vendredi 23 septembre 2011

Transsibérien

L’odyssée Transsibérienne; un instant hors du temps

Le Transsibérien est la plus grande ligne ferrée au monde. Je m’apprête à vivre un moment unique avec au total 6 jours de train à travers des paysages variés.
De Moscou à Pékin, les chiffres s’envolent: 7557 Kms, 89h00 de train, 5 fuseaux horaires traversés, des litres de thé et d’eau en bouteille bus, 17 repas agrémentés de pâtes asiatiques, pain, tomates, charcuteries, fromages, fruits, gâteaux secs, chocolat et autres substances basiques, et surtout des dizaines et dizaines de personnes rencontrées, ou simplement entre-aperçues, avec qui l’expérience fut plus ou moins intéressante et les conversations plus ou moins denses.

La première étape est de 1 jour 1/2 pour atteindre Iekaterinbourg puis suivront trois nuits dans le train pour atteindre Irkoutsk et le lac Baïkal! Le reste du trajet se fera dans le transmongolien, à destination d’Oulan Bator, avant une arrivée à Pékin.

Avant de quitter Moscou, je revois Pacha, le russe, rencontré avec sa femme à Saint Petersburg. Les discussions en anglais l’intéressent particulièrement pour parfaire la maîtrise de cette langue. Il prendra cette photo de moi devant la locomotive de mon train en partance.
Le périple commence donc ainsi sur les quais de la gare. Mes premières impressions sont mitigées. Une atmosphère froide règne, aucun sourire n’est esquissé, 2 hommes de forte corpulence me semble antipathiques. Ces 27 premières heures me sembleront-elles interminables?

Une multitude de simples événements va briser la glace et la froideur des premiers instants en mille morceaux. Je propose à un troisième homme, d’une timidité limpide, du chocolat. Les règles de l’hospitalité russe veulent entre autre que l’on partage avec ces compagnons de voyage tout ce que nous avons comme nourriture. Il refuse, non pour m’offenser. Il me fera comprendre plus tard qu’il ne mange pas de sucre en raison de problèmes dentaires. L’heure du dîner venant, il prépare son repas et sans aucune hésitation me propose de le partager: pain, saucisses fraîches, tomates, croissant fourrés de confitures! J’accepte avec grand plaisir et tente d’engager une discussion en lui demandant son nom. Il se prénomme Volodia. J’en fais de même pour les 4 autres personnes se trouvant dans notre compartiment de 6, de notre wagon dortoir de troisième classe.
A cet instant l’embellie est proche. Les 2 femmes et les deux autres hommes me répondent. Une conversation s’engage. La communication n’est pas aisée! Je m’aide des phrases types de mon Lonely Planet et une des deux femmes utilisent les quelques mots d’anglais et de français maîtrisés. L’intérêt de comprendre l’autre est partagé. D’autres personnes interpellées par nos échanges atypiques sont curieux, regardent et pour certains prennent part à nos échanges. Il s’en suivra des rires, de la curiosité, des questions, quelques incompréhensions, des poignées de mains.
Ce début de périple est dans la continuité des jours précédents. La traversée de la taïga, des forêts, de village en bois traditionnelles, d’un coucher de soleil à bord ne sont que quelques éléments supplémentaires, parmi tant d’autres, participant à la magie du moment.
Les arrêts dans les gares sont d’un autre acabit. De nombreux vendeurs nous assaillent de tout part (souvenirs, verres, animaux empaillés, vases, poissons fumés, nourriture pour le trajet, poterie,…). Cet état de fait me permet simplement de confirmer définitivement que la société de consommation capitaliste est présente maintenant sur la quasi-totalité du globe.

Me voilà, déjà arrivé à Iekaterinbourg alors que ces 27 premières heures, hors du temps, se sont écoulées telle la neige fondant au soleil.
C’est très agréable de pouvoir enfin prendre un vrai et long bol d’air frais. La nuit est tombée sur la ville. Je décide, comme habituellement, de partir à pied avec mes 15 Kg de bagages dans le dos et mon sac d’appoint de 6 Kg sur le ventre. J’atteins le lieu de mon séjour 45 minutes plus tard. Je suis accueilli, non pas par le propriétaire, mais par 2 autres convives. Il s’agit de Karola, 64 ans, australienne (Perth) d’origine allemande, et de Brian, 75 ans, australien lui aussi (Melbourne), originaire d’Irlande, voyageant seule tous les deux. Le plaisir de voyager ne connait vraiment pas de limites.

