mercredi 5 octobre 2011

Dans le désert du Gobi en Mongolie

La nature à son paroxysme, sublimée à l’infini, et poussée à l’extrême...

Il est 23h00 ce vendredi soir, 23 Septembre, lorsque je me rends à la gare d’Irkoutsk pour prendre le transmongolien à 4h50 samedi matin en direction d’Oulan Bator. Je découvre ce train mythique comme je l’avais toujours eu à l’esprit: vert, deux bandes jaunes, et les écritures Moscou-Oulan Bator-Beijing apposées dans les 3 langues sur chaque wagon! Ce trajet me fait quitter la Russie, en partance pour un pays qui conserve jusqu’alors tout son mystère et un charme unique; la Mongolie!

Le changement commence dès le trajet en train. Je suis seul dans un comportement de 4 lits! Ceci m’empêchera en rien les rencontres mais apportera un certain confort inattendu.
La nature évolue grandement.
Les paysages plats de la Taïga russe sont progressivement remplacés par un milieu montagneux conservant la même végétation, puis nous longeons les bords du lac Baïkal par le Sud-Ouest. Ne voyant pas le rivage d’en face, le sentiment d’être en bord de mer est entier.
Le temps est venu de partir plein Sud pour nous diriger vers le poste frontière. Les paysages se modifient de nouveau laissant places à des collines de plus en plus dépourvues de hautes végétations. La steppe boisée puis herbeuse, typique des paysages mongoles apparaissent derrière la fenêtre du train.
A la frontière, la prise des passeports, contrôle des wagons, et l’attente seront interminables! Mais cela reste néanmoins un très bon souvenir partagé, cette fois-ci, seulement avec des touristes, heureux d’être là et prêt à franchir ce poste frontière. Ils m’apprendront de nouveau de nouvelles choses sur certains pays, certaine façon de voyager, de penser ou de voir la vie. Ils me rapporteront certaines expériences et anecdotes vécues.
L’arrivée à Oulan Bator se fait au levée de soleil. La Mongolie n’appliquant pas l’heure d’été, nous nous sommes tous réveillés une heure trop tôt, nous permettant simplement de profiter un peu plus du spectacle qui nous attend. Des hordes de chevaux sont présents, nous apercevons les premières yourtes (Ger en Mongole: habitation typique de ce pays qui consiste en une tente circulaire en feutre et en toile). Puis très rapidement l’ombre de la capitale, éclairée par les lumières de la ville encore présente et le soleil qui pointe le bout de son nez, apparait à l’horizon au milieu des montagnes.L’entrée dans Oulan Bator me fait prendre conscience, que ce n’est pas lors de cette première journée, que je m’extasierais devant la beauté de ces paysages naturels mongols.
Nous entrons dans une ville en pleine expansion (nombreuses constructions d’immeubles en cours, pollution latente et visible depuis les sommets alentours,…). L’histoire et les traces du passé ne sont que très peu présente en raison de la culture nomade ancrée profondément en Mongolie.
Le drapeau de la Mongolie en dit déjà beaucoup sur ce pays. Il est composé de trois bandes verticales égales, deux bandes rouges (couleur du comunisme) entourant une bleue (couleur du ciel et couleur nationale). Sur la gauche, il y a un vieux symbole mongol jaune(Le Sayambo) qui représente, de haut en bas, le feu, la terre, l'eau, le soleil, la lune et le yin-yang.
Je me lance dans la visite de la ville qui me plonge tout de même dans la vie des mongoles avec la visite du temple Gandan Khiid, où les moines psalmodient, dans le temple-musée du Choïjin Lama et sur la place centrale Sükhbaatar.
Il me tarde pourtant déjà de m’éloigner de cette ville cosmopolite pour traverser le pays en direction du sud et plonger au milieu du désert de Gobi. Je m’endors l’esprit léger pensant dès lors au lendemain..
Les affaires prêtes, le plein d’essence du van russe tout-terrain effectué, les réserves d’eau et de nourriture achetées, nous partons sur les routes à 6 (4 Suédois, 1 Autrichienne et moi) avec 2 Mongoles: Zulaa et Ragchaa.
L’expérience sera unique, vivant au rythme du soleil, sans aucun artifice créé par la société de consommation. Quelques minutes suffisent pour sortir de la ville et nous retrouver dans les steppes herbeuses.
Le spectacle est au rendez-vous! Nous avalons les kilomètres franchissant les collines, découvrant des paysages changeants, herbes basse, haute, sable, lac,…) revêtant de multiples couleurs.

