Retour d’un voyage au long cours; questions que des personnes m’ont posées,
réflexion autour de ce retour, du voyage, du moment présent, des choix à faire
et des prochaines pages, à écrire, du livre de ma vie!
Les questions que les personnes
autour de moi se posent et m’ont posées, après mon retour, sont nombreuses mais
elles tournent souvent autour des mêmes sujets. En effet, ce sont des questions
primaires qui se rapportent à ce qu’ils connaissent du voyage, ce qui se
rapprochent de leur propre vie, de leur propre monde et des questions qu’ils se
posent régulièrement. En étayant un peu, il est tout de même possible de
partager les idées principales du voyage.
Dans le top 10, on retrouve bien
entendu:
- «Quel est l'endroit que tu as
préféré, quel pays? Lequel tu me conseillerais de visiter? »
- Je ne peux pas et je ne veux pas répondre à la première question de bout
en blanc. Il n’y a pas un seul pays qui se détache des autres, où j’ai vécu
quelque chose d’incomparable, d’intensément plus fort par rapport aux autres…
ou si en fait, j’ai vécu dans chacun des moments de vie unique!
Les expériences ont été d’une puissance inouïe, car souvent différent de
tout ce que j’avais connu auparavant, car je me suis ouvert à toutes
éventualités. J’ai pris un chemin, une direction tout en laissant la place à l’imprévu,
à la rencontre et à l’émerveillement!
J'ai vu tellement de paysages différents, visité tellement d'environnements
variés, vécu des expériences plus folles les unes que les autres, rencontrés
des peuples avec une culture tellement forte! J’ai toujours envie de considérer
ce voyage dans sa globalité, avec la perspective en 3 dimensions, dans ma
réalité, qu’il a su me donner!
Malgré tout quelques lieux m'ont profondément marquée.
Je cite souvent la Papouasie Nouvelle Guinée, qui pour moi reste une des
dernières frontières, avec l’Amazonie, de «notre monde moderne»! Sur place, tu
es obligé de sortir des sentiers battus. Je n’ai rencontré presque aucuns
touristes, sauf 2 autres voyageurs et quelques-uns regroupés lors de festivals
entre tribus très célèbres. J’ai voyagé avec les locaux, vécus avec eux, dormi
chez eux, participé à leurs festivals avec eux,…
Ensuite vient une liste non exhaustive: les cérémonies et les paysages de
l’Indonésie, les jours de campement dans le Salar d’Uyuni après la traversée de
l’Altiplano, les safaris en Afrique, l’ascension de sommets en Bolivie, les
paysages de la Namibie, la traversée en autonomie de la Réunion, la vie avec
les locaux, les moines bouddhistes en Birmanie, le face-à-face avec un tigre en
Inde, les cérémonies de crémation dans le Gange à Vârânasî, le trek avec Antho
autour de l’Annapurna, le partage avec mes parents d’un voyage organisé au
Vietnam et un peu de luxe à l’île Maurice, la traversée du Tibet, Uhuru et le
désert en Australie, les paysages de la Nouvelle-Zélande, la traversée du
Pacifique à la voile, et les deux mois sur des bateaux en Polynésie Française,
la magie et l’envoutement de l’île de Pâques, les trois rencontres et
retrouvailles avec l’Akilifamily, cette femme docteur qui me prend en charge
chez elle en Tasmanie alors que mon staphylocoque doré dégénère (vous voyez, je
m’égare car je ne parle plus d’un pays en particulier à la fin mais
d’expériences de vie vécues avec mon prochain)…
Pour ce qui est d’un pays à visiter, ma réponse a souvent été la suivante.
Si vous voulez un dépaysement total, assez facile pour des voyageurs
novices, je conseille la Thaïlande, le Sri Lanka et l’Indonésie.
Pour les treks, je dirais le Népal, la Réunion et le Sud de l’Amérique du
Sud. Pour des vacances farniente, je peux conseiller l’île Maurice, La
Polynésie Française, Saint Barthélémy ou les plages paradisiaques des San Blas
au Panama.
Pour les amoureux de la nature sauvage, je conseille les safaris en
Namibie, en Tanzanie et au Kenya, un séjour au Galápagos, la découverte du
Costa Rica, sans oublier la Nouvelle-Zélande…
Pour la découverte d’un pays unique, mon choix se penche vers Madagascar,
Cuba ou La Birmanie (mais la situation a déjà bien évolué avec la chute de la
dictature militaire pour le dernier et à prévoir pour le précédent).
Le Pérou est un must du voyage pour sa culture et des paysages qui peuvent
changer quotidiennement sur un parcours itinérant… Je ne vous parle pas de la
beauté de l’Argentine, les chutes d’Iguazu, Le Perito Moreno… Une fois encore,
il n’est pas possible pour moi de faire un choix, mais je vous souhaite de
découvrir les beautés de notre belle planète.
- «Comment as-tu fait ton
itinéraire ? Avais-tu tout prévu ton parcours avant de partir? As-tu, à chaque
fois, réservé tes hôtels?»
- L’itinéraire est la seule que j’ai vraiment préparée avant de
partir en voyage, avant de commencer ce périple au long cours, en plus de mon
sac-à-dos. En effet, j’ai toujours voulu être au bon endroit au bon moment surtout pour les saisons. Par exemple, après
différentes recherches, je me suis rendu compte qu’il y avait seulement deux
mois vraiment, où le temps était au beau fixe, ou au moins correct, en
Mongolie. Pour le Népal, il y avait deux fois deux mois dans l’année où les
treks étaient possible en autonomie, sans risque et sans besoin d’un matériel
spécifique… Je ne voulais pas être bloqué par des conditions météorologiques ne
permettant pas de faire ce que je désirais. Je ne voulais pas me retrouver en
pleine mousson en Asie, avec une humidité frôlant les 100%, ou en pleine hiver
dans le Sud de l’Australie… J’ai quasiment eu beau temps partout, tout au long
de mes 5 années passées sur les routes!
Un itinéraire global, avec les grandes lignes c’est donc dessiné. Il
incluait les pays où je voulais passer et les créneaux pour m’y rendre. Voilà
pourquoi en Septembre 2011, j’ai atterri en Russie, à Saint Pétersbourg pour
commencer mon aventure! Bien entendu, j’ai adapté ce parcours au fil des jours,
des semaines, des mois, surtout que je n’avais pas envisagé du tout au départ
de rester aussi longtemps sur les routes de notre belle planète. Le planning a
évolué avec le temps, mais j’ai réussi à me rendre où je voulais et à y être au
moment le plus propice pour y passer un bon séjour. J’étais parfois au bord de
la «fenêtre météorologique».
J’avais au début quelques guides de
voyage que j’ai très vite abandonné. J’étudiais néanmoins «le terrain». Je
connaissais les immanquables et demandais des conseils aux autres voyageurs.
J’avais une base, et une fois sur place, je me suis toujours laissé
l’entière liberté de pouvoir changer de route, aller au gré du vent ou des
rencontres. J’ai donc vécu pleinement ce voyage, en découvrant ce que je
souhaitais découvrir tout en laissant place à l’imprévu.
Concernant les réservations d’hôtel, de chambre, ou autre, je l’ai très
rarement fait, sauf souvent pour la ou les premières nuits quand j’arrivais
dans un nouveau pays, dans une grande ville. J’ai recherché très souvent quelqu’un
pour m’accueillir en Couchsurfing (dormir chez l’habitant), regarder les
possibilités d’auberge de jeunesse, ou si je ne connaissais pas quelqu’un qui
pouvait m’héberger. Sinon, j’ai très souvent vu directement sur place, en
demandant aux offices de tourisme, à d’autres voyageurs, en marchant dans les
rues.
Le mieux dans cette aventure, c’est que je n’avais pas de date de retour,
que je n’avais aucune contrainte et aucune obligation. Seul mon instinct, mes
envies, ma soif de découverte m’ont mené de plus en plus loin. Contrairement à
beaucoup, je ne suis pas rentré car je n’avais plus d’argent, car alors
j’aurais pu continuer à voyager pendant de nombreuses années, mais je suis
rentré car je le désirais.
- «Question argent, comment as-tu
fait?»
- Premièrement, la vie est une
question de choix. A 34 ans, je ne possède pas de maison, je n’ai pas d’écran
plat, je n’ai pas de voiture… mais pendant 5 ans, j’ai eu le plus grand jardin
du monde à explorer; la planète Terre. Même si je ne retournerais peut-être
plus aussi souvent dans ce jardin, j’ai encore de nombreux lieux à découvrir, à
redécouvrir, ou à revisiter d’une autre façon.
Deuxièmement, Certains dépensent tout leur argent pour des futilités, pour
du matériel, plus ils en ont plus ils en dépensent.
Je suis plutôt de nature économe, j'ai toujours eu l'habitude d’économiser,
un peu, quand je le pouvais, pour réaliser de grands projets. Mon expatriation
aux Etats-Unis m’a permis de gagner beaucoup plus d’argent qu’en France, sans
en dépenser plus. Je n’ai que très tardivement acheter une voiture, je faisais
tous mes trajets en vélo, je ne dépensais pas mon argent dans les objets
derniers cris, en restaurant, en vêtements ou autre... Très rapidement les
sports extrêmes et les voyages sont devenus des priorités.
Pour ce voyage, je me suis basé sur un budget moyen d’un voyageur en
sac-à-dos et je me suis donner une belle marge de manœuvre. J'avais alors prévu
un budget de 30 euros par jour, qui englobaient tous mes dépenses; les
déplacements, l’hébergement, la nourriture, les activités, les visas, et même
les imprévus.
