Manutai me dépose à l'aéroport de Papeete.
C'est à 2h00 du matin, ce 6 Août 2013, que je m'envole vers une destination qui
évoque pour moi; mystère, isolement, statues énigmatiques, légendes et une
histoire riche mais perdue au fil des années et des événements qui ont marqués
cette terre mystique. La transmission orale de l'histoire et de la culture
s'est perdue après une période de disette et de guerres. Plus personne n'est
capable de déchiffrer le Rongorongo, écriture unique de cette de cette île
isolée du milieu du Pacifique.
Après 5h00 de vol et 4h00 de décalage horaire,
j'atterris à 11h30 sur l'île Rapa Nui. C'est le nom Pascuan de cet endroit, en
raison des origines très probables des habitants arrivés plusieurs centaines
d'années auparavant. Débarqués sur des pirogues doubles coques, après avoir
traversés l'Océan Pacifique et plus de 2300 miles nautiques, ils s'installèrent
sur cette île la plus éloignée de toute terre, à 3760 kilomètres du Chili et
4000 kilomètres de Tahiti. Héritiers d'un peuple de grands migrateurs, il
s'agit sûrement d'un roi polynésien déchu, parti à la recherche d'une nouvelle
terre d'accueil comme c'était alors la tradition. Il avait alors envoyé des
serviteurs pour trouver une terre vierge et pouvoir s'y installer.
L'Île de Pâques conserve tous ces mystères,
principalement en raison de la mort des principaux dépositaires de la tradition
et du savoir. Les derniers Maori Rongorongo
ont été disséminés, en 1863, par des marchands d'esclaves péruviens. Ils
les ont déportés, soldant la perte définitive d'un pan entier de la culture, de
l'identité, de la connaissance de l'histoire et du passé des lieux.
Je connais la chance inouïe que j'ai de me
trouver dans un tel lieu. Il y a moins de 30 ans, par an, seul un navire
militaire apportait des vivres et
matériels. En 1870, il ne restait plus que 110 habitants permanent sur l'île.
Pendant le 20ième siècle, les Pascuans vivaient dans une misère, proche d'un
état primitif d'une civilisation reclus et sans éducation. Ce n'est que dans
les années 60, après la libération du Chili de sa dictature que le peu de
natifs pascuans, encore en vie, pouvaient retrouver leur fierté. Cc n'est que
depuis quelques années que cette île magnifique et fascinante est ouverte au
monde extérieur. Pourra-t'elle un jour nous révéler tous ces mystères? Ou
gardera-t'elle à jamais son caractère unique d'une civilisation aux secrets
jamais percés!
En atterrissant au sud de l'île, près de la
seule ville; Hanga Roa, je m'apprête à vivre une nouvelle expérience unique et
forte lors de ce voyage.
A l'aéroport, je fais la connaissance de
Vincent. Nous nous rendons au même camping, celui de Minihoa, en bord de mer! A
peine la tente plantée, nous partons visiter les environs de la ville. Après
avoir arpentés l'artère principale de la ville, nous partons le long du
littoral. Nous arrivons à l'Ahu Tahai, plate forme cérémonielle qui supporte
des Moai. Nous voici donc en dace de nos premières et mystérieuses statues. Ces
statues, la plupart dressées en bord de mer, le visage et les yeux tournés vers
l'intérieur, sont censées personnifier les ancêtres fondateurs de chaque clan!
Ces statues étaient édifiées pour protéger les descendants et transmettre le
Mana, ou puissance spirituelle!
Les Ahu, pour la plupart construit dans l'axe
de la mer, varient en forme et matériaux, selon l'importance des clans et de
l'époque. Les plus grands furent construits lors de l'apogée de cette
civilisation entre le 12ième et 17ième siècles! La quasi-totalité des Ahus
furent démolis par des événements climatiques exceptionnels, tel qu'un Tsunami,
mais surtout par les guerres entre clans, ayant mis fin à cette civilisation,
reclus du reste du monde!
L'Ahu Tahai, ce premier lieu historique et
cérémoniel, est constitué de 3 séries de plates-formes. Il y a, tout d'abord,
deux Moai solitaires, dont le Moai Ko Te Riku, qui est coiffé de son Pukao
(chignon rouge). Il possède aussi des yeux de corail encastrés dans de grands
orbites. Ces derniers étaient taillés seulement après que le Moai eu atteint
l'Ahu désigné. L'iris était constitué d'un disque plus petit d'obsidienne. Ces
yeux avaient une importance primordiale étant la porte ouverte vers l'esprit de
cet ancêtre disparu.
