vendredi 23 septembre 2011

Lac Baïkal

Le lac Baïkal ou une puissante attractivité de la nature.

Tout juste arrivée à Irkoutsk, me voilà déjà galopant en direction de la station de bus pour obtenir un billet en direction de l’Ile d’Olkhone! La ville est grande mais possède un charme particulier avec de nombreuses maisons en bois et des fenêtres colorées qui existent depuis des années. Comme quoi la mode actuelle en France pour le retour au bois, la réduction des coûts de construction et la meilleure isolation n’a rien d’une invention actuelle (petit clin d’œil pour Antho).

La physionomie des visages des habitants a fortement évolué, depuis le début du séjour, et se rapproche de plus en plus des visages asiatiques.

Lors de ce trajet, je prends conscience pleinement que ce voyage peut très vite prendre des allures totalement différentes voir cauchemardesques. Mon oreille interne avait-elle été déboussolée par les 3 nuits dans le train ? La fatigue ne serait-elle pas un facteur aggravant? Marchant, je suis déconcentré par un homme criant dans la rue. Ne portant pas attention aux obstacles me faisant face, je me prends les pieds dans une planche en bois. Le vol plané, livre virevoltant, sac à dos chancelant, est assuré. Pantalon déchiré, genoux droit et coude gauche éraflés, ça ne sera, cette fois-ci, qu’un rappel à l’ordre. La route est encore longue et je souhaite qu’il en soit ainsi. Dois-je faire plus attention ou encore vivre l’expérience plus à fond repoussant les limites? En effet, j’ai pu constater que, c’est quand je suis calme, que des problèmes arrivent! Les événements futurs viendront confirmer ou infirmer ces dires…

Ticket en poche seulement pour le lendemain, je me dois de trouver un logement à Irkoutsk avant de prendre le bus pour Listvianka et le lac Baïkal. La nuit assurée, le sac déposé, me voilà déjà dans le bus, traversant des forêts colorées en jaune et vert avec des touches rougeâtres.
Après trois jours, à avoir admiré la nature depuis une fenêtre d’un train, l’arrivée au lac Baïkal s’annonce comme un vrai bol d’air pur. Les différents paysages qui entourent «La perle de Sibérie» et ces eaux cristallines d’un bleu pur, m’enthousiasment dès les premiers instants.
Le lac le plus profond du monde (1637 mètres de profondeur – en forme de croissant: 636 Kms de longueur et 60 Kms seulement de largeur) c’est créé en raison de la tectonique des plaques et formera à terme un sixième océan scindant le continent asiatique.
Je prends à peine le temps de prendre contact avec l’eau et le lac en ville que je me dirige vers l’est et les falaises rocheuses recouvertes d’arbres. La ballade, en solitaire, pendant 5h00, la course à travers la forêt, la traversée de chemins étroits parcourant les falaises, l’arrivée par des chemins escarpés dans des petites criques, me permet d’apprécier totalement l’endroit.
A mon retour dans la civilisation, la dégustation de l’Omoul (poisson similaire au saumon) fraichement pêché et chaud, n’en est que plus appréciable. Ce plaisir est magnifié; me trouvant sur une plage de galet en admirant un splendide couché de soleil.

Réveil matinal pour prendre la direction de l’Ile d’Olkhone! Le trajet est d’ores et déjà un hymne à la nature (forêts automnales, collines herbeuses dénudées de tous arbres, rivière, lagon,…). Le sentiment d’aventureux me vient à l’esprit pour la première fois lors de ce voyage. Roulant à toute vitesse dans une camionnette des années 70 à travers des chemins caillouteux et sableux, nous arrivons face au lac Baïkal. La traversée en bateau entouré de paysages encore différents ne gâche rien au plaisir. Je me plonge définitivement en mode grands espaces naturels et sensation de liberté dans son plus simple élément.


Nous atteignons notre destination dans un petit village au bord du lac, constitué uniquement de maisons en bois et du sable pour uniques rues. Je touche enfin du bout des doigts la Russie traditionnelle et profonde.
La solitude effrayante et redoutée, quand j’étais plus jeune, se transforme en un puissant addictif face à la nature. Sans aucune indication, je pars à pied, dans le but de traversé en largeur l’île et d’atteindre l’autre rive à l’est. Je m’enfonce dans la forêt de pins sablonneuse puis terreuse. J’atteins une première colline herbeuse où des chevaux galopants ont pris possession des lieux.
Ma randonnée me fera traversée des forêts de pins, boulots, de la mousse jonchant le sol sur des hectares, de la terre, du bois mort,… Je m’éloigne des chemins et disparait parfois au milieu de nulle part. Je compte sur mon sens de l’orientation et il ne me fera pas défaut. Je franchi 3 collines mais je n’atteindrais jamais l’autre rive. Plus tard, je prendrais conscience que je n’avais plus qu’un col à franchir pour réaliser le but de cette ballade.