J’ai finalement dépensé, par mois, moins qu’un loyer moyen en France. J’ai
fait attention concernant mes dépenses pour le logement, la nourriture, le
transport. Ces économies n’ont pas été faites simplement car je ne voulais pas
dépenser de l’argent, mais surtout car j’ai voulu vivre la vie de la population
locale. Quand on mange local, quand on dort chez l’habitant, ou dans des
logements de premières catégories, quand on prend les moyens de transports en
commun, quand on ne passe pas par des tours ou voyages organisés, la vie, le
voyage, d’un point de vue d’un européen, ne coûte vraiment pas cher dans
beaucoup de pays.
Diriez-vous, que depuis que vous êtes indépendants, il y a des jours dans
votre vie, où vous ne dépensez pas un centime? Je peux répondre à votre place.
La réponse est non, car vous avez un loyer, l’électricité et l’eau à payer,
vous payez vos impôts, certains ont des crédits. Vous devez vous payer à
manger, à boire. Vous dépenser de l’argent pour vous déplacer et acheter des
biens… Pendant le voyage, il y a un nombre de jour incalculable où mon budget a
été de zéro euro. J’ai de nombreuses fois dormi dans ma tente en pleine nature,
j’ai fait du stop, j’ai marché, j’ai mangé les produits que me donner la
nature, j’ai accepté les invitations des locaux, j’ai parfois dormi chez eux,
j’ai aidé en échange d’un repas et du logis…
D’un autre côté, le budget de mon voyage n’est pas ridicule non plus car je
n’ai jamais voulu me priver sur des activités découvertes, plaisirs… et manquer
quelque chose, car cela coûtait trop d’argent. J’ai donc dépensé parfois des
sommes importantes. De multiples exemples me viennent en tête: la croisière
pour aller à Komodo en Indonésie, le survol en hélicoptère de la grande
barrière de corail en Australie, avant de plonger dans ces eaux translucides,
le saut à l’élastique et le swing en Nouvelle-Zélande, les billets d’avion pour
me rendre sur l’île de Pâques, les safaris en Afrique, les droits d’entrée du
parc national pour gravir le Kilimandjaro, de certains vols en «petit coucou»
(avion) pour me rendre dans des endroits reculés, ou atteindre des plages
paradisiaques, les sorties en 4x4, les plongées, les vols en parapente, mon
retour surprise en France pour noël 2013, les nuits dans le désert du Sahara,
l’expédition pour se retrouver dans un groupe de gorille des montagnes…
- «Est-ce que tu as eu des
galères? Est-ce que tu t'es sentie en danger?»
J’ai toujours dit et pensé avoir eu la sensation qu’un «ange gardien» m’ait
protégé, particulièrement pendant ce voyage au long cours.
Tout s’est plutôt bien goupillé. Je n'ai jamais vraiment eu de gros coup
dur qui auraient pu tout stopper, même si j’ai vécu quelques mésaventures.
Toutes les personne que je rencontrais m’ont systématiquement mises en
garde contre les pickpockets, les vols à l'arrachée, principalement dans les
lieux de transit. Ceux sont surtout les locaux qui sont les plus craintifs. Ils
vivent dans une atmosphère de paranoïa entretenue par les médias, qui relaient
les faits divers.
Pourtant, je ne me suis sentie vraiment en danger que deux fois. La
première fut à La Paz, en Bolivie, quand je me suis retrouvé encerclé, dans une
petite ruelle, par trois jeunes avec un pistolet sur la tempe. Ils m’ont
rapidement demandé de leur donner tout ce que j’avais. Ils m’ont pris mon
appareil photo que j’avais en bandoulière (et qui n’a pas dû leur servir à
grand-chose car le connaissant par cœur j’avais même du mal à l’allumer). Puis,
ils sont partis aussi vite qu’ils sont arrivés sans en demander plus, sûrement
prévenu par un complice que des personnes arrivaient… L’autre fois fut avec
Karine, lorsque nous faisions du stop en Argentine. Un camionneur nous a pris.
Plus le temps passé, plus son comportement est devenu étrange. Il a commencé à nous mentir sur la direction
qu’il prenait. Puis au milieu de nulle part, au coucher de soleil, il s’est
arrêté au milieu de nulle part, prétextant une panne. Il a sorti son couteau et
avait un comportement très suspect. Nous étions sur nos gardes, couteau à la
main aussi, mais finalement rien n’a eu lieu et il nous a laissé dans le
premier village suivant!
A part cela, et malgré ne pas avoir pris plus de précautions que cela,
utilisant tout de même les règles de bon sens, je ne me suis jamais senti
menacé par autrui pour ma vie, ou même pour mes maigres biens matériels que
constituaient mes deux sacs-à-dos, quelques affaires et un peu de matériel
électronique. Bien entendu, je ne suis pas allé dans les pays en guerre, où les
zones de conflits dans un pays où je me trouvais quand il y en avait. Dans les
grandes villes j’ai fait attention, je ne suis pas aller dans les quartiers de
non-droits, dans les favelas,… J’ai respecté les précautions de base pour ne
pas tenter un opportuniste, et j’ai dormi dans des endroits, où je me sentais
en sécurité.
Je suis toujours resté vigilant, aux aguets sans pour autant être obnubilé
par le pire au point d’être dans un stress permanent. Ayant toujours la
sensation d’avoir fait le nécessaire, j’étais serein. J’ai rarement quitté mon
sac des yeux tant qu’il n’était pas dans un lieu sécurisé. J’ai toujours
regardé l’environnement autour de moi avant de quitter un lieu. J’ai pendant
longtemps porter une ceinture, près de ma peau, sous ma chemise avec mon
passeport et le plus gros de mon argent en liquide. Sinon je n’ai pas hésité à
dormir dans la nature, à suivre des locaux, à dormir, manger chez eux. J’ai
fait confiance à mon instinct et la bonté de l’être humain.
Les autres mésaventures ont été plus personnelles n’impliquant aucun de mes
semblables. Il y a eu la chute, en Inde, de plus de 10 mètres, où j’ai rebondi
plusieurs fois sur mes sacs, de nuit, sur ce bord de route pour ne pas manquer
le bus qui partait. Il y a cette chute du toit du tuk-tuk, au Laos, quand nous
rentrions du tubing. Il y a eu ces nombreuses hospitalisations, en Australie,
en raison du staphylocoque doré, et une fois, au Kenya, en raison de
l’amibiase. Plusieurs fois, je me suis retrouvé face à des animaux dangereux
comme dans le grand bleu, en Polynésie Française, face à ce requin menaçant. Il
a eu aussi cette course poursuite, avec ce lion de mer en Nouvelle-Zélande. Et
je ne peux pas oublier, ce chien fou, qui est venu me chiquer la jambe sur cette
île volcanique de Papouasie-Nouvelle-Guinée alors que je n’avais rien demandé.
J’ai «prié» pour qu’il n’ait pas la rage…
J’en omets sûrement de nombreuses, mais elles ont été plutôt des anecdotes
de voyage, plutôt que de réels faits, où ma vie aurait pu être en danger.
- «Changer tout le temps de
lieu, c'est fatiguant?»
- Je trouve intéressante cette question. Je pense que ceux, qui me la
posent, font déjà la différence entre des vacances et le voyage.
Beaucoup de voyageurs vous répondront que c’est vraiment fatiguant. De mon
côté, je partagerais ma réponse en deux parties distinctes.
Non, je n’ai pas trouvé cela fatiguant. L'excitation due au voyage, tout ce
qu’il y a à découvrir m’a fait me lever aux aurores. L’envie de profiter des
soirées avec les locaux, et les voyageurs. Le besoin de régulièrement traiter
les photos prises et écrire sur mon expérience vécue pour la partager m’a fait
me coucher très tard. Toujours pris dans l’action, la soif de découvertes, les
contraintes des transports, ou l’adaptation au mode de vie local ont fait que
j’ai encore plus raccourci mes nuits dormant souvent à peine 4h00, voire moins.
Ayant des facilités à dormir n’importe où, les trajets m’ont permis parfois de
récupéré. J’ai tellement pris de plaisir
dans ce que je faisais que mon corps et mon esprit étaient toujours en
ébullition.
La question de porter et de défaire et refaire son sac-à-dos revient
souvent sur le tapis. Bien sûr qu’au début, on passe du temps pour tout ranger.
Mais très vite, une organisation méticuleuse se met en place et on ne sort que
ce que l’on a besoin et cela ne nous prend que quelques secondes. Je ne me suis
jamais étaler comme j’ai pu si souvent le voir chez d’autres de mes compagnons
de route. Je savais aussi, à chaque instant, où se trouvait chacune de mes
affaires, me permettant de ne jamais rien oublier ou presque (une serviette, un
caleçon et une paire de chaussettes seront les seules choses égarés pendant
toutes ces années). J’ai souvent marché quelques centaines de mètres en ville,
quelques kilomètres, parfois des heures avec tout mon barda dans la nature.
J’avais parfois plus de 20 kilogrammes sur moi, telle ma maison et l’ensemble
de mes biens, comme une tortue peut porter sa carapace. Heureusement de
nombreuses fois, j’ai pu me décharger, laissant une majorité de mes biens dans
un endroit sécurisé. Et plus ça va, plus on s’allège, plus on se rend compte
que l’on n’a pas besoin de grand-chose et, que le strict nécessaire n’est
finalement pas si imposant que cela. Et encore, si je supprime les moyens pour
prendre des photos, et la communication portative, et ce désir de traiter en
direct les données recueillies, et tout le matériel de premiers soins, alors le
sac peut-être très légé.
Concernant l’aspect fatiguant du voyage, après de long mois sur les routes,
ou simplement quand le lieu s’y prêté, j’ai tout de même pris le temps. Je me
suis posé quelques jours, «à ne pas faire grand-chose» (tout est relatif, vous
direz nombres de mes proches). Psychologiquement, j’ai tellement vécu
l’expérience à son maximum, que je ne me suis jamais senti fatigué. Pourtant,
mon corps l’a été un peu. Je l’ai parfois éprouvé pour de nombreuses raisons.
