de la ceinture, juste au-dessus de ma fesse gauche. Au toucher cela ressemble à une simple piqûre d’insecte. Aucune inquiétude à avoir, je pars donc travailler et effectuer le ramassage des abricots. La journée se passe sans coup férir. L’ambiance est au beau fixe. Je dégusterai quelques abricots frais directement sur l’arbre. J’ai rarement eu la chance de manger des abricots aussi succulents par leur fraîcheur et le goût qu’ils possèdent. Nous aurons aussi des discussions intéressantes avec Julien et Aurélien. Nous pousserons même la chansonnette avec plusieurs autres cueilleurs. A nous les hits parades de la chanson française, principalement des années 70 à 90. Nous reprenons en cœur les fameux hits de Jacques Brel, Brassens, Souchon, Indochine, Goldman, Queen, Cœur de pirates mais aussi Matmatah,  Trio, Benabar…  L’ambiance est au beau fixe. La douleur que je ressens est anormalement élevée mais j’en ferai abstraction. Le lendemain, la douleur n’a pas disparu. N’étant pas du tout insupportable au point de s’alarmer, je continue de travailler sans vraiment y penser. Sur une branche basse, je m’écorcherai juste en dessous du genou droit lors du ramassage des abricots. Une fois encore, j’y prêterai à peine attention et je continuerai la cueillette dans le même état d’esprit, profitant de pouvoir manœuvrer le quad.

Le lendemain, le 17 janvier, les blessures bénignes ont pris une toute autre proportion. La jambe est enflammée. La piqûre au dos me fait vraiment mal. Je demanderai à deux ou trois ramasseurs de me dire ce qu’ils pensent visuellement de cette zone de plus en plus dur dans le dos. La simple réaction de dégoût que je pourrai lire sur leur visage, au premier regard, m’en dira déjà beaucoup. Ce n’est vraiment pas beau. Il serait temps de faire quelque chose. Je vais utiliser de la médecine alternative prônée par Barbara. Elle utilise beaucoup l’argile pour ses propres soins. Elle en prend, par exemple, tous les matins, au réveil, mélangé avec de l’eau. Cela aurait des effets très positifs sur la flore intestinale, son maintien en condition, ou sa reconstruction après une prise prolongée d’antibiotiques par exemple.  Dans mon cas, sur les deux blessures, nous poserons un cataplasme d’argile dilué avec de l’eau. Puis nous recouvrirons ces derniers de bandages. Je devrai les changer deux fois par jour. L’argile aurait des propriétés permettant de purifier la plaie et d’attirer les organismes étrangers vers les zones capillaires extérieures des tissus fibreux humains.

1 jour et demi, plus tard le résultat est flagrant. Barbara et Matthias vont alternativement jouer les infirmières avec moi. Je ne sais pas pourquoi je trouve l’une beaucoup plus sexy que l’autre (Mort de rire, hé oui même dans ces situations, il est hors de question de perdre son sens de l’humour). Les plaies se sont ouvertes permettant de dégager une quantité impressionnante de pus. Allongé sur une chaise longue, Matthias (Zut, ce ne fut pas l’infirmière sexy cette fois-ci) procédera à un minutieux nettoyage de la plaie principale, celle dans mon dos. Beaucoup d’autres regarderont le travail avec un visage de dégoût. A ce qu’il parait, ce n’était pas beau du tout à voir. Un cas sûrement intéressant pour ma chère maman en dermatologie, même si bizarrement, je pense qu’elle ne préférerait pas voir cela sur le corps de son fils!

Matthias s’y reprendra à de nombreuses reprises, pressant aussi fort que possible autour de la plaie. Il aura même du mal à comprendre comment je peux rester aussi stoïque, et que je ne bronche pas une seconde. Ce fut tout de même une délivrance, lorsqu’il affirmera ne pas pouvoir en enlever plus pour le moment. Il nettoiera la plaie. Nous la recouvrirons d’un nouveau cataplasme avec cette terre aux vertus magiques. La deuxième plaie à la jambe prendra aussi le chemin de la guérison, après expulsion de la majorité de l’organisme venu perturber mes défenses immunitaires. Cela serait trop beau si l’histoire s’arrêtait là et que je repartais sur les routes du monde plus vaillant que jamais.

Un troisième cas d’infection est apparu au cours de ces deux derniers jours de soins. Il s’agit probablement d’une petite ampoule, à proximité des doigts du pied droit, au centre. Cette dernière va dégénérer, rougir, durcir. Elle introduira rapidement un vecteur Douleur qui va augmenter exponentiellement. L’argile n’y pourra rien! Le lendemain, en ce dimanche 20 janvier, après une journée de travail, je ne peux quasiment plus poser le pied par terre. La sensibilité de la zone infectée est devenue insupportable. Je ne peux même plus effleurer le sol avec l’avant de mon pied droit, sans faire des bonds…Les autres me pousseront à faire quelque chose... C’est aller trop loin, la médecine alternative ne peut plus y faire grand-chose. Je ferai donc part, assez tardivement, en soirée, à Ian de ce problème important. Dubitatif, il me dira de patienter quelques instants, il va voir ce qu’il peut faire. Il part téléphoner à son médecin de famille. Il m’assure que si elle est disponible, elle me recevra chez elle et elle m’aidera de tout son possible. Selon lui c’est un médecin très réputé dans la région.

Il reviendra une dizaine de minutes plus tard avec sa camionnette me disant de sauter dedans. Me voilà donc en partance, avec Ian, chez son médecin. Il m’expliquera brièvement chez qui je me rends. Le trajet ne sera pas très long. A peine sorti de sa propriété, 150 mètres plus loin, nous tournons sur un petit chemin de terre. Ils sont voisins terriens. Il descendra de la camionnette pour actionner un cadenas, désenlacer une chaîne métallique et libérer un vieux portail. Nous pénétrons chez ce docteur et nous remontons une longue allée faite de terre et de pierres. 500 mètres plus loin, Ian stoppe le véhicule le long d’un muret de pierres. Il me dit de ne pas être effrayé par Stryder. Il s’agit de leur chien, un énorme danois noir de plus d’un mètre de hauteur au garrot.  Il grognera à notre arrivée mais il n’esquivera aucun mouvement agressif envers nous.

Nous pénétrons dans la maison. Nous sommes accueillis par une dame d’un mètre soixante, les cheveux ondulés grisonnants, ayant la cinquantaine d’année bien  établie. Elle nous accueillera avec un grand sourire. Stryder, tournant autour de nous, par un simple coup de queue, fera réagir Ian avec une légère peine. Ce chien semble avoir une puissance incroyable. Une chose est sûre, sa stature et sa grandeur sont impressionnantes. Nous ferons les présentations. Elle s’appelle Jennifer Skeat et est originaire d’Afrique du Sud. Son mari; James Marcheant, est aussi originaire de ce pays. Ils sont arrivés ensemble il y a  plus de 40 ans, pour le travail, mais aussi pour fuir l’Apartheid et la situation compliquée de ce pays alors en plein bouleversement. Installés au début près de Melbourne, cela fait plus de 25 ans qu’ils ont investi cette ferme en Tasmanie... James l’a reconstruite, agrandie et magnifiée. Ce mélange de pierres et de bois est extraordinaire même si de nombreux travaux sont encore en cours ou à prévoir… Une maison c’est comme la vie! C’est un chantier sans fin. Cela doit être en perpétuel mouvement,  conforme à ses envies du moment. Il est important pourtant aussi qu’elle puisse fournir un équilibre, permettant de s’y sentir bien, comme dans un cocon… Son état permet souvent d’avoir une bonne idée des personnalités qui y habitent.

Jennifer, avant d’être docteur, avait fait des études de lettres. Elle a enseigné le français pendant 2 ans en Afrique du Sud. Elle n’a pas pratiqué ou très peu depuis 20 ans. Ça sera pour elle un plaisir d’échanger quelques mots dans cette langue… Une fois les questions d’usage passées, elle se penche rapidement sur mon problème majeur et regarde attentivement mon pied! Elle prend le temps de m’écouter et de comprendre les péripéties qui se sont déroulées pour moi auparavant. Après quelques minutes, son diagnostic est sans appel, il s’agit très certainement d’un staphylocoque, sûrement sa forme ultrarésistante. Seuls des tests sanguins permettront définitivement d’affirmer cet état de fait. Il est temps de prendre les choses en main et sans hésiter, je vais me voir proposer une précieuse aide de sa part… Une des premières mesures sera de prendre un bain tous les jours pour baigner dans de l’eau javellisée et me nettoyer méticuleusement avec du produit antiseptique.