Ces paysages sont le territoire de chevaux, chameaux, d’élevages de moutons, vaches, chèvres, des antilopes, des reptiles, des aigles et vautours.
La présence humaine est quasi-nulle. Nous roulerons plus de 7h00 sans croiser la moindre ville et ayant, en tout et pour tout, croiser 5 êtres humains. Le sentiment, qui m’envahie, est intense et fusionnel quand sur une colline, tournant à 360°, je ne peux voir que des paysages naturels à l’infini. Cette sensation d’être loin de toute population est enivrante et permet de se retrouver dans le plus simple des éléments. Chaque odeur, chaque son, chaque nouveau paysage est embelli, magnifié par le simple fait que rien ne peut nous détourner du plaisir de contempler ce qui nous entoure.

La première nuit en yourte dans une famille nomade avec 2 enfants, le partage du repas, et les échanges qui en découleront sont gravés à jamais dans ma mémoire. Le vent souffle fort à l’extérieur. La nuit dans la yourte, éclairé à la bougie et réchauffé par un poêle, est appréciable et apprécier par tous.
Les paysages sont magiques mais les conditions de vie sont extrêmes (roches, sables, végétation minime et quelques rares points d’eau sont les seules constituants de ces steppes). Il est impossible de faire pousser des légumes ou autres. La base de l’alimentation réside dans le deuxième élément le plus important de la vie nomade, après la yourte, qui est le cheptel. Chameaux, vaches, moutons, chèvres fournissent de la viande, du lait, du combustible (excréments séchés) et un moyen de transport. La vente de certains de ces animaux permet parfois d’améliorer un peu le quotidien. Les hivers sont rudes, la vie social réduit à son minimum (peu de voisinage et les enfants en ville pour recevoir une éducation).
De bon matin, après une ballade en solitaire de 2 heures, au levée du soleil, nous partons sur les routes. Nous avons l’opportunité de goûter l’Aïrag; boisson alcoolisée à 3°, source de vitamine A, B et C, et fait à partir du lait de jument. Le goût ressemble à du cidre acide mélangé avec du lait.
Ayant rencontré un couple de mongole géniaux, j’ai par la suite l’occasion de faire de la moto, à toute vitesse, à travers les steppes (une autre idée pour un prochain voyage).
Avec le Van, nous devons nous arrêter dans la ville la plus proche pour effectuer des réparations. Nous vivons à cet instant les problèmes auxquels sont confrontés les habitants de ce pays régulièrement…
Nous repartirons 2h00 plus tard après avoir démonté l’alternateur, starter, soudé une partie de la structure métallique au-dessus de la suspension. Le temps se gâte, il pleut averse pendant (seul fois du périple), nous cuisinerons et mangeront dans notre engin russe… Le soleil revient rapidement. Nous nous enfonçons de plus en plus dans le désert.