Il y a déjà eu le fait de ne pas beaucoup dormir. Ensuite, j’étais quasiment
toujours en mouvement, ou toujours dans l’action, mes sens toujours sollicités
par ces nouveautés, ces découvertes, ces périples. Lors de mon voyage, je n’ai
pas eu de week-end, ou que très rarement lorsque je décidais de prendre «des
vacances» dans le voyage. Ensuite, le corps doit s’habituer à des changements
de climats, d’altitude, de température, d’humidité. Il doit s’habituer à des
nourritures différentes, parfois sommaires, ou pauvres en qualité nutritive,
quand on mange comme les locaux. Je n’ai pas toujours bu de l’eau en bouteille,
prenant parfois des risques. Je n’ai pas eu trop à me plaindre de ressentis
désagréables mais obligatoirement le corps a dû s’adapter. Ayant l’esprit
serein, et une certaine hygiène de vie, je me suis toujours senti en forme.
- «Et le contact avec les locaux,
les voyageurs, les rencontres?»
- Le rapport avec les autres a été la chose la plus belle et la plus
intéressante de mon voyage. Les rencontres ont été de l’ordre d’un simple
regard, d’une personne croisée dans la rue, de quelques secondes dans une
boutique, sur un chemin. De plusieurs minutes à discuter dans une auberge, lors
d’une soirée, de la visite d’un site, dans un avion ou un bus… Certaines de ces
discussions se sont prolongées, elles m’ont permis parfois de m’ouvrir des portes,
de dormir chez l’habitant. Parfois, elles nous ont données envie avec mon
interlocuteur de voyager ensemble. C’est le cas avec l’Akilifamily, avec qui
j’ai voyagé par trois fois et au total plus de trois mois. Il y a eu ces
voyageurs en Australie avec qui j’ai passé plus de 6 semaines, les
néerlandaises en Inde plus de 4 semaines dans la ferme en Tasmanie pendant plus
d’un mois, ce médecin de famille du fermier qui m’a pris sous son aile pendant
plus de 3 semaines, ces personnes qui m’ont prises en stop ou en bateau-stop,
ces personnes qui m’ont invitées à leur table, à dormir chez eux…
J’ai parfois passé plusieurs jours chez des locaux. Nous nous sommes rendu
des services. J’ai fait du volontariat, de l’humanitaire et j’ai essayé de
donner aux personnes tout ce que je pouvais. J’ai toujours eu finalement
l’impression de recevoir beaucoup plus en retour que ce que je pouvais donner.
Leur gratitude, leur amitié, leur amour, les moments vécus ensemble ont été
tellement forts. C’est incroyable de voir des personnes, qui n’ont rien mais
qui sont prêtes à vous donner tout ce qu’elles ont.
Les rencontres que j'ai faites tout au long de mon voyage ont été vraiment
très fortes et marquantes. J'ai fait la connaissance de gens extraordinaires,
de voyageurs incroyables.
J’ai eu la chance inouïe d’être reçu avec une telle hospitalité. De
nombreuse personnes, à de nombreuses reprises, m’ont apportées une aide
tellement précieuse, que cela été presque gênant parfois. Plusieurs fois, je me
suis posé la question si je pouvais accepter une telle générosité et ce que je
pouvais faire en retour. J’avais le sentiment que l’on me donner beaucoup et
que je ne donnais rien. Mais finalement, j’ai trouvé que c’était le plus beau
message de partage et de fraternité que le monde pouvait me démontrer. Je n’ai
jamais forcé la main à quelqu’un. Je n’ai jamais demandé quelque chose
directement. Ils l’ont toujours fait de leur plein grès. Je me rends compte
qu’il y a toujours eu en fait un échange. Quand ils me donnaient à manger, à boire
et un logis, je leur permettais de s’évader de leur quotidien, de les faire à
rêver à des expériences exceptionnelles. Certains ont vécus à travers mon
expérience ce qu’ils auraient toujours aimé faire, d’autres ce qu’ils avaient
déjà fait à une échelle différente. A travers mes récits, nos interactions, il
y a eu un échange multiculturel, une transmission de connaissance diverses. Et
puis dans les pays en développement, dans des familles plus pauvres, j’ai
parfois payé la nourriture pour toute la famille, contribué aux tâches, essayé
d’apporter l’aide que je pouvais de multiples façons…
Le lien avec toutes ces personnes a été très fort. Même si aujourd’hui, je
n’ai que de rares contacts avec quelques voyageurs et quelques locaux, ils
resteront tous et à jamais dans ma mémoire et dans mon cœur.
- «Rentres-tu «changé»?»
- J'ai souvent réfléchi à cette question, car c'est ce que l'on me disait
avant que je parte et ce que l’on me dit maintenant à mon retour. Je n'ai pas
l'impression d'avoir changé foncièrement et certaines personnes me le
confirment. Mon caractère, mes traits forts de ma personnalité restent
identiques. Je tempère un peu plus mes ardeurs. Comme toute expérience de vie,
j’ai appris et je tends, un peu plus, vers une certaine sagesse. J’ai pris
conscience d’énormément de choses. Je me suis un peu assagi. J’ai beaucoup
appris des autres cultures et mode de vie. Je suis chargé de toutes ces
émotions et rencontres. Je me sens plus sûre de moi dans certains domaines.
J’ai été capable de voyager seul, ce qui m’a permis de m’offrir le luxe d’une
liberté totale, mais j’ai aussi voyagé avec ma famille, mes amis et maintenant
avec Lucie. Le partage de ces expériences de vie magiques est aussi très
important car nous pourrons continuer à partager ces souvenirs ensemble.
Je suis quelqu’un qui me suis rarement plaint, qui avançait déjà de l’avant
mais je pense maintenant être encore plus tolérant envers les autres, éviter
certains préjugés, et respecter les choix de chacun. Je ne me «prends plus la
tête» pour des choses qui n’en valent pas le coup et je relativise plus que
jamais!
- «Est-ce que ce voyage à répondu à tes attentes?»
- Ce tour du monde a dépassé l’entendement, il a surpassé toutes mes
attentes.
J’y ai pensé des années avant de me lancer, surtout à partir de fin 2005,
quand j’ai fait mes études à Leeds, en Angleterre. Avant de partir, je me
disais que ça allait être fantastique et que j’allais vivre une expérience
unique.
Ce que j’ai vécu, au jour le jour, était tellement plus fort encore, que
j'ai eu l'impression d'être dans un état second, d’être sur un petit nuage
magique! J’ai vécu tout à fond. J’ai ressenti toutes les émotions pleinement. Tout
ce qui m'arrivait était positif. Tout était possible, j’ai pu «défoncer
certaines portes». Au final, j'ai profité de chaque seconde, j'ai vécu ces 5
années avec tous mes sens en alerte. Je n’ai pas arrêté de m’émerveiller.
J’essaie de conserver cet état d’esprit aujourd’hui et de continuer à croire
que tout est possible. Je souhaite réaliser de nombreux autres projets, que
d’autres rêves deviennent réalités.
D’autres voyages viendront ponctuer mon actualité, notre vie avec Lucie
dans les prochaines années. En attendant, toutes ces envies encore inassouvie
sont des leitmotive pour continuer à avancer et ne pas perdre mon âme d’enfant...
- «Tu as tout vu maintenant, non?
Et les voyages, tu n’as plus rien à voir ou à faire?»
- Pour tout voyageur qui se respecte, le voyage ne sera jamais
inachevé! Un adage dit que le «monde est
(tout) petit!» Mais le monde est aussi tellement vaste, qu’une vie ne suffira
jamais pour l’explorer totalement. Je peux vous écrire, là, en quelques secondes,
un nombre important de pays ou de lieux spécifiques, que je n’ai pas encore
visité, où je souhaiterais me rendre: Portugal, Islande, Norvège, Finlande,
Philippine, Laponie, Egypte, Israël, Jordanie, Oman, Ethiopie, Alaska, Ouest
des Etats-Unis, Seychelles, Antarctique, Samoa, Fidji, Vanuatu, Corée du Sud,
Turquie, Grèce…
Il y a beaucoup d’autres pays, dans lesquels je retournerais, que je
pourrais explorer pendant des mois ou simplement jouir d’un lieu magique et,
que Lucie aimerait découvrir; Indonésie, New-York, de nombreux pays d’Europe,
le Sri-Lanka, Inde,… Elle me reparle déjà souvent de repartir découvrir
d’autres pays. Elle a attrapée elle aussi le virus.
Mais, nous avons d’autres projets de vie que nous voulons mener à bien et
qui sont très importants, aujourd’hui, à nos yeux. Ils demandent dans notre
situation, une certaine stabilité.
Cela ne nous empêchera pas de prévoir quelques escapades à l’étranger, de
passer nos vacances en dehors de nos frontières. Mais à l’heure actuelle, le
voyage au long cours n’est pas, n’est plus d’actualité. Au moins pour les
prochaines années et si nos projets de vie passent «à exécution», cela sera
pour notre plus grand bonheur.
- «Et maintenant?»
Cette question rejoint la fin de la réponse de la question précédente… Je
dois accepter que ce projet, de 5 ans, est derrière moi, que nos 5 mois de
voyages, avec Lucie, ont été des moments de vie très forts. Ils resteront
sûrement quelques-unes des plus grandes et merveilleuses expériences de ma vie,
de notre vie.
Mais je pense maintenant aux prochains projets, à nos prochaines
«destinations» mais pas forcément pour le même voyage. J'ai ouvert, nous avons
ouvert tant de portes mais beaucoup d’autres sont encore à ouvrir, à enfoncer,
pour continuer de vivre de beaux moments de vie. Quelques pages de notre vie se
tournent, mais le livre de notre destinée est, je l’espère, encore loin d’être
terminé. De nombreuses pages blanches n’attendent que les histoires de notre
vie pour se remplir de belles anecdotes, de moments de vie partager, de
bonheurs simples, d’Amour, d’échange avec nos prochains,… et de quelques
voyages pour continuer de nous émerveiller, pour explorer notre belle planète,
agrandir nos connaissances des cultures et des peuples, assouvir notre soif de
découvertes et, se déconnecter de la réalité du quotidien pour encore mieux
l’apprécié à notre retour!