Le demi-tour, pour ne pas se faire prendre par la nuit arrivant, était des plus judicieux. J’assisterais de nouveau à un envoutant coucher de soleil depuis les collines herbeuses au-dessus du brouillard couvrant la totalité du lac.
J’atteins le village, l’obscurité grandissante rapidement. L’achat d’une boussole est tout de même à prévoir une prochaine expérience du même acabit mais plus importante.

Le silence pendant des heures, la symbiose avec la nature m’inciteraient à prolonger ces instants pendant des jours. Le froid glacial des nuits sibériennes et le timing serré de ce début de voyage m’en dissuadent. Le temps viendra où, à petite échelle, «Into the Wild» deviendra ma réalité.

Après un bon repas chaud, à base de soupe et de poisson frais, je profite de la Bania (sorte de sauna, avec des bains de vapeur et de l’eau chaude typique en Russie). J’ai finis cette journée par un concert de chants russes accompagnés par un accordéon et une nuit étoilée comme je n’en avais pas vu depuis longtemps!

Les deux jours supplémentaires sur l’île sont dans la continuité de cette première journée. Se mouvoir dans la nature, à travers des paysages magiques, n’a pas son égal.
Mangé midi et soir avec un feu de bois, faire une excursion avec des locaux, voir ce lac sous différents aspects avec plus ou moins de brouillard, ne croiser quasiment personne et pouvoir se retrouver seul face à la nature, créeront l’atmosphère extraordinaire de ces lieux. La nature m’appelle, elle sera omniprésente lors de ce voyage.
Seul le futur de cette île peut m’inquiéter. En effet, de grands hôtels en bois et une route goudronnée menant jusqu’à Olkhone sont en construction. L’intérêt touristique et la manne financière qui en résulte pourraient-ils compromettre rapidement ce havre de paix? Cela sera probablement le cas…
Je garderais en mémoire la beauté des lieux et la simplicité de la vie lors ce séjour sur les rives du lac Baïkal.
Dernière étape splendide en Russie avant d’emprunter le Transmongolien pour rejoindre la Mongolie, Oulan Bator, ces steppes légendaires et le dessert de Gobi…

Transsibérien

L’odyssée Transsibérienne; un instant hors du temps

Le Transsibérien est la plus grande ligne ferrée au monde. Je m’apprête à vivre un moment unique avec au total 6 jours de train à travers des paysages variés.
De Moscou à Pékin, les chiffres s’envolent: 7557 Kms, 89h00 de train, 5 fuseaux horaires traversés, des litres de thé et d’eau en bouteille bus, 17 repas agrémentés de pâtes asiatiques, pain, tomates, charcuteries, fromages, fruits, gâteaux secs, chocolat et autres substances basiques, et surtout des dizaines et dizaines de personnes rencontrées, ou simplement entre-aperçues, avec qui l’expérience fut plus ou moins intéressante et les conversations plus ou moins denses.

La première étape est de 1 jour 1/2 pour atteindre Iekaterinbourg puis suivront trois nuits dans le train pour atteindre Irkoutsk et le lac Baïkal! Le reste du trajet se fera dans le transmongolien, à destination d’Oulan Bator, avant une arrivée à Pékin.

Avant de quitter Moscou, je revois Pacha, le russe, rencontré avec sa femme à Saint Petersburg. Les discussions en anglais l’intéressent particulièrement pour parfaire la maîtrise de cette langue. Il prendra cette photo de moi devant la locomotive de mon train en partance.
Le périple commence donc ainsi sur les quais de la gare. Mes premières impressions sont mitigées. Une atmosphère froide règne, aucun sourire n’est esquissé, 2 hommes de forte corpulence me semble antipathiques. Ces 27 premières heures me sembleront-elles interminables?