Ian ne possède pas, ou plus de baignoire. C’est le cas depuis quelques années. Un jour de pluie, avec une remorque trop chargée à l’arrière du tracteur, il perdu le contrôle de ce dernier. Les roues motrices tournaient alors dans le vide, et il viendra se défénestrer dans son ancienne salle de bain! Imaginez-vous la scène, avec un tracteur dans votre salle de bain alors que vous preniez tranquillement votre bain… Hilarant! Heureusement, ce jour-là, personne ne fut présent dans la pièce dévastée par l’engin! Ils reconstruiront une salle de bain sans y inclure une nouvelle baignoire. Et chut, car même si nous avons bien ri en discutant de ce sujet, Ian, perfectionniste, n’en est pas vraiment fier… Il ne faudrait pas que ça s’ébruite de trop !
Jennifer me dira donc de venir tous les soirs pour prendre mon bain, soigner mes blessures et voir l’évolution de ces dernières. C’est déjà une boulimique du travail et je lui en donne en plus, le soir, après 21h00, quand elle rentre du travail! Je suis un peu gêné mais vraiment très heureux d’être entre les mains d’une personne qui semble très compétente. Nos quelques échanges en français, un bon premier contact, une simplicité envahissant ce début de relation me réconfortera tout de même. J’envisagerai déjà comment pouvoir la remercier.

James est, quant à lui, géologiste de profession et actuellement à la retraite depuis quelques années! C’est un homme de petite stature, assez bourru, son visage, marqué par les années, est recouvert de cheveux blancs bouclés, d’une barbe et d’une moustache blanchâtres qui en recouvrent une majeure partie! Son visage restera fermé. Il nous dira à peine bonjour et au revoir…

C’est l’esprit léger que je regagne la ferme avec Ian. Je le remercie de m’avoir conduit chez son médecin et de m’avoir mis entre de bonnes mains! Il tiendra directement à me mettre au courant d’un drame qui est arrivé à ce couple, voilà presque 2 ans. Ils avaient deux enfants, un garçon, et une fille. Leur fille, Lee, est promise à une carrière de docteur. Elle commence cette année son internat. J’aurai la chance de la rencontrer quelques jours plus tard.

En revanche, leur fils n’est plus de ce monde! Sûrement, à la suite d’une déception amoureuse, alors qu’il se trouvait à Melbourne. Il aura décidé de mettre fin à ses jours! C’est un fait qui me touche particulièrement! Je ne peux que compatir à leur peine.

Je prends conscience, plus que jamais, de l’horreur de cette situation. Cela ne devrait jamais pouvoir arriver à des parents. Comment rebondir après un événement comme celui-ci ? Quoi qu’il arrive ce dernier marquera à jamais des âmes de parents chahutés, des parents qui auront perdus ce qu’il y a de plus chers à leurs yeux! Souvent en plus, cet événement se déroule dans une incompréhension totale! Quasiment à chaque fois, ces parents n’ont rien à se reprocher. Ils n’auraient pas pu inverser cette issue fatale quels que soient les changements qu’ils auraient pu effectuer lors de l’éducation transmise aux enfants! Mais comment s’en convaincre et vivre avec ce trou béant dans le cœur de parents?!

Et dire qu’il y a quelques années, centré sur moi, sur mon mal être, j’avais envisagé cette solution finale comme seule issue… Heureusement que des petits détails, de petites choses m’ont raccrochés à la vie pour m’ouvrir les yeux, remonter la pente… Encore une fois, je ne pourrai jamais revenir sur ces événements, ces choix, cet état d’esprit à un moment noir de mon existence. En revanche, je peux maintenant profiter de chaque seconde de ma vie, réaliser mes rêves et vivre la vie que j’ai toujours voulu vivre. J’avais ce rêve de voyager autour du monde pendant quelques années et je le réalise. Je suis un Homme heureux et Libre!
Je ne peux alors que rigoler quand je sais que l’on parle dans mon dos. «Mais que fait-il ?»  «Il a déjà 31 ans?» «Il a, qui plus est, un diplôme qui peut lui permettre d’avoir une carrière fructueuse, d’avoir une situation stable, conforme à ce que dicte la société!» «Il n’est pas du tout responsable». «Il est temps qu’il grandisse et qu’il pense à construire quelque chose.» «Il est vraiment inconscient!».

Cela me fait bien rire, surtout quand ces remarques ne me sont pas faites directement à moi, en face à face. Je rigole quand je sais que ces commentaires proviennent souvent de personnes frustrées, qui ne réalisent pas leurs rêves, et restent dans leurs petites vie et habitudes, non par choix mais par conformisme… Oui, avoir une vie de famille et trouver l’Amour est quelque chose que je désire… Mais dois-je me presser? Dois-je faire ce que la société me dit pour essayer de trouver une personne et me stabiliser quelque part? Je n’en ai toujours fait qu’à ma tête, j’ai toujours fait différemment, mais comme je le désirais. Je ne compte pas m’arrêter là! Je nage dans le bonheur. C’est bien dommage pour ceux à qui cela déplait. Et je compte bien y rester pour le reste de mes jours, suivant mes intuitions, mes envies, mes projets… A bonne entendeur, salut!
En attendant, cette situation pour «Jenny» et James me touche. Je vais les côtoyer de longues semaines. Nous n’en parlerons jamais ouvertement. Ils feront de nombreuses allusions à leurs enfants, et non à leur enfant, mais ils ne prendront jamais le pli de m’en parler clairement. Je respecterai leur choix et cela n’affectera pas notre relation, tout du moins de mon côté. Sauf que cela ne me permettra pas toujours de comprendre certains comportements, certaines désillusions dans certains propos…

Je retournerai chez eux le lendemain soir. Jennifer sera toujours aussi accueillante. Elle prend un vrai plaisir à échanger avec moi en français. James s’ouvre progressivement à la discussion. Il sera beaucoup plus chaleureux, nous échangerons, il sourira, il me proposera un verre. La glace était en train de se rompre. Il fait partie de ces personnes, qu’il faut apprendre à connaître, auxquelles il faut laisser le temps avant qu’une relation normale commence à s’établir et qu’elles veuillent bien se découvrir un peu! L’atmosphère est de plus en plus chaude, réchauffée, qui plus est, par le poêle allumé, en cette journée d’été humide, pour brûler des papiers et autres déchets biodégradables.

En revanche, l’état de mon pied s’empire! L’infection s’est propagée sur plus de 30% de la surface de ma voûte plantaire. Du pue sort en abondance. L’évacuation par pression ne semble pas suffire. Les tissus sont trop touchés. Il faudrait donc les extraire pour éviter la propagation d’un mal, pouvant avoir des conséquences désastreuses sur ma santé. Une septicémie peut être à craindre… Cela peut engendrer, à l’extrême, la perte d’un membre, voir la mort si ce n’est pas suivi et traité correctement. Jenny contactera dans la soirée un confrère. Il s’agit du chirurgien Harry Edwards, personne très proche d’elle.
Le lendemain, elle me dépose à son cabinet. Chirurgien privé, il opère tout acte chirurgical de petite ou moyenne importance directement sur place. Il me reçoit et je lui explique la situation, il analyse les trois plaies. Il s’attaque quasiment immédiatement à la seule posant encore problème, celle de mon pied! Il demande à son assistante de préparer la table d’opération. Une fois allongée sur «le billard», il m’injecte la première dose d’anesthésie locale, et il fait sa première tentative d’extraction des parties contaminées et abîmées par la bactérie multi-résistante. Lors d’une infection, l’organisme réagit moins promptement et moins bien à l’anesthésie. La dose administrée n’est pas suffisante du tout. Je ressens encore tout et je commence à me tordre de douleurs. Après quelques essais, il décide de m’injecter une deuxième dose. Il recommence son travail mais la douleur est toujours présente… Je n’ai probablement jamais ressenti de douleur aussi forte. La voûte plantaire étant ultrasensible n’aide bien sûr pas  pour mon bien-être… La douleur est trop forte, je ne peux plus me contrôler! J’expulse un cri barbare du plus profond de moi-même. Mes cordes vocales matérialisent ce dernier et les décibels montent en flèche. Je contrôle mes instincts et réactions du mieux que possible! Il faudra une troisième, puis une quatrième dose d’anesthésie pour que je puisse enfin relâcher mes nerfs, la douleur ayant enfin disparu. Ce sera sûrement l’assistante qui sera la plus contente de ce résultat. Elle pourra enfin respirer et elle n’aura plus à voir les expressions extrêmes de mon visage décomposé par la douleur.

