L’Ouganda a toujours éveillé en moi un sentiment d’aventure. Je m’imagine facilement, habillé dans mon plus simple apparat, suivre Tarzan, dans son numéro d’équilibriste. Nous nous balancerions de liane en liane, d’arbre en arbre, vivant en harmonie avec la nature environnante… Le rêve deviendra-t-il réalité?
En tout cas, beaucoup de personnes, ayant déjà posé le pied sur son sol, l’ont souvent dénommé comme la «perle de l’Afrique». Ce pays s’est toujours démarqué des nations voisines. Malgré une fréquentation touristique moindre que le Kenya ou La Tanzanie, l’Ouganda n’a vraiment pas à rougir, ou à développer un complexe d’infériorité, vis-à-vis de ces voisins. Ces atouts sont nombreux: les hautes montagnes, des régions tropicales et fertiles, le point de séparation entre la savane et les forêts humides occidentales, les rives de plusieurs lacs, les sources du Nil et une faune abondante… Malheureusement une période noire, en raison d’une dictature drastique, les remous de la vie politique, en ont pourtant, et pendant longtemps, obscurci son image… Mais les éclaircies sont réelles. La paix, qui est revenue dans tout le pays, me permet d’envisager un voyage dans son antre. J’ai surtout un rêve un peu fou, auquel je pense depuis des années. J’espère pouvoir faire la rencontre avec un animal mythique qui ne vit, ou survit maintenant, que dans cette partie du monde, un animal qui n’a jamais survécu en captivité. Il est donc, pour moi, l’exemple parfait d’un besoin de liberté, d’une nécessité de vivre en symbiose dans et avec son milieu naturel…
En attendant, je ne suis même pas encore entré dans le pays. Le transit, le plus simple, pour rejoindre l’Ouganda, depuis la Tanzanie et Arusha, consiste à passer par le Kenya et Nairobi. En ce 26 Juillet 2014, le passage à la frontière, entre la Tanzanie et le Kenya, n’est qu’une simple formalité. Arrivant à Nairobi, je cherche un moyen de partir, dès que possible, vers l’Ouganda, et sa capitale Kampala. Je trouve un bus de nuit, qui part en début de soirée. Après avoir réservé mon billet, je vais partir explorer un peu le centre-ville, et les alentours de la station de bus. Une personne m’aborde. Elle me dit qu’elle peut me donner des renseignements concernant les différents parcs nationaux et les tours organisés dans le pays. Même si je ne suis pas intéressé pour le moment, je trouve intéressant d’obtenir, d’ores et déjà, les options qui s’offriront à moi concernant les safaris à bas prix. Après avoir acheté de quoi faire des sandwichs dans un des supermarchés de la ville, je me rends de nouveau à la station de bus. A 18h30, me voilà parti pour un long trajet de nuit. Le bus semble flambant neuf. Les sièges sont très confortables. Je ne vois pas le temps passer. Après avoir lu et dormi la majorité du trajet, nous arrivons à la frontière. 1h00 du matin a déjà sonné. Je n’ai pas encore le visa pour ce pays car je pense et j’ai lu que je peux l’obtenir à la frontière. Mais qu’en sera-t-il en plein milieu de la nuit?
Après avoir obtenu le tampon de sortie du Kenya, je me rends au poste frontière de l’Ouganda. La majorité des personnes dans le bus sont Kenyans. Le passage de frontière est donc pour eux qu’un tampon sur leur passeport ou leur document de libre circulation en Afrique de l’est. Ils passent donc les uns après les autres sans aucune difficulté. Même si je pense être dans mon bon droit, j’espère que la seule personne présente au comptoir pourra me délivrer le précieux sésame. Il me donne sans aucun problème le précieux visa. Il l’applique sur mon passeport et le tamponne. Après qu’il est relevé mes empreintes sur la machine électronique, je peux donc entrer sur le territoire et continuer le trajet en bus.
Après avoir passé la fin de la nuit sur la route, le bus entre dans la capitale de l’Ouganda, au petit matin. Il est 7h00 du matin quand je m’installe sur les bancs de la station de bus. J’attends un peu, en ce dimanche matin, avant de contacter Herbert, Couchsurfeur, chez qui je dois passer quelques jours. Je suis surpris d’avoir une aussi bonne connexion internet dans ce pays. Surtout qu’il s’agit d’un service de wifi gratuit pour les clients. J’en profite! Cela me permettra plus tard de vivre une expérience très sympa… Vous voudriez en savoir plus, n’est-ce pas? Désolé mais il va falloir prendre votre mal en patience, dévorer les prochaines lignes et prochains paragraphes, avant de découvrir ce dont je veux vous parler…
Après mon coup de fil, Herbert arrive finalement à la station de bus à 9h30. En ce dimanche matin, les rues de la capitale sont très calmes. Prenant un «Taxi», moyen de transport local (appelé «Matatu», au Kenya, et «Dala Dala», en Tanzanie), 20 minutes seulement nous serons nécessaires pour rejoindre son appartement. Il s’agit d’une dépendance d’une grande maison. Il possède une chambre, une salle de bain et un grand salon qui sert aussi de cuisine et de chambres pour les inviter. Herbert est installé à Kampala depuis moins d’un an. Il est originaire du Kenya, où sa famille vit encore, près de Nairobi. Il est venu s’installer ici pour une opportunité de travail. L’entreprise, qui l’emploie, est une société de conseil dans le domaine agricole. Je ressens immédiatement une bonne connexion. Je pense que je m’apprête à passer un moment très agréable en sa compagnie.
En fin de matinée, nous rejoignons un de ces amis, ougandais et couchsurfeur aussi. Il est accompagné de Diego, un espagnol, en vacances dans le pays. Il travaille pour une ONG au Congo. Après avoir fait le plein d’essence, nous décidons d’aller nous promener dans les environs. Nous nous arrêtons dans un petit restaurant local pour le déjeuner. Je goûte le plat de résistance principal, quasi quotidien pour la majorité des Ougandais ; le Matoke. Il s’agit de bananes plantains. Ils les cuisent pendant un long moment, afin d’en obtenir une sorte de purée très dense. Nous mangeons cela avec d’autres légumes tel que du potiron, du chou, des pommes de terre, et de la viande. Après cette première introduction culinaire, nous visitons un temple Bahia. Je n’avais jamais entendu parler de cette religion auparavant. Pourtant des temples sont présents aux Etats-Unis, Inde, Panama, Chili, Australie et Allemagne. Ils s’affirment comme une religion internationale indépendante, qui se dit humaniste dans ces principes et sa dynamique, scientifique dans ces méthodes, avec une ouverture d’esprit très large… Ils s’affirment comme les disciples de l’actuel messie Bahia, ou dieu, qui ne fait que perdurer la tradition de ces prédécesseurs (Jésus Christ, Mohammed, Shiva,…). Leur temple est ouvert à toute personne quel que soit son passé, sa religion, sa nationalité ou sa couleur de peau. Les discussions, que nous avons avec des fervents pratiquants, en charge de la visite et de la promotion de leur religion, sont intéressantes et constructives.
Nous voulions ensuite nous rendre sur les bords du lac Victoria, un des plus grands lacs au monde, qui partagent ces rives entre l’Ouganda, le Kenya et la Tanzanie. Mais de gros nuages menaçants, et la présence de la pluie, où nous voulions nous rendre va nous en dissuader. Nous passons donc directement à l’étape suivante, concernant cette journée qui se voulait bien remplie. En ville, nous nous rendons dans un bar; dénommé Ice blue, pour y passer le reste de la journée. L’endroit est très sympa. C’est un grand espace ouvert qu’ils ont transformée en une sorte de plage de sable fin. Le temps passe très vite, entre discussions, bière locale (Nile), Beach volley par groupe de deux, et attente pour voir un fameux groupe local… Malheureusement nous sommes arrivés trop tôt dans l’après-midi. La fatigue nous a gagnées bien avant qu’ils n’arrivent. Nous décidons donc de rentrer chez Herbert à 23h00. Une fois encore, je suis heureux de gagner mon lit. Je ne demande pas mon reste, avant de m’écrouler de sommeil.
Lors de la deuxième journée, le Lundi 28 Juillet, c’est le jour de la fin du ramadan. Il est férié dans ce pays… Herbert ne travaille donc pas. Nous nous réveillons assez tard. Après avoir déjeuné, dans un petit restaurant local, des spécialités du pays, nous nous rendons au centre-ville, pour découvrir l’impressionnante concentration de magasins, de petites échoppes, sur plusieurs étages. Cela se passe au niveau de tous les immeubles sur plusieurs rues. Il y a aussi un marché, sous bâche, d’objets de secondes mains, de fripes, de fruits et légumes à bas prix… Nous achetons des fruits de la passion délicieux. Ils nous coûteront trente centimes le kilo. Je me régale une nouvelle fois avec tous ces produits exotiques locaux, ayant mûri sur l’arbre, et fraîchement cueillis… Le lendemain, par exemple, j’achèterais un ananas, de plus de 2 kilos, pour moins de 60 centimes.
Nous continuons de découvrir la ville. J’achète une Sim card pour mon téléphone. Puis, nous allons découvrir le quartier des administrations qui est accolé à ce quartier commercial. La différence d’atmosphère, qui y règne, est flagrante. L’agitation humaine a presque totalement disparue. La sobriété des bâtiments correspond parfaitement à la quiétude des rues. Le parlement, qui consiste en un bâtiment de style assez moderne, totalement rénové, en est un bel exemple. Le théâtre national est le dernier lieu visité, avant de rentrer chez lui. Nous y passons une soirée au calme. J’aime vraiment sa compagnie. Il s’agit d’une personne cultivée. Il a une grande ouverture d’esprit. Il est possible de parler, avec lui, de différents sujets variés. Le fait, qu’il aime le voyage et les différences culturelles, aide aussi énormément. Il est facile pour moi de constater la différence sociale qu’il y a avec d’autres locaux et donc les centres d’intérêts qui en découlent…
Le lendemain, il travaille. Je découvre donc, seul, les environs. Je me rends sur les rives du lac Victoria à seulement quelques minutes en mini van du lieu où il habite. Les paysages sont verdoyants. De nombreux oiseaux et échassiers occupent ces rivages, dont des pélicans que je vais pouvoir admirer en vol mais aussi regroupés sur les branches d’un grand arbre dénudé. Il y a quelques endroits naturels splendides à seulement quelques encablures de la capitale, de cette ville très animée, où les constructions humaines ont totalement dénaturés les paysages existant auparavant. Kampala est un vrai chaos, une concentration d’êtres humains agglutinés les uns avec les autres. Le modernisme essai de fleurir et d’embellir les lieux, mais souvent les rues sont peu ragoutantes, parfois dangereuses, avec des trous béants non sécurisés sur les trottoirs, des chauffeurs roulant très vite, trop vite, et étant peu regardant des piétons, du fait de mettre ou non en danger leur vie. Comme dans beaucoup de grandes villes dans le monde, l’ultra capitalisme est maintenant de rigueur. La société de consommation exacerbée, où tout est question de ventes, d’achats, de possession matériel, est belle et bien présente. Pourtant je me sens assez bien dans cette ville, qui présente aussi une certaine quiétude et garde un aspect d’une petite ville de province, si l’on considère nos standards occidentaux. Ce fut le cas en ce jour férié, la veille, où l’affluence n’était pas à son apogée, ou lors de cette journée sur les bords du lac. J’aime le fait que, chez mon hôte, il y a un accès facile à la nature, à moins de 5 minutes en transport en commun. Je ne resterais pas de longues semaines à Kampala non plus, mais j’entrevois de nombreux aspects positifs. Je préfère toujours la nature en voyage, plutôt que les milieux citadins. Surtout, quand les villes ne sont pas chargés d’histoire, comme c’est le cas en Afrique. Elles sont alors toutes plus ou moins similaires. Mais, pour une fois, dans une grande ville de ce continent, je ne ressens pas cette oppression qui m’avait fait quitter rapidement Dar-Es-Salaam, qui m’avait juste donné envie d’une courte visite à Arusha, avant de revenir dans la propriété protégée des parents de Lucy.
Un dicton national dit «qu’une personne n’est pas venu en Ouganda tant qu’elle n’a pas goûtée les deux repas typiques; que sont le Matoke et le Rolex. J’ai déjà plusieurs fois testé le premier que je trouve d’ailleurs relativement bon. Je vais donc ensuite goûter le second pour la première fois, lors de mon séjour à Kampala. Le Rolex consiste en un grand chappattis, cuit séparément d’une omelette avec tomate, chou et épices. Les deux sont ensuite regroupés lors de la cuisson finale et dégustés ensemble. J’aime beaucoup ce deuxième met aussi. Je peux alors dire que j’ai visité l’Ouganda, non ?! Pourtant j’ai envie d’explorer un peu plus ce territoire et de découvrir d’autres merveilles. Après ces quelques jours passés chez Herbert, je décide donc de prendre la route… Ceux ne sont pas des adieux avec ce dernier. Je vais repasser par la capitale du pays et nous avons prévu de faire un petit périple ensemble…
Après un réveil matinal, un taxi pour me rendre en ville, je trouve un bus qui part dans la direction souhaitée, en avant vers l’Ouest. Je pense faire un premier stop dans la ville de Fort Portal, pas très loin de la frontière avec la République démocratique du Congo. Lors du voyage, je découvre de magnifiques paysages changeants. Je peux admirer de nombreuses plantations de bananes et de thé. Je trouve que ces dernières embellissent le paysage, en lui donnant des formes harmonieuses et lisses. Cela me rappelle aussi notre périple en train avec l’Akilifamily au Sri Lanka. Que de souvenirs qui me reviennent alors à l’esprit… A chaque arrêt du bus pour laisser ou prendre des passages, des dizaines d’Ougandais se présentent à nous, pour essayer de nous vendre des boissons, de la nourriture, des denrées alimentaires en grandes quantités. Ils se précipitent aux fenêtres et insistent fortement pour que nous leur achetions leurs produits. Certains me font un accueil spécial en tant que Mzungo. Il est très souvent chaleureux et il se termine avec le sourire, même si je ne leur achète rien.
