Quand nous nous réveillons ce matin à San Juan del Sur, nous
sommes arrivés au Nicaragua. Nous sommes le mercredi 23 Mars 2016. Depuis mes
derniers écrits, deux jours se sont écoulés qui n’apparaissent sur aucune des
lignes écrites! Nous n’avons pas pris l’avion ou le bateau! Pourtant nous
sommes dans un nouveau pays, qui n’est pas frontalier avec le dernier. Notre
itinéraire est-il plausible? Suivons-nous une logique qui pourrait avoir une
explication censée? Tout possède toujours une explication, pour une personne
qui essai d’utiliser son temps à bon escient, surtout en voyage. J’organise mon
trajet pour être au bon moment au bon endroit et pour ne pas avoir à revenir
dans un endroit déjà visité auparavant, sauf si une situation particulière
s’impose à moi, à nous! Cette fois-ci encore deux raisons spécifiques auront
fait que ce choix s’imposer à nous.
Nous avons franchi la frontière avec le Costa Rica, le 22 au
soir. J’évoquerais avec vous les deux jours précédents dans ma prochaine
publication. C’est un pays extraordinaire de l’Amérique centrale. Mais là n’est
pas le thème présenté maintenant.
Il est plus de 20h00 quand nous rentrons dans le pays. Il
fait noir, il y a peu de lumière, seul les camions transit à cette heure
tardive. Le vent souffle dans cet espace; ce «no man’s land», entre les deux
pays. Nous avons du mal à trouver l’endroit, pour nous déclarer afin de rentrer
dans le pays, obtenir le précieux tampon sur notre passeport, avec la date, et
payer la taxe d’entrée sur le territoire. Une fois cette étape effectuée, nous
devons encore trouver un moyen de nous rendre à notre première étape dans le
pays. A cette heure-ci aucun moyen de transport en commun ne circule de ce
côté-là de la frontière. Nous avons rencontrés un couple d’irlandais dans le
bus. Nous décidons donc de partager le taxi, avec eux, pour nous rendre à San
Juan Del Sur, une des seuls stations balnéaires du pays. Nous sommes au début
de la semaine sainte, qui est ici signe de vacances et de festivités pour les
locaux. Nous pouvons très vite le constater en arrivant dans cette ville de la
côte, ou de grandes estrades et des podiums sont montés.
Nous trouvons un logement pour la nuit sans trop de
difficultés car les festivités ne commencent que dans deux jours. Nous savons
pourtant que nous ne resterons pas plus d’une nuit. Cette étape est et sera
agréable, mais elle ne correspond pas à une obligation, que dis-je, plutôt pas
à un vrai choix, dans notre parcours dans le pays. N’ayant pas trop de temps à
consacrer à cette destination qui n’était au début pas incluse dans notre
périple, nous nous n’éloignerons pas trop des sentiers battus Nous allons
pourtant y vivre des expériences extraordinaires. Nous avons décidés de nous y
rendre sur le conseil de voyageurs! C’est un pays moins développé que ces
voisins en raison des crises récentes et de la dictature qui a longtemps laissé
le pays un peu en retard par rapport au train de la modernité! Tout y est un
peu plus archaïque mais aussi beaucoup moins chers. Malgré le fait que ce pays
ne soit pas très développé touristiquement parlant, il possède néanmoins des
atouts non-négligeables!
A San Juan del Sur, quoi qu’il en soit, nous effectuons déjà
une virée nocturne sympathique. Nous nous promenons au bord de plage et sur la
digue, où vont se dérouler prochainement les festivités de cette semaine
particulière pour les chrétiens, mais qui est ici un peu devenu une semaine de
vacances, de folies où tout est permis…
Puis je rentre à l’hôtel où Lucie dort profondément. A son réveil, nous prenons le temps sur la
plage, où l’agitation se fait de plus en plus grande. Nous pouvons admirer
certaines personnes, déguisées en habit traditionnel de fête, qui effectuent
quelques pas de danse.
Après un petit-déjeuner pris au bord de l’eau, après avoir
fait nos bagages, nous prenons la direction d’une nouvelle ville. Nous avons
décidés d’aller le plus loin, le plus haut possible dans le pays, avant de
redescendre petit-à-petit. Il existe
encore un pays que nous voulons découvrir beaucoup plus en profondeur, et ne
pas seulement l’avoir traversé. Puis
notre prochain avion redécolle de Panama City (parfois la logique économique et
financière pris prime sur la logique d’un «parcours censé» qui ne comprend pas
le fait de revenir en arrière. Etre au
bon moment au bon endroit pour les saisons, implique aussi parfois d’aller et
venir d’une partie d’un continent pour un autre.