La plus grande plate-forme de ce site est un
bel ensemble de cinq statues, qui portent encore des signes flagrants des
dégâts subits ultérieurement et de la reconstitution de vestiges abîmés. Entre
les deux Moai esseulés, un cercle de pierre des médiums permettait la rencontre
avec les esprits!
La fin de soirée, après que le soleil se soit
couché, va me replonger dans une ambiance de guesthouse, ou auberge de
jeunesse, que je n'avais pas connu depuis longtemps! Les discussions dans la
cuisine, après avoir chacun préparé notre repas, seront animées et joyeuses.
Avec Vincent, nous faisons la connaissance de plusieurs étrangers, de deux
français voyageant ensemble, et surtout d'un couple, Jay et Fanny avec qui la
bonne entente est instantanée.
Le lendemain, je continue l'exploration de
l'île avec Vincent. Nous prenons la direction du sud! Une complicité se crée très rapidement entre
lui et moi. Personne simple, chef cuisinier en France, nos échanges sont
agréables et sans jugement. J'adore ce genre de rencontre où tout se fait
naturellement et où aucun ne nous deux n'a besoin de se changer pour passer un
bon moment! Si seulement, il n'y avait que des personnes et des relations entre
êtres humains aussi facile sur terre!
Après une première montée sympathique, nous
découvrons le volcan Rano Kau. C'est depuis le bord du cratère que nous découvrons
ce petit joyau naturel, sorti des entrailles de la terre, il y a plus de 2,5
millions d'années. Sa forme parfaitement ronde, une brèche s'ouvrant sur la
mer, et des dizaines de lacs, en son coeur, formant une zone marécageuse aux
milles couleurs, à quelques 200 mètres en dessus de nos pieds, participent à
rendre cet endroit merveilleux. Un micro-climat vit en son centre. Les Pascuans
avaient su en tirer partie pour diverses activités.
Marchant un peu plus loin, nous allons
découvrir l'un des sites les plus fascinants de l'Île de Pâques; Orongo! Ce
village perché en haut des falaises abruptes était habité que deux mois pendant
l'année, d'août à septembre! Lieu d'une cérémonie très spéciale, ce site a pris
de l'importance lors de la perte d'influence du culte voué aux Moai. Le culte
de l'Homme-oiseau va alors prendre une importance considérable entre le 17ième
et 19ième siècles. Ce culte a permis, malgré des guerres et des révoltes,
d'opérer une rotation du pouvoir entre les différentes tribus. Pendant 2 mois,
le roi, les grands prêtres et les représentants de chaque tribu se
réunissaient. Ils organisaient une série de grandes cérémonies. Dans chaque
clan, un serviteur sportif et audacieux, était désigné pour assurer le succès
de son clan. Son but était de rapporter à la nage, depuis le Motu Nui, un oeuf!
L'attachant sur son front, il refaisait le chemin inverse, à la nage, luttant
contre les vents violents, évitant les requins, avant de devoir escalader une
falaise de plus de 300 mètres de haut. Lors du retour dans le village d'Oregon,
le vainqueur était déclaré, quand il ramenait son oeuf entier. Sa tribu prenait
alors les reines du pouvoir de l'île pour l'année suivante...
Il est fascinant d'imaginer l'ensemble
cérémoniel qui s'est déroulé ici pendant plus de 2 siècles. J'entends encore
retentir les instruments de musique, je devine encore l'ensemble des
participants dans un accoutrement festif. Je ressens la force de l'homme-oiseau
accomplissant son devoir et le prestige qui pouvait en découler. L'emplacement
idyllique à flanc du cratère d'un volcan et aux bords de falaises se jetant
dans l'océan Pacifique, ne fait que rajouter à la magie de ce lieu intemporel.
Redescendant vers Ranga Roa, nous nous
préparons un bon repas. Prenant notre temps, nous décidons tout de même d'aller
visiter le musée de l'île qui nous permet de compléter nos connaissances de ce
lieu et de nous plonger encore un peu plus dans cette culture pascuane et ces
mystères qui restent encore entiers...