Je ne vais finalement pas m’arrêter à Fort Portal. En effet, mon objectif était de me rendre près du massif des Rwenzoris. Ceux sont des montagnes dépassant les 5000 mètres. La région est réputée comme une des plus belles du pays. J’aimerais donc l’explorer. Or la porte d’entrée de ces montagnes et cette région est la ville de Kasese, au Sud. Le même bus y part directement. Je ne descends donc pas de ce dernier. Après m’être installé en ville, je trouve un centre d’information, qui est plutôt une agence touristique qui organise des excursions. Je demande des renseignements, concernant la possibilité de me rendre dans le parc National des Rwenzoris. Le prix d’entrée dans le parc national est un peu moins important que les prix exercés par ces deux voisins Kenyan et Tanzanien. Mais en ajoutant tous les coûts de transport, de nourriture, de l’accompagnement d’un guide et d’un cuisiner, et en l’ajustant à un prix journalier, il serait plus cher pour moi d’escalader une de ces montagnes que de gravir le fameux Kilimandjaro. C’est de la folie! De plus les photos dans les locaux de cette agence ne me donnent vraiment pas envie de visiter des lieux, qui semblent quelconque… Non, je ne suis pas blasé. C’est un bon moyen de me raisonner et de me dire que je ne passe pas à côtés de quelque chose d’exceptionnel. Comme dans la vie de tous les jours, lors d’un voyage au long cours, il faut savoir faire des choix. Je savais avant de venir en Ouganda que les prix pour toutes les visites touristiques seraient très chères, autant que pour ces deux fameux voisins, voir même plus.
Peu importe, je suis arrivé jusqu’ici et j’ai envie de découvrir un peu la région. Je pars me promener dans les alentours. Malheureusement, les nuages stagnant à mi-hauteur, stockés au niveau des montagnes, m’empêcheront, pendant les 2 jours sur place, d’admirer les sommets avec la neige éternelle, contrastant avec les forêts assez arides ou verdoyants, selon les versants, de ces paysages équatoriaux. En direction du parc national, en bord de route, je découvre comment vivent des locaux. Après avoir discuté avec son père, un jeune garçon m’emmène pour me montrer la rivière près de chez eux. Les enfants s’y baignent et s’y lavent. Les femmes y lavent leur linge. De nouveau, sous les ordres de son père, il me conduit dans 2 endroits très sympathiques. Il me montre où se trouvent des sources d’eau chaudes, qui jaillissent du sol et qui ont été aménagées. La première a été conçue pour les touristes. Il n’y a aucune personne. Je profite donc du calme, des bulles et de la chaleur de l’eau, de son effet miroir, en toute tranquillité. Nous arrivons ensuite à une deuxième, plus simple, où se trouvent les locaux. En ce samedi après-midi, de nombreuses personnes sont présentes. 3 hommes vont «se jeter» sur moi sans que je comprenne vraiment ce qui m’arrive. Ils me demandent de me diriger vers le bassin, ils commencent à me laver, me masser,… Je ne prends pas vraiment de plaisir. C’est trop de personnes essayant de prendre soin de moi. Je ne suis pas vraiment à l’aise avec ce genre de comportement. Je ne prends pas de plaisir, surtout qu’il s’agit que d’hommes. Je leur fais comprendre que je ne souhaite pas que cela continue. De plus, bien sûr, Ils veulent faire de leur mieux en m’offrant leur service, dans le but que je les paie après… Même si je n’ai pas eu mon mot à dire, je leur laisserais donc quelques pièces, pour le geste. Des locaux utilisent leur service. Ils semblent apprécier les bienfaits de l’eau chaude accompagnée par des massages provenant de la main de ces hommes. Je quitte alors l’endroit, laissant le petit garçon qui veut profiter de ces sources d’eau chaude. Je continue mon ascension de ces collines. Elles déterminent les contreforts, la zone de transition entre les plaines et ces montagnes d’altitude élevée. Je n’atteindrais jamais la frontière du parc. Je décide pourtant de redescendre car la fin d’après-midi arrive à grand pas. Sur le chemin du retour, je m’arrête au niveau de petits stands pour acheter des avocats, des bananes, à un prix modique. Ils sont bien moins élevés, pour les mêmes produits, que les prix pratiqués dans la capitale.
Il est possible de bien vivre, à un prix raisonnable, même en tant que visiteur dans ce pays. Il suffit de s’approcher au plus proche de la vie des locaux. Le soir même, je dors à l’hôtel. Là aussi, je minimise les coûts pour un confort plus qu’acceptable. Je dors dans un hôtel local, près de la station de bus. Je paie à peine 3 euros, pour une chambre avec lit double, une literie propre et confortable, une moustiquaire. La serviette et le savon sont aussi fournis. Pour ce prix, je n’ai pas une chambre avec ma propre salle de bain ou toilettes, mais cela ne n’importe peu. Surtout que les sanitaires communs sont très propres et que je serais le seul à les utiliser, pendant les 2 jours. Je passe les 2 soirées au calme, alors que je peux entendre certains locaux qui vont la fête jusqu’à très tard dans la nuit.
Le deuxième matin, je me lève tôt pour continuer mon périple. Après avoir facilement trouvé une de ces camionnettes de transport local, je dois, à mes dépends, attendre assez longtemps à la station de bus pour que cette dernière se remplisse. J’en profite alors pour prendre mon petit-déjeuner à base de chappattis... Nous partons après plus d’une heure d’attente. Le chauffeur tourne encore de longues minutes dans la ville avant finalement de prendre la route. En me rendant à Kampala, j’avais coupé la ligne virtuelle de l’équateur pour retourner dans l’hémisphère Nord. Descendant en latitudes, pour continuer à visiter ce pays, je repasse alors dans l’hémisphère Sud. Hémisphère que j’ai retrouvé, après mon retour surprise en France, en atterrissant en Tanzanie, il y a à peine 2 mois. Je m’amuserais à enjamber, virtuellement parlant, l’équateur, plusieurs fois, lors des prochaines semaines.
Nous franchissons cette ligne mythique, séparant notre planète en deux hémisphères, juste avant la traversée du Parc National Queen Elisabeth. C’est une chance inouïe. En effet, cette route coupe le parc. Elle traverse de magnifiques paysages du Nord au Sud, coupant le parc en deux parties; l’Ouest avec le lac Edward et l’Est avec le lac George. Sans payer un prix encore exorbitant de ces parcs nationaux, je vais pouvoir voir des Buffalo, gazelles, antilopes, phacochères, babouins, un éléphant avec son bébé, et de nombreux oiseaux… J’ai donc la chance d’avoir le goût et l’excitation d’un mini-safari gratuit. Je partage l’expérience avec les locaux. Ils me préviennent à chaque fois qu’ils voient des animaux. En sortant du parc, nous allons continuer de traverser de beaux paysages vallonnés, avec des lacs, des plantations de thé et de bananiers. La végétation est changeante au cours de ce périple. Les arrêts dans les petits villages me permettent de prendre encore un peu plus conscience de la vie locale. Il est assez aisé de comprendre pourquoi cette destination est actuellement une des favorites pour les volontaires et les projets de NGO. L’Ouganda ne sait pas encore complétement remise de l’image laissée par la très médiatisée terreur qui a régné pendant des années sous les dictatures de Idi Amin et Milton Obote. Mais comme beaucoup de pays, ayant connus des années de répressions, de sévices, de manque de liberté, les populations semblent profiter un maximum de l’acquisition de nouveaux droits, du respect de leur intégrité en tant qu’humain. Même s’ils vivent avec très peu, ils semblent heureux. Ils partagent ce bonheur. Ils sont certains des individus les plus chaleureuses et accueillantes que j’ai pu rencontrer. Beaucoup sont heureux de parler avec moi, d’échanger sur nos deux pays et d’en savoir plus sur mon voyage. L’Ouganda est une vraie fenêtre ouverte sur la vie Africaine. La facilité de communication, permise par un anglais très répandu dans le pays, va me permettre d’en savoir beaucoup plus sur la vie sur place.
Avant d’arrivée à ma destination finale, je dois faire un changement dans la ville de Mbarara, près du parc national du lac Mburo. Je voulais initialement y faire un stop pour un ou deux jours. Mais la grandeur de cette ville et les prix trop important des parcs nationaux m’en dissuadent. Je saute donc dans une nouvelle camionnette aménagé pour descendre un peu plus vers le sud. Après encore plus de 3h00 de bus, j’arrive à Kabale, ville de transit, très proche de la frontière avec le Rwanda. Il y a quelques années, je n’aurais pas pu venir dans cette région très dangereuse en raison du génocide du Rwanda (‘aurais voulu visiter le mémorial de ce génocide à Kigali, capitale du Rwanda. Mais je vais quelques jours plus tard lire un livre sur ce sujet et me recueillir à la mémoire de ces innocents morts en vain, en raison de la folie de certains humains et du fait que la communauté internationale n’est pas bougée le petit doigt) et des attaques militaires très nombreuses. Heureusement la paix est revenue, ces pays ont pu se reconstruire. Ils sortent petit-à-petit de cette période noire de leur histoire!
Je suis, alors près d’un lieu qui m’a toujours fasciné. Mais en cette soirée, je ne sais pas encore si je vais pouvoir m’y rendre. En premier lieu, je trouve un hôtel pas cher alors dans le centre-ville. Aucun touriste ne reste sur place. Ils partent habituellement directement au lac Bunyonyi, à 10 kilomètres de là. Je le ressens dès la sortie du bus alors que de nombreuses motos taxi me proposent de m’y emmener. C’est finalement un local ,qui a vraiment insisté pour m’accompagner, qui me trouve cette chambre au prix que je souhaitais. Il est plus de 16h00 et je n’ai pas mangé depuis le matin. J’achète donc un Rolex auprès d’un jeune très accueillant et souriant. Sans le savoir, je viens de faire le bon choix en m’arrêtant dans cette ville. L’initiative de visiter la ville va se révéler payante. Sur un des axes principaux, je trouve une agence vendant les services d’un hôtel pour touristes en sac-à-dos, n’ayant pas des moyens financiers très élevés. En effet, les prix sont incroyables pour la région, endroit unique au monde, où je rêve de me rendre. Même si j’ai trouvé l’option la moins chère, je ne suis pas sûre encore de sauter le pas, de réserver pour plusieurs jours. La personne présente au bureau est le propriétaire du lodge. Je lui dis donc que je vais réfléchir à sa proposition, prendre une décision dans la soirée ou en début de matinée. En effet, un départ est prévu le lendemain après-midi. Cela me permettrait de ne pas payer le trajet aller-retour. Il ne me reste plus qu’à me décider et savoir si je suis prêt à dépenser une telle somme ou non… Je rentre ensuite à mon hôtel pour y passer la nuit. Ceux sont deux sœurs qui tiennent la gérance de l’hôtel. Elles sont chaleureuses. Elles m’offrent de venir jouer avec elles et une de leur amie, au billard. Je passe alors une soirée très sympathique en leur compagnie.
C’est un vrai bonheur de pouvoir les admirer avec leur maman. Cette partie du groupe c’est habitué à notre présence. Nous pouvons maintenant les approcher de plus en plus près. Nous allons tour à tour pouvoir admirer les différents membres de cette famille. Ils dégustent tous les feuilles et les tiges de la végétation qui se trouve au sol. Pour cela, ils se posent sur leurs fesses. Nous pouvons les admirer faire de nombreuses mimiques, parfois comiques, et très souvent assez proches de comportements humains. Les caractéristiques partagées avec nous sont multiples, à commencer par un haut degré d’intelligence, un rapport social très complexe et structuré, des émotions parfois exacerbées et 5 sens très développés. Etre en leur présence dans cette forêt de Bwindi est un moment magique hors du commun. Nous nous trouvons à plusieurs reprises à moins de 2 mètres du mâle, ou d’une femelle avec son bébé. Ils sont très calmes et observent nos déplacements et nos comportements. Un rapport indescriptible s’est créé. Je n’en crois pas mes yeux. Je les observe avec intention, sans trop laisser paraître mon émotion et mon excitation. En effet, nous avons été prévenus que cela peut les effrayer et rompre une connexion qui peut se créer rapidement avec ces quelques membres maintenant habitués à la présence d’êtres humains. Il faut être conscient que nous entrons en contact qu’avec des familles de gorilles déjà habitués. Beaucoup d’entre-elles n’ont été approchés que par des scientifiques, encore de nos jours. Pour la majorité, elles n’ont pour ainsi dire jamais vu un être humain et ils n’accepteraient pas sa présence… Une fois encore, je trouve cela fascinant et reste bouche-bée devant le spectacle. Les minutes défilent à leur côté. Je vis un moment d’exception et j’en prends conscience à chaque seconde. Le rêve devient réalité. Je n’aurais pas pu espérer mieux.
