En ce 6 décembre 2014, j’atterris dans un pays ayant une histoire assez récente très mouvementée. La «Nation Arc-en-Ciel» a vécue de nombreuses violences, des retournements politiques comme l’histoire en a peu connue, l’abolition de la ségrégation raciale et économique, pour devenir un pays en paix. Malgré de nombreuses injustices et inégalités encore très présentes, l’Afrique du Sud a étonné le monde entier. Elle est devenue une nation démocratique multiraciale!
Nous rentrons directement chez lui. Il habite dans une résidence surveillée. Son appartement est très spacieux et luxueux. Nous cuisinons ensemble et passons une soirée en toute décontraction. C’est ici le tout début de la saison des pluies. La région est connue pour ces orages impressionnants. J’en ai directement la démonstration en cette fin de soirée, où le tonnerre gronde, et les éclairs illuminent le ciel et le déchire de tout part, à l’horizontal comme à la vertical! Cela me rappelle certains moments vécus quand j’habitais à Miami, ou lors de mon séjour près de Darwin, dans le Nord de l’Australie. J’aime pouvoir admirer la puissance de la nature qui se matérialise alors. C’est encore plus agréable quand je suis au sec et protégé dans un bâtiment…Les discussions sont diverses et variées. Je ne vois pas la soirée passée. Nous décidons finalement, un peu après minuit, d’aller nous coucher, car une journée très chargée nous attend le lendemain! Le lit double est énorme et très confortable. Je ne peux pas dire que cela fait longtemps que cela ne met pas arriver car c’était encore le cas il y a quelques jours, à l’île Maurice avec mes parents, mais cela reste toujours très appréciable. Le confort n’est pas ma priorité du voyage. Les rencontres et la découverte du monde, dans lequel je vis, sont bien plus importants. Mais l’opulence, la consommation capitaliste, l’envie de toujours avoir les derniers objets high-tech, font aussi partis du monde dans lequel nous vivons.
En ce dimanche matin, nous nous levons assez tôt. Nous courrons tout d’abord le long du grand boulevard où se trouve sa résidence. Nous prenons ensuite un petit-déjeuner dans une enseigne qui regroupe restaurant, boulangerie et épicerie fine. Ce que je peux observer confirme ce que l’on m’avait dit du pays et les données chiffrées, qui parlent d’elles-mêmes. L’Afrique du Sud est un pays développé, avec des infrastructures très modernes, dans les grands centres urbains. A l’échelle du continent, c’est un géant économique. Son P.I.B. représente plus du quart du P.I.B. de tout le continent africain. Et plus de 50% du P.I.B. du pays se concentre au niveau du Gauteng, où nous sommes aujourd’hui. Cette mégalopole ne représente pourtant que 1,5% de la superficie du pays. Autre chose me frappe, quand je regarde autour de moi, alors que nous sommes attablés à ce restaurant pour prendre notre petit-déjeuner. Nous ne sommes entourés que de personnes à peau blanche. Pourtant ils ne sont que 9% sur ce territoire, pour la majorité des Afrikaners et «Blancs» d’origine britannique. 79% des citoyens sont «Noirs» mais la mixité n’est pas encore flagrante. En cette matinée, les seules personnes appartenant à cette ethnie sont les serveurs et les caissiers du magasin. La ségrégation raciale a un peu cédé le pas, mais les cartes ne sont pas distribuées de manière équitable d’un point de vue social et économique. Certains disent que le fossé continue de se creuser d’un point de vue économique et que les plus déshérités restent largement en marge de cette nouvelle société... Nous obtenons, en cette matinée, les mêmes services, et qualités de nourriture que dans toutes sociétés «occidentales». Mais très peu de Sud-Africains, y ont finalement accès. Il y a quelques années la guerre civile a été évitée, la fuite des grands capitaux étrangers stoppée, avec la fin d’un régime dictatorial et raciste d’une minorité de «colons», que la communauté internationale jugeait inacceptable et totalement à l’encontre de tous les droits pour l’humanité. La solution de réconciliation entre les peuples a été adoptée. Le grand pragmatisme d’une poignée d’hommes humanistes aura fait évoluer la mentalité des individus et abolis un système «féodal» inadmissible, pourtant nous sommes encore très loin d’un système équitable. Je vais pouvoir le constater à maintes reprises lors de ce cours premier séjour.
Mais revenons à l’instant présent vécu! Les serveurs sont très agréables et serviables. Le repas est délicieux. Nous passons un bon moment à cette table, sur la terrasse, avec le soleil qui illumine un grand ciel bleu en cette matinée. Sho me fait ensuite découvrir de grands centres commerciaux ultra-modernes. Toutes les grandes marques mondiales y ont leur enseigne. Sur plusieurs centaines de mètres carrés et sur plusieurs étages, les magasins s’enchaînent les uns après les autres. Je me replonge donc directement dans une société d’hyperconsommation, que je n’ai pas vraiment connue ces derniers mois. C’est impressionnant de voir comment le monde se globalise, que les pays qui en ont la possibilité adoptent un même système économique et créent les mêmes besoins, pour les populations qui y vivent. Dans ces vies effrénées, le divertissement tient une place majeure. Le système nous fait croire que s’est indispensable pour nous épanouir. Il est tellement facile de retomber dedans! Nous faisons quelques courses dans un grand supermarché, qui possède des milliers d’articles différents en rayon. Je ne dis pas que c’est mal et mauvais. Mais le décalage est tellement grand avec d’autres modes de vie de population habitant sur notre planète, en particulier sur ce continent. Nous en oublions parfois l’essentiel. Nous nous perdons dans des préoccupations futiles, que nous ont inculqués les règles de vie de notre société. Il est vrai que c’est un «confort certains» et que peu de personnes sont prêtes à revenir en arrière. Il faut vivre avec son temps, il faut avancer avec autrui, surtout quand on ne veut pas être un marginal. Mais il est bien, de temps en temps, de s’arrêter un peu, de se poser les bonnes questions, et d’être certains de ce que l’on veut vraiment pour notre vie, notre présent et notre futur.
Quoi qu’il en soit, nous avons pris quelques présents alimentaires pour le déjeuner, afin de les offrir aux personnes qui vont nous accueillir! Au Japon, une sud-américaine, Candice est allée travailler pendant 1 an dans l’industrie automobile. Elle s’est liée d’amitié avec beaucoup de locaux, dont 2 japonais, qui travaillent maintenant avec elle à Johannesburg. Sho a fait la connaissance de ces deux compatriotes à travers des réseaux d’expatriés. L’un d’entre-eux repars dans son pays prochainement. Candice a voulu organisé une fête de départ, autour d’une tradition très ancrée dans les mœurs en Afrique du Sud; un «Braai»! Cela signifie barbecue en Afrikans. On peut dire que le barbecue du dimanche est «une institution nationale»! Nous nous rendons donc chez les parents de Candice, où nous avons été invités. Nous y passerons toute l’après-midi. Quand nous arrivons, le barbecue est déjà allumé, des boerwors (grosses saucisses épicées) des côtes de bœuf, des morceaux de poulet, des brochettes sont déjà sur le feu. Les glacières sont de sorties. Elles sont pleines de boissons en tout genre dont les populaires bières, tel que Caste, Lager, Hansa Pilsener, des cidres dénommé Hunter et Savana et de vins du pays dont la réputation n’est plus à faire et ne cesse d’augmenter. Il y a aussi des boissons gazeuses, des jus de fruit et de l’eau plate et avec bulles.