Montant vers le Nord-Ouest, nous utilisons de vieux bus
bondés, où nous passons parfois plusieurs heures debout, avant d’obtenir
finalement une place assise lorsque certaines personnes atteignent leur
destination finale, et que d’autres personnes ne se ruent pas dessus. Nous
pourrons constater que les nicaraguayens sont des personnes adorables mais de
vrais fous furieux quand il s’agit du bus ou des moyens de transports en
commun!
Nous arrivons finalement en fin d’après-midi à León. Ville
coloniale magnifique, nous assistons tout d’abord à un somptueux coucher de
soleil, alors que nous nous rendons de la gare routière au centre-ville. Nous y
dégotons une petite auberge famille très sympathique, même si rustique, avec
une chambre simple, une cuisine que l’on pourrait assimiler à celles des années
50, années 60 maximums en France. La salle-de-bain est partagée avec les autres
chambres de cette auberge, qui est en fait une maison familiale aménagée.
Après une nuit réparatrice, nous découvrons tout d’abord le
centre-ville au charme indéniable. Les bâtiments coloniaux y sont très colorés.
Je peux attribuer le même adjectif aux étals des marchés et des magasins, qui
pullulent dans ce centre populaire. En
ce Jeudi 24 Mars, le plus grand jour pour les chrétiens de notre planète
approche. Dans la splendide cathédrale de la ville, une grande cérémonie s’y
déroule déjà. Nous n’y assistons pas en entier mais nous en découvrons quelques
morceaux intéressants. Déambulant dans les rues, nous avons obtenus des
informations intéressantes concernant les activités phares de la région. Nous
décidons de prendre part à l’une d’entre-elle dès le début de l’après-midi.
Nous sortons de la ville en 4x4 pour atteindre rapidement un
chemin de terre, qui monte vers un sommet particulier. En chemin, nous pouvons
y admirer un peu de faune et flore typique de la région, dont l’oiseau
national, qui est spectaculaire avec ces couleurs multiples et flashies. Depuis la route, nous avons déjà de
spectaculaires vues sur le volcan Telica. Plus nous montons, plus nous avons la
chance de découvrir les autres volcans de cette chaîne, assez basse par ici,
qui forment la cordillère des Andes. Arrivés à la fin de la route empruntable
par des véhicules motorisés, nous continuons à pied. Les paysages volcaniques
sont impressionnants. Ils sont ici très récents! Une explosion a encore eu lieu
il y a un peu plus d’un mois, provoquant, en pleine nuit, la mort de plusieurs
dizaines de tête de bétails, qui se trouvaient dans les environs pour paître.
Le chemin qui monte vers le sommet est semé de gros cailloux. Certains se sont
fait expulsés assez récemment du sommet, soit dit en passant parfaitement
conique de ce volcan. Avec notre guide, nous montons en un peu plus d’une heure
au sommet de ce dernier. Se penchant au-dessus du cratère, nous devinons un peu
de lave au fond de ce dernier. C’est déjà un beau spectacle mais nous n’avons
encore rien vu. Un tel endroit, dans de telles conditions serait interdit à la
visite en France. Mais ici tout est encore possible malgré les risques.
Heureusement tout de même, des instruments surveillent en permanence l’activité
de ce dernier.
Nous marchons autour du volcan pour y admirer différents
points de vue et surtout se donner l’opportunité d’observer le coucher de
soleil depuis ce sommet. De notre côté, nous sommes très calmes mais d’autres
groupes, pourtant avec des guides, commencent à boire sans être vraiment
conscients des risques que cela peut engendrer. Les retrouvant un peu plus tard, au point où
il est possible d’admirer la région, nous nous écartons d’eux pour profiter des
lieux en toute quiétude. Nous assistons
alors à un magnifique coucher de soleil en dégustant des fruits, des noix et en
buvant un bon jus. Comme la braise, le soleil est incandescent dans le ciel. La
lumière est magique tout le temps, où il descendra vers l’horizon, et même
longtemps après aussi.
La pénombre commençant alors à se faire sentir, nous
rebroussons chemins pour remonter au bord du cratère. De nuit, nous pouvons un
peu mieux observer la beauté des lieux. La lave stagne au fond de ce volcan,
assez actif, malgré sa torpeur trompeuse actuelle. A chaque fois, nous
regardons dans le cratère avec prudence car les rebords, faits de petites
pierres volcaniques glissantes, pourraient s’avérer dangereux. Si par mégarde, nous voulions voir encore un
peu mieux et s’aventurer un peu plus loin, nous risquons que le poids de notre corps
et la gravité nous fassent culbuter vers le fond de ce cratère. Celui-ci
pourrait être alors notre dernière destination. Et encore nous, nous sommes
totalement sobres, ce qui n’est pas le cas d’autres voyageurs, qui se croient
plus forts que les éléments naturels…
Nous sommes bluffés par le spectacle que nous pouvons
observer depuis le début d’après-midi. Nous décidons pourtant de redescendre
afin d’être dans les temps. Dans la descente, nous pouvons observer un
magnifique lever de lune, presque pleine, qui complète un panneau naturel
somptueux…
Après avoir attendu, l’autre groupe qui était venu avec nous
et qui redescend finalement sain et sauf, nous reprenons la route de León, où
nous mangeons un plat typique, dans un restaurant de rue, avec notre guide.