Ayant soif de découvrir un peu plus en
profondeur cette terre énigmatique, nous décidons de pousser un peu plus loin
nos investigations à l'intérieur des terres pour atteindre l'autre côté de
l'île. Nos efforts seront vains avant le coucher de soleil. Nous allons tout de
même grimper sur une colline pour atteindre notre premier point de vue
imprenable en hauteur sur l'île. Nous allons profiter un peu de l'endroit avant
de revenir sur nos pas. Nous avons été invités à célébrer un anniversaire
devant le coucher de soleil, au niveau de l'Ahu Tahai! Les nuages épais ne nous
permettrons pas de profiter du spectacle... L'ambiance sera néanmoins très
bonne.
Au réveil le lendemain matin, je décide de
partir seul pour découvrir un peu plus en profondeur cette île qui ne m'a pas
encore dévoilée ces plus grands secrets. Je longe la côte ouest en direction du
nord. Je découvre petit à petit les différents sites disséminés le long de la
côte. Je repasse devant l'Ahu Tahai, tout juste éclairé par une faible lumière
au lever du soleil. Mais le grand ciel bleu augure une très belle journée.
Continuant ma remontée vers le nord, je pénètre ensuite dans la grotte Ana
Karenga puis au Motu Tautara. Continuant encore un peu plus loin, je découvre
l'Ahu Te Peu totalement détruit et laissé à l'abandon. C'est à partir de ce
moment là que je commence à rentrer dans les terres. Le premier arrêt sera
celui de la grotte de Te Pahu, une des plus vastes de Rapa Nui. Elle est le
résultat d'un beau tunnel de lave qui c'est formé lors d'une des éruptions
gigantesques ayant créées l'île. Le magma en partie refroidit s'est figé en
surface alors qu'il continua de s'écouler par ce large boyau souterrain. La
voûte en partie effondrée forme alors des cavités à ciel ouvert. Les habitants
qui y vivaient s'en servaient pour faire des plantations agricoles et optimiser
les récoltes. M'enfonçant un peu plus loin dans les terres, j'atteins un
endroit particulier presque au centre de l'île. J'y découvre l'Ahu d'Akivi. C'est le seul sur lequel les
Moai sont tournés vers la mer. Au nombre de 7, les Moai redressés seraient
censés représenter les 7 envoyés du roi polynésien Hotu Matua. Selon la
légende, partis en pleine mer découvrir une nouvelle terre, ils auraient
trouvés cette île. Ils auraient reconnus les lieux avant que le roi y vienne
s'y installer.
Après avoir profité des lieux, je continue mon
chemin vers le point culminant. Il s'agit du Mont Terevaka, à 511 mètres
d'altitude. Lors de l'ascension, j'arpente les collines verdoyantes où des
chevaux sauvages se meuvent librement. Au sommet, la vue à 360°, sur les terres
et l'océan, est belle. Arrivant maintenant au Nord de l'île, j'atteins la
fameuse et plus belle plage; Playa d'Anakena.
Dans une baie protégée, l'eau y est très
calme. La plage est bordée de palmiers. Dominant l'ensemble, 7 statues, dont 5
intactes et 4 qui possèdent encore leur Pukao, forment l'Ahu Nau. C'est ici,
lors de la restauration du site, que les archéologues ont découverts que les
Moai possédaient des yeux de corail! Prenant le temps de m'assoir seul, devant ces
marques d'une civilisation riche et énigmatique, je me sens emporté dans des
temps révolus d'êtres humains ayant créés sur ce petit bout de terre, un mode
de vie au plus prêt de la nature et des esprits de leur ancêtre.
La journée n'est pas fini. Je continue une
promenade à pied vers l'est. L'île n'est pas très grande mais elle fait tout de
même plus de 45 kilomètres de diamètre. Longeant cette fois-ci la route, une
voiture s'arrête à mes côtés. Il s'agit d'une voiture de location avec 4 jeunes
chiliens. Ils me demandent où je souhaite me rendre. Je n'ai même pas essayé de
faire du stop mais me voici embarqué dans une voiture pour continuer ce périple
de la journée. Avec eux, nous allons assez rapidement découvrir les principaux sites. Je découvre
en premier lieu l'Ahu Tongariki, le plus important site Moai de l'île. Il
s'étale sur plus de 200 mètres de long en son centre s'élève jusqu'à trois
mètres de hauteur. 15 Moai de tailles différentes trônent dessus. Le site est
splendide mais l'ayant déjà visité, ils ne s'y attarderont pas! Peu importe, je
privilégie le côté rencontre et relationnel à cet instant. Je continue donc le
petit tour avec eux Je sais déjà que je saurais de retour sur ces lieux très
prochainement.