Toute la famille de Candice est présente. Les parents qui nous accueillent chez eux, son frère et son amie, des oncles et tantes, l’amie de Candice; Diane, Sho et ces deux acolytes, et moi-même! Nous faisons connaissance, échangeons. Je suis très bien accueilli et je me sens tout de suite très à l’aise! Très rapidement, nous avons une première bouteille de bière pour certains, ou de cidre pour d’autres, dans la main. La quantité de viande qui cuit sur la grille est impressionnante, mais je n’ai pourtant encore rien vu. Allant aider la maman de Candice, dans la cuisine, je découvre un vrai festin de salades, de crudités et autres préparations pour accompagner la viande. Le beau temps est toujours de la partie. La chaleur monte avec l’heure qui passe, en ce début d’après-midi. Nous nous mettons finalement tous à table avec des assiettes bien remplies, les verres pleins, et un grand sourire qui rayonne sur nos visages. Peu importe si les convives se connaissent depuis leur naissance, quelques années, quelques jours, quelques minutes, comme c’est mon cas. J’ai le sentiment que nous faisons tous partie de la même famille. Vous ne pouvez pas savoir le bonheur que ça me procure et que je ressens dans tout mon corps en vivant cette expérience, alors que je suis seul, à plus de 9000 kilomètres de mes terres natales et de mes proches! L’après-midi se déroule dans la joie et la bonne humeur. Après le plat principal, avec les plus jeunes, nous allons nous promener dans le quartier. Deux choses me choquent. Elles sont diamétralement opposées. L’une va dans le sens de la bonne ambiance et du bien-être qui règne dans cette famille. En effet, dans cette grande mégalopole, à part dans le centre à proprement parlé de Johannesburg et Pretoria, je n’ai pas l’impression d’être dans une grande capitale comme Paris, mais plutôt dans une succession de petits villages. Le Gauteng est construit sur des collines. La nature est présente partout. Il y a des parcs, des arbres le long de chaque avenue, de grands espaces boisés entre chaque centre un peu plus urbanisé. Les maisons sont rarement hautes et beaucoup possède du terrain. Près de Chez Candice, à 10 minutes de marche, nous nous trouvons au pied d’une falaise avec une vision sur la nature. Une petite rivière s’écoule dans la vallée, en cascade… L’autre aspect qui m’interpelle, par contre me ramène à une dure réalité du pays. La protection et la sécurité est un vrai commerce qui se voit directement chez ces personnes de classe moyenne ou aisée. Toutes les maisons sont entourées de fils électriques, au-dessus de très grandes palissades. Il y a des barreaux aux fenêtres, des alarmes dans la maison, des caméras dans chaque recoin. Il y a souvent en plus un chien de garde et une entreprise de sécurité des biens et personnes, qui tourne en voiture régulièrement dans les différents quartiers. La différence est telle entre les populations, les agressions avec violence sont quotidiennes, poussant les personnes un peu plus aisées à vivre dans de «vraies prisons», chez elles. Malheureusement, il existe de nombreux meurtres, mutilations et viols sur des personnes de tous âges et tous sexes. Mais je crois surtout que l’état maintien la population dans un état de peur et de paranoïa. La sécurité est développée à outrance, en raison d’un sentiment d’insécurité. Elle est devenue un vrai business qu’il faut entretenir, permettant la vente de nombreux produits et la création de nombreux emplois! La sécurité privée possède un chiffre d’affaire qui dépasse largement le budget de nombreuses institutions nationales. Par exemple, il dépasse de plus de 50%, le budget de la police nationale, pour rester dans le domaine de la prévention, de la sécurité et du maintien de l’ordre. L’Afrique du Sud peut facilement être perçue comme un pays cauchemardesque. Les chiffres suivant ne sont pas là pour rassurer les habitants ou possibles visiteurs; plus de 16 000 meurtres par an, 30 000 «car-jackings» (vol avec violence lorsque la victime est dans son véhicule en circulation), et le triste record mondial des viols. Pourtant si l’on épluche un peu ces données et que l’on continue d’exploiter les chiffres connus, les violences se déroulent plutôt entre les personnes des mêmes quartiers, souvent défavorisés. 80% des crimes se déroulent entre des individus qui se connaissent. Une bonne majorité d’entre-eux ont lieux suite à des règlements de comptes, ou suite à des rixes dégénérant en raison de l’alcool ou de la drogue. Elles visent parfois des personnes qui ont beaucoup de biens matériels, alors que des personnes sans moyens les envient! Mais cela reste minoritaire. Il suffit de rester prudent, hors de certaines zones surtout en ville, où il est important de suivre quelques conseils et notre bon sens. En campagne, il n’y a normalement aucun risque.
Quoi qu’il en soit, dans ce quartier, tout semble pourtant si calme, si paisible! Mais l’engrenage s’est enclenché il y a quelques années. Il a semblé bon à chacun de faire au moins comme son voisin. Je n’ai et n’aurais vraiment pas envie, pour ma part, de vivre toute ma vie derrière des barreaux, dans un climat d’insécurité. Pourtant en cette journée, je ne ressens vraiment pas cet aspect pesant. Je vis des moments uniques. Et ils vont se poursuivre jusqu’à ce que je regagne mon lit.
Après nos deux ballades et être rentrés chez les parents de Candice, nous nous voyons offrir le thé. Ce dernier est accompagné de gâteaux divers au chocolat, à la crème pâtissière, et un aux fraises. Mais l’originalité pour moi de ce goûter-dessert sera plutôt dans un produit typique du pays. En effet, ils ouvrent trois paquets différents de Biltong. Il s’agit d’une viande séchée, souvent de la viande de bœuf mais aussi de springbok, ou d’autruches. Cet aliment a été mis au point par les Afrikaners, pour survivre, quand ils sont partis pour la «Grande migration», le «Grand Trek». Ce dernier se concrétise par une grande migration des Boers, qui avaient soif d’indépendance. Quoi qu’il en soit, on trouve encore partout dans le pays cette viande séchée. C’est un délicieux met, qu’ils dégustent à toute heure de la journée, en guise d’en-cas. Nous ne mangeons pas vraiment par faim à ce moment de la journée, mais par pur gourmandise et, pour moi, avec le plaisir de découvrir de nouveaux produits… L’abondance en est même parfois gênante. Cela me permet néanmoins d’avoir un premier aperçu de la vie dans le pays, même si elle est très loin de la réalité de la majorité des habitants. Nous passons encore plus d’une heure autour de la table, avant que le ciel gris et menaçant de la fin de journée, se déchire finalement. Nous avons à peine le temps de tout ranger et mettre à l’abri. Les pluies torrentielles s’abattent alors sur la région, les éclairs illuminent ce ciel noir. Cela sonne aussi le glas de cet après-midi. Nous plions bagage, raccompagnons les amis de Sho chez eux. Nous rentrons sous des trombes d’eau. Nous avançons à peine à 30 km/h sur la voie rapide. Les éclairs n’en finissent pas de déchirer le ciel dans tous les sens. Nous rentrons finalement sain et sauf avant de continuer notre journée.
Nous n’avons pas prévu de passer une soirée au calme même si nous resterons chez lui. Sho a invité ces voisins de paliers, des jeunes, à venir dîner. Nous devons commencer directement la préparation de la soirée. 19h30 a déjà sonné et la première invitée frappe déjà à la porte. Cette soirée sera sous le signe du multiculturalisme. Il y a une indienne, une sud-africaine originaire des Etats-Unis, un sud-africain d’une ethnie du nord, accompagné de sa sœur, qui met pour la première fois les pieds dans la capitale, et dans une grande ville moderne et développée, une personne d’Espagne, Sho du Japon et moi-même. Les discussions sont animées, mais très respectueuses et avec une ouverture d’esprit de tous qui permet d’évoquer des sujets sensibles ou de désaccord, sans jamais juger ou heurter les sensibilités des uns et des autres mais plutôt en ouvrant un débat intéressant ou chacun apportera sa pierre et sa vision des choses à l’édifice d’une vision humaniste et idéal. Nous abordons entre autre, le sujet de l’Apartheid, ou régime de la ségrégation raciale, qui a sévit pendant de trop nombreuses années! Même s’il est aboli sur le papier, dans la constitution et au niveau des lois, ce pays aurait besoin encore d’un grand changement de mentalité et d’une bonne redistribution des richesses. En tout cas, c’est super d’avoir le point de vue de personnes ayant des histoires totalement différentes, venant de différents milieux sociaux et n’ayant pas eu la même chance vis-à-vis des inégalités qui sévissent encore aujourd’hui. Et cela prend encore plus de relief avant la visite que je ferais le lendemain. En attendant, je profite, jusqu’à la dernière miette de ce week-end unique.