Nous nous couchons des étoiles pleins les yeux et encore dans la tête toutes
ces lumières naturelles et flamboyantes qui ont éclairées notre journée.
Le rythme est soutenu, pour cette grande semaine au
Nicaragua. Nous changeons de destination en cette journée. Nous quittons León!
Nous allons faire une journée étape avant de continuer un peu plus loin. Le
matin, nous observons, avant de partir, des processions avec des statues de
vierge et des petites filles qui défilent en Anges. Nous trouvons cela assez
bizarre, voire très bizarre, que des petites filles soient accrochées sur des
chars et défilent pendant des heures en plein soleil… Mais certaines traditions
dépassent la raison et nous ne pouvons pas interférer dans une culture qui
n’est pas totalement la nôtre. Nous partons ensuite en bus, vers la plus veille
citée de l’Amérique centrale, qui a été détruite et déserté après que le volcan
de Momotombo est plusieurs fois explosé et recouvert le village de cendres.
Cette ville historique est maintenant un musée ouvert, classé au patrimoine
mondial de l’UNESCO. La vie a repris un peu ces droits sur ces terres fertiles.
Pourtant le volcan impressionnant, à quelques centaines de mètre, est toujours
très actif. Sa forme conique est spectaculaire. Après la visite de la ville
ancienne avec un guide et un peu d’histoire de la région apprise, nous nous
promenons près du lac qui borde le volcan. En ce dimanche, beaucoup de
villageois pique-niquent sur la plage de sable noir et profitent des lieux en
famille. Pour repartir sur la route principale,
sur la Panaméricaine qui traverse le pays, nous faisons du stop. Lucie en fait
pour la première fois. Nous n’attendons pas beaucoup et nous enchaînons les
trajets dans deux pick-up, différents après être arrivés en tuk-tuk.
Un peu plus tard, nous prenons deux bus pour nous rendre
dans la ville de Masaya. Nous pensions peut-être y faire un tour, mais c’est
surtout le guide du Telica qui m’a fortement donné envie de m’y rendre et de
m’y arrêter. En cette soirée, nous trouvons une auberge sympathique dans une
veille maison coloniale. Nous allons ensuite visiter quelques monuments de la
ville dont une église qui s’est paré de ces plus belles décorations pour
célébrer la résurrection du Christ. Nous assistons ensuite, près du lac,
surplombé par la ville, à un super coucher de soleil coloré avec en fond
d’écran, le volcan Masaya qui fume…
Le samedi 26 Mars 2016 restera à jamais gravé dans ma
mémoire. Après avoir fait une journée quasiment de jeûne la veille, nous
prenons un bon petit-déjeuner sur la place principale du village. Nous
dirigeant ensuite vers la station de bus pour nous rendre à quelques kilomètres
de la ville. Nous assistons à plusieurs processions qui continuent les
festivités de la semaine sainte. Nous avons aussi la chance de découvrir près
d’une galerie touristique un super groupe de musique, qui joue des rythmes
entraînant. Suite à cela, nous prenons un bus «blindé» de monde pour nous
rendre à la lagune «d’Apoyo ». En
ce samedi de semaine fériée, les premières plages, en bord de routes, sont «noires» de monde. Tous les
locaux sont là. Ils ont tous emmené leurs pique-niques ou leurs barbecues. De
nombreux vendeurs à la sauvette sont venus pour essayer d’écouler leurs
marchandises. Voulant un peu nous éloigner de l’agitation de la plage
principale, nous marchons en bord de
lac, pendant une vingtaine de minute, pour finalement trouver un endroit à
l’ombre et au calme. Le lac est splendide et l’endroit tellement relaxant.
Après avoir effectué un premier plongeon, nous profitons des mets que nous
avons apportés avec nous et qui constituent un délicieux pique-nique
campagnard. Nous passons plus de 4h00 sur place à profiter simplement. Nous
prenons ensuite un autre bus pour rentrer en ville et à notre auberge.