J’ai voulu suite à ces questions, ces réflexions, les difficultés
du changement de situation et l’envie d’avancer, approfondir un peu plus l’idée
du retour suite à un voyage au long cours. Voici quelques idées que je
développe ci-dessous, résumant mon état d’esprit et ce que je ressens:
Je pense qu’on n’en parle pas assez. Je pense qu’il n’est pas
possible de prendre pleinement conscience de l’ampleur du «phénomène» et des
difficultés qui y sont liés, avant de l’avoir vécu. Oui le Tour du Monde est
une expérience incroyable, même si elle n’est pas due à tout le monde pour de
multiples raisons. Mais le retour, même quand il est un choix, n’est pas quelque
chose d’aisé, ce n’est pas une simple formalité!
La préparation du retour devrait se préparer comme une étape
essentielle du voyage.
Or quand nous préparons ce dernier, surtout pour une longue durée,
nous ne voulons pas y penser. C’est encore moins envisageable, quand vous
décidez de partir pour un temps indéfini, un «voyage au long cours», sans date
de retour!
Pendant le voyage, pour la première fois de votre vie, vous
profitez pleinement, dans les limites de notre monde, de notre nature humaine
et de nos traits de caractères propres à chacun, du moment présent! Il n’est
alors pas question non plus de préparer ce retour, que nous ne voulons pas
dessiner, ni dans le cadre temporel, ni dans son côté organisationnel. Certains
d’entre nous; voyageurs, ne savent pas s’il aura lieu un jour!
De mon côté, j’ai eu toujours l’intention de revenir, pour mener à
bien d’autres projets. J’ai eu la chance aussi de ne pas être à la rue, quand
je rentrais. C’est alors plus facile de revenir sans avoir de plans précis et
clairs. Mes parents m’ont accueilli. Je savais que ça allait bien se passer. Je
ne roulais pas sur l’or mais je ne rentrais pas non plus totalement fauché,
avec l’obligation de retravailler tout de suite. Ayant fait de l’intérim,
j’avais de bons plans pour refaire un peu d’argent facilement et envisager
tranquillement la suite. Mais je ne voulais pas non plus abuser de la situation
et je savais que cela n’était qu’une période de transition… Mais jusqu’à quand
cela durerait-il? Malgré que ce soit un choix, étais-je vraiment prêt à
rentrer?...
Soit disant, une légende dans le milieu des voyageurs dit qu’il
faut au moins la moitié du temps d’un long voyage pour se remettre de ce
dernier et en sortir vraiment. La transition majeure est parfois brutale entre
ce monde onirique, que nous avons découvert et, surtout, que nous avons
construit dans nos esprits des mois durant. Cette liberté, même si elle n’est
pas totale, paraît tellement forte quand vous voyagez sans contrainte aucune,
sauf celles de décider à quelles activités prendre part, quoi manger et, où
dormir pour résumer succinctement le quotidien d’un voyageur.
D’autres encore décrive généralement le retour comme un processus
qui se dessinerait en 4 étapes: euphorie du retour, confrontation et décalage,
ajustement, et finalement l’aisance.
N’aimant pas les généralités, voulant rester ouvert d’esprit, je
ne veux pas restreindre un retour, que chacun vivra différemment, à un
processus écrit d’avance avec des règles préétablies. Le nombre de facteurs à
prendre en compte dans l’équation sont bien trop importants pour établir un
schéma commun toujours applicable. Mais comme dans toute rengaine, qui revient
régulièrement dans la bouche des personnes directement concernées, il y a une
grande part de vérités pouvant s’appliquer à la majorité.
Quoi qu’il en soit, il faut en être conscient, que le retour n’est
pas une chose aisée, surtout si ce retour engendre un changement radical dans
sa façon de fonctionner, de vivre au quotidien, dans les habitudes qui ont
ponctuées les derniers mois d’une vie d’une personne (et oui, même en voyage,
certaines habitudes sont présentes pour chacun d’entre nous). Comme dans toute
période de transition, il faut laisser le temps au temps. Mais il faut aussi
savoir aller de l’avant, penser aux projets futurs, et prendre conscience de ce
qui est important et de ce que l’on veut faire du reste de notre existence.
Beaucoup veulent vivre aussi intensément qu’ils ont pu vivre pendant
leur voyage. C’est possible! Il est possible d’avoir une vie extraordinaire,
même en vivant une vie plus ou moins de sédentaire. Il faut avant tout le
choisir et le vouloir!
D’ailleurs une citation dit «la vie commence là où notre zone de
confort se termine»! Je ne peux être que d’accord avec cette dernière, moi qui
aime découvrir de nouveaux horizons, prendre part à de nouvelles activités, ou
à de nouvelles expériences, essayer de dépasser mes limites. J’aime l’aventure!
Ma vie, jusqu’à présent, en est la plus belle illustration. Je me suis très
vite adapté à la vie de voyageur en sac-à-dos, je me suis toujours senti bien
dans l’inconnu de ne pas savoir ce qu’il m’attendait le lendemain. C’est encore
plus drôle, car j’ai toujours essayé d’éviter cela dans ma vie de tous les
jours auparavant. Encore plus dans ma vie amoureuse où j’ai tant essayé de tout
contrôler, alors que c’est impossible, et que j’aurais dû savoir me laisser
aller...
Au cours de mes aventures, je me suis très vite adapter à suivre
les rites locaux, à respecter les traditions, à vivre chez l’habitant en
respectant leurs coutumes. Ce fut le cas, par exemple, avec les nombreuses
tribus de Papouasie Nouvelle Guinée. J’ai adoré me retrouver seul en total
autonomie, pendant 8 jours, à traverser l’île de la Réunion, Ce fut un vrai
bonheur de partager des moments forts avec l’Akilifamily et les Syséléma, au
milieu de l’Altiplano. J’ai vécu des moments de folies dans les transports en
commun, quand nous avons roulé le long de la route de la mort en Bolivie, quand
nous risquions à chaque instant de nous faire attaquer par des bandits sur les
routes de Madagascar, quand les conducteurs de bus se prenaient pour des
pilotes en Inde, Asie ou Afrique. Ce fut incroyable de me retrouver seul en
plein milieu du désert australien, sans âme qui vit, exception faite des
kangourous, à des centaines de kilomètres à la ronde. Faire et défaire mon sac
(le moins possible selon les situations) est devenu machinal ou presque. Je me
sentais alors profondément ancré dans ma zone de confort.
Ayant
toujours aimé découvrir de nouvelles choses, la sensation forte de vivre mille
vies est jouissive pendant le voyage. Mais même si on est parfois acteur en
voyage, nous sommes principalement spectateur et explorateur de notre planète
et de la vie des autres. Le côté éphémère du temps passé à un endroit ou de la
durée des relations, donne encore plus ce sentiment de liberté, sans
contraintes, mais peut finir par être pesant, principalement quand on voyage
seul. Concernant mes passions, voyages y compris, j’ai toujours été persuadé
que je ne voudrais pas en faire mon métier, ou y avoir accès chaque jour, au
risque de perdre le côté existant et un peu unique, même si répétitif parfois,
des instants vécus.
Quand on se
sent bien partout, et que le monde est devenu notre jardin de jeu, ne faut-il pas
rentrer là où sont nos origines pour assimiler l’expérience vécue et mieux
repartir, ou mieux vivre d’autres projets de vie? N’y a-t-il pas aussi le
risque de créer une dépendance malsaine et non pérenne dans la durée?
Surtout, je
le pense du fond du cœur, qu’il y a un temps pour tout! Il faut donc trouver le
moyen de se reconnecter à la réalité du quotidien que l’on désire vraiment, dans
notre pays d’origine ou à l’autre bout du monde si c’est un choix réfléchi et
correspondant à ce que l’on est vraiment. Sachant que pour la plupart des
voyageurs, exception faite de ceux qui en sont dégoûté, car obligés par leurs
parents par exemple, le voyage aura toujours une place importante dans nos
vies. Il ne s’arrêtera jamais vraiment, car il permet de vivre, avec encore
plus d’intensité, sa vie. Mais il ne faut pas se tromper d’objectif et se
perdre dans une fuite en avant, sans de débouchés heureux à l’horizon.
«Etre libre»
est un vaste sujet, pas si évident à résoudre. La liberté n’est pas toujours
exactement celle que l’on croit. Oui elle est forte lorsque l’on voyage sans
contraintes, mais c’est souvent un sentiment ponctuel. Elle ne pourra pas
s’appliquer dans la durée. Car le bonheur de chacun s’inscrit avec des objectifs, en ayant des projets, qui
impliquent obligatoirement quelques devoirs, vis-à-vis de soi-même de prime
abord, mais aussi au regard de la société dans laquelle on veut s’intégrer… A
moins de vouloir vivre en tant qu’ermite au beau milieu d’un désert!
Pour moi, le
voyage, c’est comme le sport d’endurance, comme les sports extrêmes que je
pratique! Entre l’adrénaline et l’endorphine, je me plonge dans un état de
bien-être, d’apaisement, quasi euphorique qui peut devenir une dépendance.
J’aime le dépassement de moi-même et je recherche à dépasser mes limites car je
n’ai jamais eu la sensation de les atteindre. Mais d’un autre côté, je ne veux
pas, non plus, aller trop loin. Je pense qu’à partir d’un certains moment on ne
prend plus de plaisir, que ça peut devenir un enchaînement physique mais
surtout psychique privant alors la personne de sa liberté primaire.