Les paysages sont de plus en plus arides et inhospitaliers.
Nous ne verrons aucun signe de vie de toute l’après-midi. A chaque vallée traversée, les couleurs, les formes changent. Ces paysages qui pourraient être monotones ne le sont en faites pas du tout. Quel spectacle magnifique lorsque nous arrivons à Ulaan Suvraga dans l’aïmag (région) de Dundgov où apparaissent les terres rouges. Le spectacle continue à Tsagaan Suvagra au bord de falaises calcaires blanches et rose au milieu du désert. Ces dernières se trouvaient jadis juste en bord de mer.
Un coucher de soleil fabuleux, avant d’arriver dans une nouvelle famille nomade, éleveur de chameaux, sera le point d’orgue de cette journée.
L’accueil des Mongoles, en campagne, est exceptionnel: toujours un grand sourire, des intentions bienveillantes, la porte de leur yourte toujours grande ouverte aux étrangers pour une hospitalité qui est une règle de vie dans ces contrées où la vie peut basculer à chaque instant. Les dures conditions de vie auxquelles ils sont confrontés ne fait que renforcer l’entre-aide, la fraternité et le partage. Malgré la barrière de la langue, les échanges sont intéressants, simples et amène souvent de larges sourires sur l’ensemble des visages des personnes prenant part aux conversations. Les enfants et les jeunes nous regardent parfois avec étonnement mais toujours avec intérêt, nous portant de petites intentions sympathiques.
Un bon repas partagé, nous pouvons admirer un ciel étoilé étourdissant. Nous graverons à jamais cet instant en jouant avec nos appareils photos.
L’expérience de courir 1h00 aller – 1h00 retour, au milieu du désert de Gobi, pour passer 40 minutes auprès de ces falaises grandioses au levée du soleil, m’apportera un instant de bien spécial et libérera ma dose d’endorphine auto-prescrite.
La traversée des steppes à l’infini constituera notre activité de la matinée avant d’atteindre Dalandzadgad. Cet arrêt consiste à refaire le plein de nourriture, rechargée les batteries (dans tous les sens du terme) et organiser la suite du périple. Les douches publiques furent une expérience intéressante et agréable après trois jours dans le désert. La ballade en bordure le fut encore plus. En effet, une famille de mongole était en train de monter leur yourte. Nous passons une première fois avec deux compagnons de voyage, puis une deuxième et enfin une troisième. Nous voyons les différentes étapes de construction. La rapidité de montage est ahurissante.
Poussé par la curiosité, je décide d’y retourner seul, alors que nous étions tout juste rentré où nous logeons. Bien m’en a pris. Interpellée par l’intérêt que je leur porte, la maîtresse de maison me fait signe de venir. Je les aiderais à finir le montage, la mise en place des toiles et feutres fait de laine de moutons, d’herbes et d’eau durcissant et étant resserrer grâce au séchage en automne dans les steppes. Nous sanglerons finalement l’ensemble avec les cordes en crin de cheval. Une d’elle lâchera provoquant des fous rires. Le montage finit, les salutations faites, un coucher de soleil admiré, je retourne dans ma yourte ou les autres ont déjà bien entamé le repas. La journée se finira par des jeux de cartes, des discussions.

Nous progressons encore dans le désert de Gobi et atteignons le Parc National de Gurvan Saïkhan. Nous visiterons tout d’abord Yolin Am, ces superbes massifs montagneux, et surtout des étroits canyons bordés par des falaises impressionnantes. Nous arrivons tard dans la saison et nous ne verrons donc pas des pans entiers de glace veinée de bleu. Il est tout de même impressionnant de trouver de la glace au milieu du désert.
Notre route nous mène ensuite entre deux flancs montagneux où des petits arbustes de toutes les couleurs (orange, jaune, vert, rouge, violet, marron) rendent unique un nouveau paysage traversé lors de ce périple.
Quelques heures de routes plus tard, Khongory Els, et ces dunes impressionnantes s’offrent à nous. Surnommée
«dunes chantantes» en raison des mouvements du sable, elles mesurent jusqu’à 300 mètres de hauteur, 12 km de largeur et quelques 100 km de longueur. La beauté de ce lieu embellie par un grand soleil surpasse l’entendement et la surface vierge de tout pas humains ou traces d’animaux donne le sentiment d’être un aventurier découvrant un lieu magique. Seul le fait de fouler ces dunes pendant plusieurs heures permettront de profiter pleinement du spectacle.


La ballade à dos de chameaux ne fera qu’intensifier le plaisir éprouvé. Vivre la vie de ces nomades mongoles, de moins en moins nombreux, est chaque soir un nouveau pas dans la compréhension de cette culture si particulière et de ce mode de vie exigeant, très loin de nos standards européens.
N’ayant que 5 lits dans la yourte, je me propose de dormir par terre sur 2 matelas. L’expérience ne fut pas des plus plaisantes et pour certains et certaines cette situation aurait fait office de film d’horreur. Plusieurs souris ont joué avec mes nerfs tout le début de la nuit. Une commença par me gratter le crâne, puis se fut sur mon visage… Je réussi tout de même à m’endormir profondément… avant qu’une rentre dans mon duvet cherchant la chaleur… A cet instant, en plein sommeil, je poussais un cri sanglant. Je l’écarterais tant bien que mal grâce à de violents mouvements de mains. Je me décidais donc de dormir assis appuyer sur le poteau central totalement emmitouflé dans mon duvet. Je sommeillerais tout le reste de la nuit, ponctué de quelques bruits de pas dans la yourte mais sans revoir la frimousse d’une d’entre elles.

