Tout juste arrivée à Irkoutsk, me voilà déjà galopant en direction de la station de bus pour obtenir un billet en direction de l’Ile d’Olkhone! La ville est grande mais possède un charme particulier avec de nombreuses maisons en bois et des fenêtres colorées qui existent depuis des années. Comme quoi la mode actuelle en France pour le retour au bois, la réduction des coûts de construction et la meilleure isolation n’a rien d’une invention actuelle (petit clin d’œil pour Antho).
La physionomie des visages des habitants a fortement évolué, depuis le début du séjour, et se rapproche de plus en plus des visages asiatiques.
Lors de ce trajet, je prends conscience pleinement que ce voyage peut très vite prendre des allures totalement différentes voir cauchemardesques. Mon oreille interne avait-elle été déboussolée par les 3 nuits dans le train ? La fatigue ne serait-elle pas un facteur aggravant? Marchant, je suis déconcentré par un homme criant dans la rue. Ne portant pas attention aux obstacles me faisant face, je me prends les pieds dans une planche en bois. Le vol plané, livre virevoltant, sac à dos chancelant, est assuré. Pantalon déchiré, genoux droit et coude gauche éraflés, ça ne sera, cette fois-ci, qu’un rappel à l’ordre. La route est encore longue et je souhaite qu’il en soit ainsi. Dois-je faire plus attention ou encore vivre l’expérience plus à fond repoussant les limites? En effet, j’ai pu constater que, c’est quand je suis calme, que des problèmes arrivent! Les événements futurs viendront confirmer ou infirmer ces dires…
Ticket en poche seulement pour le lendemain, je me dois de trouver un logement à Irkoutsk avant de prendre le bus pour Listvianka et le lac Baïkal. La nuit assurée, le sac déposé, me voilà déjà dans le bus, traversant des forêts colorées en jaune et vert avec des touches rougeâtres.
Après trois jours, à avoir admiré la nature depuis une fenêtre d’un train, l’arrivée au lac Baïkal s’annonce comme un vrai bol d’air pur. Les différents paysages qui entourent «La perle de Sibérie» et ces eaux cristallines d’un bleu pur, m’enthousiasment dès les premiers instants.
Le lac le plus profond du monde (1637 mètres de profondeur – en forme de croissant: 636 Kms de longueur et 60 Kms seulement de largeur) c’est créé en raison de la tectonique des plaques et formera à terme un sixième océan scindant le continent asiatique.
Je prends à peine le temps de prendre contact avec l’eau et le lac en ville que je me dirige vers l’est et les falaises rocheuses recouvertes d’arbres. La ballade, en solitaire, pendant 5h00, la course à travers la forêt, la traversée de chemins étroits parcourant les falaises, l’arrivée par des chemins escarpés dans des petites criques, me permet d’apprécier totalement l’endroit.
A mon retour dans la civilisation, la dégustation de l’Omoul (poisson similaire au saumon) fraichement pêché et chaud, n’en est que plus appréciable. Ce plaisir est magnifié; me trouvant sur une plage de galet en admirant un splendide couché de soleil.
Réveil matinal pour prendre la direction de l’Ile d’Olkhone! Le trajet est d’ores et déjà un hymne à la nature (forêts automnales, collines herbeuses dénudées de tous arbres, rivière, lagon,…). Le sentiment d’aventureux me vient à l’esprit pour la première fois lors de ce voyage. Roulant à toute vitesse dans une camionnette des années 70 à travers des chemins caillouteux et sableux, nous arrivons face au lac Baïkal. La traversée en bateau entouré de paysages encore différents ne gâche rien au plaisir. Je me plonge définitivement en mode grands espaces naturels et sensation de liberté dans son plus simple élément.
La solitude effrayante et redoutée, quand j’étais plus jeune, se transforme en un puissant addictif face à la nature. Sans aucune indication, je pars à pied, dans le but de traversé en largeur l’île et d’atteindre l’autre rive à l’est. Je m’enfonce dans la forêt de pins sablonneuse puis terreuse. J’atteins une première colline herbeuse où des chevaux galopants ont pris possession des lieux.
Ma randonnée me fera traversée des forêts de pins, boulots, de la mousse jonchant le sol sur des hectares, de la terre, du bois mort,… Je m’éloigne des chemins et disparait parfois au milieu de nulle part. Je compte sur mon sens de l’orientation et il ne me fera pas défaut. Je franchi 3 collines mais je n’atteindrais jamais l’autre rive. Plus tard, je prendrais conscience que je n’avais plus qu’un col à franchir pour réaliser le but de cette ballade.
Le demi-tour, pour ne pas se faire prendre par la nuit arrivant, était des plus judicieux. J’assisterais de nouveau à un envoutant coucher de soleil depuis les collines herbeuses au-dessus du brouillard couvrant la totalité du lac.
J’atteins le village, l’obscurité grandissante rapidement. L’achat d’une boussole est tout de même à prévoir une prochaine expérience du même acabit mais plus importante.
Le silence pendant des heures, la symbiose avec la nature m’inciteraient à prolonger ces instants pendant des jours. Le froid glacial des nuits sibériennes et le timing serré de ce début de voyage m’en dissuadent. Le temps viendra où, à petite échelle, «Into the Wild» deviendra ma réalité.
Après un bon repas chaud, à base de soupe et de poisson frais, je profite de la Bania (sorte de sauna, avec des bains de vapeur et de l’eau chaude typique en Russie). J’ai finis cette journée par un concert de chants russes accompagnés par un accordéon et une nuit étoilée comme je n’en avais pas vu depuis longtemps!
Les deux jours supplémentaires sur l’île sont dans la continuité de cette première journée. Se mouvoir dans la nature, à travers des paysages magiques, n’a pas son égal.
Mangé midi et soir avec un feu de bois, faire une excursion avec des locaux, voir ce lac sous différents aspects avec plus ou moins de brouillard, ne croiser quasiment personne et pouvoir se retrouver seul face à la nature, créeront l’atmosphère extraordinaire de ces lieux. La nature m’appelle, elle sera omniprésente lors de ce voyage.
Seul le futur de cette île peut m’inquiéter. En effet, de grands hôtels en bois et une route goudronnée menant jusqu’à Olkhone sont en construction. L’intérêt touristique et la manne financière qui en résulte pourraient-ils compromettre rapidement ce havre de paix? Cela sera probablement le cas… Je garderais en mémoire la beauté des lieux et la simplicité de la vie lors ce séjour sur les rives du lac Baïkal.
Dernière étape splendide en Russie avant d’emprunter le Transmongolien pour rejoindre la Mongolie, Oulan Bator, ces steppes légendaires et le dessert de Gobi…