dimanche 1 janvier 2017

Le RETOUR d'un TOUR DU MONDE; les questions, les envies, les doutes, les projets, la vie...



Retour d’un voyage au long cours; questions que des personnes m’ont posées, réflexion autour de ce retour, du voyage, du moment présent, des choix à faire et des prochaines pages, à écrire, du livre de ma vie!



Les questions que les personnes autour de moi se posent et m’ont posées, après mon retour, sont nombreuses mais elles tournent souvent autour des mêmes sujets. En effet, ce sont des questions primaires qui se rapportent à ce qu’ils connaissent du voyage, ce qui se rapprochent de leur propre vie, de leur propre monde et des questions qu’ils se posent régulièrement. En étayant un peu, il est tout de même possible de partager les idées principales du voyage.

Dans le top 10, on retrouve bien entendu:


- «Quel est l'endroit que tu as préféré, quel pays? Lequel tu me conseillerais de visiter? »

- Je ne peux pas et je ne veux pas répondre à la première question de bout en blanc. Il n’y a pas un seul pays qui se détache des autres, où j’ai vécu quelque chose d’incomparable, d’intensément plus fort par rapport aux autres… ou si en fait, j’ai vécu dans chacun des moments de vie unique!
Les expériences ont été d’une puissance inouïe, car souvent différent de tout ce que j’avais connu auparavant, car je me suis ouvert à toutes éventualités. J’ai pris un chemin, une direction tout en laissant la place à l’imprévu, à la rencontre et à l’émerveillement!

J'ai vu tellement de paysages différents, visité tellement d'environnements variés, vécu des expériences plus folles les unes que les autres, rencontrés des peuples avec une culture tellement forte! J’ai toujours envie de considérer ce voyage dans sa globalité, avec la perspective en 3 dimensions, dans ma réalité, qu’il a su me donner!

Malgré tout quelques lieux m'ont profondément marquée.
Je cite souvent la Papouasie Nouvelle Guinée, qui pour moi reste une des dernières frontières, avec l’Amazonie, de «notre monde moderne»! Sur place, tu es obligé de sortir des sentiers battus. Je n’ai rencontré presque aucuns touristes, sauf 2 autres voyageurs et quelques-uns regroupés lors de festivals entre tribus très célèbres. J’ai voyagé avec les locaux, vécus avec eux, dormi chez eux, participé à leurs festivals avec eux,…
Ensuite vient une liste non exhaustive: les cérémonies et les paysages de l’Indonésie, les jours de campement dans le Salar d’Uyuni après la traversée de l’Altiplano, les safaris en Afrique, l’ascension de sommets en Bolivie, les paysages de la Namibie, la traversée en autonomie de la Réunion, la vie avec les locaux, les moines bouddhistes en Birmanie, le face-à-face avec un tigre en Inde, les cérémonies de crémation dans le Gange à Vârânasî, le trek avec Antho autour de l’Annapurna, le partage avec mes parents d’un voyage organisé au Vietnam et un peu de luxe à l’île Maurice, la traversée du Tibet, Uhuru et le désert en Australie, les paysages de la Nouvelle-Zélande, la traversée du Pacifique à la voile, et les deux mois sur des bateaux en Polynésie Française, la magie et l’envoutement de l’île de Pâques, les trois rencontres et retrouvailles avec l’Akilifamily, cette femme docteur qui me prend en charge chez elle en Tasmanie alors que mon staphylocoque doré dégénère (vous voyez, je m’égare car je ne parle plus d’un pays en particulier à la fin mais d’expériences de vie vécues avec mon prochain)…
Pour ce qui est d’un pays à visiter, ma réponse a souvent été la suivante.
Si vous voulez un dépaysement total, assez facile pour des voyageurs novices, je conseille la Thaïlande, le Sri Lanka et l’Indonésie.
Pour les treks, je dirais le Népal, la Réunion et le Sud de l’Amérique du Sud. Pour des vacances farniente, je peux conseiller l’île Maurice, La Polynésie Française, Saint Barthélémy ou les plages paradisiaques des San Blas au Panama.
Pour les amoureux de la nature sauvage, je conseille les safaris en Namibie, en Tanzanie et au Kenya, un séjour au Galápagos, la découverte du Costa Rica, sans oublier la Nouvelle-Zélande…
Pour la découverte d’un pays unique, mon choix se penche vers Madagascar, Cuba ou La Birmanie (mais la situation a déjà bien évolué avec la chute de la dictature militaire pour le dernier et à prévoir pour le précédent).
Le Pérou est un must du voyage pour sa culture et des paysages qui peuvent changer quotidiennement sur un parcours itinérant… Je ne vous parle pas de la beauté de l’Argentine, les chutes d’Iguazu, Le Perito Moreno… Une fois encore, il n’est pas possible pour moi de faire un choix, mais je vous souhaite de découvrir les beautés de notre belle planète.

- «Comment as-tu fait ton itinéraire ? Avais-tu tout prévu ton parcours avant de partir? As-tu, à chaque fois, réservé tes hôtels?»

-  L’itinéraire est la seule que j’ai vraiment préparée avant de partir en voyage, avant de commencer ce périple au long cours, en plus de mon sac-à-dos. En effet, j’ai toujours voulu être au bon endroit au bon moment  surtout pour les saisons. Par exemple, après différentes recherches, je me suis rendu compte qu’il y avait seulement deux mois vraiment, où le temps était au beau fixe, ou au moins correct, en Mongolie. Pour le Népal, il y avait deux fois deux mois dans l’année où les treks étaient possible en autonomie, sans risque et sans besoin d’un matériel spécifique… Je ne voulais pas être bloqué par des conditions météorologiques ne permettant pas de faire ce que je désirais. Je ne voulais pas me retrouver en pleine mousson en Asie, avec une humidité frôlant les 100%, ou en pleine hiver dans le Sud de l’Australie… J’ai quasiment eu beau temps partout, tout au long de mes 5 années passées sur les routes!
Un itinéraire global, avec les grandes lignes c’est donc dessiné. Il incluait les pays où je voulais passer et les créneaux pour m’y rendre. Voilà pourquoi en Septembre 2011, j’ai atterri en Russie, à Saint Pétersbourg pour commencer mon aventure! Bien entendu, j’ai adapté ce parcours au fil des jours, des semaines, des mois, surtout que je n’avais pas envisagé du tout au départ de rester aussi longtemps sur les routes de notre belle planète. Le planning a évolué avec le temps, mais j’ai réussi à me rendre où je voulais et à y être au moment le plus propice pour y passer un bon séjour. J’étais parfois au bord de la «fenêtre météorologique».
J’avais au début quelques guides de voyage que j’ai très vite abandonné. J’étudiais néanmoins «le terrain». Je connaissais les immanquables et demandais des conseils aux autres voyageurs.

J’avais une base, et une fois sur place, je me suis toujours laissé l’entière liberté de pouvoir changer de route, aller au gré du vent ou des rencontres. J’ai donc vécu pleinement ce voyage, en découvrant ce que je souhaitais découvrir tout en laissant place à l’imprévu.

Concernant les réservations d’hôtel, de chambre, ou autre, je l’ai très rarement fait, sauf souvent pour la ou les premières nuits quand j’arrivais dans un nouveau pays, dans une grande ville. J’ai recherché très souvent quelqu’un pour m’accueillir en Couchsurfing (dormir chez l’habitant), regarder les possibilités d’auberge de jeunesse, ou si je ne connaissais pas quelqu’un qui pouvait m’héberger. Sinon, j’ai très souvent vu directement sur place, en demandant aux offices de tourisme, à d’autres voyageurs, en marchant dans les rues.

Le mieux dans cette aventure, c’est que je n’avais pas de date de retour, que je n’avais aucune contrainte et aucune obligation. Seul mon instinct, mes envies, ma soif de découverte m’ont mené de plus en plus loin. Contrairement à beaucoup, je ne suis pas rentré car je n’avais plus d’argent, car alors j’aurais pu continuer à voyager pendant de nombreuses années, mais je suis rentré car je le désirais.



- «Question argent, comment as-tu fait?»

-  Premièrement, la vie est une question de choix. A 34 ans, je ne possède pas de maison, je n’ai pas d’écran plat, je n’ai pas de voiture… mais pendant 5 ans, j’ai eu le plus grand jardin du monde à explorer; la planète Terre. Même si je ne retournerais peut-être plus aussi souvent dans ce jardin, j’ai encore de nombreux lieux à découvrir, à redécouvrir, ou à revisiter d’une autre façon.

Deuxièmement, Certains dépensent tout leur argent pour des futilités, pour du matériel, plus ils en ont plus ils en dépensent. 

Je suis plutôt de nature économe, j'ai toujours eu l'habitude d’économiser, un peu, quand je le pouvais, pour réaliser de grands projets. Mon expatriation aux Etats-Unis m’a permis de gagner beaucoup plus d’argent qu’en France, sans en dépenser plus. Je n’ai que très tardivement acheter une voiture, je faisais tous mes trajets en vélo, je ne dépensais pas mon argent dans les objets derniers cris, en restaurant, en vêtements ou autre... Très rapidement les sports extrêmes et les voyages sont devenus des priorités.

Pour ce voyage, je me suis basé sur un budget moyen d’un voyageur en sac-à-dos et je me suis donner une belle marge de manœuvre. J'avais alors prévu un budget de 30 euros par jour, qui englobaient tous mes dépenses; les déplacements, l’hébergement, la nourriture, les activités, les visas, et même les imprévus.