Nous allons ensuite faire des activités séparées pour la fin
d’après-midi et la soirée. Lucie va prendre son temps, se laver, s’apprêter et
partir à la veillée Pascale de cette semaine Sainte…
De mon côté, je la retrouverais plus tard. Depuis le volcan
Telica et les échanges avec notre guide, j’ai envie de réaliser une folie. Je
pars seul dans un endroit interdit à toute personne, depuis de longs mois, en
raison de risques potentiellement très élevés dans le périmètre délimité. Je ne vais même pas aller voir à l’entrée
principale car elle doit être barricadée. Mais en longeant la route principale
du pays, qui passe en bord de ville, je trouve une ancienne entrée, laissée
sans surveillance. Il y a seulement une petite baraque vide. La barrière, qui
devrait délimitée le terrain inaccessible, est grande ouverte. Je passe en
continuant de courir, comme je le fais depuis les 8 kilomètres qui me séparent
de la ville. Je croise 5 locaux qui sortent du Parc National. Ils me confirment
la direction à prendre même s’ils me mettent en garde sur plusieurs
facteurs… Je retiens leurs dires mais
n’en tient pas compte et continue de progresser vers le but de la journée.
Suivant le chemin, j’arrive très vite sur des coulées de
lave énormes. Je peux constater que ces dernières sont anciennes, car la végétation
reprend petit-à-petit ces droits. A cette époque de l’année, dans cette région,
la végétation a cependant été brûlée par le soleil et la sécheresse. Je
continue à m’enfoncer dans le parc en direction du point le plus haut et d’un
volcan dont le nom résonne comme une menace depuis que son activité est reprise
de plus belle. Je n’ai pourtant aucune inquiétude à cet instant! La présence
d’animaux comme des singes, oiseaux et autres petits mammifères ne fait que me conforter dans l’idée que le
danger est limité. En effet, je crois vraiment que les animaux utilisent leur
sixième sens pour détecter des risques potentiels surtout quand ces derniers
proviennent de la nature. J’écoute et
regarde les singes hurleurs. J’entends tout d’un coup un véhicule qui semble
arriver dans ma direction. Je sors du petit chemin sur lequel je suis pour
éviter que des personnes me voient dans cet endroit. Je pense avoir bien fait,
car depuis les buissons, je peux apercevoir un véhicule militaire passé. Une
fois le véhicule passé, je continue encore plus rapidement mon ascension vers
le sommet. Je pense trouver un petit chemin avec des marques de bâtons de
marcheurs. J’emprunte alors ce petit chemin qui monte le long d’une pente
ardue. Je ne suis pas encore au bout de ma peine, quand j’arrive face à un mur
de végétation et de pierres volcaniques coupantes. Après de gros efforts, après
mettre pris les pieds dans des herbes hautes, dans des ronces, dans des racines
ou des lianes, je me fraye un chemin. J’arrive alors dans la dernière portion
du cône volcanique qui mène au sommet…
Je suis seul en pleine nature, seul face à un phénomène
naturel puissant, mais je n’imagine pas encore exactement ce qui m’attend. Je
suis parti du centre-ville de Masaya, il y a plus de deux heures. Je continue de monter dans ces plaines
d’altitude. Après une demi-heure supplémentaire,
j’atteins le pourtour d’un cratère. Mais il ne s’agit pas du point que je
voulais atteindre. En effet, le lieu est magnifique avec un point de vue
splendide sur toute la région. Il s’agit de l’ancien point chaud qui s’est déplacé
depuis… Contrairement à d’autres endroits sur terre, les plaques tectoniques se
déplacent ici très doucement. Le volcan actif est seulement de l’autre côté de
ce cratère, à quelques centaines de mètres. Le soleil se couche permettant au
ciel de revêtir un bel habit de fête coloré. Plus l’obscurité apparaît, plus la
fumée est visible et une luminosité exceptionnelle se fait de plus en plus
présente.
Quelques minutes de plus et je me trouve diamétralement à
l’opposé du cratère. Je suis alors très proche d’un endroit exceptionnel. Je
commence à en apercevoir la puissance. En plus de la fumée que j’aperçois
depuis l’atteinte du sommet, la lave en
fusion dégage une chaleur forte. La lumière qui sort du cratère est puissant. Je
m’avance alors pour atteindre le bord du cratère. Encore quelques mètres à me
demander quel spectacle je vais pouvoir observer. A plusieurs endroits, je peux
apercevoir une partie du cratère qui n’est plus active, dur et plus haute que
le cœur brûlant. J’essaie de trouver un meilleur angle. C’est tellement bien de
découvrir ce lieu par petites brides…
Encore quelques dizaines de mètres, et là, je découvre la
magie du lieu. Je ne pensais jamais que j’aurais pu me trouver à moins de 60
mètres de la lave en fusion qui coule à flot, en boucle, en haut de ce cratère.