Le docteur peut enfin travailler sereinement. Je sens son scalpel venir retirer progressivement de la peau sur plusieurs millimètres! Au centre de la plaie, il creusera profondément, ayant l’impression qu’un corps étranger pourrait s’y cacher. Il ne trouvera rien! Après avoir finalisé le travail, recouvert la plaie de pansements, il pourra me laisser repartir sereinement. Il ne me demandera aucune contrepartie financière pour ce travail d’orfèvre médical. Il m’expliquera que je peux remercier l’hospitalité à la française, et un dentiste du Verdon. En effet, lors  d’un séjour en France, quand il traversait, avec des amis, le pays en vélo, un de ses amis aura une rage de dent. Le dentiste français les recevra à bras ouvert, opérera son ami et ne demandera pas non plus de compensation financière à la fin de l’acte médical. Il me dit que c’est un plaisir pour lui de payer son tribu en remerciement.  Je le remercierai chaleureusement. J’ai une bonne étoile qui veille sur moi, et les rencontres magiques s’enchaînent! L’humanité est peut-être affectée par certains problèmes majeurs de société… Mais pour ma part, je vis des expériences d’hospitalité,  de dévouement à son prochain et à autrui, qui me font dire que l’humain est bon!

Arrêtons de nous concentrer sur les quelques événements négatifs qui font trop  parler d’eux! Prenons le temps de voir toutes les belles choses qui nous entourent. Je ne peux qu’être conscient de l’expérience magnifique que je vis. Je reçois beaucoup et j’espère pouvoir un jour en donner autant, en aidant quelqu’un qui en aura besoin, lorsqu’il croisera mon chemin! Je suis béni par les dieux de la vie. J’espère les conserver, eux et leur lumière, à mes côtés,  autant que possible.

Je ne pourrai pas marcher sur mon pied pendant de longs jours… Déjà avec des béquilles depuis une semaine, je devrai encore me déplacer avec pendant plus de 10 jours. Une période de convalescence est obligatoire. Jenny et James me prendront sous leurs ailes. Ils me proposeront de prendre mes quartiers chez eux, dans un bungalow, en bois, totalement indépendant. Encore une fois je suis gêné. Ils insistent. Ils me disent que c’est un vrai bonheur pour eux, et qu’ils apprécient grandement ma compagnie…  Je n’hésiterai pas trop longtemps et je viens donc m’installer chez eux! Leur hospitalité me touche au plus profond de moi- même!

Certains pourraient voir cela comme un point d’arrêt dans mon périple. Je vois cela comme une des apogées de ce Vol Libre. Une expérience de vie comme celle-ci m’apporte et m’apportera beaucoup pour la suite de mon existence. Pendant plus de trois semaines, je vais vivre quelque chose de fort. Je vais très vite me sentir comme à la maison. Avec James, je vais avoir des discussions, pendant des heures, sur des sujets scientifiques et environnementaux divers et variés! En l’absence de Jenny, en semaine, nous nous préparons alternativement le petit-déjeuner.  Je vais prendre le temps de profiter du jardin, d’écouter de la musique, de lire, d’écrire. Je vais à plusieurs reprises cuisiner, pour nous trois, pour le dîner. Ils apprécieront ma cuisine et me redemanderont de leur mijoter quelques plats plusieurs fois.

Tous les soirs, je prendrai mon bain. Jenny prendra soin de moi. Elle jouera les rôles de l’infirmière et du médecin en même temps. Le matin c’est James, formé par sa femme, qui nettoiera mes plaies et fera mes pansements. Les trois plaies sont propres et leur état s’améliore de jours en jours.

Je ne suis pourtant toujours pas sorti d’affaire. C’est maintenant sur le bras droit qu’un signe d’infection apparait. Un petit bouton de soleil, au niveau du pli du coude, rougit et s’infecte. La bactérie qui se promène dans mon corps, profite de chaque faiblesse, de chaque ouverture vers l’extérieur, pour tromper mon système immunitaire et mettre à mal mon corps impuissant!

Je viens pourtant de recevoir les résultats de mes tests sanguins! Tous les indicateurs sont au vert. J’ai une santé au top! Aucun problème au niveau de mon sang, de mes organes, des minéraux présents dans mon corps… Le résultat HIV est négatif, sans grande surprise. Il va falloir vraiment trouver le moyen de lutter efficacement et définitivement contre ce fléau qui me dévore depuis trop longtemps! Je dois me rendre une nouvelle fois à l’hôpital.

Jenny m’emmène aux urgences d’Hobart, ce mardi 5 février 2013. Voilà plus de 4 mois et demi que les premiers symptômes sont apparus sur mon nez… Il est temps d’éradiquer cette bactérie, aussi multi-résistante qu’elle soit! Je serai mis en salle d’isolement. Je serai pris en charge par une équipe médicale qui semble compétente. Des tests sanguins seront effectués, ainsi que des prélèvements au niveau des muqueuses, des aisselles, et de la zone pubère. L’équipe, renommée en Tasmanie, des maladies contagieuses et tropicales va prendre en main le suivi de mon dosser. Ils vont faire des scanners de mon bras pour s’assurer que les os n’ont pas été touchés. Un chirurgien procédera, en soirée, à l’ablation totale des tissus infectés. Après un contrôle minutieux de l’acte chirurgical effectué, et des premiers résultats des analyses sanguins, je repartirai le lendemain à la ferme. J’ai un nouveau traitement antibiotique, différents conseils de médecins et un rendez-vous de contrôle dans 15 jours! Mon petit doigt me dit que je vais enfin pouvoir me débarrasser de ces bactéries qui jouent à cache-cache dans mon organisme, sans que mon système immunitaire puisse les détecter, puis surgissent de nulle part en détruisant le moindre point vulnérable. Je m’en persuade, c’est le bout du tunnel (soit dit en passant ce tunnel fut magnifique pendant ces 4 mois), c’est la fin de ces petits pépins de santé! 
Je retourne chez Jenny et James. Je m’y sens maintenant comme à la maison.

Nous nous sommes rapprochés, nous nous apprécions, tout en respectant les besoins et habitudes de chacun. Je vais développer deux relations différentes avec James et jenny, toutes deux intéressantes! Avec Jenny, nous pratiquons beaucoup notre français. Je lui prépare ses thés. Nous avons des discussions sur la vie, la médecine, la famille. Le week-end suivant mon hospitalisation, j’irai voir un festival de bateau en bois pendant qu’elle ira travailler sur quelques dossiers, à son cabinet, et faire quelques courses. Ce festival rassemble des bateaux d’une beauté exceptionnelle. Cela me replonge soudainement dans l’envie que j’ai depuis quelques mois de traverser un océan en bateau à voile. Nous nous retrouverons, en milieu d’après-midi, puis nous nous rendrons au sommet du Mont Wellington. La vue panoramique sur la région de Hobart est époustouflante! Le lendemain nous nous rendrons avec Stryder dans la Péninsule de Tasman. Nous découvrirons son parc national, les anciens quartiers de détention de Port Arthur et quelques phénomènes géologiques des plus fascinants.

Avec James, plus casanier, notre relation est différente. Nous nous côtoyons dans leur maison, vaquant chacun à nos occupations que nous partageons tout de même parfois. Mais, souvent autour des repas, les discussions débordent dans tous les sens, elles s’enflamment. Nous passons des heures à refaire le monde, à discuter, de tout et de rien, sur de nombreux sujets scientifiques, environnementaux, mais aussi géopolitiques!