Pour l’instant la soirée continue de nous procurer un moment intense de partage, de joie, ponctuée par quelques sourires et fous-rires qui sont encore une nouvelle fois, une vrai bulle d’oxygène. Chacun reprenant ces activités hebdomadaires le lendemain, nous n’allons pas nous éterniser tout de même. Les invités partent presque tous en même temps. Cette journée fut riche et toujours autour du partage. J’ai rencontré plus d’une vingtaine de personnes. Même si ce fut une nouvelle fois éphémère, elles m’ont toutes apportées un petit quelque chose. Nous avons partagés un instant de vie sous le signe de la tolérance, du respect, du partage, et de l’envie d’apprendre grâce et avec l’autre, tout en respectant son prochain et en ayant envie de l’aider même par un simple geste. Le sens de l’accueil des personnes qui m’ont offert l’hospitalité et le couvert aujourd’hui est un vrai cadeau du ciel!
Sho part le lendemain pour une mission, lié à son travail, à Madagascar, pendant 3 jours. Je savais donc que je ne pouvais pas rester après le week-end, chez lui. J’ai trouvé un autre Couchsurfeur chez qui je peux passer les prochains jours et continuer à découvrir d’autres aspects de cette mégalopole.
L’Apartheid Museum est donc situé juste à côté du Parc d’attraction de Gold Reef City. Ouvert en 2001, ces expositions sont consacrées à l’histoire de l’Afrique du Sud au XXième siècle, et il est plus spécialement axé sur le thème de l’Apartheid, qui a marqué de son empreinte ce pays, lors du siècle dernier. Cette politique de «développement séparé» fut conceptualisée et mis en place à partir de 1948, en Afrique du Sud. Mot Afrikaans, partiellement dérivé du français, il signifie «mise à part»! Ce régime a affecté des populations entières selon des critères raciaux ou ethniques. Il a été la «légalisation» législative d’une pratique, jusque-là empirique, de ségrégation raciale. Il a été la démonstration de la peur de blancs colonisateurs, d’être engloutis par la masse du peuple natif, à la couleur de peau noire (Actuellement, les chiffres, de distinctions par la couleur de peau, très péjoratifs de mon point de vue, mais une réalité du terrain en Afrique du Sud, sont 79% de «Noirs», 9% de «Blancs» et 8,9% de Métis). Les lois rigides qui ont été mises en place, avaient pour seul but de protégé une minorité blanche obsédée par sa survie. Dans une même aire géographique, où se confronte alors, et c’est le cas encore aujourd’hui, une société de subsistance «tiers-mondiste», et une société surdéveloppée, provenant du modèle occidental.
La longue période de l’Apartheid, qui s’étale sur plus de 50 ans, est magnifiquement comptée dans ce musée, qui me prend aux triples. Après avoir admiré, depuis l’extérieur, les piliers de la constitution, qui sont les fondements de la nouvelle société de liberté et d’égalité, je pénètre dans le musée, dans des couloirs qui reconstituent la classification par «race»; «native», «coloured», «Asian», et «White» (Natif, coloré, Asiatique, et blanc). Les documents d’identité furent les principaux outils utilisés pour mettre en œuvre la division raciale. De nombreux panneaux, des interdictions, et différences de droit ont ponctués ces années d’inégalité criante. La complétude du musée est impressionnante. Il aborde les sujets du voyage, de la violence, de la vie pendant l’Apartheid, des terres natales, de la montée en puissance et au pouvoir des blancs, des exécutions politiques, des racines naissantes du compromis, de la relâche de Mandela, de l’accord de paix national, des élections de 1994, des nombreuses violences et heurts, de la nouvelle constitution… Pendant plus de trois heures, j’arpente ces allées, couloirs, salle d’exposition! Je suis happé par mes ressentis, mes émotions. Je comprends alors beaucoup mieux ce que cette nation a pu vivre, des horreurs abominables que l’être humain a pu engendrer dans ce pays encore meurtri dans sa chair. Je comprends mieux ce climat actuel pesant, qui crée de nombreuses barrières entre les peuples. Surtout que l’Apartheid a été définitivement bannît et détruire légalement parlant, mais les inégalités sociales, économiques ou les différences d’accession aux mêmes opportunités sont encore d’actualité de nos jours. L’apartheid a été aboli le 30 Juin 1991 après que de lourdes sanctions internationales aient pesées sur le pays, après que des réformes aient vues un peu le jour, pour diminuer les ségrégations. En avril 1994, après les premières élections parlementaires, non raciales, au suffrage universel, Nelson Mandela devient le premier président noir d’Afrique du Sud. Il est de son temps le chef d’Etat le plus admiré de la planète, après avoir passé plus de 27 années d’emprisonnement pour des raisons politiques. L’Afrique du Sud est alors devenue une nation démocratique multiraciale. Mais même si les avancées pour les droits de l’homme sont fulgurantes et exceptionnelles, le chemin pour obtenir l’égalité de tous est encore semé d’embûches et très loin d’être atteint aujourd’hui. Quoi qu’il en soit, je viens de prendre pleinement conscience de la réalité d’un pays, dont l’histoire sulfureuse, n’a pas finie de lui laisser une belle balafre, quasiment indélébile, ou du moins qui prendra encore des décennies avant de s’estomper. Cela sera possible si et seulement si les mentalités des individus changent, s’ils veulent bien définitivement tourner une page! Je ressors bouleversé de cette plongée dans une histoire récente d’un pays, qui a pourtant tout pour réussir et avoir une place importante sur la scène internationale. J’avais déjà des notions de l’histoire tumultueuse de ce pays, mais je viens de prendre une belle leçon d’histoire, me permettant de beaucoup mieux comprendre la situation actuelle. En tout cas, plus de 20 ans après la fin de cette période noire pour le pays, la transition reste très mitigée. Cela se voit à tous les niveaux de la société, particulièrement en raison des différences sociales que l’on pourrait qualifier d’une certaine forme de «racisme»! Cela provoque de graves tensions, malgré le fait que le gouvernement est instauré un programme d’éradication de la pauvreté. Sachant que la partie la plus importante de la population sud-africaine, qui vit sous le seuil de pauvreté, est toujours majoritairement noire. Près de 60% de la population vit sous ce seuil et 37% vit avec moins de 2 US$ par jour. Criminalité, corruption, pauvreté, viols et autres sévices expliquent une violence endémique que le gouvernement et les associations n’arrivent pas à stopper. Les migrants sont régulièrement la cible d’attaques dans les «bidonvilles», des émeutes xénophobes ont faits de nombreux morts en 2010. Elles ont été à l’origine de grands déplacements de population. Outre les migrants, les femmes sont parmi les premières victimes d’agression. Les viols et la politique de déni des autorités, pendant des années, sont ainsi à l’origine et l’accru d’un des plus grands fléaux qui ronge cette société; le sida et la séropositivité de près de 15% de la population. Des actions sont mises en place mais cela prendra de longues années pour essayer d’endiguer ce problème, comme c’est le cas pour tellement d’autres mauvaises choses qui ravagent les populations du pays d’une façon ou d’une autre. Ce qu’il faut retenir de ces dernières années, concerne le tour de force réussi par Nelson Mandela, pour faire éclore d’un passé tumultueux, un pays économiquement stable, avec la généralisation de la mixité raciale dans les écoles, institutions et administrations, et l’émergence d’une classe moyenne. Pourtant la majorité du pouvoir économique, les grandes entreprises et les terres restent dans les mains de Blancs.
Tous ces faits ne me font aucunement peur! J’ai envie d’aller de l’avant, de m’ouvrir aux autres, casser des barrières inutiles, par un simple sourire, un échange avec mon prochain quel que soit sa couleur de peau, car cela n’a aucune incidence pour moi sur les liens que je peux établir avec une personne.