Roulant quelques kilomètres plus loin, je vais
visiter pour la première fois l'un des sites les plus exceptionnels. La roche
en tuf du volcan Rano Raraku, bien que fragile, aura servi pour la construction
de plus de 95% de l'ensemble des Moai, soit plus de 1000 statues ayant évoluées
avec le temps et de tailles différentes. Poreuse et fait de cendres
compressées, la roche était idéale pour la sculpture et la taille de pierre. Au
total, 397 statues inachevées, abandonnées en cours de transport, ou cassées
sont reparties sur les différents versants du volcan. Aucune explication,
concernant le fait que toutes ces statues soient restées en l'état, figées dans
le temps. Il y a seulement des hypothèses tel que des tsunamis, de la
sécheresse et des épidémies, qui auraient affaiblis la civilisation. Le plus
probable reste néanmoins l'événement historique et les actes humains tel qu'une
révolte impliquant un renversement du pouvoir, ou des guerres tribales ayant
dépeuplées l'île. Une fois encore, je n'aurais pas l'opportunité de passer du
temps à observer tous les détails de ces nombreuses statues. Mentalement,
j'effectue un retour dans le passé en essayant d'imaginer l'activité incessante
qui existait en ce lieu lors de l'apogée de la civilisation pascuane. Le soleil
se couche progressivement derrière les volcans. Nous rentrons à Ranga Roa où je
découvre le logement qu'ils ont loués pour plusieurs jours. Nous prendrons un
thé ensemble. Ils m'invitent alors à les rejoindre, vers 22H00, pour passer la
soirée ensemble. De retour au camping, je passes un peu de temps avec Vincent,
Fanny et Jay. Ils ont décidés de louer une voiture ensemble. Ils partent
ensemble, le lendemain, voir le lever de soleil à l'Ahu Tongariki devant ces 15
magnifiques Moai. Ils me proposeront de se joindre à eux. J'accepte l'invitation.
Cela va être le début d'une expérience que j'envisage depuis mon arrivée.
Avant cela, je retrouve mes amis chiliens à
leur maison chez l'habitant. Comme à la mode espagnole, les soirées sont
tardives. Quand j'arrive à 22h00, ils n'ont pas encore commencé à manger. Moi
qui ne pensait que prendre un verre, je me retrouve à déguster de délicieuses
spécialités sud-américaine tel que le céviché, de succulent barbecues de
viandes, des grandes salades... Notre repas sera accompagné de la boisson
alcoolisée locale; le Pisco avec du coca-cola. La soirée sera des plus
agréable. Je me coucherais à 3h00 du matin!
Réveillé à 5h20, je plie ma tente et prépare
mon sac-à-dos en laissant le superflu dans un casier. Nous partons donc à 4
pour admirer ce lever de soleil sur l'Ahu Tongariki. Il fait encore nuit noire
quand nous atteignons le site. Nous nous apprêtons à assister à un spectacle grandiose. Les
nuages présents dans le ciel vont tout d'abord s'enflammer derrière les Moai au
dessus de l'océan. Petit à petit, nous
devinerons d'abord la forme géométrique de ces statues. Puis les détails du
paysage, du site historique se feront de plus en plus précis. Avec le lever du
soleil, tout sera sublimé. La nature revêt de magnifiques couleurs. Les
premiers rayons qui perceront le ciel donneront des ombres gigantesques aux 15
Moai. Le peu de personnes présentent sur le site s'éclipseront très vite. Elles
ne verront pas la totalité du spectacle que dame nature nous a réservée. Tant
mieux car nous pourrons alors en profiter en silence. Je vais décider de
pousser un peu plus loin la visite avec eux!