Je n’en crois pas mes yeux. J’ai le sentiment d’être dans le film du Seigneur
des Anneaux, sur la Montagne du Destin, où les anneaux ont été forgés…
Je suis seul dans ce lieu magique, face à la force de la
nature. Je suis subjugué, attiré par cette masse rocheuse vivante, en fusion,
qui est éclatante. Je pensais n’y rester que quelques minutes. Je prends tout
de même conscience de la dangerosité des lieux, du risque qu’à chaque moment,
ce volcan risque de vraiment se réveiller, d’exploser, que la lave sorte de ce
cycle en haut de ce volcan pour jaillir sur ces flancs. Mais, même après avoir
fait le tour du cratère, avoir, du côté haut-vent, absorbé une grande quantité
de vapeurs de souffre, après avoir admiré de longues minutes le phénomène auquel
je fais face, je ne n’arrive pas à me résigner à quitter ces lieux. Les minutes
s’égrènent. Je réalise seulement au bout d’un certain temps où je me trouve et
en face de quelle puissance naturelle. Cette roche en fusion provient du centre de la
terre et je découvre alors une autre partie encore inconnue de notre planète.
Je suis au sommet depuis plus de deux heures. Mais rien à y
faire. Je suis concentré sur la puissance de la lave. J’imagine avec un
encordement et au moins une autre personne, commencé la descente dans le
cratère, pour atteindre la petite plate-forme de roche dur, qui se trouve à
mi-chemin entre moi et la lave… Tellement de moments, d’événements, de
personnes me viennent à l’esprit. Mes sens sont exacerbés. Mes sentiments le
sont aussi. J’ai la sensation de ressentir
beaucoup plus de choses, de vivre le moment avec une intensité rarement égalée.
C’est tellement agréable ce sentiment qui m’envahie! Contrairement à d’autres
moments de ma vie, je prends directement conscience du côté exceptionnel. C’est
pour cela que je vais encore le prolonger un peu plus, faire durer le plaisir!
Au bout d’un certain temps, je me reconnecte tout de même à
la réalité et réalise «l’obligation morale», que j’ai de faire demi-tour pour
retrouver Lucie, la rassurer, et ne pas attendre la fin de la veillée où elle
commencera obligatoirement à s’inquiéter. Je prends alors quelques minutes
avant d’entamer la descente. Ce que je viens de voir restera à jamais gravé
dans ma mémoire, les images enregistrées ne sont pas prêtes de s’effacer. Les
sensations de vivre pleinement ce moment me
donnent encore des frissons en ce moment, alors qu’il fait plus de 30°C
dans le lieu, où je me trouve quand je tape sur les touches de l’ordinateur.
L’entrée principale du volcan relie ce dernier par une route
goudronnée un peu plus direct. Pour redescendre dans le noir, je décide donc de
l’emprunter. Utilisant ma lampe frontale pour éviter de possibles obstacles, je
ne réalise pas directement la situation que je vais créer. Après quelques
minutes à descendre assez rapidement, J’entends au loin un bruit, je vois les
phares d’un véhicule qui semble venir dans cette direction. Je suis au départ
un peu surpris. Après avoir la confirmation que ce véhicule se dirige vers moi,
je prends conscience de ce qu’il risque d’arriver. Dans cette pleine nuit
noire, les militaires, en charge de la surveillance du site, ont dû voir cette
lumière. Ils viennent donc à ma rencontre. Je ne sais pas quels sont les
risques encourus mais je ne compte pas y être confronté. J’éteins alors
directement ma lampe frontale et continue de descendre aussi vite que possible
vers la sortie. J’ai un avantage énorme sur eux. Ils sont véhiculés. Ils font
donc du bruit et ils ont besoin obligatoirement d’un éclairage. Il est alors
assez aisé de me cacher dans les fourrés, juste avant leur arrivée. Cela va se
reproduire quatre fois de suite. Il passe et repasse pour essayer de me
débusquer. Je garde mon sang-froid et agit avec stratégie. J’essaie de regagner
alors la sortie sans surveillance et sans barrière. Mais cela n’est pas si évident
que cela dans le noir. Après un long effort sans manger et sans presque rien
boire, j’arrive finalement à l’entrée principale. Elle est bien gardée. Je ne
peux pas prendre le risque de me faire voir si près d’un retour en zone
autorisé. Je contourne donc cette sortie, passe par une propriété luxueuse,
escalade un portable très haut, avant de revenir sur l’axe routier principal du
pays. Je suis définitivement sortie
d’affaire et la soirée va continuer en beauté. En marchant le long de la route,
je peux admirer le lever de lune presque pleine avec ces tons orangés
rougeâtres splendides. Je reste en extase aussi devant ce phénomène un peu plus
commun mais tellement admirable quand il se déroule de la sorte avec de telles
couleurs. Tentant désespérément de faire du stop en pleine nuit noire, une
famille en pick-up s’arrête. Ils me font monter dans leur benne. Je vais alors
très vite retrouver le chemin de Masaya; la ville cette fois-ci.