Oui, la
sensation dans les airs en sautant en parachute est extrême! En volant en
paramoteur, je m’extasie à chaque seconde et j’en prends pleins les yeux. Je me
sens dans une vraie bulle de «zénitude», quand je suis en plongée. En haut d’un
sommet, sur un voilier au milieu de l’océan, devant un lever ou un coucher de
soleil à l’autre monde bout du monde, je suis transporté et éprouve un
sentiment puissant. En partageant la vie des locaux, en prenant part à leurs
coutumes, en vivant, avec eux, en plein cœur leurs fêtes traditionnelles
ancestrales, j’ai l’impression de m’enrichir à chaque fois un peu plus et, de
vivre des moments uniques! La vie en voyage, comme les activités passions, est
extraordinaire. Mais elle ne m’a pas permis, à mon niveau, avec mes moyens, de
construire mes propres projets, en tout cas et encore une fois sur le long
terme. C’était le cas pour moi quand j’étais seul. Ça l’est encore plus dans
notre situation de vie avec Lucie. Je veux que ces activités restent un plaisir
ponctuant le plus régulièrement mon quotidien. J’alternerais les unes avec les
autres, dans un cadre où je jouirais aussi de moments beaucoup plus simples
mais tout aussi beaux et forts. Aujourd’hui, un projet de vie fort se construit,
étapes par étapes, et je veux me donner les moyens de réussir. Il faut donc
tirer sur certaines ficelles pour que cet «essai» se transforme en succès!
Je pense
être très adaptable à de nombreuses situations, même quand je ne l’ai pas
choisi, même dans une situation négative. La preuve la plus flagrante serait
sans doute, mon accident au mois de Septembre dernier, mon mois
d’hospitalisation et le fait de me stopper dans mes projets personnels,
professionnels mais aussi sportifs, alors que j’étais en pleine ascension avec
des résultats probants. Pourtant, j’ai su relativiser et prendre conscience de
la chance que j’aie d’être en vie, plutôt que de me focaliser sur tout ce que
je ne pourrais pas accomplir, alors que c’était en bonne voie de réalisation.
J’ai gardé ma bonne humeur, malgré mon immobilisation sur un lit d’hôpital,
l’arrêt total de l’activité physique que je pratiquais au quotidien, ma perte
d’autonomie partielle, mais complète de liberté de mouvement, pour un temps
donnés.
J’ai
toujours dit que je n’étais pas parti pour fuir, mais plutôt pour vivre un
projet que j’avais en moi, une soif de découverte de notre planète à assouvir
et qui ne sera jamais totalement rassasier. Je n’ai pas fui mais je ne me suis pas
confronté à certaines problématiques, qui me hantaient, ou du moins que je ne
savais pas gérer. Lors de ce retour, j’ai pris, tout de même, aussi conscience
que le plus compliqué reste, pour moi, les blessures du passé et les peurs
qu’elles génèrent. Je m’y étais confronté auparavant, et je me retrouve
confronté à ces dernières encore aujourd’hui. Ce sont ces aspects psychiques,
qui insidieusement ont instauré des doutes. Elles m’ont donnés parfois envie de
repartir, mais cette fois-ci pas pour les bonnes raisons.
J’ai
toujours eu peur de l’échec amoureux, en raison de nombreux déboires à partir
de l’adolescence et, d’une perte d’insouciance brutale, alors que je croyais
aux contes de fées. J’ai eu du mal à admettre certains faits de la vie. Ne pouvant pas ne pas réussir ma vie
amoureuse avec quelqu’un, je ne me suis jamais donner vraiment les moyens de
vivre pleinement une histoire d’Amour. J’ai toujours eu des excuses pour ne pas
vraiment essayer. J’ai toujours reporté la faute sur l’autre ou je me suis
toujours convaincu que quelque chose n’allait pas. J’avais et j’ai envie de
construire ma vie avec la personne que j’aime, mais je n’avais peut-être pas
trouvé la bonne personne, ce n’était peut-être pas le bon moment, mais surtout
je n’étais pas prêt.
Quand en
période de transition tout est possible, vous avez face à vous de nombreuses
ficelles, qui sont toutes des choix importants pouvant infléchir votre
destinée. En réfléchissant sur le sujet,
en prenant conscience de mon état personnel, j’ai compris alors que ma liberté
serait de tirer sur une de ces ficelles. Ce projet serait les fondements du
reste de ma vie, autour duquel je pourrais faire graviter toutes les autres
aspects importants que je veux intégrer dans mon existence. Les questionnements
s’estomperaient. Je n’aurais pas à tout remettre régulièrement en cause. Bien
entendu, il ne faut pas tirer sur la ficelle la plus facile à réaliser, car
demandant moins d’implication de soi, mais sur celle qui est la plus importante
et le plus en accord avec ces désirs profonds. Tirer sur une ficelle apporte
une certaine stabilité indispensable à l’être humain, pour être psychiquement
dans un état où la vie est simple, où le bonheur est possible. Faire des choix
permet d’avancer vraiment. Sinon sans s’en rendre compte, nous pouvons avoir le
sentiment d’évoluer mais, en fait, pour les points importants, nous avons
tendance à tourner en rond. Pour moi, vivre un Amour fort avec la personne
aimée, construire une relation durable et une vie de famille, ont toujours été
un souhait. J’ai mis du temps à comprendre cela. Cette indécision, ces
indécisions, ces non choix, n’ont pas aidé mon précédent retour, et les
quelques mois depuis fin juin 2016, même si je n’étais pas le seul impliqué et
responsable… Après une période de transition, ne plus avoir le choix, après
avoir tiré sur la bonne ficelle, serait, peut-être et finalement, la plus
grande liberté que l’on puisse s’accorder. Le passage à l’acte et le fait d’y
croire pleinement me demandera encore un travail au quotidien.
Cette
réflexion sur le retour de voyage m’y aide indirectement. En paraphrasant les
mots de Confucius: pour un voyageur, le plus Grand et beau des voyages est de
faire le tour de soi-même.
Un ami me
disait récemment peu importe l’endroit où il se trouve, il a l’impression qu’il
serait toujours mieux ailleurs. Il ne faudrait jamais que ce sentiment
envahisse une personne. Cela veut dire qu’il porte en lui une lourde valise de
problèmes personnels, de veilles «casseroles» psychologiques et psychiques. A
force de partir pour essayer de trouver mieux, il se perd, il fuit. Il est très
vite rattraper par les problèmes, ces peurs auxquelles il essayait d’échapper,
en partant encore plus loin, en essayant encore autre chose. Parfois, on peut
avoir l’impression d’avancer (là, je me répète et je me réfère de nouveau à mon
cas personnel) mais en fait sur un ou des sujets clés, on tourne en rond, on
renonce, on essaie et recule car on a peur. Au lieu d’être dans un mouvement
qui nous pousse de l’avant, on tourne en boucle, encore et encore, à l’infini.
C’est souvent insidieux et surtout on n’a pas envie d’en prendre conscience
pour ne pas avoir à se remettre en cause. En pensant se protéger, en pensant
faire bien, on conserve parfois des souffrances douloureuses. Partir peut-être
salvateur, peut permettre de trouver un lieu qui convient mieux à notre
personnalité, de se sentir plus en harmonie avec la vie vécue, de construire un
projet impossible sur ces terres natales. Partir permet d’ouvrir son esprit à
autre chose, de prendre conscience des réalités différentes de notre monde, selon
là où on se trouve et selon les conditions de vie proposées. J’ai pu de mon
côté assouvir mes rêves, vivre pleinement et sans contraintes, mais aujourd’hui
je recherche quelque chose qui dépasse tout cela, tout en gardant cette joie de
partir, de découvrir, de vivre des moments uniques.
Si l’on
regarde de près, «l’herbe est rarement plus verte» chez le voisin. C’est en soi
que l’on doit chercher le bonheur. C’est un voyage dans son for intérieur qui peut permettre de trouver une sérénité
nécessaire à son accomplissement, et à son bonheur. Il est important d’être
conscient de ce que nous sommes, de nos conditions humaines précaires, de la
prison que constitue nos pulsions, nos désirs, nos envies, nos peurs quand
elles ne sont pas maîtrisées, ou au moins un peu comprise. Nous devons être
conscients de l’empreinte de nos racines et de la force de la culture sur
chacun de nous. C’est pourquoi, chacun avec ces traits de caractère et son
histoire, n’est pas capable de s’adapter à toutes les situations. Il ne faut
pas se faire dupé par son inconscient et les barrières que nous nous créons
nous même…
Le retour
n’est pas une étape évidente. Chaque retour est une nouvelle étape de
transition qui casse des codes établis, des habitudes prises. Même si on adore
la découverte de nouveaux pays, pour de nombreuses raisons, on s’y sent
naturellement un peu étranger (dans une majorité de cas, pour une majorité de
personnes). Il faudrait un temps d’adaptation fort et long, et avoir des
personnes autour de nous réceptives pour finalement se sentir totalement
intégrer dans telle ou telle culture. Il faudrait vivre exactement la même vie
que les autochtones, en total harmonie et compréhension avec les uses et
coutumes. Malgré cela, dans beaucoup d’endroits, il y a souvent quelque chose
qui ne cesserait pas de te rappeler que tu viens d’autre part, que tu es
différent. C’est un peu la même chose
chez soi, quand on rentre. Nous sommes sortis d’un moule, plus ou moins fort
selon les sociétés, qui crée l’équilibre d’un peuple. Etre en décalage avec les
valeurs, les habitudes, le quotidien du groupe peut nous donner la sensation
aussi d’être étranger chez soi. C’est alors beaucoup plus compliqué à
expliquer. Très vite le sentiment d’être bien nulle part peut apparaître. On
peut alors se retrouver démuni, voire perdu. Dans tout groupe, dans toute
meute, il faut savoir s’adapter, se fondre dans la masse, ou sortir du lot tout
en respectant les règles communes. Dans le cas d’un retour, il faut se
réadapter à la vie qui nous fait fasse. Parfois, on n’en a pas envie, pas
totalement, pas de la façon dont nos proches, les institutions, les contraintes,
nous les imposent.