J’ai finalement dépensé, par mois, moins qu’un loyer moyen en France. J’ai fait attention concernant mes dépenses pour le logement, la nourriture, le transport. Ces économies n’ont pas été faites simplement car je ne voulais pas dépenser de l’argent, mais surtout car j’ai voulu vivre la vie de la population locale. Quand on mange local, quand on dort chez l’habitant, ou dans des logements de premières catégories, quand on prend les moyens de transports en commun, quand on ne passe pas par des tours ou voyages organisés, la vie, le voyage, d’un point de vue d’un européen, ne coûte vraiment pas cher dans beaucoup de pays.

Diriez-vous, que depuis que vous êtes indépendants, il y a des jours dans votre vie, où vous ne dépensez pas un centime? Je peux répondre à votre place. La réponse est non, car vous avez un loyer, l’électricité et l’eau à payer, vous payez vos impôts, certains ont des crédits. Vous devez vous payer à manger, à boire. Vous dépenser de l’argent pour vous déplacer et acheter des biens… Pendant le voyage, il y a un nombre de jour incalculable où mon budget a été de zéro euro. J’ai de nombreuses fois dormi dans ma tente en pleine nature, j’ai fait du stop, j’ai marché, j’ai mangé les produits que me donner la nature, j’ai accepté les invitations des locaux, j’ai parfois dormi chez eux, j’ai aidé en échange d’un repas et du logis…

D’un autre côté, le budget de mon voyage n’est pas ridicule non plus car je n’ai jamais voulu me priver sur des activités découvertes, plaisirs… et manquer quelque chose, car cela coûtait trop d’argent. J’ai donc dépensé parfois des sommes importantes. De multiples exemples me viennent en tête: la croisière pour aller à Komodo en Indonésie, le survol en hélicoptère de la grande barrière de corail en Australie, avant de plonger dans ces eaux translucides, le saut à l’élastique et le swing en Nouvelle-Zélande, les billets d’avion pour me rendre sur l’île de Pâques, les safaris en Afrique, les droits d’entrée du parc national pour gravir le Kilimandjaro, de certains vols en «petit coucou» (avion) pour me rendre dans des endroits reculés, ou atteindre des plages paradisiaques, les sorties en 4x4, les plongées, les vols en parapente, mon retour surprise en France pour noël 2013, les nuits dans le désert du Sahara, l’expédition pour se retrouver dans un groupe de gorille des montagnes…
 

- «Est-ce que tu as eu des galères? Est-ce que tu t'es sentie en danger?»

J’ai toujours dit et pensé avoir eu la sensation qu’un «ange gardien» m’ait protégé, particulièrement pendant ce voyage au long cours.

Tout s’est plutôt bien goupillé. Je n'ai jamais vraiment eu de gros coup dur qui auraient pu tout stopper, même si j’ai vécu quelques mésaventures.

Toutes les personne que je rencontrais m’ont systématiquement mises en garde contre les pickpockets, les vols à l'arrachée, principalement dans les lieux de transit. Ceux sont surtout les locaux qui sont les plus craintifs. Ils vivent dans une atmosphère de paranoïa entretenue par les médias, qui relaient les faits divers.

Pourtant, je ne me suis sentie vraiment en danger que deux fois. La première fut à La Paz, en Bolivie, quand je me suis retrouvé encerclé, dans une petite ruelle, par trois jeunes avec un pistolet sur la tempe. Ils m’ont rapidement demandé de leur donner tout ce que j’avais. Ils m’ont pris mon appareil photo que j’avais en bandoulière (et qui n’a pas dû leur servir à grand-chose car le connaissant par cœur j’avais même du mal à l’allumer). Puis, ils sont partis aussi vite qu’ils sont arrivés sans en demander plus, sûrement prévenu par un complice que des personnes arrivaient… L’autre fois fut avec Karine, lorsque nous faisions du stop en Argentine. Un camionneur nous a pris. Plus le temps passé, plus son comportement est devenu étrange.  Il a commencé à nous mentir sur la direction qu’il prenait. Puis au milieu de nulle part, au coucher de soleil, il s’est arrêté au milieu de nulle part, prétextant une panne. Il a sorti son couteau et avait un comportement très suspect. Nous étions sur nos gardes, couteau à la main aussi, mais finalement rien n’a eu lieu et il nous a laissé dans le premier village suivant!

A part cela, et malgré ne pas avoir pris plus de précautions que cela, utilisant tout de même les règles de bon sens, je ne me suis jamais senti menacé par autrui pour ma vie, ou même pour mes maigres biens matériels que constituaient mes deux sacs-à-dos, quelques affaires et un peu de matériel électronique. Bien entendu, je ne suis pas allé dans les pays en guerre, où les zones de conflits dans un pays où je me trouvais quand il y en avait. Dans les grandes villes j’ai fait attention, je ne suis pas aller dans les quartiers de non-droits, dans les favelas,… J’ai respecté les précautions de base pour ne pas tenter un opportuniste, et j’ai dormi dans des endroits, où je me sentais en sécurité.

Je suis toujours resté vigilant, aux aguets sans pour autant être obnubilé par le pire au point d’être dans un stress permanent. Ayant toujours la sensation d’avoir fait le nécessaire, j’étais serein. J’ai rarement quitté mon sac des yeux tant qu’il n’était pas dans un lieu sécurisé. J’ai toujours regardé l’environnement autour de moi avant de quitter un lieu. J’ai pendant longtemps porter une ceinture, près de ma peau, sous ma chemise avec mon passeport et le plus gros de mon argent en liquide. Sinon je n’ai pas hésité à dormir dans la nature, à suivre des locaux, à dormir, manger chez eux. J’ai fait confiance à mon instinct et la bonté de l’être humain.

Les autres mésaventures ont été plus personnelles n’impliquant aucun de mes semblables. Il y a eu la chute, en Inde, de plus de 10 mètres, où j’ai rebondi plusieurs fois sur mes sacs, de nuit, sur ce bord de route pour ne pas manquer le bus qui partait. Il y a cette chute du toit du tuk-tuk, au Laos, quand nous rentrions du tubing. Il y a eu ces nombreuses hospitalisations, en Australie, en raison du staphylocoque doré, et une fois, au Kenya, en raison de l’amibiase. Plusieurs fois, je me suis retrouvé face à des animaux dangereux comme dans le grand bleu, en Polynésie Française, face à ce requin menaçant. Il a eu aussi cette course poursuite, avec ce lion de mer en Nouvelle-Zélande. Et je ne peux pas oublier, ce chien fou, qui est venu me chiquer la jambe sur cette île volcanique de Papouasie-Nouvelle-Guinée alors que je n’avais rien demandé. J’ai «prié» pour qu’il n’ait pas la rage…

J’en omets sûrement de nombreuses, mais elles ont été plutôt des anecdotes de voyage, plutôt que de réels faits, où ma vie aurait pu être en danger.


- «Changer tout le temps de lieu, c'est fatiguant?»

- Je trouve intéressante cette question. Je pense que ceux, qui me la posent, font déjà la différence entre des vacances et le voyage.

Beaucoup de voyageurs vous répondront que c’est vraiment fatiguant. De mon côté, je partagerais ma réponse en deux parties distinctes.

Non, je n’ai pas trouvé cela fatiguant. L'excitation due au voyage, tout ce qu’il y a à découvrir m’a fait me lever aux aurores. L’envie de profiter des soirées avec les locaux, et les voyageurs. Le besoin de régulièrement traiter les photos prises et écrire sur mon expérience vécue pour la partager m’a fait me coucher très tard. Toujours pris dans l’action, la soif de découvertes, les contraintes des transports, ou l’adaptation au mode de vie local ont fait que j’ai encore plus raccourci mes nuits dormant souvent à peine 4h00, voire moins. Ayant des facilités à dormir n’importe où, les trajets m’ont permis parfois de récupéré.  J’ai tellement pris de plaisir dans ce que je faisais que mon corps et mon esprit étaient toujours en ébullition.

La question de porter et de défaire et refaire son sac-à-dos revient souvent sur le tapis. Bien sûr qu’au début, on passe du temps pour tout ranger. Mais très vite, une organisation méticuleuse se met en place et on ne sort que ce que l’on a besoin et cela ne nous prend que quelques secondes. Je ne me suis jamais étaler comme j’ai pu si souvent le voir chez d’autres de mes compagnons de route. Je savais aussi, à chaque instant, où se trouvait chacune de mes affaires, me permettant de ne jamais rien oublier ou presque (une serviette, un caleçon et une paire de chaussettes seront les seules choses égarés pendant toutes ces années). J’ai souvent marché quelques centaines de mètres en ville, quelques kilomètres, parfois des heures avec tout mon barda dans la nature. J’avais parfois plus de 20 kilogrammes sur moi, telle ma maison et l’ensemble de mes biens, comme une tortue peut porter sa carapace. Heureusement de nombreuses fois, j’ai pu me décharger, laissant une majorité de mes biens dans un endroit sécurisé. Et plus ça va, plus on s’allège, plus on se rend compte que l’on n’a pas besoin de grand-chose et, que le strict nécessaire n’est finalement pas si imposant que cela. Et encore, si je supprime les moyens pour prendre des photos, et la communication portative, et ce désir de traiter en direct les données recueillies, et tout le matériel de premiers soins, alors le sac peut-être très légé.