La semaine suivante passera sans même que je ne puisse m’en rendre compte! Le mercredi, je me rendrai au musée que l’on me recommande vivement depuis mon début de séjour en Australie. Je vais visiter le musée MONA. Ce musée présente en effet quelques spécificités intéressantes mais je n’en garderai pas un souvenir impérissable; trop porté sur l’aspect sexuel, parfois de mauvais goût. La visite sera instructive, décalée, sans plus! 






Le samedi suivant, je me rends au très fameux marché de Salamanca. Ce fut, cette fois-ci, un vrai plaisir pour les sens. De nombreux musiciens et artistes se produisent. Nombre d’entre-eux ont beaucoup de talents… Je resterai de nombreuses heures à déambuler dans les rangées, ou à m’assoir pour profiter de l’atmosphère enivrante. Je profiterai par la même occasion d’un regroupement de voitures anciennes, plus belles les unes que les autres!

Lee est venu rendre visite à ses parents. Elle arrive le samedi après-midi. Nous allons passer ensemble un très bon week-end, «en famille»! Je sais faire la part des choses. Je sais d’où je viens. Mais le partage que je vais vivre avec cette famille me fera un bien fou, après ces événements, loin de mes parents, de mes frères et sœurs! Le samedi soir, nous  nous rendrons à une pièce de théâtre, à ciel ouvert! Il s’agit d’un classique de Shakespeare revisité. Ce fut très intéressant! Le dimanche, nous nous rendrons dans le centre de la Tasmanie pour visiter Oatlands et les grands lacs. Cette visite sera encore une nouvelle approche de cette île qui ne m’a pas encore dévoilé beaucoup de ses secrets, de ses beautés!

Le lundi et le mardi, nous prendrons du temps chez eux. Nous profiterons de la quiétude de leur maison en campagne lors de belles journées d’été. Nous irons simplement nous promener en bord de mer avec Stryder.

Lee me dira des mots touchants avant de partir pour renter à Melbourne, où elle fait son internat. Elle me dit que ce fut un plaisir de me rencontrer, que je pourrais rester là tout le temps que je veux,  car cela rend ses parents très heureux! Elle m’ajoutera un peu plus tard dans un email, qu’elle est contente pour moi que je reprenne la route, mais que je manquerai, pour sûr, beaucoup à sa maman et à Stryder! Nous resterons en contact. Avec Lee, nous nous reverrons peut être dans quelques mois en Patagonie…

Mon état de santé continue de s’améliorer de jours en jours. Les blessures se referment progressivement. Je peux petit à petit reposer mon pied par terre. Le traitement de choc, une hygiène de vie irréprochable, et un mental d’acier, semblent combattre définitivement cet organisme!

Je continue de profiter de ce confort inhabituel, de cette relation très saine. C’est un plaisir de pouvoir manger poisson et viande tous les jours. Je consomme aussi de nombreux fruits et légumes. Très gourmets, Jenny et James vont me gâter concernant les mets culinaires. Je vais manger d’excellentes viandes, de très bons plats, nous ferons de délicieux curry. Cela fait longtemps que je n’avais pas mangé de pain frais, si bon! Du vrai pain, et non du pain de mie! Et quand, en plus de cela, je peux disposer sur un petit bout de ce dernier, des fromages avec du goût, je tombe alors sous le charme, je ne peux y résister. Je me dois, en tant que gourmand, donc par plaisir, de renouveler l’expérience à chaque repas…Fin connaisseur de vin, avec une cave bien remplie, James partagera avec moi quelques grands crus qui me font encore saliver rien qu’à leur simple évocation!

 
Cette pause, concernant mes déplacements géographiques, a beaucoup d’effets positifs. Mais la guérison prenant forme, je recommence petit à petit à avoir la bougeotte.
Je commence doucement à préparer la suite de mon périple.

Progressivement, je retravaille à la ferme de Ian. Nous ferons tout d’abord tomber les dernières cerises pourries sur les arbres, pour éviter qu’elles  apportent et transmettent des maladies. Nous ferons cela pendant quelques jours, à 6. Puis viendra le temps du «pruning»! Cela consiste en la coupe des arbres pour leur permettre de se régénérer, de pousser comme désiré, et de privilégier la qualité plutôt que la quantité, qui risquerait d’anéantir les possibilités productives des arbres! Quand je prends part, pour la première fois, à cette manipulation, j’ai l’impression de détruire les arbres. Il est important  de procéder à une découpe franche et importante pour refaire partir l’arbre de plus belle. Très vite, j’en prends l’habitude et cette dernière étape du processus de culture des arbres fruités, dans ce cas des abricotiers, est intéressante à expérimenter. C’est un vrai plaisir de n’être plus que 4 pour ce travail. La vie en communauté, à grande échelle, a disparu à la ferme. Mais avec Camille, Elodie et Etienne, nous allons pouvoir faire vraiment connaissance. Les relations seront différentes et nous pourrons parler de sujets beaucoup plus profonds. Je vais vraiment apprécier ces 10 derniers jours à leurs côtés.

Tous les soirs, je rentre chez Jenny et James. Nous avons maintenant nos petites habitudes. Je continue toujours autant à apprécier leur compagnie. Nous continuerons les échanges interminables, les bons repas, les promenades avec le chien… 15 jours sont déjà passés. Je vais donc à mon rendez-vous avec le médecin des maladies infectieuses. Il prendra le temps de regarder mes blessures, de les analyser. Il semble vraiment content du résultat.

Comme préconisé, pour ce genre de staphylocoque doré, une fois les blessures quasiment refermées, un traitement final de choc doit être effectué. Il s’agit de la combinaison, pendant 5 jours, de deux antibiotiques à ingurgiter simultanément, puis d’une crème à mettre dans le nez. Il est nécessaire aussi de continuer méticuleusement les bains à l’antiseptique, et de laver tout ce que j’ai pu toucher, de près ou de loin. Du repos et un équilibre alimentaire associé devraient entériner la guérison et l’éradication définitive de ce staphylocoque! Tous les indicateurs sont au beau fixe. Ces 5 jours passeront sans que j’en prenne conscience.

Je suis maintenant de nouveau sur la rampe de lancement.  Le départ est en vue. L’envol vers de nouveaux horizons est maintenant imminent…

Première étape, une visite des principales attractions de la Tasmanie. J’organise tout cela depuis la maison. Après avoir passé une annonce sur internet, je trouverai trois autres personnes avec qui voyager! En fait deux! C’est l’un des deux, Benoît qui intégrera une quatrième personne à notre équipe. Décidemment, la Tasmanie aura été pour moi sous le signe de la langue française. Je voyagerai avec trois autres français; Anne-Lise, 31 ans, Benoît, 22 ans, et Katia 40 ans! Diversité d’âge intéressante, nous verrons bien ce qu’il en découlera.

Je travaillerai à la ferme jusqu’au jour de mon départ, soit le 1ier Mars. Je viens de vivre une expérience sans précédent. Je suis tombé sur des personnes qui m’ont tout donné. Les liens que nous avons créés sont forts! Les travailleurs à la ferme ont été d’un soutien très important. Certains resteront des amis. Je les reverrai pour sûr dans un futur, plus ou moins lointain. Ian et Denise ont été des employeurs exemplaires! Je suis ravi d’avoir travaillé pour eux et d’avoir essayé, à mon échelle, de les aider à se développer et à réussir dans leur entreprise.

Je serai reconnaissant éternellement de l’hospitalité, du professionnalisme, de la gentillesse, et de l’aide précieuse que viennent de m’apporter Jenny et James. Ce n’est pas une épine du pied qu’il vienne de m’enlever, c’est un vrai pieu! Ils m’ont permis d’assurer la continuité de mon Vol Libre, et bien au-delà de cela, ils sont devenus une vraie «famille d’adoption». Nous resterons en contact. Je les tiendrai informés des avancées de mon projet, de mon rêve, de ce Vol Libre qui reprend de plus belle!