Le lendemain, je ne bouge pas trop, Je pars courir dans et autour la zone résidentielle surveillée, où se trouve la maison de Stephano. Je découvre un parc sympathique et peux me rendre un peu mieux compte comment sont construites ces banlieues résidentielles très étalées, avec de nombreux espaces verts. La voiture est quasiment obligatoire pour se déplacer dans ce genre d’endroit. A pied, en marchant, il m’aurait fallu plus de 15 minutes, seulement pour sortir de la zone résidentielle, où il habite et atteindre la route… La journée passe très vite. Je fais quelques courses pour partager un repas avec mon hôte et deux autres personnes qui arrivent le soir même. Il s’agit d’un couple de français, en voyage en Afrique, et qui reviennent d’un tour au Botswana, et Namibie. Ils ont loués une voiture pour parcourir ce trajet et être autonome. Anne et Florent sont des personnes très sympathiques, avec des parcours très intéressants. Ils vivent une belle expérience sur le continent africain. Ils m’apporteront pleins de précieux renseignements sur les prochaines destinations, où je veux me rendre. Nous passons, tous les quatre, une très bonne première soirée. Le voyage; passion commune, restera au centre d’une majorité de discussions.
Les jours suivants, je partage mon temps entre écriture, trier et organiser les photos. Je vais aussi visiter quelques parcs dans les environs, courir, passer du temps à discuter avec des locaux, et indirectement préparer la suite de mon voyage, surtout avec la réservation d’un billet d’avion. Je viens de me rendre compte qu’il est moins cher pour moi de me rendre à la destination suivante en avion, et que cela va me permettre d’obtenir un double visa très rentable économiquement parlant, Il est possible de l’obtenir seulement dans l’aéroport, où je vais atterrir, jusqu’à nouvel ordre. De plus, l’idée n’est pas forcément de passer trop de temps dans le pays, non pas par envie, mais par gestion de mon temps et de l’organisation des semaines à venir! Nous passons encore de très bonnes soirées avec Anne, Florent et Stephano. Le couple de français passe leur dernière soirée avec nous le 12. Nous allons dans un bar dansant, où l’ambiance est électrique! Le 13, je passe à mon tour ma dernière soirée chez Stephano. Nous recevons une amie à lui, qui habite au Nord de Johannesburg. Nous lui avons concocté un petit repas léger et fin!
Je prévois de ne rester que quelques jours, pour ce premier séjour dans
ce pays. Mais j’obtiens déjà de nombreuses informations concernant le
mode de vie de ces citoyens urbains, sur le fait que ce pays est une
place à part sur ce continent. La philosophie humaniste d’une poignée
d’homme a permis pour une majorité de la population de vivre dans une
certaine sérénité, malgré encore de nombreux problèmes sociaux et
d’inégalités flagrantes à régler. Je constate directement que ce pays
est très moderne et développé, surtout dans cette mégalopole urbaine; le
Gauteng, qui regroupe Johannesburg et Pretoria (capitale
administrative). Pour me rendre dans un des grands quartiers urbains,
j’utilise un train rapide et flambant neuf; le Gautrain! Je descends à
Sandton, où mon hôte du week-end, Sho vient me récupérer. Il est
japonais. Il est arrivé, en tant qu’expatrié, il y a 8 mois dans le pays
avec une entreprise japonaise. Son contrat prévoit qu’il reste environ 2
années sur place. La connexion entre nous a été effectuée grâce au site
internet Couchsurfing.
Nous rentrons directement chez lui. Il habite dans une résidence surveillée. Son appartement est très spacieux et luxueux. Nous cuisinons ensemble et passons une soirée en toute décontraction. C’est ici le tout début de la saison des pluies. La région est connue pour ces orages impressionnants. J’en ai directement la démonstration en cette fin de soirée, où le tonnerre gronde, et les éclairs illuminent le ciel et le déchire de tout part, à l’horizontal comme à la vertical! Cela me rappelle certains moments vécus quand j’habitais à Miami, ou lors de mon séjour près de Darwin, dans le Nord de l’Australie. J’aime pouvoir admirer la puissance de la nature qui se matérialise alors. C’est encore plus agréable quand je suis au sec et protégé dans un bâtiment…Les discussions sont diverses et variées. Je ne vois pas la soirée passée. Nous décidons finalement, un peu après minuit, d’aller nous coucher, car une journée très chargée nous attend le lendemain! Le lit double est énorme et très confortable. Je ne peux pas dire que cela fait longtemps que cela ne met pas arriver car c’était encore le cas il y a quelques jours, à l’île Maurice avec mes parents, mais cela reste toujours très appréciable. Le confort n’est pas ma priorité du voyage. Les rencontres et la découverte du monde, dans lequel je vis, sont bien plus importants. Mais l’opulence, la consommation capitaliste, l’envie de toujours avoir les derniers objets high-tech, font aussi partis du monde dans lequel nous vivons.
En ce dimanche matin, nous nous levons assez tôt. Nous courrons tout d’abord le long du grand boulevard où se trouve sa résidence. Nous prenons ensuite un petit-déjeuner dans une enseigne qui regroupe restaurant, boulangerie et épicerie fine. Ce que je peux observer confirme ce que l’on m’avait dit du pays et les données chiffrées, qui parlent d’elles-mêmes. L’Afrique du Sud est un pays développé, avec des infrastructures très modernes, dans les grands centres urbains. A l’échelle du continent, c’est un géant économique. Son P.I.B. représente plus du quart du P.I.B. de tout le continent africain. Et plus de 50% du P.I.B. du pays se concentre au niveau du Gauteng, où nous sommes aujourd’hui. Cette mégalopole ne représente pourtant que 1,5% de la superficie du pays. Autre chose me frappe, quand je regarde autour de moi, alors que nous sommes attablés à ce restaurant pour prendre notre petit-déjeuner. Nous ne sommes entourés que de personnes à peau blanche. Pourtant ils ne sont que 9% sur ce territoire, pour la majorité des Afrikaners et «Blancs» d’origine britannique. 79% des citoyens sont «Noirs» mais la mixité n’est pas encore flagrante. En cette matinée, les seules personnes appartenant à cette ethnie sont les serveurs et les caissiers du magasin. La ségrégation raciale a un peu cédé le pas, mais les cartes ne sont pas distribuées de manière équitable d’un point de vue social et économique. Certains disent que le fossé continue de se creuser d’un point de vue économique et que les plus déshérités restent largement en marge de cette nouvelle société... Nous obtenons, en cette matinée, les mêmes services, et qualités de nourriture que dans toutes sociétés «occidentales». Mais très peu de Sud-Africains, y ont finalement accès. Il y a quelques années la guerre civile a été évitée, la fuite des grands capitaux étrangers stoppée, avec la fin d’un régime dictatorial et raciste d’une minorité de «colons», que la communauté internationale jugeait inacceptable et totalement à l’encontre de tous les droits pour l’humanité. La solution de réconciliation entre les peuples a été adoptée. Le grand pragmatisme d’une poignée d’hommes humanistes aura fait évoluer la mentalité des individus et abolis un système «féodal» inadmissible, pourtant nous sommes encore très loin d’un système équitable. Je vais pouvoir le constater à maintes reprises lors de ce cours premier séjour.
Mais revenons à l’instant présent vécu! Les serveurs sont très agréables et serviables. Le repas est délicieux. Nous passons un bon moment à cette table, sur la terrasse, avec le soleil qui illumine un grand ciel bleu en cette matinée. Sho me fait ensuite découvrir de grands centres commerciaux ultra-modernes. Toutes les grandes marques mondiales y ont leur enseigne. Sur plusieurs centaines de mètres carrés et sur plusieurs étages, les magasins s’enchaînent les uns après les autres. Je me replonge donc directement dans une société d’hyperconsommation, que je n’ai pas vraiment connue ces derniers mois. C’est impressionnant de voir comment le monde se globalise, que les pays qui en ont la possibilité adoptent un même système économique et créent les mêmes besoins, pour les populations qui y vivent. Dans ces vies effrénées, le divertissement tient une place majeure. Le système nous fait croire que s’est indispensable pour nous épanouir. Il est tellement facile de retomber dedans! Nous faisons quelques courses dans un grand supermarché, qui possède des milliers d’articles différents en rayon. Je ne dis pas que c’est mal et mauvais. Mais le décalage est tellement grand avec d’autres modes de vie de population habitant sur notre planète, en particulier sur ce continent. Nous en oublions parfois l’essentiel. Nous nous perdons dans des préoccupations futiles, que nous ont inculqués les règles de vie de notre société. Il est vrai que c’est un «confort certains» et que peu de personnes sont prêtes à revenir en arrière. Il faut vivre avec son temps, il faut avancer avec autrui, surtout quand on ne veut pas être un marginal. Mais il est bien, de temps en temps, de s’arrêter un peu, de se poser les bonnes questions, et d’être certains de ce que l’on veut vraiment pour notre vie, notre présent et notre futur.