Concernant l’aspect fatiguant du voyage, après de long mois sur les routes, ou simplement quand le lieu s’y prêté, j’ai tout de même pris le temps. Je me suis posé quelques jours, «à ne pas faire grand-chose» (tout est relatif, vous direz nombres de mes proches). Psychologiquement, j’ai tellement vécu l’expérience à son maximum, que je ne me suis jamais senti fatigué. Pourtant, mon corps l’a été un peu. Je l’ai parfois éprouvé pour de nombreuses raisons. Il y a déjà eu le fait de ne pas beaucoup dormir. Ensuite, j’étais quasiment toujours en mouvement, ou toujours dans l’action, mes sens toujours sollicités par ces nouveautés, ces découvertes, ces périples. Lors de mon voyage, je n’ai pas eu de week-end, ou que très rarement lorsque je décidais de prendre «des vacances» dans le voyage. Ensuite, le corps doit s’habituer à des changements de climats, d’altitude, de température, d’humidité. Il doit s’habituer à des nourritures différentes, parfois sommaires, ou pauvres en qualité nutritive, quand on mange comme les locaux. Je n’ai pas toujours bu de l’eau en bouteille, prenant parfois des risques. Je n’ai pas eu trop à me plaindre de ressentis désagréables mais obligatoirement le corps a dû s’adapter. Ayant l’esprit serein, et une certaine hygiène de vie, je me suis toujours senti en forme.

- «Et le contact avec les locaux, les voyageurs, les rencontres?»

- Le rapport avec les autres a été la chose la plus belle et la plus intéressante de mon voyage. Les rencontres ont été de l’ordre d’un simple regard, d’une personne croisée dans la rue, de quelques secondes dans une boutique, sur un chemin. De plusieurs minutes à discuter dans une auberge, lors d’une soirée, de la visite d’un site, dans un avion ou un bus… Certaines de ces discussions se sont prolongées, elles m’ont permis parfois de m’ouvrir des portes, de dormir chez l’habitant. Parfois, elles nous ont données envie avec mon interlocuteur de voyager ensemble. C’est le cas avec l’Akilifamily, avec qui j’ai voyagé par trois fois et au total plus de trois mois. Il y a eu ces voyageurs en Australie avec qui j’ai passé plus de 6 semaines, les néerlandaises en Inde plus de 4 semaines dans la ferme en Tasmanie pendant plus d’un mois, ce médecin de famille du fermier qui m’a pris sous son aile pendant plus de 3 semaines, ces personnes qui m’ont prises en stop ou en bateau-stop, ces personnes qui m’ont invitées à leur table, à dormir chez eux…

J’ai parfois passé plusieurs jours chez des locaux. Nous nous sommes rendu des services. J’ai fait du volontariat, de l’humanitaire et j’ai essayé de donner aux personnes tout ce que je pouvais. J’ai toujours eu finalement l’impression de recevoir beaucoup plus en retour que ce que je pouvais donner. Leur gratitude, leur amitié, leur amour, les moments vécus ensemble ont été tellement forts. C’est incroyable de voir des personnes, qui n’ont rien mais qui sont prêtes à vous donner tout ce qu’elles ont.

Les rencontres que j'ai faites tout au long de mon voyage ont été vraiment très fortes et marquantes. J'ai fait la connaissance de gens extraordinaires, de voyageurs incroyables.

J’ai eu la chance inouïe d’être reçu avec une telle hospitalité. De nombreuse personnes, à de nombreuses reprises, m’ont apportées une aide tellement précieuse, que cela été presque gênant parfois. Plusieurs fois, je me suis posé la question si je pouvais accepter une telle générosité et ce que je pouvais faire en retour. J’avais le sentiment que l’on me donner beaucoup et que je ne donnais rien. Mais finalement, j’ai trouvé que c’était le plus beau message de partage et de fraternité que le monde pouvait me démontrer. Je n’ai jamais forcé la main à quelqu’un. Je n’ai jamais demandé quelque chose directement. Ils l’ont toujours fait de leur plein grès. Je me rends compte qu’il y a toujours eu en fait un échange. Quand ils me donnaient à manger, à boire et un logis, je leur permettais de s’évader de leur quotidien, de les faire à rêver à des expériences exceptionnelles. Certains ont vécus à travers mon expérience ce qu’ils auraient toujours aimé faire, d’autres ce qu’ils avaient déjà fait à une échelle différente. A travers mes récits, nos interactions, il y a eu un échange multiculturel, une transmission de connaissance diverses. Et puis dans les pays en développement, dans des familles plus pauvres, j’ai parfois payé la nourriture pour toute la famille, contribué aux tâches, essayé d’apporter l’aide que je pouvais de multiples façons…

Le lien avec toutes ces personnes a été très fort. Même si aujourd’hui, je n’ai que de rares contacts avec quelques voyageurs et quelques locaux, ils resteront tous et à jamais dans ma mémoire et dans mon cœur.
 

- «Rentres-tu «changé»?»

- J'ai souvent réfléchi à cette question, car c'est ce que l'on me disait avant que je parte et ce que l’on me dit maintenant à mon retour. Je n'ai pas l'impression d'avoir changé foncièrement et certaines personnes me le confirment. Mon caractère, mes traits forts de ma personnalité restent identiques. Je tempère un peu plus mes ardeurs. Comme toute expérience de vie, j’ai appris et je tends, un peu plus, vers une certaine sagesse. J’ai pris conscience d’énormément de choses. Je me suis un peu assagi. J’ai beaucoup appris des autres cultures et mode de vie. Je suis chargé de toutes ces émotions et rencontres. Je me sens plus sûre de moi dans certains domaines. J’ai été capable de voyager seul, ce qui m’a permis de m’offrir le luxe d’une liberté totale, mais j’ai aussi voyagé avec ma famille, mes amis et maintenant avec Lucie. Le partage de ces expériences de vie magiques est aussi très important car nous pourrons continuer à partager ces souvenirs ensemble.

Je suis quelqu’un qui me suis rarement plaint, qui avançait déjà de l’avant mais je pense maintenant être encore plus tolérant envers les autres, éviter certains préjugés, et respecter les choix de chacun. Je ne me «prends plus la tête» pour des choses qui n’en valent pas le coup et je relativise plus que jamais!


- «Est-ce que ce voyage à répondu à tes attentes?»

- Ce tour du monde a dépassé l’entendement, il a surpassé toutes mes attentes.
J’y ai pensé des années avant de me lancer, surtout à partir de fin 2005, quand j’ai fait mes études à Leeds, en Angleterre. Avant de partir, je me disais que ça allait être fantastique et que j’allais vivre une expérience unique.

Ce que j’ai vécu, au jour le jour, était tellement plus fort encore, que j'ai eu l'impression d'être dans un état second, d’être sur un petit nuage magique! J’ai vécu tout à fond. J’ai ressenti toutes les émotions pleinement. Tout ce qui m'arrivait était positif. Tout était possible, j’ai pu «défoncer certaines portes». Au final, j'ai profité de chaque seconde, j'ai vécu ces 5 années avec tous mes sens en alerte. Je n’ai pas arrêté de m’émerveiller. J’essaie de conserver cet état d’esprit aujourd’hui et de continuer à croire que tout est possible. Je souhaite réaliser de nombreux autres projets, que d’autres rêves deviennent réalités.  D’autres voyages viendront ponctuer mon actualité, notre vie avec Lucie dans les prochaines années. En attendant, toutes ces envies encore inassouvie sont des leitmotive pour continuer à avancer et ne pas perdre mon âme d’enfant...


- «Tu as tout vu maintenant, non? Et les voyages, tu n’as plus rien à voir ou à faire?»

- Pour tout voyageur qui se respecte, le voyage ne sera jamais inachevé!  Un adage dit que le «monde est (tout) petit!» Mais le monde est aussi tellement vaste, qu’une vie ne suffira jamais pour l’explorer totalement. Je peux vous écrire, là, en quelques secondes, un nombre important de pays ou de lieux spécifiques, que je n’ai pas encore visité, où je souhaiterais me rendre: Portugal, Islande, Norvège, Finlande, Philippine, Laponie, Egypte, Israël, Jordanie, Oman, Ethiopie, Alaska, Ouest des Etats-Unis, Seychelles, Antarctique, Samoa, Fidji, Vanuatu, Corée du Sud, Turquie, Grèce…

Il y a beaucoup d’autres pays, dans lesquels je retournerais, que je pourrais explorer pendant des mois ou simplement jouir d’un lieu magique et, que Lucie aimerait découvrir; Indonésie, New-York, de nombreux pays d’Europe, le Sri-Lanka, Inde,… Elle me reparle déjà souvent de repartir découvrir d’autres pays. Elle a attrapée elle aussi le virus.

Mais, nous avons d’autres projets de vie que nous voulons mener à bien et qui sont très importants, aujourd’hui, à nos yeux. Ils demandent dans notre situation, une certaine stabilité.

Cela ne nous empêchera pas de prévoir quelques escapades à l’étranger, de passer nos vacances en dehors de nos frontières. Mais à l’heure actuelle, le voyage au long cours n’est pas, n’est plus d’actualité. Au moins pour les prochaines années et si nos projets de vie passent «à exécution», cela sera pour notre plus grand bonheur.

- «Et maintenant?»

Cette question rejoint la fin de la réponse de la question précédente… Je dois accepter que ce projet, de 5 ans, est derrière moi, que nos 5 mois de voyages, avec Lucie, ont été des moments de vie très forts. Ils resteront sûrement quelques-unes des plus grandes et merveilleuses expériences de ma vie, de notre vie.

Mais je pense maintenant aux prochains projets, à nos prochaines «destinations» mais pas forcément pour le même voyage. J'ai ouvert, nous avons ouvert tant de portes mais beaucoup d’autres sont encore à ouvrir, à enfoncer, pour continuer de vivre de beaux moments de vie. Quelques pages de notre vie se tournent, mais le livre de notre destinée est, je l’espère, encore loin d’être terminé. De nombreuses pages blanches n’attendent que les histoires de notre vie pour se remplir de belles anecdotes, de moments de vie partager, de bonheurs simples, d’Amour, d’échange avec nos prochains,… et de quelques voyages pour continuer de nous émerveiller, pour explorer notre belle planète, agrandir nos connaissances des cultures et des peuples, assouvir notre soif de découvertes et, se déconnecter de la réalité du quotidien pour encore mieux l’apprécié à notre retour!