Une multitude de simples événements va briser la glace et la froideur des premiers instants en mille morceaux. Je propose à un troisième homme, d’une timidité limpide, du chocolat. Les règles de l’hospitalité russe veulent entre autre que l’on partage avec ces compagnons de voyage tout ce que nous avons comme nourriture. Il refuse, non pour m’offenser. Il me fera comprendre plus tard qu’il ne mange pas de sucre en raison de problèmes dentaires. L’heure du dîner venant, il prépare son repas et sans aucune hésitation me propose de le partager: pain, saucisses fraîches, tomates, croissant fourrés de confitures! J’accepte avec grand plaisir et tente d’engager une discussion en lui demandant son nom. Il se prénomme Volodia. J’en fais de même pour les 4 autres personnes se trouvant dans notre compartiment de 6, de notre wagon dortoir de troisième classe.
A cet instant l’embellie est proche. Les 2 femmes et les deux autres hommes me répondent. Une conversation s’engage. La communication n’est pas aisée! Je m’aide des phrases types de mon Lonely Planet et une des deux femmes utilisent les quelques mots d’anglais et de français maîtrisés. L’intérêt de comprendre l’autre est partagé. D’autres personnes interpellées par nos échanges atypiques sont curieux, regardent et pour certains prennent part à nos échanges. Il s’en suivra des rires, de la curiosité, des questions, quelques incompréhensions, des poignées de mains.
Ce début de périple est dans la continuité des jours précédents. La traversée de la taïga, des forêts, de village en bois traditionnelles, d’un coucher de soleil à bord ne sont que quelques éléments supplémentaires, parmi tant d’autres, participant à la magie du moment.
Les arrêts dans les gares sont d’un autre acabit. De nombreux vendeurs nous assaillent de tout part (souvenirs, verres, animaux empaillés, vases, poissons fumés, nourriture pour le trajet, poterie,…). Cet état de fait me permet simplement de confirmer définitivement que la société de consommation capitaliste est présente maintenant sur la quasi-totalité du globe.

Me voilà, déjà arrivé à Iekaterinbourg alors que ces 27 premières heures, hors du temps, se sont écoulées telle la neige fondant au soleil.
C’est très agréable de pouvoir enfin prendre un vrai et long bol d’air frais. La nuit est tombée sur la ville. Je décide, comme habituellement, de partir à pied avec mes 15 Kg de bagages dans le dos et mon sac d’appoint de 6 Kg sur le ventre. J’atteins le lieu de mon séjour 45 minutes plus tard. Je suis accueilli, non pas par le propriétaire, mais par 2 autres convives. Il s’agit de Karola, 64 ans, australienne (Perth) d’origine allemande, et de Brian, 75 ans, australien lui aussi (Melbourne), originaire d’Irlande, voyageant seule tous les deux. Le plaisir de voyager ne connait vraiment pas de limites.

Le logement consiste en un simple appartement fourni avec des meubles des années 60. Le sentiment de me retrouver chez l’habitant au temps du communisme soviet est flagrant. La gérante est une jeune de 26 ans, Katia, possédant une énergie débordante, et qui se sert d’un appartement de son père pour gérer son petit business.
L’ambiance restera au summum pendant les trois jours, avec le sentiment de me retrouver dans une famille cosmopolite de substitution le temps d’un court séjour! Une péruvienne avec sa maman de 80 ans, des Néerlandais, un turc venu en voiture pour retrouver une fille dont il est éperdument amoureux, un Allemand, une Russe de Moscou venue faire du cheval, un Israélien sont les personnes que j’ai côtoyées … et leurs histoires de vie sont plus folles les unes que les autres.
Je plonge maintenant dans l’histoire de la Russie au début de la révolution en 1918. Iekaterinbourg est en effet la ville où le tsar Nicolas II et sa famille (les Romanov) ont été assassinés par les Bolcheviks.
La visite du lieu où les cadavres furent ensevelis, à Ganina Yama, nous permettent à Karola, Mariya et moi-même de profiter de l’air pur et humide des forêts, de voir un monastère atypique avec des églises en bois et surtout de nous enfoncer dans les sous-bois pour partir à la cueillette et la photographie des champignons.
Une fois de plus, la beauté de la nature est mise en avant grâce à la diversité des couleurs, des formes de ces champignons comestibles ou non. Ayant à nos côtés une experte, nous dégusterons le soir même un bon bouillon, une omelette et une recette aux épices le tout avec les champignons fraîchement cueillis. Ce fut un régal pour les papilles gustatives après avoir profité du plaisir visuel puis olfactif.