Quoi qu’il en soit, nous avons pris quelques présents alimentaires pour le déjeuner, afin de les offrir aux personnes qui vont nous accueillir! Au Japon, une sud-américaine, Candice est allée travailler pendant 1 an dans l’industrie automobile. Elle s’est liée d’amitié avec beaucoup de locaux, dont 2 japonais, qui travaillent maintenant avec elle à Johannesburg. Sho a fait la connaissance de ces deux compatriotes à travers des réseaux d’expatriés. L’un d’entre-eux repars dans son pays prochainement. Candice a voulu organisé une fête de départ, autour d’une tradition très ancrée dans les mœurs en Afrique du Sud; un «Braai»! Cela signifie barbecue en Afrikans. On peut dire que le barbecue du dimanche est «une institution nationale»! Nous nous rendons donc chez les parents de Candice, où nous avons été invités. Nous y passerons toute l’après-midi. Quand nous arrivons, le barbecue est déjà allumé, des boerwors (grosses saucisses épicées) des côtes de bœuf, des morceaux de poulet, des brochettes sont déjà sur le feu. Les glacières sont de sorties. Elles sont pleines de boissons en tout genre dont les populaires bières, tel que Caste, Lager, Hansa Pilsener, des cidres dénommé Hunter et Savana et de vins du pays dont la réputation n’est plus à faire et ne cesse d’augmenter. Il y a aussi des boissons gazeuses, des jus de fruit et de l’eau plate et avec bulles.
Toute la famille de Candice est présente. Les parents qui nous accueillent chez eux, son frère et son amie, des oncles et tantes, l’amie de Candice; Diane, Sho et ces deux acolytes, et moi-même! Nous faisons connaissance, échangeons. Je suis très bien accueilli et je me sens tout de suite très à l’aise! Très rapidement, nous avons une première bouteille de bière pour certains, ou de cidre pour d’autres, dans la main. La quantité de viande qui cuit sur la grille est impressionnante, mais je n’ai pourtant encore rien vu. Allant aider la maman de Candice, dans la cuisine, je découvre un vrai festin de salades, de crudités et autres préparations pour accompagner la viande. Le beau temps est toujours de la partie. La chaleur monte avec l’heure qui passe, en ce début d’après-midi. Nous nous mettons finalement tous à table avec des assiettes bien remplies, les verres pleins, et un grand sourire qui rayonne sur nos visages. Peu importe si les convives se connaissent depuis leur naissance, quelques années, quelques jours, quelques minutes, comme c’est mon cas. J’ai le sentiment que nous faisons tous partie de la même famille. Vous ne pouvez pas savoir le bonheur que ça me procure et que je ressens dans tout mon corps en vivant cette expérience, alors que je suis seul, à plus de 9000 kilomètres de mes terres natales et de mes proches! L’après-midi se déroule dans la joie et la bonne humeur. Après le plat principal, avec les plus jeunes, nous allons nous promener dans le quartier. Deux choses me choquent. Elles sont diamétralement opposées. L’une va dans le sens de la bonne ambiance et du bien-être qui règne dans cette famille. En effet, dans cette grande mégalopole, à part dans le centre à proprement parlé de Johannesburg et Pretoria, je n’ai pas l’impression d’être dans une grande capitale comme Paris, mais plutôt dans une succession de petits villages. Le Gauteng est construit sur des collines. La nature est présente partout. Il y a des parcs, des arbres le long de chaque avenue, de grands espaces boisés entre chaque centre un peu plus urbanisé. Les maisons sont rarement hautes et beaucoup possède du terrain. Près de Chez Candice, à 10 minutes de marche, nous nous trouvons au pied d’une falaise avec une vision sur la nature. Une petite rivière s’écoule dans la vallée, en cascade… L’autre aspect qui m’interpelle, par contre me ramène à une dure réalité du pays. La protection et la sécurité est un vrai commerce qui se voit directement chez ces personnes de classe moyenne ou aisée. Toutes les maisons sont entourées de fils électriques, au-dessus de très grandes palissades. Il y a des barreaux aux fenêtres, des alarmes dans la maison, des caméras dans chaque recoin. Il y a souvent en plus un chien de garde et une entreprise de sécurité des biens et personnes, qui tourne en voiture régulièrement dans les différents quartiers. La différence est telle entre les populations, les agressions avec violence sont quotidiennes, poussant les personnes un peu plus aisées à vivre dans de «vraies prisons», chez elles. Malheureusement, il existe de nombreux meurtres, mutilations et viols sur des personnes de tous âges et tous sexes. Mais je crois surtout que l’état maintien la population dans un état de peur et de paranoïa. La sécurité est développée à outrance, en raison d’un sentiment d’insécurité. Elle est devenue un vrai business qu’il faut entretenir, permettant la vente de nombreux produits et la création de nombreux emplois! La sécurité privée possède un chiffre d’affaire qui dépasse largement le budget de nombreuses institutions nationales. Par exemple, il dépasse de plus de 50%, le budget de la police nationale, pour rester dans le domaine de la prévention, de la sécurité et du maintien de l’ordre. L’Afrique du Sud peut facilement être perçue comme un pays cauchemardesque. Les chiffres suivant ne sont pas là pour rassurer les habitants ou possibles visiteurs; plus de 16 000 meurtres par an, 30 000 «car-jackings» (vol avec violence lorsque la victime est dans son véhicule en circulation), et le triste record mondial des viols. Pourtant si l’on épluche un peu ces données et que l’on continue d’exploiter les chiffres connus, les violences se déroulent plutôt entre les personnes des mêmes quartiers, souvent défavorisés. 80% des crimes se déroulent entre des individus qui se connaissent. Une bonne majorité d’entre-eux ont lieux suite à des règlements de comptes, ou suite à des rixes dégénérant en raison de l’alcool ou de la drogue. Elles visent parfois des personnes qui ont beaucoup de biens matériels, alors que des personnes sans moyens les envient! Mais cela reste minoritaire. Il suffit de rester prudent, hors de certaines zones surtout en ville, où il est important de suivre quelques conseils et notre bon sens. En campagne, il n’y a normalement aucun risque.
Quoi qu’il en soit, dans ce quartier, tout semble pourtant si calme, si paisible! Mais l’engrenage s’est enclenché il y a quelques années. Il a semblé bon à chacun de faire au moins comme son voisin. Je n’ai et n’aurais vraiment pas envie, pour ma part, de vivre toute ma vie derrière des barreaux, dans un climat d’insécurité. Pourtant en cette journée, je ne ressens vraiment pas cet aspect pesant. Je vis des moments uniques. Et ils vont se poursuivre jusqu’à ce que je regagne mon lit.