Pour la deuxième fois, je me rends au volcan
Rano Raraku. Je prends un grand plaisir à re découvrir la fabrique des Moai en
leur compagnie. Nous passerons beaucoup de temps dans les dédales de verdures
et de sculptures sur pierre, sur les versants de ce volcan et à l'intérieur de
ce dernier où une végétation unique pousse autour d'un petit lac. Pensant
partir seul, je vais finalement pousser encore un peu plus loin avec eux. Nous
déjeunerons ensemble sur la plage d'Anakena. Après de nouveaux moments
agréables de partage, je décide de partir réaliser ce micro-projet qui me tient
à coeur depuis le départ. Je pars vivre
en autarcie et en autonomie complète dans cet environnement unique au plus près
de la nature. J'ai vraiment envie de m'imprégner totalement de cette
civilisation enivrante et des lieux extraordinaires. Je ne vais pas rentrer
dans un état de transe mais cela me fait un bien fou de me retrouver seul.
Après un magnifique coucher de soleil devant
l'Ahu Thai, je reprends la direction du nord. Je vais dormir dans une grotte,
en bord de mer, sur le haut de falaises
de plusieurs dizaines de mètres de hauteur. Sortant simplement mon tapis de
sol, je vais dormir à la belle-étoile, bercé par le bruit des vagues se brisant
sur les falaises. Quelques gouttes de pluies en pleine nuit me feront rentrer à
l'intérieur de la cavité pour y passer le reste de la nuit!
Le réveil en pleine nature le lendemain matin
est exceptionnel. La vue sur l'océan a plus de 30 mètres de hauteur me
donnera une pêche d'enfer pour le reste
de la journée. Un petit-déjeuner sommaire à base de fruits et de pain fera mon
affaire. Je repars assez vite pour explorer de nouveau l'île dans le sens des
aiguilles d'une montre. Je repasse à l'Ahu Akivi pour profiter de la vue et des
Moai. Puis je m'enfonce à travers champs. Je vais traverser des plaines
herbeuses où chevaux et vaches sont présentes. Je m'enfonce ensuite dans une
petite forêt au centre de l'île. J'arriverais juste à temps à la plage
d'Anakena pour me mettre à l'abri alors qu'une forte averse s'abat sur la côte.
Cette dernière s'arrêtera très vite et le vent, qui souffle, poussera très vite
les nuages gris au loin. Suite à cela, je vais visiter différentes sites en
bord de mer et prendre une nouvelle fois la direction du plus connu des Ahu,
celui de Tongariki. En chemin, je vais pouvoir admirer de magnifiques
arcs-en-ciel qui embellissent des paysages déjà magistraux.
L'obscurité commence à tomber. Quelques
gouttes de pluies tombent. Je remarque alors un détail important qui ne m'avait
pas sauter aux yeux les premières fois. Une grotte est présente derrière les 15
Moai! Je m'y réfugie et je vais bien entendu y
passer la nuit. L'atmosphère est très spéciale. J'ai le site pour moi
tout seul. Alors que la nuit est tombée depuis plusieurs heures, je vais
m'endormir profondément. Je ne sais pas si le lieu y sera pour quelque chose
mais je vais avoir des rêves forts et puissants que je me souviendrais très bien
à mon réveil. Cela faisait très longtemps que je ne m'étais pas rappeler de mes
rêves aussi bien. Et cela va durer plusieurs semaines après cette nuit
«magique»! Je ne maîtrise pas encore la force et l'impact actuel de cette
civilisation sur son environnement proche et sur le monde. Je sais seulement
qu'elle m'aura apporter quelque chose de très spéciale lors de cette nuit
particulière.
Je me réveil le matin bien avant le lever du
soleil. Tapis de sol et duvet rangés, je rejoins le coeur du site à moins de
100 mètres. Ce lever va être totalement
différent de celui effectuer, au même endroit, 2 jours auparavant. Il aura un
charme très particulier et me réserve encore de belles couleurs. Il n'y a pas
beaucoup de monde. Je vais faire la connaissance de 2 soeurs, Mayi et Miren,
françaises en voyage pendant 3 mois en Amérique du Sud et avec qui le courant
passe très vite. Je sais déjà que nos chemins se recroiseront d'autres fois sur
l'île. Après avoir passé beaucoup de temps de discuter, à profiter du site, à
admirer les Moai, je décide de reprendre mon chemin seul. Je pars dans un
endroit encore inexploré pour ma part. Il s'agit de la péninsule de Poike,
endroit le plus à l'est de l'île. C'est
le plus vieux volcan de l'île, un peu plus de 3 Millions d'années. En montant
vers le sommet, je découvre une grotte. A son entrée, un bananier est présent
et son régime possède plusieurs bananes mûres.