Ayant perdu
certains repères et certains codes fondamentaux d’une vie en société, il faut
se donner le temps pour retrouver ces marques et s’en donner les moyens. Il
faut accepter certaines choses immuables et changer ce qui est en notre
pouvoir, des petites choses qui nous rendront plus heureuses et plus proches de
nos aspirations pour le futur. Il faut être conscient que beaucoup de
personnes, n’ayant pas expérimenté de telles expériences, ne pourront pas comprendre
ce que vous avez vécus. Ce décalage peut être un fossé entre eux et vous. Vous
êtes alors un peu seul avec vos souvenirs que vous ne pouvez partager
pleinement, qu’avec ceux qui ont vécus un bout de l’aventure avec vous, ou qui
ont déjà expérimentés de tels moments.
Lors de mon
précédent retour, l’année dernière, après ce voyage solo, de nombreuses
personnes m’avaient dit qu’elles étaient impressionner que je puisse autant
m’émerveiller sur les beautés de la nature, des mets, de la culture et la
richesse de notre pays. Partageant des photos sur les réseaux sociaux, ils me
disaient que c’était incroyable de prendre tant de plaisir à admirer les fleurs
à Angers, d’aller camper près de la Loire et de profiter d’un pique-nique et
d’un magnifique coucher de soleil, de courir le matin seul et de profiter des
brumes matinales, des chants des oiseaux… J’étais en extase aussi en dégustant
des mets de la cuisine française que mon palais n’avait pas eu le plaisir de
ressentir depuis fort longtemps. Si j’accepte la différence avec l’autre en
prenant conscience que cela n’empêche pas de s’intégrer, si je respecte
certains codes, si j’ajoute à cela les moments avec les proches et les amis, la
complicité instantanément retrouvé, voir jamais perdue car si forte, j’avais
déjà de bonnes cartes en main. Je ne perdais pas mon ouverture d’esprit, mon
émerveillement, mais il manquait encore quelque chose, la petite chose qui
ferait la différence et qui me permettrait de me projeter sereinement et avec
confiance.
En tout cas,
concernant la France, même si certains chiffres sont des réalités, je ne veux
pas être le vecteur d’une image négative. Oui beaucoup de personnes sont
pessimistes. Oui, un français sur quatre consomme des psychotropes au moins une
fois par an. Oui le métro, ou même les rues des grandes villes ne sont pas les
lieux de rencontre par excellence et les gens ne sont pas les plus conviviaux.
Oui beaucoup de personnes se plaignent pour rien, pour des choses anodines,
pour des éléments qui n’en valent pas la peine. Oui, si vous souriez dans la
rue, si vous dites bonjour à une personne que vous ne connaissez pas, si vous
démontrez une joie excessive, vous avez 9 chances sur 10 pour que l’on vous
prenne pour un fou, qu’on est peur de vous, que l’on se demande quel coup vous
préparer. Mais il est possible, en se sentant bien, en usant de politesse et de
bons usages, en prenant en considération l’autre, de lier, même l’espace d’une
fraction de seconde, un lien positif avec son prochain. Parfois, cela entraîne
un bon et long moment d’échanges, et ça a un impact sur les personnes qui nous
entourent. Il faut être conscient aussi que les personnes en face de soi, peu
importe leurs intentions de départ, leurs souffrances, leurs problèmes
réagiront en fonction du comportement de la personne auxquelles ils ont à faire.
Si vous êtes pleins d’énergies positives inéluctablement vous vous entourerez
de personnes qui désirent être bien et vous fuirez, comme la peste, les
personnes qui ne vous transmettent que leur aigreur, leur négativisme, leur
mal-être, dont ils sont prisonniers.
Comme je le
précisais avant, un retour réussi dépend néanmoins et en premier lieu surtout
de soi. Après un tel voyage, de tels changements, de tels moments de vie, il
faut avoir un projet concret quel qu’il soit car sinon la sensation de vide est
pour ainsi dire inévitable. Souvent, le voyage est vécu pleinement, à fond,
avec une totale insouciance. Au retour, il est bien de se laisser un peu de
temps, de profiter de tous les plaisirs qui nous avez plus ou moins manqué.
Mais il ne faut pas se reposer sur ces lauriers. Il faut très vite repartir de
l’avant. Etant un homme de projets, avec un nombre incalculable en tête, cela
ne m’a pas posé de problèmes. Je suis presque, tout de suite, passé à l’action.
En revanche, je n’ai pas trouvé de sérénité immédiatement car je n’ai pas mis
la priorité sur ceux qui étaient vraiment importants et qui pouvaient me
permettre d’avancer pour moi, pour mon couple!
Beaucoup de
personnes m’ont dit qu’il fallait laisser le temps au temps. Je les ai
peut-être trop écoutées. Je me suis protégé encore et encore, ou du moins je ne
me suis pas découvert, je ne me suis pas lancé. Dans ce flottement normal du
retour, sans projet précis clair pour mon avenir, l’envie de repartir a souvent
ressurgi. Le temps a, peut-être, sûrement, été un peu mon allié, mais c’est une
prise de conscience de ce que je voulais vraiment, qui va finalement me faire
prendre le bon chemin. J’étais alors encore en équilibre, «le cul entre deux
chaises», et je ne trouvais pas l’élément moteur qui allait faire infléchir mes
choix, alors qu’il était devant moi. Ma vie de couple, qui se construisait,
devait en être le principal vecteur, mais c’est celle-ci qui me mettait le plus
de doutes en tête, simplement car nous n’avions encore pas totalement «accordés
nos violons» avec Lucie, que nous nous laissions envahir et déborder par nos
peurs.
Nous avons
exprimés nos besoins et nos inconforts mais pas de la même manière, pas de la
façon dont l’autre aurait voulu entendre les choses. Au lieu de nous soutenir,
nous nous sommes un plus plonger la tête dans les abysses des difficultés liés
au retour. L’’échange que nous avions instauré, au cours des 5 mois de voyages
ensemble, c’est finalement estompé pour les mauvaises raisons. Le bilan de
notre voyage était très positif mais il n’y avait pas de perspectives claires
ensemble. Nous avons voulu aller trop vite
d’un côté et pas assez vite d’un autre alors que nous aurions dû vivre
cette transition en douceur. Le décalage est aussi venu du fait que Lucie a
retrouvé tout de suite du travail, même si ce n’était que temporaire en
attendant que moi j’avance. Au lieu de garder notre état d’esprit de voyageur, où
tout est possible, au jour le jour, au lieu d’être à l’écoute de l’autre, nous
n’étions pas sur la même longueur d’onde. Au lieu de construire un projet
viable, au lieu de conserver notre fluidité d’état d’esprit, pleinement ancré dans
le moment présent, nous nous sommes petit-à-petit éloigné de nouveau. Le
challenge d’un retour réussi et sans accrocs devenait alors une mission quasi
impossible.
Tout
semblait facile pendant le voyage. Tous les espoirs étaient de mise. Chaque
lieu visité a été mérité. Ayant un budget restreint aussi, chaque petite chose
découverte, chaque repas, chaque aventure vécue, chaque dépense n’étaient pas toujours
calculées, mais prenaient des saveurs particulières. Quand vous escaladez un
volcan, que vous marchez pendant des heures dans la boue, que vous passez des
heures interminables dans des bus délabrés, le plaisir de boire de l’eau, de
manger un fruit tropical, ou d’avoir une interaction sympathique ou
intéressante avec son prochain prennent alors un sens totalement différent et
une saveur incomparable. Sur les routes les rencontres sont légions aussi bien avec
les autres voyageurs, qu’avec les locaux. C’est le cas car nous créons ces
opportunités, car nous nous trouvons dans des lieux qui le permettent.
L’hospitalité sincère des personnes, qui m’ont accueillie, n’est pas anodine
mais j’en suis en partie responsable aussi. L’humanité de ces personnes
rencontrées sur la route, n’est pas plus belle que celle que l’on peut trouver
en rentrant au pays. Elle est différente, elle ne se passe pas dans le même
cadre, avec le même contexte, avec les mêmes moyens, supportée par une culture
différente.
En rentrant
en France, nous pourrions avoir le sentiment d’être rentrés dans un monde assez
figé, où l’enthousiasme n’est pas de rigueur car embrigadé dans le carcan d’une
société qui n’a pas le temps, qui est individualiste, matérialiste, où les
statuts et les habitudes limitent le champ d’action, où l’hégémonie de
l’argent, du pouvoir, des normes crée une certaine servitude. Mais je trouve
que c’est une vision trop pessimiste de beaucoup de voyageurs, qui ne sont plus
vraiment objectif et, qui ne voit plus toute les bonnes choses, qui les
entourent, car leur propre vision a changée. C’est facile de passer d’une
vision du verre à moitié plein à celle du verre à moitié vide, surtout quand on
se trouve dans un endroit où l’on ne veut pas être, que l’on en retient que les
aspects négatifs d’un certain mode de vie. J’ai eu la chance d’avoir un
entourage qui a su me comprendre, m’entendre, m’écouter, me soutenir dans mes
difficultés. A travers des associations sportives et humanitaires, j’ai
continué à voir de l’entre-aide, à avoir des personnes ouvertes aux autres.
Même si cela ne m’a pas toujours fait vibrer, et qu’il y a pleins de choses
encore qui ne me semblent pas justifier, j’ai essayé de m’adapter, ou plutôt de
me réadapter le mieux possible à la société dans laquelle j’ai décidé de
revenir vivre.