Tous les membres de l’expédition jouent le jeu. Chacun garde le silence et essai de ne pas effrayer un des individus. Après l’observation des femelles et de leur bébé, le mâle va ressortir d’un trou. Il se pose très près de nous. Il s’installe dans une zone dégagée et nous permet de l’admirer dans une de ces activités préférées; la dégustation de plantes. Les mots ne me viennent pas pour exprimer ce que je vis. Je suis subjugué. Je ne peux que pousser les amoureux de la nature à vivre cette expérience un jour. Le bouquet final va se dérouler près du mâle dominant. Nous nous approchons très près de lui. Je suis toujours à l’avant-poste. Il n’est maintenant qu’à quelques centimètres de moi. Il déguste des plantes. Puis soudainement, il fait un bond de plusieurs mètres sur le côté, pousser un cri assez effroyable et s’enfonce de nouveau dans la végétation. Ce mouvement a été impressionnant. Impuissant, je n’ai pas réagi mais la dose d’adrénaline que cette expérience m’a «injecté» dans le sang reste incroyable. Cela sonne la fin de notre temps avec eux! Voilà plus d’une heure passée en leur compagnie. Il est temps de s’éloigner, de quitter leur territoire, de les laisser souverain dans leur royaume menacé. Ils pourront alors rejoindre les autres membres de la famille et reformer ce groupe soudé, ce cocon social magique…
Avec mon guide de la journée, une longue promenade nous attend pour nous rendre chez des êtres très particuliers de cette région du monde. Nous devons descendre dans la vallée qui nous fait face, puis remonter de l’autre côté pour atteindre la lisière de la forêt impénétrable de Bwindi. Plusieurs kilomètres nous séparent de ce lieu. Les voyageurs prennent normalement plus d’une demi-journée pour vivre cette expérience. Il est maintenant plus de 17h00. Dans à peine une heure, la nuit commencera à tomber. Avec mon guide, nous allons accélérer le pas. Nous dévalons, en trottinant, toute la descente jusqu’au fond de la vallée. Après avoir franchi le cours d’eau, nous commençons la montée au pas de course. En à peine 45 minutes, nous avons atteints la maison de ces êtres très particuliers. Vivre dans cette maison en dur, avec un toit un tôle, n’a pas été un choix pour eux… Ils ont été expropriés, bannis du lieu où ils vivaient! Il s’agit de petits êtres des forêts; les pygmées! N’atteignant même pas 1,30 mètre à l’âge adulte, ils vivaient dans la forêt impénétrable de Bwindi. Se nourrissant principalement de viandes de petits rongeurs et de baies, ils étaient parfaitement en harmonie avec la nature. Ils dormaient là, où ils s’arrêtaient juste avant la nuit, utilisant de grandes feuilles pour créer leur lit. Ils étaient des nomades permanents dans cette forêt. Puis en 1997, Bwindi a été désigné comme Parc National. Pour répondre à des standards et normes internationaux qui régissent ce genre d’endroit, ils n’ont plus eu le droit de vivre sur leur territoire, sur leur terrain de jeu. L’état leur a donc construit des maisons en lisière de la forêt, ils leur ont donné des terrains, un accès gratuit à l’éducation, et l’apprentissage du dialecte un peu différent entre ces pygmées et la population de la région. La transition n’a pas été simple mais ces petits êtres de la forêt ont du s’y résigner et ils l’acceptent maintenant plutôt bien. Nous demandons au grand-père, de plus de 90 ans, qui physiquement en fait à peine 65, comment il perçoit sa situation. Je ne pense pas qu’il fait du politiquement correct dans sa réponse, car nous sommes que le guide et moi. Mais je ne peux pas en avoir la certitude car je ne comprends pas la langue qu’il pratique. La traduction que j’obtiens du guide consiste en un mixte d’attitude positive, et de nostalgie vis-à-vis de son passé libre; libre comme le vent dans ces grandes forêts. Le fait de chasser, de manger de la viande, de vivre en toute simplicité, sans ces contraintes sociales, peuvent parfois lui manquer. Mais il s’estime heureux pour sa grande famille et pour lui. Il est ravi que ces enfants puissent recevoir une éducation et qu’ils aient tous de quoi vivre décemment... La nuit tombe rapidement alors que nous discutons et échangeons. Je joue avec les enfants. Un petit garçon, le plus jeune, est très intrigué par ma présence. Les petites-filles du pygmée sont marrantes et aiment que je leur sourie. Puis après de longues minutes d’échange, ils m’honorent en commençant des chants rythmés par des tambours. Le grand-père est le premier à danser, alors que ces petits enfants lui emboîteront rapidement le pas. Je me sens transporter dans une autre dimension. L’arrivée de la grand-mère, une de ces deux femmes, va amplifier encore l’émotion et l’aspect intense de la scène. Elle rentre tout de suite dans le cercle et elle danse avec entrain. Le moment est exquis. Nous aurions pu rester beaucoup plus longtemps, surtout après qu’ils nous aient proposés de se joindre à eux pour dîner. Nous sommes très touchés par leur hospitalité que nous devons tout de même décliner, car il s’agit de ma dernière nuit dans le lodge. J’ai prévu de la passer avec mes compères des derniers jours. Après les avoir salués, nous entamons la descente en petite foulée. Je n’utilise pas ma lampe torche car nous sommes suffisamment éclairés par la lumière retransmisse par une lune presque pleine. J’adore cette expérience qui embellie encore un peu plus une journée génialissime, «un jour de rêve se termine sur notre magnifique petite planète, dans ce paradis terrestre»! De retour au lodge, je déguste un dernier délicieux repas en compagnie d’Hannah, Madeleine et Wesley. Puis nous terminons la soirée autour d’un feu imposant. Les flammes gigantesques et trépidantes, que nous entretenons pendant plusieurs heures, illuminent le salon. Elles sont la parfaite représentation physique de mon état d’esprit, de la journée intense et radieuse qui vient de se dérouler. Alors que la fatigue a gagné la totalité des personnes, je profite, quelques minutes, seul, de ce feu et de l’atmosphère qu’il génère. Puis regagnant ma chambre, je m’endors rapidement, espérant continuer dans la dynamique de cette journée, où le rêve a rejoint la réalité...
La nuit a été très bonne. Je me réveille matinalement comme l’ensemble des convives du lodge. Nous partons tous de ce lieu unique. Seith nous reconduit à Kabale en 4x4, d’où nos chemins se sépareront. Après presque 2h00 de trajet sur des routes de montagne non goudronnés tout d’abord, puis qui le deviennent à mi-chemin, nous pouvons encore admirer de magnifiques paysages (alors que nous ne les avions pas vu à l’allée car nous avons tous faits le trajet de nuit) et observer la vie matinale des locaux, qui vivent avec les cycles du soleil et la lumière du jour. Nous arrivons à Kabale, où je règle tout d’abord mes dettes. Je retire facilement au distributeur de billet la somme totale que je répartie alors entre Hannah et Seith.
Nos chemins vont se séparer. Wesley part vers le Rwanda, où il souhaite atteindre la ville de Kigali dans la journée. Hannah et Madeleine prennent le même bus que moi mais elles s’arrêtent à Mbarara, pour ensuite se rendre à Kasese, où je me trouvais quelques jours auparavant. Pour ma part, j’ai décidé de ne pas faire d’autres arrêts en chemin. Je repars directement pour Kampala, où je ne fais qu’un stop pour changer de bus. Je pars une centaine de kilomètres plus loin, à l’Est. Je m’arrête dans la ville de Jinja.
Cette ville a une grande réputation touristique en Ouganda. Elle se trouve à quelques kilomètres de la source d’un des plus mythiques fleuves au Monde; le Nil! Elle est aussi l’endroit où il est possible de prendre part à des activités nautiques réputées dont une des meilleures descentes de rafting au monde, accessible même pour les non-initiés. La journée suivante continue donc dans la même dynamique que les jours précédents, où l’exceptionnel est le maître-mot. Je prends part à une activité que j’affectionne particulièrement où les sensations fortes sont garanties. Nous dévalons des rapides monstrueux, l’atmosphère est électrique dans l’embarcation. Je partage cette expérience avec deux autres français, et deux néerlandais. Certains n’en mènent pas large quand le raft se retourne, que chacun doit s’extirper du courant fort pour regagner la berge! Tout se passe finalement pour le mieux. Nous vivons une expérience forte en émotion, où l’adrénaline physique et la puissance de la nature sont exacerbées. Nous aurons aussi eu la chance de voir la source de ce fleuve mythique et de profiter de la nature environnante. J’aurais pu rester plusieurs jours dans ce cadre magnifique mais d’autres expériences m’attendent et je ne suis pas malheureux de m’extirper de cette ville fortement portée sur l’industrie touristique.
Le temps est venu de regagner Kampala, où je retourne chez Herbert. Il a changé sa bonbonne de gaz. Nous pouvons donc cuisiner chez lui. Il me prépare un plat délicieux avec de la viande de bœuf, une sauce à base de tomate, des légumes et pommes de terre. C’est un réel plaisir de partager ce repas avec lui, en discutant de divers sujets, en évoquant mon expérience vécue dans ce pays, et l’étape future que nous allons entreprendre ensemble. En effet, nous avions évoqué le fait de se rendre ensemble au Kenya, à Kisumu, où il a vécu les dernières années avant de venir à Kampala. Nous retournons sur sa terre natale. Cette ville d’adoption, qui semble être sa ville de cœur, et pourrait vraisemblablement, selon ces dires, devenir une base pour construire sa vie future et se poser très prochainement. Avant de partir vers le Kenya, il doit encore travailler une journée.
Un ciel gris va très vite recouvrir la capitale. A 9h00 du matin, la lumière du jour a quasiment disparue. Nous pourrions nous croire comme en pleine nuit. Puis, des pluies torrentielles s’abattent pendant des heures au cours de ce jeudi 7 août… Même si la pluie est mon pire ennemi normalement, lors du voyage, cela ne m’affecte pas en cette journée. Je trouve même plaisant d’admirer ce déluge depuis les fenêtres de son appartement. Je prends le temps d’écrire, de trier mes photos, de préparer quelques emails que j’enverrais un peu plus tard. En milieu d’après-midi, la pluie va tout doucement s’estomper, son intensité va fortement diminuée, pour finalement se transformer en petites averses. Je profite de cette accalmie pour sortir. Vous vous rappelez ce que j’avais évoqué en début de récit concernant le fait de vivre une expérience intéressante. Pour cela, je rejoints la station de bus de MachPoa, où je sais que j’ai un bon accès internet gratuit. Je gère alors toutes mes activités d’échange avec les proches, de communication, de partage de mon expérience, et de recherches d’information. En tout cas, je vais essayer. Je suis un peu «dérangé», dans cette entreprise! Une jeune femme s’assoit à côté de moi, me demandant si elle peut utiliser la prise pour recharger son téléphone. Elle est Kenyane. Elle s’appelle Marianna. Elle étudie en médecine en Ouganda. Elle repart aujourd’hui, chez elle, à Mombasa, pour les vacances. L’échange va être très intéressant. Nous allons passer plus de 2h00 à échanger sur nos diverses expériences, à rigoler. Immédiatement, une alchimie s’installe. Le contact est facile. Il ne s’agit pas à proprement parlé d’un jeu de séduction quoi que? Je ne sais pas comment nous allons en arriver là. Mais à la fin de la conversation, dans un moment de délire, nous évoquons le mariage dans 6 mois. Rien de réaliste, rien que nous avons vraiment pensés, en tout cas pas moi, mais un moment de vie agréable, inattendu et spontané. Nous allons garder contact via le réseau internet et le site Facebook. Même si nous nous reverrons probablement jamais, j’aime ce genre de connexion forte où tout est simple, où le moment vécu est intense, sans barrière dû à une certaine pression sociale. Cette alchimie n’a été que mentale, il n’a jamais été question d’un aspect physique. Je trouve intéressant que malgré les différences culturelles de nos pays, de telles connexions peuvent se produire… J’aimerais tellement que chaque personne puisse vivre cela, surtout celles qui sont racistes, qui jugent les personnes en raison de leur couleur de peau. J’aimerais que les préjugés cessent, que la prise de conscience soit globale et que nous arrêtions de créer des clivages ridicules et sans réel fondement. Nous sommes tous des êtres vivants. Nous pouvons tous nous apporter quelque chose… Je parle probablement d’un monde imaginaire utopique! Mais le fait d’y croire et de le vivre est le plus important pour moi… Depuis plusieurs mois, je suis souvent le «Mzungo», le seul blanc dans l’assemblée. Je n’en ai jamais conscience, je ne réalise pas cet état de fait sauf quand une personne me regarde bizarrement dans la rue, par exemple. Je peux lire alors dans son regard qu’il y a une différence et me rappeler que cet aspect physique de la couleur de peau, peut parfois créer des clivages, que l’on le veuille ou non…
En tout cas, beaucoup de personnes, ayant déjà posé le pied sur son sol, l’ont souvent dénommé comme la «perle de l’Afrique». Ce pays s’est toujours démarqué des nations voisines. Malgré une fréquentation touristique moindre que le Kenya ou La Tanzanie, l’Ouganda n’a vraiment pas à rougir, ou à développer un complexe d’infériorité, vis-à-vis de ces voisins. Ces atouts sont nombreux: les hautes montagnes, des régions tropicales et fertiles, le point de séparation entre la savane et les forêts humides occidentales, les rives de plusieurs lacs, les sources du Nil et une faune abondante… Malheureusement une période noire, en raison d’une dictature drastique, les remous de la vie politique, en ont pourtant, et pendant longtemps, obscurci son image… Mais les éclaircies sont réelles. La paix, qui est revenue dans tout le pays, me permet d’envisager un voyage dans son antre. J’ai surtout un rêve un peu fou, auquel je pense depuis des années. J’espère pouvoir faire la rencontre avec un animal mythique qui ne vit, ou survit maintenant, que dans cette partie du monde, un animal qui n’a jamais survécu en captivité. Il est donc, pour moi, l’exemple parfait d’un besoin de liberté, d’une nécessité de vivre en symbiose dans et avec son milieu naturel…
En attendant, je ne suis même pas encore entré dans le pays. Le transit, le plus simple, pour rejoindre l’Ouganda, depuis la Tanzanie et Arusha, consiste à passer par le Kenya et Nairobi. En ce 26 Juillet 2014, le passage à la frontière, entre la Tanzanie et le Kenya, n’est qu’une simple formalité. Arrivant à Nairobi, je cherche un moyen de partir, dès que possible, vers l’Ouganda, et sa capitale Kampala. Je trouve un bus de nuit, qui part en début de soirée. Après avoir réservé mon billet, je vais partir explorer un peu le centre-ville, et les alentours de la station de bus. Une personne m’aborde. Elle me dit qu’elle peut me donner des renseignements concernant les différents parcs nationaux et les tours organisés dans le pays. Même si je ne suis pas intéressé pour le moment, je trouve intéressant d’obtenir, d’ores et déjà, les options qui s’offriront à moi concernant les safaris à bas prix. Après avoir acheté de quoi faire des sandwichs dans un des supermarchés de la ville, je me rends de nouveau à la station de bus. A 18h30, me voilà parti pour un long trajet de nuit. Le bus semble flambant neuf. Les sièges sont très confortables. Je ne vois pas le temps passer. Après avoir lu et dormi la majorité du trajet, nous arrivons à la frontière. 1h00 du matin a déjà sonné. Je n’ai pas encore le visa pour ce pays car je pense et j’ai lu que je peux l’obtenir à la frontière. Mais qu’en sera-t-il en plein milieu de la nuit?
Après avoir obtenu le tampon de sortie du Kenya, je me rends au poste frontière de l’Ouganda. La majorité des personnes dans le bus sont Kenyans. Le passage de frontière est donc pour eux qu’un tampon sur leur passeport ou leur document de libre circulation en Afrique de l’est. Ils passent donc les uns après les autres sans aucune difficulté. Même si je pense être dans mon bon droit, j’espère que la seule personne présente au comptoir pourra me délivrer le précieux sésame. Il me donne sans aucun problème le précieux visa. Il l’applique sur mon passeport et le tamponne. Après qu’il est relevé mes empreintes sur la machine électronique, je peux donc entrer sur le territoire et continuer le trajet en bus.