 

J’ai voulu suite à ces questions, ces réflexions, les difficultés du changement de situation et l’envie d’avancer, approfondir un peu plus l’idée du retour suite à un voyage au long cours. Voici quelques idées que je développe ci-dessous, résumant mon état d’esprit et ce que je ressens:

Je pense qu’on n’en parle pas assez. Je pense qu’il n’est pas possible de prendre pleinement conscience de l’ampleur du «phénomène» et des difficultés qui y sont liés, avant de l’avoir vécu. Oui le Tour du Monde est une expérience incroyable, même si elle n’est pas due à tout le monde pour de multiples raisons. Mais le retour, même quand il est un choix, n’est pas quelque chose d’aisé, ce n’est pas une simple formalité!

La préparation du retour devrait se préparer comme une étape essentielle du voyage.

Or quand nous préparons ce dernier, surtout pour une longue durée, nous ne voulons pas y penser. C’est encore moins envisageable, quand vous décidez de partir pour un temps indéfini, un «voyage au long cours», sans date de retour!

Pendant le voyage, pour la première fois de votre vie, vous profitez pleinement, dans les limites de notre monde, de notre nature humaine et de nos traits de caractères propres à chacun, du moment présent! Il n’est alors pas question non plus de préparer ce retour, que nous ne voulons pas dessiner, ni dans le cadre temporel, ni dans son côté organisationnel. Certains d’entre nous; voyageurs, ne savent pas s’il aura lieu un jour!

De mon côté, j’ai eu toujours l’intention de revenir, pour mener à bien d’autres projets. J’ai eu la chance aussi de ne pas être à la rue, quand je rentrais. C’est alors plus facile de revenir sans avoir de plans précis et clairs. Mes parents m’ont accueilli. Je savais que ça allait bien se passer. Je ne roulais pas sur l’or mais je ne rentrais pas non plus totalement fauché, avec l’obligation de retravailler tout de suite. Ayant fait de l’intérim, j’avais de bons plans pour refaire un peu d’argent facilement et envisager tranquillement la suite. Mais je ne voulais pas non plus abuser de la situation et je savais que cela n’était qu’une période de transition… Mais jusqu’à quand cela durerait-il? Malgré que ce soit un choix, étais-je vraiment prêt à rentrer?...

Soit disant, une légende dans le milieu des voyageurs dit qu’il faut au moins la moitié du temps d’un long voyage pour se remettre de ce dernier et en sortir vraiment. La transition majeure est parfois brutale entre ce monde onirique, que nous avons découvert et, surtout, que nous avons construit dans nos esprits des mois durant. Cette liberté, même si elle n’est pas totale, paraît tellement forte quand vous voyagez sans contrainte aucune, sauf celles de décider à quelles activités prendre part, quoi manger et, où dormir pour résumer succinctement le quotidien d’un voyageur.

D’autres encore décrive généralement le retour comme un processus qui se dessinerait en 4 étapes: euphorie du retour, confrontation et décalage, ajustement, et finalement l’aisance.

N’aimant pas les généralités, voulant rester ouvert d’esprit, je ne veux pas restreindre un retour, que chacun vivra différemment, à un processus écrit d’avance avec des règles préétablies. Le nombre de facteurs à prendre en compte dans l’équation sont bien trop importants pour établir un schéma commun toujours applicable. Mais comme dans toute rengaine, qui revient régulièrement dans la bouche des personnes directement concernées, il y a une grande part de vérités pouvant s’appliquer à la majorité.

Quoi qu’il en soit, il faut en être conscient, que le retour n’est pas une chose aisée, surtout si ce retour engendre un changement radical dans sa façon de fonctionner, de vivre au quotidien, dans les habitudes qui ont ponctuées les derniers mois d’une vie d’une personne (et oui, même en voyage, certaines habitudes sont présentes pour chacun d’entre nous). Comme dans toute période de transition, il faut laisser le temps au temps. Mais il faut aussi savoir aller de l’avant, penser aux projets futurs, et prendre conscience de ce qui est important et de ce que l’on veut faire du reste de notre existence.

Beaucoup veulent vivre aussi intensément qu’ils ont pu vivre pendant leur voyage. C’est possible! Il est possible d’avoir une vie extraordinaire, même en vivant une vie plus ou moins de sédentaire. Il faut avant tout le choisir et le vouloir!

D’ailleurs une citation dit «la vie commence là où notre zone de confort se termine»! Je ne peux être que d’accord avec cette dernière, moi qui aime découvrir de nouveaux horizons, prendre part à de nouvelles activités, ou à de nouvelles expériences, essayer de dépasser mes limites. J’aime l’aventure! Ma vie, jusqu’à présent, en est la plus belle illustration. Je me suis très vite adapté à la vie de voyageur en sac-à-dos, je me suis toujours senti bien dans l’inconnu de ne pas savoir ce qu’il m’attendait le lendemain. C’est encore plus drôle, car j’ai toujours essayé d’éviter cela dans ma vie de tous les jours auparavant. Encore plus dans ma vie amoureuse où j’ai tant essayé de tout contrôler, alors que c’est impossible, et que j’aurais dû savoir me laisser aller...

Au cours de mes aventures, je me suis très vite adapter à suivre les rites locaux, à respecter les traditions, à vivre chez l’habitant en respectant leurs coutumes. Ce fut le cas, par exemple, avec les nombreuses tribus de Papouasie Nouvelle Guinée. J’ai adoré me retrouver seul en total autonomie, pendant 8 jours, à traverser l’île de la Réunion, Ce fut un vrai bonheur de partager des moments forts avec l’Akilifamily et les Syséléma, au milieu de l’Altiplano. J’ai vécu des moments de folies dans les transports en commun, quand nous avons roulé le long de la route de la mort en Bolivie, quand nous risquions à chaque instant de nous faire attaquer par des bandits sur les routes de Madagascar, quand les conducteurs de bus se prenaient pour des pilotes en Inde, Asie ou Afrique. Ce fut incroyable de me retrouver seul en plein milieu du désert australien, sans âme qui vit, exception faite des kangourous, à des centaines de kilomètres à la ronde. Faire et défaire mon sac (le moins possible selon les situations) est devenu machinal ou presque. Je me sentais alors profondément ancré dans ma zone de confort.

Ayant toujours aimé découvrir de nouvelles choses, la sensation forte de vivre mille vies est jouissive pendant le voyage. Mais même si on est parfois acteur en voyage, nous sommes principalement spectateur et explorateur de notre planète et de la vie des autres. Le côté éphémère du temps passé à un endroit ou de la durée des relations, donne encore plus ce sentiment de liberté, sans contraintes, mais peut finir par être pesant, principalement quand on voyage seul. Concernant mes passions, voyages y compris, j’ai toujours été persuadé que je ne voudrais pas en faire mon métier, ou y avoir accès chaque jour, au risque de perdre le côté existant et un peu unique, même si répétitif parfois, des instants vécus.

Quand on se sent bien partout, et que le monde est devenu notre jardin de jeu, ne faut-il pas rentrer là où sont nos origines pour assimiler l’expérience vécue et mieux repartir, ou mieux vivre d’autres projets de vie? N’y a-t-il pas aussi le risque de créer une dépendance malsaine et non pérenne dans la durée?

Surtout, je le pense du fond du cœur, qu’il y a un temps pour tout! Il faut donc trouver le moyen de se reconnecter à la réalité du quotidien que l’on désire vraiment, dans notre pays d’origine ou à l’autre bout du monde si c’est un choix réfléchi et correspondant à ce que l’on est vraiment. Sachant que pour la plupart des voyageurs, exception faite de ceux qui en sont dégoûté, car obligés par leurs parents par exemple, le voyage aura toujours une place importante dans nos vies. Il ne s’arrêtera jamais vraiment, car il permet de vivre, avec encore plus d’intensité, sa vie. Mais il ne faut pas se tromper d’objectif et se perdre dans une fuite en avant, sans de débouchés heureux à l’horizon.

«Etre libre» est un vaste sujet, pas si évident à résoudre. La liberté n’est pas toujours exactement celle que l’on croit. Oui elle est forte lorsque l’on voyage sans contraintes, mais c’est souvent un sentiment ponctuel. Elle ne pourra pas s’appliquer dans la durée. Car le bonheur de chacun s’inscrit avec des  objectifs, en ayant des projets, qui impliquent obligatoirement quelques devoirs, vis-à-vis de soi-même de prime abord, mais aussi au regard de la société dans laquelle on veut s’intégrer… A moins de vouloir vivre en tant qu’ermite au beau milieu d’un désert!

Pour moi, le voyage, c’est comme le sport d’endurance, comme les sports extrêmes que je pratique! Entre l’adrénaline et l’endorphine, je me plonge dans un état de bien-être, d’apaisement, quasi euphorique qui peut devenir une dépendance. J’aime le dépassement de moi-même et je recherche à dépasser mes limites car je n’ai jamais eu la sensation de les atteindre. Mais d’un autre côté, je ne veux pas, non plus, aller trop loin. Je pense qu’à partir d’un certains moment on ne prend plus de plaisir, que ça peut devenir un enchaînement physique mais surtout psychique privant alors la personne de sa liberté primaire.