Quand je dis
essayer, c’est que ça n’a pas été si facile et évident que cela. Je n’ai pas
changé foncièrement. Je possède des traits de caractère forts et marqués qui
sont des constantes peu variables. En revanche, des changements se sont tout de
même opérés en moi, affectant mes valeurs, mes attitudes, certaines de mes
actions, voir mêmes de mes projets. Certaines choses me gênaient déjà avant mon
départ dans cette société de consommation. Je peux dire qu’elles m’horripilent
aujourd’hui. C’est le cas du gaspillage de l’eau, des aliments, de la surconsommation
des biens et matières premières, des problèmes liés aux emballages, sac
plastiques, pollution. J’ai pu critiquer certains aspects de mon mode de vie,
ou pu constater que je n’avais vraiment plus grand-chose à partager avec des
personnes que je fréquentais avant. Mais contrairement à beaucoup de voyageurs,
je n’ai pas dévalorisé mon pays, prenant pleinement conscience de son côté
social, qui est fort. L’être humain, la considération de son individualité et
de ces droits sont pris en compte d’une façon beaucoup plus importante et juste
ici, que dans de nombreux autres pays dans le monde. D’un autre côté, ne suis pas d’accord non plus que des lois
donnent envie à de nombreuses personnes d’être des assistés au chevet des
autres, plutôt que des personnes qui prennent leur destin en main et se donnent
les moyens de réussir, surtout avec toutes les possibilités présentes dans
l’hexagone. Je ne comprends pas les personnes se plaignant sans cesse, étant nombrilistes,
et qui ne se rendent même pas compte de la chance qu’elles ont et des
opportunités, qui se trouvent autour d’elles. Je n’étais déjà pas très tolérant
avant envers la médiocrité et les personnes, qui ne se donnaient pas les moyens
de leurs ambitions mais je pense que je suis maintenant devenu intransigeant.
Beaucoup de personnes dans le monde donneraient tout ce qu’elles ont pour avoir
ces chances, mêmes quelques brides, or elles ne les auront jamais.
Etant un
idéaliste, je voudrais que le monde soit plus juste, que chacun puisse avoir
accès aux mêmes chances, que chaque être vivant du règne animal est au moins de
quoi vivre décemment.
J’ai aussi
et sûrement idéalisé un peu trop ma vie nomade de voyageur en sac-à-dos, en ne
retenant que les bonnes choses. Pourtant, je sais ce que j’ai vécu. Si c’était
à recommencer, je recommencerais encore et encore. Je sais que c’était une vie
faite d’un cumul de moments éphémères, souvent sans lendemain. Je sais que je
ne vais pas garder beaucoup de contacts suite à ces quatre grosses années de
pérégrinations, que je n’en parlerais pas souvent car beaucoup de personnes ne
comprendront pas ce que j’ai vécu et qu’il faut se tourner vers demain. J’ai
pourtant la chance d’avoir partagé des moments avec mes parents, avec des amis,
avec Lucie avec qui je vis et avec qui je veux construire.
Il y a un sentiment très ambivalent et fluctuant. Tu as
l’impression en rentrant, même après plusieurs années, que finalement rien n’a
changé. Oui tes petits cousins et cousines ont grandis, oui certains ont eu des
diplômes, d’autres ont acheté une maison, d’autres ont eu un bébé… mais
foncièrement rien n’a changé sauf principalement ta vision de la vie. Les
personnes se sont habituées à ce que tu sois loin, que tu sois la personne qui
vit des choses folles, incroyables mais toujours à une grande distance de la
sphère où ils évoluent. Ils sont donc content de te revoir une fois, car c’est
top de revoir son pote qui rentre d’un tour du monde. Mais tu ne fais pas ou
plus vraiment partie de leur planning. Ils ne pensent plus à te contacter pour
faire une sortie, pour boire un verre ou autre. Je stigmatise un peu, mais la
vérité, que je perçois, n’est pas si éloignée de cette description. Au vue de
la période de ma vie ce facteur est encore plus accentué par les projets des
uns et des autres. En effet, pendant la scolarité, pendant les études
supérieures, au début même de sa vie professionnelle, la plupart des personnes
essaient d’étendre leur réseau social, leurs connaissances, car nous voulons expérimenter,
nous donner le plus d’opportunités… Nous avons besoin de nous tester, de
plaire, de nous intégrer. Mais une fois lancer dans la vie professionnelle,
avec des horaires de travail prenant, des activités à côté, une personne avec
qui construire sa vie, une famille avec qui on veut entretenir des liens, il ne reste plus autant de temps, de place
que cela pour un réseau dense. Les rencontres, les sorties ont alors souvent
tendances à s’espacer dans le temps, surtout quand les personnes commencent à
construire leur vie de famille et à avoir des enfants. De plus, quand tu pars,
c’est toi qui a cassé une certaine dynamique, certaines personnes se sont
senties «abandonnées». C’était donc à toi de maintenir le lien pendant ton
périple. Au retour, c’est aussi et toujours à toi d’alimenter de nouveau ce
lien pour espérer qu’il reprenne place physiquement et intègre des moments
passés à leur côté… En fait, beaucoup de choses ont évoluées, toi en particulier.
Cela a un impact sur ta vie et la relation à l’autre. Tu prends conscience
aussi très vite que les personnes que tu as rencontrés en voyage, même celles
avec qui tu as vécus des moments incroyables, ne feront sûrement pas partie du
reste de ta vie, surtout si elles habitent loin en terme géographique. Les déplacements
et leurs durés sont, en effet, un frein important à la continuité d’une
relation suivie.
Ensuite, il faut être conscient qu’il n’est pas évident de se
remettre dans un moule, d’en accepter ces contraintes, de rechercher du
travail, alors que l’on ne sait pas ou plus exactement ce que l’on veut, ou que
l’on est tellement exigeant que l’on ne trouvera pas ce travail «parfait», ou
que ce n’est pas obligatoirement compatible avec ces autres projets de vie. Sa
carrière professionnelle est importante quand on veut réussir son retour. En
effet, nous passons beaucoup de temps au travail, et encore plus après une
telle expérience de vie, nous aurons du mal à y aller à reculons. Des questions
se posent sur ce que l’on a envie de faire, ce qu’il est possible de pouvoir
prétendre avec un tel C.V., assez particulier, mais aussi voir si l’on peut mettre
en adéquation nos envies avec les possibilités du marché du travail. Après
avoir effectué un bilan de compétences l’année passée, j’ai pris conscience que
le métier d’ingénieur, le management de projets et de personnes, correspondent
bien à ma personnalité et à mes aspirations professionnelles. En effet un tel
poste me permettra de gérer un projet, une mission pour une entreprise, de le
mener à bien de sa phase initiale à sa phase de réalisation, puis de
concrétisation. Au cours du processus, il y a énormément de liens avec autrui,
la gestion au quotidien de tâches divers et variées, du management, au moins transversal, de
personnes et souvent un lien important avec l’extérieur, que ce soit avec les
fournisseurs et les clients. Le gros avantage c’est qu’il est adaptable à de
multiples industries et que je peux prétendre à des postes à l’international ou
au moins avec des liens à l’étranger. Or je ne vois pas travailler aujourd’hui
pour certaines industries dont je ne partage pas les valeurs. Après un tel
voyage, et voyant les dégâts qu’engendrent le plastique, par exemple, principalement
les sacs et emballages, il est inconcevable pour moi de travailler pour un
groupe industriel traitant ces produits, ou développant des valeurs totalement
à l’opposé de celles qui sont maintenant bien ancrées en moi. L’idéal (là
encore ce mot n’est pas une constante de notre société et surtout il faut
souvent s’en éloigner par obligation, ou pour pouvoir vivre dans notre société,
loin d’être parfaite, mais à l’image de l’être humain, de ce que je suis)
serait que je puisse travailler dans le domaine de l’environnement, des
énergies renouvelables, du sport, ou autre domaine que j’affectionne. Mais sur
le marché du travail, la compétition est acharnée, rien n’est gagné d’avance! SI
je veux avancer dans mes projets, ceux avec Lucie, au bout d’un temps certains,
je ne pourrais plus faire la fine bouche. Je devrais choisir la meilleure des
propositions, qui se présentent à moi, sans chercher à avoir encore mieux. Au
vu du temps que l’on y passe, et du fait que je doive justifier d’une certaine
stabilité, je n’ai pas vraiment le droit à l’erreur, enfin si car il est
toujours possible de rebondir dans la vie.
Encore une fois, je dois, nous devons faire des choix alors que
nous n’avions pas ce problème en voyage, en tout cas pas des choix ayant de
l’importance sur du long terme. C’est là que je comprends l’idée de fuite qui
se développe autour des personnes qui partent. La vie est alors tellement
facile car dictée par les plaisirs de l’instant présent. Tu es tellement vite
rattrapé par les besoins de te réadapter aux règles du pays et de la vie de
sédentaire, par les obligations, que les besoins vitaux s’effacent très
rapidement. C’est bien sûr le cas quand ils sont acquis d’avance dans une
société donnée. Je comprends alors encore mieux mon envie de vivre, de partir à
l’inconnu, qui était forte en 2011. Elle n’a pas totalement disparue
aujourd’hui, mais elle s’exprime différemment. Pour moi, il y a fuir… et fuir.
Je fuyais avant une situation, qui ne me convenait pas, pour vivre pleinement
une expérience réfléchie et voulu depuis des années. Je ne partais pas par
lâcheté, je ne partais pas pour ne pas affronter mes peurs, je partais car j’en
ressentais le besoin. J’avais besoin de prendre le large, de prendre du recul
sur les dernières années de ma vie. J’avais envie d’assouvir cette soif de
découverte que j’ai toujours eue en moi, pour revenir encore plus fort, avec
plus de certitudes et moins de doutes. Si je décidais de repartir aujourd’hui,
seul ou avec Lucie, ça ne serait plus du voyage mais une fuite certaine…
Tout peut être bon ou mauvais, sain ou destructeur. Ça dépend
simplement ce que l’on en fait, pourquoi on le fait, et dans quel état
d’esprit. Il faut vraiment se demander si le chemin que l’on prend, si la voie
suivit pourra nous mener au bonheur auquel nous aspirons tous. Je le répète, il
y a un temps pour tout. Je sais aujourd’hui que mon voyage seul, que notre
voyage avec Lucie ont été des étapes obligatoires dans ma vie, dans nos vies.