Après avoir passé la fin de la nuit sur la route, le bus entre dans la capitale de l’Ouganda, au petit matin. Il est 7h00 du matin quand je m’installe sur les bancs de la station de bus. J’attends un peu, en ce dimanche matin, avant de contacter Herbert, Couchsurfeur, chez qui je dois passer quelques jours. Je suis surpris d’avoir une aussi bonne connexion internet dans ce pays. Surtout qu’il s’agit d’un service de wifi gratuit pour les clients. J’en profite! Cela me permettra plus tard de vivre une expérience très sympa… Vous voudriez en savoir plus, n’est-ce pas? Désolé mais il va falloir prendre votre mal en patience, dévorer les prochaines lignes et prochains paragraphes, avant de découvrir ce dont je veux vous parler…
Après mon coup de fil, Herbert arrive finalement à la station de bus à 9h30. En ce dimanche matin, les rues de la capitale sont très calmes. Prenant un «Taxi», moyen de transport local (appelé «Matatu», au Kenya, et «Dala Dala», en Tanzanie), 20 minutes seulement nous serons nécessaires pour rejoindre son appartement. Il s’agit d’une dépendance d’une grande maison. Il possède une chambre, une salle de bain et un grand salon qui sert aussi de cuisine et de chambres pour les inviter. Herbert est installé à Kampala depuis moins d’un an. Il est originaire du Kenya, où sa famille vit encore, près de Nairobi. Il est venu s’installer ici pour une opportunité de travail. L’entreprise, qui l’emploie, est une société de conseil dans le domaine agricole. Je ressens immédiatement une bonne connexion. Je pense que je m’apprête à passer un moment très agréable en sa compagnie.
En fin de matinée, nous rejoignons un de ces amis, ougandais et couchsurfeur aussi. Il est accompagné de Diego, un espagnol, en vacances dans le pays. Il travaille pour une ONG au Congo. Après avoir fait le plein d’essence, nous décidons d’aller nous promener dans les environs. Nous nous arrêtons dans un petit restaurant local pour le déjeuner. Je goûte le plat de résistance principal, quasi quotidien pour la majorité des Ougandais ; le Matoke. Il s’agit de bananes plantains. Ils les cuisent pendant un long moment, afin d’en obtenir une sorte de purée très dense. Nous mangeons cela avec d’autres légumes tel que du potiron, du chou, des pommes de terre, et de la viande. Après cette première introduction culinaire, nous visitons un temple Bahia. Je n’avais jamais entendu parler de cette religion auparavant. Pourtant des temples sont présents aux Etats-Unis, Inde, Panama, Chili, Australie et Allemagne. Ils s’affirment comme une religion internationale indépendante, qui se dit humaniste dans ces principes et sa dynamique, scientifique dans ces méthodes, avec une ouverture d’esprit très large… Ils s’affirment comme les disciples de l’actuel messie Bahia, ou dieu, qui ne fait que perdurer la tradition de ces prédécesseurs (Jésus Christ, Mohammed, Shiva,…). Leur temple est ouvert à toute personne quel que soit son passé, sa religion, sa nationalité ou sa couleur de peau. Les discussions, que nous avons avec des fervents pratiquants, en charge de la visite et de la promotion de leur religion, sont intéressantes et constructives.
Nous voulions ensuite nous rendre sur les bords du lac Victoria, un des plus grands lacs au monde, qui partagent ces rives entre l’Ouganda, le Kenya et la Tanzanie. Mais de gros nuages menaçants, et la présence de la pluie, où nous voulions nous rendre va nous en dissuader. Nous passons donc directement à l’étape suivante, concernant cette journée qui se voulait bien remplie. En ville, nous nous rendons dans un bar; dénommé Ice blue, pour y passer le reste de la journée. L’endroit est très sympa. C’est un grand espace ouvert qu’ils ont transformée en une sorte de plage de sable fin. Le temps passe très vite, entre discussions, bière locale (Nile), Beach volley par groupe de deux, et attente pour voir un fameux groupe local… Malheureusement nous sommes arrivés trop tôt dans l’après-midi. La fatigue nous a gagnées bien avant qu’ils n’arrivent. Nous décidons donc de rentrer chez Herbert à 23h00. Une fois encore, je suis heureux de gagner mon lit. Je ne demande pas mon reste, avant de m’écrouler de sommeil.
Lors de la deuxième journée, le Lundi 28 Juillet, c’est le jour de la fin du ramadan. Il est férié dans ce pays… Herbert ne travaille donc pas. Nous nous réveillons assez tard. Après avoir déjeuné, dans un petit restaurant local, des spécialités du pays, nous nous rendons au centre-ville, pour découvrir l’impressionnante concentration de magasins, de petites échoppes, sur plusieurs étages. Cela se passe au niveau de tous les immeubles sur plusieurs rues. Il y a aussi un marché, sous bâche, d’objets de secondes mains, de fripes, de fruits et légumes à bas prix… Nous achetons des fruits de la passion délicieux. Ils nous coûteront trente centimes le kilo. Je me régale une nouvelle fois avec tous ces produits exotiques locaux, ayant mûri sur l’arbre, et fraîchement cueillis… Le lendemain, par exemple, j’achèterais un ananas, de plus de 2 kilos, pour moins de 60 centimes.
Nous continuons de découvrir la ville. J’achète une Sim card pour mon téléphone. Puis, nous allons découvrir le quartier des administrations qui est accolé à ce quartier commercial. La différence d’atmosphère, qui y règne, est flagrante. L’agitation humaine a presque totalement disparue. La sobriété des bâtiments correspond parfaitement à la quiétude des rues. Le parlement, qui consiste en un bâtiment de style assez moderne, totalement rénové, en est un bel exemple. Le théâtre national est le dernier lieu visité, avant de rentrer chez lui. Nous y passons une soirée au calme. J’aime vraiment sa compagnie. Il s’agit d’une personne cultivée. Il a une grande ouverture d’esprit. Il est possible de parler, avec lui, de différents sujets variés. Le fait, qu’il aime le voyage et les différences culturelles, aide aussi énormément. Il est facile pour moi de constater la différence sociale qu’il y a avec d’autres locaux et donc les centres d’intérêts qui en découlent…
Le lendemain, il travaille. Je découvre donc, seul, les environs. Je me rends sur les rives du lac Victoria à seulement quelques minutes en mini van du lieu où il habite. Les paysages sont verdoyants. De nombreux oiseaux et échassiers occupent ces rivages, dont des pélicans que je vais pouvoir admirer en vol mais aussi regroupés sur les branches d’un grand arbre dénudé. Il y a quelques endroits naturels splendides à seulement quelques encablures de la capitale, de cette ville très animée, où les constructions humaines ont totalement dénaturés les paysages existant auparavant. Kampala est un vrai chaos, une concentration d’êtres humains agglutinés les uns avec les autres. Le modernisme essai de fleurir et d’embellir les lieux, mais souvent les rues sont peu ragoutantes, parfois dangereuses, avec des trous béants non sécurisés sur les trottoirs, des chauffeurs roulant très vite, trop vite, et étant peu regardant des piétons, du fait de mettre ou non en danger leur vie. Comme dans beaucoup de grandes villes dans le monde, l’ultra capitalisme est maintenant de rigueur. La société de consommation exacerbée, où tout est question de ventes, d’achats, de possession matériel, est belle et bien présente. Pourtant je me sens assez bien dans cette ville, qui présente aussi une certaine quiétude et garde un aspect d’une petite ville de province, si l’on considère nos standards occidentaux. Ce fut le cas en ce jour férié, la veille, où l’affluence n’était pas à son apogée, ou lors de cette journée sur les bords du lac. J’aime le fait que, chez mon hôte, il y a un accès facile à la nature, à moins de 5 minutes en transport en commun. Je ne resterais pas de longues semaines à Kampala non plus, mais j’entrevois de nombreux aspects positifs. Je préfère toujours la nature en voyage, plutôt que les milieux citadins. Surtout, quand les villes ne sont pas chargés d’histoire, comme c’est le cas en Afrique. Elles sont alors toutes plus ou moins similaires. Mais, pour une fois, dans une grande ville de ce continent, je ne ressens pas cette oppression qui m’avait fait quitter rapidement Dar-Es-Salaam, qui m’avait juste donné envie d’une courte visite à Arusha, avant de revenir dans la propriété protégée des parents de Lucy.
Un dicton national dit «qu’une personne n’est pas venu en Ouganda tant qu’elle n’a pas goûtée les deux repas typiques; que sont le Matoke et le Rolex. J’ai déjà plusieurs fois testé le premier que je trouve d’ailleurs relativement bon. Je vais donc ensuite goûter le second pour la première fois, lors de mon séjour à Kampala. Le Rolex consiste en un grand chappattis, cuit séparément d’une omelette avec tomate, chou et épices. Les deux sont ensuite regroupés lors de la cuisson finale et dégustés ensemble. J’aime beaucoup ce deuxième met aussi. Je peux alors dire que j’ai visité l’Ouganda, non ?! Pourtant j’ai envie d’explorer un peu plus ce territoire et de découvrir d’autres merveilles. Après ces quelques jours passés chez Herbert, je décide donc de prendre la route… Ceux ne sont pas des adieux avec ce dernier. Je vais repasser par la capitale du pays et nous avons prévu de faire un petit périple ensemble…
Après un réveil matinal, un taxi pour me rendre en ville, je trouve un bus qui part dans la direction souhaitée, en avant vers l’Ouest. Je pense faire un premier stop dans la ville de Fort Portal, pas très loin de la frontière avec la République démocratique du Congo. Lors du voyage, je découvre de magnifiques paysages changeants. Je peux admirer de nombreuses plantations de bananes et de thé. Je trouve que ces dernières embellissent le paysage, en lui donnant des formes harmonieuses et lisses. Cela me rappelle aussi notre périple en train avec l’Akilifamily au Sri Lanka. Que de souvenirs qui me reviennent alors à l’esprit… A chaque arrêt du bus pour laisser ou prendre des passages, des dizaines d’Ougandais se présentent à nous, pour essayer de nous vendre des boissons, de la nourriture, des denrées alimentaires en grandes quantités. Ils se précipitent aux fenêtres et insistent fortement pour que nous leur achetions leurs produits. Certains me font un accueil spécial en tant que Mzungo. Il est très souvent chaleureux et il se termine avec le sourire, même si je ne leur achète rien.
Je ne vais finalement pas m’arrêter à Fort Portal. En effet, mon objectif était de me rendre près du massif des Rwenzoris. Ceux sont des montagnes dépassant les 5000 mètres. La région est réputée comme une des plus belles du pays. J’aimerais donc l’explorer. Or la porte d’entrée de ces montagnes et cette région est la ville de Kasese, au Sud. Le même bus y part directement. Je ne descends donc pas de ce dernier. Après m’être installé en ville, je trouve un centre d’information, qui est plutôt une agence touristique qui organise des excursions. Je demande des renseignements, concernant la possibilité de me rendre dans le parc National des Rwenzoris. Le prix d’entrée dans le parc national est un peu moins important que les prix exercés par ces deux voisins Kenyan et Tanzanien. Mais en ajoutant tous les coûts de transport, de nourriture, de l’accompagnement d’un guide et d’un cuisiner, et en l’ajustant à un prix journalier, il serait plus cher pour moi d’escalader une de ces montagnes que de gravir le fameux Kilimandjaro. C’est de la folie! De plus les photos dans les locaux de cette agence ne me donnent vraiment pas envie de visiter des lieux, qui semblent quelconque… Non, je ne suis pas blasé. C’est un bon moyen de me raisonner et de me dire que je ne passe pas à côtés de quelque chose d’exceptionnel. Comme dans la vie de tous les jours, lors d’un voyage au long cours, il faut savoir faire des choix. Je savais avant de venir en Ouganda que les prix pour toutes les visites touristiques seraient très chères, autant que pour ces deux fameux voisins, voir même plus.
Peu importe, je suis arrivé jusqu’ici et j’ai envie de découvrir un peu la région. Je pars me promener dans les alentours. Malheureusement, les nuages stagnant à mi-hauteur, stockés au niveau des montagnes, m’empêcheront, pendant les 2 jours sur place, d’admirer les sommets avec la neige éternelle, contrastant avec les forêts assez arides ou verdoyants, selon les versants, de ces paysages équatoriaux. En direction du parc national, en bord de route, je découvre comment vivent des locaux. Après avoir discuté avec son père, un jeune garçon m’emmène pour me montrer la rivière près de chez eux. Les enfants s’y baignent et s’y lavent. Les femmes y lavent leur linge. De nouveau, sous les ordres de son père, il me conduit dans 2 endroits très sympathiques. Il me montre où se trouvent des sources d’eau chaudes, qui jaillissent du sol et qui ont été aménagées. La première a été conçue pour les touristes. Il n’y a aucune personne. Je profite donc du calme, des bulles et de la chaleur de l’eau, de son effet miroir, en toute tranquillité. Nous arrivons ensuite à une deuxième, plus simple, où se trouvent les locaux. En ce samedi après-midi, de nombreuses personnes sont présentes. 3 hommes vont «se jeter» sur moi sans que je comprenne vraiment ce qui m’arrive. Ils me demandent de me diriger vers le bassin, ils commencent à me laver, me masser,… Je ne prends pas vraiment de plaisir. C’est trop de personnes essayant de prendre soin de moi. Je ne suis pas vraiment à l’aise avec ce genre de comportement. Je ne prends pas de plaisir, surtout qu’il s’agit que d’hommes. Je leur fais comprendre que je ne souhaite pas que cela continue. De plus, bien sûr, Ils veulent faire de leur mieux en m’offrant leur service, dans le but que je les paie après… Même si je n’ai pas eu mon mot à dire, je leur laisserais donc quelques pièces, pour le geste. Des locaux utilisent leur service. Ils semblent apprécier les bienfaits de l’eau chaude accompagnée par des massages provenant de la main de ces hommes. Je quitte alors l’endroit, laissant le petit garçon qui veut profiter de ces sources d’eau chaude. Je continue mon ascension de ces collines. Elles déterminent les contreforts, la zone de transition entre les plaines et ces montagnes d’altitude élevée. Je n’atteindrais jamais la frontière du parc. Je décide pourtant de redescendre car la fin d’après-midi arrive à grand pas. Sur le chemin du retour, je m’arrête au niveau de petits stands pour acheter des avocats, des bananes, à un prix modique. Ils sont bien moins élevés, pour les mêmes produits, que les prix pratiqués dans la capitale.