Oui, la sensation dans les airs en sautant en parachute est extrême! En volant en paramoteur, je m’extasie à chaque seconde et j’en prends pleins les yeux. Je me sens dans une vraie bulle de «zénitude», quand je suis en plongée. En haut d’un sommet, sur un voilier au milieu de l’océan, devant un lever ou un coucher de soleil à l’autre monde bout du monde, je suis transporté et éprouve un sentiment puissant. En partageant la vie des locaux, en prenant part à leurs coutumes, en vivant, avec eux, en plein cœur leurs fêtes traditionnelles ancestrales, j’ai l’impression de m’enrichir à chaque fois un peu plus et, de vivre des moments uniques! La vie en voyage, comme les activités passions, est extraordinaire. Mais elle ne m’a pas permis, à mon niveau, avec mes moyens, de construire mes propres projets, en tout cas et encore une fois sur le long terme. C’était le cas pour moi quand j’étais seul. Ça l’est encore plus dans notre situation de vie avec Lucie. Je veux que ces activités restent un plaisir ponctuant le plus régulièrement mon quotidien. J’alternerais les unes avec les autres, dans un cadre où je jouirais aussi de moments beaucoup plus simples mais tout aussi beaux et forts. Aujourd’hui, un projet de vie fort se construit, étapes par étapes, et je veux me donner les moyens de réussir. Il faut donc tirer sur certaines ficelles pour que cet «essai» se transforme en succès!

Je pense être très adaptable à de nombreuses situations, même quand je ne l’ai pas choisi, même dans une situation négative. La preuve la plus flagrante serait sans doute, mon accident au mois de Septembre dernier, mon mois d’hospitalisation et le fait de me stopper dans mes projets personnels, professionnels mais aussi sportifs, alors que j’étais en pleine ascension avec des résultats probants. Pourtant, j’ai su relativiser et prendre conscience de la chance que j’aie d’être en vie, plutôt que de me focaliser sur tout ce que je ne pourrais pas accomplir, alors que c’était en bonne voie de réalisation. J’ai gardé ma bonne humeur, malgré mon immobilisation sur un lit d’hôpital, l’arrêt total de l’activité physique que je pratiquais au quotidien, ma perte d’autonomie partielle, mais complète de liberté de mouvement, pour un temps donnés.

J’ai toujours dit que je n’étais pas parti pour fuir, mais plutôt pour vivre un projet que j’avais en moi, une soif de découverte de notre planète à assouvir et qui ne sera jamais totalement rassasier.  Je n’ai pas fui mais je ne me suis pas confronté à certaines problématiques, qui me hantaient, ou du moins que je ne savais pas gérer. Lors de ce retour, j’ai pris, tout de même, aussi conscience que le plus compliqué reste, pour moi, les blessures du passé et les peurs qu’elles génèrent. Je m’y étais confronté auparavant, et je me retrouve confronté à ces dernières encore aujourd’hui. Ce sont ces aspects psychiques, qui insidieusement ont instauré des doutes. Elles m’ont donnés parfois envie de repartir, mais cette fois-ci pas pour les bonnes raisons. 

J’ai toujours eu peur de l’échec amoureux, en raison de nombreux déboires à partir de l’adolescence et, d’une perte d’insouciance brutale, alors que je croyais aux contes de fées. J’ai eu du mal à admettre certains faits de la vie.  Ne pouvant pas ne pas réussir ma vie amoureuse avec quelqu’un, je ne me suis jamais donner vraiment les moyens de vivre pleinement une histoire d’Amour. J’ai toujours eu des excuses pour ne pas vraiment essayer. J’ai toujours reporté la faute sur l’autre ou je me suis toujours convaincu que quelque chose n’allait pas. J’avais et j’ai envie de construire ma vie avec la personne que j’aime, mais je n’avais peut-être pas trouvé la bonne personne, ce n’était peut-être pas le bon moment, mais surtout je n’étais pas prêt.

Quand en période de transition tout est possible, vous avez face à vous de nombreuses ficelles, qui sont toutes des choix importants pouvant infléchir votre destinée.  En réfléchissant sur le sujet, en prenant conscience de mon état personnel, j’ai compris alors que ma liberté serait de tirer sur une de ces ficelles. Ce projet serait les fondements du reste de ma vie, autour duquel je pourrais faire graviter toutes les autres aspects importants que je veux intégrer dans mon existence. Les questionnements s’estomperaient. Je n’aurais pas à tout remettre régulièrement en cause. Bien entendu, il ne faut pas tirer sur la ficelle la plus facile à réaliser, car demandant moins d’implication de soi, mais sur celle qui est la plus importante et le plus en accord avec ces désirs profonds. Tirer sur une ficelle apporte une certaine stabilité indispensable à l’être humain, pour être psychiquement dans un état où la vie est simple, où le bonheur est possible. Faire des choix permet d’avancer vraiment. Sinon sans s’en rendre compte, nous pouvons avoir le sentiment d’évoluer mais, en fait, pour les points importants, nous avons tendance à tourner en rond. Pour moi, vivre un Amour fort avec la personne aimée, construire une relation durable et une vie de famille, ont toujours été un souhait. J’ai mis du temps à comprendre cela. Cette indécision, ces indécisions, ces non choix, n’ont pas aidé mon précédent retour, et les quelques mois depuis fin juin 2016, même si je n’étais pas le seul impliqué et responsable… Après une période de transition, ne plus avoir le choix, après avoir tiré sur la bonne ficelle, serait, peut-être et finalement, la plus grande liberté que l’on puisse s’accorder. Le passage à l’acte et le fait d’y croire pleinement me demandera encore un travail au quotidien.

Cette réflexion sur le retour de voyage m’y aide indirectement. En paraphrasant les mots de Confucius: pour un voyageur, le plus Grand et beau des voyages est de faire le tour de soi-même. 

Un ami me disait récemment peu importe l’endroit où il se trouve, il a l’impression qu’il serait toujours mieux ailleurs. Il ne faudrait jamais que ce sentiment envahisse une personne. Cela veut dire qu’il porte en lui une lourde valise de problèmes personnels, de veilles «casseroles» psychologiques et psychiques. A force de partir pour essayer de trouver mieux, il se perd, il fuit. Il est très vite rattraper par les problèmes, ces peurs auxquelles il essayait d’échapper, en partant encore plus loin, en essayant encore autre chose. Parfois, on peut avoir l’impression d’avancer (là, je me répète et je me réfère de nouveau à mon cas personnel) mais en fait sur un ou des sujets clés, on tourne en rond, on renonce, on essaie et recule car on a peur. Au lieu d’être dans un mouvement qui nous pousse de l’avant, on tourne en boucle, encore et encore, à l’infini. C’est souvent insidieux et surtout on n’a pas envie d’en prendre conscience pour ne pas avoir à se remettre en cause. En pensant se protéger, en pensant faire bien, on conserve parfois des souffrances douloureuses. Partir peut-être salvateur, peut permettre de trouver un lieu qui convient mieux à notre personnalité, de se sentir plus en harmonie avec la vie vécue, de construire un projet impossible sur ces terres natales. Partir permet d’ouvrir son esprit à autre chose, de prendre conscience des réalités différentes de notre monde, selon là où on se trouve et selon les conditions de vie proposées. J’ai pu de mon côté assouvir mes rêves, vivre pleinement et sans contraintes, mais aujourd’hui je recherche quelque chose qui dépasse tout cela, tout en gardant cette joie de partir, de découvrir, de vivre des moments uniques.

Si l’on regarde de près, «l’herbe est rarement plus verte» chez le voisin. C’est en soi que l’on doit chercher le bonheur. C’est un voyage dans son for intérieur qui  peut permettre de trouver une sérénité nécessaire à son accomplissement, et à son bonheur. Il est important d’être conscient de ce que nous sommes, de nos conditions humaines précaires, de la prison que constitue nos pulsions, nos désirs, nos envies, nos peurs quand elles ne sont pas maîtrisées, ou au moins un peu comprise. Nous devons être conscients de l’empreinte de nos racines et de la force de la culture sur chacun de nous. C’est pourquoi, chacun avec ces traits de caractère et son histoire, n’est pas capable de s’adapter à toutes les situations. Il ne faut pas se faire dupé par son inconscient et les barrières que nous nous créons nous même…

Le retour n’est pas une étape évidente. Chaque retour est une nouvelle étape de transition qui casse des codes établis, des habitudes prises. Même si on adore la découverte de nouveaux pays, pour de nombreuses raisons, on s’y sent naturellement un peu étranger (dans une majorité de cas, pour une majorité de personnes). Il faudrait un temps d’adaptation fort et long, et avoir des personnes autour de nous réceptives pour finalement se sentir totalement intégrer dans telle ou telle culture. Il faudrait vivre exactement la même vie que les autochtones, en total harmonie et compréhension avec les uses et coutumes. Malgré cela, dans beaucoup d’endroits, il y a souvent quelque chose qui ne cesserait pas de te rappeler que tu viens d’autre part, que tu es différent.  C’est un peu la même chose chez soi, quand on rentre. Nous sommes sortis d’un moule, plus ou moins fort selon les sociétés, qui crée l’équilibre d’un peuple. Etre en décalage avec les valeurs, les habitudes, le quotidien du groupe peut nous donner la sensation aussi d’être étranger chez soi. C’est alors beaucoup plus compliqué à expliquer. Très vite le sentiment d’être bien nulle part peut apparaître. On peut alors se retrouver démuni, voire perdu. Dans tout groupe, dans toute meute, il faut savoir s’adapter, se fondre dans la masse, ou sortir du lot tout en respectant les règles communes. Dans le cas d’un retour, il faut se réadapter à la vie qui nous fait fasse. Parfois, on n’en a pas envie, pas totalement, pas de la façon dont nos proches, les institutions, les contraintes, nous les imposent.