C’est le cœur serré que je dis au revoir à James sur le pas de la porte de sa maison, où je viens de vivre, un mois, à jamais gravé dans mon esprit! Les larmes sont proches quand je monte dans la voiture avec Jenny. Je ne me retournerai pas après l’avoir prise dans mes bras devant le loueur de voitures à l’aéroport! J’y ai en effet loué une voiture pour la semaine! Je suis de nouveau sur les routes du monde le cœur léger mais un peu serré par cet au revoir.

Beaucoup d’émotions et beaucoup de joies, de partage et d’échanges, sont à mettre en abîme lors de ce séjour dans ces deux fermes de Campania!

Je retrouve Anne-Lise, Katia, et Ben dans leur auberge de jeunesse à Hobart. Nous avons déjà convenu d’un pseudo itinéraire, pour notre semaine en vadrouille, autour de la Tasmanie. Le courant passe très bien, dès les premiers instants. Mes ressentis me poussent à croire que la semaine sera belle! Après avoir fait les courses, nous remontons la côté Est en direction du parc national de Freycinet.  Nous ferons de multiples arrêts au cours de la progression vers ce fameux parc. Nous passerons dans une magnifique vallée créée par une rivière puissante, d’un bleu magnifique. Nous nous arrêterons à son delta, pour y prendre l’air frais, y respirer l’air de la mer, et prendre les premières photos ensemble…

Nous longeons maintenant la mer, nous montons des collines, franchissons des cols, et utilisons des routes érigées à flancs de montagnes. Nous voilà déjà arrivés, à l’entrée du Parc National. Les distances ne sont pas les mêmes que sur le continent australien, les temps de parcours sont donc beaucoup moins conséquents. Nous prendrons le temps de faire quelques balades agréables sur la côte gardant l’attraction principale pour le lendemain! Nous camperons en bord de rivière dans un camping gratuit avec un regroupement conséquent de touristes dont beaucoup d’australiens, à la retraite.  

La soirée  nous permettra de faire un peu plus connaissance.  Il n’y a pas de raison de ne pas se faire plaisir, n’est-ce pas ? Nous entamerons donc ensemble notre premier apéritif avec du vin rouge, du vin blanc et des bières! Des opossums se joindront à la fête. Ils viendront même manger dans nos mains, après quelques minutes d’hésitation.  Ben a rencontré une charmante demoiselle, en arrivant à Hobart. Il était trop tard pour qu’elle se joigne à nous. Mais elle a trouvé un autre compère pour voyager. Ils désirent faire le même trajet que nous. Partis un peu plus tard, ils arriveront la nuit tombée après avoir tourné en rond pendant de longues minutes.  Plus nous sommes de fous, plus nous rions! Adèle et Antoine vont se joindre à la partie. A partir de maintenant nous voyagerons à 6 avec une voiture et un van. 
Le soleil est toujours de la partie le lendemain au réveil. Nous retournons dans le parc national de Freycinet pour y effectuer la promenade principale en direction de «Wineglass Bay». Les paysages y sont magiques, La promenade dans la montagne, puis à travers la baie, puis dans le sable, sera mémorable. Les points de vue à couper le souffle. L’eau est d’une couleur translucide. Comment alors ne pas se jeter à l’eau malgré la fraicheur de l’air et la température de l’eau avoisinant les 15°C ! Cela me rappelle quelque chose que je connais bien… Ah, oui ! La température de la Manche où je me rends habituellement (Bon d’accord, à la maison familiale d’Agon-Coutainville, certains diront qu’avec le micro climat, les températures de l’eau peuvent monter à 21°C… Peut-être en fin de l’été lors  d’une année d’exception! Mais je vous rappelle que j’ai vécu un an à Cherbourg, et qu’en hiver j’ai fait de la plongée dans de l’eau à 8°C. Je vous assure, l’été cela ne dépasse pas les 16°C, ressentis par beau temps. Mort de Rire!) Même pas peur, j’enlève le tee-shirt et je fonce tête baissée dans l’eau. Ben et Antoine me rejoindront quelques minutes plus tard! Une fois dedans, elle est très bonne. Tu n’as vraiment plus envie d’en sortir! C’est vraiment vivifiant et très bon pour la circulation sanguine! Nous resterons, plus de deux heures, sur la plage à profiter du soleil. Un kangourou viendra nous rendre visite. Il se laissera caresser. Vraiment pas craintif pour un animal sauvage!

Nous continuons ensuite la balade, tombons sur une autre plage splendide, aux eaux beaucoup plus calmes.  La journée est passée à toute vitesse. Après un tour au centre d’information pour se laver, remplir les jerricanes d’eau potable, et pour certains, faire quelques achats, nous reprenons la route direction le Nord vers «The Bay of Fires»! Nous trouverons un nouveau camping gratuit, où il est autorisé de faire un feu de bois… Une fois de plus cela changera tout concernant l’atmosphère créée pour la soirée. A peine installés, nous partons à la recherche de bois. Nous en ramènerons suffisamment pour tenir toute la nuit.

Le feu de bois est fédérateur. Le feu de bois permet de se sentir bien à l’extérieur malgré le froid qui s’installe progressivement. Le feu de bois donne envie de faire la fête. Apéritif obligatoire! Non ce n’est pas obligatoire. Mais c’est un plaisir de le partager pendant cette semaine de vacances. Cette semaine de reprise pour moi sur les routes. Tout le monde a envie de se lâcher. Ne nous en privons pas! La musique, une bonne ambiance, et quelques danses feront de cette soirée, une soirée des plus sympathiques!
Le lendemain, nous allons nous promener sur les fameuses plages de cette baie de feu. Elle détient ce nom en raison des feux qui furent allumés par les colons lors de leur arrivée pour signaler leur présence. Mais ce nom convient aussi parfaitement à sa particularité qui a fait sa renommée. Sur les roches, un liseré rouge vif, dû à du lichen, magnifie les lieux.  Les différents éléments dessinent un tableau naturel resplendissant. La mer et le ciel  sont bleu azure avec deux nuances différentes, le sable est jaune, les rochers sont marron et rouge pétant, et la verdure de la côte  est émeraude.

Nous passerons plusieurs heures à nous promener dans deux endroits distincts. Nous nous arrêterons sur la côté de nombreuses fois pour admirer des endroits tous plus exceptionnels les uns que les autres! Nous avons un temps limité sur l’île. Nous voulons tout de même pouvoir en voir les principaux centres d’intérêts. Pour cela, il est tout de même indispensable de faire des kilomètres pour atteindre la prochaine destination. 
 
Nous avons décidé de faire, le lendemain, un trek que l’on m’a conseillé de nombreuses fois à la ferme. Pour cela, nous devons nous trouver au départ du trek en matinée. Nous roulerons en fin d’après-midi et en début de soirée. Dans des endroits reculés, sur des chemins non-goudronnés, la nuit tombée, nous allons devoir rouler au pas. Des animaux surgissent de partout. Nous manquons d’en écraser à chaque seconde. Il y a aura beaucoup de wallabies, des opossums, des hérissons, mais aussi des oiseaux et peut être un diable de Tasmanie. Nous arriverons à destination, sans encombre, vers 22h00, après avoir roulé à 30 km/h pendant les deux dernières heures.  Résultat : aucun animal blessé sauf sûrement pour Antoine, en tête de convoi qui aurait tué une chouette! Nous voilà sur le parking du trek «Walls of Jerusalem»!

La soirée sera très calme. Un petit repas léger avalé. Nous pouvons admirer un ciel étoilé grandiose, avec la présence de la voie lactée. Des opossums nous tiendront encore compagnie en cette soirée! Les températures ont bien chuté, ici, en montagne. Ce sont des images plein la tête que je m’endors paisiblement, prêt à attaquer ce fameux trek le lendemain.