Après mettre acheter une grande bouteille d’eau, après avoir
mangé deux trois fruits, je rejoins Lucie à l’église. Elle est tellement
heureuse de me voir revenir sain-et-sauf. Elle me saute dans les bras malgré
que je sois poussiéreux, plein de terre et surtout en âge. Je rejoins alors
l’hôtel pour prendre une douche et finalement la rejoindre pour les dernières
minutes de la veillée Pascale. Nous passons alors une bonne fin de soirée. Nous
profitons pleinement de ce partage à deux. Elle me dit que je suis fou quand je
lui montre les vidéos prises. Mais elle est surtout heureuse que l’on soit
encore ensemble pour continuer de vivre cette belle aventure.
Après nous être couchés tard, le lendemain matin, nous
prenons notre temps. Je pianote sur mon ordinateur en attendant que Lucie se
lève. Ensuite, nous prenons un petit-déjeuner sur la place principale de la
ville où nous nous sommes déjà arrêtés deux fois. Sur cette place, nous
découvrons un endroit original que nous n’avions pas notifié auparavant. Un
vendeur de jus de fruits possède des tables et des chaises en bois très originale.
Elles sont en effet immenses. Il est possible de prendre son verre, assis à
presque 5 mètres de hauteur, pour les plus hautes. Nous n’hésitons, nous
sautons sur l’occasion et dégustons donc
un jus multi fruits tropicaux dans un verre de plus d’un litre. C’est vraiment
sympa et cela entame très bien cette journée ensoleillée. Nous finirons ce
repas de fête, pour ce dimanche de pâques par une assiette typiquement locale. Nous
nous dirigeons ensuite vers la gare routière pour prendre un bus local en direction
de la prochaine grande ville du pays, qui est une des plus réputé
touristiquement parlant. Il s’agit de Granada. Un peu moins d’une heure après,
nous sommes arrivés à destination.
Nous trouvons aussi assez rapidement un logement dans une
très vieille maison coloniale, juste en face du marché municipal. Le lieu est
très vivant. Les rues grouillent de passants, de marchands, de badot, de stands
plus ou moins organisés, propres, ou plus ou moins délabrés. Nous n’allons pas
bouger énormément en cette fin d’après-midi, mais nous irons tout de même nous
promener dans la ville, boire un verre en terrasse et y déguster un bon repas.
Le lendemain matin, je pars seul découvrir la région, en
courant. Je me dirige vers une des principales attractions de la région. Il
s’agit une nouvelle fois d’un volcan. Celui-ci est totalement éteint depuis des
milliers d’années mais il possède un microcosme très intéressant. Dans ces
paysages assez secs, ce volcan assez haut bloc les nuages. Cela permet une
pluviométrie plus importante que dans beaucoup d’endroits et le maintien d’une
certaine humidité. Je vais découvrir pleins de belles choses concernant la faune
et la flore. Je vais tomber sur des habitations locales et des vies de fermiers
très simples. C’est tellement agréable de découvrir un lieu en courant, libre
de ces mouvements, au plus proche de la nature et des hommes. Comme dans
beaucoup d’endroits, les locaux sont surpris de me voir courir en bord de
route, parcourir des dizaines de kilomètres dans le but d’atteindre un lieu.
Retrouvant Lucie, nous allons manger, sur le marché, une soupe riche avec des
légumes entiers, de la viande et autres épices. C’est un vrai régal copieux et
tellement équilibré. Nous découvrons ensuite quelques merveilles de cette ville
coloniale, ayant connu une époque très faste, qui a vu de nombreux bâtiments
très colorés sortir de terre. Certains hôtels sont splendides. Certaines rues
sont intéressantes. En se baladant au grès de nos envies, nous allons découvrir
pleins de belles choses.