Ayant perdu certains repères et certains codes fondamentaux d’une vie en société, il faut se donner le temps pour retrouver ces marques et s’en donner les moyens. Il faut accepter certaines choses immuables et changer ce qui est en notre pouvoir, des petites choses qui nous rendront plus heureuses et plus proches de nos aspirations pour le futur. Il faut être conscient que beaucoup de personnes, n’ayant pas expérimenté de telles expériences, ne pourront pas comprendre ce que vous avez vécus. Ce décalage peut être un fossé entre eux et vous. Vous êtes alors un peu seul avec vos souvenirs que vous ne pouvez partager pleinement, qu’avec ceux qui ont vécus un bout de l’aventure avec vous, ou qui ont déjà expérimentés de tels moments.

Lors de mon précédent retour, l’année dernière, après ce voyage solo, de nombreuses personnes m’avaient dit qu’elles étaient impressionner que je puisse autant m’émerveiller sur les beautés de la nature, des mets, de la culture et la richesse de notre pays. Partageant des photos sur les réseaux sociaux, ils me disaient que c’était incroyable de prendre tant de plaisir à admirer les fleurs à Angers, d’aller camper près de la Loire et de profiter d’un pique-nique et d’un magnifique coucher de soleil, de courir le matin seul et de profiter des brumes matinales, des chants des oiseaux… J’étais en extase aussi en dégustant des mets de la cuisine française que mon palais n’avait pas eu le plaisir de ressentir depuis fort longtemps. Si j’accepte la différence avec l’autre en prenant conscience que cela n’empêche pas de s’intégrer, si je respecte certains codes, si j’ajoute à cela les moments avec les proches et les amis, la complicité instantanément retrouvé, voir jamais perdue car si forte, j’avais déjà de bonnes cartes en main. Je ne perdais pas mon ouverture d’esprit, mon émerveillement, mais il manquait encore quelque chose, la petite chose qui ferait la différence et qui me permettrait de me projeter sereinement et avec confiance.

En tout cas, concernant la France, même si certains chiffres sont des réalités, je ne veux pas être le vecteur d’une image négative. Oui beaucoup de personnes sont pessimistes. Oui, un français sur quatre consomme des psychotropes au moins une fois par an. Oui le métro, ou même les rues des grandes villes ne sont pas les lieux de rencontre par excellence et les gens ne sont pas les plus conviviaux. Oui beaucoup de personnes se plaignent pour rien, pour des choses anodines, pour des éléments qui n’en valent pas la peine. Oui, si vous souriez dans la rue, si vous dites bonjour à une personne que vous ne connaissez pas, si vous démontrez une joie excessive, vous avez 9 chances sur 10 pour que l’on vous prenne pour un fou, qu’on est peur de vous, que l’on se demande quel coup vous préparer. Mais il est possible, en se sentant bien, en usant de politesse et de bons usages, en prenant en considération l’autre, de lier, même l’espace d’une fraction de seconde, un lien positif avec son prochain. Parfois, cela entraîne un bon et long moment d’échanges, et ça a un impact sur les personnes qui nous entourent. Il faut être conscient aussi que les personnes en face de soi, peu importe leurs intentions de départ, leurs souffrances, leurs problèmes réagiront en fonction du comportement de la personne auxquelles ils ont à faire. Si vous êtes pleins d’énergies positives inéluctablement vous vous entourerez de personnes qui désirent être bien et vous fuirez, comme la peste, les personnes qui ne vous transmettent que leur aigreur, leur négativisme, leur mal-être, dont ils sont prisonniers.

Comme je le précisais avant, un retour réussi dépend néanmoins et en premier lieu surtout de soi. Après un tel voyage, de tels changements, de tels moments de vie, il faut avoir un projet concret quel qu’il soit car sinon la sensation de vide est pour ainsi dire inévitable. Souvent, le voyage est vécu pleinement, à fond, avec une totale insouciance. Au retour, il est bien de se laisser un peu de temps, de profiter de tous les plaisirs qui nous avez plus ou moins manqué. Mais il ne faut pas se reposer sur ces lauriers. Il faut très vite repartir de l’avant. Etant un homme de projets, avec un nombre incalculable en tête, cela ne m’a pas posé de problèmes. Je suis presque, tout de suite, passé à l’action. En revanche, je n’ai pas trouvé de sérénité immédiatement car je n’ai pas mis la priorité sur ceux qui étaient vraiment importants et qui pouvaient me permettre d’avancer pour moi, pour mon couple!

Beaucoup de personnes m’ont dit qu’il fallait laisser le temps au temps. Je les ai peut-être trop écoutées. Je me suis protégé encore et encore, ou du moins je ne me suis pas découvert, je ne me suis pas lancé. Dans ce flottement normal du retour, sans projet précis clair pour mon avenir, l’envie de repartir a souvent ressurgi. Le temps a, peut-être, sûrement, été un peu mon allié, mais c’est une prise de conscience de ce que je voulais vraiment, qui va finalement me faire prendre le bon chemin. J’étais alors encore en équilibre, «le cul entre deux chaises», et je ne trouvais pas l’élément moteur qui allait faire infléchir mes choix, alors qu’il était devant moi. Ma vie de couple, qui se construisait, devait en être le principal vecteur, mais c’est celle-ci qui me mettait le plus de doutes en tête, simplement car nous n’avions encore pas totalement «accordés nos violons» avec Lucie, que nous nous laissions envahir et déborder par nos peurs.  

Nous avons exprimés nos besoins et nos inconforts mais pas de la même manière, pas de la façon dont l’autre aurait voulu entendre les choses. Au lieu de nous soutenir, nous nous sommes un plus plonger la tête dans les abysses des difficultés liés au retour. L’’échange que nous avions instauré, au cours des 5 mois de voyages ensemble, c’est finalement estompé pour les mauvaises raisons. Le bilan de notre voyage était très positif mais il n’y avait pas de perspectives claires ensemble. Nous avons voulu aller trop vite  d’un côté et pas assez vite d’un autre alors que nous aurions dû vivre cette transition en douceur. Le décalage est aussi venu du fait que Lucie a retrouvé tout de suite du travail, même si ce n’était que temporaire en attendant que moi j’avance. Au lieu de garder notre état d’esprit de voyageur, où tout est possible, au jour le jour, au lieu d’être à l’écoute de l’autre, nous n’étions pas sur la même longueur d’onde. Au lieu de construire un projet viable, au lieu de conserver notre fluidité d’état d’esprit, pleinement ancré dans le moment présent, nous nous sommes petit-à-petit éloigné de nouveau. Le challenge d’un retour réussi et sans accrocs devenait alors une mission quasi impossible.

Tout semblait facile pendant le voyage. Tous les espoirs étaient de mise. Chaque lieu visité a été mérité. Ayant un budget restreint aussi, chaque petite chose découverte, chaque repas, chaque aventure vécue, chaque dépense n’étaient pas toujours calculées, mais prenaient des saveurs particulières. Quand vous escaladez un volcan, que vous marchez pendant des heures dans la boue, que vous passez des heures interminables dans des bus délabrés, le plaisir de boire de l’eau, de manger un fruit tropical, ou d’avoir une interaction sympathique ou intéressante avec son prochain prennent alors un sens totalement différent et une saveur incomparable. Sur les routes les rencontres sont légions aussi bien avec les autres voyageurs, qu’avec les locaux. C’est le cas car nous créons ces opportunités, car nous nous trouvons dans des lieux qui le permettent. L’hospitalité sincère des personnes, qui m’ont accueillie, n’est pas anodine mais j’en suis en partie responsable aussi. L’humanité de ces personnes rencontrées sur la route, n’est pas plus belle que celle que l’on peut trouver en rentrant au pays. Elle est différente, elle ne se passe pas dans le même cadre, avec le même contexte, avec les mêmes moyens, supportée par une culture différente.

En rentrant en France, nous pourrions avoir le sentiment d’être rentrés dans un monde assez figé, où l’enthousiasme n’est pas de rigueur car embrigadé dans le carcan d’une société qui n’a pas le temps, qui est individualiste, matérialiste, où les statuts et les habitudes limitent le champ d’action, où l’hégémonie de l’argent, du pouvoir, des normes crée une certaine servitude. Mais je trouve que c’est une vision trop pessimiste de beaucoup de voyageurs, qui ne sont plus vraiment objectif et, qui ne voit plus toute les bonnes choses, qui les entourent, car leur propre vision a changée. C’est facile de passer d’une vision du verre à moitié plein à celle du verre à moitié vide, surtout quand on se trouve dans un endroit où l’on ne veut pas être, que l’on en retient que les aspects négatifs d’un certain mode de vie. J’ai eu la chance d’avoir un entourage qui a su me comprendre, m’entendre, m’écouter, me soutenir dans mes difficultés. A travers des associations sportives et humanitaires, j’ai continué à voir de l’entre-aide, à avoir des personnes ouvertes aux autres. Même si cela ne m’a pas toujours fait vibrer, et qu’il y a pleins de choses encore qui ne me semblent pas justifier, j’ai essayé de m’adapter, ou plutôt de me réadapter le mieux possible à la société dans laquelle j’ai décidé de revenir vivre.  