Après nos deux ballades et être rentrés chez les parents de Candice, nous nous voyons offrir le thé. Ce dernier est accompagné de gâteaux divers au chocolat, à la crème pâtissière, et un aux fraises. Mais l’originalité pour moi de ce goûter-dessert sera plutôt dans un produit typique du pays. En effet, ils ouvrent trois paquets différents de Biltong. Il s’agit d’une viande séchée, souvent de la viande de bœuf mais aussi de springbok, ou d’autruches. Cet aliment a été mis au point par les Afrikaners, pour survivre, quand ils sont partis pour la «Grande migration», le «Grand Trek». Ce dernier se concrétise par une grande migration des Boers, qui avaient soif d’indépendance. Quoi qu’il en soit, on trouve encore partout dans le pays cette viande séchée. C’est un délicieux met, qu’ils dégustent à toute heure de la journée, en guise d’en-cas. Nous ne mangeons pas vraiment par faim à ce moment de la journée, mais par pur gourmandise et, pour moi, avec le plaisir de découvrir de nouveaux produits… L’abondance en est même parfois gênante. Cela me permet néanmoins d’avoir un premier aperçu de la vie dans le pays, même si elle est très loin de la réalité de la majorité des habitants. Nous passons encore plus d’une heure autour de la table, avant que le ciel gris et menaçant de la fin de journée, se déchire finalement. Nous avons à peine le temps de tout ranger et mettre à l’abri. Les pluies torrentielles s’abattent alors sur la région, les éclairs illuminent ce ciel noir. Cela sonne aussi le glas de cet après-midi. Nous plions bagage, raccompagnons les amis de Sho chez eux. Nous rentrons sous des trombes d’eau. Nous avançons à peine à 30 km/h sur la voie rapide. Les éclairs n’en finissent pas de déchirer le ciel dans tous les sens. Nous rentrons finalement sain et sauf avant de continuer notre journée.
Nous n’avons pas prévu de passer une soirée au calme même si nous resterons chez lui. Sho a invité ces voisins de paliers, des jeunes, à venir dîner. Nous devons commencer directement la préparation de la soirée. 19h30 a déjà sonné et la première invitée frappe déjà à la porte. Cette soirée sera sous le signe du multiculturalisme. Il y a une indienne, une sud-africaine originaire des Etats-Unis, un sud-africain d’une ethnie du nord, accompagné de sa sœur, qui met pour la première fois les pieds dans la capitale, et dans une grande ville moderne et développée, une personne d’Espagne, Sho du Japon et moi-même. Les discussions sont animées, mais très respectueuses et avec une ouverture d’esprit de tous qui permet d’évoquer des sujets sensibles ou de désaccord, sans jamais juger ou heurter les sensibilités des uns et des autres mais plutôt en ouvrant un débat intéressant ou chacun apportera sa pierre et sa vision des choses à l’édifice d’une vision humaniste et idéal. Nous abordons entre autre, le sujet de l’Apartheid, ou régime de la ségrégation raciale, qui a sévit pendant de trop nombreuses années! Même s’il est aboli sur le papier, dans la constitution et au niveau des lois, ce pays aurait besoin encore d’un grand changement de mentalité et d’une bonne redistribution des richesses. En tout cas, c’est super d’avoir le point de vue de personnes ayant des histoires totalement différentes, venant de différents milieux sociaux et n’ayant pas eu la même chance vis-à-vis des inégalités qui sévissent encore aujourd’hui. Et cela prend encore plus de relief avant la visite que je ferais le lendemain. En attendant, je profite, jusqu’à la dernière miette de ce week-end unique.
Pour l’instant la soirée continue de nous procurer un moment intense de partage, de joie, ponctuée par quelques sourires et fous-rires qui sont encore une nouvelle fois, une vrai bulle d’oxygène. Chacun reprenant ces activités hebdomadaires le lendemain, nous n’allons pas nous éterniser tout de même. Les invités partent presque tous en même temps. Cette journée fut riche et toujours autour du partage. J’ai rencontré plus d’une vingtaine de personnes. Même si ce fut une nouvelle fois éphémère, elles m’ont toutes apportées un petit quelque chose. Nous avons partagés un instant de vie sous le signe de la tolérance, du respect, du partage, et de l’envie d’apprendre grâce et avec l’autre, tout en respectant son prochain et en ayant envie de l’aider même par un simple geste. Le sens de l’accueil des personnes qui m’ont offert l’hospitalité et le couvert aujourd’hui est un vrai cadeau du ciel!
Sho part le lendemain pour une mission, lié à son travail, à Madagascar, pendant 3 jours. Je savais donc que je ne pouvais pas rester après le week-end, chez lui. J’ai trouvé un autre Couchsurfeur chez qui je peux passer les prochains jours et continuer à découvrir d’autres aspects de cette mégalopole.
Lundi matin, avant qu’il ne parte à l’aéroport, Sho me dépose à la station de Gautrain de Sandton. Je prends en premier lieu la direction du Nord. Je m’arrête à la station de Centurion, un autre grand centre urbain de cette mégalopole. Stephano, sud-africain, d’origine italienne, du côté de son père, va me recevoir chez lui. Mais en ce début de matinée, je ne fais que déposer mon gros sac-à-dos, dans sa voiture, à son travail. Puis je repars seul pour découvrir un peu plus en profondeur la ville de Johannesburg. Dans le centre-ville, les gratte-ciels font du touche-touche. Je ne veux surtout pas prendre le bus touristique « City Sightseeing Red bus». Je découvre donc les rues à pied, allant de site en site. Ce centre-ville est délabré. Je suis pour ainsi dire le seul blanc à me balader dans les rues, et malgré moi je sens des regards pesants se poser sur moi. Quand je m’approche, je sens parfois des regards interrogateurs, parfois noirs! Je pourrais ne pas me sentir à l’aise. Mais en prenant mes précautions, je ne prête pas attention à ces derniers. Quand je m’arrête pour demander un renseignement à quelqu’un, j’ai souvent au début le sentiment de déranger. Mais quand ils voient que je ne suis pas un Afrikaner, mais un simple voyageur, que je les traite avec respect, sur un pied d’égalité, voir même avec l’humilité de la personne qui ne connait pas les lieux, et un sourire, leur visage se décrispe et l’échange prend une toute autre forme. Je trouve alors des personnes très aidantes, qui font leur possible pour me renseigner. Les petits commerçants d’étals de rue sont heureux de pouvoir me vendre quelques fruits et légumes! Après avoir vu quelques monuments historiques, je décide de me rendre à un des plus fameux musés de la mégalopole. Il est un peu excentré et surtout en dehors du centre-ville. Je ne peux pas m’y rendre à pied vu la distance. Je dois donc trouver un moyen de transport en commun. Après avoir demandé à des policiers, il me dirige vers un taxi. Ce n’est pas ce que je veux et même si le chauffeur va insister pour me vendre «la course», nous finissons par en rigoler!
Je trouve finalement la station de bus que l’on m’a indiqué. Mais il n’y a aucune information, ni plans, ni horaires, concernant les directions, les bus à prendre et comment se rendre à destination. Quand je demande aux locaux, ils n’ont pas connaissance de ce musée et donc encore moins du moyen pour s’y rendre! Je trouve finalement un pseudo bureau de renseignements qui peut me guider, après que je leur ai donné un peu plus de renseignements sur la destination voulue. Je dois attendre près de 45 minutes pour qu’un bus partant dans la direction voulue, daigne finalement montrer le bout de son nez. Je confirme avec le chauffeur le bien-fondé de monter dans son engin motorisé. Après 30 minutes de route, le chauffeur me dépose à un carrefour. Il me dit alors que je n’ai plus qu’à continuer tout droit, suivant la route perpendiculaire à la direction qu’il va emprunter! 10 minutes de marche à pied, et je suis finalement arrivé dans la zone d’attraction et de divertissements de la ville. Encore une fois, je ne m’attendais pas vraiment à cela, à voir comment la société de consommation capitaliste est développée. A côté, de ce musée d’histoire et de mémoires du passé, il y a un parc d’attraction avec de nombreux manèges. Encore plus déroutant, il y a un grand casino avec tous les jeux d’argent que l’on peut retrouver dans ce type d’établissement. Par curiosité, j’y fais un tour avant de me rendre dans le fameux musée, dénommé «Apartheid Museum»! Ce casino n’a vraiment rien de particulier, sinon que son ambiance glauque où des personnes assoiffées d’argent se transforment en vraie automate, particulièrement aux machines à sous! Peu m’importe, cela m’a permis de découvrir un autre aspect de ce pays où les niveaux de vie sont tellement disparates. Je ne m’y attarde pas. J’en ressors aussi vite que j’y étais entré. Je traverse la route pour rejoindre l’entrée du musée. L’Apartheid Museum est donc situé juste à côté du Parc d’attraction de Gold Reef City. Ouvert en 2001, ces expositions sont consacrées à l’histoire de l’Afrique du Sud au XXième siècle, et il est plus spécialement axé sur le thème de l’Apartheid, qui a marqué de son empreinte ce pays, lors du siècle dernier. Cette politique de «développement séparé» fut conceptualisée et mis en place à partir de 1948, en Afrique du Sud. Mot Afrikaans, partiellement dérivé du français, il signifie «mise à part»! Ce régime a affecté des populations entières selon des critères raciaux ou ethniques. Il a été la «légalisation» législative d’une pratique, jusque-là empirique, de ségrégation raciale. Il a été la démonstration de la peur de blancs colonisateurs, d’être engloutis par la masse du peuple natif, à la couleur de peau noire (Actuellement, les chiffres, de distinctions par la couleur de peau, très péjoratifs de mon point de vue, mais une réalité du terrain en Afrique du Sud, sont 79% de «Noirs», 9% de «Blancs» et 8,9% de Métis). Les lois rigides qui ont été mises en place, avaient pour seul but de protégé une minorité blanche obsédée par sa survie. Dans une même aire géographique, où se confronte alors, et c’est le cas encore aujourd’hui, une société de subsistance «tiers-mondiste», et une société surdéveloppée, provenant du modèle occidental.