Le logement consiste en un simple appartement fourni avec des meubles des années 60. Le sentiment de me retrouver chez l’habitant au temps du communisme soviet est flagrant. La gérante est une jeune de 26 ans, Katia, possédant une énergie débordante, et qui se sert d’un appartement de son père pour gérer son petit business.
L’ambiance restera au summum pendant les trois jours, avec le sentiment de me retrouver dans une famille cosmopolite de substitution le temps d’un court séjour! Une péruvienne avec sa maman de 80 ans, des Néerlandais, un turc venu en voiture pour retrouver une fille dont il est éperdument amoureux, un Allemand, une Russe de Moscou venue faire du cheval, un Israélien sont les personnes que j’ai côtoyées … et leurs histoires de vie sont plus folles les unes que les autres.
Je plonge maintenant dans l’histoire de la Russie au début de la révolution en 1918. Iekaterinbourg est en effet la ville où le tsar Nicolas II et sa famille (les Romanov) ont été assassinés par les Bolcheviks.
La visite du lieu où les cadavres furent ensevelis, à Ganina Yama, nous permettent à Karola, Mariya et moi-même de profiter de l’air pur et humide des forêts, de voir un monastère atypique avec des églises en bois et surtout de nous enfoncer dans les sous-bois pour partir à la cueillette et la photographie des champignons.
Une fois de plus, la beauté de la nature est mise en avant grâce à la diversité des couleurs, des formes de ces champignons comestibles ou non. Ayant à nos côtés une experte, nous dégusterons le soir même un bon bouillon, une omelette et une recette aux épices le tout avec les champignons fraîchement cueillis. Ce fut un régal pour les papilles gustatives après avoir profité du plaisir visuel puis olfactif.

Découvrant la ville, la vie nocturne des jeunes russes, cuisinant ensemble des raviolis salés et sucrés, à la russe, l’immersion continue de plus belle.
Le temps est venu de se préparer pour cette longue traversée sibérienne jusqu’à Irkoutsk. Paquetage prêt, voici venu le temps de la vie réduite à sa plus simple expression et constitué des éléments vitaux : dormir, boire et se nourrir, lire et écrire, communiquer et échanger avec autrui…
Tel le petit garçon que je prends dans mes bras, le retour en enfance est impressionnant. Je maîtrise la langue Russe à peu près aussi bien que lui et vaque aux mêmes occupations exception faite de la lecture et de l’écriture, et d’une communication un peu plus poussé… quoi que juste différente!
Ce train est vraiment un condensé de la vie dans toute sa splendeur, de sa diversité avec des êtres humains semblables et pourtant si différents. La présence, de personnes de tous âges, de toutes catégories sociales, avec une histoire unique, des qualités, des failles et des caractères parfois antinomique, est un fait. J’aurais côtoyé avec plus ou moins de distance, de retenu, aussi bien une femme enceinte avec un bébé de quelques mois, que des personnes âgés voyageant seul ou en couple, des travailleurs, des fumeurs invétérés et certains ne devant pas être loin de l’alcoolisme, des jeunes plus ou moins excentriques, des étudiants ou travailleurs dans la force de l’âge, un jeune, les larmes au bord des yeux quittant sa famille pour effectuer son service militaire… en résumé des personnes comme vous et moi tout simplement.
Etant des plus énergique et ayant besoin de bouger de me dépenser, je ne pensais pas que je pourrais apprécier un confinement avec d’autres personnes et cela pendant 3 nuits et 2 jours 1/2.
Bien au contraire, je prends le temps de lire, d’écrire, d’apprendre un nouveau jeu de carte, de faire un minimum d’introspection, de me remémorer ce début de voyage vécu à 200% et surtout d’échanger avec les différentes personnes que je côtoie lors de ce périple.

Le défilement des paysages sont d’ores et déjà magiques même si, encore et toujours, très européen en ce qui concerne la nature: forêt de pins, d’hêtres, de boulots commençant à prendre de très belles couleurs automnales, puis des plaines agricoles ou non.
Tous ces paysages sont traversés par des rivières, embellis par des lacs, marécages, vallées! Les journées sont ponctuées par de sublimes levés et coucher de soleil. Un soleil radieux illumine l’intérieur du train en journée et il fait monter la température dans ce lieu clos où les fenêtres deviennent très vite un pur bonheur pour prendre un bon bol d’air frais…
Il est cependant assez aisé de comprendre les conditions de travail extrêmes qu’on put subir les ouvriers ayant participés à la réalisation de ce chantier dantesque.
La présence humaine est minime: petits villages avec de maisons en bois, industries spartiates et souvent en ruine et quelques grandes villes où le train s’arrête, quelques minutes, le temps pour certains de finir leur périple et pour d’autres de le commencer. Les départs sont humainement et émotionnellement riches. L’attachement familial fort en Russie se ressent très sensiblement.

Les photos prises lors de ce périple ne permettront jamais de retranscrire l’expérience vécue, les instants de vie à bord, les paysages traversés, les sons, les odeurs… Je n’ai surtout pas eu envie de toujours courir pour essayer de prendre un cliché ou un autre. Voici tout de même quelque uns d’entre eux pour vous donner un aperçu et pour moi, ultérieurement pouvoir me replonger même l’espace de quelques secondes dans ce train filant vers l’orient.




Me voici déjà arrivé à Irkoutsk où la nature près du lac Baïkal sera mon refuge pour 4 jours.

1 commentaire:

  1. coucou matthieu
    grand passager du transsibérien il est étonnant ce mélange de population dans ce train et je comprends que cela doit être complique de se faire comprendre avec les habitudes de chacun. Chacun devant être tout de même un peu sur ses gardes avant d'entreprendre une conversation ou un partage bisous

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