Quand je dis essayer, c’est que ça n’a pas été si facile et évident que cela. Je n’ai pas changé foncièrement. Je possède des traits de caractère forts et marqués qui sont des constantes peu variables. En revanche, des changements se sont tout de même opérés en moi, affectant mes valeurs, mes attitudes, certaines de mes actions, voir mêmes de mes projets. Certaines choses me gênaient déjà avant mon départ dans cette société de consommation. Je peux dire qu’elles m’horripilent aujourd’hui. C’est le cas du gaspillage de l’eau, des aliments, de la surconsommation des biens et matières premières, des problèmes liés aux emballages, sac plastiques, pollution. J’ai pu critiquer certains aspects de mon mode de vie, ou pu constater que je n’avais vraiment plus grand-chose à partager avec des personnes que je fréquentais avant. Mais contrairement à beaucoup de voyageurs, je n’ai pas dévalorisé mon pays, prenant pleinement conscience de son côté social, qui est fort. L’être humain, la considération de son individualité et de ces droits sont pris en compte d’une façon beaucoup plus importante et juste ici, que dans de nombreux autres pays dans le monde. D’un autre côté,  ne suis pas d’accord non plus que des lois donnent envie à de nombreuses personnes d’être des assistés au chevet des autres, plutôt que des personnes qui prennent leur destin en main et se donnent les moyens de réussir, surtout avec toutes les possibilités présentes dans l’hexagone. Je ne comprends pas les personnes se plaignant sans cesse, étant nombrilistes, et qui ne se rendent même pas compte de la chance qu’elles ont et des opportunités, qui se trouvent autour d’elles. Je n’étais déjà pas très tolérant avant envers la médiocrité et les personnes, qui ne se donnaient pas les moyens de leurs ambitions mais je pense que je suis maintenant devenu intransigeant. Beaucoup de personnes dans le monde donneraient tout ce qu’elles ont pour avoir ces chances, mêmes quelques brides, or elles ne les auront jamais.

Etant un idéaliste, je voudrais que le monde soit plus juste, que chacun puisse avoir accès aux mêmes chances, que chaque être vivant du règne animal est au moins de quoi vivre décemment.

J’ai aussi et sûrement idéalisé un peu trop ma vie nomade de voyageur en sac-à-dos, en ne retenant que les bonnes choses. Pourtant, je sais ce que j’ai vécu. Si c’était à recommencer, je recommencerais encore et encore. Je sais que c’était une vie faite d’un cumul de moments éphémères, souvent sans lendemain. Je sais que je ne vais pas garder beaucoup de contacts suite à ces quatre grosses années de pérégrinations, que je n’en parlerais pas souvent car beaucoup de personnes ne comprendront pas ce que j’ai vécu et qu’il faut se tourner vers demain. J’ai pourtant la chance d’avoir partagé des moments avec mes parents, avec des amis, avec Lucie avec qui je vis et avec qui je veux construire.   

Il y a un sentiment très ambivalent et fluctuant. Tu as l’impression en rentrant, même après plusieurs années, que finalement rien n’a changé. Oui tes petits cousins et cousines ont grandis, oui certains ont eu des diplômes, d’autres ont acheté une maison, d’autres ont eu un bébé… mais foncièrement rien n’a changé sauf principalement ta vision de la vie. Les personnes se sont habituées à ce que tu sois loin, que tu sois la personne qui vit des choses folles, incroyables mais toujours à une grande distance de la sphère où ils évoluent. Ils sont donc content de te revoir une fois, car c’est top de revoir son pote qui rentre d’un tour du monde. Mais tu ne fais pas ou plus vraiment partie de leur planning. Ils ne pensent plus à te contacter pour faire une sortie, pour boire un verre ou autre. Je stigmatise un peu, mais la vérité, que je perçois, n’est pas si éloignée de cette description. Au vue de la période de ma vie ce facteur est encore plus accentué par les projets des uns et des autres. En effet, pendant la scolarité, pendant les études supérieures, au début même de sa vie professionnelle, la plupart des personnes essaient d’étendre leur réseau social, leurs connaissances, car nous voulons expérimenter, nous donner le plus d’opportunités… Nous avons besoin de nous tester, de plaire, de nous intégrer. Mais une fois lancer dans la vie professionnelle, avec des horaires de travail prenant, des activités à côté, une personne avec qui construire sa vie, une famille avec qui on veut entretenir des liens,  il ne reste plus autant de temps, de place que cela pour un réseau dense. Les rencontres, les sorties ont alors souvent tendances à s’espacer dans le temps, surtout quand les personnes commencent à construire leur vie de famille et à avoir des enfants. De plus, quand tu pars, c’est toi qui a cassé une certaine dynamique, certaines personnes se sont senties «abandonnées». C’était donc à toi de maintenir le lien pendant ton périple. Au retour, c’est aussi et toujours à toi d’alimenter de nouveau ce lien pour espérer qu’il reprenne place physiquement et intègre des moments passés à leur côté… En fait, beaucoup de choses ont évoluées, toi en particulier. Cela a un impact sur ta vie et la relation à l’autre. Tu prends conscience aussi très vite que les personnes que tu as rencontrés en voyage, même celles avec qui tu as vécus des moments incroyables, ne feront sûrement pas partie du reste de ta vie, surtout si elles habitent loin en terme géographique. Les déplacements et leurs durés sont, en effet, un frein important à la continuité d’une relation suivie.

Ensuite, il faut être conscient qu’il n’est pas évident de se remettre dans un moule, d’en accepter ces contraintes, de rechercher du travail, alors que l’on ne sait pas ou plus exactement ce que l’on veut, ou que l’on est tellement exigeant que l’on ne trouvera pas ce travail «parfait», ou que ce n’est pas obligatoirement compatible avec ces autres projets de vie. Sa carrière professionnelle est importante quand on veut réussir son retour. En effet, nous passons beaucoup de temps au travail, et encore plus après une telle expérience de vie, nous aurons du mal à y aller à reculons. Des questions se posent sur ce que l’on a envie de faire, ce qu’il est possible de pouvoir prétendre avec un tel C.V., assez particulier, mais aussi voir si l’on peut mettre en adéquation nos envies avec les possibilités du marché du travail. Après avoir effectué un bilan de compétences l’année passée, j’ai pris conscience que le métier d’ingénieur, le management de projets et de personnes, correspondent bien à ma personnalité et à mes aspirations professionnelles. En effet un tel poste me permettra de gérer un projet, une mission pour une entreprise, de le mener à bien de sa phase initiale à sa phase de réalisation, puis de concrétisation. Au cours du processus, il y a énormément de liens avec autrui, la gestion au quotidien de tâches divers et variées,  du management, au moins transversal, de personnes et souvent un lien important avec l’extérieur, que ce soit avec les fournisseurs et les clients. Le gros avantage c’est qu’il est adaptable à de multiples industries et que je peux prétendre à des postes à l’international ou au moins avec des liens à l’étranger. Or je ne vois pas travailler aujourd’hui pour certaines industries dont je ne partage pas les valeurs. Après un tel voyage, et voyant les dégâts qu’engendrent le plastique, par exemple, principalement les sacs et emballages, il est inconcevable pour moi de travailler pour un groupe industriel traitant ces produits, ou développant des valeurs totalement à l’opposé de celles qui sont maintenant bien ancrées en moi. L’idéal (là encore ce mot n’est pas une constante de notre société et surtout il faut souvent s’en éloigner par obligation, ou pour pouvoir vivre dans notre société, loin d’être parfaite, mais à l’image de l’être humain, de ce que je suis) serait que je puisse travailler dans le domaine de l’environnement, des énergies renouvelables, du sport, ou autre domaine que j’affectionne. Mais sur le marché du travail, la compétition est acharnée, rien n’est gagné d’avance! SI je veux avancer dans mes projets, ceux avec Lucie, au bout d’un temps certains, je ne pourrais plus faire la fine bouche. Je devrais choisir la meilleure des propositions, qui se présentent à moi, sans chercher à avoir encore mieux. Au vu du temps que l’on y passe, et du fait que je doive justifier d’une certaine stabilité, je n’ai pas vraiment le droit à l’erreur, enfin si car il est toujours possible de rebondir dans la vie.

Encore une fois, je dois, nous devons faire des choix alors que nous n’avions pas ce problème en voyage, en tout cas pas des choix ayant de l’importance sur du long terme. C’est là que je comprends l’idée de fuite qui se développe autour des personnes qui partent. La vie est alors tellement facile car dictée par les plaisirs de l’instant présent. Tu es tellement vite rattrapé par les besoins de te réadapter aux règles du pays et de la vie de sédentaire, par les obligations, que les besoins vitaux s’effacent très rapidement. C’est bien sûr le cas quand ils sont acquis d’avance dans une société donnée. Je comprends alors encore mieux mon envie de vivre, de partir à l’inconnu, qui était forte en 2011. Elle n’a pas totalement disparue aujourd’hui, mais elle s’exprime différemment. Pour moi, il y a fuir… et fuir. Je fuyais avant une situation, qui ne me convenait pas, pour vivre pleinement une expérience réfléchie et voulu depuis des années. Je ne partais pas par lâcheté, je ne partais pas pour ne pas affronter mes peurs, je partais car j’en ressentais le besoin. J’avais besoin de prendre le large, de prendre du recul sur les dernières années de ma vie. J’avais envie d’assouvir cette soif de découverte que j’ai toujours eue en moi, pour revenir encore plus fort, avec plus de certitudes et moins de doutes. Si je décidais de repartir aujourd’hui, seul ou avec Lucie, ça ne serait plus du voyage mais une fuite certaine…

Tout peut être bon ou mauvais, sain ou destructeur. Ça dépend simplement ce que l’on en fait, pourquoi on le fait, et dans quel état d’esprit. Il faut vraiment se demander si le chemin que l’on prend, si la voie suivit pourra nous mener au bonheur auquel nous aspirons tous. Je le répète, il y a un temps pour tout. Je sais aujourd’hui que mon voyage seul, que notre voyage avec Lucie ont été des étapes obligatoires dans ma vie, dans nos vies. Elles ont été des moments enrichissants, qui nous permettent d’être ce que nous sommes aujourd’hui, de pouvoir prétendre à un équilibre plus stable, débarrassé de petits démons qui pesaient sur nos têtes.  Le voyage nous a encore plus libérés, il nous a permis de nous conforter dans certains choix, mais aussi de prendre des voies différentes dans des domaines où nous étions en questionnement. J’ai toujours dit que j’étais quelqu’un attiré par les extrêmes, parfois même «borderline» au vu de certains de mes comportements. J’ai toujours pensé que je ne trouverais jamais un équilibre parfait, car c’est le travail d’une vie, que le chemin vers la sagesse est infini. Mais que le plus important pour moi est d’en prendre le chemin et de m’y atteler chaque jour en réussissant à me remettre en question.