La longue période de l’Apartheid, qui s’étale sur plus de 50 ans, est magnifiquement comptée dans ce musée, qui me prend aux triples. Après avoir admiré, depuis l’extérieur, les piliers de la constitution, qui sont les fondements de la nouvelle société de liberté et d’égalité, je pénètre dans le musée, dans des couloirs qui reconstituent la classification par «race»; «native», «coloured», «Asian», et «White» (Natif, coloré, Asiatique, et blanc). Les documents d’identité furent les principaux outils utilisés pour mettre en œuvre la division raciale. De nombreux panneaux, des interdictions, et différences de droit ont ponctués ces années d’inégalité criante. La complétude du musée est impressionnante. Il aborde les sujets du voyage, de la violence, de la vie pendant l’Apartheid, des terres natales, de la montée en puissance et au pouvoir des blancs, des exécutions politiques, des racines naissantes du compromis, de la relâche de Mandela, de l’accord de paix national, des élections de 1994, des nombreuses violences et heurts, de la nouvelle constitution… Pendant plus de trois heures, j’arpente ces allées, couloirs, salle d’exposition! Je suis happé par mes ressentis, mes émotions. Je comprends alors beaucoup mieux ce que cette nation a pu vivre, des horreurs abominables que l’être humain a pu engendrer dans ce pays encore meurtri dans sa chair. Je comprends mieux ce climat actuel pesant, qui crée de nombreuses barrières entre les peuples. Surtout que l’Apartheid a été définitivement bannît et détruire légalement parlant, mais les inégalités sociales, économiques ou les différences d’accession aux mêmes opportunités sont encore d’actualité de nos jours. L’apartheid a été aboli le 30 Juin 1991 après que de lourdes sanctions internationales aient pesées sur le pays, après que des réformes aient vues un peu le jour, pour diminuer les ségrégations. En avril 1994, après les premières élections parlementaires, non raciales, au suffrage universel, Nelson Mandela devient le premier président noir d’Afrique du Sud. Il est de son temps le chef d’Etat le plus admiré de la planète, après avoir passé plus de 27 années d’emprisonnement pour des raisons politiques. L’Afrique du Sud est alors devenue une nation démocratique multiraciale. Mais même si les avancées pour les droits de l’homme sont fulgurantes et exceptionnelles, le chemin pour obtenir l’égalité de tous est encore semé d’embûches et très loin d’être atteint aujourd’hui. Quoi qu’il en soit, je viens de prendre pleinement conscience de la réalité d’un pays, dont l’histoire sulfureuse, n’a pas finie de lui laisser une belle balafre, quasiment indélébile, ou du moins qui prendra encore des décennies avant de s’estomper. Cela sera possible si et seulement si les mentalités des individus changent, s’ils veulent bien définitivement tourner une page! Je ressors bouleversé de cette plongée dans une histoire récente d’un pays, qui a pourtant tout pour réussir et avoir une place importante sur la scène internationale. J’avais déjà des notions de l’histoire tumultueuse de ce pays, mais je viens de prendre une belle leçon d’histoire, me permettant de beaucoup mieux comprendre la situation actuelle. En tout cas, plus de 20 ans après la fin de cette période noire pour le pays, la transition reste très mitigée. Cela se voit à tous les niveaux de la société, particulièrement en raison des différences sociales que l’on pourrait qualifier d’une certaine forme de «racisme»! Cela provoque de graves tensions, malgré le fait que le gouvernement est instauré un programme d’éradication de la pauvreté. Sachant que la partie la plus importante de la population sud-africaine, qui vit sous le seuil de pauvreté, est toujours majoritairement noire. Près de 60% de la population vit sous ce seuil et 37% vit avec moins de 2 US$ par jour. Criminalité, corruption, pauvreté, viols et autres sévices expliquent une violence endémique que le gouvernement et les associations n’arrivent pas à stopper. Les migrants sont régulièrement la cible d’attaques dans les «bidonvilles», des émeutes xénophobes ont faits de nombreux morts en 2010. Elles ont été à l’origine de grands déplacements de population. Outre les migrants, les femmes sont parmi les premières victimes d’agression. Les viols et la politique de déni des autorités, pendant des années, sont ainsi à l’origine et l’accru d’un des plus grands fléaux qui ronge cette société; le sida et la séropositivité de près de 15% de la population. Des actions sont mises en place mais cela prendra de longues années pour essayer d’endiguer ce problème, comme c’est le cas pour tellement d’autres mauvaises choses qui ravagent les populations du pays d’une façon ou d’une autre. Ce qu’il faut retenir de ces dernières années, concerne le tour de force réussi par Nelson Mandela, pour faire éclore d’un passé tumultueux, un pays économiquement stable, avec la généralisation de la mixité raciale dans les écoles, institutions et administrations, et l’émergence d’une classe moyenne. Pourtant la majorité du pouvoir économique, les grandes entreprises et les terres restent dans les mains de Blancs.
Tous ces faits ne me font aucunement peur! J’ai envie d’aller de l’avant, de m’ouvrir aux autres, casser des barrières inutiles, par un simple sourire, un échange avec mon prochain quel que soit sa couleur de peau, car cela n’a aucune incidence pour moi sur les liens que je peux établir avec une personne.
D’ailleurs, ce n’est pas par ce qu’une majorité de Blancs du pays, vivent avec la peur au ventre, un racisme latent et malsain dans leur esprit, que je vais leur emboiter le pas! Je ne veux toujours pas prendre de taxi pour retourner dans le centre-ville de Johannesburg. En discutant avec une vendeuse d’un magasin, j’apprends que des vans passent par là et se dirigent dans la direction souhaitée. Il me suffit de lever un doigt vers le ciel, en bord de route. Cela signifie que je veux me rendre en plein centre, près des gratte-ciels. Quelques vans passent devant moi sans s’arrêter. Finalement au bout de quelques minutes, un d’eux s’arrêtent à ma hauteur. Après mettre assuré qu’il se rend bien où je le désire, je monte à l’avant de ce dernier. Je suis la seule personne à la peau blanche. Cela à l’air de mettre plus mal à l’aise, les autres occupants de ce véhicule, que moi-même. Mais quelques sourires, un petit échange amical et quelques questions détendent tout de suite l’atmosphère. Après que j’ai réglé la course au chauffeur pendant le trajet, après quelques minutes de conduite énergique, il me laisse dans le centre-ville. Je ne suis pas directement aux abords de station «Park Station» du Gautrain. Mais demandant mon chemin à de piétons qui croisent ma route, je retrouve très vite mon chemin pour retourner à Centurion, et retrouver Stephano.