Cet apport alimentaire me permettra d'agrémenter de maigres repas que je
fais depuis plus de 2 jours. Je prends cette trouvaille comme une belle aubaine
et je vais bien les déguster. Cette promenade me fait un bien fou! Je vais y
découvrir des terres rouges, un milieu herbeux où vaches et taureaux sont les
maîtres des lieux. Le vent est fort mais le grand ciel bleu me comble
pleinement surtout quand je vois que de l'autre côté de l'île de gros nuages
gris qui déversent de la pluie.
Après avoir fait le tour de ce volcan et avoir
atteint le sommet, je repars le long de la côte est. Je découvre de nombreux
vestiges d'Ahu. Lors de la descente vers le sud, je vais me réfugier dans une
autre grotte lorsqu'une nouvelle averse tombe sur cette partie de Rapa Nui.
Après être repassé dans la ville de Hanga Roa, je passe la nuit dans la grotte
béante de lave d'Ana Kai Tangata. Elle possède des peintures rupestres et avait
une importance réelle lors de l'hégémonie de la civilisation pascuane. Une fois
encore, je vais passer une nuit
formidable, bercé par le bruit de la mer, une nuit étoilée splendide.
Réveillé de bonheur, je ne décollerais pas de mon duvet avant le lever de
soleil puis que l'atmosphère se soit un peu réchauffée!
Je retourne admirer le volcan Rano Kau et
revisiter Orongo. J'y serais seul avant que les touristes arrivent lorsque je
serais sur le chemin du retour vers la ville. J'y retrouves avant , à la
sortie, Mayi et Miren! J'aime beaucoup ces deux soeurs, leur vitalité et leur
sourire. Nous prenons le même avion le lendemain en direction de Santiago. La
règle du jamais 2 sans 3, s'appliquera forcément concernant nos rencontres.
Suite à cela, je retourne dans la ville en ville. Je tombe sur Fanny et Jay.
Ils viennent de changer leur billet pour
la Polynésie et partirons une semaine plus tard! Ils apprécient grandement leur
séjour sur place, surtout depuis qu'ils sont chez des locaux, des amis d'amis.
Je vais passer les derniers instants sur l'Île
de Pâques avec eux. Ils m'invitent dans
la maison de leur amis pour y passer ma dernière nuit. Nous passons une
après-midi tranquille entre discussions, petits moments en bord de mer. Après avoir fait connaissance de leur amis,
nous allons les rejoindre lors d'une répétition de leur groupe musical. Le
mélange entre voyageurs et locaux est une nouvelle fois détonant. Leur musique
est vraiment sympa. Entre discussions et musique la soirée va passer à toute
vitesse. Rentrant dans la maison qu'ils
leur ont prêtés, nous cuisinerons les crêpes préparées auparavant. J'ai
vraiment bien accroché avec ce couple de français très spécial et j'espère sincèrement
rester en contact avec eux et les revoir. Il en va de même pour Miren et Mayi!
Ce séjour aura été très complet. Il a dépassé
mes attentes pourtant très hautes. Le fait d'être venu sur cette île n'enlève
en rien la magie de ces lieux qui conservent leurs mystères, la force
impénétrable d'une civilisation légendaire qui se sera battu pour survivre...
Quelque soit l'hypothèse qui pourrait décrire la réalité passé, Rapa Nui est,
restera et sera une énigme historique qui lui donne tout son charme. Une
sensibilité exacerbée m'envahit alors que je m'apprête à m'envoler vers de nouveaux
cieux. Cette visite m'a ouverte encore de nouvelles portes, de nouvelles
réflexion, de nouveaux moments de vie très spéciaux. Chaque jour, j'acquière un
peu plus de sagesse, j'étudie des choses de la vie avec une nouvelle
perspective. Je réalise un de mes rêves et il débauche sur pleins d´autres à
venir.
La force intemporelle des Moai m'a envahit et
elle n'est pas prête de me quitter...
Que du bonheur cette escale à l'ile de Pâques ! Cela fait un contraste entre la Polynésie en bateau et le désert d'Atakama ! Bon vol autour du monde !
RépondreSupprimerun "monde" encore très particulier,une civilisation très originale
RépondreSupprimercomment sont venus les gens qui habitent sur cette île si particulière et qu'est ce qui les retient???y vivent ils toute leur vie??
merci de ce partage sur ces contrées si lointaines
bises