Je me lèverais à 5h00, lampe frontale à la main, je m’élançais dans le noir en direction des dunes. Le levée de soleil sur le sommet d’une d’entre-elles, sans vent et aucun bruit est un des moments les plus intenses de ce début de voyage. Je n’en perds pas une miette que ce soit partagé ou en solitaire.
Nous remontons vers le Nord. Nous nous arrêtons à Bayanzag pour déjeuner et marché le long des «falaises de Feu» où de nombreux œufs et ossements de dinosaures ont été découverts. Nous roulons ensuite, toute l’après-midi, sous un soleil écrasant, traversant de nouveau des paysages tellement différents longeant même pendant quelques kilomètres une rivière au milieu d’une zone totalement aride. Nouvelle nuit en yourte ne gâchant rien au plaisir (beaucoup moins d’ornements et de décorations mais une isolation incomparable si importante lors de ces nuits froides).

Je ne peux que me répéter mais c’est une vérité au quotidien lors de ce périple: de nouveaux paysages, de nouvelles couleurs, une ambiance au beau fixe et toujours le même plaisir de communiquer, de voyager, d’apprendre…
En ce premier Octobre, nous parcourons moins de kilomètres. En remontant, vers le Nord, nous nous rapprochons des steppes herbeuses parcourues par de nombreux chevaux et possédant une faune et flore plus fournies en raison de la présence d’eau. Le spectacle naturel, s’offrant à nous, sera un lac où l’évaporation laisse apparaître une quantité de sel formant un rivage blanc immaculé. 
Nous aurons aussi la chance d'avoir une vue exceptionnelle à des centaines de kilomètres à la ronde depuis les montagnes Zorgol où des aigles tournoient dans le ciel laissant apparaître certaines ombres inquiétantes. Depuis le sommet, je réalise que ce vol libre est en route, que je suis comblé pleinement par cette expérience…

Retour à Oulan Bator avant de m’échapper dans les steppes à cheval, pendant une semaine, à l’est puis à l’ouest de la capitale.

La beauté de la nature est immuable. Mais l’équilibre entre la faune, la flore, les conditions climatiques variées, et les événements naturels multiples, est fragile! La Mongolie en est un parfait exemple. Sachons préserver les traditions, l’environnement et notre planète terre.




7 commentaires:

  1. Mat mon Ami, une lecture qui transporte laissant libre cours à mon imagination, au delà de ces paysages photographiés, je me demandais chaque jour quand tu allais nous faire souffler un peu avec tes récits haha... Quelle merveille, à ce moment je pense bien à toi, essayant sans relâche de préparer ce bout de route ensemble.. pas gagné mais pas perdu, les prochains jours sont décisifs... ! :) on se reparle très bientôt, d'ici là, envoile toi, ta route est prometteuse. jt'm fort ! SEE YAAAAAAAAAAAAA :)

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  2. Que de depaysement!! tes photos juste sublimes... j envie surtout la photo de la nuit etoilee a croire quelle est truquee... fiuuuuuuuuuu que soit doit etre bon d etre a ta place et de decouvrir le monde.... j adore!

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  3. alors tu es au point pour nous construire une yourte à ton retour!!!!c'est passionnant de voir les différences d'habitudes de vie.
    continues à croquer la vie à pleines dents, c'est une expérience unique, qui restera gravée à jamais dans ta tête et ton cœur et qui t'aidera à construire ton avenir big bisous

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  4. J - 11 !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

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  5. NICO
    Je rejoins antho, dans le sens "fini les grands récits d'histoire qui pour ma part, effectivement me dépassaient... Cette page que je viens de lire ma profondément plonge dans ton voyage. L immensite de ton voyage me donne envie de sauter dans mon van et ainsi découvrir la nouvelle zélande que de rester dans une ville et d'avoir l'impression de ne pas en profiter...
    La beauté des paysages, les rencontres que du doit faire, l'expérience humaine doit être énorme...je t'envie mais grave... Content, très heureux pour toi que cela se passe à merveille, je te souhaite plein de bonheur, et hâte de te lire encore et encore"dans ce même genre de texte bien sur"! après je dis ça pour moi, d autres ont besoin plus de récits d'histoire...il en faut pour tout le monde! bisoussss

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  6. j ai relu celui ci pour me remettre dans ton voyage, et tes beaux recits...tant qu a faire autant lire ceux d un artiste que l on connait!!!!allez, je continu...bye

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