Après qu’il met récupérer à la sortie de son travail, nous passons une très bonne première soirée à discuter, en préparant un bon repas, et en le dégustant ensemble. Fatigué par sa journée de travail, il va très vite se coucher. Je veille un peu plus tard et continue de préparer la suite de mon voyage. Je suis passé au consulat de France pour renouveler mon passeport le matin même. Malheureusement, ils avaient un problème de coupure de courant. Je n’ai donc pas pu faire les démarches souhaitées. Je devrais y retourner dans les jours à venir, avant de finaliser la démarche et pouvoir obtenir ce dernier, quand je reviendrais dans la ville quelques semaines plus tard. En effet, mon itinéraire dans le Sud de l’Afrique se dessine. Je repasserais par cette plaque tournante aéroportuaire, avec les prix les plus attractifs, pour m’envoler vers de nouveaux horizons. Mais je n’en suis pas encore là. Je veux profiter des quelques jours dans la région de Johannesburg et préparer la prochaine étape.
Le lendemain, je ne bouge pas trop, Je pars courir dans et autour la zone résidentielle surveillée, où se trouve la maison de Stephano. Je découvre un parc sympathique et peux me rendre un peu mieux compte comment sont construites ces banlieues résidentielles très étalées, avec de nombreux espaces verts. La voiture est quasiment obligatoire pour se déplacer dans ce genre d’endroit. A pied, en marchant, il m’aurait fallu plus de 15 minutes, seulement pour sortir de la zone résidentielle, où il habite et atteindre la route… La journée passe très vite. Je fais quelques courses pour partager un repas avec mon hôte et deux autres personnes qui arrivent le soir même. Il s’agit d’un couple de français, en voyage en Afrique, et qui reviennent d’un tour au Botswana, et Namibie. Ils ont loués une voiture pour parcourir ce trajet et être autonome. Anne et Florent sont des personnes très sympathiques, avec des parcours très intéressants. Ils vivent une belle expérience sur le continent africain. Ils m’apporteront pleins de précieux renseignements sur les prochaines destinations, où je veux me rendre. Nous passons, tous les quatre, une très bonne première soirée. Le voyage; passion commune, restera au centre d’une majorité de discussions.
Le lendemain, 10 décembre, Florent doit aller récupérer son nouveau passeport, après qu’il est fait la demande de renouvellement. Je profite de l’occasion pour m’y rendre aussi, avoir la chance d’avoir un moyen de locomotion direct, et de passer un peu plus de temps avec des personnes très agréables. Nous pouvons cette fois-ci faire les démarches assez rapidement. Je pourrais récupérer mon nouveau passeport gratuitement. Il sera utilisable jusqu’à la date de validité actuelle mais avec de toutes nouvelles pages pour remplacer ce deuxième passeport, que je viens de remplir lors de mon Vol Libre. Anne et Florent se rendent ensuite à Pretoria, capitale administrative, pour demander des visas à l’ambassade du Mozambique. Je continue alors le parcours avec eux, sauf que pour ma part, je pars découvrir cette partie de la mégalopole, où je n’ai encore jamais mis les pieds. Je flâne dans la ville en commençant par un parc très agréable, où des oiseaux typiques du pays se mêlent aux badauds. Puis j’arpente les rues du centre-ville, en me dirigeant vers le cœur de la ville. Je n’ai pas de plan de Pretoria mais je vais finalement trouver une carte touristique au musée d’histoire naturelle. Je peux alors facilement me repérer et cibler les lieux que je vais visiter. Je découvre l’hôtel de ville avec son carillon, ces 32 cloches, et la statue d’Andries Pretorius qui préside le jardin frontal. Je découvre ensuite la gare ferroviaire et le «Freedom Park» (parc de la liberté), inaugurée en 2007, sur la colline de Salvokop, et qui est dédié à la mémoire de tous les sud-africains tués dans les guerres et conflits auxquels le pays a participé. J’emprunte de nouvelles rues après être redescendu de ce mémorial. Je passe devant la maison de Melrose, où a été signé le traité mettant fin à la guerre des Boers. Il y a de très beaux parcs, où de nombreux habitants viennent se relaxer, ou fêter des événements comme par exemple ces enfants, fêtant avec leurs parents, l’obtention de «leur diplôme» de la crèche. Ils arborent des habits de cérémonie très protocolaires pour un si jeune âge. Je descends ensuite l’artère principale de la vile; Church street, puis atteint la place centrale; Church square! C’est ici que fut érigée la première église de Pretoria, et elle est entouré de monuments afrikaner typique, tel l’ancien parlement, l’ancienne chambre des lois, le palais de justice… et en son centre la statue de Paul Kruger, éminente personne du pays, président de la république sud-africaine du Transvaal de 1883 à 1902.
Je passe ensuite un moment unique devant le siège du gouvernement, ou «Union Buildings». Edifié par l’architecte Herbert Baker en 1910, il est fermé au public, pour des raisons de sécurité, de logistique et afin d’assurer le bon fonctionnement de ces administrations. Mais ces jardins offrent un très beau point de vue sur la ville. Une célèbre statue équestre de Louis Botha ainsi qu’un monument aux morts de la première guerre mondiale ont une place importante, mais moindre en comparaison avec la beauté des parterres fleuris et surtout une imposante statue de Nelson Mandela avec les bras grands ouverts. Tous les touristes ou personnes de passages s’arrêtent devant cette statue et veulent immortaliser le moment. Je ne couperais pas à cette tradition. Je prends une très belle photo, chargée de sens avec un sud-africain, qui me demande de venir à ces côtés et de lever le poing. Je trouve l’image forte et fraternelle. Elle marquera d’une forte empreinte ce séjour dans le Gauteng. Les échanges que j’ai avec les différentes personnes, que j’interpelle ou qui vont m’interpeller, sont intenses et chargés en émotion pour une ou deux d’entre-elles. Anne et Florent viennent ensuite me chercher devant ce bâtiment. Nous rentrons ensemble chez Stephano. Je viens de passer une très belle journée et de découvrir un autre aspect de ce grand centre urbain, qui a une importance de premier plan sur ce continent. Une fois encore, la soirée sera des plus simples, mais aussi des plus agréables dans l’échange et le partage avec tous. Les jours suivants, je partage mon temps entre écriture, trier et organiser les photos. Je vais aussi visiter quelques parcs dans les environs, courir, passer du temps à discuter avec des locaux, et indirectement préparer la suite de mon voyage, surtout avec la réservation d’un billet d’avion. Je viens de me rendre compte qu’il est moins cher pour moi de me rendre à la destination suivante en avion, et que cela va me permettre d’obtenir un double visa très rentable économiquement parlant, Il est possible de l’obtenir seulement dans l’aéroport, où je vais atterrir, jusqu’à nouvel ordre. De plus, l’idée n’est pas forcément de passer trop de temps dans le pays, non pas par envie, mais par gestion de mon temps et de l’organisation des semaines à venir! Nous passons encore de très bonnes soirées avec Anne, Florent et Stephano. Le couple de français passe leur dernière soirée avec nous le 12. Nous allons dans un bar dansant, où l’ambiance est électrique! Le 13, je passe à mon tour ma dernière soirée chez Stephano. Nous recevons une amie à lui, qui habite au Nord de Johannesburg. Nous lui avons concocté un petit repas léger et fin!
Cet épisode fut très court en Afrique du Sud. Mais comme je le disais, cela m’a permis de comprendre un peu mieux ce pays unique. Je sais que je partirais pour en explorer d’autres recoins dans quelques semaines. Lorsque je finirais mon tour dans le sens inverse des aiguilles d’une montre des quelques pays du Sud d’Afrique dont je veux fouler le sol! Des expériences folles m’y attendent encore! Je suis persuadé que j’aurais besoin d’y revenir plus d’une fois pour en découvrir tous ces secrets! En ce dimanche 14 décembre 2014, je décolle pour découvrir un nouveau pays et surtout certaines des chutes d’eau les plus spectaculaires du monde! Un spectacle détonant m’attend!
Expérience enrichissante pour découvrir les multiples facettes de ce pays plein de contrastes et surtout d'une histoire chargée due à l'apartheid. Merci pour ce partage.
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