Il est possible de bien vivre, à un prix raisonnable, même en tant que visiteur dans ce pays. Il suffit de s’approcher au plus proche de la vie des locaux. Le soir même, je dors à l’hôtel. Là aussi, je minimise les coûts pour un confort plus qu’acceptable. Je dors dans un hôtel local, près de la station de bus. Je paie à peine 3 euros, pour une chambre avec lit double, une literie propre et confortable, une moustiquaire. La serviette et le savon sont aussi fournis. Pour ce prix, je n’ai pas une chambre avec ma propre salle de bain ou toilettes, mais cela ne n’importe peu. Surtout que les sanitaires communs sont très propres et que je serais le seul à les utiliser, pendant les 2 jours. Je passe les 2 soirées au calme, alors que je peux entendre certains locaux qui vont la fête jusqu’à très tard dans la nuit.
Le deuxième matin, je me lève tôt pour continuer mon périple. Après avoir facilement trouvé une de ces camionnettes de transport local, je dois, à mes dépends, attendre assez longtemps à la station de bus pour que cette dernière se remplisse. J’en profite alors pour prendre mon petit-déjeuner à base de chappattis... Nous partons après plus d’une heure d’attente. Le chauffeur tourne encore de longues minutes dans la ville avant finalement de prendre la route. En me rendant à Kampala, j’avais coupé la ligne virtuelle de l’équateur pour retourner dans l’hémisphère Nord. Descendant en latitudes, pour continuer à visiter ce pays, je repasse alors dans l’hémisphère Sud. Hémisphère que j’ai retrouvé, après mon retour surprise en France, en atterrissant en Tanzanie, il y a à peine 2 mois. Je m’amuserais à enjamber, virtuellement parlant, l’équateur, plusieurs fois, lors des prochaines semaines.
Nous franchissons cette ligne mythique, séparant notre planète en deux hémisphères, juste avant la traversée du Parc National Queen Elisabeth. C’est une chance inouïe. En effet, cette route coupe le parc. Elle traverse de magnifiques paysages du Nord au Sud, coupant le parc en deux parties; l’Ouest avec le lac Edward et l’Est avec le lac George. Sans payer un prix encore exorbitant de ces parcs nationaux, je vais pouvoir voir des Buffalo, gazelles, antilopes, phacochères, babouins, un éléphant avec son bébé, et de nombreux oiseaux… J’ai donc la chance d’avoir le goût et l’excitation d’un mini-safari gratuit. Je partage l’expérience avec les locaux. Ils me préviennent à chaque fois qu’ils voient des animaux. En sortant du parc, nous allons continuer de traverser de beaux paysages vallonnés, avec des lacs, des plantations de thé et de bananiers. La végétation est changeante au cours de ce périple. Les arrêts dans les petits villages me permettent de prendre encore un peu plus conscience de la vie locale. Il est assez aisé de comprendre pourquoi cette destination est actuellement une des favorites pour les volontaires et les projets de NGO. L’Ouganda ne sait pas encore complétement remise de l’image laissée par la très médiatisée terreur qui a régné pendant des années sous les dictatures de Idi Amin et Milton Obote. Mais comme beaucoup de pays, ayant connus des années de répressions, de sévices, de manque de liberté, les populations semblent profiter un maximum de l’acquisition de nouveaux droits, du respect de leur intégrité en tant qu’humain. Même s’ils vivent avec très peu, ils semblent heureux. Ils partagent ce bonheur. Ils sont certains des individus les plus chaleureuses et accueillantes que j’ai pu rencontrer. Beaucoup sont heureux de parler avec moi, d’échanger sur nos deux pays et d’en savoir plus sur mon voyage. L’Ouganda est une vraie fenêtre ouverte sur la vie Africaine. La facilité de communication, permise par un anglais très répandu dans le pays, va me permettre d’en savoir beaucoup plus sur la vie sur place.
Avant d’arrivée à ma destination finale, je dois faire un changement dans la ville de Mbarara, près du parc national du lac Mburo. Je voulais initialement y faire un stop pour un ou deux jours. Mais la grandeur de cette ville et les prix trop important des parcs nationaux m’en dissuadent. Je saute donc dans une nouvelle camionnette aménagé pour descendre un peu plus vers le sud. Après encore plus de 3h00 de bus, j’arrive à Kabale, ville de transit, très proche de la frontière avec le Rwanda. Il y a quelques années, je n’aurais pas pu venir dans cette région très dangereuse en raison du génocide du Rwanda (‘aurais voulu visiter le mémorial de ce génocide à Kigali, capitale du Rwanda. Mais je vais quelques jours plus tard lire un livre sur ce sujet et me recueillir à la mémoire de ces innocents morts en vain, en raison de la folie de certains humains et du fait que la communauté internationale n’est pas bougée le petit doigt) et des attaques militaires très nombreuses. Heureusement la paix est revenue, ces pays ont pu se reconstruire. Ils sortent petit-à-petit de cette période noire de leur histoire!
Je suis, alors près d’un lieu qui m’a toujours fasciné. Mais en cette soirée, je ne sais pas encore si je vais pouvoir m’y rendre. En premier lieu, je trouve un hôtel pas cher alors dans le centre-ville. Aucun touriste ne reste sur place. Ils partent habituellement directement au lac Bunyonyi, à 10 kilomètres de là. Je le ressens dès la sortie du bus alors que de nombreuses motos taxi me proposent de m’y emmener. C’est finalement un local ,qui a vraiment insisté pour m’accompagner, qui me trouve cette chambre au prix que je souhaitais. Il est plus de 16h00 et je n’ai pas mangé depuis le matin. J’achète donc un Rolex auprès d’un jeune très accueillant et souriant. Sans le savoir, je viens de faire le bon choix en m’arrêtant dans cette ville. L’initiative de visiter la ville va se révéler payante. Sur un des axes principaux, je trouve une agence vendant les services d’un hôtel pour touristes en sac-à-dos, n’ayant pas des moyens financiers très élevés. En effet, les prix sont incroyables pour la région, endroit unique au monde, où je rêve de me rendre. Même si j’ai trouvé l’option la moins chère, je ne suis pas sûre encore de sauter le pas, de réserver pour plusieurs jours. La personne présente au bureau est le propriétaire du lodge. Je lui dis donc que je vais réfléchir à sa proposition, prendre une décision dans la soirée ou en début de matinée. En effet, un départ est prévu le lendemain après-midi. Cela me permettrait de ne pas payer le trajet aller-retour. Il ne me reste plus qu’à me décider et savoir si je suis prêt à dépenser une telle somme ou non… Je rentre ensuite à mon hôtel pour y passer la nuit. Ceux sont deux sœurs qui tiennent la gérance de l’hôtel. Elles sont chaleureuses. Elles m’offrent de venir jouer avec elles et une de leur amie, au billard. Je passe alors une soirée très sympathique en leur compagnie.
J’ai pris ma décision dans la soirée. Je veux me rendre dans cette région unique. Je réserve donc auprès de Seith, le propriétaire de Bwindi Backpackers Lodge, le lendemain matin. Je lui paie l’intégralité du séjour, je dépose mon sac-à-dos dans ces locaux puis je pars explorer la région en attendant le départ en fin de journée. Je me rends, à pied, pour découvrir le fameux lac Bunyonyi. Après être sorti de la ville, je traverse des paysages de montagnes. Je constate encore une fois la différence de niveau de vie incroyable, entre les différentes couches sociales. Aucune comparaison n’est possible entre le propriétaire d’un ressort pour touristes, ou des riches locaux, qui se déplacent, à toute vitesse, sur ce chemin de terre avec un 4x4 Mercedes flambant neuf, et les locaux vivant une vie simple, qui consiste même parfois à de la survie. Le contraste est frappant, surtout quand j’arrive au niveau d’une mine à ciel ouvert. Il s’agit de l’extraction de pierres. Je constate alors que des enfants y travaillent avec des piolets. La plupart sont vêtus de vêtements rapiécés et sales. Pour assurer un revenu minimum, toute la famille doit travailler, augmentant ainsi les revenus de manière signifiante mais empêchant les enfants d’avoir accès à la moindre éducation, et donc de pouvoir sortir d’un cercle vicieux, où ils resteront «les esclaves» d’une société se modernisant. Ces familles n’ont rien. Pourtant elles m’accueillent très chaleureusement avec une fraternité qui me fait monter les larmes aux yeux. Ils n’ont pas l’habitude de voir un «Mzungo» marché. La surprise est aussi grande pour eux que pour moi. Encore une fois, je pourrais avoir le sentiment d’être une vraie star. Les adultes me saluent. Ils me demandent comment je vais. Les enfants crient dès qu’ils me voient, courent vers moi, veulent me saluer! Mais je reste humble et prend conscience de leur quotidien. Cela ne me fait aucunement rêver ou je ne chercher pas à me mettre en valeur... Malheureusement, il y a aussi «le revers de la médaille» de leur côté. Aussi bien des adultes que des enfants ont seulement, comme moyen de communication, ces deux phrases «Muzungo, good morning, how are you ?» mais aussi «Give me some money!» («Donne-moi de l’argent!»). Souvent ils ne ceux sont même pas présenté ou ils ne m’ont pas salué. Je leur réponds toujours, en anglais, qu’ils ne devraient pas me demander cela, qu’ils pourraient, au moins, avoir la politesse de se présenter.
Même si cela se reproduit plusieurs fois, j’en fais très vite abstraction pour voir les bons aspects de cette ballade. Je découvre leur mode de vie. Je vois des personnes s’afférer, habiller sur leur trente et un, pour se rendre à l’église. Les enfants ont le sourire. Ils jouent pourtant avec des jouets basiques tels qu’une roue qu’ils poussent, ou des vélos, tout en bois, pour descendre les fortes pentes de la région.
Après une heure et demie de marche, depuis les hauteurs des collines, je vais découvrir un splendide panoramique sur ce lac aux formes très complexes et belles. Il y a de nombreuses petites îles qui en font un lieu unique. Même si c’est différent, cela me rappelle la vue du Cerro Campaneiro, près de Bariloche, au Chili, quand je voyageais avec Karine… Après avoir arpenté les hauteurs des collines environnantes, je descends au niveau du rivage du lac. J’y découvre une végétation différente. De nombreux petits oiseaux, très colorés, profitent aussi de l’écosystème... Je marche pendant plus de 2h00 avant d’entreprendre mon retour en ville pour être sûr d’y être à l’heure. Alors que je marche en bord du chemin principal, trois jeunes ougandais, en charge d’une association de volontaires néerlandais vont me proposer de me ramener jusqu’au centre-ville de Kabale. J’arrive donc beaucoup plus tôt que prévu. Mais, encore une fois, faire des efforts physiques m’a fait et me fait du bien, me permet de faire de belles rencontres comme ces locaux à l’allée et ces chargés de volontaire au retour.
Arrivée bien avant l’heure de rendez-vous, je m’installe dans la salle de restaurant d’un hôtel pour utiliser du courant électrique et profiter d’internet qui ne fonctionne finalement pas. Je suis à 16h00 devant son bureau. Je vais, plus que jamais, expérimenter ce que tout le monde appelle «le temps africain». En effet, nous ne partons pas à 16h00 mais à 19h30. Cette fois-ci, ce n’est pas la faute du propriétaire mais du client, arrivant de Kigali. Il a eu de nombreux problèmes avec les moyens de transport qui n’étaient pas présents ou en retard. Il débarque fraîchement d’Afrique du Sud. Il ne prévoit de passer qu’un jour sur place, avant de repartir dans ce pays, où il travaille… Parfois, certaines personnes, pour réaliser un de leur rêve, sont prêtres à concevoir de nombreux efforts. Cela m’inspirera peut-être pour les jours à venir…
Nous partons donc au lodge qui se trouve en bordure du Parc National de Bwindi que l’on surnomme aussi la forêt impénétrable. Cette forêt est le lieu de résidence d’un animal unique. De nombreux mythes et scénarios cinématographiques ont été inventés et développés en son honneur, avec ce dernier en tête d’affiche. Sa réputation de force et d’animal puissant n’est plus à faire… Pourtant, je ne sais pas encore si j’aurais la chance de le voir!
En arrivant sur place, Je fais la connaissance d’Hannah et Madeleine, deux amies allemandes en vacances d’été, et de Wesley, un Australien, en projet humanitaire dans plusieurs pays d’Afrique, en vacances pendant 10 jours en Ouganda. Après un bon repas bio, nous finirons la fin de soirée autour d’un feu de bois, dans un salon énorme qui occupe tout le premier étage du lodge, et qui est totalement ouvert sur l’extérieur. Les dortoirs et les chambres sont aussi spacieux et très propres. La literie est confortable. Nous avons accès à des douches avec de l’eau chaude, produite par combustion de bois…
Mes attentes étaient grandes concernant ce lieu mythique pour moi. Je suis en premier lieu déçu. Je pensais me retrouver au milieu de nulle part, en pleine jungle. Mais à la clarté du jour, au réveil, le lendemain matin, je ne peux que confirmer ce que j’avais cru entrevoir la veille dans la nuit. Le lodge est bien en bordure du parc, sur une colline avec une magnifique vue plongeante sur Bwindi. Nous sommes néanmoins, près de nombreuses habitations locales, au bord d’un chemin de terre fréquenté par de nombreux ougandais… Mes envies de vivre tel que Tarzan s’évanouissent alors. Je suis un peu déçu, de ne pas me retrouver en pleine forêt tropicale mais de seulement pouvoir l’admirer depuis le balcon du lodge. Cela me fait tout de même prendre conscience pourquoi et comment des lieux uniques dans le monde peuvent être très facilement menacés par l’activité humaine et les besoins de subsistance des populations. En effet, si ce parc national n’avait pas été déclaré zone protégé, peut-être que la déforestation l’aurait totalement rayé de la carte. Quoi qu’il en soit, même si la situation est stable, le combat est permanent pour conserver ce patrimoine mondial. Le livre, que je vais découvrir sur une des tables du salon du lodge, porte, je trouve très bien son nom: «Le royaume menacé des gorilles de montagne» dans la forêt impénétrable de Bwindi… C’est en effet un rêve de voir ces gorilles dans leur habitat naturel, seul lieu où ils subsistent avec les deux autres parcs à la frontière de ce pays, au Rwanda et dans la République démocratique du Congo. Encore une fois, je trouve très particulier le fait qu’ils n’ont jamais survécus en captivité. Ils sont donc pour moi très spéciaux. Je rêve de les voir et de passer du temps avec eux. C’est possible mais pour cela il faut en payer le prix, 600 $US, pour la journée. Je ne suis pas prêt à payer ce prix. Lorsque j’avais signé pour venir au lodge, le propriétaire m’avait dit, que si j’étais chanceux, je pourrais les observer en dehors du parc. Il m’a promis que ces derniers étaient vus parfois à proximité du lodge, même si ce fait était rare. Il ne m’a pas menti mais il ne m’a pas dit totalement la vérité… je vais découvrir cela au cours des prochaines heures passées dans les environs.