Elles ont été des moments enrichissants, qui nous permettent d’être ce que nous
sommes aujourd’hui, de pouvoir prétendre à un équilibre plus stable, débarrassé
de petits démons qui pesaient sur nos têtes.
Le voyage nous a encore plus libérés, il nous a permis de nous conforter
dans certains choix, mais aussi de prendre des voies différentes dans des
domaines où nous étions en questionnement. J’ai toujours dit que j’étais
quelqu’un attiré par les extrêmes, parfois même «borderline» au vu de certains
de mes comportements. J’ai toujours pensé que je ne trouverais jamais un équilibre
parfait, car c’est le travail d’une vie, que le chemin vers la sagesse est infini.
Mais que le plus important pour moi est d’en prendre le chemin et de m’y
atteler chaque jour en réussissant à me remettre en question.
Le voyage m’a permis de ne pas aller tout droit dans le mur. J’ai
pu découvrir comme je le souhaitais le monde dans lequel j’évolue, j’ai vécu
des instants de vie enrichissants, et je suis sûr que cela sera bénéfique pour
le restant de mes jours. Comme toute chose, il y a une fin. Il faut aussi
savoir tourner la page pour profiter pleinement des acquis et en tirer des
leçons pouvant servir pour la suite.
Si je suis finalement revenu en France, si j’ai conservé le
contact avec mes proches, si j’ai des projets similaires à beaucoup d’êtres
humains, c’est que je sais quelle direction, quel sens, je veux donner à ma
vie.
Je ne peux pas et ne veux pas renier tout ce que je suis. Je ne
veux pas et je n’ai jamais voulu tirer un trait sur tout ce qui m’a construit
et qui fait ce que je suis aujourd’hui. J’ai toujours trouvé l’histoire de
Christopher Mc Candless, dont la vie a été racontée dans un livre, puis adapté
à l’écran grâce au film «Into the wild», fort passionnante. Je pense avoir
expérimenté beaucoup d’aventures comme lui. J’aurais eu envie parfois de tout
laisser derrière moi pour respecter mes principes et vivre prêt de la nature
mais j’ai toujours surtout retenue la morale de son histoire. Après avoir tout
renié, avoir laissé sa famille dans l’horreur de ne pas savoir ce qu’il lui
arrivait, il a pris conscience que la vie seule n’avait aucune raison d’être
vécue, et qu’il aurait dû savoir pardonner à ces proches, à ces parents, qui
ont essayés de bien faire même s’ils ne l’ont pas toujours compris. Avant de
mourir tout seul dans son bus, il avait pris la décision de rentrer, il n’aura
malheureusement jamais eu cette chance…
Non seulement j’ai la chance d’être rentré, de vivre des moments
forts avec la famille et les amis, mais en plus, je n’ai jamais voulu couper le
lien avec ma famille, j’ai encore la chance de pouvoir créer quelque chose de
fort et de beau, qui dépasse ma petite personne.
Le voyage fera toujours partie de ma vie, et ma vie intégrera
toujours, autant que faire se peut, la notion de voyage dans son sens large. J’aimerais
partir encore aux confins de notre planète terre, mais le voyage dans les
contrées proches, le voyage initiatique, le voyage par la pensée, le voyage par
l’exultation de mes sens, le voyage par l’expérimentation de nouvelles
découvertes seront déjà des moyens de me transcender et de vivre bien. Je ne
cherche plus à combler un vide, je ne compte pas trouver mes réponses en
partant les chercher loin.
Je n’ai plus besoin de voyager, mais l’envie est présente. Je
penserais, nous penserons peut-être bientôt à notre prochaine destination, mais
pour l’instant elle ne m’obstine pas, elle n’est pas une priorité, seulement
une motivation qui me permettra de m’en donner les moyens le moment venu.
Mes voyages ont de nombreuses valeurs ajoutées. La première consiste
en une prise de conscience qui me permet d’écrire tout ce que je viens de vous
partager, en laissant gentiment mes doigts glisser sur le clavier de mon
ordinateur, sans vraiment réfléchir. J’ai acquis ensuite un nombre de
connaissances incroyables. Cette connaissance ne se limite pas à celle apprises
dans les livres ou vu à la télévision, mais à une connaissance plus complète
car pleinement vécue directement. J’ai acquis aussi de nouvelles compétences,
ce qui est pour moi un besoin quotidien, avec cette obsession de s’améliorer. Je
pense que j’ai encore affiné les valeurs que m’avaient transmisses ma famille,
le système éducatif, associatif et sportif. J’ai pu prendre part et participer
à des événements qui dépassent largement ma simple personne.
Je vous mentirais si je vous disais que rien, de ce que j’ai vécu
en voyage, ne me manque actuellement, que je suis redevenu totalement en phase
avec la société dans laquelle j’évolue, que j’ai les mêmes préoccupations
qu’avant mon départ. Pourtant, je ne me sens pas totalement déraciné, je n’ère
pas l’âme en peine, comme un intrus au mauvais endroit. Après un temps
d’adaptation, après une remise en cause personnelle, après avoir pris du recul
et m’être confronté à quelques échecs, je suis conscient d’où je suis et de ce
que je veux pour la suite.
Oui, j’ai vécu un rêve éveillé pendant toutes ces années de
voyage. Oui, j’ai eu l’impression de maîtriser le temps, l’espace, en
supprimant les frontières (possible car j’ai la chance d’avoir un passeport
français), en faisant sauter les barrières de la langue. Oui j’ai cru que je
pouvais changer ma vie, que je pouvais faire exactement ce que je voulais. Oui
je n’ai jamais eu autant la sensation d’être libre. Mais j’ai aussi pris
conscience, de façon concrète, que je ne pouvais pas changer le monde, que je
ne pouvais pas changer la nature humaine. J’ai pris conscience que j’étais individuellement
emprisonné de chaînes inconscientes, qui me permettait pas d’envisager un
bonheur durable. J’ai réalisé que la plus belle chose que je pouvais faire
serait de profiter des opportunités que j’ai, de les exploiter un maximum et, à
mon niveau, de semer le bien autour de moi grâce à de petites actions. Je
souhaite que ce rêve, dont j’avais déjà la graine en moi, qui a germé pendant
le voyage, continu de grandir. Je veux savoir l’adapter à la réalité, que j’ai
choisie, pour l’embellir. Je veux qu’il puisse bourgeonner, fleurir et répandre
son pollen pour transmettre les valeurs que j’accorde à la vie.
J’ai encore de nombreux projets et rêves que je veux concrétiser.
Je veux les partager et les vivres avec les personnes qui comptent. Je ne veux
pas avoir de regrets dans aucuns domaines. Je veux avoir eu la chance d’avoir
pu vivre à fond, avoir réussi à dire tout ce que j’avais sur le cœur aux
personnes importantes à mes yeux. J’ai toujours mon âme d’enfant, j’ai
l’impression que le temps n’a pas d’effet sur moi car je ne me sens pas
vieillir, pourtant j’évolue, mes envies changent, et le regard des autres
aussi. Même si je veux faire encore
beaucoup de choses, j’ai envie d’arrêter de toujours courir, de vivre dans un
rythme effréné, où je veux toujours plus, toujours aller plus loin, plus haut,
plus fort et finalement ne pas me rendre compte où est l’essentiel. J’ai envie de ne pas toujours chercher la
performance et plutôt tendre vers la qualité.
Maintenant, je veux et vais devoir concrétiser ces belles paroles
et passer à l’action! C’est, en effet, et finalement le principal révélateur de
l’Homme et de ces valeurs.
Je ne me prépare pas du tout, et je ne veux pas à vivre «une
routine» (terme péjoratif dans la bouche de nombreuses personnes), qui serait
ennuyeuse et qui ne me correspondrait pas. Je veux continuer à vivre ma vie,
tel un grand projet avec un enchainement d’événements formidables, inoubliables
qu’ils soient extrêmes ou de la plus grande des simplicités. Je souhaite
conserver mon insouciance, mon ouverture d’esprit et mon émerveillement devant
la moindre beauté de la nature, et magnificence d’une rencontre qui m’enrichira.
J’ai envie de croire en l’Amour de l’être aimé avec qui l’on veut partager sa
vie, mais aussi l’Amour avec ces proches.
Le retour d’un Tour du monde n’est pas chose aisé même quand on
l’a choisi et que l’on si est préparé autant que faire se peut. Mais ce n’est
pas quelque chose de dur non plus car ce voyage n’était pas une fin en soi, et
l’espoir d’un lendemain encore plus beau est présent.
J’ai profité de ma vie pendant ces années, j’ai réalisé des rêves,
j’ai découvert plus en profondeur la planète sur laquelle j’habite, ces
beautés, l’homme et la nature humaine. Ce dernier est tellement fort et riche mais
aussi source de destructions. Je n’arrive pas complètement à estimer le mal que
nous faisons à notre planète hôte. Pourtant pendant ce voyage, j’ai essayé de
laisser le moins de trace de mon passage, tel un pas sur la plage en bord de
mer qui disparaîtra lors de la prochaine marée. Je n’ai en aucun cas voulu
m’approprier quelque chose, je n’ai pas voulu changer mon prochain, mais je
suis rentré en interaction avec eux, avec elles. J’ai vécu quelque chose
d’exceptionnel et je continue de vivre ce que je désire, d’être là où je veux
être, d’être avec les personnes que je veux. Je suis un être avec son unicité,
ces singularités mais je ne me projette plus seul sur les routes. J’écris tous
les jours quelques lignes qui bâtissent mon destin. Ce dernier sera toujours
lié au voyage, à l’émerveillement, à l’apprentissage de la sagesse, à la
recherche du bonheur. Mais je n’ai plus besoin de courir pour cet
aspect-là, je n’ai pas besoin
d’atteindre des contrées encore inexplorées, en quête d’une réponse, qui est
finalement sous mes yeux, à chaque instant, et que je dois juste voir comme
tel.
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