Découvrant la ville, la vie nocturne des jeunes russes, cuisinant ensemble des raviolis salés et sucrés, à la russe, l’immersion continue de plus belle.
Le temps est venu de se préparer pour cette longue traversée sibérienne jusqu’à Irkoutsk. Paquetage prêt, voici venu le temps de la vie réduite à sa plus simple expression et constitué des éléments vitaux : dormir, boire et se nourrir, lire et écrire, communiquer et échanger avec autrui…
Tel le petit garçon que je prends dans mes bras, le retour en enfance est impressionnant. Je maîtrise la langue Russe à peu près aussi bien que lui et vaque aux mêmes occupations exception faite de la lecture et de l’écriture, et d’une communication un peu plus poussé… quoi que juste différente!
Ce train est vraiment un condensé de la vie dans toute sa splendeur, de sa diversité avec des êtres humains semblables et pourtant si différents. La présence, de personnes de tous âges, de toutes catégories sociales, avec une histoire unique, des qualités, des failles et des caractères parfois antinomique, est un fait. J’aurais côtoyé avec plus ou moins de distance, de retenu, aussi bien une femme enceinte avec un bébé de quelques mois, que des personnes âgés voyageant seul ou en couple, des travailleurs, des fumeurs invétérés et certains ne devant pas être loin de l’alcoolisme, des jeunes plus ou moins excentriques, des étudiants ou travailleurs dans la force de l’âge, un jeune, les larmes au bord des yeux quittant sa famille pour effectuer son service militaire… en résumé des personnes comme vous et moi tout simplement.
Etant des plus énergique et ayant besoin de bouger de me dépenser, je ne pensais pas que je pourrais apprécier un confinement avec d’autres personnes et cela pendant 3 nuits et 2 jours 1/2.
Bien au contraire, je prends le temps de lire, d’écrire, d’apprendre un nouveau jeu de carte, de faire un minimum d’introspection, de me remémorer ce début de voyage vécu à 200% et surtout d’échanger avec les différentes personnes que je côtoie lors de ce périple.

Le défilement des paysages sont d’ores et déjà magiques même si, encore et toujours, très européen en ce qui concerne la nature: forêt de pins, d’hêtres, de boulots commençant à prendre de très belles couleurs automnales, puis des plaines agricoles ou non.
Tous ces paysages sont traversés par des rivières, embellis par des lacs, marécages, vallées! Les journées sont ponctuées par de sublimes levés et coucher de soleil. Un soleil radieux illumine l’intérieur du train en journée et il fait monter la température dans ce lieu clos où les fenêtres deviennent très vite un pur bonheur pour prendre un bon bol d’air frais…
Il est cependant assez aisé de comprendre les conditions de travail extrêmes qu’on put subir les ouvriers ayant participés à la réalisation de ce chantier dantesque.
La présence humaine est minime: petits villages avec de maisons en bois, industries spartiates et souvent en ruine et quelques grandes villes où le train s’arrête, quelques minutes, le temps pour certains de finir leur périple et pour d’autres de le commencer. Les départs sont humainement et émotionnellement riches. L’attachement familial fort en Russie se ressent très sensiblement.

Les photos prises lors de ce périple ne permettront jamais de retranscrire l’expérience vécue, les instants de vie à bord, les paysages traversés, les sons, les odeurs… Je n’ai surtout pas eu envie de toujours courir pour essayer de prendre un cliché ou un autre. Voici tout de même quelque uns d’entre eux pour vous donner un aperçu et pour moi, ultérieurement pouvoir me replonger même l’espace de quelques secondes dans ce train filant vers l’orient.




Me voici déjà arrivé à Irkoutsk où la nature près du lac Baïkal sera mon refuge pour 4 jours.

vendredi 16 septembre 2011

Moscou

Moscou, l’énigmatique: entre sobriété, concentration des pouvoirs, douceurs et diversités...

Le premier voyage en train à travers le territoire Russe, c’est déroulé paisiblement. Je me retrouve
immergé parmi une population exclusivement russe et le voyage prend dès lors une autre tournure. La Russie me tend les bras me proposant sa diversité, sa langue et son alphabet cyrillique. Les premiers vrais échanges, dans une langue non maîtrisé, se présentent à moi. L’expérience n’en est que plus enrichissante.