Le voyage m’a permis de ne pas aller tout droit dans le mur. J’ai pu découvrir comme je le souhaitais le monde dans lequel j’évolue, j’ai vécu des instants de vie enrichissants, et je suis sûr que cela sera bénéfique pour le restant de mes jours. Comme toute chose, il y a une fin. Il faut aussi savoir tourner la page pour profiter pleinement des acquis et en tirer des leçons pouvant servir pour la suite.

Si je suis finalement revenu en France, si j’ai conservé le contact avec mes proches, si j’ai des projets similaires à beaucoup d’êtres humains, c’est que je sais quelle direction, quel sens, je veux donner à ma vie.

Je ne peux pas et ne veux pas renier tout ce que je suis. Je ne veux pas et je n’ai jamais voulu tirer un trait sur tout ce qui m’a construit et qui fait ce que je suis aujourd’hui. J’ai toujours trouvé l’histoire de Christopher Mc Candless, dont la vie a été racontée dans un livre, puis adapté à l’écran grâce au film «Into the wild», fort passionnante. Je pense avoir expérimenté beaucoup d’aventures comme lui. J’aurais eu envie parfois de tout laisser derrière moi pour respecter mes principes et vivre prêt de la nature mais j’ai toujours surtout retenue la morale de son histoire. Après avoir tout renié, avoir laissé sa famille dans l’horreur de ne pas savoir ce qu’il lui arrivait, il a pris conscience que la vie seule n’avait aucune raison d’être vécue, et qu’il aurait dû savoir pardonner à ces proches, à ces parents, qui ont essayés de bien faire même s’ils ne l’ont pas toujours compris. Avant de mourir tout seul dans son bus, il avait pris la décision de rentrer, il n’aura malheureusement jamais eu cette chance…

Non seulement j’ai la chance d’être rentré, de vivre des moments forts avec la famille et les amis, mais en plus, je n’ai jamais voulu couper le lien avec ma famille, j’ai encore la chance de pouvoir créer quelque chose de fort et de beau, qui dépasse ma petite personne.

Le voyage fera toujours partie de ma vie, et ma vie intégrera toujours, autant que faire se peut, la notion de voyage dans son sens large. J’aimerais partir encore aux confins de notre planète terre, mais le voyage dans les contrées proches, le voyage initiatique, le voyage par la pensée, le voyage par l’exultation de mes sens, le voyage par l’expérimentation de nouvelles découvertes seront déjà des moyens de me transcender et de vivre bien. Je ne cherche plus à combler un vide, je ne compte pas trouver mes réponses en partant les chercher loin.

Je n’ai plus besoin de voyager, mais l’envie est présente. Je penserais, nous penserons peut-être bientôt à notre prochaine destination, mais pour l’instant elle ne m’obstine pas, elle n’est pas une priorité, seulement une motivation qui me permettra de m’en donner les moyens le moment venu.

Mes voyages ont de nombreuses valeurs ajoutées. La première consiste en une prise de conscience qui me permet d’écrire tout ce que je viens de vous partager, en laissant gentiment mes doigts glisser sur le clavier de mon ordinateur, sans vraiment réfléchir. J’ai acquis ensuite un nombre de connaissances incroyables. Cette connaissance ne se limite pas à celle apprises dans les livres ou vu à la télévision, mais à une connaissance plus complète car pleinement vécue directement. J’ai acquis aussi de nouvelles compétences, ce qui est pour moi un besoin quotidien, avec cette obsession de s’améliorer. Je pense que j’ai encore affiné les valeurs que m’avaient transmisses ma famille, le système éducatif, associatif et sportif. J’ai pu prendre part et participer à des événements qui dépassent largement ma simple personne.

Je vous mentirais si je vous disais que rien, de ce que j’ai vécu en voyage, ne me manque actuellement, que je suis redevenu totalement en phase avec la société dans laquelle j’évolue, que j’ai les mêmes préoccupations qu’avant mon départ. Pourtant, je ne me sens pas totalement déraciné, je n’ère pas l’âme en peine, comme un intrus au mauvais endroit. Après un temps d’adaptation, après une remise en cause personnelle, après avoir pris du recul et m’être confronté à quelques échecs, je suis conscient d’où je suis et de ce que je veux pour la suite.

Oui, j’ai vécu un rêve éveillé pendant toutes ces années de voyage. Oui, j’ai eu l’impression de maîtriser le temps, l’espace, en supprimant les frontières (possible car j’ai la chance d’avoir un passeport français), en faisant sauter les barrières de la langue. Oui j’ai cru que je pouvais changer ma vie, que je pouvais faire exactement ce que je voulais. Oui je n’ai jamais eu autant la sensation d’être libre. Mais j’ai aussi pris conscience, de façon concrète, que je ne pouvais pas changer le monde, que je ne pouvais pas changer la nature humaine. J’ai pris conscience que j’étais individuellement emprisonné de chaînes inconscientes, qui me permettait pas d’envisager un bonheur durable. J’ai réalisé que la plus belle chose que je pouvais faire serait de profiter des opportunités que j’ai, de les exploiter un maximum et, à mon niveau, de semer le bien autour de moi grâce à de petites actions. Je souhaite que ce rêve, dont j’avais déjà la graine en moi, qui a germé pendant le voyage, continu de grandir. Je veux savoir l’adapter à la réalité, que j’ai choisie, pour l’embellir. Je veux qu’il puisse bourgeonner, fleurir et répandre son pollen pour transmettre les valeurs que j’accorde à la vie.

J’ai encore de nombreux projets et rêves que je veux concrétiser. Je veux les partager et les vivres avec les personnes qui comptent. Je ne veux pas avoir de regrets dans aucuns domaines. Je veux avoir eu la chance d’avoir pu vivre à fond, avoir réussi à dire tout ce que j’avais sur le cœur aux personnes importantes à mes yeux. J’ai toujours mon âme d’enfant, j’ai l’impression que le temps n’a pas d’effet sur moi car je ne me sens pas vieillir, pourtant j’évolue, mes envies changent, et le regard des autres aussi.  Même si je veux faire encore beaucoup de choses, j’ai envie d’arrêter de toujours courir, de vivre dans un rythme effréné, où je veux toujours plus, toujours aller plus loin, plus haut, plus fort et finalement ne pas me rendre compte où est l’essentiel.  J’ai envie de ne pas toujours chercher la performance et plutôt tendre vers la qualité.

Maintenant, je veux et vais devoir concrétiser ces belles paroles et passer à l’action! C’est, en effet, et finalement le principal révélateur de l’Homme et de ces valeurs.

Je ne me prépare pas du tout, et je ne veux pas à vivre «une routine» (terme péjoratif dans la bouche de nombreuses personnes), qui serait ennuyeuse et qui ne me correspondrait pas. Je veux continuer à vivre ma vie, tel un grand projet avec un enchainement d’événements formidables, inoubliables qu’ils soient extrêmes ou de la plus grande des simplicités. Je souhaite conserver mon insouciance, mon ouverture d’esprit et mon émerveillement devant la moindre beauté de la nature, et magnificence d’une rencontre qui m’enrichira. J’ai envie de croire en l’Amour de l’être aimé avec qui l’on veut partager sa vie, mais aussi l’Amour avec ces proches.

Le retour d’un Tour du monde n’est pas chose aisé même quand on l’a choisi et que l’on si est préparé autant que faire se peut. Mais ce n’est pas quelque chose de dur non plus car ce voyage n’était pas une fin en soi, et l’espoir d’un lendemain encore plus beau est présent.

J’ai profité de ma vie pendant ces années, j’ai réalisé des rêves, j’ai découvert plus en profondeur la planète sur laquelle j’habite, ces beautés, l’homme et la nature humaine. Ce dernier est tellement fort et riche mais aussi source de destructions. Je n’arrive pas complètement à estimer le mal que nous faisons à notre planète hôte. Pourtant pendant ce voyage, j’ai essayé de laisser le moins de trace de mon passage, tel un pas sur la plage en bord de mer qui disparaîtra lors de la prochaine marée. Je n’ai en aucun cas voulu m’approprier quelque chose, je n’ai pas voulu changer mon prochain, mais je suis rentré en interaction avec eux, avec elles. J’ai vécu quelque chose d’exceptionnel et je continue de vivre ce que je désire, d’être là où je veux être, d’être avec les personnes que je veux. Je suis un être avec son unicité, ces singularités mais je ne me projette plus seul sur les routes. J’écris tous les jours quelques lignes qui bâtissent mon destin. Ce dernier sera toujours lié au voyage, à l’émerveillement, à l’apprentissage de la sagesse, à la recherche du bonheur. Mais je n’ai plus besoin de courir pour cet aspect-là,  je n’ai pas besoin d’atteindre des contrées encore inexplorées, en quête d’une réponse, qui est finalement sous mes yeux, à chaque instant, et que je dois juste voir comme tel.