La journée vécue sur place me permet de vite relativiser concernant ma déception pour la localisation du lodge. Je profite des aspects agréables des lieux. Cette région est réputée pour son brouillard quasiment constant. C’est le cas encore lors de cette matinée. Cela me permet alors d’assister à un lever de soleil magique avec des couleurs changeants continuellement et des nuages de bases altitudes, qui se déplacent rapidement modifiant, à chaque seconde, le paysage. La plupart du temps, tout de même, nous restons au-dessus de la mer de nuages. Avec un guide local, nous partons découvrir les environs et faire les activités prévus pendant le séjour et incluse dans le prix. Malheureusement, les autres personnes présentes ont déjà faits les activités auxquelles je prends part. Je ne peux donc pas partager ce moment avec eux. Nous commençons par une première promenade qui va nous conduire au lieu-dit «Top of Heaven». Il s’agit d’une colline surplombant les environs. Nous devrions être capable d’avoir une vue imprenable, être capable de distinguer très nettement 3 fameux volcans qui sont le point de rencontre et la frontière entre 3 pays; La république démocratique du Congo, le Rwanda et l’Ouganda. Mais la brume matinale ne s’est pas complétement dissipé. Nous n’avons pas une vue dégagée pour voir aussi loin. Nous attendons plus d’une demi-heure au sommet en espérant que la situation change, sans résultat. J’en profite pour manger quelques mûres, observer les environs, pendant que mon guide discute avec une de ces amis. Peu importe, je n’ai pas envie de passer toute la journée sur place. Nous allons donc commencer à redescendre dans la vallée. Je peux admirer des paysans cultivés diverses céréales, sur les pentes ardues de ces collines. J’observe les bergers déplacer leur troupeau pour qu’il puisse paître autant que nécessaire. Nous sommes seulement au milieu de la matinée. Je ne le sais pas encore mais nous attaquons déjà la deuxième activité et la dernière prévue pour la journée.
Nous nous rendons à une cascade! J’aime le chemin que nous empruntons. Il passe à travers des zones de forêts primaires intouchées. Nous pouvons y admirer de nombreux oiseaux et papillons. J’ai enfin le sentiment d’être arrivé dans les lieux que je désirais visiter. Nous atteignons finalement la cascade, d’une dizaine de mètre de haut, qui se trouve dans un cadre verdoyant. Je me baigne dans le bassin d’eau glacé, surplombé par cette dernière. Je n’y resterais tout de même pas très longtemps. Je suis ravi ensuite de pouvoir sécher au soleil, qui est haut dans le ciel, qui me permet donc de me réchauffer très rapidement. Après avoir profités des lieux, nous finissons la boucle qui nous ramène au lodge. Il est seulement 13h00 et je n’ai plus d’activités de prévus dans la journée. Cela me permet tout de même de prendre mon repas avec mes 3 compagnons présents au lodge. Je découvre aussi mon premier caméléon femelle, qu’Hannah à sur son bras quand je les rejoins. Je trouve vraiment cet animal fascinant. Je passe du temps à l’admirer avant de gagner la salle à manger. Wesley me dit ensuite qu’il a ramené aussi un mâle, à trois cornes. Nous allons le retrouver dans les arbres bordant la propriété. Avec Wesley, nous passons de nombreuses minutes avec lui. Nous nous le passons de main à main. Nous le laissons ce promener sur notre corps et nos vêtements.
Mes 3 compères n’ont aucune activité de prévu non plus dans l’après-midi. Mais ils sont présents sur place depuis presqu’une semaine. Ils veulent tous se reposer avant une journée bien chargée le lendemain. De mon côté, j’ai besoin de faire quelque chose. J’ai une idée bien précise derrière la tête. Depuis le début de matinée, mon cerveau est en ébullition. La frustration est énorme de se trouver dans ces lieux et de ne pas partir randonner, avec un petit groupe, à la recherche d’un groupe de gorilles des montagnes. Je ne me vois pourtant pas payer ce prix exorbitant pour seulement une journée… Je ne me résous pas à franchir le pas de réserver pour faire ce trek. Mais je n’ai pas envie d’abandonner ce rêve fou de pouvoir admirer ces animaux fascinant, de vraiment entrer dans la forêt de Bwindi, surnommée «l’impénétrable»! En milieu d’après-midi, alors que l’on me l’a formellement interdit, je descends en direction du parc national. Seith nous a dit de ne pas le faire seul pour éviter toutes tentations. Il n’y a pourtant aucune contre-indication, tant que l’on n’entre pas dans Bwindi. J’ai un peu de difficulté à trouver un endroit où entreprendre la descente. Je trouve finalement un petit chemin qui me mène à un village. Je descends rapidement de plus de 500 mètres d’altitude. Puis j’y arrive. Encore une fois, même si de nombreux touristes visitent la région, ils sont parqués dans les grands hôtels. Ils visitent, en une journée ou deux, Bwindi avant de repartir vers de nouveaux horizons. Les habitants qui ne se trouvent pas près des hôtels de luxe, ou lodge ne sont jamais en présence de Mzungo. Ils sont donc tous surpris de me voir. Encore une fois, il est impossible de passer incognito. Les personnes sont très sympathiques. Elles ne voient aucun problème que je demande la direction pour aller dans la forêt. Des enfants me suivent et ils désirent m’y accompagner. Je n’y vois aucun inconvénient, bien au contraire, car ils connaissent très bien les lieux. Je suis vraiment stupéfait de voir qu’il y a des plantations agricoles jusqu’au bord du parc. Ces terres fertiles sont propices aux plantations. Le soleil et la pluie très présents dans la région font le reste. Il est compréhensible que les locaux ont donc voulu agrandir au plus leurs terres cultivables. Il est tout de même nécessaire de trouver la meilleure cohabitation possible entre les intérêts des ougandais et la pérennité de la nature, de ce lieu unique, de la préservation de la faune et la flore.
En attendant, après avoir dégringolés les derniers mètres de descente, en courant, nous arrivons à la lisière du parc national de Bwindi. Nous nous enfonçons très rapidement dans la forêt. Cette expérience se révèle extraordinaire. Je suis les petits qui se faufilent à travers les arbres. Nous trouvons quelques passages de personnes ayant déjà empruntés ce chemin. Ils ne sont pas bien marqués du tout. Ils s’effacent rapidement laissant place à un mur végétal dense et compact. Nous nous perdons rapidement dans une forêt très dense. Un garçon un peu plus âgé, parlant très bien l’anglais, nous a rejoints. Je peux alors obtenir de nombreuses informations. Je comprends très vite que je n’aurais pas la chance d’admirer les gorilles dans cette partie de la forêt à cette époque! Ils ne sont pas dans les environs. Ils descendent, sur ce pan de la montagne, près des habitations, seulement lorsque la nourriture est un peu plus rare, ou qu’ils peuvent déguster certaines cultures produites par les humains. En attendant, ils sont loin! Le jeune me confirme qu’il est possible d’admirer les gorilles, en dehors du parc, parfois près des habitations, même au lodge comme me l’avait dit Seith, mais pas maintenant! Il m’a fait miroiter quelque chose de très rare au cours de l’année et impossible maintenant! Peu importe, j’en ai maintenant la certitude. J’ai essayé toutes les options possibles pour avoir la chance d’admirer ces animaux exceptionnels, sans passer par ces expéditions journalières organisées par l’état Ougandais. Je vois maintenant clair. Après avoir retourné la question dans tous les sens, je viens de trouver une libération totale de mon esprit. Je sais que je veux réaliser ce rêve, peu importe le prix que cela me coûtera financièrement parlant. Mais cela sera-t-il encore réalisable?
Quoi qu’il en soit, à l’instant présent, je me trouve dans cette forêt impénétrable avec ces enfants. Descendant vers une rivière, nous trouvons certains points de vue dégagés qui me permettent de prendre conscience de la beauté des lieux et du caractère exceptionnel de cette forêt primitive! Nous rejoignons ensuite ce cours d’eau qui magnifie ce coin du parc national de Bwindi. Puis des bruits, des cris vont se faire de plus en plus intenses, ils se rapprochent de nous… L’ambiance est très particulière! Nous sommes plongés dans leur territoire et ceux sommes nous les intrus. Il s’agit de chimpanzés qui ont des cris très stridents et puissants. Nous allons furtivement pouvoir en admirer quelques-uns entre les branches… Me voici, en visu, avec les animaux qui sont génétiquement le plus proche de l’être humain. Une belle rencontre même si elle ne dure que quelques secondes!
La nuit commence à tomber! Le ciel est de plus en plus menaçant. Après quelques minutes, à se frayer un chemin à travers «Bwindi», nous ressortons de son antre et nous retrouvons les champs des paysans locaux. C’est à ce moment que la pluie décide de commencer à tomber. Ce n’est que quelques gouttes! Je m’empresse tout de même de remercier et de dire au revoir à mes petits compagnons de marche, dans ce lieu unique. Puis je prends le chemin du retour. Je me sens volés à travers ces paysages sublimes. Les odeurs, l’aspect visuel, les sons des oiseaux et des chimpanzés, qui résonnent dans toute la vallée, magnifient les lieux et le moment vécu. Je suis heureux et décider à réaliser mon rêve!
Seul Wesley est présent au lodge quand j’y arrive finalement. Il a décidé, le lendemain, d’aller faire une marche en forêt, pour 100 $US, avec une possibilité de voir les stars de la forêt, mais sans aucunes certitudes! De plus, comme ce n’est pas le but de ce parcours, il n’aura pas le droit de rester avec eux… J’élimine directement cette solution. Seith n’est pas présent à l’auberge. Il ne doit rentrer qu’en soirée. J’espère qu’il est encore possible de réserver pour le lendemain. Les minutes s’égrènent et finalement les heures passent!
Beaucoup de paramètres semblent plaider en ma défaveur pour la réalisation de ce projet! Nous sommes en pleine période touristique. Les places sont chères pour l’obtention d’un permis pour découvrir les gorilles dans leur habitat naturel, ce royaume menacé qui est le seul lieu où ils survivent encore. De plus, il me faut la somme de 600$US en liquide. Je n’ai en ma possession que 80$US. Nous sommes très loin de la première ville et de la première banque avec un distributeur de billets. Cela se trouve à plus de 45 minutes de route. Il fait nuit noire et Seith arrive à plus de 20h00 passée. Après qu’il est réglé différents sujets avec ces employés et Wesley, qui lui avait demandé de l’argent, pour son tour, je peux me l’accaparer. Je lui énonce immédiatement mon envie de prendre part à cette expérience unique. Je lui demande si des solutions existent pour m’y rendre dès le lendemain avec Hannah et Madeleine. Il n’est pas contre. L’idée ne lui semble pas totalement saugrenue. Il pense qu’il est possible encore de trouver une place pour moi. En revanche, la question financière se pose.
Contre toute attente, une accumulation de petites choses va alors jouer en ma faveur, me permettant de croire que je suis alors la personne la plus chanceuse sur cette planète! Pourtant, cette chance se provoque! Elle se vit à 200%. Seith a toujours un petit pécule avec lui en dollars pour palier à tout imprévu. Cela n’est pourtant pas suffisant. Il n’a que 200 $US. Il me manque alors plus de la moitié de la somme requise.
Il me propose alors de rester plusieurs jours en plus, d’aller chercher l’argent quand il redescendra les autres convives et de prendre part à cette journée avec les gorilles dans quelques jours. Je ne veux pas car j’ai un rendez-vous avec Herbert, à Kampala, dans quelques jours. De plus, financièrement cela reviendrait à augmenter encore drastiquement le prix de mon séjour car le prix de la journée dans son auberge est largement au-dessus de mon budget moyen quotidien. La deuxième solution serait de m’emmener, immédiatement, à la ville la plus proche pour retirer l’argent manquant, en contrepartie d’un paiement assez important pour son service et sans la certitude encore de prendre part au trek avec les gorilles. J’ai franchi le pas de dépenser une somme d’argent importante afin de réaliser ce rêve mais je ne veux pas encore en augmenter le coût. Je demande alors à mes compères lors de ce séjour s’ils auraient un peu d’argent à m’avancer. Il s’agit de 320 $US. Je ne connais pas beaucoup de jeunes voyageurs qui se promènent avec une telle somme, qui seraient prêt à prêter une telle somme à un étranger, qu’ils ne connaissent que depuis quelques heures. Mais cela ne me coûte rien de demander! Wesley n’a pas du tout d’argent. Madeleine est dans le même cas. C’est Hannah qui gère le budget pour les deux. Je coupe Hannah dans la lecture d’un livre, alors qu’elle se trouve assise sur une banquette dans le salon. Je me sens un peu gêner de lui faire cette demande. Je n’aime pas dépendre financièrement d’une personne et d’avoir des dettes envers elle. Mais dans ce cas particulier, je franchis le pas. Aussi improbable qu’incroyable, elle semble posséder en monnaie locale la somme requise. Quelques minutes plus tard, après vérification du montant en sa possession, elle me confirme sans hésiter qu’elle a la somme et qu’elle veut bien me la prêter… Je le suis alors redevable, non seulement d’une somme d’argent conséquente, mais aussi du fait que la flamme de ce rêve continue de briller. L’aspect financier n’est alors plus un problème. Il reste encore à confirmer qu’une place est disponible pour moi. Pourtant je n’aurais pas la réponse définitive, avant le lendemain, en accompagnant les 2 filles au départ du trek. Je m’endors tout de même le cœur léger, l’esprit libérer, croyant en ma bonne étoile, pensant que tout se déroulera comme si je vivais sur un petit nuage dans ce paradis terrestre!
Le lendemain, au réveil, l’excitation est dans les rangs. Avant le lever du soleil, nous prenons notre petit-déjeuner. Alors que le jour se lève doucement, que le soleil perce à travers les nuages, nous devrions partir pour commencer cette journée d’exception. Mais les éléments semblent encore une fois vouloir me barrer la route. Le 4x4 de Seith ne démarre pas. Heureusement que je me trouve avec Madeleine et Hannah qui ont déjà payées et réservées pour cette journée. Seith se doit de trouver une solution. Il a appelé un ami qui vient nous chercher avec un utilitaire. Nous voilà donc sur la route pour rejoindre le quartier général des gardes forestiers, d’où partent la majorité des groupes rendant visite à une ou l’autre des familles de gorilles. Ces dernières ont été habituées à la présence humaine pendant un cours lapse de temps dans leur journée.