Pour ce trajet, il s’agissait d’une nuit courte pour rallier la capitale. Ce séjour à Moscou sera un condensé de ce que je désirais voir en Russie ou presque: immersion avec des Russes, découverte de l’arrière-pays, superbes rencontres avec des voyageurs, émotion et émerveillement, découverte du cœur politique, religieux et militaire du pays malgré sa localisation géographique très occidentale. Ce point central physique du pays est le Kremlin bordé par la place Rouge… La beauté des lieux ne reflète en rien l’histoire et les événements parfois tragiques qui s’y sont déroulés.
Les «on dits», tellement souvent entendu, que Moscou n’est pas agréable à visiter et que la ville présente peu d’intérêt, viennent de s’envoler lors de ce séjour…
L’arrivée à Moscou a lieu sous des trompes d’eau, annonçant un changement important comparé à Saint Petersburg. Cependant le sourire n’a pas quitté mon visage, au contraire, c’est annonciateur de moments inoubliables.

Le fil conducteur de ce voyage reste l’échange, le partage avec autrui. Dès mon arrivée, je constate que cette auberge est très majoritairement occupée par de jeunes Russes. Lors de discussions, les jours suivants, j’apprends que très peu voyage ou sont en vacances. La plupart travaille déjà à Moscou et son arrivée depuis peu de villes reculées du territoire russe. Les autres sont à la recherche d’un job pour pouvoir s’installer dans cette ville cosmopolite. Les étrangers ne sont présent qu’au compte goûtes. Je fais néanmoins la connaissance d’une Allemande, en attendant que le temps s’améliore pour partir à la découverte de cette mégalopole. Nous allons partager un petit bout de chemin ensemble et vivre quelques aventures mémorable à Moscou. 2 jours où les discussions iront bon train. Ensemble, nous allons faire la connaissance de nombreuses personnes.

Je retiendrais parmi elles: Eko, l’indonésien revenu d’une expédition lui ayant permis de voir la neige pour la première fois. Il aura échoué dans sa tentative d’ascension de son sommet et reviens avec un pied très abîmé du fait de chaussures non adaptées et du froid. Son histoire, son courage et son sourire me serviront une fois de plus d’exemple.
Il y eu ensuite cette soirée mémorable avec Igor et Max, 2 russes de Kazan. Ils nous feront découvrir les plaisirs de la table de leur région accompagné d’une bonne bière russe et surtout de fous rires interminables.
Enfin, il y a Sergueï, le jeune russe bourru et au première abord très peu social. Il est alpiniste «de son état», Oulan Oude, venu à Moscou pour trouver du travail. Nous le croiserons dans la rue le deuxième soir alors que nous tenions vraiment à trouver un point de vue en hauteur pour admirer le coucher de soleil sur la ville et apercevoir la nuit tombante. Notre idée étant de nous rendre sur la colline où se trouve l’université et qui est localisée dans une des constructions typiques de Moscou baptisées les «7 sœurs» en raison de leur similarité.
Il nous dit de le suivre. Nous arrivons sur son lieu de travail, rénovation de vieux immeubles du centre-ville. Dans l’ascenseur, nous faisons la connaissance d’un vieille homme, qui posant des questions, commence à converser avec Térésa en Allemand. L’émotion se lit dans ces yeux. Cette rencontre, qui ne durera que quelques minutes, est encore une fois de plus, si cela était nécessaire, une mise en abîme de la magie que peuvent être les relations humaines.
Nous grimpons les quelques marches restantes, nous sommes maintenant sous les combes puis sur le toit en tôle que Sergueï rénove.
Le spectacle ne peut se décrire. Le vivre fut un moyen, tel un narrateur omniscient, de surplomber la ville de Moscou et de pouvoir observer la vie en mouvement.
Revenons à la découverte à proprement parlé d’une des capitales influençant grandement la géopolitique mondiale. Je me laisse tout d’abord guider par mes yeux pour me faire une propre idée de cette ville. Ayant relu les événements majeurs de l’histoire de la Russie, je profiterais, par la suite, des instants posé dans les différents lieux foulés lors de nos ballades, pour fermer les yeux afin d’imaginer ce qui a pu s’y dérouler. J’aimerais tant pouvoir me téléporter dans le passé à différentes époques et instants cruciaux me permettant d’approfondir un peu plus ma connaissance de ce monde qui m’entoure. A défaut, chaque seconde qui s’écoule m’enrichit et me permet de cerner plus clairement les autres cultures, les modes de vie et les visions de la vie.

La visite de différents musées me donne un aperçu plus précis de l’art russe et de l’influence religieuse transmisse, par exemple, grâce aux icônes.
Je voulais aussi assister à une représentation au Bolchoï mondialement connu. Malheureusement, il n’y a aucune représentation les jours de ma présence dans la capitale. La première journée étant morose avec beaucoup de pluie, nous avons essayé de trouver des occupations à l’intérieur. Nous allons assister à une représentation de cirque.
Cette dernière fut grandiose avec des artistes asiatiques fidèles à leur réputation. Nos places, premier prix, nous permirent, tout de même, de profiter pleinement du spectacle et d’être plongée dans cette ambiance féérique.