Le lendemain, une longue journée nous attend. Elle va encore
être très riche en émotions. Nous commençons par quitter Granada tôt le matin,
à 5h30. Nous continuons à redescendre vers le Sud. Nous nous arrêtons dans ville
de transition de transports en commun, par laquelle nous étions partis de San
Juan Del Sur. Nous sommes non loin de la
frontière avec le Costa Rica. Mais avant de revenir dans ce pays, nous partons
vers l’est. Nous prenons le ferry pour nous rendre sur l’île d’Ometepe; réputée
pour ces deux volcans, sa vie locale et ces traditions préservées. La traversée
sur un des plus grands lacs du monde est superbe. Nous voyons rapidement la
forme très particulière d’Ometepe avec ces deux volcans qui la dominent. L’île est assez grande. Une fois sur place,
il nous faudra plus d’une heure, en bus, pour nous rendre, où nous souhaitions
aller. Nous arrivons à l’auberge Finca Magdalena, qui possède un cadre
naturelle magique sur les flancs du volcan Maderas, avec une vue imprenable sur
le volcan Conception. Une fois installé, après un déjeuner rapide, nous prenons
la décision de gravir le volcan dans l’après-midi. Nous savons qu’au vu du
parcours, du dénivelé, de la difficulté du terrain, du temps pour l’ascension,
nous redescendrons de nuit avec les lampes frontales. Mais nous imaginons assister,
depuis le sommet, à un magnifique coucher de soleil. Nous pensons profiter du
lac de cratère avant de redescendre. Après avoir préparé notre sac-à-dos, nous
entreprenons l’ascension.
La variation de paysage est flagrante. Au pied du volcan, la
végétation est présente mais assez sèche et parsemée. Plus nous montons, puis
la végétation devient de type tropicale et humide. Avant cela les arbres ont
changés. Ensuite ces derniers sont recouverts de mousse, la densité de la
végétation est incroyablement plus forte. Très rapidement, la terre sous nos
pieds devient molle. Elle se transforme très rapidement en boue, de plus en
plus liquide, de plus en plus profonde, de plus en plus collante. Heureusement
Lucie a pris ces baskets. De mon côté, en chaussure ouverte, je vais connaître et
rencontrer quelques mésaventures. C’est la première fois pendant le voyage que
nous effectuons une randonnée dans la boue mais ça ne sera pas la dernière.
C’est loin d’être la plus dure. En attendant, la montée est importante, le
parcours un peu exigeant. Pourtant quelques points de vue à travers les arbres,
la végétation traversée valent vraiment le déplacement. Nous montons pendant
plus de 5h00. Quand nous arrivons finalement dans le cratère, nous n’imaginions
pas arriver dans un tel endroit. Le lac se trouve entouré d’un cratère où la
verdure est reine! Nous lirons par la
suite que ce lieu a servi de décor pour le film Jurassique Park. Cela ne nous
étonnera pas plus que cela. C’est vraiment splendide est inattendu.
En revanche, pour le coucher de soleil, c’est un peu raté.
Sur le bord du volcan la végétation est partout et il n’y a pas de trou. De plus
nous sommes loin d’être au point le plus haut du pourtour du cratère. Nous
n’aurons jamais le temps ni la possibilité de l’atteindre. Nous devons nous
faire une raison. Nous voyons le soleil petit-à-petit disparaître de
l’intérieur du cratère. La luminosité change mais sa beauté reste intacte. Nous
sommes pleins de boue. Nous sommes seuls.
Enfin, nous le croyons! Nous avons croisés les derniers
randonneurs il y a plus de 3h00 alors qu’ils redescendaient. Nous voulons un
peu explorer le cratère et le bord du lac avant d’entamer la descente!
Alors que nous sommes en lisière de la clairière et de cette
forêt tropicale dense, en me retournant, j’aperçois un individu… Plusieurs
éléments son inquiétant! Lucie est terrifiée dès qu’elle le voit! En effet, il
ne s’agit pas d’un randonneur en ballade dans la région. Il ne s’agit d’une
personne habillé en short, tee-shirt, sac-à-dos et chaussure de randonnée. Non,
cet homme porte un fusil en bandoulière. Il revêt une capuche qui lui cache une
bonne partie de son visage. Nous ne sommes plus seuls au niveau de ce lac de
cratère et surtout nous ne connaissons pas ces intentions. Le temps est
suspendu à ces mouvements! Nous ne savons pas comment va se dérouler la suite
des événements. Devons-nous avoir peur pour nos vies, pour les papiers et
l’argent que nous avons sur nous? Il est presque difficile de dire, avec
certitude, s’il nous a aperçus. Ça semble pourtant le cas! Mais, après quelques
secondes d’inactions, ou rien ne se passe, il reprend sa marche en avant vers
la lisière de forêt, qui se trouve à l’opposé du lieu, où nous nous trouvons.