Réveil matinal le lendemain. A 7h30, tout le monde est prêt et nous entamons le trek. Celui-ci commence par une sérieuse montée à travers bois.  Puis nous arriverons sur un faux plat avec de nombreux lacs, une végétation beaucoup moins dense, composée majoritairement d’herbes hautes et de mousses. Nous effectuons encore une autre montée après avoir franchi le camping dans le parc. Nous attaquons une autre partie du trek entre deux vallées. 3h00 après le départ, nous sommes prêts à attaquer l’ascension finale. Cette ascension très abrupte se passe sur un éboulement de grosses pierres, très imposant. La difficulté de ce passage n’est pas négligeable. Mais tout le monde atteindra le sommet. Tout en haut, nous avons une vue imprenable, quasiment à 360°. Nous profiterons du spectacle. Après la séance photo, ils décident de tous redescendre pour se reposer, au bord d’un lac, à l’ombre du soleil. Je décide de pousser un peu plus loin. Je vais longer, au bord des falaises, ce long mur de pierres. Après de longues minutes, sautant et courant de partout, je me retrouve, au-dessus du camping que nous avions traversé, lors du chemin à l’aller. Je complète la vue observée depuis les hauteurs antérieurement. J’ai maintenant une vision complète à 360°. Puis je rebrousserai chemin pour rejoindre les autres et profiter un peu  du calme au bord du lac!

Il est déjà deux heures de l’après-midi. Nous décidons donc de prendre le chemin du retour pour ne pas rentrer trop tard! Tout le monde aura suivi. Tout le monde sera allé jusqu’au bout. Pour certains se fut tout de même un peu de trop, 8h00 de marche! Katia reviendra épuisée, Antoine, avec de petites chaussures, aura les pieds écorchés. Malheureusement Adèle fera une chute sur une pierre, quelques centaines de mètres avant l’arrivée. Ayant de grosses difficultés à bouger son genou, çe sera Benoît qui la descendra jusqu’au parking! Il était tout de même grand temps que cela se finisse. Pourtant, la journée n’est pas encore totalement terminée. Nous ferons deux heures de route jusqu’à l’entrée du très fameux parc national de «Craddle Mountains-Lake Saint clair». Nous nous rendons au départ du plus fameux trek de Tasmanie, une traversée de 6 jours dénommée «L’Overland Trek». Le lendemain nous ne ferons que la première étape de ce dernier. Avant cela une bonne nuit s’impose. Nous trouverons un chemin forestier qui nous  servira de camping pour la nuit. La forêt est dense autour de nous. L’ambiance y est agréable et la soirée fera retomber la fatigue due à ce trek sportif! Encore de bons moments partagés ensemble…
  
Nous sommes le 6 Mars 2013, quand je me réveille aux aurores. Cela fait un an et demi que je suis sur les routes, plus heureux que jamais. Mon premier cadeau va se présenter à moi quand je parcourrai les bois tranquillement en ce début de matinée. Le soleil n’est pas encore levé. Je vais tomber nez-à-nez avec le fameux Diable de Tasmanie. Ce dernier ne demandera pas son reste. Il s’enfuira rapidement. Voilà déjà un très beau cadeau!

Après le réveil de tous, le petit-déjeuner, sera la première chose effectuée pour les autres. Nous levons ensuite rapidement le camp pour nous rendre aux Craddle Mountains. Les paysages que nous allons visiter sont sublimes. Nous avons décidé qu’aujourd’hui chacun irait à son rythme et que nous  ferions les balades à notre convenance! Nous nous donnerons simplement une heure de ralliement en début d’après-midi!

Je partirai avec Ben. Nous allons faire le tour du lac, avec vue sur les Craddle Mountains.  Nous grimperons à un point de vue, ferons deux petites promenades, vivement recommandées, avant de rejoindre les autres. Chacun commandera, ou non, un plat chaud au restaurant, puis nous reprendrons la route.

Cette dernière est belle en direction de la côte Ouest. Sur la côte de l’île, elle-même, les paysages nous laissent admiratifs derrière les vitres de notre voiture. Les quelques arrêts nous resteront en mémoire. Ce furent d’abord des dunes de sable, de plus de 30 mètres de hauteur, à quelques encablures de la mer. Ces dunes s’étalent à perte de vue. Puis, non loin de Strahan, après plus de 15 kilomètres de routes non-goudronnées, nous trouverons, en bout de péninsule, un endroit des plus relaxants. L’eau y est paisible. Une embouchure joint l’Océan et un lac énorme. Il y a de nombreux petits phares… Cet endroit donnerait envie de se poser, pour plusieurs jours, sur un bateau, pour se relaxer, pêcher, passer du bon temps! Ce ne sera pas encore pour cette fois-ci. 

Notre dernière soirée tous ensemble est venue. Antoine et Adèle doivent encore faire un peu de route pour ne pas avoir à se lever aux aurores le lendemain matin. Nous passerons la ville minière de Queenstown et trouverons un camping au bord d’un lac, avec autorisation de faire un feu de bois. La police passera juste après notre arrivée. Le jeune homme est très sympathique. Il nous confirme que nous pouvons faire du feu. La seule obligation est de s’assurer qu’il est bien éteint avant d’aller se coucher et avant de partir le lendemain.  

Nous allons passer une très bonne dernière soirée! Tout le monde est en forme. Cela conclu une très belle semaine à 6, sous le signe du soleil, et de la bonne ambiance. Nous nous amuserons autour du feu, nous discuterons, danserons, mangerons, boirons et finalement bien fatigués, après avoir admiré les étoiles, nous regagnerons chacun nos pénates. 
Tôt le matin, nous dirons au revoir à Antoine et Adèle qui doivent rendre le van en fin de matinée. Ils filent directement à Hobart. De notre côté, nous allons prendre le temps de nous balader sur cette route de montagne. Nous ferons de nombreux arrêts, de petites randonnées, dans un environnement encore des plus éblouissants. Nous nous arrêterons pour déjeuner au lac Saint Clair, point final de «L’Overland Trek». Puis après une bonne sieste, nous regagnons Hobart. Cette belle semaine prend fin. Nous tenons absolument à garder contact. Nous espérons bien pouvoir organiser un week-end, lors de notre retour à tous, en France, par exemple en Bretagne où habite Adèle. Nous n’avons pas arrêté de la charrier sur le sujet car elle y faisait trop d’allusions, comparant la Tasmanie à ses terres natales. Ce serait sympa de se retrouver là-bas, dans quelques mois.

Nous laissons Anne-Lise à son hôtel. Ben et Katia changent tout d’un coup d’avis. Ils n’ont pas encore réservé leur vol. Mais ils décident de regarder les possibilités, rapidement, sur internet. Ils réservent un vol à un prix raisonnable. Ils viennent avec moi à l’aéroport, pour s’envoler aussi en direction de Melbourne, une heure après mon vol! Improvisation du voyageur de dernière minute… Nous passerons encore un petit peu plus de temps ensemble! Bien leur en a pris! Après leur avoir dit au revoir, des gouttes de pluies commencent à tomber. Cela arrive quand je monte dans l’avion. Le Timing fut parfait! Après une semaine de grand soleil, le temps va m’aider, à n’avoir aucun regret, concernant le fait de quitter cette île. Elle fut cependant une étape merveilleuse de ce périple, une étape marquée au fer rouge, une étape qui montre, encore une fois, la beauté des relations humaines et le grand cœur de certaines personnes. 
Il fait grand beau temps, et chaud, quand  j’arrive sur Melbourne. Matthias, rencontré à la ferme, à Lowdina, est venu me chercher à l’aéroport! C’est un plaisir de le retrouver après quelques semaines. Cette ville sera sûrement, pour lui, le lieu du début de son «Rêve Australien». En effet, comme je vous l’avais précisé précédemment, Matthias est pâtissier. Il est arrivé en Australie voilà seulement 2 mois. Après son expérience à la ferme, il a décidé de venir dans cette ville dans le but d’y trouver, si possible et le plus vite possible, un travail dans son domaine. Sans argent pendant quelques jours, il dormira avec ses sacs dans un parc près de Saint Kilda. Avec un groupe de jeunes français, ils vont se soutenir et surtout passer de très bons moments. 

Malgré un niveau d’anglais très faible, quasiment inexistant, il va se démener. Pendant plusieurs jours, il va partir démarcher toutes les boulangeries-pâtisseries de la ville.  Le résultat sera assez rapidement payant. Il rencontrera un autre français venu s’installer ici, il y a quelques années de cela. Il recherchait une personne comme Matthias, capable de travailler dans de la pâtisserie fine et de luxe depuis des années. Leurs projets semblent parfaitement coller. Après un essai maîtrisé de bout en bout, Matthias va se faire embaucher immédiatement. Très vite, il va s’intégrer au groupe. Il va pouvoir démontrer ses talents, son organisation dans le travail. Il va leur prouver qu’il a sa place dans cette boulangerie-pâtisserie et, dans le développement futur de cette dernière dans les prochaines années. Voilà maintenant quelques semaines que cela est arrivé. Matthias vit maintenant en collocation, il gagne plus d’argent qu’il n’aurait pu imaginer. Il vit un rêve éveillé, qu’il espérait, mais ne pensait pas forcément pouvoir devenir réalité aussi rapidement.