L’arrivée sur la place Rouge, l’après-midi entre 2 averses, restera à jamais gravée dans ma mémoire. Traversant le pont qui surplombe le fleuve Moskova, la première vision en sera le Kremlin s’étendant sur la gauche.
La cathédrale Basile-Le-Bienheureux, emblème de la Russie, me fait fasse. Cette cathédrale est unique: l’extraordinaire diversité des couleurs et des formes fait penser à un bonbon que l’on pourrait dévorer.
L’arrivée sur la place fait place au gigantisme. Chaque cardinal de la place possède une construction particulière.
Notre repas improvisé, de nuit, sur cette place avec Térésa restera un délice sans commune mesure. Ce n’est pas la qualité de la nourriture (fruits, pains, gâteaux secs) qui sont à mettre en avant mais le spectacle qui s’offre à nous!
Le fait de se rendre au Kremlin entouré de ces 2,5km de hauts murs me permet de prendre pleinement conscience de la centralisation des pouvoirs. Incarnation du pouvoir politique, c’est aussi l’ancien centre de l’église orthodoxe. L’armée y est aussi omniprésente (relève près de la tombe du soldat inconnu).
Troisième pays communiste visité après Cuba et la Chine, et toujours la même certitude: l’égalité pour tous n’était et n’est valable que pour le peuple! Le résultat est cependant impressionnant pour les yeux: multiples dômes dorés pour les cathédrales, totalement recouvertes de peintures, d’or et d’icônes à l’intérieur, bâtiments administratifs et politiques impressionnants, palais des armures et fonds des diamants qui révèlent des trésors insoupçonnés et plus grandioses les uns que les autres.
Des promenades dans les méandres des rues et boulevard moscovites me permettront de découvrir une diversité architecturale impressionnante, déconcertante et pas toujours de bon goût. Le style stalinien brute et sans charme des constructions est beaucoup plus présent.
Mon excursion à Serguïev Possad me plongera définitivement dans la culture russe: Plus de touristes dans le bus et à l’arrivée. Sortie de la frénésie des grandes villes, je peux observer une vie typique du peuple. La visite de son monastère en activité me permet de prendre part au culte orthodoxe: cérémonie religieuse très fervente et proche du catholicisme.
Dernier jour seul dans la capitale, moral gonflé à bloc sous un soleil radieux. La ville prend alors un aspect différent mettant une nouvelle fois en avant son ambivalence et sa complexité.

La visite du mausolée de Lénine sera le point d’orgue indispensable de ces instants moscovites. L’émotion est forte devant ce corps embaumé. La prise de conscience est immédiate du culte et de la dévotion du peuple russe pour cet homme. Avoir un corps conservé pour l’éternité fait rêver plus d’une personne. Me concernant, être momifié n’excite en moi aucun intérêt. Bien au contraire!

Mon désir exprimé depuis des années, lorsque mon heure viendra, est d’être incinéré et que mes cendres retournent dans la nature d’où nous venons. Idée Macabre? Humour noir mal placé? Non, je n’ai pas encore fait mon testament! J’en rajouterais même une couche. Je désire donner l’ensemble de mes organes s’ils peuvent être utiles à autrui.

La mort est un événement de la vie tel qu’un autre! En avoir conscience et savoir ce que l’on veut permet de profiter de chaque instant. La mort ne m’a jamais effrayé. En revanche ne pas profiter de la vie et ne faire que survivre sur cette planète; oui ça m’effraierais! Je vous la souhaite donc la plus belle possible, telle que vous la désirez. Cette question de la mort fut intéressante à poser à des personnes de différentes nationalités et les réponses, très personnelles, furent multiples.

Je pars de Moscou des souvenirs plein la tête et non plein de gadgets dans les poches (telles les poupées russes que je trouve plus belle sur l'étalage toutes ensemble que dans un encroit m'appartenant).
Je reste haut perché sur mon nuage et espère bien y rester pendant toute la durée de ce voyage qui me comble. La vie, telle que je la désire, est vécue à chaque instant, faite de rencontres, d’émotions, de moments uniques, d’émerveillement devant les paysages, d’ouverture d’esprit et de partage avec chaque personne qui croisera ma route et désirera échanger…

Je m’apprête à quitter Moscou pour monter dans le transsibérien; expérience unique et hors du temps…