Je réunis l’argent que je donne ensuite à Seith pour qu’il finalise ma participation avec les gardes nationaux de cette forêt primitive d’exception: Bwindi, «the impenetrable forest »! Très vite, il me confirme que tout est arrangé. Je peux prendre part à l’expérience. Quelques minutes plus tard, je vois un couple repartir, sans pouvoir participer à la randonnée avec les gorilles. Ils devront revenir ultérieurement car le quota quotidien est épuisé. Une fois encore tous les éléments se sont imbriqués parfaitement pour me permettre de réaliser ce rêve, avec un timing très serré et une décision normalement beaucoup trop tardive pour cette activité. Il ne me reste plus qu’à savourer pleinement les heures à venir…
Un garde forestier va prendre en charge le groupe de 8 personnes que nous sommes. Il y a un couple d’américain avec leur fille majeure, une anglaise, une personne habitant en Alaska, Hannah, Madeleine et moi-même. Nous sommes aussi accompagnés de deux militaires armés de mitraillettes pour nous protéger contre les animaux sauvages, tels que les éléphants. Nous ne partons pas du point principal mais nous rejoignons en voiture un autre départ. Après 30 minutes de route, nous stoppons les véhicules dans un petit village. La route s’arrête. Nous devons continuer à pied. Empruntant un chemin en terre, nous prenons petit à petit de la hauteur tout en restant sur des terres cultivées et tenues par des locaux. Cela va durer plus d’une heure, juste de quoi mettre en moi le doute concernant l’expérience que je m’apprête à vivre. Nous atteignons finalement la lisière de cette forêt impénétrable! Nous rentrons dans le vif du sujet. Instantanément, l’excitation reprend le dessus. Nous utilisons un chemin créé de toutes pièces par des êtres humains. Il est pourtant facile de prendre conscience de la densité de la végétation autour de nous. Sans ce chemin créé au cours des années passées par nos congénères, il nous faudrait des heures pour seulement avancer de quelques hectomètres. La préservation du milieu et l’instauration de Bwindi en tant que parc national a permis l’accès à ce milieu d’exception tout en préservant sa biosphère et ces habitants.
Plus les minutes passent, plus nous nous enfonçons dans Bwindi. Sur le chemin, nous découvrons des espèces de plantes et d’arbres endémiques. Il y a des champignons, de la mousse fluorescente sur les pierres. Nous observons les premières traces d’éléphants dans la terre. Il est quasiment impossibles de voir les oiseaux dans les feuillages très fournis des arbres, pourtant leurs chants embellissent le moment et créent une atmosphère relaxante…
Nous nous enfonçons encore plus dans la forêt! Voilà plus de deux heures que nous marchons quand nous nous tombons sur de grandes feuilles étalées sur le bord du chemin. Deux gardes forestiers sont partis en exploreurs pour retrouver la famille de gorilles, qu’ils avaient laissés la veille, à quelques encablures de là. Après les avoir rejoint, ils se sont reposé en attendant notre arrivée. Nous sommes donc sûrement qu’à quelques mètres de cette famille de gorille. Nous sortons du chemin et commençons à nous enfoncer dans la forêt et les hautes herbes. Personnellement, l’excitation monte en grade. Je suis juste derrière notre guide. Nous rejoignons rapidement les deux autres gardes forestiers. J’aperçois à travers les herbes hautes, le premier gorille. Il s’agit du mâle dominant du groupe, âgé de plus de 12 ans, il a le dos argenté. Il s’agit d’un «Silverback». Je ne l’aperçois que quelques secondes avant qu’il ne disparaisse dans les feuillages des plantes qui jonchent le sol. Nous sommes à proximité de l’ensemble du groupe qui est composé d’un mâle dominant, de deux jeunes mâles, de 4 femelles et de 3 bébés âgés entre 1 et 4 ans. Sans le vouloir, nous allons couper le groupe en 2. Nous suivons le mâle dominant et cela va se révéler payant pour l’observation de l’ensemble des tranches d’âges et sexes de cette espèce. Ils se déplacent assez rapidement après avoir senti notre présence. Même en étant au premier rang, je les aperçois seulement furtivement. Plusieurs membres de la famille s’arrêtent puis se déplacent de nouveau quand nous les approchons de trop près. C’est un peu la course poursuite pendant les premières minutes dans ces hautes herbes et végétation au sol, pouvant atteindre plus de 2 mètres de haut. Cela fait monter l’adrénaline. J’aimerais pourtant qu’ils stoppent un peu leur course en avant.
Les gorilles passent environ 30% de leur temps à manger, 40% à dormir, et les 30 derniers pourcents à se déplacer. En effet, les gorilles ne sont pas complétement territoriaux. Ils peuvent se déplacer rapidement, couvrir une longue distance au cours d’une journée, et avoir un terrain de jeu de plus de 40km2. Ils ont besoin de ce territoire car leur alimentation nécessite une grande variété de plantes, de feuilles diverses et de petits insectes. Après leur passage, un lapse de temps certains est nécessaire, pour permettre la régénération de la végétation. Il est donc nécessaire de conserver un territoire important pour qu’ils puissent survivre. Il reste moins de 800 individus sur toute la planète. Les gorilles de montagne conservent leur territoire ici en Ouganda, dans un parc divisé entre ce pays et le Rwanda, et finalement au Congo. Leur survie et habitat sont fragiles et ils doivent être conservés autant que faire se peut! Cet animal est majestueux. Un gorille adulte consomme environ 20 kilogrammes de végétation par jour, et un mâle au dos argenté jusqu’à 35. Ce dernier peut peser jusqu’à 227 kilogrammes (160 en moyenne) et 80 à 120 pour les femelles. Conserver cet habitat spécifique est indispensable pour la survie de cette espèce et le fait qu’elle ne disparaisse pas à jamais… J’aime l’idée qu’aucun de ces représentants n’ai jamais survécu en captivité! Cela renforce l’idée d’une liberté absolue pour cet animal. Je ne peux que me reconnaître dans ce besoin. Pourtant, dans notre monde actuel, cela menace encore plus la subsistance de cette espèce sur notre petite planète terre dont nous réduisons quotidiennement la diversité et la beauté…
Nous suivons toujours une partie de ce groupe de gorilles à travers cette dense végétation. Ils commencent petit à petit à réduire leur rythme. Ils s’arrêtent à de nombreuses reprises pour manger. Ils ont, je pense, maintenant, accepté notre présence. En séparant le groupe nous avons eu une chance inouïe. Trois femelles ont suivis le mâle dominant. Deux, d’entre-elles sont les mères de 2 petits gorilles de 1 et 2 ans qu’elles portent sur leur dos. Un bébé gorille pèse entre 1,4 et 2 kilogramme à la naissance (environ la moitié de la taille d’un bébé humain). Il est donc très vulnérable. Il reste très proche de sa maman pendant plus de 3 ans. Il va materner au moins jusqu’à 18 mois et cela peut atteindre 2 ans et demi. A partir de 2 mois, il commence à ramper, et dès 4 mois, il monte sur le dos de sa mère lors de leurs déplacements.C’est un vrai bonheur de pouvoir les admirer avec leur maman. Cette partie du groupe c’est habitué à notre présence. Nous pouvons maintenant les approcher de plus en plus près. Nous allons tour à tour pouvoir admirer les différents membres de cette famille. Ils dégustent tous les feuilles et les tiges de la végétation qui se trouve au sol. Pour cela, ils se posent sur leurs fesses. Nous pouvons les admirer faire de nombreuses mimiques, parfois comiques, et très souvent assez proches de comportements humains. Les caractéristiques partagées avec nous sont multiples, à commencer par un haut degré d’intelligence, un rapport social très complexe et structuré, des émotions parfois exacerbées et 5 sens très développés. Etre en leur présence dans cette forêt de Bwindi est un moment magique hors du commun. Nous nous trouvons à plusieurs reprises à moins de 2 mètres du mâle, ou d’une femelle avec son bébé. Ils sont très calmes et observent nos déplacements et nos comportements. Un rapport indescriptible s’est créé. Je n’en crois pas mes yeux. Je les observe avec intention, sans trop laisser paraître mon émotion et mon excitation. En effet, nous avons été prévenus que cela peut les effrayer et rompre une connexion qui peut se créer rapidement avec ces quelques membres maintenant habitués à la présence d’êtres humains. Il faut être conscient que nous entrons en contact qu’avec des familles de gorilles déjà habitués. Beaucoup d’entre-elles n’ont été approchés que par des scientifiques, encore de nos jours. Pour la majorité, elles n’ont pour ainsi dire jamais vu un être humain et ils n’accepteraient pas sa présence… Une fois encore, je trouve cela fascinant et reste bouche-bée devant le spectacle. Les minutes défilent à leur côté. Je vis un moment d’exception et j’en prends conscience à chaque seconde. Le rêve devient réalité. Je n’aurais pas pu espérer mieux.
Tous les membres de l’expédition jouent le jeu. Chacun garde le silence et essai de ne pas effrayer un des individus. Après l’observation des femelles et de leur bébé, le mâle va ressortir d’un trou. Il se pose très près de nous. Il s’installe dans une zone dégagée et nous permet de l’admirer dans une de ces activités préférées; la dégustation de plantes. Les mots ne me viennent pas pour exprimer ce que je vis. Je suis subjugué. Je ne peux que pousser les amoureux de la nature à vivre cette expérience un jour. Le bouquet final va se dérouler près du mâle dominant. Nous nous approchons très près de lui. Je suis toujours à l’avant-poste. Il n’est maintenant qu’à quelques centimètres de moi. Il déguste des plantes. Puis soudainement, il fait un bond de plusieurs mètres sur le côté, pousser un cri assez effroyable et s’enfonce de nouveau dans la végétation. Ce mouvement a été impressionnant. Impuissant, je n’ai pas réagi mais la dose d’adrénaline que cette expérience m’a «injecté» dans le sang reste incroyable. Cela sonne la fin de notre temps avec eux! Voilà plus d’une heure passée en leur compagnie. Il est temps de s’éloigner, de quitter leur territoire, de les laisser souverain dans leur royaume menacé. Ils pourront alors rejoindre les autres membres de la famille et reformer ce groupe soudé, ce cocon social magique…
Nous faisons quelques centaines de mètres, rejoignons le chemin, et nous arrêtons pour déjeuner. J’ai des étoiles plein les yeux, des images gravées à jamais dans ma mémoire… L’expérience m’a comblée. J’aurais pu passer encore des heures dans cette forêt et revenir les jours suivants. Mais cela importe peu à ce moment. Le rêve est vécu, encore pleinement actif. Après un pique-nique basique, le chemin pour sortir de la forêt nous révèle encore quelques surprises. J’essaie d’observer les oiseaux si furtifs dans ce milieu. Nous allons aussi tomber nez-à-nez avec un éléphant. Il ne demande pas son reste et poursuit son chemin, disparaissant rapidement dans ce milieu si dense. J’ai peine à croire que cet animal si massif arrive facilement à se frayer un chemin dans cette végétation. Pourtant, il n’a pas l’air malheureux, bien au contraire! Plusieurs personnes sont fatiguées et trouvent le moyen de se plaindre un peu concernant la dureté de la randonnée, que nous venons de faire. Je ne peux pas comprendre cet état d’esprit et je ne veux pas que le négativisme des uns pollue et parasite cet instant magique. J’en fais alors totalement abstraction. Je suis sur mon petit nuage et peu de choses pourraient m’en faire redescendre.
Après deux heures de marche en sens inverse, nous ressortons du parc national de Bwindi. Nous retrouvons le petit village et ces plantations. Nous sommes de retour à la civilisation humaine, qui a pris possession du plus de terre possible dans ce pays, sans complétement mettre en dangers cette forêt primitive et ces habitants. Ces terres fertiles ont forcément attirées les convoitises de peuples meurtris par des conflits ayant durés des années dans ces pays. En effet, les territoires des gorilles de montagne et les pays auxquels ils appartiennent, ont été soumis à de violents conflits dont le génocide du Rwanda qui a fait plus de 900 000 morts et la guerre de la République du Congo, pas totalement éteinte aujourd’hui, qui a déjà faits plus de 3,5 millions de victimes. Des millions de personnes ont dues quitter leur maison, vivre dans des camps temporaires, pour éviter les tortures, les meurtres gratuits, des tueries innommables. Des familles ont été séparées, beaucoup d’enfants se sont retrouvés orphelins, alors que le reste du monde ne fit rien ou presque pour stopper ces violences! Ces pays ne tournent que doucement la page de cet épisode historique douloureux et tragique, les populations se relèvent doucement mais l’impact a aussi été grand pour l’environnement et la vie sauvage de cette région très fragile. Des centaines de gorilles des plaines ont été tués et plus d’une vingtaine de gorilles de montagne, ce qui représente plus de 5% de cette population fragile… Leur royaume a été menacé, l’extinction de ces espèces aurait pu devenir une réalité irréversible! Pourtant, la situation semble aujourd’hui se stabiliser un peu. Il faut espérer que la gestion des sols, des besoins des humains seront compatibles avec ceux des plus gros primates de la planète et en permettront d’en assurer la subsistance. Le voyage sur leur territoire se termine alors. Leur accueil y fut magique. Les caractéristiques sauvage et libre de cette espèce m’ont conquis. Le diplôme, que nous recevons à la fin de cette randonnée, est anecdotique. Il me permettra pourtant, dans quelques années, après avoir fouillé dans les fonds de tiroir, où je stockerais mes documents officiels, administratifs et symboliques, de me remémorer cette expérience inouïe…
Avec Hannah et Madeleine, nous regagnons finalement notre lodge, heureux et comblés par cette expérience. L’atmosphère naturelle continue de me plonger pleinement dans l’univers d’un film appelé «les gorilles dans la brume». Dans ces forêts tropicales très humides, toute l’année, même en saison dite «sèche», il est possible d’observer cette condensation importante de l’eau des plantes de cette forêt, gorgées d’eau après des pluies plus ou moins importantes…Comme je n’avais pas prévu initialement de prendre part à cette journée, d’autres activités m’avaient été proposées. A 16h00 passé, je vais donc enchaîner avec 2 autres activités qui complètent une folle journée.