Un sponsorship, avec obtention d’un Visa de travail, lui est déjà promis. Une seule condition sine qua non, pour l’obtention de ce dernier. Il doit passer des tests en Anglais et obtenir des résultats suffisants. Il a donc 6 mois pour progresser de manière signifiante, passer ce test, et obtenir un visa de travail lui permettant de rester dans le pays pendant de longues années. Après une période un peu difficile, Matthias surfe sur la vague du succès. Il plane sur son petit nuage. Il ne veut  surtout pas en redescendre.

Nous allons passer ensemble un long week-end de trois jours très sympathique, permettant de renforcer une amitié naissante. Le première soir, nous irons déposer mes sacs dans son appartement avant de filer dans la banlieue balnéaire de Melbourne; Saint Kilda! Nous nous y promènerons, découvrirons un peu la vie nocturne, et nous nous arrêterons dans un restaurant, juste avant sa fermeture pour y déguster une pizza. Plusieurs mois que je n’ai pas dégusté ce genre de produit. Je me régalerai tout en ayant une discussion des plus intéressantes. Nous continuerons à nous amuser, avec un jouet, une chenille avec un mécanisme permettant de la faire avancer. Nous allons parler longuement aussi avec de charmantes serveuses. C’est un plaisir d’avoir des personnes, nous servant avec un grand sourire, prenant le temps de discuter et de savoir d’où nous venons. Pour le jeu, je laisserai mon numéro de téléphone et mon nom, sur une carte, à l’une d’entre-elle. Pour être honnête, elle ne me rappellera jamais.  Mais à peine, avions-nous le dos tourné, en sortant du restaurant, qu’elle courra auprès du barman, avec un grand sourire pour lui raconter ce qui venait de se passer. Nous ne cherchons pas toujours quelque chose de précis, mais l’important n’est-il pas de passer des moments éphémères, ou non, avec les personnes qui nous entourent?

Nous n’avons pas vu le temps passer! Regardant nos montres, lorsque nous nous rendons au tramway, nous prenons conscience que nous venons de rater le dernier de la soirée. Aucun problème, nous marcherons les quelques kilomètres qui nous séparent du lieu, où nous nous trouvons, à son appartement. Nous allons finalement passer plus de 2h30 à marcher. Prenant tout d’abord la bonne direction, nous arrivons dans le parc où se déroulera la semaine suivante, le Grand prix de Formule 1 australien. Matthias est un passionné de voitures. Nous déciderons donc d’aller voir d’un peu plus près le circuit, et la mise en place du dispositif l’entourant. Nous allons marcher encore et encore, perdant la notion des distances parcourues, et le fait que nous nous éloignons, maintenant, sacrément de la trajectoire la plus directe pour rentrer chez lui. Peu importe, nous continuerons nos discussions en rigolant, nous corrigerons, finalement, le tir concernant la direction prise et nous rentrerons chez lui, 3h00 du matin passée. 
Tous les deux réveillés assez tôt, à 8h00, nous déciderons d’aller découvrir la ville et  respecter un programme assez chargé que nous avons envisagé.  Nous nous rendons tout d’abord à Saint Kilda pour nous promener en bord de mer, visiter le parc où Matthias, a été un sans-abri pendant quelques jours à son arrivée. Je récupérerai, auprès de Dimitri, quelques affaires que j’avais laissées avant mon départ en Tasmanie. Puis nous prendrons la direction du quartier d’artistes de Fitzroy. Nous allons y découvrir une multitude de Tags plus colorés les uns que les autres. Nous passerons de nombreuses heures à chasser les endroits où se trouvent ces dessins sur les murs, dans toutes les ruelles et rues du quartier. L’après-midi passera sans coup férir. Nous retournerons, une nouvelle fois, à Saint Kilda, avant le coucher du soleil pour assister cette fois-ci à une rencontre particulière. 

Matthias ne s’y est jamais rendu, lui non plus. Nous prenons la direction de la digue principale du port, pour assister au coucher de soleil, et surtout pouvoir y admirer une colonie de petits pingouins bleus. En effet, ces derniers sont installés sur ces rives depuis des dizaines d’années. Ils sont environ une trentaine. Ils rentrent, à la tombée de la nuit, après être partis chasser en mer toute la journée. Nous aurons la chance de pouvoir en admirer de nombreux. Nous les verrons, tout d’abord nager vers le rivage grâce à un mouvement, qui leur est propre. Puis nous les verrons regagner la rive, se sécher, et rejoindre leur lieu de nidification. Après de longues minutes à les admirer, nous retournons sur la terre ferme. Nous dégusterons une glace à l’italienne et une boisson avant de regagner son appartement. La soirée sera plus calme. Nous serons couchés beaucoup plus tôt que la veille. 
Le réveil retentira le matin suivant à 4h30. En effet, Matthias travaille en ce samedi matin. Je me rendormirai seulement pendant 1h00, puis je vaquerai aux derniers préparatifs de mon départ vers une nouvelle destination. Je passerai la matinée, seul, à me promener dans le centre-ville de Melbourne. Puis je retrouverai Matthias à son travail en début d’après-midi. J’ai donc la chance de pouvoir voir le lieu où il travaille. Je ferai la connaissance de ses collègues. Je pourrai aussi boire un bon thé à la mode indienne avec le lait crémeux sur le dessus. Je constaterai la qualité des produits vendus dans cette boulangerie-pâtisserie.
A la fin de son service, nous nous rendons en bord de mer, où nous allons retrouver «Les Loulous», Adeline et Jérémy, rencontrés aussi à Lowdina, et qui vivent une passe difficile depuis leur arrivée en Australie (Van acheté puis cassé, promesses de travail qui n’aboutissent à rien,…). Nous essayerons de leur remonter le moral et surtout de passer un bon moment en leur compagnie. C’est avec eux que nous ferons connaissance d’un collègue de travail de Matthias. Ce dernier, selon Matthias, pourra probablement les aider dans leur recherche de travail, grâce à un réseau de connaissances développé. Nous ne resterons en sa présence, qu’une petite heure, avant de retourner chez Matthias. Ce dernier nous offrira une pizza que nous dégusterons avec grand plaisir.

Fatigué de leur périple et péripéties, Les Loulous décideront de retourner, avec leur nouveau van, dans un parc où ils peuvent, sans risque d’expulsion, s’établir pour plusieurs jours. Avec Matthias, nous allons rejoindre des collègues et amis à lui pour faire la fête. Je passerai ma dernière soirée en Australie, à boire des cocktails dans un bar-dansant très chic. Puis nous finirons la soirée sur la plage à discuter et boire du vin. Ce fut, encore, un de ces moments précieux, partagé en très bonne compagnie, qui restera tel un souvenir impérissable. Il est plus de 2h00 quand nous rentrons à l’appartement de Matthias. Une fois encore, il travaille le matin même. Nous nous lèverons, le deuxième jour consécutivement, à 4h30.  Je partirai, en même temps que lui, pour me rendre à l’aéroport. Ces trois jours furent très agréables. Ils auront permis maintenant, telle une certitude, de consolider des liens d’amitié déjà forts… 

Nous sommes le dimanche 10 mars, quand, à  11h00, je quitte le territoire australien. Je l’aurai exploré et foulé, depuis presque 6 mois. Je vais finalement atteindre le bout du Monde, diamétralement opposé sur le globe à mon pays natal. Cela se réalisera, en posant mes pieds, dans ce pays insulaire; la Nouvelle-Zélande… Mes sentiments sont partagés. Il y a tout d’abord la tristesse de laisser derrière moi une terre d’accueil.  Elle vaut vraiment le détour pour voyager mais pourquoi pas aussi pour s’y installer... Ensuite l’excitation est grande. Je me rends dans un nouveau pays dont j’ai beaucoup entendu parler, qui recèle des multitudes de richesses et beautés naturelles… je suis aux antipodes de la France et de l’Europe. Mon vol Libre Autour du Monde n’est pas prêt de s’achever. C’est le cœur léger et plein d’enthousiasme que je m’envole vers de nouveaux horizons…  



9 commentaires:

  1. merci encore pour ces lignes passionnantes qui m'ont permis de passer un bon moment avec toi et non pas sans émotions...... gros bisous et à bientôt de te lire ta marraine qui te suit de près

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    1. Matthieu Bosquet9 avril 2013 à 07:34

      Chère Marraine, C’est un bonheur incommensurable aussi, de mon côté, de lire ces quelques lignes que tu apposes sur cette page de mon blog après avoir lu mes récits…

      C’est très important pour moi, malgré la distance, de pouvoir échanger et communiquer avec les personnes qui comptent plus que tout… Ton retour sur mes récits et l’échange que nous avons me font chaud au cœur….