Cela me rassure directement mais ce n’est pas le cas de Lucie. Dès qu’il est à
une distance respectable du lieu, où nous nous trouvons, nous décidons de
rebrousser chemin. Lucie marche d’un pas pressé. Elle court même pour
s’éloigner dès que possible de ce danger potentiellement fort. Quand je me
retourne à l’orée de la forêt, prêt à reprendre le chemin retour, je le vois
regarder dans notre direction avant de disparaître de nouveau aussi rapidement
qu’il était arrivé. Mon rythme cardiaque diminue instantanément. Lucie continue elle de de son côté, de
gambader dans la descente. Je ne peux pas l’arrêter, pas la raisonner. Elle est
saisit par la peur et aucune parole de ma part ne permet de la rassurer…
Les minutes s’égrènent et la nuit tombe rapidement. Nous
continuons de descendre pour retourner à notre hôtel. Lucie court dans ce petit
chemin qui mêle végétation dense, racines et boues au sol. Le vent, qui chatouille
la végétation, crée un bruit un peu sinistre (même si mélodieux), quand tu
n’arrives pas encore à réaliser ce qui vient de se passer quelques minutes
auparavant.
J’avais de mon côté et d’un point de vue technique géré la
montée, mais c’est une « autre paire de manche», ou plutôt de paires de
chaussures concernant la descente. Les
pieds trempés, boueux, je glisse en permanence dans ces chaussures ouvertes,
que je n’arrive, que je ne peux pas serrer. A chaque pas, ma cheville dévisse,
je dois fournir un effort démesuré pour rester dans le rythme. Après quelques
dizaines de minutes, je décide alors d’ôter mes sandales ouvertes pour marcher
pieds nus. Malgré le fait que je doive éviter des cailloux, que certaines zones
puissent craindre, je suis tout de même beaucoup plus à l’aise comme cela.
Cette descente à la lampe frontale est intéressante. Une belle et énorme
araignée nous accueille alors que nous atteignons presque l’auberge de jeunesse.
Nous venons encore de vivre une expérience un peu folle dans un lieu splendide,
mais avec un aspect humain un peu tronqué. Cette rencontre, à vous glacer le
sang, même quand il fait plus de 20°C dans la nuit, reste ancré dans nos
souvenirs immédiats. Cette journée a été longue et intense! Après avoir dîné un
repas concocté, avec ce que nous avons ramené, nous sommes content de rejoindre
un dortoir, où nous sommes les seuls occupants pour cette première soirée.
Le lendemain, après un petit-déjeuner pris sur la terrasse
de cette superbe maison en bois, nous décidons d’aller découvrir plutôt les
bords du lac et d’avoir en visu le deuxième sommet de l’île; le Volcan
Conception. La journée est superbe. La ballade le long de mer nous permet de
découvrir des paysages totalement différents mais surtout nous permet de nous
rapprocher de cette population préservée, qui habite sur l’île! Nous les voyons
partir à la pêche, réparer leurs bateaux et leurs filets. Cette ballade, de
plusieurs heures, nous mène aussi sur une belle plage. Nous rencontrons une
expatriée française, qui est peintre et qui a travaillé pour le restaurant dans
lequel nous allons déjeuner.
Les journées passent tellement vite dans ces endroits paradisiaques
où la contemplation, la marche, la découverte de la faune et la flore, mais
aussi de la culture locale sont des occupations à part entière… Nous rentrons avant le coucher de soleil, que
nous pouvons admirer depuis le balcon de notre hôtel. Dans le dortoir, le soir, une allemande,
après que nous lui ayons dit que nous partons en Equateur, nous parle tout de
suite de la ville de Mindo, de la fabrique de chocolat le Quetzal et, pour
elle, du meilleur brownie au monde, qu’ils concevraient. Nous trouvons cette
anecdote intéressante car elle va être un petit fil rouge pour la suite de
notre périple. Nous n’oublierons pas son conseil et cette dégustation à faire.
Cela arrivera un peu plus tard car d’autres destinations, même un autre pays
nous attend avant cela!
Nous avons encore passés une très bonne journée même si
cette dernière sonne le glas de notre séjour au Nicaragua. En effet, le temps
nous est un peu compté en Amérique Centrale. La semaine Sainte est terminée,
nous avons vécus ce que nous voulions vivre dans ce pays (même si avec plus de
temps nous aurions pu y passer des semaines) et nous voulons retourner au Costa
Rica pour l’explorer plus en profondeur. Le lendemain nous allons partir de ce
lieu, avec le couple de français que nous avons rencontrés deux jours
auparavant en arrivant sur l’île. Ils partent vers le Nord alors que nous
continuons de redescendre toujours vers le Sud. Cette journée de transition, de
passage de frontière terrestre, de prise de nombreux moyens de transports
différents va encore être bien chargée.
Nous voici parti pour de nouvelles aventures et le Costa
Rica nous en réserve de très belles!
oh la la que de frayeurs vous avez du avoir dans ce pays et que de folies pour toi mon fils dans ce volcan manifestement bien en action!!!!!!
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