Premièrement, je pars à la recherche des caméléons sur un terrain se trouvant à proximité du lodge. Je revois la même espèce que j’avais pu observer la veille. L’expérience à leurs côtés va être cependant encore plus forte. En effet, après plusieurs minutes de recherche, nous allons trouver, dans un périmètre restreints, plusieurs femelles et des mâles, avec leurs trois cornes sur la tête. Lors de cette fin d’après-midi, ils vont passer par «toutes les couleurs», au sens propre et figuré du terme. Mâles et femelles nous montrent les différents aspects de camouflage ou expressions de leur état d’esprit, que peuvent revêtir leur peau. Deux mâles se provoquent en duel. Ils se frottent cornes contre cornes. Je pourrais comparer ce combat à un duel de sumo, où le but est de faire basculer son adversaire, ou de le pousser en dehors des limites du terrain de jeu, qui consiste alors à la branche sur laquelle ils sont perchés. Après plusieurs minutes intenses, l’un d’eux cède. Contre toute attente ce n’est pas celui avec une des cornes difformes qui perd, mais son adversaire. Ce caméléon tombe de la branche. Avant même de lâcher prise, sa couleur de peau change drastiquement. Une fois arrivée à terre, il a totalement perdu ces couleurs verte, jaune et bleue flashies pour devenir totalement noir avec quelques reflets rougeâtres... C’est impressionnant de constater de quoi et capable la nature et des caractéristiques physiques de certains animaux. De façon plus pacifiste, les femelles changent légèrement de couleurs avec des tons et nuances variant en fonction de l’endroit où elles se trouvent et de la température extérieure. Je vais les observer assez longtemps. Pourtant, après de longues minutes, je dois me résoudre à les laisser derrière moi.Avec mon guide de la journée, une longue promenade nous attend pour nous rendre chez des êtres très particuliers de cette région du monde. Nous devons descendre dans la vallée qui nous fait face, puis remonter de l’autre côté pour atteindre la lisière de la forêt impénétrable de Bwindi. Plusieurs kilomètres nous séparent de ce lieu. Les voyageurs prennent normalement plus d’une demi-journée pour vivre cette expérience. Il est maintenant plus de 17h00. Dans à peine une heure, la nuit commencera à tomber. Avec mon guide, nous allons accélérer le pas. Nous dévalons, en trottinant, toute la descente jusqu’au fond de la vallée. Après avoir franchi le cours d’eau, nous commençons la montée au pas de course. En à peine 45 minutes, nous avons atteints la maison de ces êtres très particuliers. Vivre dans cette maison en dur, avec un toit un tôle, n’a pas été un choix pour eux… Ils ont été expropriés, bannis du lieu où ils vivaient! Il s’agit de petits êtres des forêts; les pygmées! N’atteignant même pas 1,30 mètre à l’âge adulte, ils vivaient dans la forêt impénétrable de Bwindi. Se nourrissant principalement de viandes de petits rongeurs et de baies, ils étaient parfaitement en harmonie avec la nature. Ils dormaient là, où ils s’arrêtaient juste avant la nuit, utilisant de grandes feuilles pour créer leur lit. Ils étaient des nomades permanents dans cette forêt. Puis en 1997, Bwindi a été désigné comme Parc National. Pour répondre à des standards et normes internationaux qui régissent ce genre d’endroit, ils n’ont plus eu le droit de vivre sur leur territoire, sur leur terrain de jeu. L’état leur a donc construit des maisons en lisière de la forêt, ils leur ont donné des terrains, un accès gratuit à l’éducation, et l’apprentissage du dialecte un peu différent entre ces pygmées et la population de la région. La transition n’a pas été simple mais ces petits êtres de la forêt ont du s’y résigner et ils l’acceptent maintenant plutôt bien. Nous demandons au grand-père, de plus de 90 ans, qui physiquement en fait à peine 65, comment il perçoit sa situation. Je ne pense pas qu’il fait du politiquement correct dans sa réponse, car nous sommes que le guide et moi. Mais je ne peux pas en avoir la certitude car je ne comprends pas la langue qu’il pratique. La traduction que j’obtiens du guide consiste en un mixte d’attitude positive, et de nostalgie vis-à-vis de son passé libre; libre comme le vent dans ces grandes forêts. Le fait de chasser, de manger de la viande, de vivre en toute simplicité, sans ces contraintes sociales, peuvent parfois lui manquer. Mais il s’estime heureux pour sa grande famille et pour lui. Il est ravi que ces enfants puissent recevoir une éducation et qu’ils aient tous de quoi vivre décemment... La nuit tombe rapidement alors que nous discutons et échangeons. Je joue avec les enfants. Un petit garçon, le plus jeune, est très intrigué par ma présence. Les petites-filles du pygmée sont marrantes et aiment que je leur sourie. Puis après de longues minutes d’échange, ils m’honorent en commençant des chants rythmés par des tambours. Le grand-père est le premier à danser, alors que ces petits enfants lui emboîteront rapidement le pas. Je me sens transporter dans une autre dimension. L’arrivée de la grand-mère, une de ces deux femmes, va amplifier encore l’émotion et l’aspect intense de la scène. Elle rentre tout de suite dans le cercle et elle danse avec entrain. Le moment est exquis. Nous aurions pu rester beaucoup plus longtemps, surtout après qu’ils nous aient proposés de se joindre à eux pour dîner. Nous sommes très touchés par leur hospitalité que nous devons tout de même décliner, car il s’agit de ma dernière nuit dans le lodge. J’ai prévu de la passer avec mes compères des derniers jours. Après les avoir salués, nous entamons la descente en petite foulée. Je n’utilise pas ma lampe torche car nous sommes suffisamment éclairés par la lumière retransmisse par une lune presque pleine. J’adore cette expérience qui embellie encore un peu plus une journée génialissime, «un jour de rêve se termine sur notre magnifique petite planète, dans ce paradis terrestre»! De retour au lodge, je déguste un dernier délicieux repas en compagnie d’Hannah, Madeleine et Wesley. Puis nous terminons la soirée autour d’un feu imposant. Les flammes gigantesques et trépidantes, que nous entretenons pendant plusieurs heures, illuminent le salon. Elles sont la parfaite représentation physique de mon état d’esprit, de la journée intense et radieuse qui vient de se dérouler. Alors que la fatigue a gagné la totalité des personnes, je profite, quelques minutes, seul, de ce feu et de l’atmosphère qu’il génère. Puis regagnant ma chambre, je m’endors rapidement, espérant continuer dans la dynamique de cette journée, où le rêve a rejoint la réalité...
La nuit a été très bonne. Je me réveille matinalement comme l’ensemble des convives du lodge. Nous partons tous de ce lieu unique. Seith nous reconduit à Kabale en 4x4, d’où nos chemins se sépareront. Après presque 2h00 de trajet sur des routes de montagne non goudronnés tout d’abord, puis qui le deviennent à mi-chemin, nous pouvons encore admirer de magnifiques paysages (alors que nous ne les avions pas vu à l’allée car nous avons tous faits le trajet de nuit) et observer la vie matinale des locaux, qui vivent avec les cycles du soleil et la lumière du jour. Nous arrivons à Kabale, où je règle tout d’abord mes dettes. Je retire facilement au distributeur de billet la somme totale que je répartie alors entre Hannah et Seith.
Nos chemins vont se séparer. Wesley part vers le Rwanda, où il souhaite atteindre la ville de Kigali dans la journée. Hannah et Madeleine prennent le même bus que moi mais elles s’arrêtent à Mbarara, pour ensuite se rendre à Kasese, où je me trouvais quelques jours auparavant. Pour ma part, j’ai décidé de ne pas faire d’autres arrêts en chemin. Je repars directement pour Kampala, où je ne fais qu’un stop pour changer de bus. Je pars une centaine de kilomètres plus loin, à l’Est. Je m’arrête dans la ville de Jinja.
Cette ville a une grande réputation touristique en Ouganda. Elle se trouve à quelques kilomètres de la source d’un des plus mythiques fleuves au Monde; le Nil! Elle est aussi l’endroit où il est possible de prendre part à des activités nautiques réputées dont une des meilleures descentes de rafting au monde, accessible même pour les non-initiés. La journée suivante continue donc dans la même dynamique que les jours précédents, où l’exceptionnel est le maître-mot. Je prends part à une activité que j’affectionne particulièrement où les sensations fortes sont garanties. Nous dévalons des rapides monstrueux, l’atmosphère est électrique dans l’embarcation. Je partage cette expérience avec deux autres français, et deux néerlandais. Certains n’en mènent pas large quand le raft se retourne, que chacun doit s’extirper du courant fort pour regagner la berge! Tout se passe finalement pour le mieux. Nous vivons une expérience forte en émotion, où l’adrénaline physique et la puissance de la nature sont exacerbées. Nous aurons aussi eu la chance de voir la source de ce fleuve mythique et de profiter de la nature environnante. J’aurais pu rester plusieurs jours dans ce cadre magnifique mais d’autres expériences m’attendent et je ne suis pas malheureux de m’extirper de cette ville fortement portée sur l’industrie touristique.
Le temps est venu de regagner Kampala, où je retourne chez Herbert. Il a changé sa bonbonne de gaz. Nous pouvons donc cuisiner chez lui. Il me prépare un plat délicieux avec de la viande de bœuf, une sauce à base de tomate, des légumes et pommes de terre. C’est un réel plaisir de partager ce repas avec lui, en discutant de divers sujets, en évoquant mon expérience vécue dans ce pays, et l’étape future que nous allons entreprendre ensemble. En effet, nous avions évoqué le fait de se rendre ensemble au Kenya, à Kisumu, où il a vécu les dernières années avant de venir à Kampala. Nous retournons sur sa terre natale. Cette ville d’adoption, qui semble être sa ville de cœur, et pourrait vraisemblablement, selon ces dires, devenir une base pour construire sa vie future et se poser très prochainement. Avant de partir vers le Kenya, il doit encore travailler une journée.
Un ciel gris va très vite recouvrir la capitale. A 9h00 du matin, la lumière du jour a quasiment disparue. Nous pourrions nous croire comme en pleine nuit. Puis, des pluies torrentielles s’abattent pendant des heures au cours de ce jeudi 7 août… Même si la pluie est mon pire ennemi normalement, lors du voyage, cela ne m’affecte pas en cette journée. Je trouve même plaisant d’admirer ce déluge depuis les fenêtres de son appartement. Je prends le temps d’écrire, de trier mes photos, de préparer quelques emails que j’enverrais un peu plus tard. En milieu d’après-midi, la pluie va tout doucement s’estomper, son intensité va fortement diminuée, pour finalement se transformer en petites averses. Je profite de cette accalmie pour sortir. Vous vous rappelez ce que j’avais évoqué en début de récit concernant le fait de vivre une expérience intéressante. Pour cela, je rejoints la station de bus de MachPoa, où je sais que j’ai un bon accès internet gratuit. Je gère alors toutes mes activités d’échange avec les proches, de communication, de partage de mon expérience, et de recherches d’information. En tout cas, je vais essayer. Je suis un peu «dérangé», dans cette entreprise! Une jeune femme s’assoit à côté de moi, me demandant si elle peut utiliser la prise pour recharger son téléphone. Elle est Kenyane. Elle s’appelle Marianna. Elle étudie en médecine en Ouganda. Elle repart aujourd’hui, chez elle, à Mombasa, pour les vacances. L’échange va être très intéressant. Nous allons passer plus de 2h00 à échanger sur nos diverses expériences, à rigoler. Immédiatement, une alchimie s’installe. Le contact est facile. Il ne s’agit pas à proprement parlé d’un jeu de séduction quoi que? Je ne sais pas comment nous allons en arriver là. Mais à la fin de la conversation, dans un moment de délire, nous évoquons le mariage dans 6 mois. Rien de réaliste, rien que nous avons vraiment pensés, en tout cas pas moi, mais un moment de vie agréable, inattendu et spontané. Nous allons garder contact via le réseau internet et le site Facebook. Même si nous nous reverrons probablement jamais, j’aime ce genre de connexion forte où tout est simple, où le moment vécu est intense, sans barrière dû à une certaine pression sociale. Cette alchimie n’a été que mentale, il n’a jamais été question d’un aspect physique. Je trouve intéressant que malgré les différences culturelles de nos pays, de telles connexions peuvent se produire… J’aimerais tellement que chaque personne puisse vivre cela, surtout celles qui sont racistes, qui jugent les personnes en raison de leur couleur de peau. J’aimerais que les préjugés cessent, que la prise de conscience soit globale et que nous arrêtions de créer des clivages ridicules et sans réel fondement. Nous sommes tous des êtres vivants. Nous pouvons tous nous apporter quelque chose… Je parle probablement d’un monde imaginaire utopique! Mais le fait d’y croire et de le vivre est le plus important pour moi… Depuis plusieurs mois, je suis souvent le «Mzungo», le seul blanc dans l’assemblée. Je n’en ai jamais conscience, je ne réalise pas cet état de fait sauf quand une personne me regarde bizarrement dans la rue, par exemple. Je peux lire alors dans son regard qu’il y a une différence et me rappeler que cet aspect physique de la couleur de peau, peut parfois créer des clivages, que l’on le veuille ou non…
Peu importe, je continue à vivre ce contact fort avec les locaux, avec mes frères, avec qui je partage le même sang. La même dynamique aura sûrement lieu aussi au cours de mon séjour au Kenya, dès le lendemain… Mon voyage en Afrique de l’Est continue de plus belle. Des expériences exceptionnelles sont à portée de mains…
encore une superbe expérience avec ces gorilles:cela devait être impressionnant!!!!
RépondreSupprimeret ces caméléons,qui changent de costumes sans cesse!!!!
je vois que de nombreuses personnes voyagent pour un temps plus ou moins long dans ce pays africain
bonne continuation et à bientôt
Whaou! Merci pour ce récit complet! Je galère depuis plusieurs jours pour trouver des blog intéressant sur ce pays et enfin je tombe sur le tien!! Je crois que ça va définitivement le décider à aller dans ce pays :-) si tu n y vois pas d inconvénient j aimerais bien échanger par e-mail Avec toi..
RépondreSupprimerAu plaisir
Bonjour Marion, je te remercie pour ton compliments et ton message!!! Je te souhaite de t'y rendre car j'ai adoré ce pays!! Tu peux sans soucis me contacter par mail pour échanger sur ce pays ou autres voyages!!! Au plaisir de te lire!!!
SupprimerSuper merci. Du coup... je veux bien ton email! Enfin tu as le mien donc envoie moi un petit mot ;-)
RépondreSupprimer