      Tu dis avoir vécu des émotions en me lisant… J’ai alors atteint un de mes objectifs ! Essayer de transmettre aussi fidèlement que possible toutes les émotions que je vis au quotidien, de vous faire partager ma réalité actuelle… Et pourtant ces récits ne sont qu’une infime partie des émotions et du bonheur vécu à chaque seconde lors de cette expérience… La seule façon de l’exprimer entièrement pour moi et, pour vous, de prendre conscience de l’intensité de ces moments serait de venir les vivre à mes côtés…

      Je t’embrasse fort et je te souhaite le meilleur !!!!

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  2. mon cher fils
    ce récit m'a effectivement fait vivre de bons moments et aussi d'intenses émotions quant à ta santé en Australie et celle d'une période compliquée de ton adolescence!!!
    nous ne pouvons que nous réjouir en te voyant aujourd'hui croquer la vie à"pleines dents" et profiter de petits bonheurs au quotidien,savoir apprécier l'aide de ceux qui ont su oeuvrer dans ton rétablissement en t'apportant une aide morale et physique.d'ailleurs nous les remercions vivement.
    nous te souhaitons une bonne continuation,un périple toujours aussi passionnant et un récit qui nous fait voyager de notre fauteuil!!!!
    nous pensons fort à toi et nous t'embrassons trés fort car ce n'est pas demain que nous pourrons te serrer dans nos bras!!!!!tes parents qui t'aiment

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    1. Je n’oublierai jamais ces expériences de vie que je vis lors de ce tour du Monde et de l’hospitalité reçue en Nouvelle-Zélande… Mais, surtout, je n’oublie pas d’où je viens!

      Je vous aime aussi de tout mon cœur!

      Je suis pressé de vous revoir à la fin de ce rêve éveillé! Et c’est je pense l’essentiel pour moi actuellement. Je vous embrasse fort !

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  3. Difficile d'exprimer aussi bien que toi ses émotions. Le fait d'avoir pu te rejoindre durant 20 jours à l'autre bout du monde est une chance et une aubaine qui se provoquent. Il s'agit sans doute de l'une des plus belles décisions prises dans ma vie. Merci pour cette "leçon de bonheur", ce partage merveilleux et les intenses moments vécus. Ce fut un voyage féérique ! Je t'embrasse fort. Mallo

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    1. Matthieu Bosquet13 avril 2013 à 07:30

      Merci Mallo, pour ce commentaire qui me va droit au coeur!! Plaisir que tu ais pu réaliser un extraordinaire périple. Je suis heureux d'avoir partagé plein de "Premières", pour toi, lors de ce voyage!!! Ce fut un plaisir de passer du temps avec une personne qui a su très vite adapter à la vie simple du voyageur, qui a su profiter de chaque seconde comme moi, avec qui j'ai ri, j'ai été ému.... Ce voyage restera à jamais pour nous deux graver dans nos mémoires et ce dernier a définitivement sceller une amitié qui avait déjà si bien débuter en France... Prends soin de toi, continue de vouloir que tes rêves deviennent réalité et ne peur jamais ce sourire qui te va si bien. Je t'embrasse fort! (récit de nos avnetures à venir dans quelques semaines!!! LoL)

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  4. William Mandella (B)17 avril 2013 à 00:49

    Que de riches expériences durant cette épopée australienne !
    Véro et moi-même avons été captivés par ce récit qui n'aura jamais été si proche
    de la philosophie d’Épictète : " Raisin vert, raisin mûr, raisin sec. Tout n'est que changement, non pour ne plus être mais pour devenir ce qui n'est pas encore".
    Stoïque, tu traverses les épreuves en t'appropriant ses douleurs.
    Épicurien, tu progresses sans cesse dans la découverte des paysages paradisiaques,
    tu goûtes à pleines dents les saveurs inédites qui s'offrent à toi, tu partages ton enthousiasme sans failles avec tes compagnons de périple et, oserais-je dire "cerise sur le gâteau", tu parviens à maintenir ton cap en toutes circonstances.
    Tu jouis d'une liberté inconcevable pour la majorité des terriens mais conserve toujours ce don en toi de le faire partager avec tant de verve et tout empli de cette candeur propre aux doux rêveurs progressistes que c'est un réel plaisir de te lire.
    "Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage..."
    Le tien n'est pas encore arrivé à son terme mais sa richesse est déjà telle que rien ne pourra désormais l'égaler... sinon un autre voyage.
    Bonne route,
    J-M & Véro.

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    1. Matthieu Bosquet23 avril 2013 à 08:29

      Je vous remercie pour ce message qui me touche particulièrement ! Le fait de pouvoir partager mon expérience est encore plus fort quand j’obtiens un retour de mes lecteurs… Je suis honoré de recevoir vos compliments surtout qu’ils viennent de lecteurs averties aussi bien concernant le voyage que l’écriture! Je m’excuse pour les fautes d’orthographes, et certaines tournures de phrases ou erreurs de langage. Mais je veux conserver la spontanéité d’écriture, et ne pas passer mon temps à me relire pour améliorer un texte qui n’atteindra jamais la perfection mais à au moins le mérite de rester en contact avec vous !

      Ce voyage, les rencontres qu’il engendre, et les expériences de vie sont incroyables, fortes, enrichissantes… Ce rêve éveillé ne peut être que complet s’il est partagé, s’il me fait grandir, m’enrichir et me rapprocher petit à petit d’une sagesse que je n’atteindrais jamais mais que je m’efforcerais de rechercher pour le reste de ma vie, tout en continuant à réaliser mes rêves, et non à rêver ma vie…

      Je vous souhaite le meilleur dans vos différents exercices d’écriture et j’espère aussi avoir la chance de pouvoir vous lire prochainement… Bonne continuation dans votre coopération et collaboration !!!

      Au plaisir

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  5. c'est avec un grand plaisir Mat' que je me suis replongée dans la lecture de ton périple.J'avais été ravie de te voir et de t'entendre sur le net, lors d'un contact avec Antho un soir.Mais cette histoire d'infections à répétition, et d'autant plus de ces saletés de staphylocoques me tourmentaient je dois dire...Et puis j'ai découvert avec étonnement à travers ton récit, que malgrè les apparences, tu avais connu des grands moments de "solitude"...la traversée d'un tunnel qui parait sans fin...Et je permets, si tu me l'autorise?...de confirmer qu'il ne faut pas juger les gens sur leur apparence, ni dans un sens ni dans l'autre d'ailleurs. La Vie n'a pas de prix en effet...mais il y a des périodes où coincé dans l'étau de notre malheur, de notre souffrance, nous n'arrivons pas à en sortir...Tu as la chance d'avoir une famille en or (sans jeux de mots!), chance que la petite fée n'a pas mis au dessus de mon berceau...mais ton tempérament de battant, ta joie de vivre, que tu transmets si bien, m'interpelle aujourd'hui. Et je finirais simplement par un adage bien connu " Si la Vie ne vaut rien, rien ne vaut la Vie...". Merci Mat' d'avoir touché un point sensible... Merci pour tes photos et récits de ton périple. Merci d'être Toi...tout simplement. Continue à partager avec Antho cette philosophie "A fond la Vie"... "The show must go on"... Je t'embrasse Mat'. On t'attend avec impatience...

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